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00:00 Ils ont amené quelque chose dans le rap français de trop important.
00:02 Cette musique là, c'était le moment du slow pendant les booms.
00:06 Je suis Mobb Deep, Tandem c'est Mobb Deep, Lunatic c'est Mobb Deep, tout le monde c'est Mobb Deep.
00:10 Moi Biggie, il m'a bouleversé.
00:11 C'est du rap de boats, de grand salon, de luxury, de savoir vivre.
00:16 Tu vois ou pas ?
00:17 Là, je vois Lionel D.
00:20 Je connaissais pas, c'était, je crois que j'étais en 6ème.
00:27 C'était une prof qui voulait nous faire étudier un texte de Lionel D.
00:32 Qui est considéré un peu comme le premier rappeur, officiellement un peu, rappeur français.
00:37 J'ai eu un autre là qui était pas mal important aussi, Alliance Ethnique,
00:41 qui était la fusion entre le rap et la funk.
00:43 On l'écoutait partout dans les après-midi dansantes.
00:46 Je veux du respect pour le f...
00:47 Bang bang, boogie boogie, roogie roogie, haha.
00:49 C'était vraiment cool.
00:50 Ça, ça, Vinyl Importance, ça c'est sorti avant l'album du Ménage à Trois,
00:54 à l'époque de Baldeneg, c'était les 3 coups.
00:56 Pour tous les bons parleurs, inactif, va, gauche droite, bam, gestif,
01:00 hyper culta, mêle à culta.
01:02 C'est un groupe qui a marqué son époque,
01:04 qui a joué un très grand rôle dans le rap français, comme La Clica.
01:07 Big clap, bang bang, pour une histoire de ding-a-ling,
01:10 le ding-a-ling ne voulait pas rester sur la ligne, aligné.
01:13 Tu vois, ils étaient un peu tous liés à cette époque-là.
01:16 Et moi, j'étais adolescent et c'était un truc de fou quand ils sont arrivés.
01:20 Ils ont fait partie des rappeurs avec La Clica qui ont changé l'interprétation du rap.
01:23 Avant le rap, c'était un peu chantonné comme ça, la voix partait un peu à droite à gauche.
01:28 Et Monsieur R avec Roka, Daddy Lord et Lioness, ils ont ramené du ton dans le rap.
01:36 Comme Nas, il a ramené du ton avec Rakim et tout ça,
01:38 ils ont changé la façon d'interpréter le rap.
01:42 Mais c'est eux qui ont participé à ça.
01:45 Avant, il y avait NTM, IAM, tout, tout, tout, Solar, tout.
01:49 Mais eux, quand ils sont arrivés, ça a même influencé Solar, NTM, IAM de repartir dans le ton.
01:56 Ils ont influencé Timebomb, tout, tout était lié à eux.
02:01 Il y a cet album-là, Opera Puccino, très grand classique.
02:09 C'est une oeuvre intemporelle.
02:17 Il était très jeune quand il a fait ce disque et c'était du génie.
02:21 Ça, c'est un album classique avec lequel j'ai grandi.
02:25 C'est des albums qui m'ont influencé pour que j'aille derrière un micro.
02:28 Ça, ces albums-là.
02:30 - Tu vois, c'est ça, aujourd'hui, on est tous au courant que c'est un classique, tu vois.
02:32 Comment, toi, tu vis la sortie de ce disque-là à l'époque ?
02:35 - Il sort dans une période où c'est la guerre des étoiles.
02:38 Il a rappé avec Lino, il y avait l'album d'Arsenic de l'autre côté, quelques gouttes suffisent.
02:46 Il y avait, je ne sais pas, La Cliqua, La Squadra.
02:50 De l'autre côté, il y avait IAM, il y avait La FF.
02:59 Il y avait trop de rappeurs qui étaient forts.
03:02 Il y avait Faf, La Rage.
03:03 Et tu vois, les deux rappeurs storytelling, qui étaient un peu, on va dire, les gros challengers de l'époque.
03:14 C'était Oxmo et Faf.
03:16 C'était eux qui faisaient des morceaux, histoire.
03:18 Donc, lui, le grand classique, il n'était pas dans cet album-là, c'était dans les compiles.
03:28 Le morceau Black Mafia, c'était ça, en vrai, le gros morceau d'Oxmo.
03:31 En vrai, ce n'était pas ce qu'il y avait dans cet album-là.
03:33 C'était ce qui était sorti dans les compiles L432 ou je ne sais pas quoi.
03:38 Il s'est avert, il y a un Marseillais qui est venu, qui a fait la cavale.
03:41 On a dit "Wesh, c'est qui ce mec qui raconte des histoires de fous ?"
03:45 Donc, en fait, Oxmo, il est arrivé, c'était un génie.
03:48 Son album, il a bien vieilli dans le temps.
03:49 Mais quand son album, il arrive en temps réel, c'est la guerre des étoiles.
03:53 C'est comme le football.
03:54 Il n'y avait que des gens avec des super pouvoirs.
03:57 Est-ce que, justement, il y a peut-être ce groupe du 93 qui, pareil, a pu t'influencer ?
04:02 Ben oui.
04:03 Là, tu vois, moi, j'ai changé la cover.
04:05 J'ai pris celle-là.
04:06 J'ai appuyé sur la gâchette.
04:07 C'est un album qui m'a marqué.
04:10 J'ai les neurones infectés, le cœur infecté, fatigué de lutter, de devoir supporter la fatalité.
04:14 Je pense que c'est cet album qui m'a transmis le rap sombre.
04:19 C'est vraiment cet album-là qui me l'a transmis.
04:22 Est-ce que c'est un des premiers exemples aussi de groupes ou même d'artistes du 93
04:27 auxquels tu peux vraiment prendre exemple ?
04:28 Ben oui, c'est le premier, de toute manière.
04:31 C'est le premier qui nous ont...
04:33 Tu vois, genre moi, quand on m'a fait écouter mon premier disque de rap français,
04:36 c'était un disque d'NTM, de Public Enemy et Rap Attitude.
04:40 J'écoutais ça sans vraiment savoir ce que j'écoutais.
04:47 Tu vois, c'était de la musique clandestine à cette époque.
04:53 Donc, c'est le premier groupe auquel je me suis référé.
04:59 C'est pour ça que j'ai fait plein de références durant ma carrière sur NTM.
05:04 Mais Aïam a joué aussi un rôle très important sur l'envie d'écrire.
05:10 Je me rappelle, j'étais au CJD en 97.
05:20 J'étais chez les Mineurs et tout.
05:22 Il y avait un concert de Aïam sur Canal+ à l'époque.
05:26 Ils ont fait un concert privé sur l'album "L'école du micro d'argent"
05:29 et ils avaient rappé "Demain c'est loin".
05:31 Et j'ai dit "mais attends, c'est quoi ce truc ?"
05:33 C'est la première fois que j'entendais un truc comme ça.
05:37 Chacun fait des longs couplets en train de raconter plein de trucs.
05:40 Et c'est là que j'ai dit "je vais rappeler".
05:41 Je me suis dit que avec la vie de fou que j'ai, je peux raconter plein de choses.
05:47 C'est à partir de là.
05:47 Du coup, on peut dire que tu as un lien particulier avec les deux groupes ?
05:50 Ah j'ai un lien, j'ai un lien.
05:51 J'ai un lien avec les deux groupes.
05:54 Mais tu es arrivé à en préférer un par rapport à l'autre ?
05:56 Ça dépend des périodes, mais après on a une grosse affinité avec AKENATON.
06:02 "Au nom de tous les miens qui en tuent, un vécu biaisé,
06:05 Kems rappe comme le frisson du premier baiser."
06:07 On a fait plein de choses.
06:08 Dans "Patrimoine du ghetto" il est dedans, dans "Truc".
06:11 Aïam, on s'entend bien.
06:15 Quand Tandem s'est arrivé, c'était comme le nouveau NTM.
06:18 Mais la transition n'a pas été faite entre NTM et Tandem.
06:22 On n'a pas vécu artistiquement la chose ensemble.
06:26 Alors que quand on était avec Aïam, on a fait des choses ensemble.
06:29 Quand on était jeunes, ils nous ont vus, on a fait des choses ensemble.
06:31 Comme on va dire, Lino, les Secteur A, on a fait des choses ensemble.
06:35 La seule personne avec qui on n'a pas fait des choses ensemble
06:37 lors de la transition générationnelle, c'était NTM.
06:40 Donc c'est différent.
06:41 Tu aurais voulu qu'il y ait eu cette connexion-là ?
06:43 Bien sûr.
06:43 J'ai tellement fait référence à NTM dans ma carrière,
06:48 bien sûr que j'aurais voulu qu'il se passe quelque chose entre
06:51 soit moi NTM, soit Tandem NTM, soit MacGregor NTM.
06:56 Qu'il se passe un truc, mais ça ne s'est pas fait.
06:58 Et tu sais pourquoi ça ne s'est pas fait ?
06:59 Je ne sais pas.
07:02 On était peut-être trop camera, pas assez hip-hop,
07:04 je n'en sais rien frère.
07:05 Ce n'est pas vrai.
07:06 Miles Davis.
07:08 J'avais le frère de mon père, mon oncle,
07:10 qui nous a éduqué à écouter du Miles Davis.
07:12 C'était un trompettiste hors-pair.
07:22 Il avait un son unique que tu ne peux pas retrouver jusqu'à aujourd'hui.
07:27 Et c'est lui qui nous disait écouter Miles Davis, Sidney Butchett,
07:33 John Coltrane.
07:35 Ce qui fait que dès que je vais écouter un peu de la musique,
07:43 un peu de jazz et tout,
07:44 ça me fait penser à ma petite enfance et ça m'apaise.
07:49 Quand j'ai vu le Miles Davis,
07:50 j'ai été obligé de le mettre en évidence en dédicace à mon oncle.
07:55 C'est peut-être grâce à cette petite période-là
07:58 que j'aime la bonne musique, on va dire ça,
08:00 que j'ai du goût.
08:02 Mon père, lui, il aimait beaucoup James Brown.
08:03 C'est le premier chanteur street qui chantait.
08:11 C'est pour ça qu'il avait une façon de chanter qui était un peu spéciale,
08:14 qui était différente des autres.
08:16 Il savait qu'il avait un rôle à jouer.
08:19 Il chantait pendant la grande ségrégation
08:22 et l'éveil de la communauté noire aux États-Unis.
08:25 Donc, il a joué un rôle socio-culturel,
08:30 mais très, très, très, très important avec James Brown.
08:33 Tu le vois bien que même aux États-Unis, en ce moment,
08:36 le rap, il est inspiré par tout, par la salle, de fou.
08:40 C'est la revenu.
08:40 Au début, c'était ça, l'époque du Wu-Tang, tout.
08:43 Après, il y a eu l'évolution du rap qui a été influencé par la trap, tout, tout, tout, tout.
08:48 Mais là, en ce moment, j'ai l'impression que toutes les écoles de rap aux États-Unis
08:52 convergent dans le traitement des samples de soul.
08:56 Tu peux même voir du Lil Yachty en train de rapper sur du son de soul,
09:01 qui était quelque chose à la base, qui n'était pas son créneau.
09:03 Mais c'est comme s'ils se sont tous mis d'accord à faire
09:07 revivre la musique noire américaine dans leurs nouveaux sons.
09:10 Tu le sens.
09:11 Dans le rap français, le traitement de la soul,
09:20 on a tous utilisé des anciens vinyles au début,
09:23 quand on faisait les samples, on prenait les samples et tout.
09:25 Mais on ne les travaillait pas de la même manière que les Kevri, c'est pas Jay-Z.
09:30 C'est pas Just Blaze.
09:36 Et le traitement de la soul aujourd'hui,
09:39 on va dire que c'est ces sept dernières années,
09:42 ça se démocratise et là, on est en plein dedans.
09:44 Ça veut dire que le rap français, là, maintenant, il traite les samples
09:47 comme vraiment le rap genre américain, le sound, sound, sound.
09:51 Tu vois, la sound musique vraiment.
09:53 Et ça y est, on est habitué.
09:54 On arrive à poser dessus, on arrive à transmettre avec ce genre de...
09:58 Avant, non.
09:58 Tu vois ce vinyle-là de IAM,
10:01 c'est le single de l'école du micro d'argent,
10:03 donc l'album où il y a "Demain c'est loin".
10:06 Ils ont fait un peu comme Michael Jackson, ils ont utilisé la technologie.
10:14 C'était un single où ils avaient repris un peu le côté obscur,
10:17 donc tu vois, tout ce qui est lié à la guerre des étoiles, là, tu vois, et tout.
10:20 Dans le clip, il y avait des effets spéciaux
10:24 où ils avaient des super pouvoirs qui sortaient de leurs mains, des trucs.
10:27 Donc, c'était un peu comme Michael Jackson à l'époque de Thriller,
10:30 où on le voyait se transformer en loup-garou, tout.
10:32 Pour les gens, c'était pas un humain à l'époque, Michael Jackson.
10:34 Et IAM, ils l'ont fait avec la saga.
10:37 Genre, ils étaient vraiment, vraiment, vraiment dans le turfu
10:39 et ça impressionnait tout le monde.
10:40 Whitney Houston, c'est la première chanteuse
10:45 dont tout le monde est tombé amoureux dans ma génération, à l'époque.
10:48 Tu vois, elle était trop belle.
10:49 On la regardait comme un truc de fou.
10:51 Et j'ai découvert Whitney Houston dans les après-midi dansantes,
10:54 les booms, dans lesquels on allait quand on était petit.
10:57 Il y avait le single du film, Bodyguard, avec Kevin Costner.
11:03 Cette musique-là, c'était le moment du slow, pendant les booms.
11:11 Ça veut dire que quand tu voyais une fille, tu te disais,
11:13 bon, là, il y a 8 paix, tu vas venir avec moi.
11:17 C'est un morceau qui m'a marqué parce que c'est, on va dire,
11:20 que c'est comme si c'était les sons qui ont accompagné
11:24 les premiers baisers, les trucs comme ça, quoi.
11:25 Tu vois, les trucs...
11:27 Bon enfant, on va dire.
11:29 Voilà, ça m'a marqué ma petite adolescence innocente, on va dire.
11:35 Ça aussi, ça fait partie des premières musiques
11:39 qui tournaient à mort dans les après-midi dansantes.
11:41 C'est Where's Son Effect.
11:42 Take it to the left, shake it to the right.
11:45 I don't mind sticking it to her every single night.
11:47 C'était un genre de groupe de rap, mais j'ai su plus tard que c'était,
11:50 en étant plus grand, que c'était le groupe de Teddy Raylay
11:53 et que c'est Pharrell qui a fait le morceau.
11:57 Je l'ai su dans une interview il y a pas...
11:59 Pas quelques années, tu vois, c'est récent.
12:01 Moi, j'ai toujours cru que c'était Where's Son Effect.
12:03 Pour moi, déjà, de savoir que Teddy Raylay était lié,
12:06 pour moi, c'était déjà être un puriste.
12:08 Mais lorsque j'ai su que c'est Pharrell qui a écrit le morceau
12:11 et qui a organisé ce titre, à une époque où on ne pouvait même pas savoir
12:15 qu'il allait exister un jour, c'est incroyable.
12:17 Et c'est un gros, gros son.
12:19 Franchement, jusqu'à aujourd'hui, tu peux le mettre en club,
12:21 il explose tout de suite la boîte de nuit, ce morceau-là.
12:23 C'est la même époque à peu près que "De La Soul".
12:26 Tu vois, il y avait un gros single de De La Soul avec un gros sax aussi.
12:30 Quand t'es jeune, quand t'as 10, 11 ans, et quand même si ta mère arrive
12:40 et qu'il ne fait que des chorés, il rappe et tout,
12:42 on veut tous danser comme MC Hammer.
12:44 Et ça me fait penser à toute cette époque-là, en fait.
12:46 Where's Son Effect, MC Hammer, tout ça.
12:48 Là, je vois un disque là aussi, là,
12:50 que je trouve que c'est une très, très grosse pièce.
12:53 "Murder Was A Case".
12:54 C'est un album de Snoop, un genre d'album hors série,
13:03 où il a décidé de faire de "Murder Was A Case"
13:06 un genre de court-métrage.
13:09 C'est un des premiers à l'avoir fait,
13:11 avec ce truc un peu de gangster.
13:14 Tu vois, c'était très meurtrier, Los Angeles, à cette époque-là.
13:17 Et le rapport à la mort, c'est un peu ça qui traite dans cet album.
13:23 Et il y avait un autre clip qui a été fait,
13:27 qui était pour l'époque un clip extraordinaire.
13:30 C'était un film hollywoodien.
13:31 C'était un single entre Dr. Dre et Ice Cube.
13:34 Il s'appelait "Nature Born Killer".
13:36 "Nobody feeler, than this graveyard feeler,
13:38 cat feeler, cause I'm a natural born killer."
13:41 C'était un très, très, très, très, très, très, très gros son.
13:45 Cet album-là, il est très, très chaud.
13:47 Là, je vois qu'il y a Mobb Deep.
13:48 Je suis Mobb Deep, Tandem c'est Mobb Deep,
13:50 Lunatic c'est Mobb Deep, tout le monde c'est Mobb Deep.
13:53 C'est le groupe le plus influent du rap,
14:01 qui a une impact sur le rap français, c'est Mobb Deep.
14:03 Prodigy, Avok, Nas, AZ, le QB,
14:09 ils ont amené quelque chose dans le rap français de trop important.
14:12 Le boom bap français, c'est du Mobb Deep.
14:15 On va dire ça comme ça.
14:16 Quand tu écoutes du boom bap d'aujourd'hui,
14:18 tu as écouté du boom bap du début des années 2000,
14:21 ou même fin des années 90,
14:23 c'est pas le boom bap hip-hop, c'est le boom bap Mobb Deep.
14:26 Et c'est même pas produit Reza,
14:27 parce que Reza c'était nouveau à l'époque.
14:29 Il tournait les samples,
14:31 les gens n'étaient pas habitués à entendre
14:32 la moitié d'un temps répété deux fois.
14:36 Aujourd'hui c'est normal,
14:37 aujourd'hui c'est carrément fluide.
14:40 Ils ont l'impression que c'est Kanye West qui l'a inventé.
14:42 Il faut savoir un truc,
14:49 c'est qu'à la base le rap new-yorkais,
14:50 c'est un rap à grosse voix, charismatique.
14:53 C'est pour ça que quand Wu-Tang est arrivé,
14:55 c'était d'abord Method Man et All Dirty Bastard,
14:58 parce qu'il fallait qu'ils fassent concurrence à Onyx,
15:01 à Bootcamp Click, Das Effects,
15:04 il fallait avoir une voix bizarre.
15:06 Et ceux qui avaient des voix calmes pour rapper,
15:08 c'était la West Coast.
15:09 Nas c'est le premier mec qui est arrivé,
15:15 calme, comme si c'était Snoop,
15:17 à New York.
15:18 On l'a vu rapper la première fois sur MTV,
15:21 il était assis, il s'était pas levé pour rapper.
15:22 Genre on a dit quoi ?
15:23 "C'est qui ce mec qui est tout calme,
15:24 il arrive, il rappe, c'est fluide."
15:27 Speak with criminal slang, begin like a violin,
15:29 end like Nevaeh Thinnes,
15:31 Deep will let me try again.
15:32 Aujourd'hui tout le monde va parler du rap américain
15:34 en se documentant, ouais,
15:35 "hypnotique", ces trucs,
15:36 mais en temps réel,
15:37 c'est All Dirty Bastard,
15:39 c'est Notorious B.I.G.
15:40 It was all a dream,
15:42 I used to read Word Up magazine.
15:44 Tu vois, c'est tous ces gens-là qui ont des voix,
15:46 mais lui, il avait une plume.
15:48 Lunatic, le groupe Lunatic de France,
15:50 des années 90, il fallait avoir une voix.
15:53 Donc tu savais que, je sais pas,
15:54 quand ils ont fait le crimepay,
15:56 ils étaient influencés elta-skelta,
15:58 ils étaient pas influencés par Nas.
16:00 Tu vois, c'était l'époque où ils venaient avec les Dedication,
16:07 ils prenaient les morceaux des gens,
16:09 ils faisaient mieux qu'eux.
16:10 Lil Wayne, c'est le rappeur qui a créé
16:12 deux grandes écoles.
16:13 L'école d'Atlanta.
16:20 Young Thug, Lil Baby,
16:23 Gun, c'est lui qui l'a créée.
16:25 Money, huddle, gotta,
16:28 cuddle, lotta, order.
16:30 Et l'école du TDI, c'est lui qui l'a créée.
16:33 TDI, c'est Carter 2,
16:36 et après, tout ce qui vient après Carter 2,
16:38 c'est tout Atlanta, dans l'influence.
16:41 Quand Lil Wayne utilise la première fois l'autotune
16:43 pour maintenant mettre son rap dans une voix autotunée,
16:46 ça a changé tout le game pour tout Atlanta.
16:48 Ça veut dire, tu peux apprendre J. Cole,
16:50 tu vas apprendre Kendrick, tu vas apprendre Schoolboy,
16:51 tu vas apprendre tous ces gens-là,
16:52 tous ces rappeurs hipsters, lyricistes.
16:54 Big side niggas keep on dumping,
16:57 ghetto burn, hit a kill like ghetto dream.
16:59 Eux, quand ils pensent au rap,
17:01 ils vont dire "notre référence, c'est Lil Wayne".
17:03 Après, ça nous influence, donc ça nous fait aussi continuer.
17:05 J'ai une phrase que je vais répéter,
17:08 de Singilla, qu'il a dit lors des Flammes.
17:11 Il a dit "le R&B, c'est un des meilleurs alliés du rap".
17:14 Le R&B et la Nudiac.
17:15 La Nudiac et le rap, pour moi, c'est la même chose.
17:18 La Nudiac, c'était une musique écoutée par les gangsters.
17:21 Bell B Devo, c'est un des vinyles que j'ai pu avoir quand j'étais jeune.
17:25 J'avais un ami qui était beaucoup plus âgé que moi,
17:34 il collectionnait des vinyles.
17:35 Ses parents étaient témoins de Jehovah.
17:37 Il était obligé de cacher ses vinyles de chez moi.
17:39 Et Bell B Devo, ça faisait partie.
17:41 Donc c'est comme ça que j'ai pu connaître aussi Poison.
17:45 C'est le premier single du duo.
17:49 C'est le même sample que "My Name Is" pour Eminem.
17:53 Sauf que Dre, il a laissé la boucle totale du son de Saoul qu'il a samplé.
18:04 Donc tu reconnais "My Name Is".
18:07 Alors que l'instru de Reza, à l'époque,
18:10 quand j'ai su que c'était le même sample que "My Name Is",
18:14 j'ai dit "mais comment il a fait pour faire l'instru ?"
18:16 C'est lui le découpeur, c'était un découpeur magique.
18:19 C'est-à-dire qu'il prenait un sample méconnaissable.
18:22 Après, tu ne reconnais plus.
18:24 Gros big up à Rekwan et Ghostface qui nous ont apporté beaucoup.
18:28 Il y a pas mal de belles références en vinyle dans la boutique.
18:32 Moi, Biggie, il m'a bouleversé.
18:36 Quand j'ai décidé vraiment, vraiment, vraiment d'écrire,
18:38 Biggie a joué un rôle important entre cet album et le double "Left After Death".
18:44 Cet album-là, c'est un classique.
18:47 Il vient avec un flow de fou sur des instru mainstream, sur son single.
18:56 "I love you when you call me Bigger Papa".
18:58 Et à l'époque, lorsqu'il chante ce morceau-là, c'est un choc.
19:07 Parce qu'il arrive à faire un morceau genre mainstream,
19:10 mais tout le monde est choqué de son flow, comment il est, comment il rappe, tout.
19:13 Il y a Juicy qui a encore un morceau genre cool,
19:16 genre tu peux l'écouter partout, c'est pas sombre et tout.
19:19 Mais il a un flow de fou, c'était une nouvelle manière de rapper.
19:22 Ça n'existait pas.
19:23 Il est venu avec un flow que personne n'avait jamais fait.
19:26 Il m'a vraiment choqué cet album.
19:28 Il m'a vraiment choqué.
19:30 Il était tellement fort que quand j'étais petit,
19:34 je me suis dit, "Ah, il y avait 'One More Chance'".
19:35 J'aimais les deux versions.
19:36 J'aimais la version single et la version originale qu'il y avait dans l'album.
19:40 ♪ M.I.J. I'm not thinking Mr. Peachy ♪
19:42 ♪ Girls peepee when they see me ♪
19:44 ♪ Now the hoes creep me and they teepee ♪
19:46 Il a rappé avec le rappeur du moment dans son premier album,
19:49 qui était Method Man.
19:50 Ils étaient obligés de rapper ensemble.
19:52 Ils avaient tellement un flow de fou, les deux,
19:55 que les gens voulaient savoir qui était le meilleur rappeur.
20:00 Est-ce que c'est Method Man ou est-ce que c'est Billy ?
20:02 ♪ So what you want nigga, you want nigga ♪
20:05 ♪ I got a six shooter and a horse named Trigger ♪
20:08 Cet album, c'est un album vraiment de puristes.
20:11 Vraiment, vraiment de puristes.
20:13 "Warning" pour moi, c'est un morceau de malade.
20:15 Il y avait un morceau qui est sorti après,
20:17 genre un inédit qui s'appelait "Who Shot Ya"
20:19 et je ne sais même pas les mots.
20:25 Ça s'écoute à vie.
20:26 Quand tu vas dire à quelqu'un, "Tu veux savoir c'est quoi ?
20:29 Comment il faut rapper dans la vie ?"
20:31 Genre tu mets "Who Shot Ya" à un mec, tu sais,
20:34 commence avec ça et après tu vois pas.
20:37 ♪ Who shot ya, separate the weak from the opps ♪
20:39 Notorious Big, il n'a pas pu faire beaucoup d'albums,
20:43 mais le peu qu'il a fait, contrairement à 2Pac,
20:45 qui a rappé beaucoup plus, qui lui était un genre de premier jewel.
20:48 Il allait en studio, il enchaînait 10-15 morceaux.
20:51 Tu vois, Biggie c'était plus artistique, il avait un flow de fou.
20:54 Son écriture était plus technique.
20:56 2Pac, c'était un peu comme la mafia Kinfry,
20:58 genre ils étaient là pour délivrer le message et tout comme ça.
21:01 ♪ I'll take my name ♪
21:03 ♪ First I'll fuck your bitch and the clique you claim ♪
21:05 2Pac, genre il a une longue carrière.
21:07 Il vient d'un groupe qui s'appelait Digital Underground.
21:10 Après il est arrivé, il a fait sa carrière solo.
21:12 Mais son flow, pour moi, c'est pas lui qui l'a créé, c'est Scarface.
21:16 Pour tous ceux qui connaissent pas Scarface,
21:20 si ils écoutent l'album "The Diary",
21:23 eh ben, ils vont entendre le flow de 2Pac.
21:26 ♪ I never understood why ♪
21:28 ♪ I can never see a man cry ♪
21:30 ♪ 'Til I seen a man die ♪
21:31 ♪ Na na na na na na na na ♪
21:33 Tu vas dire "Ah ouais !"
21:35 Et c'est Scarface.
21:36 Scarface, Ice Cube, c'est la base.
21:39 En fait, ce disque, je me rappelle pas l'avoir écouté,
21:41 mais je me rappelle avoir écouté l'album qui suit,
21:43 c'est-à-dire "Me Against the World".
21:44 J'étais ado, je devais avoir 14 ans, 15 ans.
21:47 Parce qu'il faut savoir aussi un truc, c'est que le rap,
21:51 c'était pas écouté par tout le monde avant.
21:53 Avant, le rap, c'était pas comme aujourd'hui.
21:56 Aujourd'hui, le rap, ça s'écoute naturellement.
21:58 Mais avant, ça s'écoutait pas naturellement.
22:01 La musique de la cité, c'était de la funk.
22:04 ♪ Baby you make my love go down ♪
22:08 Donc, ce qui fait que le rap,
22:11 c'est pas quelque chose que tu pouvais écouter
22:12 et faire écouter à tout le monde.
22:13 Parce qu'il y avait plein de gens qui voulaient pas écouter de rap.
22:15 Ça, c'est quelque chose qu'un jeune aujourd'hui, il peut pas...
22:19 Il peut pas se rendre compte.
22:20 Quand ils font de la documentation, ils disent "Ah ouais, le rap, c'est..."
22:23 Mais en France, dans les quartiers, dans les cités,
22:27 le rap, c'était pas une musique écoutée.
22:31 Ça arrivait bien après.
22:33 Tu vas parler des vrais, vrais, vrais anciens,
22:36 ils vont te dire "Non, nous, on connaît la funk."
22:37 Le rap, c'était pas important.
22:41 C'était pas tout le monde qui connaissait la cliqua.
22:44 C'était un mec qui tombait dans le rap américain par hasard,
22:48 donc un peu intéressé par le rap français.
22:50 Ce mec qui venait me donner les vinyles, les cachets chez moi,
22:54 j'aurais jamais pu connaître le rap.
22:56 Je suis en train d'écouter Samantha Fox, je sais pas quoi, les Top 50.
22:59 Le rap, c'était comme un plaisir clandestin.
23:02 Ceux qui avocent le rap, c'est ceux qui avaient les moyens d'aller aux États-Unis.
23:06 T'es parti aux États-Unis, putain, le dollar, c'est cher.
23:10 Même à l'époque, tu disais que t'allais en Allemagne,
23:13 le Deutschmark, c'était cher.
23:14 Tu vois, c'est genre le franc,
23:17 il pouvait frapper que le P.S.A. c'est les scudos.
23:19 Tu vois, c'était un truc...
23:21 Moi, j'ai un peu vécu ça, tu vois, j'ai un peu vécu cette petite période.
23:25 Je vais à un artiste, je parais plus de l'artiste que du vinyle,
23:30 qui est Fela Kuti.
23:30 C'est le créateur de l'Afrobeat, au Nigeria,
23:39 pays dont je suis originaire.
23:41 Je suis moitié Nigérian, moitié Kamer.
23:44 Donc moi, je suis Bamileke du côté kamoné.
23:49 Et on va dire que du côté nigérian, je suis la zone du Biafra.
23:53 L'époque de la guerre et de la décolonisation du Nigeria.
23:57 C'est le sud du Nigeria qu'a dégagé la reine d'Angleterre.
23:59 Il a fait partie de ces artistes qui ont payé de leur vie
24:04 pour lutter pour la population du Nigeria.
24:10 Il est mort, il est mort assassiné,
24:12 il est mort parce qu'il avait un message à faire passer
24:15 et sa musique était une musique révolutionnaire.
24:18 Sur scène, il pouvait passer du sax au clavier,
24:22 il était fou, il faisait tout, il avait plein d'énergie.
24:27 L'album African Giant de Burna Boy, pourquoi il a marché ?
24:32 Parce qu'il a fait de l'Afrobeat de Fela.
24:35 C'est comme un rappeur américain qui reprend de la sound.
24:43 C'est de la culture pure.
24:46 C'est comme si c'était un Nigérian qui a repris la culture nigérienne, ancienne.
24:51 Et il a fait revivre l'Afrobeat, le vrai Afrobeat.
24:55 Maintenant que le Nigeria a explosé,
24:57 on parle d'Afrobeat sur tous les styles de son Nigerien.
24:59 Maintenant, l'Afrobeat, la vraie référence Afrobeat avec Fela,
25:05 c'est l'album African Giant.
25:08 C'est un album déjà qui dénonce beaucoup de problèmes,
25:11 qui a beaucoup de samples de Fela.
25:14 Il y a un traitement de l'Afrobeat originel dans son album.
25:18 Il y avait aussi un album qui était sorti.
25:21 C'était un album de Jay-Z, je crois que c'était American Gangster,
25:25 qui a été complètement refait avec des samples de Fela.
25:30 Parce que c'était un peu de la sound africaine, Fela Kuti.
25:33 Il y a son fils aussi qui a essayé de prendre le relais,
25:40 beaucoup plus tard, Femi Kuti.
25:42 Mais ce n'est pas le même impact que Fela.
25:45 C'est la sound africaine.
25:46 Il y avait plusieurs pays qui avaient leur propre sound.
25:50 Il y avait l'Afrobeat du Nigeria, donc Fela.
25:52 Il y avait le Brésil qui avait la sound samba.
25:55 Et la Guinée-Bissau où il y avait aussi une sound samba
25:58 influencée par la sound samba du Brésil,
26:00 comme la bossa nova et la rumba influencée.
26:04 Tu vois, c'était l'échange qu'il y avait entre le royaume Congo
26:08 et l'Amérique latine qui a créé la rumba congolaise.
26:11 Donc, une dédicace à Fela Kuti.
26:13 Kuti Cameroon, qu'est-ce que t'aimerais citer ?
26:15 Manu Dibango, pour l'influence que sa musique a eue à travers le monde.
26:19 Et vas-y, en puriste, on va dire nationaliste du pays,
26:27 je peux dire Ben Deka, Grasse Deka,
26:30 qui sont un peu les pionniers du Makossa.
26:33 Zangalewa, c'est une musique que j'écoutais quand j'étais petit,
26:40 qui était un tube à l'époque.
26:42 (Musique)
26:46 Qui a été reprise plus tard par Shakira pour la Coupe du Monde.
26:49 Et quand j'ai écouté la musique, j'ai dit, c'est un truc de fou,
26:52 elle a repris la musique de mon bled quand j'étais petit.
26:55 (Musique)
26:59 Ça m'a fait rire, tu vois, ça m'a fait rire.
27:01 Ils n'ont pas pris de droits, ils n'ont rien pris,
27:02 je crois qu'on leur a donné 10 balles et c'est, vas-y.
27:04 Franco, qui est le premier gros artiste à avoir amené la rumba congolaise.
27:11 Donc ça veut dire que mes parents en ont écouté beaucoup,
27:13 de la rumba congolaise, c'était la musique qui a bercé l'Afrique noire
27:17 à un niveau que les gens ne peuvent pas se rendre compte.
27:19 (Musique)
27:24 Mon père m'avait raconté qu'à l'époque, quand il s'est marié avec ma mère,
27:28 c'est Franco qui a chanté à son mariage.
27:30 Et j'ai dit, ah ouais, le daron, Franco il a chanté à ton mariage quand même.
27:34 C'était chaud.
27:34 Et c'était cool, ils ont dit, à cette époque-là, il n'y avait pas l'été,
27:37 tu vois, on ne pouvait pas filmer, on ne pouvait pas...
27:39 Ça aurait été des vraies photos, quoi.
27:42 Et non, c'est bien, il y avait le père de Yous,
27:46 qui était un pionnier de la rumba congolaise.
27:49 Et voilà quoi, la rumba, de toute manière, la rumba congolaise,
27:54 elle ne s'éteindra jamais.
27:55 Elle fait partie vraiment de la culture de la musique africaine.
27:59 Celui-ci, c'est le premier album de Joe D.C.
28:02 Et il y a un classique dedans qui s'appelle "Feeling".
28:04 (Musique)
28:09 C'est la définition du slow.
28:11 Ça veut dire, tu mets ça, tu mets ça, une meuf, elle fond.
28:17 C'est obligatoire.
28:18 J'aurais pu me dire que je voulais devenir chanteur R&B à cette époque.
28:23 Cet album-là, c'est un album référence de R&B.
28:26 Référence.
28:27 Il y avait KC, Jojo, DeVante.
28:31 Avec KC qui avait une voix rock, avec une interprétation incroyable.
28:38 C'est un groupe de fous.
28:39 Ça veut dire qu'en vrai, pour moi, il y avait R. Kelly et il y avait Joe D.C.
28:42 Genre, il y avait R. Kelly, l'artiste solo,
28:46 mais le groupe Joe D.C., pour moi, dans ma tête,
28:48 c'est impossible que ce groupe s'éteigne un jour.
28:50 Genre, c'est impossible.
28:51 C'est qui la relève de Joe D.C.?
28:54 À une époque, j'aurais pu me dire que c'était Jagga Dej.
28:57 (Musique)
29:02 Il n'y a pas de relève de Joe D.C.
29:03 Chris Brown, c'est la relève de James Brown, de R. Kelly.
29:07 (Musique)
29:13 Chris Brown, c'est un génie.
29:14 Chris Brown, c'est Michael Jackson, James Brown, R. Kelly, des trucs comme ça.
29:18 Joe D.C. c'était une version street du R&B.
29:24 En face d'eux, il y avait Joe, K-Suite, LSD, tout ça.
29:28 Mais eux, ils avaient une autre façon de faire exister leur musique.
29:32 Les chanteurs de R&B d'aujourd'hui, ils peuvent être forts,
29:38 mais après, il manque la condition sociale dans laquelle tu livres cette musique.
29:46 Ça compte, il y a trop de choses qui comptent.
29:48 Moi, mon artiste fétiche de ces dernières années, c'est Kodak Black.
29:52 (Musique)
29:56 Il a un truc, il est spécial.
29:58 Il a un truc spécial.
30:00 À l'époque où il fait "Testimony", c'est une génération qui n'arrive pas à faire des albums,
30:03 qui arrive à faire des titres, mais pas des albums.
30:05 Il fait partie des jeunes rappeurs qui avaient réussi à faire un album qu'on écoute.
30:09 Il était entre l'ère d'aujourd'hui et il faisait penser un peu à un artiste qui a des choses à dire.
30:16 Et en même temps, un petit foufou d'aujourd'hui.
30:19 C'est un petit foufou, mais il a quelque chose.
30:21 C'est pas pour rien que même Kendrick, il a appelé deux fois dans son album.
30:24 Il n'est pas appelé pour rien.
30:25 Ce n'est pas ceux qui ne captent pas en France, qui croient que c'est un golmon,
30:29 c'est parce qu'ils écoutent le rap américain comme un petit joueur de foot
30:34 qui est bon de l'école de foot.
30:36 C'est comme ça, il écoute parce que quand tu écoutes vraiment bien le rap avec l'oreille qu'il faut,
30:41 tu sais qu'il est imparable.
30:43 Il a quelque chose que tu ne peux pas imiter.
30:45 C'est lui et personne d'autre.
30:46 Dernièrement, j'aime beaucoup lui.
30:48 J'aime Larry June.
30:49 Surtout quand il a fait son projet avec Alchemist, c'est une tarte.
30:51 (Musique)
30:57 Pour les fans de rap, c'est un classique.
30:58 C'est du rap de boats, de grands salons, de luxury, de savoir vivre.
31:06 Tu vois ou pas ?
31:07 Et moi, vu que je suis souvent à l'étranger, au soleil, ça me va.
31:10 J'aime le rap de caractère, je n'aime pas le rap un peu transparent,
31:14 ou le rap du premier de la classe.
31:18 Je n'aime pas ça, moi.
31:19 J'aime les gens qui ont un truc, qui osent.
31:22 Future, c'est costaud ce qu'il a proposé.
31:27 (Musique)
31:34 Il fait partie des meilleurs mecs d'Atlanta.
31:35 Je ne dirais pas trappeur, parce que trappe, en vrai, la trappe, c'est Gucci Mane.
31:44 La vraie trappe, c'est Gucci Mane.
31:47 Après qu'il ait fait l'album avec Ferrari Boy, c'était un album en commun.
31:51 (Musique)
31:54 Il était un peu dans ses tourments.
31:57 Tu vois, c'était Gucci Mane gros, qui était gros.
31:59 Pendant cette période où il était au plus mal pour les gens,
32:03 c'est là qu'il devient une légende de la trappe.
32:06 Il décide de faire les Trapp God.
32:08 (Musique)
32:14 C'est une des périodes qui a le plus influencé la musique sur les 10 dernières années
32:20 de la trappe d'Atlanta et de la drill de Chicago.
32:24 Shift Kiff, tout ça, ça vient de Gucci Mane.
32:26 Ils chantaient tous comme Gucci Mane.
32:27 (Musique)
32:32 Gucci Mane, c'est lui qui a ramené Zaytoven, c'est lui qui a ramené Metro Boomin,
32:36 c'est lui qui a ramené tous les beatmakers.
32:40 Ça a commencé avec Gucci Mane.
32:41 Il disait quoi ? "Toi, t'es bon, vas-y, viens, on fait une mixtape."
32:43 Voilà, c'est lui maintenant.
32:45 Tout vient de lui.
32:46 C'est lui la zone 6.
32:48 C'est lui qui a ramené Young Thug, c'est lui qui a ramené Richo Mekos.
32:51 Il a ramené tout le monde.
32:52 C'est lui qui a ramené Migos.
32:53 (Musique)
32:57 La voix de Kwaïvo, elle ressemble à Gucci Mane.
32:59 C'est la base, c'est la référence.
33:02 Quand tu vas parler avec un mec d'Atlanta,
33:04 s'il doit parler d'Atlanta, s'il doit prendre des raccourcis
33:06 pour raconter l'histoire du rap d'Atlanta,
33:09 il va dire André 3000.
33:11 (Musique)
33:16 Et Gucci Mane.
33:18 La folie d'André 3000, elle s'est développée.
33:21 Tu vois, tu vas regarder Young Thug, tu vas regarder Nunu Zivert.
33:24 On va tous dire "ils sont fous, ils ressemblent tous à André 3000".
33:27 Ils ont une référence.
33:28 Ils n'ont pas sorti de n'importe où.
33:30 Pour eux, André 3000 c'est le premier.
33:32 Et pour nous, c'était vraiment farfelu.
33:35 Parce que moi, la première fois que j'écoutais Outkast,
33:36 c'était un mec normal, chemise de baseball, tout, tout, tout.
33:40 Et du jour au lendemain, il a commencé à se transformer,
33:42 à devenir un genre d'artiste qui était difficile à suivre.
33:47 En vrai, même à l'époque, il était difficile à suivre.
33:50 Sauf qu'aujourd'hui, des petits André 3000 au niveau de la dégaine, des fous,
33:54 il y en a plein.
33:55 Young Jeezy, il a apporté énormément.
33:58 Il a fait exploser Atlanta, mais il n'a pas d'école.
34:01 Tu vois, aujourd'hui, il n'y a aucune référence que tu peux voir d'Atlanta
34:06 qui est liée culturellement à Young Jeezy. Aucune.
34:08 Mais il a fait des classiques que tout Atlanta va chanter.
34:11 (Musique)
34:14 Mais il n'y a pas de rappeur d'Atlanta qui l'imite.
34:18 Il n'y a pas de petit Young Jeezy.
34:20 Il n'y a pas de rappeur que tu te dis "Ah, ça se voit, lui, il a écouté du Young Jeezy,
34:24 il veut faire référence à ça".
34:25 Mais dit Gucci Mane, des références, tout.
34:27 Il n'y a que ça. Il n'y a que ça.
34:29 Je n'arrête pas de le dire sur Drake.
34:32 Je suis sûr que si Drake, Gucci Mane,
34:37 s'il n'était pas parti en prison à l'époque,
34:41 il aurait fait l'album comme avec Gucci Mane et pas Future.
34:44 (Musique)
34:47 Parce que quand il cherchait la crédibilité d'Atlanta, c'était Trap God.
34:51 Mais après, il est parti en prison.
34:53 Donc c'est parce qu'il est parti en prison qu'il est parti faire avec Future.
34:56 Mais je sais qu'il aurait fait avec...
34:58 Parce que quand il était Gucci Mane, gros, il était méga hype, Gucci Mane.
35:01 Il était dans les films, on l'appelait, tu vois.
35:03 Il était méga hype.
35:05 Quand il était genre gros, à la dépression et tout.
35:07 Les hipsters, ils aiment ça quand tu es à la tourmente.
35:12 Quand ta vie, c'est une catastrophe.
35:14 Là, il n'aime plus, là, maintenant.
35:16 Là, il est là, il est pim-pam, tout.
35:18 Abdo, Femeux, Enfant, c'est fini, il n'est plus hype, là.
35:22 Là, il est street, maintenant.
35:24 Je ne connais pas cette cover.
35:26 Mais je connais Public Enemy et son premier album.
35:28 (Musique)
35:33 On était tous matrixés par l'attitude un peu controversée de Flever Flav.
35:39 C'était le rockstar, Flever Flav.
35:41 Le rap politique, c'était, sur la côte Est, c'était le rap de référence.
35:46 C'est bien après que le rap de rue est arrivé.
35:49 Le rap de Assassin a été très inspiré de Public Enemy.
35:54 Rockin' Squad et Solo, ils rappaient beaucoup le rap politique.
35:57 On va dire que leur crew, Assassin, NTM, à l'époque,
36:01 c'était un peu une influence de rap politique.
36:04 Eux, ils étaient influencés par Public Enemy et NWS.
36:06 Ça dépendait des époques, mais ils avaient les deux en eux, dans leur inspiration.
36:10 (Musique)
36:15 Le Michael Jackson, qu'est-ce que tu veux que je te dise sur cet album ?
36:18 C'est un classique, je pense que le siècle prochain, il écoutera encore.
36:25 Il avait une vraie inspiration, vraie voix.
36:29 Il écrivait avec le cœur.
36:33 Cet album-là, pour moi, c'est le début et la fin de Michael Jackson.
36:36 (Musique)
36:41 Il fait un album avec la nouvelle culture, c'est-à-dire, il y a New Jack, tout.
36:45 C'est un choc parce qu'on avait l'habitude de l'entendre avec Quincy Jones.
36:48 Même l'album "Bad", qui est un album de fou furieux,
36:52 qui va de pair avec cet album-là.
36:54 On pouvait se dire que Michael Jackson ne pouvait plus faire mieux
36:57 que ce qu'il a fait entre cet album et "Bad".
37:01 Et quand il vient avec ça,
37:04 eh bien, il a encore montré qu'il était dans le turf.
37:08 Parce que quand il fait le morceau, il invite Naomi Combey dans le clip.
37:12 La sonorité, la proposition, c'était le futur.
37:15 Genre, ça n'existait pas.
37:17 (Musique)
37:21 Ça te fait une impression que Kanye a pu faire plus tard,
37:24 à un moment, peut-être quand il a sorti "808", "LOA".
37:28 (Musique)
37:33 Tu te dis "Waouh, c'est quoi ?"
37:35 Moi, j'étais petit et j'étais encore très jeune quand c'est sorti, ça.
37:38 Là encore, la technologie, où il change de visage,
37:40 comme avec Henrik,
37:42 sauf qu'avec Henrik, on a vu, ça y est, il le fait,
37:45 mais dans les films, on avait l'habitude de voir ça.
37:48 Donc, c'est pas de faire le même choc que Michael Jackson,
37:51 quand il fait changer de visage,
37:54 puisque la technologie n'était pas démocratisée.
37:57 Et c'est là qu'il fait le clip où le visage, il change,
38:00 il représente le monde entier, son visage change, il vient, il part et tout.
38:04 Donc, à chaque fois, il vient avec quelque chose de surnaturel.
38:09 Il vient avec une communication surnaturelle.
38:11 Pour moi, ça restera le plus grand artiste de tous les temps,
38:17 même s'il avait, quand même, Prince en face de lui, un sacré artiste.
38:21 (Musique)
38:28 Prince, c'est un puriste de la musique, c'est lui-même, c'est un génie.
38:34 Michael Jackson, je sais pas comment il a fait pour avoir ce truc de puriste,
38:38 d'accord, qu'il aime faire de la très bonne musique,
38:41 mais il a su la rendre mainstream d'une manière
38:46 où ça pouvait toucher le 7 à 77 ans.
38:49 Genre, le petit jeune de 7 à 12 ans qui écoutait du Michael Jackson,
38:54 il avait pas trop accès à Prince.
38:57 Fallait être un peu plus adulte pour écouter "You're sexy, mother fucker",
39:00 les trucs comme ça, il fallait être plus adulte.
39:04 Non, non, Michael Jackson, c'est la version de l'artiste par excellence
39:09 qui te livre de la très bonne musique en étant super lâche sur les tranches d'âge.
39:14 J'ai jamais vu ça, j'ai jamais vu ça.
39:16 La transition entre Quincy Jones et Teddy Riley, il fallait le faire.
39:21 C'était pas...
39:24 Quand, maintenant que je suis grand, pour moi, c'était pas...
39:27 C'est du génie, en vrai, qu'il ait eu cette intelligence
39:30 de faire avec Teddy Riley et que ça fonctionne.
39:34 Parce que c'était un artiste qui existe quand même depuis les années 70,
39:37 Michael Jackson.
39:38 C'est comme si c'était son prime, en fait, les années 80,
39:40 parce qu'il existe depuis longtemps.
39:42 Donc, quand les années 80 finissent à peu près,
39:45 et qu'il finit, il est avec Bad, c'est comme si on dit "Bon,
39:48 il est au plus haut, là il commence à y avoir les premiers morceaux de rap qui sort,
39:52 la New Jack et tout, c'est un autre prisme,
39:54 les gens s'habillent hip-hop, ils sont trucs,
39:57 tu vois, aux Etats-Unis, c'est un autre...
39:59 On dit "Michael Jackson, comment il fait pour exister dans ce nouveau...
40:02 dans ce nouvel environnement ? Comment il fait ?"
40:05 C'est... Il appartient à un autre temps.
40:07 Non.
40:08 Il est arrivé, il a fait l'album avec Teddy Riley,
40:10 il a traumatisé tout le monde.
40:11 Il a même mis un rappeur,
40:13 Evidi, qui était un gros rappeur des débuts des années 90,
40:16 et dans le single "Black or White",
40:20 il y a Evidi.
40:22 Donc, son premier album des années 90,
40:25 vu qu'aux Etats-Unis, c'est le prime du rap, en fait,
40:28 les années 90,
40:30 il met un rappeur avec lui.
40:32 C'est incroyable.
40:33 Quand tu réalises la carrière qu'il avait avant,
40:36 le switch qu'il fait, genre, c'est légendaire.
40:39 En fait, c'est l'album, je pense, qui fait qu'après, on a dit "C'est bon, c'est une légende".
40:45 Il est même rentré dans la dernière ère.
40:48 Il l'a frappé même dans la dernière ère.
40:49 Après, ça y est, c'est bon.
40:51 Colmini ! Colmini ! Colmini !
40:53 [Musique]