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Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste de BDO, professeure d'économie à la Sorbonne et spécialiste des prévisions économiques, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent à la nouvelle flambée des prix à la pompe où le prix des carburants est de nouveau au plus haut.

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Transcription
00:00 Vous le vérifiez à chaque fois que vous allez faire le plein. Les prix à la pompe sont repartis à la hausse, les prix d'essence
00:06 ils sont au plus haut depuis cet été. La semaine dernière le sandplan 98 frôlait les 2 euros le litre et le
00:13 gazole a franchi une nouvelle fois la barre des 1,90 euros.
00:16 Pour quelle raison est-ce que cette nouvelle flambée va durer ?
00:19 Votre invité Alexandre c'est Anne-Sophie Alsif, chef économiste au cabinet de conseil en stratégie BDO.
00:25 Bonjour Anne-Sophie Alsif.
00:27 Bonjour.
00:28 Le gazole au plus haut depuis fin août. L'essence qui bat aussi un record cette fois depuis fin juillet.
00:34 Tous les carburants se rapprochent maintenant de la barre de 2 euros le litre.
00:38 Comment expliquer cette nouvelle flambée des prix à la pompe ?
00:41 Alors c'est toujours déjà l'offre et la demande puisque c'est vrai qu'on a eu une demande récente bien plus importante
00:49 notamment par l'aspect saison et température.
00:53 Donc dès que vous avez en effet une augmentation de la demande, de suite vous avez un impact sur les prix.
01:00 Et puis vous avez les distributeurs, les raffineurs qui là aussi ont des prix qui peuvent varier plus ou moins en fonction de la demande.
01:07 Et donc globalement on a fait un prix, on va dire à la pompe, qui a pu augmenter à cause de l'addition de ces différents prix.
01:15 Vous évoquez la demande de pétrole qui augmente, en particulier j'imagine depuis que la Chine a mis fin à sa politique zéro Covid.
01:22 Les Chinois sont à nouveau libres de leur mouvement, ça joue jusqu'à nous ?
01:26 Voilà tout à fait, c'est vrai qu'il y a des fluctuations assez conjoncturelles, on le sait sur le marché des matières premières.
01:31 Et c'est vrai que depuis qu'il y a eu cette fin de cette politique chinoise avec l'idée maintenant de réouvrir,
01:38 et bien forcément tout de suite vous avez un impact sur les marchés puisque on anticipe qu'il y aura plus de demandes.
01:44 Et donc forcément s'il y a plus de demandes vous avez tout de suite un effet prix.
01:47 Donc c'est vrai qu'il y a de la volatilité que la situation chinoise joue.
01:52 Ensuite il faut rappeler pour cette année, et c'est ça un petit peu la bonne nouvelle si on regarde sur la prévision de l'ensemble de l'année 2023,
01:59 on pense quand même qu'on va avoir un trop fort ralentissement de la croissance économique.
02:03 Et donc forcément dès que vous avez un ralentissement de la croissance économique, vous aurez aussi une réduction de la demande de pétrole.
02:09 Donc on va continuer à avoir de la volatilité jusqu'à la fin de l'hiver en fonction des pics.
02:14 On va dire des différentes annonces ou géopolitiques ou commerciales ou en effet de la demande chinoise.
02:20 Mais globalement on devra avoir sur l'année 2023 un prix du baril qui baisse progressivement en raison du ralentissement de la croissance économique.
02:28 Un prix du baril qui baisse mais malgré tout ce qui arrive devant nous c'est une nouvelle phase de l'embargo sur le pétrole russe.
02:35 A partir du 5 février les pays de l'Union Européenne n'apporteront plus les produits raffinés du pétrole russe,
02:41 c'est-à-dire plus de diesel ni d'essence en provenance de Russie.
02:44 Cela peut encore contribuer à faire gonfler les prix à la pompe ?
02:48 Oui tout à fait. Il y a déjà toujours l'aspect temps puisque vous savez que les stocks peuvent être achetés avec un aspect différé dans le temps.
02:55 Ce que l'on a acheté aujourd'hui peut être un stock qu'on a acheté il y a 3 ou 4 mois.
02:59 Il y aura cet effet qui va jouer.
03:01 D'où l'intérêt sur les marchés financiers d'acheter toujours les catégories et les quantités de pétrole lorsqu'elles sont au plus bas.
03:07 On le voit, c'est toujours le cas dès que vous avez une baisse de la demande.
03:11 Mais c'est vrai qu'à partir de la décision du 5 février, ce qui se passe c'est que vous aurez, comme on ne peut plus en essayer d'acheter à la Chine,
03:18 une demande qui sera toujours là puisqu'on fera toujours en plus avec, malgré le ralentissement de la croissance économique,
03:24 une demande qui est là, signée par les politiques budgétaires des États.
03:28 Donc on aura toujours de la demande, on aura un fournisseur en moins.
03:33 Donc on risque d'avoir une augmentation sur les marchés internationaux car plus de demandes.
03:38 Alors après ça a été anticipé, donc beaucoup de pays européens ont commencé à diversifier ou essayer justement avec le marché de l'énergie
03:46 de se préparer pour essayer de contenir ces hausses.
03:50 De trouver d'autres sources d'approvisionnement par exemple.
03:53 Exactement, de diversifier les fournisseurs, l'énergie etc.
03:57 En effet, comme on connaissait la date, il n'y a plus à avoir plus d'anticipation que ce qu'on a pu connaître quand il y a eu la crise ukrainienne.
04:05 Mais on risque en effet d'une manière conjoncturelle d'avoir également une hausse.
04:09 Un phénomène très remarqué Anne-Sophie Alcive dans les stations-services.
04:12 De plus en plus d'automobilistes se tournent maintenant vers le super-éthanol E85.
04:17 Sa consommation a bondi de 83%. L'an dernier, c'est vraiment le carburant anti-crise.
04:22 Complètement, il y a d'autres pays qui l'utilisent beaucoup, notamment par exemple le Brésil.
04:26 C'est vrai que c'est un avantage parce qu'il est de plus en plus distribué.
04:30 Pas sur l'ensemble du territoire, mais on en trouve de plus en plus notamment dans les grandes villes.
04:35 Donc c'est vrai qu'avec cette multiplication des points de distribution, c'est plus facile pour le consommateur.
04:42 Et puis également, pour adapter votre véhicule, ça peut nécessiter un petit investissement.
04:47 Mais globalement, c'est vrai que c'est assez rentable puisque le prix à la pompe est beaucoup plus faible.
04:53 Et en plus, c'est moins polluant. Donc c'est gagnant-gagnant.
04:56 Le prix à la pompe, en effet, 1,10€ le litre. Il a beaucoup augmenté ce super-éthanol, mais ça reste évidemment moins cher que les autres carburants.
05:04 Comme vous le disiez, à moins d'avoir un véhicule neuf flex-fuel d'origine, capable de rouler à toutes les essences,
05:10 il faut équiper son véhicule d'un boîtier de conversion. C'est 800€, pause comprise.
05:15 Mais une fois amorti, c'est vrai, c'est plusieurs centaines d'euros d'économie par an.
05:19 Le gouvernement Anne-Sophie Alcif a mis en place un chèque carburant de 100€.
05:24 Bruno Le Maire l'a précisé hier matin sur Europe 1. 3 millions de Français en ont fait la demande sur les 10 millions de Français éligibles.
05:30 Est-ce que c'est une mesure efficace économiquement ?
05:34 C'est efficace toujours à court terme pour essayer de limiter l'impact sur le pouvoir d'achat des Français.
05:40 C'est un chèque qui est ciblé. Donc ce n'est pas pour tout le monde.
05:43 Donc là aussi, dès que vous avez des mesures qui sont beaucoup plus ciblées et qui concernent les populations qui sont vraiment les plus impactées par la hausse des prix,
05:51 c'est plus efficace. Donc là, il y a vraiment l'idée d'avoir un choix qui l'en coûte beaucoup plus réduit, bien sûr en termes de coûts pour les finances publiques.
05:58 Donc je dirais en fait que c'est une bonne chose. Après, on le sait, on attend quand même encore beaucoup de volatilité les deux premiers trimestres de cette année.
06:05 Donc il y aura encore des pics, comme on l'a dit précédemment.
06:08 Donc c'est vrai que 100 euros, c'est une aide, mais ce n'est pas ça qui va sûrement suffire pour compenser la part du pouvoir d'achat en raison des prix de l'énergie.
06:17 Mais en tout cas, pour les personnes surtout qui roulent beaucoup, c'est une aide non négligeable.
06:22 En effet, effectivement, merci à calculer que ça représente une aide d'environ 10 centimes par litre sur l'année pour quelqu'un qui fait 12 000 kilomètres par an.
06:30 Merci beaucoup Anne-Sophie Alsif. Je rappelle que vous êtes chef économiste au cabinet de conseil en stratégie BDO.
06:37 BDO. Merci à vous.

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