• il y a 4 mois
En 1942, en Libye, les Français sont les seuls à pouvoir retenir les forces allemandes pour permettre aux Anglais de reformer leur ligne de front. Une position doit tenir coûte que coûte pour mener à bien cette mission : Bir-Hakeim, un puits perdu au milieu du désert libyen. Un affrontement incroyable où les Français se retrouvent à 1 contre 10...

➤ Cet épisode est réalisé en partenariat avec le musée de l’Ordre de la libération. Pour en savoir plus : https://www.ordredelaliberation.fr/fr

Écriture : Benjamin Brillaud et Julien Hervieux

Montage : Dead Will / Wilfried Kaiser https://www.youtube.com/c/DEADWILL

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Transcription
00:00 Mes chers camarades, bien le bonjour ! Aujourd'hui je vous propose deux mots, Bir Hakeim.
00:04 Ça vous dit peut-être quelque chose, pour les parisiens par exemple c'est un magnifique
00:08 pont qui a servi notamment à des gros tournages de films comme Inception de Christopher Nolan.
00:12 C'est aussi une station de métro ou dans pas mal d'autres villes, des places, des
00:16 squares, des passerelles, des rues, bref… Bir Hakeim c'est quand même pas mal connu
00:20 pour un puits d'eau perdu en plein milieu du désert de la Libye.
00:23 Je vous propose de replonger en plein coeur de la seconde guerre mondiale pour comprendre
00:27 pourquoi Bir Hakeim ? Direction la Libye en 1942.
00:31 Au printemps de cette année-là, le général Rommel, l'un des meilleurs généraux allemands,
00:36 mène la vidure aux anglais à la tête de son célèbre Afrika Korps, le corps expéditionnaire
00:41 envoyé par l'Allemagne pour soutenir les Italiens en Libye.
00:43 Les anglais tentent d'enrayer sa progression en préparant une importante ligne de défense
00:47 devant Tobruk, leur dernière base d'importance en Libye.
00:50 Et si malheureusement Tobruk tombe, les allemands verront s'ouvrir devant eux les portes de
00:55 l'Egypte, qui abritent l'inestimable canal de Suez.
00:58 Vous savez, ce gros truc qui relie la Méditerranée à la mer Rouge, et qui est quand même assez
01:02 pratique pour faire transiter des troupes et du matériel.
01:05 Le plan du général Erwin Rommel est simple.
01:07 Avec l'aide de ses alliés italiens, il compte occuper les britanniques sur toute
01:11 leur ligne de défense.
01:12 Pendant qu'à la tête d'une troupe rapide et mobile, il contournera le point au plus
01:15 au sud de la défense anglaise pour attaquer les positions ennemies à revers.
01:19 Et il se trouve que le point le plus au sud de la ligne de défense britannique se nomme
01:23 Bir Hakeim.
01:24 Un minuscule poste perdu au milieu du désert.
01:27 Une ruine, qui ne défend plus qu'un puits sec depuis longtemps.
01:31 Persuadé que les forces de l'Axe s'apprêtent à attaquer Tobruk, le général Ritchie,
01:35 à la tête de la 8ème armée britannique, a confié la défense de ce point, sur laquelle
01:38 il n'attend pas d'attaque, à la 1ère brigade française libre.
01:41 Et pourtant, c'est là que le 27 mai 1942, Rommel, après avoir lancé une attaque de
01:46 diversion, opère son véritable mouvement.
01:49 Il ordonne aux troupes italiennes de s'emparer de Bir Hakeim, pendant que lui et ses véhicules
01:54 contournent les ruines pour attaquer les britanniques dans le dos.
01:56 Ça sent le pâté me direz vous, et pourtant c'est là que l'improbable va se produire.
02:00 Non seulement les italiens sont repoussés en moins d'une heure, mais ils laissent
02:03 32 tanks sur le terrain.
02:05 Plus incroyable encore, les français de Bir Hakeim attaquent les troupes de Rommel à
02:09 revers.
02:10 Ce dernier est donc obligé d'abandonner son offensive contre les anglais, pour détruire,
02:14 d'abord, cette position française qui menace ses arrières.
02:17 Il faut dire que la 1ère brigade française sur place n'est pas constituée de rigolos.
02:21 Sous les ordres du général Marie-Pierre König, officier qui exerce en Afrique du
02:24 Nord depuis des années, se retrouvent des troupes d'Afrique, mais aussi du Pacifique,
02:28 ainsi que des fusillés marins et surtout deux bataillons de la redoutée Légion étrangère.
02:33 Et König n'a pas lésiné sur la défense.
02:36 Ces troupes sont entourées de champs de mines et disposent de canons de toutes sortes ainsi
02:40 que du soutien de la Royal Air Force.
02:42 Le terrain est en plat, les hommes vivent dans des trous individuels qu'ils ont creusés,
02:46 les véhicules aussi sont enfouis pour être protégés.
02:49 Rommel comprend que Bir Hakeim va être un problème bien plus sérieux qu'il ne l'imaginait
02:53 et entame donc le siège de la position.
02:55 Il l'isole et entame le bombardement de la position tout en demandant aux assiégés
03:00 de se rendre.
03:01 Du 2 au 10 juin 1942, 40 000 obus ennemis vont ainsi tomber sur le retranchement français,
03:06 sans compter les bombes larguées par les avions de l'Axe.
03:09 Les français rendent coup pour coup.
03:12 42 000 obus répondent à l'ennemi et la DCA appuie la Royal Air Force qui tente de
03:16 repousser l'aviation ennemie.
03:18 Par 3 fois, Rommel va demander aux français de se rendre.
03:21 Et par 3 fois, ils lui répondront à coup de canon avant de lancer des raids contre
03:25 les positions ennemies.
03:26 L'aspirant Jean-Charles Belek et ses hommes s'infiltrent ainsi dans les lignes ennemies
03:29 pour obtenir des informations.
03:30 Plus fort que ça, ils font même passer de l'équipement puisqu'ils parviennent à
03:34 faire passer des convois entiers d'eau et de munitions au travers des défenses de l'Axe.
03:38 Disons le clairement, Rommel a les boules.
03:41 Il bombarde les postes de transmission français mais à chaque fois, les transmissions sont
03:44 rétablies.
03:45 Notamment par le capitaine Jacques Renard, de son vrai nom Jacob Kramer, puisque, ironie
03:50 du sort, cet officier de la Légion est allemand.
03:53 Les officiers sont aussi sous le feu avec leurs hommes et ne sont pas épargnés.
03:56 Félix Broche, qui commande le bataillon du Pacifique, est surnommé le « métois » par
04:00 ses troupes venues de Tahiti.
04:02 Ce qui signifie « le père ». Il meurt dans les bombardements, aux côtés de son adjoint.
04:06 Jusqu'au 10 juin 1942, les français de Bir Hakeim vont vivre l'enfer.
04:11 Et le faire vivre à l'ennemi en retour.
04:13 Leur résistance inattendue permet à toute l'armée anglaise de se réorganiser pendant
04:18 que cette brigade française occupe Rommel.
04:20 Le général allemand se déplace en personne pour tenter de prendre sans succès la position.
04:24 Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, les français ont achevé leur travail et suffisamment retenu
04:29 l'ennemi.
04:30 Les anglais leur demandent alors de se replier.
04:31 Il faut tenter une sortie et traverser les lignes ennemies.
04:34 Mais aussi les champs de mines et ceux de nuit en attirant le moins de feu possible
04:39 sur leur convoi.
04:40 Le commandant André Gravier, du génie, connaît bien les champs de mines autour du camp, car
04:44 c'est lui qui a choisi leurs emplacements.
04:46 Il dirige l'opération et sera lui-même grièvement blessé par un obus alors qu'il
04:50 guide en personne son convoi.
04:52 Le matin du 11 juin 1942, Rommel est en rage.
04:56 Il avait prévu de donner le coup de grâce ce jour-là.
04:59 Mais les français lui ont échappé au cours de leur passage en force nocturne.
05:03 Il écrira « Une fois de plus, la preuve était faite qu'un chef français, décidé
05:07 à ne pas jeter le fusil après la mire à la première occasion, peut réaliser des
05:11 miracles, même si la situation est apparemment désespérée.
05:15 » Un brillant coup d'éclat pour les forces françaises, qui a tout de même un coût
05:19 terrible à payer.
05:20 Durant l'ensemble de la bataille, les français ont perdu 1000 hommes.
05:24 Des morts, des blessés, des disparus ou des prisonniers, sans compter les véhicules et
05:28 les canons abandonnés sur place.
05:30 C'est presque un tiers des effectifs présents.
05:33 Mais 2500 hommes regagnent victorieux les lignes anglaises, prêts à continuer le combat.
05:39 La bataille de Bir Hakeim sera saluée dans le monde entier.
05:42 Et dans ces ruines au milieu du désert, les forces françaises libres auront réussi,
05:46 malgré l'isolement, à mettre en échec Rommel en personne.
05:49 Et ça, malgré le déséquilibre des forces en présence, car rappelons-le, les forces
05:53 ennemies étaient 10 fois plus nombreuses.
05:55 Le général allemand a au total perdu 14 jours, sans parvenir à vaincre les français.
06:00 Ces 14 jours ont permis aux anglais de se réorganiser autour d'une nouvelle ligne
06:04 de défense, qui mettra un terme à l'avancée de l'Afrika Korps lors d'une bataille
06:08 tout aussi célèbre, celle d'El Alamein.
06:10 Et si j'ai glissé durant ce récit plusieurs noms, comme König, Ronard, Belek, Gravier
06:16 ou Broch, sachez que tous sont compagnons de la Libération.
06:20 Et certains continueront par la suite de servir, mais dans l'action politique, comme König,
06:25 qui deviendra ministre de la Défense.
06:27 Vous trouverez au musée de l'ordre de la Libération une vitrine dédiée à cette
06:30 bataille que je vous suggère de ne pas oublier.
06:32 Car si un jour, au milieu d'une discussion, on vous rappelle encore une fois que les troupes
06:36 françaises n'ont fait que se rendre lors de la seconde guerre mondiale, vous pourrez
06:39 leur balancer un petit "Ah ouais ? Et birakaim alors !"
06:42 Voilà les amis, j'espère que cette vidéo vous a plu ! Merci à l'ordre de la Libération
06:49 pour ce partenariat de long terme sur la chaîne.
06:51 Vous pouvez retrouver tous les épisodes dans une playlist que je vous mets en description
06:54 et on se retrouve le mois prochain pour une nouvelle vidéo, vous allez le voir, il y
06:58 a encore de quoi être surpris par les actions de la France Libre ! A plus !
07:02 *Musique*

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