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AF 447 _ la traque du vol Rio-Paris - Ce qu’il

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00:00:16 Nous sommes à l'aéroport du Bourget.
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00:00:20 Accompagnés par un cortège de gendarmes,
00:00:22 ces deux boîtes scellées pénètrent l'enceinte du BEA,
00:00:27 le Bureau d'enquête et d'analyse.
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00:00:43 À l'intérieur de ces boîtes se trouvent les deux enregistreurs du vol Rio-Paris.
00:00:49 Ils ont été récupérés à 3 900 mètres de profondeur.
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00:00:59 L'avion s'était évaporé au milieu de l'Atlantique, il y a près de deux ans.
00:01:05 Il vient d'être retrouvé grâce à un effort collectif sans précédent.
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00:01:18 Ces boîtes noires contiennent la clé d'un mystère qui inquiète le monde entier
00:01:23 et obsède la presse internationale depuis des mois.
00:01:27 Une énigme dont la solution pourrait changer le cours d'une des plus grandes enquêtes de l'histoire de l'aéronautique.
00:01:35 Qu'est-il arrivé à la F447 et à ses 228 passagers ?
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00:02:31 Le 31 mai 2009 à 22h29, le vol AF447 décolle vers Paris.
00:02:40 À 2h10, il envoie son dernier message de position, puis disparaît dans une zone hors de portée des radars.
00:02:49 Barbara Crollo est la mère d'Alexander qui se trouvait dans cet avion avec son ami Giulia.
00:02:57 « Mon mari et moi, nous étions en vacances pour quelques jours en mer du Nord.
00:03:03 C'était le week-end de la Pentecôte.
00:03:07 Il faisait un temps merveilleux.
00:03:11 Le 31 mai, notre fils nous appelle de Rio et il nous dit
00:03:16 « On embarque, on sera à Paris à 11h du matin.
00:03:20 Là, on a juste un changement pour Berlin et si tout se passe bien,
00:03:25 on devrait arriver vers 15h ».
00:03:33 « Le lendemain, c'était encore une très belle journée.
00:03:37 Je me rappelle parfaitement du ciel bleu.
00:03:40 On était en train de nager avec mon mari et j'ai pensé
00:03:43 « Moi, je suis dans l'eau et mon fils, lui, il est au-dessus, dans le ciel ».
00:03:48 Aujourd'hui, je me dis « Mon Dieu, en fait, il était déjà au fond de l'eau, à 4000 m de profondeur ».
00:03:56 « À tous les passants, attendant l'arrivée du vol Air France 447 en provenance de Rio,
00:04:06 de bien vouloir se présenter au comptoir d'information Air France situé au niveau arrivée du terminal 2E. »
00:04:16 On vous dit « Il y a un avion qui a disparu ».
00:04:19 C'est quand même incroyable.
00:04:22 On vous dit qu'un vol d'une compagnie nationale sur un Airbus,
00:04:26 donc c'est des compagnies qui sont quand même relativement bien maintenues,
00:04:29 c'est considéré comme une des compagnies les plus safe au monde,
00:04:33 qui disparaît et il n'y a personne qui est foutu de vous dire où il est. »
00:04:40 Il est extrêmement rare qu'un avion de ligne commerciale se volatilise ainsi.
00:04:46 En quelques heures, cette disparition fait la une des médias du monde entier.
00:04:52 Ce qui est inconcevable, c'est le mot « disparition ».
00:05:01 Au 21ème siècle, comment un avion peut disparaître ?
00:05:04 C'est dans la nuit, c'est au milieu de l'océan, il n'y a pas de témoins, il n'y a pas de traces de quoi que ce soit.
00:05:12 Très rapidement, des moyens considérables de la marine française et de l'armée de l'air sont envoyés sur la zone.
00:05:18 C'est une véritable coalition internationale qui se forme,
00:05:22 déployée par la France, mais également le Brésil et les États-Unis.
00:05:27 Frégates militaires, sous-marins nucléaires d'attaque.
00:05:33 À ce stade, les familles continuent d'espérer.
00:05:40 La première semaine, je n'ai pas pleuré.
00:05:46 Parce que tant qu'on n'avait pas de certitude, je me disais « c'est tout à fait possible qu'ils aient survécu ».
00:05:54 Quelqu'un dans notre famille disait « Alexandre nage bien, Julia aussi, si ça se trouve, ils s'en sont sortis ».
00:06:04 Dans cette situation, c'est ce genre de pensée irrationnelle qui vous traverse.
00:06:10 Dans les jours qui suivent la disparition, les Brésiliens retrouvent la dérive de l'AF447, ainsi que de nombreux débris.
00:06:18 Au total, 1 000 éléments flottent à la surface, soit 5 % de l'appareil.
00:06:26 Ces indices apportent une première certitude.
00:06:30 Il est impossible que les passagers aient survécu.
00:06:36 Ça y est, notre fils est mort. Il est mort et on doit l'accepter.
00:06:44 Même si on n'est pas encore sûr à 100 %, parce qu'on a toujours de l'espoir.
00:06:50 Mais bon, la réaction saine, c'est d'arrêter d'espérer, parce que c'est fini.
00:06:58 Parmi les débris flottant de l'avion, 50 corps sont retrouvés.
00:07:04 Ils sont rapatriés pour être identifiés.
00:07:08 Mais où sont les 178 autres victimes ? Où se trouve l'épave de l'avion ?
00:07:16 Là on se dit « on a retrouvé l'appareil », donc on a retrouvé l'appareil, on va retrouver le reste des gens, voilà.
00:07:24 En fait non, on a retrouvé des morceaux, on a retrouvé des gens, mais on n'a trouvé pas l'avion.
00:07:30 Quand vous perdez un proche sur un accident de la route,
00:07:41 je pense que vous souhaitez quand même savoir les conditions dans lesquelles c'est arrivé,
00:07:46 comment il est parti, comment on aurait voulu savoir s'ils ont souffert ou pas,
00:07:54 simplement connaître les circonstances, et surtout les causes, les causes c'est important.
00:08:00 Dans les jours qui suivent l'accident, l'enquête est prise en charge par le Bureau d'enquête et d'analyse pour la sécurité de l'aviation civile, le BEA.
00:08:13 C'est dans ces bureaux que les enquêteurs vont élaborer toute leur stratégie.
00:08:17 Leur objectif, retrouver les boîtes noires qui permettront de comprendre ce qu'il s'est passé.
00:08:23 D'emblée, ils sont conscients que cette enquête sera exceptionnelle.
00:08:28 Ils décident donc de filmer l'intégralité des recherches qui vont se dérouler loin de tout.
00:08:37 À la tête de ce bureau, Paul-Louis Arslagnan, une référence en matière de sécurité aérienne.
00:08:44 Il a l'habitude des crises.
00:08:47 Pourtant depuis le 1er juin, les inquiétudes se bousculent dans sa tête.
00:08:52 Cet accident, ces causes, est-ce qu'en les comprenant, nous pouvons en éviter d'autres ?
00:09:00 Est-ce qu'il n'y a pas actuellement d'autres avions qui risquent d'avoir un accident, peut-être pas identique mais comparable ?
00:09:07 Qu'est-il arrivé à cet A330 ? Panne technique ? Erreur de pilotage ?
00:09:15 Face à ce grand point d'interrogation, impossible de rester les bras croisés.
00:09:22 Ce n'est pas normal qu'un avion tombe du ciel sans que personne ne sache pourquoi.
00:09:29 Il y a tellement de gens qui prennent l'avion chaque jour.
00:09:32 Alors bien sûr il y a eu des rumeurs sur une bombe, sur un acte terroriste.
00:09:37 Et jusqu'à ce qu'on connaisse la vérité, personne n'est à l'abri.
00:09:41 On ne sait pas s'il y a eu un problème avec l'avion ou sa maintenance.
00:09:45 Tant qu'on ne l'a pas retrouvé, personne ne peut savoir ce qu'il s'est vraiment passé.
00:09:50 Qu'est-ce qui a coûté la vie des 228 passagers et membres de l'équipage ?
00:09:57 Où repose-t-il désormais dans l'immensité ?
00:10:00 Bien que les indices soient rares, les enquêteurs gardent leur sang-froid.
00:10:05 Ils s'appuient sur la dernière position connue de l'avion.
00:10:09 À partir de là, ils tracent un cercle de 75 km de rayon,
00:10:14 et délimitent ainsi la zone des recherches.
00:10:17 Falaise, pic, grande plaine.
00:10:23 Sous l'eau, ce relief très accidenté en fait l'une des zones les plus mystérieuses
00:10:28 et les plus hostiles de la planète.
00:10:31 C'est dans ces immensités qu'a disparu le pilote Jean Mermoz,
00:10:36 70 ans avant le Rio-Paris, sans jamais être retrouvé.
00:10:41 C'était comme si on recherchait un petit élément dans une partie de la Suisse,
00:10:49 pratiquement une grande partie de la Suisse.
00:10:51 On était quelque part en train de rechercher une aiguille dans une botte de foin.
00:10:57 Très vite, le BEA lance cette première phase de recherche avec un espoir,
00:11:09 détecter les signaux émis par les boîtes noires.
00:11:13 Pour cela, l'hémorrode, le sous-marin de la Marine Nationale, est venu sillonner la zone.
00:11:19 Mais le BEA a également fait appel à ses deux navires,
00:11:22 le fermant de glaciers et le fermant d'expédition.
00:11:26 Ces deux bâtiments utilisent une technologie unique pour ausculter les fonds marins,
00:11:32 des hydrophones.
00:11:34 Ce sont des oreilles sous-marines extrêmement rares prêtées par la marine américaine.
00:11:40 Elles constituent le seul moyen d'entendre ce qui se passe dans les grandes profondeurs.
00:11:47 Objectif, écouter les sons émis par les balises présentes sur les boîtes noires de l'avion.
00:11:53 Dans le jargon, on les appelle les "pingers".
00:11:56 Une fois immergés, ils émettent un signal régulier, toutes les secondes.
00:12:02 Mais dans l'immensité, détecter ces "pingers" est un défi immense.
00:12:07 Il faut tout d'abord que les balises aient survécu à l'impact au moment où elles sont émis.
00:12:14 Et surtout, qu'on les retrouve dans les 30 à 40 jours,
00:12:19 durée maximum de l'émission du signal.
00:12:22 Le BEA est engagé dans une véritable course contre la montre.
00:12:33 Airbus, Air France, les familles des passagers,
00:12:38 tout le monde suit chaque jour avec attention ce qui se passe en mer.
00:12:43 "Position dans le carreau M-48"
00:12:46 Il faut trouver. Il faut qu'on trouve.
00:12:50 De toute façon, on n'a pas le choix, il faut qu'on trouve. On a 30 jours pour trouver, il faut qu'on trouve.
00:12:53 Et on avait tous les moyens, on avait les meilleurs moyens possibles, à bord et sur les autres navires, pour trouver.
00:12:59 Pour coordonner cette armada de moyens, le BEA a aussi affrété cet immense navire, le Pourquoi pas.
00:13:12 "Position dans le carreau M-48"
00:13:15 Le dixième jour des recherches, l'équipage capte un signal dont la fréquence est très proche de celle des Pingers.
00:13:22 "Cadavre, oui. Je l'ai entendu, là. C'était sur cette branche, là."
00:13:28 "C'était sur cette branche, oui."
00:13:29 "Si, en plus, on retrouve un signal, là."
00:13:32 Avec cette détection, les enquêteurs sont pleins d'espoir.
00:13:38 Pour en avoir le cœur net, ils décident de mettre à l'eau un robot sous-marin, le Victor.
00:13:44 "Tu es bon, c'est la plage arrière qui est proche, mais t'es en bonne position, là."
00:13:49 À bord, la tension monte. Le Victor est sorti.
00:13:54 Ce véhicule sous-marin est unique au monde.
00:13:57 Il est capable d'intervenir jusqu'à 6000 mètres de profondeur.
00:14:07 Une fois mis à l'eau, le Victor plonge doucement dans les abysses.
00:14:12 "Victor, t'es largué.
00:14:28 Tu mets 30 degrés sur la droite et tu peux commencer à avancer doucement."
00:14:33 "J'ai pas d'autocar."
00:14:36 Il lui faut deux heures pour atteindre le fond, à 4000 mètres de profondeur.
00:14:42 Une descente contrôlée depuis cette cabine du navire.
00:14:47 Le Victor commence alors son exploration.
00:15:02 Mais il ne trouve aucune trace des boîtes noires, aucun débris.
00:15:06 Après 48 heures, les équipes comprennent leur méprise.
00:15:11 Les sons émis viennent en fait probablement de baleines.
00:15:17 La fréquence de leurs cris est très proche de celle des pingueurs.
00:15:22 "Et là on se dit non, c'est pas vrai, on n'a pas perdu ces deux jours pour un banc de baleines.
00:15:28 C'est pas ça qu'on cherche, c'est pas ça qu'on est venu chercher.
00:15:31 Et là, là on est en colère.
00:15:33 Là on est en colère.
00:15:34 On a perdu deux jours, c'est...
00:15:36 Grosse frustration."
00:15:38 "Il y a eu des baleines.
00:15:40 On confond le bruit des boîtes noires avec celui des baleines.
00:15:44 Donc c'est vraiment très professionnel quand vous voyez ça de l'extérieur,
00:15:47 vous vous dites bon, ce serait quand même bien de vérifier avant de parler quoi.
00:15:51 Parce que je crois qu'on ne se rend pas bien compte de l'impact que ça peut avoir côté famille
00:15:55 d'aller se communiquer sur des informations sans vérifier la fiabilité de ces dernières."
00:16:01 "Nous on vit que pour ça en fait, depuis le 1er juin 2009.
00:16:04 Si on a bien une bataille à mener, c'est celle-là.
00:16:07 Je veux dire, les gens qui sont lancés dans cet avion, il n'y a personne qui voulait mourir.
00:16:11 Donc nous il faut qu'on sache pourquoi ils sont morts.
00:16:14 Parce que sans ça, vous ne pouvez pas continuer à vivre.
00:16:18 C'est extrêmement difficile."
00:16:27 Après ce premier faux espoir, l'exploration continue.
00:16:31 Cela fait trois semaines que la recherche d'Eppinger a commencé.
00:16:36 Dans dix jours, vingt jours avec un peu de chance, ils vont cesser d'émettre.
00:16:42 Pour ne pas perdre une seconde, un hélicoptère de la Marine Nationale vient ravitailler le pourquoi pas.
00:16:55 Pour retenir jusqu'à la fin de la mission, des vivres sont élitreillées.
00:16:59 Alors que l'écoute se poursuit, Arnaud Blanc, enquêteur au BEA, part en expédition.
00:17:24 Expédition Leventhaus, une frégate présente sur zone depuis l'accident.
00:17:28 Arnaud Blanc prend la mesure de la violence de ce qu'il va découvrir, alors qu'il s'éloigne du pourquoi pas.
00:17:35 C'est sur Leventhaus que les premiers débris flottants de la F447 ont été repêchés.
00:17:51 En l'absence des boîtes noires, ces débris sont les seuls éléments tangibles pour faire avancer l'enquête.
00:17:56 Dans cette cale, les marins ont stocké les pièces de la 330 en attendant leur appâtriment à Paris pour l'investigation.
00:18:20 Coffre à bagages, masques à oxygène, pièces de la cabine.
00:18:24 Ces éléments ne sont que la partie émergée de l'iceberg.
00:18:28 C'est la première fois qu'on voit quelque chose de concret.
00:18:32 Jusqu'à présent, on sait que cet avion a disparu, mais on n'avait jamais rien vu de cet avion.
00:18:37 Le fait de voir concrètement des morceaux d'avion, des pièces de l'avion,
00:18:44 le fait de voir concrètement des morceaux d'avion, des morceaux de siège, des morceaux de bagages,
00:18:52 effectivement, là on sait, ça y est, on est dedans.
00:18:56 Quelques jours plus tard, Arnaud Blanc poursuit son expédition, sur un autre bâtiment cette fois, le Mistral.
00:19:04 Ce porte-hélicoptère a récupéré les pièces les plus imposantes du Rio-Paris.
00:19:13 L'enquêteur est accompagné de gendarmes, car les débris sont aussi des pièces à conviction, pour l'instruction judiciaire.
00:19:20 Une enquête ouverte parallèlement à celle du BEA.
00:19:25 Voilà le stockage des pièces, on a évalué à ça à peu près 35 m3.
00:19:36 Aucun indice ne doit être négligé.
00:19:42 Cet homme vêtu d'une blouse blanche est un spécialiste d'Airbus.
00:19:47 Il est venu pour identifier les pièces de l'A330.
00:19:52 C'est la 1 015.
00:19:56 Un carénage de mariateur.
00:19:59 Tous les masques, même ceux qui sont tombés, ils ne sont pas dépliés.
00:20:09 Ils sont encore repliés.
00:20:11 On voit bien qu'on n'a pas respiré dedans.
00:20:14 Ils n'ont pas été déclenchés.
00:20:17 Tu tires et tu ouvres le robinet pour ouvrir l'oxygène.
00:20:37 Il y a beaucoup de pièces cabine avec le décor cabine.
00:20:40 - Ça c'est une partie qui est où ? - En sous-arrière.
00:20:44 C'est un container amovible.
00:20:47 Je n'aurais pas envie de dire que ça nous donnait vraiment des indices,
00:20:55 mais des impressions, un sentiment.
00:20:59 Par exemple, que l'avion était arrivé à plat.
00:21:05 Que l'on ne s'était pas disloqué en vol.
00:21:07 La quête des boîtes noires se poursuit depuis près d'un mois.
00:21:12 Mais les enquêteurs continuent à travailler sans relâche.
00:21:16 Il ne reste plus que quelques jours pour espérer capter le son des pingueurs.
00:21:20 On remonte et on va se diriger vers le point 63.
00:21:24 Nous sommes à 2 500 m.
00:21:31 On remonte à 200 m et ensuite on transite vers le point 61.
00:21:35 Malgré l'inquiétude, les équipes se réunissent chaque jour autour du coordinateur de la mission, Frédéric Hervelin.
00:21:41 On y croit jusqu'au bout. On est dans la bonne zone.
00:21:44 On sait que les pingueurs émettent encore, donc on ne lâche rien jusqu'au bout.
00:21:49 Alors que la batterie des pingueurs est proche de l'épuisement,
00:21:55 l'équipage décide de tenter le tout pour le tout.
00:21:59 Utiliser ce sous-marin mythique, le Nautil.
00:22:02 Il y a 30 ans, ce submersible a permis d'explorer l'épave du Titanic.
00:22:10 Piloté de l'intérieur, le Nautil permet d'explorer à l'œil nu des zones théoriquement inaccessibles.
00:22:21 Une plongée dont Arnaud Blanc garde un souvenir très vif.
00:22:28 Il y a plus d'hommes qui ont été dans l'espace que d'hommes qui ont été dans les grandes profondeurs marines.
00:22:34 C'était vraiment une plongée dans l'inconnu.
00:22:39 On ne savait pas du tout vers quoi on allait, ce qu'on allait trouver ou pas.
00:22:52 Vous avez des reliefs absolument monstrueux, avec des parois basaltiques verticales sur des dizaines de mètres de hauteur,
00:22:59 voire des centaines, où il n'y a rien.
00:23:01 Où il n'y a rien du tout.
00:23:03 Après huit heures au fond des mers, Arnaud Blanc remonte à la surface.
00:23:12 Cette plongée de la dernière chance n'a rien donné.
00:23:16 Oui, vous avez 20 apparents de 13 nœuds.
00:23:18 Ça y est, les enquêteurs viennent d'atteindre la date butoir.
00:23:24 En théorie, les pingueurs ont cessé d'émettre.
00:23:28 Ils sont désormais indétectables.
00:23:31 Bilan de cette première campagne, en un mois, cette zone a été explorée par les hydrophones américains.
00:23:38 Dans le jargon du BEA, on dit qu'elle est blanchie.
00:23:42 On sait que l'avion se trouve ailleurs.
00:23:45 Avant le retour, l'équipage du Pourquoi Pas se réunit sur le pont.
00:23:52 Une étrange cérémonie s'improvise autour du commandant Philippe Guillemet.
00:23:57 Il décide de s'adresser symboliquement aux 228 victimes du vol Rio-Paris.
00:24:05 À l'aube de notre mission, je voudrais vous adresser un dernier adieu
00:24:10 au nom de tous les marins et navigants du Pourquoi Pas,
00:24:14 au nom de toutes les personnes, à terre comme en mer,
00:24:19 qui ont mobilisé toute leur énergie pour nous aider dans nos recherches.
00:24:24 Je voudrais que vous sachiez que sur le Pourquoi Pas,
00:24:30 chacun d'entre nous a donné le meilleur de lui-même
00:24:34 pour tenter de percer le mystère du drame qui nous a arrachés à la vie.
00:24:39 Du côté des familles, ce premier échec commence à nourrir des soupçons
00:24:46 sur l'intégrité même de l'enquête. On s'interroge.
00:24:50 Le BEA, Airbus, Air France ont-ils vraiment intérêt à lever le voile
00:24:57 sur un accident qui risquerait de les mettre en cause ?
00:25:01 On patauge dans la semoule. On se dit que ce n'est pas possible.
00:25:05 Le BEA qui est si expert que ça, avec les moyens technologiques
00:25:10 dont on dispose aujourd'hui, on ne retrouve pas pareil.
00:25:13 C'est un vrai semblable.
00:25:16 Donc là, oui, ça commence à alimenter vraiment les suspicions.
00:25:20 Il y avait cette idée que peut-être on essayait de cacher des choses aux gens.
00:25:25 Cette extrême défiance, cette extrême méfiance,
00:25:30 cette idée que tout le monde voulait cacher tout,
00:25:33 que tout le monde avait intérêt à cacher tout, la compagnie aérienne.
00:25:36 Il y a des énormes enjeux industriels.
00:25:39 C'est quand même la question qu'on s'est posée.
00:25:41 Est-ce qu'on ne fait pas semblant de chercher ailleurs ?
00:25:43 Histoire de dire, on a vraiment fait tout ce qu'on a pu.
00:25:47 Vraiment, on a cherché, mais on n'a pas trouvé.
00:25:50 S'imaginer que le BEA ne veut pas trouver la vérité,
00:25:55 c'est comme s'imaginer qu'un médecin ne veut pas vous guérir.
00:25:59 Est-ce que j'aurais vraiment sali 30 ans de carrière
00:26:02 pour des intérêts mesquins à court terme ?
00:26:05 Malgré l'échec de la phase 1, malgré les rumeurs,
00:26:19 pas question pour le BEA de baisser les bras.
00:26:22 Et puisque l'on ne peut plus compter sur les pingers,
00:26:27 on ne peut pas compter sur les bras.
00:26:29 On ne peut pas compter sur les bras.
00:26:32 On ne peut pas compter sur les bras.
00:26:34 On ne peut pas compter sur les bras.
00:26:37 On ne peut pas compter sur les bras.
00:26:40 On ne peut pas compter sur les bras.
00:26:43 On ne peut pas compter sur les bras.
00:26:46 On ne peut pas compter sur les bras.
00:26:49 On ne peut pas compter sur les bras.
00:26:52 On ne peut pas compter sur les bras.
00:26:56 Quand le sonar passe au-dessus d'un débris dans une zone découverte,
00:26:59 ce débris va être repéré car sa réflexion sera singulière.
00:27:04 Mais si les débris se trouvaient au fond d'une crevasse
00:27:09 ou sur un pic montagneux,
00:27:11 le sonar aurait toutes les chances d'être aveugle.
00:27:14 La réflexion des pièces pourrait se confondre
00:27:17 avec celle de la roche volcanique.
00:27:20 Il faut donc analyser le fond marin dans ses moindres recoins,
00:27:25 afin d'essayer de comprendre
00:27:27 où pourraient se cacher les paves de l'avion.
00:27:30 Olivier Ferrand, le responsable de toutes les recherches en mer du BEA,
00:27:34 a embarqué sur le pourquoi pas.
00:27:37 Il sait que sur ces immenses relevés,
00:27:40 la moindre anomalie pourrait le mener sur une piste.
00:27:44 -Le scale est important.
00:27:46 -Ce truc est...
00:27:50 1 à 250 mètres de long.
00:27:57 -Le sonar scanne la zone 24 heures sur 24,
00:28:04 mais les recherches sont extrêmement lentes.
00:28:07 Imaginez, ils progressent à la vitesse d'un homme qui marche.
00:28:13 -Tout va très lentement en mer.
00:28:15 On ne pense pas, quand on parle de ce fameux cercle
00:28:18 de 70 km de rayons.
00:28:21 Ca faisait une surface qui fait à peu près le double de la Corse.
00:28:25 C'est grand.
00:28:28 Quand on cherche des débris qui vont être dans quelques km² au maximum,
00:28:33 c'est très difficile.
00:28:36 -Quand vous êtes famille, vous vous en fichez de savoir
00:28:40 si vous avez trouvé telle chose que vous voulez, c'est du résultat.
00:28:42 Même si on nous dit qu'il y a tel ou tel moyen qui a été déployé,
00:28:47 vous n'y connaissez rien.
00:28:50 Est-ce que c'est vraiment bien ? Je ne sais pas.
00:28:53 Tout ce que je veux, c'est que vous le retrouviez.
00:28:56 -Le travail est titanesque et rien n'est laissé au hasard.
00:29:00 En cas de doute sur les échos du sonar, le victor est mis à l'eau.
00:29:04 Olivier Ferrand ne quitte pas les écrans des yeux.
00:29:09 Mais après 22 jours de recherche,
00:29:11 toujours aucune trace de l'AF447.
00:29:15 Environ 9 millions d'euros ont été dépensés.
00:29:19 Et l'on en séguère plus qu'au premier jour.
00:29:23 Durant cette deuxième phase, seul ce petit rectangle a été blanchi.
00:29:29 Olivier Ferrand était pourtant parti plein d'optimisme.
00:29:34 -Retourner brodouille d'une phase de recherche, c'est très dur pour le moral.
00:29:38 C'est un sentiment d'échec.
00:29:41 On ne revient pas complètement brodouille, puisqu'on a blanchi une zone.
00:29:45 Mais quand même, cet avion demeure introuvable.
00:29:49 -Alors que le BEA est en plein doute, son directeur doit prendre sa retraite.
00:29:57 Et il laisse derrière lui sa famille, désemparée.
00:30:04 -Je sentais bien que le BEA arrivait à un moment difficile de cette enquête.
00:30:08 Tous les faits, tous les éléments qui avaient été recueillis,
00:30:12 avaient été exploités à ce stade.
00:30:15 Et donc là aussi, j'avais l'impression un petit peu,
00:30:18 de par la force des choses, de trahir mon équipe.
00:30:21 De les laisser seuls devant un défi,
00:30:25 qui est de serrer les dents et de s'accrocher,
00:30:28 et puis de dire "Allez, je repars au boulot",
00:30:32 en essayant, en espérant que je finirai par trouver.
00:30:35 -Jean-Paul Troadec, son nouveau directeur, a une conviction.
00:30:39 Explorer systématiquement tout le cercle serait beaucoup trop cher.
00:30:43 Et surtout, beaucoup trop long.
00:30:46 Alors pour essayer de cibler plus précisément sa prochaine tentative,
00:30:50 le BEA fait appel aux meilleurs chercheurs du monde
00:30:53 en matière de courant marin.
00:30:56 Ces scientifiques partent de la position des débris
00:31:00 après l'accident, et calculent de quel endroit
00:31:02 ils auraient pu dériver, afin d'identifier le site de l'épave.
00:31:06 Tous les calculs convergent vers une zone de 2000 km2
00:31:10 au nord-ouest du cercle.
00:31:13 C'est là que doit se trouver l'épave de l'AF 447.
00:31:18 -Ce qui était intéressant, c'était quand même que
00:31:21 c'était plusieurs scientifiques, de plusieurs pays,
00:31:25 avec des modèles différents,
00:31:28 qui arrivaient, ciblés, pointés dans la même direction.
00:31:30 Donc ça, c'était convaincant.
00:31:32 -On repart avec cette certitude en disant,
00:31:34 avec ce groupe d'experts mondiaux,
00:31:37 il est évident qu'on va déterminer la zone,
00:31:40 les bons équipements, et on a trouvé l'avion.
00:31:46 ...
00:31:52 Musique intrigante
00:31:56 -Nous sommes sur le port de Récif, au Brésil,
00:32:00 9 mois après l'accident.
00:32:02 Les deux navires affrétés par le BEA,
00:32:05 le Seabed Worker et l'Ancandis, lèvent l'encre.
00:32:09 ...
00:32:16 C'est Paul-Henri Nargelet
00:32:18 qui prend les rênes de cette nouvelle campagne.
00:32:20 Une référence.
00:32:22 C'est l'un des explorateurs du Titanic.
00:32:27 ...
00:32:40 A peine arrivés sur zone,
00:32:42 l'équipage du Seabed Worker prépare son nouvel engin.
00:32:45 Il s'agit du Remus, un véhicule sous-marin autonome
00:32:49 qui va rendre les recherches beaucoup plus efficaces.
00:32:52 Trois exemplaires sont embarqués sur le navire.
00:32:56 ...
00:32:59 Cette petite merveille de technologie
00:33:01 a été mise au point par une équipe américaine de Woods Hole,
00:33:04 un institut océanographique de renom.
00:33:07 ...
00:33:11 -C'est un engin un peu chirurgical.
00:33:13 On arrive à faire quelque chose d'extrêmement précis avec.
00:33:16 Et en même temps, ils vont vite.
00:33:19 Et ce sont des engins, surtout, à qui on dit
00:33:23 "Tu vas travailler à transmettre d'altitude et il y reste."
00:33:26 ...
00:33:31 -Une fois arrivé au fond, le Remus déclenche son sonar.
00:33:35 Il fonctionne comme un véritable drone sous-marin.
00:33:38 S'adaptant au relief,
00:33:40 il sonde les profondeurs avec une précision chirurgicale.
00:33:43 A proximité du fond, il déclenche son appareil photo,
00:33:48 permettant ainsi de visualiser ce qui se trouve vraiment au fond de l'eau.
00:33:52 ...
00:34:01 -Ready, 4, 3, 2, 1...
00:34:04 ...
00:34:11 -La mise en oeuvre simultanée de ces trois Remus est exceptionnelle.
00:34:15 Il n'en existe que quelques exemplaires dans le monde.
00:34:19 Il a fallu suspendre des missions scientifiques d'envergure
00:34:22 pour les mettre à disposition des recherches.
00:34:25 ...
00:34:31 Régulièrement, l'équipage remonte les Remus
00:34:34 pour extraire et analyser leurs enregistrements.
00:34:37 ...
00:34:43 Mais pendant ce temps, en France,
00:34:47 la pression monte de toutes parts.
00:34:49 ...
00:34:51 -Pour les journalistes, c'était un polar, quoi.
00:34:54 C'est comme un film d'aventure avec du suspense,
00:34:57 si on arrivait à trouver.
00:34:59 Et là, on disait aux journalistes, "Bah non, vous allez attendre.
00:35:03 Vous ferez comme tout le monde, vous attendrez."
00:35:05 -Tous les jours, tous les jours, tous les jours, tous les jours,
00:35:08 on appelait pour savoir, alors, où est-ce qu'on en est ?
00:35:11 Est-ce que vous avez trouvé ? Est-ce qu'on avance ?
00:35:13 Où en êtes-vous ? Donc on appelait, je sais pas,
00:35:16 je pense que tous les journalistes devaient appeler plusieurs fois par jour.
00:35:18 Il y avait cette espèce de pression permanente de savoir
00:35:22 est-ce qu'on a trouvé ?
00:35:24 ...
00:35:26 -Le premier anniversaire du drame approche.
00:35:29 L'attente des médias et des familles se fait de plus en plus pressante.
00:35:33 Au BEA, malgré les échecs, les doutes, les faux espoirs,
00:35:38 le mystère du vol AF447
00:35:41 demeure une obsession de tous les instants.
00:35:45 ...
00:35:52 -On peut pas déconnecter.
00:35:54 Tous les jours, on y pense, on se couche avec cette idée,
00:35:58 on se lève avec des idées nouvelles, on vit, on ne parle que de ça,
00:36:02 on est complètement, comment dire, dans un autre monde.
00:36:07 -Mais alors que les recherches du BEA stagnent,
00:36:10 dans la zone identifiée par les scientifiques,
00:36:14 une nouvelle stupéfiante tombe.
00:36:15 Le ministère de la Défense, lui, annonce qu'il a du nouveau.
00:36:20 ...
00:36:22 -Bonsoir à tous. Dans l'actualité, ce soir,
00:36:25 beaucoup n'y croyaient plus. La Marine française fait un pas en avant
00:36:28 dans les recherches des boîtes noires du vol Rio-Paris.
00:36:31 Selon le ministère de la Défense, le signal émis par les enregistreurs
00:36:34 de vol aurait été capté au fond de l'océan
00:36:37 par le sous-marin français L'Emerald.
00:36:39 ...
00:36:42 -Immense surprise, les enquêteurs apprennent que le sous-marin Emerald
00:36:45 a enregistré des sons de pingueurs un an plus tôt,
00:36:49 lors des toutes premières recherches.
00:36:51 Ces signaux n'avaient pas été entendus à l'époque.
00:36:55 Ce sont des analyses faites sur les enregistrements du sous-marin
00:36:59 un an plus tard qui ont permis d'isoler le fameux son des pingueurs.
00:37:04 ...
00:37:06 Le directeur du BEA convoque alors une conférence de presse,
00:37:10 car les familles et les journalistes ne comprennent pas.
00:37:12 A vrai dire, lui non plus.
00:37:15 -Je souhaite vous mettre en garde contre l'élaboration
00:37:18 de scénarios et d'hypothèses prématurées.
00:37:21 Tout d'abord, nous n'avons pas encore localisé l'épave.
00:37:24 Nous pensons qu'elle a de bonnes chances d'être là,
00:37:27 mais on a peut-être été suffisamment optimistes,
00:37:30 trop optimistes dans le passé pour avoir des certitudes.
00:37:33 ...
00:37:36 -On ne comprenait plus rien, là, donc...
00:37:39 Tout est parti un petit peu à la dérive,
00:37:41 et on ne savait plus à quel sens se vouer pour comprendre la situation.
00:37:47 -Sur le Cibed Worker, l'équipage est en plein dilemme.
00:37:51 Faut-il se rendre sur la zone identifiée par le ministère
00:37:55 à plusieurs jours de mer ?
00:37:57 Ou faut-il rester dans les 2 000 km2
00:38:00 indiqués par les calculs de rétro-dérives ?
00:38:03 Difficile de trancher,
00:38:07 mais on ne peut prendre aucun risque de rater l'avion.
00:38:09 -Trois Dagues m'a dit "Qu'en pensez-vous ? On y va ou pas ?"
00:38:12 Je lui ai dit "On n'a pas le choix, il faut y aller.
00:38:14 "S'ils nous disent qu'ils ont trouvé quelque chose,
00:38:16 "il faut aller voir là."
00:38:18 ...
00:38:26 -Paul-Henri Dargelay ordonne donc de mettre le cap au sud-ouest,
00:38:30 et le Cibed Worker fait route vers l'autre bout du cercle des recherches.
00:38:35 ...
00:38:37 Le navire est maintenant sur zone,
00:38:39 juste au-dessus des points de détection du sous-marin de la Marine nationale.
00:38:43 Aussitôt, les Rémus sont mis à l'eau.
00:38:47 À en croire le ministère,
00:38:50 les boîtes noires de la F447 et leurs secrets
00:38:54 se trouveraient juste là.
00:38:57 À bord, tous les enquêteurs sont mobilisés.
00:39:02 ...
00:39:19 Mais après quelques heures, les premières photos tombent.
00:39:23 Aucune trace de débris.
00:39:26 Aucune trace des boîtes noires,
00:39:28 soi-disant détectées par le sous-marin.
00:39:31 ...
00:39:33 Progressivement, le doute s'installe.
00:39:36 ...
00:39:40 Dargelay et ses équipes ont beau scruter les images du sonar,
00:39:44 vérifier encore et encore,
00:39:47 ils ne trouvent rien.
00:39:49 ...
00:39:56 Le troisième jour, un rendez-vous téléphonique est pris
00:40:00 avec le BEA à Paris.
00:40:02 Car Olivier Ferrand, lui, a des nouvelles.
00:40:05 Et elles sont pour le moins surprenantes.
00:40:08 ...
00:40:12 -Allô ?
00:40:14 Vous voulez vous informer un petit peu des derniers événements ?
00:40:19 -Les derniers rebondissements.
00:40:22 -Donc, comme on dit, vous êtes bien assis ?
00:40:26 -Bah, écoute, oui, on est bien assis, ouais.
00:40:29 -Très probablement, le sous-marin a enregistré des sons
00:40:33 qui venaient de l'intérieur du bateau.
00:40:35 Très probablement, un opérateur se faisait l'oreille
00:40:38 sur un enregistrement de Pinguerre.
00:40:40 C'est ce qu'on craignait et c'est ce qui semble vraiment se produire.
00:40:44 -Incroyable, mais vrai.
00:40:47 En analysant les enregistrements,
00:40:50 le BEA a découvert que les signaux ne provenaient pas
00:40:53 de l'extérieur du sous-marin,
00:40:55 mais de l'intérieur même du bâtiment.
00:40:58 Ce sont probablement des marins du bord
00:41:00 qui écoutaient des enregistrements de Pinguerre
00:41:03 afin d'apprendre à les détecter.
00:41:05 Bref, le ministère a cru à la résolution de l'énigme
00:41:08 alors qu'il s'agissait seulement d'une erreur d'interprétation.
00:41:11 -On se dit "Mais pourquoi ils ont fait cette annonce ?
00:41:14 C'est qu'ils en ont été sûrs."
00:41:16 Mais après, lorsqu'on commence à dérouler la pelote
00:41:19 et à essayer de remettre les choses dans le contexte,
00:41:21 on se rend compte que l'information leur a échappé.
00:41:24 Et c'est pas bon pour la crédibilité,
00:41:27 c'est pas bon pour la crédibilité du travail entrepris,
00:41:29 donc c'est très frustrant.
00:41:31 -Il y a un moment donné, une information qui est partie
00:41:34 et qui a dit "On a un son, ça correspond."
00:41:37 Eh ben non, ça correspond pas du tout.
00:41:41 Donc là, vous reprenez encore une autre claque
00:41:44 quand vous êtes famille.
00:41:46 Vous vous dites "Mais c'est pas sérieux."
00:41:56 -Sur le Seabed Worker, l'atmosphère est lourde.
00:41:59 L'équipage va retourner dans la zone précédente.
00:42:03 Mais le coeur n'y est plus.
00:42:06 On vient de perdre huit jours de recherche
00:42:09 pour une énorme méprise.
00:42:11 Environ 21 millions d'euros ont été dépensés
00:42:14 pour les trois premières phases.
00:42:17 ...
00:42:19 ...
00:42:48 -Au BEA, la frustration est à son comble.
00:42:51 L'avion semble introuvable, le mystère, insoluble.
00:42:55 Les enquêteurs s'interrogent.
00:42:57 Qu'est-ce qui peut bien clocher dans les recherches ?
00:43:00 Et si la zone identifiée par les scientifiques
00:43:04 n'était pas la bonne ?
00:43:06 En modélisant les courants,
00:43:08 ils avaient déterminé la zone de recherche pour la phase 3.
00:43:11 Et si ces savants calculs étaient tout simplement faux ?
00:43:17 En réunion, Jean-Paul Troadec et Olivier Ferrand
00:43:20 comprennent qu'il faut tout remettre à plat.
00:43:23 Ils décident de repartir de choses très concrètes.
00:43:27 De voir sur le terrain
00:43:29 comment fonctionnent réellement les courants marins.
00:43:33 Le BEA largue ainsi sur la zone des bouées équipées de GPS
00:43:38 afin d'observer leurs dérives.
00:43:41 En 15 jours, le résultat est stupéfiant.
00:43:46 Les différentes bouées prennent chacune des trajectoires imprévisibles.
00:43:50 Un constat s'impose.
00:43:52 Dans cette zone au milieu de l'Atlantique,
00:43:55 les courants sont en fait totalement aléatoires.
00:43:59 Les calculs qui ont orienté les recherches depuis des semaines
00:44:03 ne valent absolument rien sur le terrain.
00:44:06 Toutes ces études de rétro-dérive qui ont été faites
00:44:09 par des gens très compétents,
00:44:11 moi je suis allé en particulier voir une équipe chinoise
00:44:15 qui était impressionnante
00:44:17 parce qu'ils avaient un ordinateur gigantesque, etc.
00:44:20 Ils connaissaient beaucoup de choses.
00:44:22 Mais malheureusement, cette zone est très mal connue
00:44:27 et où il se passe n'importe quoi, n'importe comment.
00:44:30 Aujourd'hui, on aurait pu penser que des experts à ce niveau
00:44:35 auraient pu nous dire que dans cette zone,
00:44:39 tout est aléatoire.
00:44:42 Faire de la rétro-dérive est quelque chose de pratiquement impossible.
00:44:49 J'en dirais quoi plus ?
00:44:52 Je me souviens de toutes ces discussions autour des courants marins
00:44:56 qui étaient beaucoup plus forts que ce qu'on avait prévu
00:44:59 ou en tout cas modélisé.
00:45:01 Tout ce discours-là, à un moment donné,
00:45:04 il faut aussi un certain courage pour dire "on s'est trompé".
00:45:08 "On est en échec".
00:45:11 "On ne sait pas ce qui va se passer après."
00:45:13 "On ne sait même pas si on va pouvoir continuer à faire les recherches
00:45:16 parce que ça coûte cher."
00:45:18 "Mais que dit-on aux familles si on dit que ça s'arrête ?"
00:45:21 Un an, jour pour jour, après l'accident,
00:45:25 les familles convoquent leurs propres conférences de presse.
00:45:28 Après toutes ces déceptions, ces revirements, ces faux espoirs,
00:45:32 le bras de fer avec le BEA se durcit.
00:45:35 Les enquêteurs seraient-ils à la merci des politiques ?
00:45:40 Des industriels ?
00:45:41 L'avocat de l'Association des familles de victimes s'indigne.
00:45:45 Nous nous posons la question, y a-t-il des intérêts supérieurs ?
00:45:50 Et dans la mesure où nous sommes à la limite du mépris des familles de victimes,
00:45:54 car encore une fois, on ne nous dit rigoureusement rien.
00:45:57 C'est vous qui nous apportez les informations.
00:46:00 C'est totalement surréaliste.
00:46:02 On pensait qu'on n'aurait jamais la vérité sur ce qui s'est passé
00:46:07 et qu'il fallait commencer à vivre avec cette incertitude.
00:46:11 On se disait que ce n'était pas possible, on voulait savoir.
00:46:15 Là, c'est le désespoir.
00:46:19 On se dit que ça s'arrête là.
00:46:22 Mais après, vous êtes obligés de vous lever le matin,
00:46:25 vous êtes obligés d'aller bosser, de continuer votre vie.
00:46:28 Les jours passent, toujours dans un coin de votre tête,
00:46:34 on attend des nouvelles, les jours et les mois passent.
00:46:38 On était à peu près sûr que le BEA n'avait pas fait tout ce qui était en son pouvoir.
00:46:46 Pour nous, la stratégie n'était pas la bonne et on ne s'est pas privé, leur en faire part.
00:46:52 Vous vous rendez compte ?
00:46:59 Plus d'un an sans avoir aucune trace de la mort de l'être cher,
00:47:05 c'est inconcevable.
00:47:07 Un BEA qui se dit être à la pointe, qui est reconnu à travers le monde, etc.
00:47:12 Ce n'est pas possible.
00:47:14 La perte de confiance a été presque radicale.
00:47:17 Ça ne pouvait pas être autrement.
00:47:20 Vous nous dites, vous nous dites, vous nous dites et il n'y a pas de résultat.
00:47:25 Et en même temps, je n'ai toujours pas la preuve de la mort de mon fils, de ma fille, de mon oncle, de mon mari, de mon épouse.
00:47:34 C'est logique.
00:47:36 Après dix longs mois d'interruption, les recherches se reprennent.
00:47:53 Jean-Paul Troadec, le directeur du BEA, a de nouveau réussi à obtenir de l'argent auprès d'Airbus et d'Air France
00:48:00 pour financer et mettre sur pied une quatrième campagne.
00:48:04 Une conférence de presse est convoquée au ministère de l'Écologie et des Transports.
00:48:09 Face aux journalistes, les responsables du BEA, Thierry Mariani, secrétaire d'État chargé des Transports,
00:48:22 mais aussi des Américains, experts de l'exploration sous-marine, les inventeurs du fameux Rémus.
00:48:27 Nous sommes dans une situation qui n'a jamais été rencontrée dans l'histoire de l'aviation,
00:48:33 c'est-à-dire tenter de retrouver une épave d'avion tombée dans des fonds très accidentés et de très grande profondeur
00:48:40 et dont la position n'est connue qu'à quelques dizaines de kilomètres près.
00:48:45 C'est donc sur la base d'une stratégie d'exploration systématique de la zone du cercle de rayons de 75 km,
00:48:52 non encore explorée par les moyens d'imagerie acoustique,
00:48:55 qu'est lancée cette nouvelle campagne, dont les détails pourront être donnés par les représentants de l'Institut Woods Hole.
00:49:01 Après la phase 3, nous sommes plus que jamais confiants en notre capacité d'explorer ces reliefs,
00:49:10 mais aussi en notre stratégie, scanner chaque endroit au moins deux fois.
00:49:15 Nous sommes à peu près sûrs que si l'avion se trouve dans cette zone, nous serons en mesure de le localiser.
00:49:21 Je voudrais insister sur un point, tout cela n'est pas facile du tout, c'est très exceptionnel.
00:49:28 Pour explorer ces profondeurs, il faut être à la pointe de l'océanographie mondiale.
00:49:36 [Musique]
00:49:46 À partir du port de Soape au Brésil, la phase 4 peut commencer.
00:49:51 C'est sur ce navire, la Lucia, que va se dérouler cette nouvelle opération.
00:49:56 Objectif, chercher d'abord autour de la dernière position connue de l'avion.
00:50:05 Et explorer ensuite l'ensemble du cercle, coûte que coûte.
00:50:09 Bref, revenir à la case départ et réexplorer les zones blanchies, peut-être à tort, pendant la première phase.
00:50:18 [Musique]
00:50:31 Cette nouvelle mission est menée par Jean-Claude Vital, un des enquêteurs du BEA.
00:50:36 Sans le vouloir, il va devenir un des personnages clés du mystère de l'AF447.
00:50:42 Une fois sur zone, le travail se met très vite en place.
00:50:46 Jour et nuit, inlassablement, les trois Rémus multiplient les plongées, revenant sur les traces du pourquoi pas.
00:50:53 Le navire qui, il y a plus d'un an, avait coordonné l'écoute des Pingers.
00:51:00 Le 9e jour, tout bascule.
00:51:02 Mike Purcell, l'inventeur des Rémus, interpelle Jean-Claude Vital.
00:51:08 - J'étais en train de manger, c'était un soir, et Mike vient me voir à côté, il me dit "Là Jean-Claude, on a quelque chose qui pourrait ressembler à un écho".
00:51:21 Vous savez, il se crée des relations de confiance. Moi, j'avais confiance en lui.
00:51:29 Et je savais que s'il m'appelait, c'était pas pour rien.
00:51:33 Toutes les images au fond de la mer, c'est quelque chose de très terne, c'est des images qui sont très grises, il y a rien.
00:51:39 Et là, il y a cette image-là qui est caractéristique, et là effectivement, on se dit "Ah, là c'est peut-être bon".
00:51:46 Sur le relevé sonar, cette tâche étrange se distingue clairement du fond.
00:51:58 Pris d'une lueur d'espoir, Jean-Claude Vital envoie immédiatement un Rémus photographier la zone.
00:52:03 Mais les choses se compliquent.
00:52:07 - Et puis il y a une tempête, quoi. Donc là, enfin une tempête, c'était l'eau, on n'a pas pu remonter le Rémus, donc il a fallu attendre plusieurs heures encore, le temps que la mer se calme, pour pouvoir récupérer le robot.
00:52:24 [ Bruit du vent ]
00:52:42 - Et ensuite, une fois qu'il est à bord, il faut décharger les données, il y a 18 000 photos, quelque chose comme ça.
00:52:48 Donc là, on est tous dans la salle, et on attend, et on regarde. Et donc, il n'y a que du gris, que du gris, que du gris, que du gris.
00:52:55 Et puis à un moment, il y a une pièce, c'est quand même bizarre. Donc on avance un peu, puis on voit de plus en plus de pièces, quoi.
00:53:02 Et puis après, on dit "Ouais, c'est ça, quoi". Et là, j'ai dit "Stop, on arrête tout, et puis je vais prévenir".
00:53:10 Mais c'est des moments, ouais.
00:53:12 - Vous avez prévenu qui ?
00:53:14 - Alain, Alain Bouillard.
00:53:16 [ Musique ]
00:53:34 - Jean-Claude Vital m'a appelé, je crois que c'était un samedi matin, vers 6 heures, le 2 avril.
00:53:42 Jean-Claude me dit "Alain, je crois qu'on a trouvé".
00:53:46 Et là, une joie interne, parce que tout le monde dort, mon épouse dort, et tout de suite, j'appelle Jean-Paul Trondec et Martine, pour leur dire "Je crois qu'on a trouvé".
00:54:02 Et je me souviens, je suis arrivé au BEA, il était, je crois, 8 heures du soir, et Alain était à son bureau, et il visionnait encore les photos qu'il venait de recevoir.
00:54:13 Et quand je l'ai vu, il me dit "C'est bon". Et moi, je lui réponds "T'es sûr ?"
00:54:19 Et là, il me dit "Bah oui, je suis sûr, j'ai les photos avec l'immatriculation de l'avion dessus".
00:54:28 Et là, je me dis "Bon, on entre dans un autre temps".
00:54:33 Enfin, on va comprendre. Enfin, on a l'avion, ça fait deux ans qu'on le cherche, on l'a, on a réussi, on a bien fait de persévérer, on va pouvoir faire progresser l'enquête, on va pouvoir apporter des réponses.
00:54:47 Donc mon PC, j'ai récupéré les images, et dedans, j'ai extrait les images qui étaient, donc on voit le moteur, pour bien montrer qu'on avait trouvé les pattes, mais sans que ce soit morbide, quoi.
00:55:01 Parce que mon but à moi, c'était vraiment, il est hors de question qu'on sorte quoi que ce soit qui n'ait pas été validé, et surtout des images qui puissent être dérangeantes.
00:55:13 Pour les enquêteurs, maîtriser la communication est alors un enjeu essentiel.
00:55:18 Mais malgré leurs précautions, rien ne va se passer comme prévu.
00:55:23 Jean-Paul Troadec informe de la découverte la ministre des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet.
00:55:29 Mais celle-ci décide de révéler publiquement des détails que les familles ignoraient pour la plupart.
00:55:37 Vous avez dit tout à l'heure, Nathalie Kosciusko-Morizet, qu'une grande part de l'avion d'Air France, une grande part de l'avion avait été retrouvée.
00:55:44 Est-ce qu'on a des traces des victimes de cette catastrophe ?
00:55:49 On a plus que des traces, en fait. On a des corps. C'est-à-dire qu'il reste des corps dans la partie qui a été retrouvée.
00:55:56 Donc c'est l'habitacle de l'avion ?
00:55:59 C'est une partie de l'habitacle de l'avion. Pas forcément l'ensemble, mais probablement... Enfin, je ne suis pas technicienne, mais tout n'a pas explosé, si vous voulez.
00:56:10 Il y a une partie de l'habitacle, et dans cette partie de l'habitacle, il y a des corps.
00:56:13 Un grand nombre de corps ?
00:56:14 Il y a des corps.
00:56:16 Déjà, c'est hyper violent, mais en plus, je ne sais pas, on ne peut pas annoncer ça comme ça.
00:56:25 Et puis, honnêtement, ça a même un intérêt pour l'opinion publique. Est-ce que ce genre d'informations ne devrait pas rester que pour les familles ?
00:56:35 Il y a quand même eu, à ce moment-là, un niveau de détail extrêmement poussé, qui a été balancé dans les médias.
00:56:44 « Ah, on a retrouvé des corps, ils sont en très bonne état, ils ont été très bien conservés, les gens sont attachés à leur siège, ils ont même encore des cheveux sur la tête. »
00:56:53 Mais moi, je ne suis pas dans un film, je suis dans la réalité. Donc potentiellement, tu parles de mon frère-là.
00:57:01 Et donc, pour moi, c'est presque de l'atteinte à la dignité de la personne qui est décédée, en fait.
00:57:07 C'était une séquence lamentable, lamentable.
00:57:14 En plus de dire que les corps étaient identifiables, tout le monde a pensé que, ça y est, dans les jours qui suivent, on va remonter les corps et on va pouvoir enterrer décemment nos proches.
00:57:30 Donc c'est ce que tout le monde a pensé. Donc ça a donné un espoir, si on peut parler d'espoir.
00:57:37 Mais enfin, bon, ça a quand même réconforté beaucoup de gens sur cet aspect-là.
00:57:43 La colère des familles grandit encore lorsqu'elles se rendent compte que l'épave se trouve presque au centre du cercle, à 12 kilomètres seulement de la dernière position connue.
00:57:54 Un endroit que les enquêteurs, après la phase 1, avaient éliminé de leurs recherches.
00:58:01 Ayant sillonné le secteur avec leurs hydrophones, sans faire de détection concluante, ils avaient blanchi cette zone.
00:58:10 Aujourd'hui encore, certains proches des victimes ne comprennent pas ce qu'il s'est passé.
00:58:14 Beaucoup avaient insisté pour que l'on explore en priorité autour de la dernière position connue.
00:58:20 C'est quand même assez surprenant et même c'est une question de bon sens.
00:58:24 On commence déjà par chercher, là on retrouve des éléments où c'est le dernier signal, on va pas aller chercher aux quatre coins du globe.
00:58:36 Donc il y a beaucoup de colère oui, parce que ces deux ans-là, je pense que tout le monde s'en serait bien passé.
00:58:40 Mais vraiment, mais tout le monde hein.
00:58:43 Si une aiguille me file entre les doigts, où est-ce que je la cherche ? Là-bas ou juste ici ?
00:58:50 Juste ici non ? Pourquoi est-ce qu'on n'a pas fait pareil avec l'avion ?
00:58:54 Je n'ai toujours pas reçu d'explication du BEA sur cette question.
00:58:58 Pourquoi on n'a pas cherché là où a eu lieu le dernier contact avec l'avion ?
00:59:04 Pour moi, ça reste un grand mystère.
00:59:06 Après c'est toujours très facile de refaire l'histoire, quand on sait où l'avion est tombé.
00:59:12 Je suis sûr qu'il y a des gens qui se disent "mais enfin ils sont idiots, c'était juste à côté, pourquoi ils n'ont pas commencé par là ?"
00:59:17 Parce qu'ils pouvaient se trouver dans le sud, dans l'ouest, on ne sait pas.
00:59:23 Ils pouvaient être n'importe où, on ne savait pas si l'avion n'avait pas fait demi-tour, parce qu'il y avait des nuages,
00:59:27 on ne savait pas s'il était passé dans les nuages, on ne savait rien, rien du tout.
00:59:33 On ne savait rien, certes, mais les enquêteurs se sont sans doute fait piéger par les Pingers.
00:59:38 Probablement étaient-ils endommagés, il est même possible qu'ils n'aient jamais émis le moindre son.
00:59:44 Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi on ne l'a pas entendu ?
00:59:47 Là c'est vraiment une démarche scientifique, il faut comprendre.
00:59:50 Ce n'est pas une question de se dire "bon là on a merdé" ou "on a fait ce qu'il fallait ou pas ce qu'il fallait",
00:59:56 ce n'était pas le souci, l'idée c'est vraiment de se dire "qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi on ne l'a pas entendu ?"
01:00:02 Selon toute vraisemblance, les Pingers n'émettaient pas.
01:00:06 À tort ou à raison, l'avenir nous dira à tort, on a considéré que toute cette zone qui avait été quadrillée par les hydrophones,
01:00:16 dans cette zone, l'avion n'était pas là.
01:00:19 Donc on est reparti ailleurs, dans d'autres coins.
01:00:21 On n'a jamais eu de cas de non fonctionnement des Pingers.
01:00:24 Donc quand l'avion n'est pas là, on cherche ailleurs.
01:00:26 Le travail d'Alain Bouillard est loin d'être terminé.
01:00:31 Car il faut maintenant mettre la main sur un élément clé de l'enquête, les enregistreurs de vol.
01:00:38 Alain Bouillard est venu en personne mener cette recherche inédite.
01:00:56 Bonjour Monsieur Bouillard.
01:00:57 Je suis le cabriolote, je suis à bord.
01:00:59 Le commandement de mon député est là.
01:01:01 D'accord.
01:01:03 22 mois après la disparition de la F447, commence la cinquième et dernière phase des recherches en mer du vol Rio-Paris.
01:01:13 Cette fois, les enquêteurs savent exactement où aller.
01:01:23 Ils se rendent au point précis où l'épave a été localisée.
01:01:26 Sur les lieux même du drame.
01:01:29 A chaque fois que j'ai fait des recherches en mer, c'est ça qui m'impressionne.
01:01:34 C'est que vous arrivez à la surface là, et il n'y a rien.
01:01:38 La mer, elle engloutit tout.
01:01:40 Et elle oublie quelque part.
01:01:42 Un moment, moi j'étais à la surface de l'endroit où l'avion s'était écrasé.
01:01:47 C'est hallucinant.
01:01:52 Et il ne reste plus rien.
01:01:54 Par contre, si on creuse, si on descend, il y a tout.
01:01:59 Tout est là. Et ça attend.
01:02:01 Ça attend depuis deux ans.
01:02:03 Arrivé au-dessus du champ de débris, l'équipage plonge ce robot sous-marin, le Raymora.
01:02:16 Grâce à lui, les enquêteurs vont explorer le site de l'épave, à la recherche des deux enregistreurs du vol AF447.
01:02:24 Une équipe de techniciens contrôle le robot, relié au navire par un câble de plusieurs kilomètres.
01:02:31 Ok, maintenant c'est intéressant.
01:02:32 Roger, on y va.
01:02:35 - Avez-vous des idées ? - C'est un portail.
01:02:39 - C'est un portail ? - Oui.
01:02:41 La tension est palpable.
01:02:43 En découvrant l'épave, les enquêteurs prennent la mesure du drame qui s'est produit ici.
01:02:50 Ok, et où est cette porte de ce côté ?
01:02:53 C'est un portail.
01:02:56 C'est là, c'est là.
01:02:58 Les REMUS ont pris 85 000 photos du site.
01:03:01 Elles sont assemblées comme un immense puzzle grâce auquel les enquêteurs tentent de se repérer.
01:03:07 Mais à 3 900 mètres, la seule lumière disponible est celle du Raymora.
01:03:16 Alain Bouillard le sait.
01:03:18 À ce rythme, la localité de la réplique est en danger.
01:03:23 45 mètres.
01:03:24 Merci, 45 mètres.
01:03:26 Et puis, laissez-moi savoir quand vous aurez un visuel.
01:03:28 Pour tous ceux qui ont vécu la dernière étape des recherches, certains souvenirs restent gravés.
01:03:34 Comme ce message transmis aux équipes de recherche.
01:03:38 Alain m'a apporté ce message.
01:03:43 Je me rappelle d'un email que le BEA avait reçu.
01:03:47 Il m'a dit que j'avais un message.
01:03:51 C'était un email que le BEA avait reçu de la part du mari d'une des hôtesses de l'air.
01:03:55 Il disait, s'il vous plaît, transmettez mes remerciements à tous les gens présents sur le bateau.
01:04:01 À toutes les équipes de recherche, les techniciens, les marins.
01:04:05 Dites-leur merci pour leurs efforts.
01:04:07 Dites-leur que mes enfants et moi, nous prions pour eux tous les jours.
01:04:11 C'était très touchant pour nous que malgré sa peine, cet homme qui avait perdu sa femme pense aux autres.
01:04:19 Il pense à nous, à nous remercier.
01:04:21 Sur le champ de débris, à la recherche des boîtes noires,
01:04:48 l'hôte découvre des morceaux de l'avion parfois reconnaissables.
01:04:51 Élément du fuselage,
01:04:55 pièce de la cabine,
01:04:59 et même le siège du copilote.
01:05:02 Donc là, les deux sangles, une là, et là-haut, il ne faut pas bien couler.
01:05:11 Parce que le siège copilote a la couvoir large à droite,
01:05:14 et le siège capitaine a la couvoir large à gauche.
01:05:18 Tu as une avis ?
01:05:20 Remonte un peu, il y a des inscriptions en dessous.
01:05:24 L'exploration se poursuit durant plusieurs jours.
01:05:27 Et le troisième jour, l'espoir surgit.
01:05:30 Alain Bouillard et son équipe identifient le châssis de l'une des boîtes noires.
01:05:35 Mais l'espoir est de courte durée.
01:05:38 Car la partie de la boîte qui contient les données s'est détachée sous le choc.
01:05:43 Delta Romeo Dash 134.
01:05:47 114, ça devrait être 114.
01:05:50 Ça peut être.
01:05:53 1 et 4, je suis sûr.
01:05:56 Et si les enregistreurs étaient introuvables, enfouis sous le sable ?
01:06:01 À bord, la tension monte.
01:06:04 Sans les boîtes noires, Alain Bouillard ne pourra jamais comprendre ce qu'il s'est passé.
01:06:12 C'est colossal comme travail.
01:06:14 Tout ça va être des jours et des jours de travail.
01:06:19 On va découvrir, je ne peux pas croire qu'on puisse pas le trouver.
01:06:23 J'ai quand même le sentiment qu'il y a des zones sur lesquelles on n'est pas passés.
01:06:30 Mais malgré les doutes, les déceptions, la fatigue, les équipes ne renoncent pas.
01:06:36 Et puis, le vent tourne.
01:06:41 La ténacité paye enfin.
01:06:43 Ça devrait être le dessous, quand même.
01:06:47 C'est ça, c'est ça.
01:06:50 C'est ça, c'est ça.
01:06:52 Quelqu'un peut appeler Alain ?
01:06:53 La vache.
01:06:54 C'est Alain, c'est normal.
01:06:56 Ouais, c'est sûr.
01:06:57 Deux vols, deux vols.
01:06:59 Où est le téléphone ?
01:07:05 Quel téléphone ?
01:07:06 Tu appelles Alain.
01:07:07 Non, je suis à la porte de la voiture.
01:07:09 Ah oui, je vais appeler la batterie.
01:07:11 Ouais, Alain ?
01:07:15 On en a un.
01:07:16 Tu descends ?
01:07:17 À tout de suite.
01:07:18 Donc on bloque…
01:07:26 Ouais, c'est ce que j'ai dit, parce qu'ils allaient…
01:07:28 Le capitaine est venu, il est au courant.
01:07:29 C'est le DFDA ?
01:07:30 On sépare, pour l'instant on n'a pas d'info.
01:07:33 On voulait que tu sois là pour la journée.
01:07:35 Ok, donc je vais demander au Blackout.
01:07:36 Après, moi je préviens tout de suite trois decks.
01:07:38 Ouais, il n'y a que ça là.
01:07:39 Une fois cet enregistreur trouvé, il faut l'identifier.
01:07:43 S'agit-il du FDR, l'enregistreur de paramètres du vol,
01:07:48 ou du CVR, l'enregistreur de conversation dans le cockpit ?
01:07:53 Les deux sont évidemment très importants,
01:07:56 mais chacun joue un rôle très différent dans l'enquête.
01:07:59 Le PN, c'est le 617-7096-014.
01:08:06 J'ai l'honneur de vous annoncer qu'on a l'enregistreur de paramètres.
01:08:10 C'est un bon travail en équipe.
01:08:12 Merci, on apprécie.
01:08:15 Bienvenue, Saab.
01:08:16 Capitaine !
01:08:19 Le bras articulé du robot s'empare de la minuscule boîte.
01:08:25 Trajectoire de l'avion, altitude, paramètres moteurs.
01:08:31 Ce petit cylindre orange contient potentiellement plus de 1500 données différentes sur le vol.
01:08:38 Elle devrait permettre de répondre à la question que tout le monde se pose depuis deux ans.
01:08:43 Que s'est-il passé à bord du Rio-Paris ?
01:08:46 Réveille-toi, réveille-toi.
01:08:49 Tu as le bras ou la jambe, mais réveille-toi.
01:08:52 Il est tombé.
01:08:55 Il y a de l'argent dans la poche.
01:09:00 Trois heures plus tard, l'enregistreur de paramètres sort de l'océan.
01:09:06 Le voyage de l'avion est un voyage de voyage.
01:09:10 Le voyage de l'avion est un voyage de voyage.
01:09:36 Les enquêteurs sont en route.
01:09:39 Attention !
01:09:52 Aussitôt sur le pont, l'enregistreur est replongé dans l'eau pour éviter tout risque de corrosion au contact de l'air.
01:10:01 Les enquêteurs ne veulent prendre aucun risque avec les précieuses données.
01:10:06 Très vite, les gendarmes placent la boîte sous scellée.
01:10:24 Car elle constitue une pièce à conviction pour l'enquête judiciaire, ouverte contre Airbus et Air France pour homicide involontaire.
01:10:33 Ok.
01:10:39 Quelques heures plus tard, les enquêteurs localisent le second enregistreur, à une dizaine de mètres du premier.
01:10:50 L'émotion se lie sur les visages.
01:10:53 Le premier enregistreur est le premier à avoir été touché.
01:10:56 Il est en train de se faire un coup de poing.
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01:13:38 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:13:40 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:13:42 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:13:44 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:13:46 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:13:48 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:13:50 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:13:52 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:13:54 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:13:56 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:13:58 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:14:00 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:14:02 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:14:04 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:14:06 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:14:08 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:14:10 Il est en train de se faire un coup de poing.
01:14:12 En espérant maintenant que l'état intérieur
01:14:14 sera aussi beau que l'état extérieur.
01:14:16 sera aussi beau que l'état extérieur.
01:14:18 sera aussi beau que l'état extérieur.
01:14:20 [Musique]
01:14:40 [Applaudissements]
01:14:47 [Musique]
01:14:50 Mais à ce stade, Alain Bouillard reste prudent.
01:14:53 Car rien n'est encore gagné.
01:14:55 Si les boîtes noires s'avéraient inutilisables,
01:14:58 certains débris pourraient apporter des informations très précieuses.
01:15:01 [Musique]
01:15:12 Des profondeurs, le robot remonte ainsi plusieurs morceaux de l'épave.
01:15:16 Ils sont rincés pour éviter la corrosion.
01:15:19 [Musique]
01:15:23 Je pense qu'il y a un peu de matière organique quand même.
01:15:26 Progressivement, un étrange ballet se met en place.
01:15:30 Pendant plusieurs jours, les restes de l'A330,
01:15:33 disparus le 1er juin 2009, refont surface.
01:15:38 Chacun d'entre eux peut fournir des informations
01:15:41 sur les circonstances de l'impact,
01:15:43 sur la façon dont l'aéronef a été détruit.
01:15:46 [Musique]
01:16:15 [Musique]
01:16:30 [Musique]
01:16:33 [Musique]
01:16:56 [Musique]
01:17:08 Y aurait-il eu une défaillance mécanique ?
01:17:11 Pour le savoir, l'examen de ce moteur pourrait se révéler déterminant.
01:17:16 En tout cas, à ce stade, aucune hypothèse ne peut être écartée.
01:17:20 [Musique]
01:17:31 Mais les plus grands espoirs portent évidemment sur les boîtes noires.
01:17:36 Un patrouilleur de la Marine nationale est envoyé
01:17:39 pour les rapatrier au plus vite à Paris, au BEA.
01:17:42 Alain Bouillard ne va pas les lâcher d'une semelle.
01:17:47 Trouver les boîtes, c'était une première étape.
01:17:50 Les lire était l'étape la plus importante.
01:17:53 Là, on avait toujours ce doute avec les enregistreurs
01:17:56 et on avait d'autant plus ce doute qu'elles étaient restées
01:18:00 deux ans par 4000 mètres de fond.
01:18:03 J'avais pas de certitude.
01:18:05 Toutes les précautions sont prises.
01:18:07 On attache aux boîtes noires des bouées pour éviter le pire.
01:18:11 Leur chute dans l'eau serait une catastrophe.
01:18:14 [Musique]
01:18:37 Ça y est, depuis le milieu de l'Atlantique,
01:18:40 la vérité de la F447 s'achemine vers Paris.
01:18:44 [Musique]
01:18:58 Quelques jours plus tard, au BEA, arrive le moment clé,
01:19:02 l'ouverture des enregistreurs de vol.
01:19:05 Une opération qu'attendent les enquêteurs,
01:19:08 l'industrie aéronautique et la presse du monde entier,
01:19:11 depuis 22 mois.
01:19:14 Un moment pour lequel les familles des 228 victimes
01:19:18 se sont battues inlassablement depuis le 1er juin 2009.
01:19:22 [Musique]
01:19:25 [En anglais]
01:19:43 On est tous confrontés déjà à l'odeur
01:19:46 qui émane de ces enregistreurs, une odeur de vase,
01:19:50 qui nous laisse présager plutôt de mauvaises choses
01:19:53 sur l'état des cartes électroniques,
01:19:56 qu'à ce moment-là, nous ne voyons pas encore.
01:19:59 Les enquêteurs du BEA commencent par l'enregistreur de paramètres.
01:20:03 L'extraction des cartes mémoires se fait en présence
01:20:06 des représentants de l'enquête judiciaire.
01:20:08 Toute l'opération est d'ailleurs filmée pour plus de transparence.
01:20:12 Il est 18h37.
01:20:16 [Musique]
01:20:19 Il est ensuite le tour de l'enregistreur de conversation.
01:20:23 [Musique]
01:20:26 [En anglais]
01:20:33 Après deux ans à 3900 mètres de profondeur,
01:20:36 il est en plutôt bon état.
01:20:39 [Musique]
01:20:59 Mais une fois extrait le module mémoire,
01:21:02 les enquêteurs font une découverte inquiétante.
01:21:05 L'un des composants est fissuré.
01:21:08 [Musique]
01:21:25 Après des heures de séchage pour enlever l'humidité,
01:21:28 de nombreux examens, des réparations,
01:21:31 il est l'heure de mettre les enregistreurs sous tension.
01:21:36 L'anxiété est palpable.
01:21:38 Au BEA, tout le monde retient son souffle.
01:21:42 [Musique]
01:21:52 Et le verdict tombe.
01:21:55 Malgré le temps, la profondeur, l'humidité,
01:21:59 les deux enregistreurs sont lisibles.
01:22:02 Le téléchargement fonctionne.
01:22:06 Le moment vraiment fort, c'est quand on nous dit qu'elle marche.
01:22:09 C'est vraiment là.
01:22:11 Le cap qui passe, c'est celui-là.
01:22:13 C'est ce qu'on veut depuis le début en fait.
01:22:15 Le fait que les boîtes noires soient lisibles et audibles,
01:22:19 c'est l'issue de ces deux ans de bataille.
01:22:22 [Musique]
01:22:30 Après 22 mois de suspense, la vérité va enfin être connue.
01:22:35 En tout cas, les données concrètes sont maintenant accessibles
01:22:39 pour analyser, minute par minute, le déroulement du vol,
01:22:44 déceler les éventuelles défaillances mécaniques
01:22:48 et surtout, entendre.
01:22:52 Entendre ce qu'il s'est passé à l'intérieur même du cockpit.
01:22:57 [Musique]
01:23:04 Nous étions pétrifiés.
01:23:07 Nous étions blancs.
01:23:09 À la fin de l'écoute, nous sommes restés peut-être un quart d'heure.
01:23:15 Personne n'osait se regarder.
01:23:17 Personne n'osait parler.
01:23:19 Nous avions vécu le crash de l'Air France 447 en direct.
01:23:26 [Musique]
01:23:40 Les familles qui pendant 20 mois avaient dû accepter l'absence
01:23:45 sans avoir la preuve de la mort de tes êtres chers,
01:23:48 pour certaines, elles s'étaient construits un scénario de l'accident.
01:23:52 Parce qu'autrement, elles ne pouvaient pas.
01:23:54 Elles ne pouvaient pas accepter.
01:23:56 Et je me souviens d'une parole qui était de dire
01:23:59 « C'est terrible, maintenant il va falloir que je change tout dans ma tête. »
01:24:04 C'est-à-dire que leur scénario n'est peut-être pas forcément
01:24:09 le scénario qu'on allait trouver de l'accident
01:24:14 à partir des enregistreurs et à partir de l'enquête.
01:24:18 Et j'ai trouvé ça terrible.
01:24:21 5 juillet 2012.
01:24:26 Le BEA livre aux familles et à la presse
01:24:29 ses conclusions finales sur l'enquête.
01:24:32 Nous voici donc à la fin de plus de trois ans d'une enquête exceptionnelle.
01:24:38 Exceptionnelle tout d'abord par la dimension internationale de cet accident.
01:24:44 Exceptionnelle par le mystère qui a longtemps entouré
01:24:48 les circonstances précises de cet accident.
01:24:51 Selon le rapport final du BEA,
01:24:54 les causes de l'accident sont comme souvent multiples.
01:24:57 Quelques heures après le décollage,
01:24:59 se forment des cristaux de glace sur les sondes pitot
01:25:02 qui servent à mesurer la vitesse.
01:25:05 Les indications de vitesse sont alors faussées,
01:25:08 ce qui désactive le pilotage automatique.
01:25:12 Au même moment, des alarmes se déclenchent dans le cockpit.
01:25:17 Surpris, le copilote aux commandes cabre l'avion à l'excès,
01:25:22 provoquant ce qu'on appelle un décrochage.
01:25:25 L'avion perd sa portance et commence à chuter.
01:25:30 Dans la nuit noire, les pilotes ne voient rien.
01:25:34 Ils ne comprennent pas ce qui se passe.
01:25:37 Ils ne savent plus comment réagir.
01:25:41 Quatre minutes plus tard, l'avion percute l'océan.
01:25:46 Grâce à l'enregistreur de conversation,
01:25:55 j'ai compris qu'en fait les pilotes, jusqu'à la fin,
01:26:00 ne savaient pas ce qu'il se passait.
01:26:04 Et ça m'a permis d'avoir un peu la certitude,
01:26:08 ou au moins d'espérer,
01:26:10 que les passagers n'avaient pas souffert dans la cabine.
01:26:16 Tout le travail, tout le temps qu'il a fallu pour pouvoir y arriver,
01:26:21 avec des gens qui cherchent sur des zones
01:26:25 qui sont lunaires pour une personne lambda
01:26:28 qui vous racontait ça, qui ne connaît rien,
01:26:31 vous dites qu'il y a eu de la mauvaise volonté.
01:26:34 L'Air France 447, c'est la difficulté,
01:26:37 c'est la détresse des familles,
01:26:40 c'était peut-être la première enquête qui était extrêmement médiatisée.
01:26:44 On reste marqué parce que ça reste des catastrophes aériennes,
01:26:47 ça reste des drames humains.
01:26:50 Et l'accident, c'est tout ça.
01:26:53 Il y a la partie technique qu'on a résolue,
01:26:56 mais le reste, on n'a rien résolu.
01:26:59 Est-ce qu'on a apporté aux gens la compréhension d'un événement ?
01:27:03 On n'a pas remplacé leur mari, on n'a pas remplacé leur mère,
01:27:08 on n'a pas remplacé...
01:27:10 On a eu une tragédie, ce qu'on ne veut pas, c'est avoir une deuxième tragédie.
01:27:14 La deuxième tragédie, c'est de ne pas trouver
01:27:16 et de ne pas tenir compte des enseignements de cette première tragédie.
01:27:20 C'est ce qu'on a fait collectivement pour aller au bout de cette enquête.
01:27:25 Je suis passé par des étapes d'incertitude, de suspicion
01:27:29 et même de critique violente, je le reconnais,
01:27:33 parce qu'il n'y avait pas de résultat
01:27:38 et parce qu'on avait tout un faisceau d'informations
01:27:44 qui nous montraient que ça n'allait pas dans le bon sens.
01:27:49 Mais après, après avoir analysé tout ça,
01:27:53 je pense qu'ils ont fait le maximum,
01:27:56 bien qu'ils aient fait des erreurs, ils ont fait le maximum
01:27:59 et finalement pour réussir.
01:28:02 J'ai changé d'avis.
01:28:05 [Musique]
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