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Transcription
00:00C'est un virage à droite loin d'être innocent.
00:02Constamment attaqué par Donald Trump sur la question migratoire,
00:06Joe Biden a décidé d'aller sur le terrain de son adversaire
00:09à cinq mois de l'élection présidentielle.
00:12Le président américain annonce durcir sa politique d'immigration avec le Mexique.
00:17Aujourd'hui, j'annonce des mesures visant à empêcher les migrants
00:21qui franchissent illégalement notre frontière sud d'accéder au système d'asile.
00:26Les migrants ne pourront recevoir l'asile à notre frontière sud
00:29que s'ils le demandent après être entrés par une procédure légale établie.
00:34Concrètement, les migrants entrés illégalement sur le territoire américain
00:38ne pourront pas bénéficier des procédures de demande d'asile.
00:42Et ce, dès lors que leur nombre dépasse les 2500 par jour
00:46pendant une période de 7 jours consécutifs.
00:49C'est le cas actuellement, afflue un nombre record de personnes
00:53qui fuient la pauvreté en Amérique centrale et latine.
00:56Joe Biden assure que ces nouvelles mesures drastiques respectent le droit international,
01:01mais les Nations unies s'insurgent.
01:03Dans toutes les situations, nous rappelons que la demande d'asile est un droit humain fondamental
01:09et que l'accès à l'asile pour les personnes qui en ont besoin est primordial.
01:13Toute personne qui affirme avoir une crainte fondée d'être persécutée dans son pays d'origine
01:17devrait avoir accès à un territoire sûr et voir sa demande évaluée
01:21avant de faire l'objet d'une expulsion ou d'un éloignement.
01:25Joe Biden tente un coup de poker politique à l'approche de l'élection présidentielle
01:29où chaque voix devrait compter tant l'issue du scrutin est incertaine.
01:33Seulement, avec un tel changement de cap, il risque de s'aliéner certains de ses supporters.
01:39L'opposition républicaine, qui réclame pourtant à corps et à cri des lois très restrictives
01:44contre l'immigration venue du Mexique, dénonce une manœuvre politique grossière.
01:49Le locataire de la Maison Blanche, lui, l'accuse d'avoir bloqué
01:52un tout-à-corps bipartisan sur la question au Congrès.
01:56Pour le Décryptage, Gauthier Rubinski est avec nous.
01:59Bonjour Gauthier.
01:59Bonjour Pauline.
02:00Vous disiez à l'instant l'opposition républicaine américaine
02:03parle d'un coup de poker politique de Joe Biden.
02:05Faut-il y voir autre chose qu'une stratégie électorale ?
02:09J'espère qu'on peut y voir autre chose parce que la stratégie électorale, elle consiste,
02:14mais vous savez que ce n'est pas le seul domaine pour Joe Biden,
02:17à essayer de recoller les morceaux entre une prétendue gauche démocrate
02:22qui est en matière d'immigration conforme avec ce qu'elle a toujours été,
02:28c'est-à-dire elle part du principe, qui n'est pas faux d'ailleurs,
02:31que la société américaine a les moyens non seulement d'absorber, pardonnez-moi le terme,
02:37c'est-à-dire de trouver du travail, mais aussi d'intégrer les migrants,
02:41ce qui n'est pas toujours le cas.
02:42Et puis de l'autre côté, il y a la volonté de Joe Biden de se dire
02:45que l'élection peut se jouer avec des indécis, l'élection de novembre,
02:48et que dans ce cas-là, il ne faut pas les laisser tomber.
02:51La réaction d'un Biden dans cette affaire correspond aussi à une forme de,
02:56comment dirais-je, de laisser aller, mais pas au sens où l'entendent les républicains,
03:00mais les démocrates souvent ne se sont pas préoccupés de cette question
03:04en termes de fondement de la société, mais en disant,
03:08ben voilà, nous sommes dans cette intégration régulière,
03:11il n'y a pas de changement majeur.
03:14Or là, c'est vrai qu'il y a un flux tout à fait conséquent
03:17et qu'il y a la nécessité au moins de penser cette question,
03:21et surtout sur un plus long terme,
03:23parce que vous avez bien vu que la manière dont l'État fédéral réagit,
03:28que ce soit sous Trump ou sous Biden,
03:30ça consiste à envoyer au moment donné des renforts militaires, la police, etc.
03:36Dans le cadre de Donald Trump, c'est construire un mur,
03:39mais ce n'est pas le résultat d'une action
03:42qui serait le résultat d'une réflexion sur la question de l'immigration.
03:45Il est certain que cette question de la frontière mexicaine,
03:47c'est un serpent de mer de la politique américaine ?
03:49Oui, c'est un serpent de mer, et vous voyez aussi comment elle est utilisée,
03:53parce que les Républicains dénoncent l'aspect,
03:57non pas politique, mais politicien ou politicard de la démarche de Biden.
04:01Mais enfin, que dire de ce que les Républicains ont fait en janvier dernier ?
04:05Puisque les démocrates avaient proposé une loi
04:08qui ressemble un peu à ce que dit Biden aujourd'hui,
04:11et qui devait avoir en principe l'assentiment des Républicains,
04:15sauf que le Trumpisme, qui est une idéologie stupide,
04:19on est d'accord, mais une idéologie quand même,
04:21qu'est-ce qu'elle a donné, qu'est-ce qu'elle a indiqué,
04:24qu'est-ce que Trump lui-même a indiqué aux Républicains, aux élus ?
04:26Vous votez contre ?
04:28Donc, ils ont voté contre quelque chose pour lequel, a priori, ils étaient.
04:32Pourquoi ? Pour priver Joe Biden d'une réussite
04:36qui, en principe, était dans l'intérêt général.
04:40Juste une dernière chose, parce que ce qui est important,
04:43c'est de voir, justement, comment cette question fondamentale
04:48est récupérée aussi par les Républicains,
04:50lorsque Trump dit « c'est le poison, ces gens-là empoisonnent le sang américain,
04:55ce sont des violeurs, des voleurs, etc. »
04:57Voyez bien que ça n'a pas grand-chose à voir avec la réalité,
04:59puisque le chômage aux États-Unis est quelque chose d'assez résiduel.
05:04Donc voilà, il y a cette idéologie aussi,
05:06qui contraint d'une certaine manière ceux qui seraient plutôt enclins à la nuance,
05:10de trancher et d'avoir l'air, peut-être, ce qu'ils ne sont pas.
05:15Une conclusion.
05:16Un président mexicain, à la fin du XIXe siècle, Porfirio Diaz, avait dit
05:22« pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des États-Unis »,
05:26c'est peut-être ça encore pour eux.
05:28Merci beaucoup, Gauthier, c'était votre décryptage des États-Unis.

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