Clément Leturcq organise un « ramassage gratuit » de ses cinq hectares de betteraves mercredi 8 au vendredi 10 novembre. L’objectif : éviter le gâchis alors que l’agriculteur ne peut pas commercialiser ces légumes en raison de leur aspect peu esthétique.
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00:00 Regarde, est-ce que tu veux acheter un truc comme ça ?
00:02 Si tu la coupes après, pourquoi pas.
00:05 Il n'a pas pu les vendre dans le commerce.
00:07 Parce qu'ils ne sont pas belles.
00:08 Que ça pourrisse sur place, autant le faire pour éviter les gens
00:11 qui sont dans le besoin.
00:12 Hop, vendu.
00:14 Moralement, c'est très compliqué.
00:15 Quand vous avez travaillé du mois de mars jusqu'au mois d'octobre,
00:18 c'est compliqué de venir en se disant
00:20 "ben voilà, tout le travail que tu as fait, là tu vas tout retourner".
00:22 Là, on est dans la parcelle de Métrave Rouge,
00:24 ça ne remplit pas les critères qualité.
00:26 Donc là, ça ne sera pas vendu à la grande surface.
00:28 A priori, c'est un souci qualité au niveau des semences.
00:31 Après, ça ne reste que du visuel.
00:35 Donc vous enlevez la petite tâche qui est sur les betteraves.
00:38 C'est comestible, oui.
00:39 En fait, nous on le vend à des cuiseurs.
00:41 Les cuiseurs, c'est vendu pour après faire des sachets sous vide.
00:43 Donc ça, ça restera visuel dans le sachet.
00:46 Ce n'est pas possible, ils ne peuvent pas le commercialiser.
00:48 Ah, le fermier qui glane aussi !
00:50 Un gros betterave en haut du champ.
00:52 Ah bon ?
00:54 Merci du conseil jeune homme.
00:55 Du coup, là, c'est une parcelle que j'ai décidé de mettre en eau
00:57 avant de la retourner.
00:58 Au lieu de la retourner bêtement, je me suis dit, voilà,
01:01 avec tout ce qu'on entend quand même à la télé, etc.
01:03 Je vois aussi les coûts des paniers qui augmentent sacrément.
01:06 Même moi, je me pose des questions en me disant,
01:07 mais où est-ce que ça va s'arrêter ?
01:08 Oh là là là là là là là là, putain !
01:11 Wouah !
01:13 Moi, je ne me baisse pas, regarde !
01:15 Regarde, comme les footballeurs.
01:16 Hop, un petit coup de pied, mais je ne peux pas payer pareil par contre.
01:19 Ce n'est pas les mêmes salaires.
01:21 Oh non, celle-là, je ne sais pas.
01:23 Elle n'est pas catholique celle-là.
01:25 Attends, il y en a une belle là.
01:26 Oh la vache !
01:27 Heureusement que j'ai pris mon crochet parce que
01:29 la terre, c'est vachement compact.
01:31 Hop, tu vois avec la terre, s'il y a un petit trou,
01:32 je bouge avec la terre, voilà.
01:34 Roule ma poule.
01:35 Et hop !
01:36 Tu sais, quand tu es à la retraite,
01:37 tu ne gagnes pas des mille et des cents.
01:39 Donc, dans le besoin, malheureusement,
01:43 pas trop le choix.
01:45 Tu sais, avec ce qu'on gagne, on survit.
01:49 Forcément, de voir des personnes qui sont ici dans la parcelle
01:52 récupérer normalement le fruit de votre travail,
01:54 gracieusement,
01:55 c'est quand même quelque chose qui n'est pas simple mentalement.
01:58 C'est loin d'être simple.
02:00 C'est pour ça que, moins je suis dans la parcelle,
02:01 mieux je me porte.
02:01 Alors, moi, le minima de perte,
02:03 donc là, si je ne prends que le côté charge,
02:04 ça va être 40 000 euros.
02:06 Après, si je prends charge,
02:07 plus le bénéfice que j'aurais dû faire,
02:09 c'est entre 40 000 et 60 000 euros.
02:10 Après, nous, on est quand même lucide sur la situation.
02:13 On sait très bien en cours, on s'engage.
02:14 On sait très bien qu'il ne faut pas qu'il y ait de soucis de qualité, etc.
02:17 Ça reste un marché qui est quand même de plus en plus exigeant.
02:20 Malheureusement, ce que les gens n'arrivent pas à comprendre,
02:24 c'est que le souci de qualité là,
02:26 en fait, c'est le consommateur qui le demande.
02:27 Dès l'instant que le fruit, le légume est un peu cabossé,
02:32 les gens ne prennent pas.
02:34 Alors qu'ils ont le même goût.
02:36 Vous en avez ramassé quelques-unes, c'est comment ?
02:38 Il y en a beaucoup d'abîmés.
02:39 Il faut trier.
02:40 Mais je pense que ça aurait pu être vendable en partie
02:44 si les gens étaient moins difficiles.
02:46 Regardez !
02:49 On venait juste d'arriver.
02:50 Voilà.
02:51 Et elles auront le goût de betterave rouge,
02:53 même si elles ne correspondent pas à ce que les gens veulent.
02:57 T'as tout dans la chariote.
02:59 Là, j'ai fait deux trucs comme ça de betterave.
03:03 Vous déclarez forfait, madame ?
03:04 Oui, je déclarais forfait.
03:05 Ah, vous en avez ramassé un petit peu quand même.
03:08 Oui, il y en a assez.
03:09 Oui, il n'y a pas tellement de chaussures sales.
03:13 [SILENCE]