• il y a 7 mois

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 8h51. Emmanuel Ducrot, bonjour Emmanuel. Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 Bonsoir Arthur, on est avec vous dans l'actualité législative. Il n'y a pas que la fin de vie en ce moment à l'Assemblée,
00:09 on y discute aussi du projet de loi agricole. Texte censé répondre, on s'en souvient, à la colère des agriculteurs.
00:15 Jeudi dernier, un amendement a été voté pour augmenter la part de l'agriculture biologique dans l'agriculture française.
00:22 Oui, la loi dit maintenant que l'État se donne comme objectif que la surface agricole cultivée en agriculture biologique
00:27 atteigne 21% en 2030. L'objectif a été voté par toutes les formations politiques sauf le RN.
00:34 Et vous dites que cette proposition pose problème.
00:36 Oui, parce que ça revient à doubler les surfaces bio en France. On est actuellement à 11% et vous allez me dire "bah pourquoi pas".
00:42 Sauf que les imprécations ne marchent pas. Le précédent objectif français prévoyait 15% de surface à la fin 2022
00:49 et il n'a évidemment pas été atteint.
00:51 Oui, peut-être que l'inscrire dans la loi, ça va permettre d'y parvenir.
00:54 Rien n'est moins sûr, mais il faut surtout se poser la question de savoir pourquoi.
00:58 Je passe sur le fait que les mérites de l'agriculture bio sont moins éclatants qu'il y paraît,
01:02 notamment parce que c'est un usage des terres assez peu rationnel, vu que les rendements sont deux fois inférieurs et les aléas très importants.
01:08 Mais l'agriculture bio, c'est aussi beaucoup de main d'oeuvre qui rend les productions très chères et puis surtout de la main d'oeuvre qu'on ne s'est pas trouvée.
01:14 Mais selon vous, le vrai problème Emmanuel, est ailleurs. Pour qui va-t-on développer cette agriculture biologique ?
01:21 Pour ceux qui ont les moyens de payer l'alimentation 20 à 50% plus chère.
01:25 Alors ça tenait à peu près avant la vague d'inflation, mais la flambée des prix a balayé le modèle.
01:30 Le marché du bio a perdu 550 millions en deux ans.
01:34 Les ventes dans la distribution spécialisée ont chuté de 12%.
01:38 La grande distribution classique a massivement déréférencé les produits bio.
01:41 Il ne trouve plus preneur ou alors en écrasant les prix.
01:44 Même le coup de pouce que devaient donner les cantines scolaires qui doivent donner 25% de leur offre en bio, selon Egalim, n'a pas marché.
01:51 On n'a tout simplement pas les budgets.
01:52 Le pire de tout ça, c'est qu'il y a 10 ans, le bio fonctionnait.
01:55 C'était un marché de niche, mais il vivait bien.
01:58 Et quand l'État a commencé à vouloir le développer sans se soucier des débouchés, il a tout fichu en l'air.
02:02 Et visiblement, là, il n'a toujours pas tiré les leçons de cette expérience.
02:06 Les députés se mêlent de ceux qui ne les regardent pas, Emmanuel ?
02:09 Oui, ils pensent qu'un marché, ça se décrète.
02:11 Alors que de nombreuses fermes bio vivent maintenant mal.
02:14 Elles ont envie de faire marche arrière.
02:16 Eh bien, on va envoyer au casse-pipe toute une génération en en faisant encore plus.
02:21 Ça n'est pas un raisonnement économique, c'est un raisonnement émotionnel.
02:24 Alors vous allez me dire, il n'y a pas que l'économie dans la vie.
02:26 Je vais répondre, il y a aussi l'économie dans la vie.
02:29 La durabilité de l'agriculture repose sur trois piliers.
02:31 La durabilité écologique, la durabilité pour l'agriculteur et puis la durabilité économique.
02:36 Les fermes pourront être bio.
02:38 Si les agriculteurs renoncent, si les fermes bio font faillite, on aura tout simplement gâché du temps, de l'énergie,
02:44 de la ressource qu'on aurait pu mettre à améliorer écologiquement des pratiques conventionnelles plus solides et plus abordables.
02:50 Les députés n'ont rien appris après la crise agricole du désir des agriculteurs de vivre de leur travail.
02:56 Ici, on est sur la terre battue et moi je vous parle de la terre qui se bat.
03:00 Oh joli ! Merci beaucoup Emmanuel Ducroix.
03:02 Signature Europe 1, 8h54.

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