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Pascal Airault reçoit Ibrahim Kalil Konaté, ministre de la Transition numérique et de la digitalisation de Côte d’Ivoire

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00:00 [Musique]
00:04 Khalil Konaté, bonjour.
00:05 Bonjour.
00:05 Vous êtes ministre de la transition numérique et de la digitalisation dans le gouvernement de Côte d'Ivoire.
00:12 Alors vous avez fait une longue carrière dans les sociétés publiques, la Petrosi, l'Association des mines,
00:17 le Bureau d'études nationale, le Bnet.
00:20 Mais aujourd'hui, vous êtes à la tête de la transition numérique
00:25 et vous êtes venu au salon VivaTech en France avec une vingtaine de start-up ivoiriennes.
00:33 Qu'est-ce que vous recherchez ?
00:34 Des partenariats ? Faire connaître les entreprises de votre pays ?
00:39 Merci, je vous remercie.
00:41 Nous sommes venus avec 20 start-up cette année.
00:43 Effectivement, contrairement à l'année dernière où elles étaient seulement 12,
00:49 pour permettre à ces entreprises, ces PME, de se développer, de se créer et d'avoir des partenariats,
00:57 surtout financiers, parce que ce secteur-là, c'est l'avenir et les investissements importants,
01:04 c'est le secteur privé et c'est dans ce type d'événements qu'on peut rencontrer des acteurs.
01:10 Est-ce que vous pouvez nous donner quelques exemples de sociétés ?
01:12 Elles sont dans l'agriculture, dans les FinTech, dans les GreenTech ?
01:16 Oui, nous avons ces 20 sociétés, ces 20 start-up.
01:22 Il y a la FinTech, il y a Djammo, qui est un bon exemple, qui a bien marché.
01:27 Il y a Innoving et il y a Keyua.
01:31 Vraiment des start-up qui mêlent technologie, avenir et tradition, par exemple.
01:38 C'est-à-dire ?
01:41 Des procédés utiles, par exemple, pour l'agriculture ?
01:45 Comment faire pour que l'agriculture soit un peu plus performante,
01:49 à partir de l'introduction de la technologie numérique ?
01:52 Donc ça peut être de la digitalisation, des parcelles,
01:55 des solutions techniques pour les agriculteurs, des choses comme ça ?
01:57 Voilà, c'est ça.
01:58 C'est des solutions techniques pour améliorer la compétitivité de la production,
02:04 la commercialisation de leurs activités, de leurs productions.
02:07 Donc l'idée, c'est de les mettre en relation aussi avec d'autres entreprises internationales qui travaillent dans ce...
02:13 D'autres entreprises, je leur ai dit qu'il faut s'ouvrir.
02:17 Il faut s'ouvrir dès lors que vous êtes créés.
02:19 Ouvrez-vous, expliquez, faisons la promotion.
02:22 C'est pour ça que nous avons le Start-up Act que nous avons fait,
02:25 pour accompagner les start-up dans la promotion de leurs produits,
02:30 de leur création, de leurs innovations.
02:32 S'ils ont des partenaires financiers qui sont prêts à les accompagner,
02:36 bien entendu l'État est à côté, qui a investi.
02:39 Le président Alassane Ouattara a décidé de mettre 1 milliard pour accompagner ces start-up-là dès le début.
02:46 Et il faut qu'il s'ouvre vers le privé, des partenaires un peu plus financièrement nantis
02:53 pour les accompagner dans leur développement.
02:55 Où est-ce qu'on en est sur les infrastructures lourdes en Côte d'Ivoire ?
02:59 Est-ce que le maillage, le réseau est présent sur tout le territoire ?
03:04 J'ai l'impression qu'il y a encore quelques zones blanches dans lesquelles l'État essaie d'aider les investisseurs privés
03:10 à installer toutes les infrastructures nécessaires au développement du numérique ?
03:17 Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire, je peux le dire clairement, c'est 92% de couverture 2G, 3G,
03:25 91,6% de couverture 4G.
03:29 Ça veut dire d'habit-geant à Corobo, passe-emparement, ferquet,
03:32 tout le maillage est là.
03:35 On a encore quelques zones blanches qui sont en train d'être adressées par un programme spécial
03:40 en lien avec notre opérateur qui est en charge de cette question, l'ANSYT.
03:44 Donc 598 zones blanches sur plus de 8500 localités.
03:50 Vous comprenez avec moi que les choses avancent très bien du côté de la couverture numérique en Côte d'Ivoire.
03:57 Quelle part dans le PIB national ? C'est un secteur porteur pour l'économie ?
04:00 3%, mais il faut noter qu'il y a 7% de croissance de ce PIB.
04:05 Par exemple, le chiffre d'affaires de Telco l'année dernière, c'est 1,6 milliard d'euros.
04:11 1079 milliards de francs CFA.
04:15 C'est un secteur qui est essentiellement investi par les jeunes.
04:18 Est-ce que les écoles, notamment, je parle de la plateforme de Yamoussoukro,
04:22 il y a tout l'environnement universitaire, participent au développement de cette économie numérique ?
04:27 Oui, naturellement. Vous savez, la Côte d'Ivoire a une population jeune de plus de 60%, 75% aujourd'hui.
04:35 Le numérique, c'est l'avenir. L'avenir, c'est la jeunesse.
04:39 Le président Alassane dit accélérer la transformation de notre économie par l'introduction des technologies numériques.
04:46 Cela se fait avec qui ? Avec la jeunesse.
04:49 Voilà pourquoi nous avons des partenariats avec l'INSET.
04:53 Mais on a une structure importante qui est l'ESATIC.
04:58 L'ESATIC qui forme dans divers secteurs du numérique.
05:03 Aujourd'hui, c'est une école interafricaine qui reçoit même des étudiants d'autres pays de la sous-région
05:11 et l'école multinationale des postes et des télécommunications, les MSP,
05:16 qui forment aussi des cadres dans le domaine de la tech.
05:20 D'accord. Et au niveau de l'environnement juridique, je crois que vous avez un Startup Act.
05:25 Startup Act.
05:26 Oui, Startup Act.
05:27 Le Startup Act. Vous avez le programme de développement des startups, le PADS.
05:37 Et c'est à peu près 40 millions d'euros qui vont être investis dans les jeunes,
05:45 financement BOAD et Banque mondiale, pour accompagner, permettre aux startups de se créer,
05:52 de se développer et de s'accroître par le financement propre.
05:57 J'ai discuté avec madame la secrétaire d'État au numérique de la République française,
06:04 qui nous a donné des pistes.
06:06 Il faut noter que le secteur, c'est l'avenir.
06:09 Et il faut amener les opérateurs privés, les entreprises privées à participer aux côtés de l'État,
06:18 à la mise en place d'un véhicule financier pour accompagner ce développement.
06:22 Les fonds financiers, mais est-ce que vous avez aussi des écosystèmes particuliers
06:27 qui rassemblent les startups, comme on a chez nous la station…
06:30 Absolument.
06:31 Oui, votre modèle, Station Health.
06:33 Nous avons le même modèle qui est abrité dans l'immeuble où mes bureaux sont,
06:40 l'immeuble Postel 2001.
06:42 Nous allons… le Campus Startup qui est porté,
06:46 c'est une initiative de la présidence de la République pour montrer comment le président de la République
06:50 estime qu'il faut accompagner ces jeunes. Voilà.
06:54 Il y avait un ancien projet aussi à Bassam, si je me souviens bien,
06:56 de développement d'un tout espace numérique. Où est-ce qu'on en est ?
06:59 Oui, c'est Vitib, la zone franche.
07:04 C'est un projet qui se porte bien, tant bien que mal.
07:08 Nous sommes en train de réorienter un certain nombre d'éléments là-dessus.
07:12 Nous avons présenté des solutions au chef de gouvernement
07:16 qui va nous recevoir avec les investisseurs,
07:20 qu'on a décidé de faire entrer des investisseurs privés
07:23 dans le développement de la zone franche de Bassam, de Vitib.
07:27 Donc, il se porte bien.
07:30 Nous n'obstons du fait qu'il y a eu des petits problèmes au démarrage,
07:34 mais nous sommes en train de remettre tout ça en place
07:37 pour que les résultats attendus soient obtenus.
07:41 La Côte d'Ivoire est aussi soumise, comme la plupart des pays du monde,
07:49 parfois à des tentatives de désinformation,
07:52 de la besoin de lutter contre les fake news et tout ça.
07:56 Comment favorisez-vous l'environnement juridique ?
08:00 Je crois qu'il y avait une loi qui est passée récemment au Sénat
08:04 relative aux communications électroniques.
08:08 Voilà, et nous avons d'abord adopté la loi sur la promotion des startups numériques.
08:17 Voilà ce qui nous donne un peu plus de ressources
08:20 pour accompagner les startups à ce niveau-là.
08:23 Deuxièmement, nous avons fait adopter le 7 mai dernier
08:30 la loi sur les communications électroniques.
08:32 Des innovations majeures sont apportées dans cette loi,
08:36 notamment la question de l'itinérance nationale,
08:39 de sorte que les opérateurs puissent mutualiser leurs infrastructures
08:44 pour éviter que tout le monde ait plusieurs numéros, par exemple.
08:50 Et deuxièmement, nous mettons l'accent sur l'indépendance du régulateur,
08:56 l'autorité de régulation du secteur de la télécommunication TIC, la RTCI.
09:02 Et enfin, nous allons vers la protection des personnes,
09:08 de la vie privée des individus.
09:12 Parce que vous êtes toujours...
09:13 Un sujet qui a posé quelques problèmes aux journalistes,
09:16 enfin aux représentations, aux représentants de Médiapart qui disent
09:19 "ça va empêcher un peu la liberté d'investigation".
09:21 Ils ont été rassurés depuis ?
09:23 Oui, puisqu'ils ont été rassurés dans la mesure où ceux-mêmes
09:25 qui étaient à la base de cette petite polémique ont été reçus par moi-même.
09:29 Je leur ai expliqué que l'investigation est différente de l'espionnage.
09:34 Investiguer, c'est investiguer.
09:36 Faire de l'espionnage, c'est faire de l'espionnage.
09:39 Et ça, c'est puni par la loi.
09:42 Donc il ne fallait pas faire d'amalgame.
09:45 Un dernier mot, M. le ministre.
09:47 Je crois que vous êtes en train d'établir un important partenariat
09:52 avec les États-Unis sur le sujet.
09:55 Je crois qu'à la clé, il peut y avoir des financements très importants
09:59 pour l'économie numérique du pays.
10:01 En réalité, il s'agit d'hommes d'affaires américains et privés
10:07 qui ont décidé de s'investir dans le secteur du numérique en Côte d'Ivoire
10:11 comme en Afrique.
10:12 Et qui sont accompagnés par une banque américaine
10:16 qui a mis des ressources, 500 millions de dollars
10:19 qui peuvent progresser à un milliard de dollars.
10:22 Mais à la base, il faudrait que ce soit des entreprises américaines
10:27 qui soient bénéficiaires de ces ressources-là.
10:29 Et donc c'est dans ce cadre-là que nous sommes en train de…
10:31 – Dans le hard, dans le…
10:33 – Oui, je vais vous dire un exemple.
10:38 Le pilier 1 de la stratégie nationale du développement du numérique
10:41 en Côte d'Ivoire 2021-2025,
10:43 dit qu'il faut densifier les infrastructures.
10:47 Et dans notre stratégie de gestion des données,
10:51 on a décidé de faire en sorte que la Côte d'Ivoire soit souveraine
10:54 en matière de collecte de données et de gestion des données.
10:57 Et cela passe par la construction de centres de données,
11:00 des "data centers".
11:01 – Sur la souveraineté numérique.
11:02 – Sur la souveraineté numérique.
11:03 Et ces "data centers", c'est une entreprise américaine
11:06 qui, accompagnée par cette banque américaine-là,
11:09 vient pour nous accompagner dans la mise en œuvre.
11:12 Et comme le président nous a instruit de faire en sorte
11:17 que les technologies numériques soient dans tous les secteurs d'activité,
11:21 bien entendu, il faut se prémunir des risques,
11:24 des risques en termes de cybersécurité.
11:27 Donc on va commencer à monter aussi des centres d'opérations de sécurité,
11:32 des installations informatiques,
11:33 pour éviter d'être l'otage de notre stratégie
11:36 qui a consisté à introduire les technologies numériques
11:40 dans tous les secteurs.
11:41 Parce que pendant que nous cherchons à développer,
11:43 bien entendu, d'autres cherchent à faire des intrusions
11:49 dans les systèmes que nous montons.
11:51 Voilà comment nous allons aller, même à la création de l'ANSI,
11:55 l'Agence Nationale de Sécurité Informatique.
11:59 – Monsieur le ministre, merci.
12:00 – Merci, c'est moi qui vous remercie.
12:02 [Musique]
12:06 Sous-titrage Société Radio-Canada

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