Le 22 novembre 2024, une violente agression intervenait aux abords d’un bar gay friendly de la rue de Bernis. L’avocat des plaignants, Me Cyril Caron, demande que la circonstance aggravante d’agression à caractère homophobe soit retenue. Il est notre invité.
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00:007h46, Mathilde Lansquer, c'était il y a un mois, jour pour jour, une violente bagarre
00:11devant le barquet Frény, le Pride à Nîmes.
00:14Les victimes dénoncent une agression homophobe, une circonstance aggravante qui n'est pas
00:18retenue par la justice pour l'instant et on en parle ce matin avec l'avocat des victimes.
00:24Maître Cyril Caron est avec nous dans le studio.
00:26Bonjour.
00:27Bonjour madame.
00:28Qu'est-ce qu'on voit après l'agression déjà ? Où en est le dossier maître ?
00:31Le dossier en est nulle part puisque nous sommes à la date anniversaire de l'agression
00:36qui a eu lieu dans la nuit du 22 au 23 novembre 2024 et nous n'avons aucune nouvelle.
00:40Nous avons écrit à plusieurs reprises au parquet pour avoir des nouvelles, pour donner
00:44des informations complémentaires, pour que l'enquête soit menée de façon précise,
00:48pour que la circonstance aggravante soit retenue et nous n'avons aucune information.
00:52C'est le silence le plus total, silence radio, c'est le circonstance aujourd'hui, pardonnez-moi
00:57ce jeu de mots, mais c'est vrai que c'est assez inquiétant et je dois dire même que
01:02c'est assez décevant.
01:03Alors expliquez-nous en quelques mots qu'est-ce que ça change légalement, que le caractère
01:07homophobe soit retenu par la justice ou pas ? Ça change quoi ?
01:10D'abord si vous me le permettez, ça change plusieurs choses, il y a un volet historique
01:14et un volet technique.
01:15Là, en l'état des choses, si vous voulez, la qualification pénale qui a été retenue
01:19c'est une compétence d'une juridiction tribunale correctionnelle jugenique, c'est pas la collégiale
01:24et le fait qu'il y ait une troisième circonstance aggravante, donc celle qui est relative à
01:30l'agression homophobe, c'est-à-dire à des propos, des violences commises à raison
01:36du caractère homophobe ou de l'orientation sexuelle de la victime, c'est de la compétence
01:40collégiale.
01:41Donc trois circonstances aggravantes, donc la dernière circonstance aggravante, celle
01:43dont nous parlons aujourd'hui qui n'a pas été retenue, ferait basculer le dossier
01:46dans la compétence collégiale du tribunal correctionnel, ce qui amènerait une solennité
01:50différente.
01:51Et des peines plus lourdes ? Des peines plus lourdes, absolument.
01:54Et alors comment vont les victimes aujourd'hui, un mois après ?
01:57Les victimes elles vont très mal, elles ne comprennent pas ce qui s'est passé, elles
02:01ont vécu une agression violente, elles ont vécu des coups, elles emportent encore les
02:05stigmates physiques, psychologiques, et c'est vrai que l'absence de réponse ou le fait
02:09que la qualification pénale qui correspond à la réalité n'a pas été retenue, ou
02:13plutôt il y a une qualification pénale qui a été retenue mais ce qui n'a pas été
02:16retenue, et c'est tout le débat aujourd'hui, c'est la circonstance aggravante, et ça
02:19c'est le sujet principal, parce qu'au-delà des violences et des propos qui ont été
02:22tenus, je crois que les victimes ont été interviewées il y a quelques jours, sont
02:26absolument inacceptables, on ne peut pas accepter ça aujourd'hui en 2024, c'est d'une violence inouïe.
02:30Est-ce que tous les témoins ont été aujourd'hui entendus par les forces de l'ordre ou pas ?
02:35Je n'ai pas d'informations sur ce sujet, il faut savoir que nous sommes dans une enquête
02:39préliminaire, une enquête préliminaire par définition est secrète, donc les victimes,
02:43les avocats n'ont pas vocation à savoir, les avancer de l'enquête ou à connaître
02:46les évolutions de celle-ci.
02:47Et alors justement, vous parlez d'enquête, est-ce que l'enquête est en cours, est-ce
02:50que ce n'est finalement pas mieux d'attendre d'avoir tous les éléments avant de caractériser
02:55l'effet, de dire si c'est une agression homophobe ou pas ?
02:57Alors, ce qui est sûr, c'est qu'il semblerait que selon les dires des victimes, il semblerait
03:04effectivement qu'il y ait des témoins qui aient entendu ce genre de propos, mais si
03:08vous voulez, la question n'est pas là, évidemment quand vous avez des gens qui commettent une
03:12agression et qui tiennent ce genre de propos, qui sont des propos inacceptables encore une
03:15fois, je tiens à le souligner ce matin, évidemment soit elles reconnaissent l'effet d'une façon
03:20très claire ou soit, et on peut considérer que c'est humain, elles disent non, on n'a
03:23pas tenu ses propos, on ne s'en souvient plus parce qu'on avait bu, etc.
03:26Ce n'est pas la réalité.
03:27Donc vous avez quelque chose de très simple, vous avez effectivement la parole des victimes,
03:30corroborée par des témoignages, vous avez la parole de quatre victimes, donc quatre
03:34victimes qui étaient là ce soir-là, qui ont subi des violences et qui ont entendu
03:37la même chose, puisque ce qui est dit par les victimes, les insultes qui sont proférées,
03:42les insultes qui sont déclarées, ce sont les mêmes.
03:44Donc si vous voulez, vous avez des choses qui sont concordantes et puis en face, vous
03:48avez des individus qui visiblement, en tout cas, c'est le sens du communiqué de Mme
03:52Jean-Sacq, je crois qui est paru dans la presse quelques jours après l'agression, les victimes
03:56ne reconnaissent pas visiblement ce qui s'est passé, ou en tout cas les propos, donc peut-être
04:01que les atterroiements procéduraux viennent de cela, je n'en sais rien.
04:05Et en quelques mots, qu'est-ce que vous demandez concrètement, maintenant ? Qu'est-ce que
04:09vous demandez ?
04:10Je demande que l'orientation pénale change et je demande à ce que la circonstance aggravante,
04:14celle qui doit être retenue, puisse faire l'objet d'une saisine du tribunal correctionnel
04:19compétent pour que les faits soient jugés à la hauteur de leur gravité et pour qu'il
04:23puisse y avoir un débat judiciaire.
04:25Et puis c'est le tribunal qui tranchera.
04:26Et on suivra ça bien sûr sur France Bleu Garlose.
04:28Merci Maître Cyril Caron d'avoir été avec nous ce matin.
04:32Bonne journée.
04:33Bonne fête.
04:34Bonne fête.