L'interview d'actualité - Kévin Veyssière

  • il y a 4 mois
Kévin Veyssière est l'invité de l'interview d'actualité, il présente « Football club Geopolitics, 22 histoires insolites pour comprendre le monde » publié aux éditions Max Milo. A travers ce livre, il a souhaité évoquer la création de cette compétition qui était issue d'une volonté politique après la seconde guerre mondiale. 

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Transcript
00:00 Bonjour Kevin Vessières, bienvenue. Vous avez écrit "Football Club Geopolitix, 22 histoires insolites pour comprendre le monde".
00:06 Nouvelle édition juste ici, aux éditions Max Milo, ça sera disponible dès demain.
00:11 On s'intéresse particulièrement ce matin à l'euro. L'euro qui approche, ça démarre le 14 juin prochain.
00:16 Vous nous dites, finalement cette compétition européenne de foot, ce n'est pas juste du foot,
00:21 ça permet aussi parfois de décrypter les relations de différentes nations entre elles.
00:24 Oui c'est ça, en fait finalement le sport c'est plus que du sport, c'est aussi de la politique.
00:27 Et à travers ce livre, j'évoque notamment que la création de l'euro déjà c'est une création politique en soi,
00:32 puisqu'elle suit en fait la seconde guerre mondiale avec une volonté d'unir l'Europe par différentes méthodes,
00:37 notamment par le sport. Ce sera le cas avec la création de l'UEFA en 1954, puis après avec 7 euros.
00:41 Et pour la première fois en plus, ça va réunir des nations qui sont à la fois à l'ouest et à l'est,
00:45 à l'époque où il y a la guerre froide, donc on voit déjà que le sport peut dépasser les clivages politiques.
00:49 Justement, on va prendre un exemple de cette première édition de l'euro.
00:52 On est en 1960 et le foot devient très politique dès le quart de finale qui doit opposer l'Espagne de Franco à l'URSS.
01:00 Qu'est-ce qui se passe ?
01:01 Effectivement, l'UEFA veut faire une compétition sportive, mais il y a déjà de la politique qui s'y émise en tout cas.
01:06 Vous avez ce quart de finale entre l'Espagne de Franco et l'URSS,
01:09 finalement deux pays qui sont opposés sur le plan idéologique, notamment de par la guerre civile espagnole.
01:14 Et donc en fait, Franco va interdire à son équipe de se rendre en URSS pour disputer ce quart de finale.
01:19 L'UEFA est embêtée parce qu'ils ne veulent pas mettre de politique dans cette compétition.
01:23 Ils vont finalement donner la victoire à l'URSS qui, en plus, derrière, va remporter la compétition.
01:29 Mais quatre ans plus tard, vous allez avoir la revanche.
01:30 Cette fois, la finale a lieu en Espagne, donc là, Franco n'est pas contre cette finale-là, contre ce match-là.
01:35 Et l'Espagne va remporter cette compétition et Franco va instrumentaliser cette victoire pour, en tout cas, favoriser son modèle politique.
01:42 Bien plus proche de nous dans le temps maintenant, on est dans le contexte actuellement de la guerre en Ukraine.
01:46 L'équipe ukrainienne s'est qualifiée pour l'Euro 2024 alors que la Russie, elle, est exclue de la compétition depuis 2022.
01:53 Est-ce qu'on peut dire que, quel que soit le résultat de l'Ukraine, elle a déjà gagné, en quelque sorte, par sa présence dans l'Euro ?
01:59 Oui, on peut le dire parce que finalement, cette participation, c'est aussi un champ de bataille symbolique avec le sport.
02:06 Rien qu'une participation, c'est aussi mettre en avant ses symboles, mettre en avant aussi l'Ukraine en tant que nation.
02:11 Et c'est vrai que depuis le début de la guerre, la Russie a en tout cas essayé de remettre en cause cette présence ukrainienne.
02:17 Donc rien qu'une participation, et puis à travers l'équipe qui va pouvoir se produire durant cet Euro,
02:21 on va voir qu'effectivement que l'Ukraine est toujours bien là et ça va être un champ de bataille supplémentaire aussi
02:27 par rapport aux Jeux olympiques où vous aurez la délégation ukrainienne présente et la délégation russe présente,
02:31 mais seulement sous bannière neutre.
02:33 Si on fait le lien entre 1960, ce que vous nous expliquez, avec ce match qui n'a pas eu lieu entre l'Espagne de Franco et l'URSS,
02:39 parce que l'UEFA avait pris une décision finalement, est-ce que là, si on transpose aujourd'hui sur l'Ukraine,
02:45 l'UEFA prend une position finalement en disant à la Russie "vous ne participerez plus à l'Euro" ?
02:52 Alors, est-ce qu'ils ne participeront plus jamais, ça on ne doit pas le dire, mais c'est vrai que…
02:55 Mais ces deux dernières années en tout cas…
02:57 Mais en tout cas c'est vrai que l'UEFA avait pris une décision politique,
02:59 mais qui émenait finalement du comité international olympique qui avait recommandé aux différentes fédérations internationales
03:04 d'exclure les athlètes et les équipes représentant la Russie du fait de…
03:06 Donc elle suit un avis en fait.
03:07 Elle suit un avis, après effectivement, ça sera compliqué de savoir comment est-ce que la Russie va pouvoir réintégrer
03:13 en tout cas le champ du football et les prochaines compétitions, notamment l'Euro.
03:17 Est-ce que l'Euro et la participation à l'Euro, ça peut être un argument parfois
03:21 pour un pays candidat à l'intégration à l'Union Européenne, je pense à la Géorgie ?
03:26 Oui, ça peut en tout cas, même aussi au niveau des téléspectateurs,
03:30 placer le pays sur une carte et puis aussi participer, montrer qu'en fait ce pays participe à l'Euro,
03:35 donc il peut y avoir peut-être des discussions qui peuvent ensuite après avoir lieu sur le champ politique,
03:40 même si les deux champs, sportif et politique, sont quand même décorrélés.
03:43 Mais rien que participer à l'Euro, déjà ça fait rentrer dans la grande famille de l'Europe,
03:47 même si effectivement l'Europe du football dépasse le cadre de l'Europe politique.
03:50 Ça peut montrer un état d'esprit aussi ou pas ?
03:53 Oui, et puis ça peut montrer aussi des images positives du pays.
03:56 Je pense notamment au cas que j'évoque dans le livre "Le cas de la Croatie"
04:00 qui finalement après les guerres de Lugoslavie va en tout cas briller grâce à son équipe de football,
04:04 notamment à l'Euro et puis après avec la Coupe du Monde.
04:06 Et donc on va avoir une image beaucoup plus positive de par les performances de cette équipe croate.
04:10 Alors là encore quand le sport, le foot en l'occurrence, et la politique se mêlent,
04:13 il y a un match à surveiller cette année.
04:15 Si jamais il a lieu, c'est la rencontre entre les Anglais et les Écossais.
04:19 La victoire pourrait avoir une résonance jusqu'au plus haut sommet de ces deux nations ?
04:23 Il y a toujours une rivalité très présente entre Écosse et Angleterre de par effectivement le poids historique.
04:29 Et puis aussi avec les questions autour de la dépendance de l'Écosse.
04:32 Il y a déjà eu pas mal de matchs par le passé, comme je l'évoque dans le livre,
04:35 sur effectivement Angleterre et Écosse où en tout cas on voulait remettre sur le terrain
04:40 cette bataille historique entre deux nations qui sont effectivement très belliqueuses entre elles.
04:46 Mais là-dessus c'est vrai que la question du Brexit était revenue aussi sur le précédent match.
04:50 Et là c'est vrai que s'il y aura encore cette confrontation sur le terrain sportif,
04:53 il y aura des titres qui s'empresseront de faire le parallèle entre bataille sportive et bataille politique.
04:58 Alors on a parlé de l'Euro beaucoup parce que ça approche, je le disais, c'est le 14 juin
05:01 et ça nous concerne, mais le foot qui dépasse l'histoire sportive,
05:05 qui entre dans la grande histoire, qui se mêle à la politique,
05:08 notamment, ce n'est pas seulement en Europe, on va prendre un exemple, celui des îles Tuvalu,
05:12 ça se trouve en Océanie.
05:14 Là le foot c'est une espèce de tribune pour parler du réchauffement climatique, de ses conséquences ?
05:18 Oui c'est ça, en fait dans ce livre je n'ai pas voulu faire que les grandes compétitions,
05:21 aussi les grandes équipes, j'ai voulu aussi évoquer quelques cas
05:24 où en fait le football c'est un vecteur d'émancipation.
05:27 Et là pour le cas de Tuvalu, donc il y a vraiment un tout petit archipel au niveau de l'Océanie,
05:31 ils utilisent notamment le biais du sport pour en tout cas faire connaître
05:34 leur pays de seulement 10 000 habitants et aussi de montrer que, en fait,
05:38 il y a une situation climatique qui est urgente par rapport à eux,
05:41 qui peut mettre en péril leur nation, ils utilisent le biais positif du sport,
05:44 notamment avec la création d'une équipe de football,
05:46 pour mettre en avant leur pays et les placer sur une carte du monde
05:49 et puis intéresser les différentes parties prenantes autour de cette question.
05:52 Vous l'avez rapidement évoqué tout à l'heure, mais j'aimerais qu'on s'y arrête quelques secondes.
05:56 Le sport comme vecteur de politique, c'est généralisé, ça ne concerne pas que le foot,
06:03 ça concerne aujourd'hui tous les sports pour vous ou pas ?
06:05 Les Jeux Olympiques en l'occurrence qui arrivent ?
06:07 Ça peut concerner effectivement tous les sports, après ça dépend si les sports en tout cas sont mondialisés.
06:11 Effectivement le football c'est le sport le plus mondialisé,
06:13 les Jeux Olympiques ça les concerne également parce que vous avez 206 délégations nationales qui sont présentes,
06:17 donc ça dépasse même le cadre de l'ONU où vous avez 193 pays membres.
06:20 Et vous avez aussi cette fameuse cérémonie d'ouverture avec le défilé des nations.
06:23 Et donc en fait, vu que c'est vu en mondiaux vision, c'est important pour un pays d'être présent,
06:27 pour montrer ses symboles, parfois même pour des pays dont l'indépendance est contestée.
06:31 Merci, merci beaucoup Kévin Dessières d'avoir été avec nous.
06:33 Je rappelle le titre de votre livre "Football Club Geopolitix, 22 histoires insolites pour comprendre le monde".

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