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Transcription
00:00 Direction le Donbass à présent, où la Russie agite de nouveau la menace nucléaire.
00:03 L'armée russe a effectivement fait savoir hier qu'elle avait débuté près de l'Ukraine
00:07 des exercices militaires sur l'utilisation d'armes nucléaires tactiques.
00:11 Le Kremlin dit répondre aux menaces occidentales.
00:15 C'est le Décryptage du jour avec vous Bilal Tarabi.
00:16 Bonjour Bilal.
00:17 Bonjour Elisabeth.
00:18 Peut-être commencez par nous rappeler ce qu'est une arme nucléaire tactique.
00:23 Alors concrètement, c'est comme une arme nucléaire stratégique,
00:26 mais en moins puissant et de portée plus courte.
00:29 Mais comme on parle de puissance, je vous propose de regarder ces chiffres
00:33 pour voir où est-ce qu'on se situe.
00:35 Alors une arme nucléaire tactique, c'est entre 1 et 100 kilotonnes d'explosion.
00:41 Alors un kilotonne, c'est l'équivalent de 1 million de kilos de TNT.
00:46 Donc ça n'est pas rien.
00:47 Une arme nucléaire tactique, c'est entre 1 et 100.
00:50 Hiroshima, c'était 15.
00:53 L'explosion du port de Beyrouth, c'était 2.
00:55 Et ce qu'on appelle une arme nucléaire stratégique depuis les années 60,
00:59 ça va jusqu'à plus de 3000 fois Hiroshima.
01:02 Donc une arme nucléaire tactique, c'est certes moins puissant,
01:05 mais ça reste quand même capable de raser une ville.
01:10 Comment se présentent ces armes nucléaires tactiques
01:13 qu'on n'a évidemment pas l'habitude d'appréhender ?
01:14 Alors comme des armes balistiques standards ou normales,
01:17 mais modifiées au lieu d'avoir une charge d'explosifs standard, conventionnelle,
01:22 il y a une charge d'explosifs nucléaires.
01:25 Donc ça peut être dans un missile, largué depuis un bombardier,
01:29 depuis un avion chasseur.
01:31 Ça peut être un obus tiré par une pièce d'artillerie, par un char,
01:38 voire même dans les années 70, vous aviez des bazookas
01:41 qui étaient adaptés pour tirer des charges nucléaires.
01:44 Alors en l'occurrence, de quoi on parle ici ?
01:46 On le voit sur ces images.
01:47 On parle des supposées armes nucléaires tactiques.
01:51 C'est ce que l'on voit à l'écran.
01:52 C'est ce que l'on voit à l'écran, exactement.
01:54 Ce sont des missiles iskanders qui sont utilisés régulièrement pour frapper l'Ukraine.
01:58 Ce sont des missiles plutôt de courte moyenne portée, 500 km,
02:03 et qui seraient donc modifiés pour accueillir des charges nucléaires.
02:09 Et on voit le bout de l'engin un peu flouté.
02:12 Exactement, le bout de l'engin flouté,
02:14 parce que le ministre de la Défense russe qui diffuse ces images
02:18 veut maintenir le flou autour de l'adaptation de sa technologie.
02:22 Le ministère de la Défense russe, parlons-en,
02:24 il déclare que ces exercices sont une réponse
02:27 aux déclarations de certains responsables occidentaux,
02:29 sans évidemment les nommer.
02:30 C'est une allusion à Emmanuel Macron,
02:31 qui a, le premier, publiquement envisagé l'envoi de troupes françaises en Ukraine.
02:37 Alors, il ne les nomme pas, mais ce matin,
02:39 le ministère des Affaires étrangères, lui, a nommé Emmanuel Macron
02:43 en disant que si jamais il décidait de déployer des troupes en Ukraine,
02:46 la réponse de la Russie ne serait pas que politique.
02:49 Ce qu'on rappelle quand même,
02:50 c'est que depuis qu'il a envahi l'Ukraine à grande échelle,
02:54 Vladimir Poutine agit constamment la menace du nucléaire
02:58 pour faire peur aux populations.
03:00 Ce qu'il faut bien réaliser,
03:02 c'est que le Kremlin est parfaitement au courant des débats qui ont cours.
03:07 Par exemple, en France, sur cette question,
03:10 il sait que la classe politique est divisée
03:12 et il sait qu'il y a une partie de la population
03:14 qui ne veut pas aller faire la guerre en Ukraine
03:16 et a fortiori, s'il y a la menace du nucléaire.
03:20 Alors, question quand même, si ces armes nucléaires tactiques
03:24 n'ont jamais été utilisées jusqu'à présent sur aucun champ de bataille,
03:27 c'est qu'il y a une raison.
03:29 La raison, c'est que ce sont des armes qui sont trop dangereuses,
03:31 qui sont trop destructrices, qui sont quasi suicidaires.
03:35 Et même Volodymyr Zelensky n'y croit pas à l'emploi de ces armes.
03:40 C'est ce qu'il a dit hier.
03:41 Peut-être on va voir ce qu'il a dit au New York Times
03:44 dans cette interview qui a été publiée il y a quelques heures,
03:47 où Volodymyr Zelensky dit que si Vladimir Poutine
03:51 n'a pas utilisé l'arme nucléaire,
03:54 c'est parce qu'il est peut-être irrationnel,
03:56 mais surtout parce qu'il aime beaucoup sa propre vie, je le cite,
03:59 et que l'utilisation des armes nucléaires n'est pas une ligne rouge,
04:02 mais c'est la troisième guerre mondiale.
04:04 Cela étant, l'Ukraine reste en grande difficulté
04:07 et demande aux pays occidentaux de s'impliquer directement dans cette guerre.
04:12 On va peut-être réécouter d'abord ce que disait hier Dmitry Kouleba,
04:16 le ministre ukrainien des Affaires étrangères.
04:45 On va quand même un peu plus loin dans le propos
04:48 par rapport à ce qu'on était habitué jusque-là. Il a raison.
04:50 En fait, tout est une question d'interprétation
04:54 au niveau des arguments juridiques,
04:56 mais ce que dit Dmitry Kouleba traduit une réalité.
05:00 Et là aussi, je vous propose de regarder des chiffres,
05:02 une comparaison entre avril 2023 et avril de cette année,
05:06 donc le mois dernier, des frappes russes sur le territoire ukrainien.
05:10 Il y a un an, en avril 2023, il y a eu à peu près 25 missiles
05:15 tirés. Le mois dernier, c'était 145 qui ont été tirés.
05:19 Il y a un an, la défense antiaérienne ukrainienne
05:22 arrivait à en intercepter 90%.
05:24 Le mois dernier, c'était à peine 45%.
05:27 Et il y a un an, il y a deux régions sur les 24
05:30 que compte l'Ukraine qui ont été visées.
05:32 Et le mois dernier, 16.
05:34 Donc ce que dit Dmitry Kouleba, c'est surtout que la situation,
05:37 eh bien, elle est grave.
05:39 Les Russes accentuent la pression et en face,
05:42 on a de plus en plus de mal à intercepter les engins tirés sur l'Ukraine.
05:46 Merci beaucoup, Bilal Tarabai pour le décryptage.

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