« Tout ce que tu vois aujourd’hui partait avant à la poubelle. » Karim Vincent-Viry est le fondateur de Finistesrestes. Il sauve 30 tonnes de légumes considérés comme « moche » par jour.
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00:00 Coluche il disait toujours "quand on est petit et moche, on a moins de chance de pécho que quand on est grand et beau"
00:05 Et bien pour les légumes c'est exactement pareil.
00:08 Tout ce que tu vois aujourd'hui partait avant à la poubelle.
00:12 L'histoire de FiniTerrestre, c'est un panier qui fait minimum 5 kg de légumes
00:17 et dans lequel on va tenir notre promesse d'avoir 5 légumes différents.
00:20 Ça, ça coûte 5,99 €.
00:22 C'est pas parce qu'on fait de l'anti-gaspi
00:24 qu'on a des produits qui sont fatigués en bout de course, qui n'ont pas de goût.
00:27 Les quarts de tri, c'est un produit qui a été récolté hier ou ce matin
00:31 et qui va être mis dans nos paniers immédiatement et vendu le lendemain.
00:34 Donc ce sont des produits ultra frais.
00:36 C'est quoi le cahier des charges ?
00:37 C'est simplement une feuille 21-29-7 recto verso
00:41 dans lequel on a écrit quel serait le parfait produit qu'on aimerait recevoir.
00:45 Donc on a écrit que la pomme doit être bien ronde, bien lisse
00:48 et puis quand c'est une granie qu'elle soit bien verte.
00:50 Et pour le concombre, on a même écrit que l'axe de courbure ne doit pas dépasser 15°.
00:56 Qu'est-ce que ça fait l'application de ces cahiers des charges ?
01:00 À chaque fois qu'un producteur va à la station de tri et qu'on lui applique le cahier des charges,
01:05 instantanément, plus de 20% de sa production va partir directement à la poubelle.
01:11 Ça c'est un kiwi. On appelle ça un kiwi double cœur ou double kiwi.
01:16 Pourquoi il est comme ça ?
01:18 Tout simplement, l'année dernière, la production de kiwi et de cerises n'a pas été bonne.
01:22 L'arbre, il a une mémoire.
01:24 Qu'est-ce qu'il va faire l'année d'après ?
01:26 Pour se faire pardonner, il va produire deux fois plus.
01:30 Sauf qu'il produit deux fois plus sur le même fruit.
01:33 L'agriculteur, il n'a rien fait.
01:36 Simplement parce qu'il y a eu des conditions climatologiques qui ont changé.
01:40 Sur 40% de sa production, il va toucher cinq fois moins de revenus.
01:45 Ça, c'est la réalité du changement climatique.
01:49 On va traiter à peu près entre 30 et 50 tonnes par jour
01:52 pour fabriquer environ 3000 paniers.
01:56 À ce jour, il faut savoir qu'on a un peu plus de 3000 producteurs.
01:59 Nous, ce qu'on va juste leur demander, c'est de nous mettre à disposition chaque jour
02:03 minimum cinq légumes différents.
02:05 C'est parce que je voulais que mes paniers soient fabriqués par l'être humain.
02:09 Je ne voulais pas que ce soit un robot.
02:11 Donc là, tu vas avoir du poireau, du chou vert frisé, de l'oignon de Roscoff,
02:15 de la carotte, des légumes anciens, du panais.
02:18 Et ça, c'est devenu vraiment la star.
02:21 Ça représente à peu près 40% de nos ventes.
02:23 Donc on a son petit frère qui est en bio.
02:25 On a un panier aussi de fruits de saison.
02:28 On a des paniers XXL, c'est-à-dire des paniers de 15 kilos pour les familles nombreuses.
02:32 À ce jour, on a sept paniers différents.
02:35 Ce panier-là, c'est 6,99 euros les quatre kilos en Bretagne
02:39 et 7,99 euros dans les autres régions.
02:44 Il faut savoir qu'en Bretagne, on jette à peu près 200 000 tonnes de légumes.
02:48 Nous, malheureusement, on a juste fait une petite goutte d'eau
02:51 puisqu'on a sauvé l'année dernière un peu plus de 10 000 tonnes de légumes.
02:55 Il reste encore 190 000 tonnes de légumes à sauver.
02:59 Donc le combat continue puisqu'il faut qu'on en vende 19 fois plus.
03:11 Les poissons sont encore plus crétins que dans le fruits et légumes.
03:14 Pourquoi je dis ça ?
03:15 Parce qu'un jour, un ami qui est maraîneur m'a appelé
03:17 et il m'a dit "Vous, en fruits et légumes, vous jetez 20% de votre marchandise.
03:20 Nous, quand un être humain pêche un poisson, on en jette 50%."
03:24 Sur le port de Lorient, qui est le deuxième port français,
03:27 ils jettent à peu près 10 tonnes de poissons par jour.
03:30 Nous, malheureusement, on n'en arrive à sauver que 2 tonnes par semaine.
03:33 Pourquoi ils jettent ces 10 tonnes par jour ?
03:35 Tout simplement parce que la restauration a décidé il y a une trentaine d'années
03:38 que les pavés de poissons qui étaient dans vos assiettes doivent faire entre 130 et 150 grammes.
03:43 Et pour découper ces pavés de poissons, il faut les découper les plus près de la partie de la tête
03:47 parce que c'est la partie la plus large.
03:49 Et plus tu vas te rapprocher de la queue, et plus ça part à la poubelle.
03:51 Et bien tu vois, on va mettre plusieurs bouts de poissons, plusieurs chutes de poissons.
03:55 Là, aujourd'hui, il y en a 4 ou 5.
03:57 On va vendre 250 grammes de poissons bretons pour 3 euros le paquet.
04:00 Et dans le sachet craft, c'est vraiment sympa, ça fait en basse marge.
04:03 [Musique]
04:10 [Sonnerie de fin]
04:12 [SILENCE]