Olivier Savignac, co-fondateur de l'association "Parler et Revivre"
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00:00 Pour le moment, 8h21, notre invité ce matin est Olivier Savignac, le cofondateur de l'association Parler et Revivre.
00:07 Il est avec nous Lydie pour évoquer le procès de la pédocriminalité dans l'église.
00:11 Oui, qui débute ce matin à Orléans devant la cour d'assises. Bonjour Olivier Savignac.
00:15 Oui bonjour.
00:16 Merci d'être en direct depuis l'Aveyron où vous habitez.
00:20 Vous allez venir à Orléans à ce procès en fin de semaine pour dire quoi précisément ? Quel va être votre message ?
00:27 Pour moi le message c'est simplement ma présence auprès des personnes victimes, des parties civiles,
00:32 pour redire que nous sommes certains de passer par là et qu'il ne faut pas avoir peur.
00:37 Il ne faut pas avoir peur de parler, de libérer cette parole et parfois publiquement
00:42 parce qu'aujourd'hui il y a encore trop de personnes qui restent dans le silence malheureusement par rapport à des cas d'agression.
00:49 Vous avez vous-même été victime d'un ancien prêtre du Loiret, l'abbé de Castelet,
00:53 qui avait été condamné en 2018 à deux ans de prison ferme.
00:58 La hiérarchie de l'église, l'ancien évêque à l'époque avait écopé de huit mois avec sursis.
01:05 Qu'est-ce que vous attendez de ce procès-là précisément Olivier Savignac ? Une peine encore plus sévère ?
01:12 Si vous voulez, le procès de Castelet se passait à la cour correctionnelle du tribunal d'Orléans,
01:18 donc c'était au rein des délits, c'était des agressions sexuelles.
01:21 Là on parle d'Olivier de Settivaud qui va comparaître aux assises, donc au rang des criminels.
01:26 C'est l'instance la plus haute dans la hiérarchie des tribunaux.
01:29 Et puis il risque 20 ans de réclusion.
01:31 Tout à fait, et sur de multiples victimes.
01:34 Là on parle de quatre victimes, mais en fait il en a fait beaucoup plus.
01:38 Et notamment, ça démarre au début des années 80, lorsqu'il était séminariste sur un tout jeune enfant.
01:50 Ce qui veut dire qu'il a été un prédateur pendant au moins près de 40 ans.
01:56 Et vous aviez reçu vous-même les premiers témoignages, vous en aviez reçu plusieurs ?
02:01 Tout à fait, notamment le deuxième témoignage qui a permis ensuite de faire s'ouvrir l'enquête,
02:08 puisque ce n'est pas la cellule d'écoute qui reçoit le témoignage de la personne,
02:11 mais c'est moi qui reçois suite à la diffusion d'un documentaire en 2018, en mars 2018,
02:16 le témoignage d'une personne qui me dit avoir été victime de cet homme.
02:20 Une personne âgée d'une cinquantaine d'années.
02:23 Et c'est moi qui, via l'association, contacte la cellule d'écoute et à l'époque Blacar, l'évêque en place,
02:30 afin qu'il puisse directement transmettre au procureur.
02:34 Plusieurs faits, vous le dites, dénoncés, concernant justement ce prêtre,
02:41 ancien recteur de la basilique de Clary-Saint-André,
02:44 et qui sont encore plus anciens et de fait sont prescrits aussi.
02:47 C'est la loi qui est comme ça. Est-ce que ça vous choque ?
02:51 Ce qui est choquant, si vous voulez, ce n'est pas la prescription,
02:54 parce que je crois qu'il y a des affaires qui ne pourraient pas être jugées par manque de fait matériel
02:58 lorsque ça dépasse 40 ans, 50 ans, c'est compliqué.
03:01 Mais dans le cas de cette personne dont le cas est prescrit,
03:04 il y a quand même, après elle, quatre autres personnes.
03:07 Et c'est là, finalement, c'est l'injustice pour cette personne qui ne pourra pas avoir gain de cause,
03:12 alors que les victimes plus récentes pourront l'avoir.
03:14 Donc ça, c'est sûr que c'est très cruel pour les personnes qui sont dans ce cas-là.
03:18 Parce qu'un procès, même 30 voire 35 ans après, pour les victimes, c'est indispensable, évidemment ?
03:24 Je pense que plus le traumatisme est latent, est long, et plus c'est indispensable,
03:30 oui, malheureusement, il faut des preuves.
03:33 Et bien souvent, ce genre d'affaires se termine par des classements sans suite,
03:37 notamment lorsque ça ne concerne qu'une personne.
03:40 Donc c'est pour ça que c'est important de libérer la parole.
03:42 Lorsqu'il y a plusieurs victimes, en général, ça constitue des éléments matériels supplémentaires
03:47 et ça permet d'ouvrir des enquêtes et ensuite d'aller jusque devant le tribunal.
03:52 Vous parliez de Jacques Blacar, l'actuel évêque d'Orléans,
03:55 il sera entendu comme témoin dans ce procès, il avait saisi la justice sur cette affaire en 2018.
04:01 Vous attendez une prise de position forte de la part du diocèse d'Orléans,
04:05 une condamnation ferme dans les propos ?
04:07 - Au-delà des propos, c'est surtout dans la présence et dans les actes,
04:11 parce qu'on parle de Jacques Blacar comme le sauveur en 2018,
04:15 sauf que moi, directement par rapport à l'abbé de Castelet, j'avais été le voir en 2011,
04:20 donc lorsqu'il arrivait au diocèse, et entre 2011 et 2018, bien sûr, il y a eu l'affaire de Castelet.
04:27 Et si à un moment donné le diocèse a dénoncé en 2018, c'est parce qu'il y avait aussi le feu dans la maison,
04:32 c'est-à-dire que La Parole Libérée, la fameuse association de Lyon, avait fait sa conférence de presse en 2016,
04:38 et que les diocèses se devaient de transmettre directement tous les éléments qu'ils avaient par rapport à des affaires.
04:45 Et dans le cadre des affaires à Orléans, il y en avait plusieurs, dont celle de l'abbé de Citiveau,
04:50 qui était connu, reconnu comme le loup blanc.
04:52 - Et il y avait des cellules téléphoniques qui avaient été effectivement mises en place.
04:56 La commission sauvée sur les scandales de pédophilie dans l'église,
04:59 elle a fait avancer les choses, libérer la parole, ça a quand même beaucoup changé depuis plusieurs années ?
05:05 - Ça a changé d'une part, je pense, pour les personnes victimes, en effet, qui ont contacté la Ciaz,
05:11 cette fameuse commission, et elles étaient à peu près entre 5 et 6 000.
05:15 Et ensuite, il y a eu aussi une prise de conscience, je pense, de la part de certains membres de l'église,
05:21 je ne dirais pas tous, parce que certains sont encore dans le déni, l'église encore a du mal à bouger,
05:26 même si elle a mis en place des choses au niveau de la reconnaissance et de la réparation, il faut le dire.
05:31 Mais aujourd'hui, moi je pense qu'il faudra encore des années et des années
05:35 avant que des personnes ne se manifestent, parce qu'un tel traumatisme, malheureusement, reste très...
05:43 Parfois on le garde pour soi, on reste dans le silence avec.
05:47 - Merci beaucoup Olivier Savignac, cofondateur de l'association Parler et Revivre.
05:52 Merci à vous, et vous serez donc à Orléans en fin de semaine à ce procès d'Olivier de Sittivot, l'ancien prêtre orléanais.
05:59 Bonne journée ! - Merci, à vous aussi, au revoir.
06:01 - 8h26 !