Marylise Léon, secrétaire nationale de la CFDT, est l'invité du Face à Face sur BFMTV et RMC.
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00:00 Alors cette réforme, c'est une énième réforme, c'est la troisième ou quatrième réforme de l'assurance chômage depuis 2019.
00:07 Moi, elle me met en colère. Elle me met vraiment en colère parce qu'elle suppose un ensemble d'éléments qui vont à l'inverse de tout ce qu'on a pu construire, nous, organisation syndicale et patronale, depuis un certain nombre d'années.
00:22 L'assurance chômage, ça existe depuis 1958. On a toujours agi en responsabilité et aujourd'hui, on assiste à un détricotage en règle d'un certain nombre d'éléments, de protections.
00:33 L'assurance chômage, ça porte bien son nom. C'est une assurance. Et je trouve que... La raison pour laquelle je suis en colère, c'est que je trouve que c'est honteux que le gouvernement, aujourd'hui,
00:41 se cache derrière, soit disant, le plein emploi pour faire, en fait, une réforme qui est purement budgétaire. Ce sont plus de plusieurs milliards d'euros qui vont être faits sur les droits des chômeurs.
00:51 Et là où l'Europe est souvent montrée en exemple, c'est que c'est extrêmement compliqué, en fait, de comparer des régimes d'assurance chômage en Europe.
00:59 Vous dites que cet argument ne tient pas.
01:01 Cet argument, il ne tient pas du tout parce que quand on veut comparer des systèmes de protection sociale, il faut prendre l'ensemble des éléments.
01:07 L'assurance chômage toute seule, ça ne veut rien dire. Et si on compare avec la Belgique, l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie, il faut regarder de façon beaucoup plus globale
01:17 le régime de l'ensemble du système de protection sociale. Donc quand ça les arrange, ils vont chercher des exemples pour faire des comparaisons.
01:25 Mais quand il s'agit des droits... Là, je pense que la question fondamentale, c'est qu'on a un gouvernement qui veut uniquement faire une réforme budgétaire.
01:33 On va y revenir sur les arbitrages budgétaires, Marlise Léon, mais donc pas convaincue par l'argument de l'alignement européen, pas convaincue davantage
01:39 que c'est une réforme qui permettra d'aller vers le plein d'emplois.
01:42 L'un des arguments de Catherine Vautrin, c'est aussi dire que l'emploi ou le chômage, ce n'est pas que l'indemnisation, c'est aussi accompagner ceux qui cherchent un emploi.
01:49 Et de ce point de vue-là, la réforme, plus globalement, aidera à les y accompagner.
01:54 Parce qu'en fait, l'accompagnement, il va être plus difficile lorsque les personnes en situation de recherche d'emploi, elles vont savoir qu'elles auront moins de temps,
02:02 qu'elles auront un niveau d'indemnisation qui sera moindre.
02:05 - Qu'est-ce que vous craignez qu'elles acceptent des jobs moins bien payés, moins bien qualifiés ?
02:09 - Ce que je crains, c'est la bascule vers la pauvreté.
02:11 Clairement, aujourd'hui, on nous dit qu'on veut faire une réforme pour aller vers le plein emploi.
02:16 Le durcissement des réglations en chômage n'ont jamais créé des emplois.
02:22 On a aujourd'hui une réforme qui est purement budgétaire.
02:25 On a une réforme d'incitation retour à l'emploi, soit disant.
02:28 Ce qui veut dire, et je trouve ça purement honteux, c'est de considérer que tous les chômeurs sont des profiteurs et des personnes qui ne recherchent pas d'emploi.
02:36 Or, on sait exactement quand on fait des contrôles sur les recherches d'emploi, qu'il y a 91% des personnes qui recherchent un emploi qui sont au chômage qui le font réellement.
02:46 Et je trouve que c'est honteux de considérer que quand on est au chômage, on est privilégié.
02:52 Et ça, c'est un message que l'on porte fortement.
02:56 Et j'alerte tous ceux qui nous écoutent et qui nous regardent.
03:00 Le chômage, ça ne concerne pas que les autres.
03:02 Une personne sur deux dans sa carrière professionnelle va avoir un moment où il va passer au chômage.
03:07 Donc, ça concerne tout le monde potentiellement.
03:09 Ça concerne déjà des millions de personnes qui vivent extrêmement mal cette situation.
03:14 Et je trouve ça honteux de les stigmatiser comme ça et de considérer qu'on va aller comme ça vers le plein emploi.
03:21 En fait, le vrai motif, il n'est pas sur la table.
03:24 Le vrai motif, il est budgétaire uniquement.