La filière du recyclage de l’or pour la fabrication de bijoux se développe, comme en témoigne Maïssa Zard, fondatrice de Loyal.e. Cette joaillerie est notamment spécialisée dans l’utilisation d’or recyclé issu d’autres bijoux ou de déchets électroniques (smartphones, tablettes, ordinateurs…). L’entreprise a aussi recours aux diamants de synthèse, dits aussi de laboratoire, et refuse les diamants de l’industrie extractive.
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00:00 [Musique]
00:06 L'invité de Smart Impact c'est Maïs Hazard. Bonjour.
00:09 Bonjour.
00:10 Bienvenue. Vous êtes la fondatrice de L'Oyal, marque de joaillerie que vous avez créée en 2021.
00:15 Avec quelle idée, quel principe aussi ?
00:18 Tout à fait. Alors la particularité de L'Oyal, c'est que tous nos bijoux sont fabriqués à la main à Paris
00:24 avec de l'or recyclé d'Izbucara et des diamants qui sont créés en laboratoire.
00:28 Donc ça c'était vraiment l'idée de départ, la volonté or recyclé, diamant de laboratoire ou diamant de synthèse,
00:34 on peut utiliser les deux appellations. On va explorer ces deux filières.
00:39 Je commence avec l'or recyclé. Quand on dit or recyclé, il vient d'où cet or ?
00:44 Alors, l'or recyclé qu'on utilise provient de deux sources différentes.
00:49 D'une part, il y a des anciens bijoux qu'on va récupérer, on va fondre cet or-là pour l'utiliser.
00:54 De l'autre, il y a les puces qu'on retrouve dans les déchets électroniques, donc les smartphones, les tablettes, les ordinateurs,
01:00 ils ont tous une petite puce en or à l'intérieur. Donc on va récupérer cet or-là pour le recycler.
01:05 L'avantage de l'or, c'est que c'est un métal précieux qu'on peut recycler à l'infini sans compromettre sa qualité
01:10 et ça permet d'éviter les conditions écologiques de l'extraction minière.
01:15 Est-ce qu'il y a un label ou une certification autour de l'or recyclé ?
01:19 Alors, il y a différents labels. Nous, pour le coup, loyal à la certification bicorps.
01:27 Donc, il ne prend pas uniquement...
01:29 Donc, c'est une certification générale ?
01:30 Tout à fait, exactement.
01:31 Pour toutes les entreprises ?
01:32 Générale. Après, notre or est certifié RGC-COC, c'est-à-dire qu'il a une traçabilité responsable tout au long de la chaîne de valeur.
01:42 RGC pour Responsible Jewelry Council, c'est une sorte de certification.
01:48 Est-ce que c'est compliqué à obtenir ou est-ce qu'on s'inscrit ? Comment ça marche, en fait ?
01:51 Alors oui, tous ces labels-là, certains sont plus difficiles à obtenir que d'autres.
01:57 On passe par des process d'interview, d'investigation pour montrer à avoir des certificats,
02:05 montrer un peu la provenance, les différentes étapes du processus,
02:10 que ce soit pour l'or comme pour nos diamants ou pour notre fabrication aussi.
02:14 Mais vous, ça vous garantit aussi que l'or que vous utilisez, il est bien recyclé ?
02:18 Tout à fait, exactement.
02:19 C'est une promesse que vous faites à vos clients ou à vos clientes et donc il faut que vous en ayez la certitude.
02:24 Est-ce que cette filière de l'or recyclé, elle est mature ou est-ce qu'elle reste encore à construire ?
02:31 C'est encore quelque chose de très nouveau, aujourd'hui, le recyclage de l'or.
02:36 Chaque année, malheureusement, il y a une quantité astronomique d'or qui est toujours extraite des mines,
02:45 alors qu'on utilise beaucoup moins, en réalité.
02:48 Il y a un stock mondial existant qui est déjà assez conséquent
02:54 et donc on n'a pas besoin d'avoir recours à l'extraction minière.
02:58 Aujourd'hui, le recyclage de l'or, c'est quelque chose qui n'est pas encore très développé.
03:03 Il faudrait que de plus en plus de marques s'y mettent parce que c'est une vraie solution à de vrais enjeux, aujourd'hui.
03:10 Il y a ce concept de mine urbaine dont on a parlé déjà dans cette émission.
03:15 C'est ce que vous décriviez tout à l'heure, c'est-à-dire nos smartphones, nos tablettes, nos ordinateurs.
03:20 Mais là aussi, il y a plein de matériaux à récupérer, de métaux rares.
03:26 L'or en fait partie. Cette filière, elle grandit parce que vous n'êtes pas les seuls en joaillerie à être intéressés par ces matériaux.
03:32 Elle grandit heureusement. Aujourd'hui, avec les fondeurs par exemple avec qui on travaille,
03:38 on sait qu'ils reçoivent de plus en plus de demandes d'autres maisons de joaillerie pour de leur recycler.
03:45 Donc par exemple, avant, il y a trois ans, on devait attendre un peu plus longtemps pour recevoir nos fonds en or
03:53 parce que par exemple, les fondeurs pour le recycler ne fondaient qu'une fois par semaine ou une fois par deux semaines.
04:01 Tout à fait, exactement. Et là, on commence à avoir des fonds de beaucoup plus régulière et heureusement, ça montre que l'industrie progresse.
04:07 Oui, c'est effectivement bon signe. L'autre filière, c'est le diamant de synthèse ou diamant de laboratoire.
04:13 Déjà, peut-être une question de principe. Pourquoi vous refusez les diamants traditionnels ?
04:18 Alors, j'ai voulu créer l'OIL pour offrir une alternative à l'extraction minière, à son impact écologique et à ses conditions de travail.
04:30 Malheureusement, aujourd'hui, il y a beaucoup de points au niveau de l'industrie minière qui sont négatifs à cet égard-là.
04:38 Par exemple, pour extraire seulement un carat de diamant de mine, un carat, c'est ce que je porte là, il faut déplacer plus de 250 tonnes de terre
04:49 pour une pierre qui fait cette taille-là. Donc c'est assez énorme.
04:54 Aujourd'hui, malheureusement, l'industrie minière est une des premières sources de la déforestation et l'impact sur les populations
05:05 et les trous qu'on crée pour faire ces mines-là, c'est assez triste malheureusement pour l'environnement.
05:15 Donc pour toutes ces raisons-là, j'ai voulu travailler avec des diamants de synthèse, des diamants de laboratoire
05:20 pour offrir une alternative à celles et ceux qui le souhaitent, comme par exemple moi à l'époque, quand je cherchais ma bague de fiançailles,
05:26 c'était le déclencheur de la création de Loyal. Je cherchais ma bague et je n'étais pas à l'aise avec l'idée d'avoir un diamant de mine
05:36 justement parce que je ne pouvais pas avoir une garantie sur l'impact qu'il y avait derrière.
05:42 Et je me disais, cette bague-là qui est supposée symboliser quelque chose de très beau, quelque chose de très pur,
05:48 de me dire que derrière ce n'est pas toujours si beau que ça ou si pur que ça, je trouvais ça un peu dommage.
05:54 Et j'ai découvert cette incroyable innovation qu'est le diamant de synthèse et je me suis allée à la recherche de bagues de fiançailles avec des diamants de synthèse.
06:02 Et donc vous vous êtes dit, allez hop, je crée mon entreprise. Diamants de laboratoire, c'est l'une des appellations.
06:09 Comment sont-ils produits et, vous allez me voir venir, avec quelle quantité d'électricité pour produire un diamant ?
06:14 Parce que ça pose des questions sur le bilan carbone du diamant de synthèse.
06:18 Alors, le diamant de synthèse est un vrai diamant. Il possède les mêmes propriétés physiques, chimiques et optiques.
06:24 Un diamant de mine, c'est quoi ? Un diamant de mine, c'est 99,9% de carbone pur.
06:29 Ça se forme à 200 km sous la terre grâce à des conditions spécifiques de haute température et de pression.
06:34 Et aujourd'hui, grâce à une technologie de pointe, on va répliquer ces mêmes conditions-là dans un laboratoire.
06:40 Donc le laboratoire va mettre là du carbone, là haute température, là haute pression, on obtient une pierre qui a les mêmes propriétés physiques, chimiques et optiques.
06:47 Aujourd'hui, ils ont les mêmes certificats d'authenticité de chez IJI ou GIA.
06:53 Et ce qui est assez fascinant, c'est qu'on n'a aucun contrôle sur ce qu'on va obtenir.
06:58 Donc aujourd'hui, ce qui fait la rareté dans diamants, c'est le fait que chaque diamant est unique.
07:03 Non, tout à fait. Et même avec les diamants de laboratoire, on ne sait pas ce qu'on va obtenir.
07:08 Chaque pierre reste unique. On a des pierres qui peuvent être toutes petites, plus grosses, de belles qualités, de mauvaises qualités.
07:15 Donc on a toujours cet élément de rareté qui est préservé.
07:19 Et la question de la quantité d'électricité nécessaire.
07:22 Alors, le diamant de laboratoire requiert 7 fois moins d'eau et produit 20 fois moins de CO2 que le diamant de mine, que l'extraction minière.
07:32 Alors, on a besoin d'énergie, bien évidemment, pour produire ces diamants en laboratoire.
07:36 D'une part, de toute façon, même pour l'extraction minière, on a besoin de l'énergie.
07:40 Mais pour le diamant de laboratoire, c'est 20 fois moins.
07:43 Donc c'est déjà assez énorme. En plus de ça, nous, on travaille avec un laboratoire aux États-Unis qui est partenaire
07:50 et qui utilise de l'énergie verte et de l'énergie renouvelable pour la fabrication de ces diamants-là et qui est certifié neutre pour le climat.
07:58 Ça dépend effectivement du partenaire.
07:59 S'il est situé en Chine ou en Pologne où on fabrique de l'électricité à partir de centrales à charbon, ça ne va pas être exactement le même.
08:05 Comme dans toute industrie, en fait, il y a des pratiques qui sont des partenaires qui suivent des pratiques responsables et d'autres non.
08:12 Vous l'avez évoqué rapidement, mais c'est un élément important, le fait d'être certifié bicorps.
08:17 Parce qu'on en parle souvent dans Smart Impact. C'est une certification qui n'est pas si simple à obtenir.
08:24 C'était un souhait dès le départ quand vous avez créé l'entreprise ?
08:27 C'était un souhait dès le départ. On a travaillé pendant à peu près un an et demi pour obtenir cette certification-là.
08:34 C'était très important pour nous parce que justement, c'est une certification qui ne prend pas uniquement en compte nos responsabilités
08:42 et les initiatives qu'on met en place au niveau environnemental, mais aussi qui prend en compte tout ce qu'on met en place au niveau de nos responsabilités sociales,
08:54 de nos responsabilités envers nos partenaires, envers nos clients.
08:57 C'est vraiment une vision 360 des responsabilités et des engagements d'une entreprise et d'une société.
09:04 C'est un travail qu'on fait au quotidien avec nos partenaires.
09:10 C'était très important pour nous parce qu'aujourd'hui, il y a énormément de greenwashing.
09:15 On retrouve beaucoup sur les réseaux sociaux de marques qui disent « on est éco-responsable ».
09:21 Mais qu'est-ce que ça veut dire être éco-responsable ?
09:23 Qu'est-ce que vous utilisez comme matériaux ? D'où est-ce qu'ils proviennent ?
09:27 Quelle est votre chaîne de valeur ? Qu'est-ce que vous mettez en place pour la communauté, pour vos clients ?
09:32 Pour nous, avoir cette certification-là, c'est un peu une sorte de récompense pour tous les efforts qu'on met.
09:46 Surtout quand on voit face à nous beaucoup de greenwashing, de se dire « voilà, en fait, nous, on a toutes ces démarches-là et elles sont réelles ».
09:55 Et ce label, cette certification, il faut continuer de maintenir le niveau d'exigence pour la conserver.
10:00 Exactement.
10:01 Donc c'est aussi un défi.
10:02 Exactement, ce n'est pas vraiment un truc ponctuel.
10:05 Non, et ce n'est pas pour toute la vie de l'entreprise.
10:07 Merci beaucoup Maïs Hazard et à bientôt sur Bismarck.
10:10 On passe à notre débat Zoom sur l'architecture durable.