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Cassandra François, Accompagnante éducative et sociale au Grau du Roi

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00:00 Très bon début de journée à chacun d'entre vous avec France Bleu Garlosère, ici CELSIS9.
00:05 Garlosère, on va revenir maintenant avec notre invité Quentin sur un film qui fait
00:08 un carton en salle depuis 3 semaines, 3 millions d'entrées, c'est "Un petit truc en plus"
00:13 réalisé par l'humoriste Artus.
00:14 Une comédie oui, donc je vais raconter, je vais faire un petit peu le pitch, c'est l'histoire
00:19 d'un père et de son fils en fait, deux braqueurs braquassés qui font un hold-up d'une bijouterie
00:24 et qui pour échapper à la police sautent dans un bus qui emmène en vacances des personnes
00:28 en situation de handicap dont ils vont se prendre d'affection.
00:32 Et donc on va en parler avec vous.
00:34 Bonjour Cassandra François.
00:35 Bonjour.
00:36 Merci beaucoup d'être avec nous ce matin.
00:38 Vous êtes accompagnante éducative et sociale au foyer d'accueil médicalisé d'Aigues
00:43 Marines au Gros-du-Roi et vous avez donc emmené vos pensionnaires hier au cinéma pour voir
00:48 ce film.
00:49 Pourquoi est-ce qu'il faut aller le voir ce film ?
00:51 Je pense qu'il faut aller le voir parce qu'aujourd'hui Artus a décidé de mettre des personnes en
00:56 situation de handicap en tant qu'acteurs et non pas de parler de l'handicap.
01:00 Et c'est hyper important que le regard des gens puisse changer et évoluer surtout.
01:05 Justement, ce qui est intéressant c'est que vous êtes allé au cinéma, on dira comment
01:09 tout à l'heure, et la séance ne vous était pas exclusivement réservée.
01:13 C'est-à-dire que vous étiez mélangé à d'autres spectateurs qui ont observé vos
01:17 pensionnaires forcément et écoutez ce qu'ils disaient à la sortie du film.
01:21 Beaucoup de fou rire quand même, de la musique.
01:24 La musique, ils tapent des mains, enfin ils sont très spontanés.
01:26 C'est ça qui manque peut-être aux gens "normaux".
01:29 C'est émouvant en fait, c'est une séance émouvante.
01:32 C'était la séance idéale quoi.
01:34 Ça nous a beaucoup touché.
01:35 Ça nous a beaucoup touché, voilà ce qu'ils disent, ces spectateurs Cassandra François.
01:40 C'est exactement le message qu'on voulait faire passer hier.
01:43 Effectivement, normalement la séance était réservée mais il y a des gens qui sont arrivés
01:47 en cours de route et tant mieux.
01:49 Parce que notre but je crois que c'est ça, c'est "venez avec nous, venez découvrir".
01:56 Et il y a aujourd'hui qui de mieux que nous qui pouvons faire passer ce message, le message
02:01 de "ne les regardez pas autrement mais on va vous montrer comment les regarder".
02:06 Et hier c'est exactement ce qui s'est passé, c'était incroyable.
02:08 Je vous sens émue.
02:09 Oui, complètement, complètement.
02:10 C'était une très très belle journée vraiment, en tout point.
02:14 Et je pense qu'en fait on a gagné hier sur ça, on a vraiment eu des retours incroyables.
02:20 Et ouais, c'est émouvant.
02:22 Est-ce que vous avez senti justement que le regard que les spectateurs pouvaient porter
02:27 sur le handicap avant avait changé après avoir vu le film ?
02:30 Alors oui, je m'en suis rendu compte déjà il y a une semaine quand justement j'allais
02:34 au cinéma avec des résidents pour organiser cette journée.
02:36 Il y avait des gens forcément qui venaient chercher des places de cinéma et déjà le
02:40 regard n'était pas le même.
02:41 En temps normal on me laisse un petit peu en galère d'ouvrir une porte, ce genre de
02:47 choses et là les gens étaient très très bienveillants, aucun regard n'était déplacé.
02:52 Donc oui, je pense qu'effectivement ça peut évoluer.
02:55 On l'entendait dans l'extrait, ces spectateurs ils ont constaté que vos résidents, il y
02:59 en a un qui le disait, étaient très spontanés.
03:01 Vous avez d'ailleurs joué là-dessus puisque vous avez emmené en fait vos pensionnaires
03:06 au cinéma à pied.
03:08 Comment ça s'est passé ? Est-ce que vous pourriez nous raconter ? Parce que le cinéma
03:11 n'est pas très loin du Fouaki d'Aigues-Marines.
03:13 Exactement, le cinéma n'est pas très très loin.
03:15 Nous y sommes allés à pied, on était à peu près 130 sur la route.
03:19 Il y avait les résidents, il y avait les familles, il y avait les réseaux, les partenaires
03:24 des Aigues-Marines et on avait de la musique.
03:27 Même le Bambou Beach a participé, c'était super chouette.
03:31 On avait des calèches avec des ânes, la police qui nous a entourés et vraiment c'était
03:35 un très très bon moment parce que les résidents étaient très heureux.
03:38 Il y avait aussi un de vos collègues qui était là pour eux de passer à la radio.
03:41 Vous n'imaginez pas à quel point c'est incroyable.
03:42 Il y avait tout un combo juste parfait vraiment.
03:46 Et ce trajet était vraiment dans la joie et la bonne humeur.
03:49 Pourquoi justement vous avez décidé d'attirer les regards des piétons sur eux, sur vos
03:54 résidents ?
03:55 Artus a la notoriété qu'on n'aura jamais.
03:57 Donc je pense qu'aujourd'hui effectivement il a mis un grand coup de pied là-dedans
04:00 et aujourd'hui je pense que c'est à nous de continuer la démarche.
04:03 De petites actions comme celle-là.
04:05 Justement, pour en revenir au film d'Artus, tous les personnages en situation de handicap
04:09 dans son film s'assument.
04:11 Complètement.
04:12 Est-ce que c'est le cas pour vous, pour vos résidents ?
04:15 Je ne sais pas si on peut parler d'assumer.
04:17 Disons qu'ils s'acceptent dans le film.
04:20 Exactement.
04:21 Parce qu'ils sont mis en valeur.
04:23 Il suffit juste de mettre des personnes en situation de handicap en valeur.
04:26 Notre regard peut être porté dans le négatif évidemment, mais aussi beaucoup dans le
04:34 positif.
04:35 Nous dans notre quotidien, c'est ce qu'on fait, on les valorise.
04:37 Comment vous faites justement pour les valoriser ?
04:40 Ça passe par quoi dans la vie de tous les jours ?
04:43 Alors ça va dépendre de l'handicap évidemment de la personne qu'on a en face de nous, mais
04:47 tout simplement par des petites actions parce que ce sont des gens qui sont extrêmement
04:50 beaux et ils ont besoin de le savoir.
04:52 Et ils n'auront pas cette gêne que nous on peut avoir, ces merci.
04:57 Ou alors quand c'est trop, leur dire "c'est trop, peut-être tu pourrais mettre ça avec
05:01 ça".
05:02 Là aussi encore une fois, ils sont heureux qu'on ait pris le temps d'être auprès d'eux
05:05 tout simplement.
05:06 Alors la comédie d'Artus, c'est une comédie feel good, Cassandra François, il faut le
05:11 dire, parce qu'il y a quand même des aspects plus difficiles dans la vie de ces personnes
05:15 en situation de handicap, qui ne sont pas montrées dans le film.
05:18 Evidemment, c'est un métier qui peut être difficile, mais c'est pas que ça.
05:26 En fait aujourd'hui, je pense qu'il faudrait vraiment que les gens à l'extérieur puissent
05:30 comprendre.
05:31 Souvent on me dit "quel courage de faire ce métier là".
05:33 Non, c'est pas du courage.
05:34 Sinon je ne le ferais pas.
05:37 C'est une vocation, c'est vraiment une passion.
05:39 Hier, tout le monde a fait des heures sup sans parler d'argent ou de récupération,
05:45 parce que ça nous porte, parce que ça nous tient à cœur, parce que c'est un métier
05:47 qu'on aime.
05:48 Oui, il y a des moments difficiles, c'est vrai.
05:50 - France Bleu Galose, 7h50, moi aussi je suis, oui.
05:53 7h52, Cassandra François, notre invitée, accompagnatrice, éducatrice sociale au Gros
05:59 du Roi.
06:00 - Cassandra François, pour ne pas paraphraser le titre du film, qu'est-ce qu'il faudrait
06:03 changer ?
06:04 Quel est le petit truc en plus qu'il faudrait à la société pour que ces personnes dont
06:08 vous vous occupez soient mieux incluses ?
06:10 - Tellement de choses, mais je pense que le regard en premier.
06:14 Vraiment le regard en premier, puisque le film, bon, moi hier ça a été un petit peu
06:17 difficile de le voir.
06:18 Je sais qu'il y a une scène où ils sont dans le magasin et Arthur se rend compte que
06:22 tout le monde le regarde.
06:23 Cette scène, elle a été tellement volontaire de sa part, j'imagine, parce que c'est une
06:28 sacrée réalité.
06:29 Nous, en tant qu'éduc, quand on promène, je vous promets le nombre de fois où on a
06:34 envie de dire aux gens "mais stop", ou alors "ne regarde pas", voilà, arrêtez, arrêtez
06:38 de faire ça, ou alors "venez nous poser des questions, venez les rencontrer".
06:41 Déjà, ne serait-ce que par là.
06:43 Après, il y aurait beaucoup, beaucoup de choses à revoir, évidemment, mais déjà,
06:47 ne serait-ce que pour une inclusion, je pense que c'est le début.
06:51 - Est-ce qu'il y a des gens qui viennent vous voir depuis que ce film est sorti ? Vous,
06:55 vos résidents ?
06:56 - Non.
06:57 - Est-ce qu'ils viennent plus au contact ?
06:58 - On n'a pas eu...
06:59 Alors, je sais qu'Arthus l'a dit effectivement dans une émission, nous, aujourd'hui, on
07:02 n'a pas eu ce rebondissement.
07:03 J'espère que ça viendra.
07:04 J'espère que ça viendra, c'est pour ça que je suis là aussi ce matin.
07:07 C'est pour dire qu'on continue encore une fois son message.
07:11 Et nous, on n'a pas eu encore.
07:13 - Parce qu'il y a eu d'autres films avant ce film-là.
07:16 On pense évidemment à "Intouchables" avec Omar Sy, il y a eu aussi le 8ème jour dans
07:20 les années 90 avec Daniel Oteuil.
07:22 Ça a été des beaux films, mais derrière, qu'est-ce qui s'est passé ?
07:25 - Oui, puis c'est pas pareil.
07:27 Le film "Intouchables", il n'est pas réellement en situation de handicap.
07:31 On n'a pas parlé de handicap dans ce film.
07:34 On ne parle pas d'handicap, ce sont des acteurs.
07:37 Et c'est ça qui est beau.
07:39 Il a fait tout le scénario autour d'eux.
07:41 C'est juste magique, mais vraiment, c'est incroyable.
07:44 En plus, on a eu la chance d'avoir une vidéo de certains des comédiens hier.
07:49 C'est fou, c'est incroyable.
07:51 - Il y a les Jeux Paralympiques, effectivement, qui vont venir cet été.
07:55 C'est mon technicien qui me soumet l'idée de cette question.
07:59 Est-ce que là, vous pensez aussi, peut-être qu'il peut y avoir un élan de la société ?
08:06 - Je vais être honnête.
08:08 - Même si ce sont des types de handicap différents, évidemment.
08:10 - Exactement, voilà.
08:11 Arthur, c'est vrai que les acteurs ne sont pas forcément le handicap qu'on a partout, évidemment.
08:17 Mais je pense qu'aujourd'hui, oui, il va falloir qu'on arrive effectivement à se saisir de toutes ces occasions.
08:23 Alors comment, j'en sais rien, mais il va falloir qu'on y arrive.
08:25 - Vous les sentez réceptifs, les pouvoirs publics, à ces problématiques-là ?
08:29 - Pas tellement.
08:31 Non.
08:33 - Vous avez peu de contact avec eux ?
08:35 - Le handicap, pour être honnête, moi on en parle, lui on se porte.
08:40 C'est des gens, voilà.
08:42 - Mais vous allez les voir parfois, ces élus, qu'est-ce qu'ils vous disent ?
08:45 C'est quoi, c'est des promesses qu'ils vous font ?
08:47 - Hier, pour le coup, ils étaient là.
08:49 Au sein du Gros du Roi, ils étaient là.
08:51 Parce que c'était quand même une très très belle journée.
08:53 Au Gros du Roi, ils sont sensibles parce qu'on travaille quand même en collaboration.
08:58 Mais c'est vrai que c'est encore très très compliqué leur handicap.
09:03 Mais ça va venir, ça va venir.
09:05 - Peut-être peut-on leur conseiller d'aller voir ce film à tous nos élus ?
09:09 Je vous remercie beaucoup en tout cas, Cassandra François, d'être venue nous voir ce matin.
09:13 Je rappelle que vous êtes accompagnante éducative et sociale au foyer d'accueil médicalisé d'Aigues-Marines.
09:20 Qui a emmené ses résidents hier voir ce film d'Artus.
09:23 Un petit truc en plus qui sera projeté, je le rappelle, ce soir au Festival de Cannes.
09:27 3 millions d'entrées en à peine 3 semaines.
09:29 - Et tout ça évidemment, cette interview à écouter à retrouver sur francebleu.fr.

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