• il y a 6 mois

Yves Puget, directeur de la rédaction de LSA et spécialiste de la grande distribution et consommation, répond aux questions de Stéphanie de Muru. Ensemble, ils s'intéressent au phénomène de la shrinkflation qui consiste à diminuer les quantités d'un produit tout en augmentant le prix.

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Transcription
00:005h-7h, Stéphanie Demuru en Blinroch, Europe 1, il est 6h42.
00:04Est-ce que vous connaissez la shrinkflation, un procédé qui consiste pour les marques à réduire la quantité de leurs produits sans en baisser le prix, voire l'augmenter ?
00:14Et bien désormais, une étiquette indiquera cette pratique en supermarché.
00:18Et vous en parlez avec votre ingénieur ce matin Stéphanie sur Europe 1, il s'agit de Yves Puget, directeur de la rédaction de LSA, spécialiste de la consommation et de la grande distribution.
00:26Bonjour Yves Puget.
00:28Oui bonjour.
00:29Alors c'est une nouveauté pour les grandes surfaces, dès lundi, un nouvel affichage fait son apparition en rayon, en substance, on l'ira.
00:38Pour ce produit, la quantité vendue est passée de Xg à Xg et son prix augmenté de X% ou X€, c'est bien ça ?
00:46Oui c'est bien ça et alors on verra les résultats lundi.
00:50Je vous rappelle que dans un hypermarché, il y a environ 20 000 références et alors j'ai appelé hier des distributeurs.
00:56Il y a deux distributeurs qui m'ont dit qu'il n'y aurait strictement aucune étiquette.
00:59Un distributeur qui m'a dit qu'il y aurait entre 4 et 6 étiquettes et un autre distributeur qui m'a dit qu'il y aurait moins de 10 étiquettes.
01:05Comme je l'ai écrit dans un édito il y a quelques mois, ça va devenir de la pchitflation, ça va faire pchit.
01:11C'est un débat qui a été surcommuniqué à l'origine par une association, après par les distributeurs qui ont trouvé là l'occasion de critiquer leurs amis fournisseurs.
01:20Et après par une ministre qui a trouvé un moyen de communication.
01:23Donc voilà, on en arrive là et j'ai eu un autre distributeur qui m'a dit que ce petit sujet occupe une personne à plein temps chez lui pour vérifier.
01:31Je ne suis pas sûr que ça fasse baisser les prix en envoyant une personne à plein temps pour regarder les étiquettes.
01:36Alors effectivement les acteurs, vous venez de le dire, de la grande distribution évoque une très faible proportion d'articles, moins de 10 nous dit la coopérative U.
01:45Mais finalement est-ce que, sans remettre évidemment en cause leurs paroles, mais est-ce que c'est vrai ou c'est faux ?
01:51Parce qu'on l'a tous constaté quand même en tant que consommateurs ces derniers mois, ces dernières années d'inflation,
01:57où vous voyez les quantités baissées des produits et même à l'intérieur des produits, peut-être moins de ceci, moins de cela, moins de porc dans une saucisse et le prix augmenté.
02:08Donc qui dit vrai, qui dit faux ?
02:11Mais il y a, le phénomène existe depuis des années. Foodwatch d'ailleurs fait depuis des années son étude.
02:18Simplement en grosse période d'inflation, ça a eu beaucoup de bruit médiatique.
02:22Mais c'est une bonne chose.
02:24Je ne sais pas si vous voulez, il y a le prix au litre et au kilo.
02:28Lorsque vous achetez un paquet de chips, est-ce que c'est le rôle de la répression des fraudes d'aller calculer le nombre de chips ?
02:34Vous avez tout simplement un prix qui correspond à un prix en moyenne qui est à peu près d'un euro.
02:40Si vous achetez un téléviseur et qu'on ne vous dit pas qu'il ne peut prendre que du noir et blanc pour des réductions de prix, je comprends qu'il y a escroquerie.
02:47Mais après, le consommateur est maître de ses achats et l'industriel est maître de la composition de ses produits.
02:52Oui, mais quand on a une confiture qui a moins de fruits, c'est quand même pénalisant pour le consommateur qui est ainsi trompé.
03:01Non ? Vous n'êtes pas d'accord avec ça ?
03:03Non, je ne suis pas d'accord avec ça.
03:05Je préfère avoir des agents de la répression des fraudes qui travaillent sur la question des pénalités logistiques, qui travaillent sur les fausses allégations, sur les faux drapeaux français, etc.
03:16Oui, c'est un vrai sujet. Après, l'industriel est maître de son process, maître de ses recettes. Il a le droit d'en changer.
03:23Il y a un juge de paix, c'est le prix au litre et au kilo.
03:26Et si vous trouvez que le produit que vous avez acheté, 1€, 2€, 3€, ne vous convient pas parce qu'il y a moins de chips ou moins de je ne sais quoi, vous n'êtes pas endetté sur 15 ans.
03:36Sauf qu'on ne le voit pas très bien. Et là, il y aura une vraie transparence.
03:40D'ailleurs, les consommateurs applaudissent plutôt ce procédé, cette transparence qui a été, on le rappelle, voulue par le gouvernement.
03:47Il n'y aura pas du tout de transparence. D'abord, la loi l'oblige que le juge sur deux mois.
03:52Et deuxièmement, ne prend pas en considération Internet.
03:55C'est aussi l'absurdité de la loi. C'est-à-dire, on l'impose au magasin, mais pas au site Internet.
04:00Donc, pas sur les drives. Et après, la loi, non. La loi, tout simplement, il suffit de faire un changement de recette.
04:06C'est-à-dire que c'est la recette égale. C'est-à-dire, vous avez 80% de taux de cacao, vous baissez votre taux de cacao à 78%.
04:13Vous dites que c'est un changement de recette et ça passe. Il n'y a pas besoin de l'afficher en rayon.
04:17Donc, on voit que c'est un peu l'absurdité de la loi. Je trouve qu'actuellement, et depuis des mois, je le dis,
04:23je crois que l'État a d'autres choses à faire que d'aller vérifier ça.
04:26Quant aux arnaques, non. Je dirais qu'on va sur trop d'excès de transparence.
04:31Après, c'est vrai que c'est légal. C'est un procédé légal, de toute façon.
04:35C'est totalement légal. Ce qui importe, c'est le prix au litre et au kilo. C'est ça qu'il faut regarder.
04:41Et encore une fois, on parle de produits qui ne sont pas très chers.
04:45Mais surtout, si quelqu'un estime qu'il s'est fait avoir, qu'il y a moins de chips dans le paquet, mais qu'il ne le rachète pas, qu'il change de marque.
04:52Oui. Alors, les grands distributeurs, eux, râlent aussi.
04:56Parce qu'ils estiment qu'ils ont, comme vous l'avez dit au début de cette interview, un petit peu tout à organiser.
05:00Ils aimeraient bien que les industriels mettent la main à la pâte et les informent en amont. Ils ont raison, non ?
05:07Les industriels, c'est un paradoxe. Je vais les défendre.
05:11Les distributeurs, au mois de septembre, après l'étude Foodwatch, ont crié au scandale.
05:16Donc, ils sont montés au créneau. Ils ont trouvé là un moyen de critiquer leurs amis fournisseurs.
05:20Et Olivia Grégoire a déclaré un effet boomerang parce que finalement, elle a reporté la responsabilité de l'étiquetage aux distributeurs.
05:29Tout simplement parce que tout ça, ça dépend d'un règlement européen.
05:33Oui.
05:34Donc, la France ne peut pas tout faire. Et donc, on se retrouve avec cette situation absurde
05:39où des distributeurs qui ont crié au feu, c'est à eux de l'éteindre, le feu.
05:43Et tout à coup, on s'aperçoit qu'ils ont appelé les pompiers et on va s'apercevoir que finalement, il n'y a pas de feu dans les rayons.
05:48Merci en tout cas, Yves Puget. Merci pour ce décryptage sur Europe 1.

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