Agathe Hébras présente la bande dessinée « Le dernier témoin d'Oradour-sur-Glane » qui raconte l'histoire de son grand-père, Robert Hébras, décédé en février 2023. Au cœur de cette bande dessinée familiale, il y a une volonté de transmission et la volonté de ne pas oublier ce drame 80 ans plus tard. Agathe Hébras veut défendre l'histoire de son grand-père qui lui a transmis un « devoir de vigilance ». « Pour que le futur se déroule en paix il faut être vigilant sur certains aspects ». Dans cette bande dessinée elle a souhaité retransmettre la réalité du massacre, même si certaines planches peuvent être assez dures.
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00:00 Bonjour Agathe Brass, merci d'être avec nous aujourd'hui.
00:02 2024, on le sait, c'est une année toute particulière,
00:05 une année de commémorations.
00:06 Il y a celle des 80 ans du débarquement le 6 juin prochain,
00:09 celle des 80 ans de la libération Paris,
00:11 et puis aussi la commémoration des 80 ans du massacre d'Oradour sur Glane.
00:15 C'était le 10 juin 1944.
00:17 Vous sortez à cette occasion cette BD dont Jean-Baptiste parlait,
00:21 l'histoire de votre grand-père dans la grande histoire aussi,
00:25 une adaptation d'un récit que vous aviez déjà fait et écrit avec lui.
00:30 Ce projet de BD, c'est le vôtre ou c'était le sien ?
00:33 C'est un projet commun,
00:34 c'était un projet qui nous avait été proposé par notre maison d'édition.
00:38 Évidemment, moi j'ai 30 ans et donc la BD, ça me parlait particulièrement.
00:42 C'est quelque chose qui aussi pouvait lui tenir à cœur
00:45 et il avait un attachement particulier pour la jeunesse.
00:47 Et la BD, c'est une première entrée vers la jeunesse.
00:50 Alors évidemment, il y a son histoire, il y a vos échanges à vous,
00:53 il y a la transmission au cœur de cette BD,
00:56 familiale, mais transmission aussi pour l'histoire avec un grand H ?
01:00 Je pense effectivement que sa porte d'entrée, c'était moi.
01:04 Et ensuite, c'était pour pouvoir transmettre au plus grand nombre
01:09 la transmission du drame d'Oradour en lui-même, de la journée du 10 juin,
01:13 son devoir de mémoire qui était important,
01:15 mais aussi des valeurs qui sont plus larges et plus étendues.
01:19 Il y a quelques années, vous étiez venu sur le plateau de Télématin
01:22 avec votre grand-père, dernier survivant du massacre d'Oradour-sur-Glane.
01:26 Il témoignait de sa crainte de l'oubli.
01:29 On va regarder un extrait.
01:31 Oui, moi ce que j'ai peur, c'est qu'on oublie.
01:34 J'ai travaillé 30 ans pour la mémoire et la réconciliation.
01:42 Et j'ai peur parce que je vois les événements d'aujourd'hui.
01:47 Il y a eu le Bataclan qui m'a énormément frappé
01:52 parce que là, j'ai revu la même scène qu'Auradour.
01:59 Et c'est pour cette raison que le livre...
02:05 C'est une des raisons pour que le livre soit là.
02:09 Agathe, aujourd'hui, vous vous sentez dépositaire,
02:12 garante de la mémoire de Robert, votre grand-père,
02:14 et de l'histoire d'Oradour-sur-Glane aussi ?
02:17 Alors effectivement, l'histoire d'Oradour-sur-Glane,
02:19 il faut la défendre.
02:20 Moi, je suis attachée à mon grand-père
02:22 parce qu'on avait une relation extrêmement fusionnelle.
02:25 Ce qu'il m'a transmis, c'est ce devoir de vigilance
02:29 qu'il exprime tout à l'heure, où il m'a accompagnée
02:32 pendant près de 25 ans pour me dire qu'Oradour est un avertissement
02:37 et que si on voulait que notre futur se déroule en paix,
02:42 il fallait aussi qu'on soit vigilant sur certains aspects.
02:44 Donc c'est tout ça qui m'a transmis
02:46 et qui m'a aussi demandé de transmettre après lui.
02:49 La BD que vous publiez,
02:51 elle retransmet d'une certaine manière les images de ce massacre-là.
02:56 Vous, vous en avez entendu parler très régulièrement avec votre grand-père,
03:00 mais voir ces images dans cette BD,
03:03 on les voit notamment ici sur cet écran,
03:05 là, on est vraiment au moment où votre grand-père réussit à s'échapper de la grange
03:10 qui est en feu à cause des Allemands,
03:12 qu'est-ce que ça vous a fait de voir ça,
03:15 de voir ce que votre grand-père vous avait raconté ?
03:18 Le fait de représenter la réalité, c'était extrêmement important.
03:21 On aurait pu choisir d'édulcorer un peu les choses,
03:25 en tout cas pour que ce soit visible par un très jeune public.
03:30 Moi, ce qui me semble important, c'est qu'on mette en scène la réalité.
03:34 Effectivement, moi, j'ai entendu mon grand-père me dire
03:37 qu'il sentait le sang des autres couler sur lui.
03:39 Et donc, il était important que les gens puissent se rendre compte
03:41 de ce qu'avait été le massacre.
03:43 Donc, il y a des planches qui sont effectivement assez dures.
03:46 Moi, c'est un récit avec lequel je vis,
03:49 que je dis presque tous les jours.
03:53 Et pourtant, quand j'ai lu la BD pour la première fois et que j'ai vu les plans,
03:56 j'ai pris réellement conscience de ce que c'était.
04:00 Je le savais, mais de le voir, il y avait un impact différent,
04:05 alors que je me l'étais déjà imaginé.
04:09 Je pense que pour le lecteur, ce sera vraiment marquant
04:12 et ça permettra, notamment aux plus jeunes,
04:15 de se rendre compte de ce qu'a été l'horreur d'Oradour.
04:19 Peut-être que c'est difficile pour eux, simplement sur un discours.
04:23 La commémoration des 80 ans du massacre d'Oradour-sur-Glane,
04:27 le 10 juin prochain, elle fait partie des cinq commémorations d'ordre national.
04:31 Les grands moments de ces commémorations.
04:32 Il y aura le président de la République qui sera présent.
04:35 Cette commémoration-là, particulièrement,
04:38 comment vous la présentez ? Vous la vivez ?
04:41 Est-ce qu'elle va être spéciale pour vous ?
04:43 Le 80e anniversaire, bien sûr, c'est un anniversaire particulier.
04:47 D'abord parce qu'on n'a plus de témoins.
04:51 Personne ne peut dire "j'y étais et j'ai vu".
04:54 Donc c'est particulier.
04:56 Et puis, c'est certainement un des derniers grands anniversaires
04:59 que l'on aura avec des gens qui ont vécu cette période-là,
05:02 qui ont connu l'ancien village d'Oradour.
05:06 Donc c'est particulièrement symbolique.
05:08 Merci, merci beaucoup, Agathe Edras, d'avoir été avec nous.
05:11 Le dernier témoin d'Oradour-sur-Glane, c'est la BD que vous sortez.
05:14 Puis vous rééditez aussi le livre que vous avez co-écrit avec votre grand-père,
05:18 avec un chapitre inédit en hommage, justement, à Robert Ebrès.
05:22 Merci beaucoup.