• il y a 7 mois
Ce mercredi sur France Inter, un Grand entretien sous forme de plateau sur la réforme de l'audiovisuel public avec Julia Cagé, spécialiste de l'économie des médias et Quentin Bataillon, député Renaissance et rapporteur de la mission d’information sur l’audiovisuel public. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-22-mai-2024-8317300

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Et un grand entretien en forme de débat, ce matin, consacré à la réforme de l'audiovisuel
00:05 public, qui pourrait conduire d'ici 2026 à la fusion, à ce stade, de France Télévisions,
00:12 Radio France et de l'INA.
00:14 Alors, pourquoi fusionner ces entités, aujourd'hui autonomes ? Qu'est-ce qui est attendu de
00:19 cette future entreprise unique ? Quelle synergie ? Quel risque aussi, dans ce bouleversement
00:26 du paysage ? Intervenez, amis auditeurs, amis auditrices, au 01 45 24 7000 et sur l'application
00:33 de France Inter.
00:34 Pour en parler, ici en studio, Quentin Bataillon, bonjour.
00:38 Député Renaissance de la Loi, rapporteur de la mission d'information sur l'audiovisuel
00:44 public, auteur et rapporteur de la proposition de loi organique sur le financement de l'audiovisuel
00:51 public.
00:52 Vous portez donc ce texte, vous le défendez, vous nous direz pourquoi.
00:56 Et puis nous sommes aussi avec Julia Cagé, bonjour.
00:59 Professeure d'économie à Sciences Po Paris et spécialiste de l'économie des médias.
01:05 Bonjour à tous les deux, donc, une fois encore, merci d'être à ce micro.
01:09 Cette réforme d'ampleur arrive demain et vendredi, demain ou vendredi, selon le calendrier
01:16 parlementaire à l'Assemblée Nationale.
01:18 Adopté en commission, la proposition de loi relative à la réforme de l'audiovisuel
01:24 public et à la souveraineté audiovisuelle, suscite l'inquiétude des syndicats de Radio
01:29 France comme de France Télévisions, qui ont déposé un préavis de grève pour jeudi
01:34 et vendredi.
01:35 Alors, avant d'en venir au pourquoi de cette réforme, un mot, Quentin Bataillon, sur les
01:40 propos de la ministre de la Culture, Rachida Dati, dimanche soir, qui ont pu étonner quand
01:45 on sait combien les programmes de la télé et de la radio publique sont plébiscités.
01:49 L'audiovisuel public est aujourd'hui affaibli et en danger, a-t-elle dit ? Affaibli, en
01:55 danger, c'est le constat que vous dressez aussi ?
01:58 Écoutez, déjà, merci de m'inviter ce matin, je sais qu'il y a des inquiétudes,
02:03 notamment au sein de cette grande maison de Radio France.
02:05 Il est donc important de venir échanger et d'expliquer cette réforme.
02:08 Vous l'avez dit, cette réforme est portée par la ministre de la Culture, Rachida Dati,
02:12 mais elle est très attendue par le Parlement, puisque ça fait dix ans que l'Assemblée
02:15 et le Sénat appellent de leur vœu cette réforme au cours de missions ou de textes parlementaires.
02:20 Ensuite, pourquoi cette réforme ? Déjà, parce que nous sommes convaincus de l'importance
02:24 de l'audiovisuel public, et notamment de Radio France, importance démocratique, importance
02:29 en termes de qualité d'information, importance aussi pour la diversité culturelle, puisque
02:32 c'est grâce à vous que ceci est garanti pour tous sur le territoire français.
02:37 Ensuite, parce que nous sommes convaincus que le statu quo n'est plus possible.
02:40 Je reprends à ce moment-là les propos de Madame la ministre.
02:42 Elle a raison de dire qu'il y a des dangers face à l'audiovisuel public.
02:45 Je pense notamment aux plateformes, je pense notamment aux réseaux sociaux par rapport
02:48 aux informations, et ceci demande le renforcement de l'ensemble de cette maison de service
02:53 public qui est extrêmement importante.
02:54 Pour nous, il est donc important de renforcer, de réformer rapidement, de manière à additionner
02:59 les forces et jamais les soustraire.
03:00 On va venir aux plateformes, mais quand on dit affaiblis, c'est que personne n'écoute
03:05 la radio ou ne regarde la télé publique quand un bataillon hors France Télévisions,
03:09 vous le savez, est le premier groupe audiovisuel français.
03:13 30% de part d'audience en 2023, 4 Français sur 5 qui regardent les chaînes publiques
03:18 chaque semaine.
03:19 Radio France, où nous sommes ? Premier groupe radio avec près de 15 millions d'auditeurs
03:24 tous les jours.
03:25 France Inter, première radio de France.
03:27 Affaiblis, vraiment ? Ces chiffres démontrent le contraire, non ?
03:30 La ministre a raison de dire qu'il y a des dangers et qu'il faut effectivement
03:34 rassembler les forces face à ces dangers.
03:35 Ensuite, vous avez effectivement un travail exceptionnel qui est fait ici.
03:39 Je pense aussi à l'international, je pense aussi à la proximité.
03:41 France Bleu, France 3, la marque ici, joue un rôle extrêmement important aussi pour
03:45 la confiance de nos concitoyens envers l'information.
03:48 Et je pense notamment chez moi, c'est le cas à Saint-Etienne.
03:51 Ensuite, nous devons effectivement faire face à la réalité.
03:55 Il peut y avoir parfois sur certaines antennes ou certaines chaînes un vieillissement des
04:00 auditeurs ou des téléspectateurs.
04:01 Mais moi, je pense que je tiens vraiment à ce que cette réforme se concentre sur les
04:05 dangers et non pas sur quelconque faiblesse.
04:09 Avez-vous le sentiment, Julia Cagé, que le service public audiovisuel, télé-radio,
04:13 est affaibli et en danger ?
04:14 Il a été affaibli par la majorité et par Emmanuel Macron depuis son arrivée au gouvernement
04:20 en 2017.
04:21 Ce qui est vraiment frappant puisque vous citiez Saint-Etienne.
04:24 On pourrait citer France Bleu, Loire-Océan qui était en grève pendant plusieurs semaines
04:28 en 2019 pour protester contre des conditions de travail qui étaient dégradées.
04:31 Pourquoi ? Parce que si vous prenez en fait les investissements
04:34 qui ont été faits par le gouvernement dans l'audiovisuel public depuis 2017, ils ont
04:38 été en forte baisse.
04:39 Entre 2017 et 2022, je vais juste donner deux chiffres pour que les auditeurs se rendent
04:43 compte.
04:44 Entre 2017 et 2022, ramenés au revenu national, les ressources publiques de France Télévisions
04:50 ont baissé de 20%.
04:51 C'est du jamais vu.
04:52 En termes d'effectifs, vous avez eu 550 départs depuis 2017 pour France Télévisions,
04:58 plus de 150 départs pour Radio France.
05:00 Vous avez une baisse d'environ 5% des effectifs en un quinquennat.
05:03 Et ça a été fait de manière volontaire.
05:05 Ça a été fait avec la baisse de la redevance de 139 euros à 138 euros.
05:11 Puis ensuite avec la désindexation de cette redevance de l'inflation.
05:16 Ensuite, elle a été supprimée en 2022 et là on essaie toujours de retrouver une solution
05:19 alors qu'on est en 2024.
05:20 C'est-à-dire que vous avez une radio, vous avez une télévision publique qui fonctionne
05:24 très bien.
05:25 Il n'y a pas d'affaiblissement quand on parle d'audience, du travail des journalistes,
05:29 de l'investissement, y compris de l'investissement dans les nouvelles technologies, les succès
05:33 des podcasts sont formidables.
05:35 Ça réussit beaucoup mieux sur le service public que dans l'audiovisuel privé.
05:38 Et malgré tout, vous avez eu cette tentation et ces efforts faits par le gouvernement pour
05:44 l'affaiblir financièrement.
05:46 Et moi ce qui me frappe vraiment en fait quand je regarde le texte qui a été adopté en
05:49 commission il y a quelques jours, c'est que ce texte il a été adopté par qui ?
05:53 Par votre majorité, par Les Républicains et par le Rassemblement National dont l'objectif
06:01 a été affiché depuis des années et de privatiser l'audiovisuel public.
06:05 Donc c'est quand même étonnant que le Rassemblement National se retrouve dans cette réforme qui
06:09 veut au bout du compte essayer d'affaiblir un audiovisuel public qui marche beaucoup
06:13 mieux aujourd'hui que l'audiovisuel privé.
06:15 Quand un bataillon vous répond et on avance sur les contours de cette fusion.
06:20 Deux clarifications qui sont importantes dans la première locale, c'est que Saint-Etienne
06:24 dépend de l'antenne Loire-Haute-Loire, mais je remercie Madame Cagé de les saluer avec
06:29 moi.
06:30 En fait nous n'avons pas besoin des voix du Rassemblement National.
06:33 Nous avons deux rapporteurs sur ce texte, deux rapporteurs importants, Jean-Jacques
06:36 Gauthier du groupe Les Républicains et Fabienne Colbert.
06:38 Mais nous n'avons pas besoin de leur voix.
06:40 Nous avons une majorité forte sans eux.
06:43 Ils sont d'accord avec cette réforme ? C'est intéressant de le souligner.
06:45 En tout cas nous n'avons pas besoin de leurs voix, nous n'avons même pas besoin d'ailleurs
06:48 de débattre ou d'échanger avec eux sur ce sujet là.
06:51 Nous connaissons effectivement leurs positions qui sont loin d'être la nôtre.
06:54 Et d'ailleurs ce qui est important, je pense notamment aussi ce matin sur ce plateau,
06:57 c'est qu'il me semble que les gens qui sont attachés au service public, à l'audiovisuel
07:00 public, après avec des projets différents.
07:01 - Alors on va entrer dans le détail de ce qui se profile, parce que les contours sont
07:07 encore flous.
07:08 Mais encore deux mots à ce micro, il y a deux ans, au moment des débats sur la redevance,
07:14 Rachida Dati parlait de la radio publique comme d'un élément essentiel de ce qu'elle
07:18 appelait le parcours républicain.
07:20 Et elle a alerté, on a nivelé l'école, on a abaissé la sécurité, on a paupérisé
07:25 la justice.
07:26 Est-ce qu'on va s'attaquer à l'audiovisuel public pour l'interrogation ? Attention à
07:32 ça.
07:33 Quentin Bataillon, n'êtes-vous pas en train de vous attaquer à l'audiovisuel public
07:37 pour reprendre les mots de l'actuel ministre de la Culture ?
07:41 - Le mode de financement est effectivement très important dans cette réforme.
07:45 Contrairement à Julia Cagé, nous ne souhaitons pas la création d'un nouvel impôt, nous
07:48 avons fait le choix de mettre fin à la redevance.
07:49 Pour autant, ça ne veut pas dire affaiblissement du service public, d'audiovisuel.
07:52 Au contraire, puisque je rappelle que depuis 2023, nous augmentons le budget de l'audiovisuel
07:56 public.
07:57 Et nous allons continuer de le faire.
08:00 Je rappelle que la redevance audiovisuelle à l'époque n'était déjà pas satisfaisante
08:04 et pas suffisante, puisqu'il fallait rajouter de l'argent.
08:06 Et à tout moment, Bercy pouvait revenir sur cet argent que vous rajoutez.
08:09 Et ensuite, celle-ci ne protégeait en rien le visuel public.
08:12 On l'a vu, un simple amendement permettait soit de changer le montant, soit de la supprimer.
08:16 Ce que nous proposons avec la réforme, c'est un texte organique.
08:18 Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est-à-dire que c'est un texte qui a une valeur constitutionnelle,
08:21 en tout cas, qui est dans la ligne droite de la Constitution.
08:24 Ça veut dire que c'est aussi un cran de sécurité supplémentaire pour le visuel public.
08:27 Ça veut dire qu'on va mettre le visuel public au même niveau que les collectivités
08:30 territoriales et que l'Union Européenne.
08:31 Ce n'est pas l'État qui vous donne l'argent, c'est vous qui le prenez.
08:34 Il y aura effectivement toujours un vote au Parlement, mais comme il y a toujours eu,
08:36 parce que c'est effectivement la règle démocratique de notre pays.
08:39 Mais en tout cas, pour nous, c'est extrêmement important.
08:41 Ce sera unique, ce dispositif, dans toute l'Union Européenne.
08:43 Et c'est une vraie protection qu'on apporte à l'audiovisuel public.
08:46 Et je rappelle que ce n'est pas pour faire des économies, puisque le gouvernement et
08:49 la ministre l'ont rappelé.
08:50 La trajectoire budgétaire est confirmée, c'est-à-dire que dans les prochaines années,
08:54 avec cette réforme, on va continuer d'augmenter les moyens de l'audiovisuel public.
08:57 Ça a encore plus de 100 millions qui seront rajoutés l'année prochaine.
08:59 Vous voyez bien qu'on n'est pas encore à la faiblir.
09:01 - Encore un mot sur l'argent et puis avançons sur le fond, s'il vous plaît.
09:03 - Dernier mot sur l'argent, mais c'est quand même important d'avoir les moyens de travailler
09:05 pour les en actes.
09:06 - Je suis d'accord avec vous.
09:07 - Vous allez continuer d'augmenter des ressources qui ont baissé entre 2017 et 2022, qui certes
09:12 ont augmenté cette année, mais qui compensent à peine l'augmentation des coûts de l'inflation.
09:15 C'est la première chose.
09:16 Deuxième chose, ce qui va être unique dans la réforme que vous êtes en train de porter,
09:19 c'est qu'une partie des financements vont être conditionnés.
09:22 Ce qui est important aujourd'hui dans un financement de l'audiovisuel public pour en garantir
09:26 l'indépendance et l'indépendance du travail des journalistes, c'est sa pérennité.
09:30 Et ce qui était intéressant avec la redevance, c'était une ressource affectée.
09:34 C'est-à-dire qu'on n'avait pas une rediscussion chaque année entre le gouvernement et l'audiovisuel
09:38 public.
09:39 Et là, vous êtes en train de conditionner une part du financement, ce que vous n'avez
09:41 dans aucun pays, à part les pays où l'audiovisuel public n'est pas indépendant.
09:45 Donc vous aviez une structure qui marchait bien, avec une redevance qu'il fallait entièrement
09:49 revoir.
09:50 Les propositions que j'ai faites ne constituaient pas un nouvel impôt.
09:53 Je disais simplement que la redevance était un impôt injuste, parce que chacun payait
09:57 le même montant indépendamment de ce revenu.
09:59 Et je voulais le rendre progressif.
10:00 Un peu de justice fiscale, ça ne fait jamais de mal.
10:03 Et là, en fait, vous introduisez un financement qui ne sera pas pérenne et surtout qui remet
10:08 en face à face le gouvernement avec le PDG de cette nouvelle holding et qui affaiblit
10:13 de ce point de vue-là l'indépendance de la holding.
10:17 Vous l'avez dit, quand un bataillon, cette réforme, ce n'est pas pour faire des économies.
10:24 Alors, pourquoi la faire ? Quel est l'objectif ?
10:27 On l'a dit, l'idée, c'est...
10:29 Alors déjà, je prends juste à ma cage pour dire qu'il n'y aura aucun conditionnement
10:33 de ces ressources.
10:34 Au contraire, cette réforme vient de confirmer et approfondir l'indépendance du service public
10:38 et c'est très important.
10:39 Vous l'avez écrit, une partie des ressources serait conditionnée à un plan de transformation
10:43 ? Non, ça sera terminé.
10:44 Le plan de transformation était lié à quoi ? Le plan de transformation était lié à
10:46 des synergies entre les maisons qui n'ont pas été abouties.
10:50 Et c'est pour ça qu'on porte aussi cette réforme structurelle.
10:52 Il n'y aura pas de conditionnement.
10:53 Alors, pourquoi cette fusion ? C'est une question que beaucoup de gens se posent.
10:58 On l'a dit, l'idée, c'est vraiment d'additionner les forces et surtout pas les soustraire.
11:00 Déjà, rassurer tout le monde, ça ne remettra en rien, en question, la force des marques,
11:05 notamment, je pense à celle de France Inter.
11:06 Pourquoi ? Parce qu'il y a un élément de confort.
11:08 Il y a une confiance extrêmement importante de concitoyens derrière l'ensemble de cette
11:11 diversité de marques et d'antennes.
11:13 Ensuite, parce que nous sommes convaincus que c'est grâce à cette structuration qu'on
11:16 pourra faire face aux différents dangers.
11:19 Déjà, un, renforcer la puissance numérique.
11:21 Et Radio France a pris beaucoup d'avance parmi les maisons de l'audiovisuel.
11:24 Et je pense qu'effectivement, tous ces efforts doivent être mis en commun.
11:27 Et il faut que, notamment sur ce point-là, Radio France puisse être moteur.
11:30 Ensuite, l'augmentation des forces face, par exemple, à l'intelligence artificielle,
11:34 face à la lutte contre la désinformation.
11:35 Ça veut aussi dire la coopération des rédactions, qui est extrêmement importante.
11:38 Ça veut dire quoi, ça ? Coopération des rédactions ? Est-ce que ça veut dire synergie
11:43 des rédactions à terme, rédaction unique, avec le service économie de France Média,
11:48 puisque la structure s'appellera comme ça, le service culture de France Média, le service
11:52 environnement ? Est-ce que ça veut dire ça, commun à toutes les antennes ?
11:55 On vient juste de parler d'indépendance.
11:57 Et je pense qu'effectivement, ce n'est pas le rôle des parlementaires d'expliquer
11:59 ce qu'on va faire des rédactions.
12:01 Ce sera le rôle, à la fois, bien sûr, des conventions, mais ce sera surtout le rôle
12:04 du projet, de la personne qui sera choisie par l'Arkom pour diriger cette future maison.
12:09 Donc, ce n'est pas impossible, la page est blanche ?
12:12 Tout ça doit se faire, effectivement, de manière transparente et démocratique.
12:16 Ce sera justement l'objet de l'ensemble des auditions, de l'ensemble des candidatures
12:19 vis-à-vis de l'Arkom.
12:20 Ce qui est important aussi, c'est de valoriser la complémentarité entre les émissions,
12:24 qui va être amplifiée, je pense notamment sur France Inter.
12:26 Affaire sensible, une émission, je pense, où on peut tous se rejoindre, sur le fait
12:29 qu'elle est exceptionnelle.
12:31 Aujourd'hui, elle a aussi sa version sur France Télévisions.
12:33 Et pour autant, la marque n'est pas remise en question et la force n'est pas remise
12:39 en question.
12:40 Et autre élément extrêmement important, notamment dans cette maison de Radio France,
12:42 c'est que cette réforme va aussi permettre l'alignement par le haut des salaires.
12:46 On sait, les conventions sociales sont, on va dire, plus disantes à France Télévisions
12:51 par exemple qu'ici.
12:52 Cette réforme va permettre l'alignement par le haut des salaires des employés de
12:55 Radio France.
12:56 Est-ce qu'on a besoin de la holding pour qu'Affaire sensible passe à la télévision ?
13:01 Il n'y a pas besoin.
13:02 Maintenant, je vais vous poser une question.
13:04 Puisque vous dites qu'il faut additionner les forces, est-ce que vous pouvez m'expliquer
13:08 l'échec de Salto ? L'échec monumental de Salto ?
13:10 À un moment donné, on dit, il y a les plateformes, il faut lutter contre la concurrence des plateformes.
13:15 Qu'est-ce qu'on fait ? On met ensemble TF1, M6, France Télévisions pour faire une plateforme
13:20 française de vidéos à la demande.
13:21 Échec monumental.
13:22 Pourquoi ? Parce que vous avez trois entités qui fonctionnent bien, TF1, M6, France Télévisions,
13:28 qui ont des plateformes de vidéos à la demande qui fonctionnent bien.
13:30 Vous les mettez ensemble pour faire plus gros.
13:31 Et ça crée un échec monumental.
13:33 D'ailleurs, Salto a arrêté l'an dernier.
13:36 Oui, mais pourquoi faire ? C'est ça qui est intéressant.
13:38 Vous dites concurrence des plateformes.
13:40 Vous voulez comparer le chiffre d'affaires de Netflix au chiffre d'affaires de France
13:44 Télévisions ? Si vous prenez le chiffre d'affaires cumulé de toutes les chaînes gratuites,
13:48 privées et de toutes les chaînes publiques en France, on arrive à la moitié des dépenses
13:53 totales d'investissement de Netflix chaque année.
13:55 C'est-à-dire que vous pouvez prendre tout le paysage audiovisuel.
13:57 Non, parce que si vous réunissez les forces, vous créez toujours un nain face à des plateformes
14:02 qui ne sont pas sur le même marché.
14:03 Ils ont un marché international, donc ça ne compte plus.
14:07 Par contre, vous créez une structure qui est moins gérable.
14:09 Et deux, quand même, je le dis ici sur France Inter, Nicolas Demorand, dites-moi si je me
14:13 trompe, il y a quand même des spécificités du métier de la radio.
14:16 On ne fait pas de la radio comme on fait de la télé.
14:18 Oui, je vous confirme, ce sont deux médias différents.
14:20 Les rédactions ont finalement créé un seul média à partir de deux médias différents.
14:24 Je n'ai à aucun moment parlé de fusion.
14:26 Ce sera le rôle après de direction, ce sera aussi le rôle des organisations syndicales.
14:30 D'ailleurs, ce texte, c'est donc ce que vous nous dites ce matin, au fond, c'est que vous
14:35 créez une structure, une architecture.
14:38 Et pour le reste, la page est blanche, c'est ça ?
14:41 Absolument, c'est tout à fait normal.
14:42 Je pense qu'il y a un temps de concertation qui est indispensable, notamment avec les
14:46 organisations syndicales, les employés, avec les journalistes.
14:48 Et ce temps, effectivement, nous, le Parlement, le rôle, c'est de donner l'objectif.
14:51 L'horizon, c'est quoi ?
14:52 C'est une préfiguration avec une holding.
14:54 Ensuite, la fusion de ces maisons.
14:56 Et d'ailleurs, je souhaite que France Média Monde soit aussi dedans parce que l'international
14:59 est extrêmement important et je pense que leur expertise et leur réseau doivent être
15:02 utiles à toute la maison.
15:03 Ensuite, il y a effectivement un temps de garantie qui doit être trouvé.
15:06 On parlait tout à l'heure, par exemple, des directions différentes des antennes.
15:09 On parle également peut-être qu'il faudra l'avenir, qui est notamment sur les premières
15:13 années, pour rassurer les professionnels de la radio qui peuvent parfois se sentir
15:17 comme le parent pauvre.
15:18 Eh bien, il faut à ce moment-là, peut-être qu'il y ait des enveloppes qui soient sanctuarisées
15:22 sur les premières années, que des objectifs, que des ambitions soient clarifiées par rapport
15:26 à la radio.
15:27 Ça, ce sera le rôle des conventions stratégiques, ce sera le rôle aussi du projet du surdirection.
15:30 - Mais moi, ce qui me frappe, en fait, c'est la préparation.
15:31 Parce que vous dites qu'il faut du temps.
15:32 En même temps, vous annoncez la holding pour janvier 2026.
15:35 Est-ce que vous vous rappelez, vous êtes jeune, est-ce que vous vous rappelez combien
15:37 il a fallu d'années pour faire le rapprochement entre RFI et France 24 ?
15:42 - Et je me rappelle également du rapprochement entre France 2 et France 3 qui a été long
15:46 parce que nous n'avions pas juste envie, à l'époque, dans le texte, l'objectif
15:49 tout de suite de la fusion.
15:50 - Et là, vous ne donnez pas 18 mois pour faire le rapprochement entre France Télévisions
15:54 et Radio France.
15:55 - Le 1er janvier 2026, ce n'est pas la fin de la structuration.
15:56 - La deuxième chose, ce qui me frappe vraiment, à la vue du temps, c'est quand même l'impréparation
16:01 totale.
16:02 C'est-à-dire que là, vous avez une nouvelle modalité de financement qui ne correspond
16:04 pas à la modalité de financement d'ailleurs que vous aviez annoncé comme rapporteur dans
16:08 votre texte.
16:09 - Si, vous l'aviez dit dès le début pour Arte notamment.
16:10 - Non, vous aviez dit que vous vouliez faire…
16:11 - Il y a eu un débat sur Arte et sur Recette et nous avons obtenu un arbitrage supérieur
16:16 de M. Cazeneuve et de M. Le Maire.
16:17 - On va passer au standard inter parce que beaucoup d'auditeurs nous y attendent.
16:23 François nous appelle d'Orléans.
16:25 Bonjour, bienvenue.
16:26 - Oui, bonjour.
16:27 - On vous écoute.
16:28 - J'aurais voulu savoir, en dehors des potentiels bienfaits et méfaits de ce projet, quel était
16:36 l'avenir de la publicité.
16:38 Est-ce qu'il y aura des économies d'échelle qui permettraient de s'affranchir de la publicité
16:42 dont on a l'impression qu'elle est de plus en plus prégnante sur Inter ?
16:45 - Merci François pour cette question.
16:48 Quentin Bataillon ?
16:49 - Effectivement la publicité est un enjeu fort et je ne vous cache pas que notamment
16:52 sur le sujet de la radio, les radios privées souhaiteraient qu'il y ait moins de publicité
16:56 sur Radio France.
16:57 Moi je pense qu'il y a un temps pour tout.
16:59 Aujourd'hui le temps c'est celui de la structuration et c'est aussi le temps pour expliquer le
17:02 projet et pour rassurer en interne ces maisons.
17:04 Et ce temps-là ne peut pas s'allier avec des économies.
17:08 Baisser la quantité de publicité sur Radio France, c'est de fait baisser une partie des
17:13 revenus.
17:14 Et d'ailleurs une partie des revenus qui celle-ci est indépendante.
17:16 Donc moi en tout cas je porte le statu quo en matière de publicité.
17:18 Sur France Télévisions garder le principe des horaires, sur Radio France le principe
17:23 des plafonds financiers.
17:24 Pour autant ne pas y allier à ça les pubs sur le digital puisque ce serait une perte
17:29 importante de revenus pour Radio France.
17:31 - On retourne au standard.
17:32 Michel, bonjour, Charente-Marie Thim.
17:35 - Bonjour, oui, de l'ISEC plus précisément.
17:39 Voilà, je voulais demander aux rapporteurs si par nostalgie M.
17:45 Macron souhaitait ramener l'audiovisuel français à la belle époque de l'ORTF du général
17:50 De Gaulle et s'il souhaitait en quelque sorte restaurer le poste de M.
17:54 Alain Perfit comme ministre de l'Information.
17:56 Car je suis très attaché à l'indépendance de l'information et je salue l'indépendance
18:01 de France Inter à cette occasion.
18:03 - Merci infiniment Michel.
18:05 La parole à Quentin Bataillon.
18:07 - Alors je n'ai pas connu ni Alain Perfit ni l'ORTF mais effectivement le sujet de l'indépendance,
18:11 toutes les garanties qu'on peut y apporter sont extrêmement importantes.
18:14 Je pense qu'aujourd'hui il n'y a pas de doute sur l'indépendance des rédactions et notamment
18:19 même l'indépendance des rédactions vis-à-vis des directions même de ces sociétés de vis-à-vis
18:24 du public.
18:25 Toutes les garanties qui existent seront renouvelées et au-delà de ça effectivement toujours
18:28 avec l'ARCOM pour régulateur, si on peut les améliorer, les amplifier, c'est le chemin
18:31 que nous prendrons.
18:32 - L'historien Jean-Noël Jannet dans une tribune au Monde consacrée à cette fusion écrit
18:37 "si l'on imagine l'arrivée au pouvoir d'une majorité illibérale, la facilité ne serait-elle
18:43 pas accrue pour celle-ci de faire tout d'un coup peser plus lourdement sa main sur un
18:48 vaste ensemble ainsi constitué".
18:51 Est-ce que vous reconnaissez ce risque Quentin Bataillon et est-ce que vous l'assumez ?
18:56 - Nous devons effectivement apporter toutes les garanties d'indépendance.
19:01 Le mode de nomination sera extrêmement important.
19:03 Contrairement aux sénateurs, nous faisons le choix non pas d'une nomination par le
19:05 conseil d'administration, du dirigeant de la dirigeante de cette société unique, mais
19:11 par l'ARCOM.
19:12 Parce que l'ARCOM effectivement apporte toutes les garanties, apporte la transparence sur
19:15 les candidatures et c'est ce que nous souhaitons porter.
19:17 Ensuite, rappelez-vous qu'avoir un texte organique c'est un cran de sécurité supplémentaire.
19:22 C'est-à-dire que si demain une équipe gouvernementale ou un parlement ne souhaite plus de duzel
19:26 public, au-delà de faire seulement, contrairement à la contribution de Mme Cagé, un simple
19:30 amendement au projet de loi de finances, il devra en plus modifier une loi organique.
19:33 Ce n'est pas la même chose.
19:34 Donc on apporte cette sécurité.
19:35 - D'abord, si vous avez une nomination par le conseil d'administration, au moins dans
19:39 le conseil d'administration, vous n'avez pas suffisamment, mais vous avez deux représentants
19:42 des salariés, là vous vous faites nominer par l'ARCOM dont le président est nommé
19:44 directement par le président de la République.
19:46 - Il y a un collège de l'ARCOM, ce n'est pas seulement une nomination par le président
19:48 de la République, c'est neuf personnes, nommées aussi par le Parlement.
19:51 - Puisque votre auditeur mentionnait un peu de nostalgie, moi ce qui m'a aussi beaucoup
19:56 inquiété puisque je vous ai lu, quand je lis l'avant-propos au rapport d'information
20:00 sur l'avenir de l'audiovisuel public, vous avez écrit un avant-propos de sept paragraphes
20:03 assez courts.
20:04 Cinquième paragraphe, vous dites il faut faire cet holding pour que l'audiovisuel
20:08 public affirme sa spécificité, à travers un plus culturel, et je cite M. Quentin Pintarion,
20:14 ce supplément d'âme culturelle que décrit si bien M. Thierry Ardisson.
20:18 Je vois que vous avez une certaine nostalgie, mais il y a quand même peu d'auditeurs et
20:22 d'auditrices aujourd'hui qui sont nostalgiques de M. Thierry Ardisson pour les raisons que
20:26 l'on connaît.
20:27 Donc si c'est ça aussi votre projet pour la holding, puisque c'est vous qui le décrivez,
20:30 c'est quand même relativement inquiétant.
20:31 - C'est facile, parce que j'ai cité une tribune qu'avait faite Thierry Ardisson, qui
20:33 était importante, qui a rappelé qu'effectivement la mission de l'audiovisuel public c'est d'apporter
20:37 ce plus culturel, je pense que c'est important.
20:38 Ensuite, juste vous dire que le rapporteur, lorsqu'on écrit un rapport, mon œuvre c'est
20:42 l'ensemble du rapport en fait, c'est pas juste l'avant-propos.
20:44 N'hésitez pas à lire entièrement le rapport, et moi je lis également les vôtres.
20:49 - Excusez-moi, mais revenons aux choses de base et à une question qui revient souvent,
20:55 excusez-moi, quand un bataillon sur l'application de France Inter, je citerai celle de Francis
21:01 uniquement, je ne comprends toujours pas l'objectif premier de cette réforme.
21:04 - Le renforcement, le renforcement, allier les forces, allier les forces par rapport
21:08 notamment aux ensembles des dangers.
21:09 - Mais on est faible aujourd'hui pour vous ?
21:10 - Non, mais si demain on ne souhaite pas le devenir, vis-à-vis des plateformes et notamment
21:15 des réseaux sociaux, je pense qu'on est tous conscients qu'il y a un enjeu démocratique
21:21 fort, qu'une grande partie de notre jeunesse s'informe à travers les réseaux sociaux,
21:25 qu'il y a énormément de fausses informations, le recoupement des forces face à ceci ne
21:29 peut être qu'un plus pour l'audiovisuel public et pour la démocratie.
21:31 Ça c'est ce que nous portons effectivement avec cette réforme.
21:33 - Mais ce qui est étonnant c'est que tous les bilans qui ont été faits de la fusion
21:36 et du rapprochement entre France 24 et RFI ont plutôt montré qu'il y a eu un affaiblissement
21:40 et tout le monde regrette aujourd'hui d'avoir fait cette fusion.
21:42 Donc ce qui ne s'est pas passé pour France 24 et RFI, ça serait quand même relativement
21:45 étonnant que ça se passe pour France Télévisions et Radio France.
21:48 Ensuite, ce qui est frappant c'est le degré d'impréparation, c'est-à-dire qu'à la plupart
21:51 des questions vous dites "on a une feuille blanche, on ne sait pas, c'est le statu quo".
21:54 - C'est la règle de l'indépendance je crois, non ? Parce que si on vient expliquer ce qui
21:57 doit se passer et comment on organise les rédactions par exemple de France Inter, ça remet en
22:01 question l'indépendance.
22:02 - Pourquoi ne pas expliquer cette réforme ? Pourquoi ne pas attendre d'avoir enfin voté
22:05 sur le financement ? Pourquoi ne pas garantir une gouvernance indépendante ?
22:09 - Si la plupart des pays européens ont fait le choix de fusionner, de renforcer, c'est
22:11 bien qu'il y a aussi des raisons.
22:12 On fait partie quand même des anomalies européennes avec des sociétés complètement éclatées.
22:16 Et lorsque j'avais notamment rencontré le patron de la BBC, c'est ce qu'il nous avait
22:20 dit Tim Davies, nous-mêmes face aux plateformes nous sommes minuscules, mais vous, audiovisuel
22:24 public français, vous allez disparaître.
22:25 Donc aujourd'hui, pour nous, c'est ce sens de ce renforcement et d'allier les forces.
22:30 Je rappelle, ce n'est pas une réforme pour faire des économies, mais au contraire pour
22:34 additionner les forces.
22:35 Je ne vois pas en quoi ça peut affaiblir d'additionner, rassembler les forces.
22:38 - La BBC qui supprime massivement les postes en ce moment et les budgets, 1800 suppressions
22:44 de postes, 100 millions d'euros en ce moment.
22:45 - Et nous, nous continuerons d'augmenter les budgets contrairement à la BBC.
22:47 - Que vous allez diminuer pendant l'ensemble du quinquennat Macron.
22:49 - En tout cas, depuis que je suis élu, nous ne faisons que les augmenter.
22:51 - On en reste là.
22:53 Merci à tous les deux.
22:54 Quentin Bataillon, député Renaissance de la Loire.
22:57 Merci, Julia Cagé, économiste, professeure à Sciences Po Paris et spécialiste de l'économie
23:03 des médias.

Recommandations