• il y a 7 mois

Emilie Mayer, experte des produits de grande consommation et directrice des études chez Circana France, répond aux questions de Lionel Gougelot. Ensemble, ils reviennent sur le cycle infernal de l'inflation qui semble se calmer. Les produits du panier Europe 1 ont légèrement baissé par rapport à l'année dernière.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 - Europe 1, il est 6h41.
00:02 - Est-ce la lumière au bout du tunnel pour les consommateurs français ?
00:05 Si le pic de l'inflation est passé, est-ce que la baisse des prix est visible au moment de passer à la caisse ?
00:11 - Et nous en parlons avec votre invité ce matin Lionel sur Europe 1, il s'agit d'Emilie Maillard,
00:15 experte produit de grande consommation chez Cirque à la France,
00:18 qui analyse tous les mois le panier Europe 1 de 12 produits du quotidien.
00:21 - Bonjour Emilie Maillard. - Bonjour.
00:24 - Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1.
00:26 Alors, on le disait, le panier Conso d'Europe 1 du mois d'avril regroupe 12 produits quotidiens
00:31 de grandes marques ou de marques distributeurs comme les pâtes, le café ou encore les huiles.
00:37 Et donc ce panier est en baisse par rapport au mois dernier, Emilie Maillard ?
00:42 - Oui, c'est ça. C'est-à-dire que par rapport au mois dernier, le prix baisse légèrement
00:47 et surtout par rapport à l'année dernière, c'est encore plus visible.
00:50 On voit quelques centimes perdus sur pas mal de produits.
00:53 - Quels sont les produits en rayon qui baissent le plus, qui accusent cette baisse justement ?
00:57 - Alors, c'est les produits, on va dire, ceux qui avaient le plus augmenté
01:01 et dont l'augmentation avait commencé vraiment au début du cycle d'inflation.
01:05 C'est sur ceux-là qu'on voit une petite relâche.
01:07 Donc dans le panier, ça va être quelques centimes perdus sur les œufs, sur les pâtes,
01:11 sur le papier toilette, sur le lait, sur la lessive, le café,
01:15 même la viande hachée qui avait tellement augmenté.
01:17 On voit que par rapport à l'année dernière, on le paye un petit peu moins cher cette année.
01:21 - Bonne nouvelle donc pour les consommateurs.
01:22 Pour ce qui concerne, donc, on le rappelait là, ces produits particuliers,
01:26 parce qu'il faut préciser que le palier européen
01:30 n'est pas vraiment représentatif de l'inflation générale sur l'alimentation.
01:34 On observe que globalement, l'inflation est en recul.
01:37 Il y a un an, elle atteignait 16,2%, elle est de 0,5% en avril.
01:42 Alors, est-ce qu'on peut dire, Émilie Maillère, que la lumière est au bout du tunnel ?
01:47 - Oui, oui, on peut vraiment dire ça.
01:49 C'est-à-dire que là, avec 0,5% d'augmentation au mois d'avril,
01:53 par rapport au mois d'avril de l'année dernière,
01:55 c'est vraiment pas grand-chose.
01:56 On peut dire que globalement, ça y est, les prix se sont stabilisés.
01:59 Après avoir augmenté, vous venez de le dire,
02:02 parfois avec des taux de 16, 17%.
02:05 Donc oui, on est au bout du tunnel, c'est-à-dire que les prix n'augmentent plus.
02:08 Maintenant, les prix sont quand même significativement plus élevés qu'il y a deux ans.
02:13 Mais au moins, ils n'augmentent plus. Voilà, ça c'est la chose positive.
02:15 - Donc, on parle d'inflation maîtrisée et non pas de baisse des prix, c'est ça ?
02:19 - On parle exactement de fin du cycle d'inflation,
02:23 mais on ne parle pas encore,
02:25 et je ne suis pas certaine qu'on en parle, de déflation,
02:27 c'est-à-dire de baisse des prix,
02:29 qui soit vraiment significative pour les Français.
02:32 - Oui, parce qu'il y a encore des produits de grande consommation
02:35 qui concernent directement et au quotidien les consommateurs,
02:40 qui continuent d'augmenter.
02:42 - Oui, c'est ça. C'est-à-dire que là, on dit qu'il n'y a quasiment plus d'inflation,
02:45 mais c'est une moyenne entre des produits qui baissent,
02:47 on en a cité quelques-uns,
02:48 et puis des produits qui continuent d'augmenter assez significativement,
02:52 parmi lesquels on va trouver l'huile d'olive, par exemple,
02:55 autant on a de la baisse sur l'huile de tournesol ou de colza,
02:58 autant l'huile d'olive augmente encore assez fortement,
03:00 le jus d'orange, tous les produits à base de chocolat,
03:03 tout ce qui est légumes en conserve, voilà,
03:05 ça c'est encore des produits qui connaissent des hausses
03:07 qui sont assez significatives.
03:09 - Et qui ne sont pas concernés, donc, par une baisse des matières premières,
03:13 du prix des matières premières que l'on a observées ces derniers temps, ces derniers mois ?
03:17 - Non, voilà, c'est-à-dire que globalement,
03:19 il y a de l'accalmie sur des matières premières assez importantes,
03:22 comme les céréales, par exemple,
03:24 en revanche, sur le chocolat, il y a des très fortes tensions,
03:27 sur l'orange, il y a des très fortes tensions qui sont plus récentes,
03:30 et qui provoquent des hausses de prix encore actuellement dans les magasins.
03:33 - Et puis, il y a des différences, comment dirais-je, selon les enseignes ?
03:37 - Oui, alors, les enseignes de la grande distribution, il y en a plusieurs,
03:41 et il y a des différences, comme on dit, de positionnement prix entre les enseignes,
03:46 on évalue qu'entre les enseignes les plus chères et les moins chères,
03:49 il y a à peu près 20% d'écart de prix,
03:51 donc c'est vrai que selon l'endroit où on fait ses courses,
03:53 on va payer les produits pas tout à fait le même prix.
03:55 - Alors, ça tient à quoi, ça ?
03:57 - Globalement, c'est le positionnement des enseignes,
03:59 c'est leur capacité à pouvoir proposer des prix moins élevés,
04:03 c'est la compétition que se livrent les enseignes sur le terrain du prix,
04:06 avec des enseignes qui réussissent mieux que d'autres à proposer des prix plus bas aux consommateurs français.
04:11 - Et qui sont plus ou moins efficaces dans les négociations qu'elles ont
04:15 avec leurs fournisseurs, j'imagine, également ?
04:18 - Voilà, dans les négociations, dans le fonctionnement aussi,
04:22 des enseignes de la distribution, qui sont aussi après tout des entreprises,
04:26 et à la fin ça se traduit effectivement par des hétérogénéités assez importantes dans les prix proposés.
04:31 - On parle des produits de grande consommation et de maîtrise de l'inflation avec vous,
04:36 Émilie Maillard, ce matin sur Europe 1,
04:39 l'autre constat que l'on peut faire, c'est une baisse des prix sur les produits d'entretien et d'hygiène.
04:44 Est-ce qu'il faut voir les effets de la loi EGALIM 3,
04:48 dite loi de Crozat, votée en mars, qui interdit les méga-promos sur ce type de produits ?
04:53 Là aussi ça a eu un effet ?
04:55 - Oui, ça a un effet, parce qu'effectivement depuis le 1er mars,
04:58 les Français ne peuvent plus trouver dans les magasins de la grande distribution
05:01 ce qu'on appelle des grosses promos sur les produits d'entretien et d'hygiène.
05:04 Ça veut dire que le maximum de réduction qu'ils vont avoir grâce à la promo, c'est 34%,
05:09 alors qu'avant on pouvait avoir 50%, 70%, etc.
05:12 Donc pour compenser le fait qu'il n'y ait plus ces grosses promos,
05:16 les industriels des produits d'entretien et d'hygiène se sont attachés à baisser les prix dans les rayons,
05:22 pour qu'au quotidien les Français ne soient pas complètement perdants sur les deux tableaux.
05:27 - Et là aussi, on peut le constater directement, concrètement,
05:30 dans les rayons des grandes surfaces et des commerces traditionnels ?
05:34 - Oui, surtout des grandes surfaces qui sont concernées par ces limitations promos,
05:39 sur le shampoing, sur le gel douche, sur les produits d'entretien, les cives,
05:44 effectivement on paie un petit peu moins cher cette année ces produits-là que l'an dernier dans les rayons.
05:48 - Un effet mécanique, en quelque sorte.
05:50 En revanche, si la parenthèse inflationniste est en passe d'être tournée,
05:55 comme on le disait tout à l'heure, on observe quand même, Émilie Maillard,
05:58 que pour le panier européen, il coûte 9,56€ de plus qu'en deux ans.
06:06 C'est quoi le constat ? C'est que les prix ne reviendront pas forcément au niveau d'avant Covid, par exemple ?
06:13 - Absolument. C'est-à-dire que les prix ont commencé à grimper au printemps 2022,
06:18 ça fait donc aujourd'hui deux ans. En deux ans, et on le voit très bien sur le panier,
06:23 les prix ont augmenté de 20%, donc sur le panier qui fait à peu près 50 et quelques euros,
06:27 c'est quand même une hausse de 10€.
06:29 Là, les prix se stabilisent, mais effectivement, on ne va pas faire le chemin en arrière
06:34 et on ne verra pas les prix faire du -5, du -10 et encore du -20% pour retrouver les prix d'il y a deux ans.
06:40 Donc en fait, ce sont des nouveaux prix auxquels les Français sont "en train de s'habituer".
06:44 Ils ont mis en place des stratégies pour essayer de modérer l'impact de l'inflation sur leur budget.
06:51 Mais oui, on ne reviendra pas en arrière, ça c'est certain.
06:54 - Le constat, merci. Émilie Maillard, experte produit de grande consommation chez Circana France,
06:59 notre partenaire qui analyse tous les mois le panier européen de 12 produits du quotidien.
07:04 Merci d'avoir été en ligne ce matin sur Europe 1. Bonne journée à vous.
07:06 - Merci.

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