Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Quasiment 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Mathieu Bocoté.
00:04Cher Mathieu, bonsoir.
00:05Bonsoir.
00:06Heureux de vous retrouver.
00:07Heureux d'être de retour en France.
00:09Ça s'est bien passé ?
00:10Absolument.
00:11Vous nous avez manqué.
00:12Arthur de Vatrigan, ravi de vous retrouver également.
00:14Le point sur l'information, c'est avec Adrien Fontenot et on commence l'émission dans un instant.
00:18Cher Adrien, bonsoir.
00:19Bonsoir Eliott, bonsoir à tous.
00:21Une semaine après la mort du jeune Mathis, 15 ans, tué par un adolescent du même âge,
00:25une marche blanche s'était organisée dans le centre de Châteauroux cet après-midi.
00:28Quelques 8000 personnes y ont participé, un hommage organisé à l'appel de sa famille
00:33qui refuse toute récupération politique.
00:35Pour rappel, son agresseur présumé a été mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire.
00:39La mère de cet adolescent soupçonnait d'avoir giflé Mathis alors qu'il était déjà blessé,
00:43a également été mise en examen pour violence volontaire sur personne vulnérable.
00:47En campagnage actuel dans le cadre des élections européennes,
00:50Éric Zemmour a été la cible d'insultes et de G2 alors qu'il déambulait sur un marché.
00:54Une quinzaine d'individus qui ont traité le président de Reconquête de fachos,
00:58le procureur d'Ajaccio, annonce l'ouverture d'une enquête pour violence en réunion avec Armes.
01:02Et puis les discussions autour d'une trêve à Gaza se poursuivent.
01:05Une délégation du Hamas est arrivée aujourd'hui en Égypte pour négocier un accord.
01:09Israël, de son côté, enverra une délégation au Caire seulement en cas d'avancée positive
01:13sur un possible échange d'otages contre des prisonniers palestiniens.
01:16Outre cet échange, l'offre comprendrait également 40 jours de pause.
01:20Après bientôt 7 mois de guerre, les forces de Tzahal menacent toujours de lancer une opération terrestre à Rafah.
01:26Merci cher Adrien pour le point sur l'information.
01:29A l'approche des Jeux Olympiques, tous les chemins mènent à Paris.
01:32Mais pas tous les courants de pensée. Gare à celui qui remettrait en doute le progressisme.
01:36Alors faut-il épouser les thèses les plus woke pour être vu d'un bon oeil dans les rues de la capitale ?
01:41Comment expliquer ce décalage idéologique entre la mairie de Paris et l'ensemble du pays ?
01:46On en parle dans un instant.
01:48A la une également, 5 à 8000 personnes rassemblées ce samedi pour rendre un dernier hommage à Matisse.
01:5215 ans, tué le 27 avril dernier.
01:54Deux coups de couteau portés par un autre adolescent de 15 ans, d'origine afghane, connu des services de police et de justice.
02:00Mathieu, vous souhaitez revenir sur la signification sociologique de ce drame et le traitement médiatique qui en a été fait.
02:07Enfin, vous recevez ce samedi Frédéric Lemoyle, historien, auteur entre autres de l'histoire du fascisme et les hommes de Mussolini.
02:14Quelle différence y a-t-il entre le fascisme d'hier et celui d'aujourd'hui ?
02:19Vaste programme pour face à Mathieu Bockcôté. Face à Mathieu Bockcôté, c'est parti.
02:37Cher Mathieu Bockcôté, la mairie de Paris s'est imposée au cœur de la plus récente actualité par des choix idéologiques très marqués.
02:44Et c'est sur ces choix que vous souhaitez revenir ce soir dans votre première édito.
02:48La mairie de Paris et la ville de Paris plus largement, et ce qui se passe à Paris au sens large.
02:54Parce que, bon, vous l'avez dit, tous les projecteurs sont braqués sur Paris, capitale de la France d'un point de vue historique,
03:01mais capitale du monde qui vient, capitale de la post-France ou de la France post-française, je ne sais pas comment dire la chose, dans les temps qui viennent.
03:08Et les JO représentent un moment tournant.
03:11En fait, tout ce qui est lié de près ou de loin aux JO nous prépare à cet espèce de basculement de notre représentation de la capitale.
03:20Alors, premier élément, qui portera parmi d'autres la flamme olympique à Paris ?
03:24On nous annonçait que ce sera une drag queen, mini majesté, qui va porter la flamme olympique.
03:30Et on nous présente cela comme un grand moment d'émancipation pour ceux qu'on appelle au sens large les LGBTQ2TI+.
03:40Vous pouvez le faire dans différents ordres.
03:43Donc, un grand moment, pourquoi ? C'est un moment d'émancipation.
03:45On dit que les JO doivent permettre de mettre de l'avant les figures nouvelles de l'émancipation sexuelle, mais pas seulement sexuelle, de l'émancipation de la diversité.
03:53Et la drag queen est vue comme, qu'est-ce qu'une drag queen ? On le rappelle, c'est un homme qui se déguise en femme de manière caricaturale,
04:01en accentuant de manière caricaturale les traits sexués féminins.
04:04Et on nous dit que c'est un symbole d'ouverture et de diversité.
04:08Ce sera le symbole nouveau de la liberté parisienne, de l'émancipation parisienne.
04:13On pourrait croire que les JO auraient dû permettre plutôt de mettre de l'avant ce qu'on appelait l'élégance à la française, la beauté à la française,
04:21une certaine féminité ou masculinité qu'on veut à la française.
04:24On bascule plutôt ici vers un autre modèle anthropologique, un autre modèle culturel.
04:29Donc, la drag queen devient le symbole du monde qui vient.
04:32Et on comprend pourquoi. La drag queen, c'est la rupture radicale avec le corps biologique, le corps sexué.
04:38C'est l'être humain qui est pur fantasme, qui est le fantasme de son identité sous le signe d'une sexualité revendiquée, extravagante.
04:45La drag queen, on ne parle pas des choix, des préférences ou de l'identité sexuelle des gens.
04:49On est dans cette idée d'une déconstruction radicale sous le signe de la caricature du masculin et du féminin.
04:53Ce n'est pas surprenant que ce soit à Paris, si je peux me permettre, parce qu'on en a parlé la semaine dernière,
04:58mais on en a parlé aussi la semaine d'avant, le livre du moment, Transmania, qui est un livre au cœur de l'actualité.
05:04Et c'est le livre que plusieurs aujourd'hui cherchent politiquement à censurer.
05:09Il faut comprendre, on est en France aujourd'hui, en 2024.
05:12Les autorités politiques parisiennes cherchent à censurer un livre parce qu'il remet en question la théorie du genre, l'idéologie transgenre.
05:21Et qu'est-ce qu'on a vu cette semaine? Yann Brossat, qui est une figure importante de la gauche parisienne, c'est le moins qu'on puisse dire.
05:27C'est l'acteur qui nous dit qu'il faut interdire, empêcher, la conférence qui était programmée, je crois que c'était à Assas,
05:35empêcher cette conférence, elle ne doit pas être tenue, on ne doit pas la tenir parce que, c'est le discours habituel,
05:41la transphobie, ce qu'ils appellent la transphobie, c'est toute forme de désaccord avec la théorie du genre.
05:45Ce n'est pas une opinion, c'est un délit. Et dès lors, il faut interdire cela.
05:50Donc on cherche politiquement à interdire une conférence et limiter la circulation d'un livre.
05:55Aujourd'hui, dans le contexte où on nous dit, ça revient toujours en boucle, dans le pari des Olympiques,
06:00dans le pari qui justement s'ouvre aujourd'hui dans sa grande révolution identitaire et idéologique pour embrasser sa vocation de ville-monde
06:07pendant les Olympiques, comment pourrait-on tolérer de tels discours?
06:10Je note qu'il est soutenu par la tête de liste des communistes aux Européennes, Léon Desfontaines.
06:15On avait l'impression que les communistes étaient un peu transformés ces dernières années, moi je n'y avais jamais cru.
06:20Si on est communiste, c'est qu'on demeure fidèle à une idéologie dont on connaît l'oeuvre à travers l'histoire.
06:24Mais quoi qu'il en soit, Léon Desfontaines, on lui a posé la question sur une autre chaîne,
06:29et l'interdiction de cette conférence, vous trouvez que c'est bien?
06:32Il dit oui, bien sûr, la transphobie n'est pas une opinion, c'est un délit.
06:35Au même moment, un peu partout en France, vous le noterez, la gauche radicale, elle est fille,
06:39nous dit qu'elle est à la pointe du combat pour la liberté d'expression autour de la question de Gaza,
06:46autour de Rima Hassan, autour de la conférence de Jean-Luc Mélenchon.
06:50Donc la gauche qui veut tout censurer à Paris, mais au même moment ailleurs,
06:56réclame la liberté d'expression, mais seulement pour les siens.
06:59Dans le même contexte, parce que la trame de fond de tout cela, c'est Paris,
07:03il y a, on nous a annoncé, ça ce n'est pas la mairie nécessairement,
07:07mais dans le cadre des Olympiques, qu'est-ce qu'on va offrir, notamment Place de la Concorde,
07:11pour que les gens puissent se sustenter, pour qu'ils puissent bien manger.
07:14C'est agréable, c'est une fête des Olympiques, ça devrait être un banquet,
07:17un banquet d'Astérix, un banquet d'Obelix, plutôt un banquet à la française.
07:20Eh bien, pas du tout. Le Figaro nous apprenait, nous apprenait, dis-je,
07:24parmi les choses qui seront au menu, saucisses végétales, falafels de betterave,
07:29le sud de la Concorde ne servira que des recettes végétariennes.
07:34Je sais, pour moi aussi, ça, pour moi, ce n'est pas une opinion, c'est un délit.
07:38Mais quoi qu'il en soit, à ce niveau de folie, qu'est-ce qu'on voit?
07:42On a sacrifié la beauté à la française et l'élégance à la française,
07:45avec la consécration de la drag queen.
07:47Eh bien, là, on sacrifie la gastronomie à la française, les traditions à la française.
07:51On pourrait croire que les Olympiques, c'est l'occasion de mettre de l'avant
07:54la culture française, dans ce cas-là, de plus profonde, de plus caractéristique.
07:57Eh bien, non. En fait, la représentation, on pourrait dire traditionnelle,
08:01la culture française, on réserve ça pour la Coupe de rugby.
08:04On peut s'en rappeler, la Coupe de rugby. Et là, c'était scandaleux.
08:07Comment pouvait-on présenter une France aussi rance, une France aussi française,
08:11une France aussi moisie? La seule France intéressante, c'est la France
08:14des saucisses végétales et de falafel de betterave.
08:17C'est terrifiant de dire des choses comme ça. Ça peut sembler drôle,
08:20mais c'est terrifiant parce que là, sacrifice de la beauté et de l'élégance,
08:24sacrifice de la gastronomie, volonté. Donc, la question de l'alimentation
08:28est devenue une question politique aujourd'hui. Le véganisme, un certain végétarisme.
08:32Je parle pas du végétarisme comme choix personnel, mais la volonté de l'imposer à tous,
08:35la volonté de rompre avec l'alimentation carnée, la volonté de rompre avec l'alimentation.
08:39Donc, le boeuf, faites la liste de tout ce qu'on peut manger avec enthousiasme.
08:43On doit faire partir ça. C'est l'homme nouveau doit aussi manger nouvellement
08:47dans son assiette. Et là, on peut aller plus loin. Le fait que Paris va être
08:51transformée en zone sous code QR. Il va falloir se promener en certaines lieux
08:55avec des autorisations. À tout le moins, c'était le projet de certains
08:58pendant les Olympiques. Et ne pas oublier que dans l'affiche des Jeux olympiques,
09:03on a effacé la croix. Ne l'oublions pas. Hop! De trop, la croix.
09:06Finalement, les Olympiques deviennent un moment d'accélération,
09:09de la défrancisation symbolique et culturelle de la France.
09:12De ce point de vue, je comprends que bien des gens fuient les Olympiques
09:16parce qu'ils fuient Paris pour retrouver la France, à tout le moins cet été.
09:20On va essayer de trouver un hot-dog à côté de la place de la Concorde.
09:23À la saucisse au betterave.
09:25On a l'impression que ces innovations idéologiques sont moins portées
09:28au niveau national que municipal. Est-ce que notre impression est fondée,
09:32Mathieu Bocoté?
09:33Je pense qu'il faut voir comment chaque idéologie aujourd'hui se déploie
09:36à un niveau qui lui est pas spécifique, mais favorable.
09:39L'extrême-centre embrasse le poste national. L'extrême-centre aime l'Europe.
09:44L'extrême-centre aime la gouvernance mondialisée. L'extrême-centre aime
09:47les lieux de pouvoir désincarnés. Disons ça comme ça.
09:51Ce qui fait que l'Union européenne, c'est le lieu de pouvoir privilégier
09:54de l'extrême-centre pour piloter la prochaine étape dans l'histoire humaine.
09:57La droite, droite nationale globalement, préfère le niveau national justement
10:02parce que la nation est vue comme le lieu de référence,
10:05la communauté politique de référence où peut se poursuivre l'expérience démocratique
10:09de la liberté, et puis le fait est qu'il existe des peuples,
10:12et le niveau national permet aux peuples de se gouverner eux-mêmes.
10:15Et au niveau municipal, on le voit de plus en plus,
10:18il y a véritablement la gauche radicale. La gauche radicale dit
10:21OK, on peut pas gagner au niveau national la plupart du temps.
10:23C'est pas possible. Mais on peut, à cause d'une démographie particulière,
10:26à cause de la sociologie électorale particulière des grandes villes
10:29ou des villes moyennes, on peut s'emparer de ces villes-là
10:32et les transformer en laboratoires idéologiques pour créer le monde nouveau
10:36qui nous échappe au niveau national. Donc, qu'est-ce qu'on voit?
10:39On le voit, mais pas seulement à Paris. Parce que l'administration Hidalgo
10:42en cette matière, c'est la pointe avancée du progrès.
10:45Mais pensez aussi à Londres qui, au moment du Brexit, disait
10:48est-ce qu'on doit vraiment être solidaires à la décision du Brexit?
10:51Nous qui sommes des Britanniques sophistiqués, évolués, devons-nous
10:54véritablement nous sentir liés par les cutéreux, les édentés,
10:57les types avec un visage si effrayant, qui sont malodorants même à l'écran?
11:03Est-ce qu'on doit vraiment se laisser commander nos choix politiques
11:07par la Grande-Bretagne profonde? Non.
11:09Londres, c'est autre chose. Paris, c'est autre chose.
11:12On pourrait dire aujourd'hui Lyon, Bordeaux, ces villes qui sont
11:15souvent contrôlées par les écolos d'ailleurs et qui cherchent
11:18véritablement à transformer en lieu de l'utopie progressiste nouvelle,
11:22l'utopie woke, la révolution diversitaire d'étant présent,
11:25le nouveau totalitarisme municipal dans certains cas.
11:28Eh bien, les villes deviennent le lieu où tout cela devient possible.
11:32Je note, soit dit en passant, que des villes comme la mairie de Paris,
11:35si je ne me trompe pas, j'espère ne pas me tromper,
11:37financent des trucs comme SOS Méditerranée.
11:39Donc, ça vient dans un même état d'esprit.
11:41Et je note que la politique redevient au niveau municipal,
11:44elle redevient très concrète.
11:46Parce qu'au niveau national, c'est souvent des politiques
11:48publiques impuissantes. Au niveau post-national,
11:50on pilote l'histoire sur les décennies.
11:52Au niveau municipal, c'est très concret.
11:54On contrôle la vie des gens.
11:56Et qu'est-ce que la gauche radicale préfère,
11:58si ce n'est contrôler la vie des gens,
12:00au point même de révolutionner l'alimentation pendant les Jeux,
12:03en bannissant la gastronomie française de la France pendant un temps.
12:06Vous souhaitez revenir également sur la controverse entourant
12:09Nassira El Mouadem, car elle vous semble liée
12:12à votre développement précédent.
12:14Ah, mais c'est exceptionnel.
12:16J'ai regardé ça cette semaine de Montréal et j'étais révolté.
12:19Voilà une femme qui insulte les Français.
12:22Peuple, pays de racistes dégénérés ou de dégénérés racistes.
12:25Bon, c'est quand même violent comme expression.
12:28Qu'est-ce qu'on voit? Là, des gens réagissent.
12:30Pas toujours de belle manière, on en convient.
12:33C'est assez rare, par ailleurs, des gens qui réagissent bien
12:35au fait de se faire insulter.
12:37Donc, pays de racistes dégénérés, des gens répondent.
12:40Et quelle est la controverse médiatique du moment?
12:42On oublie complètement la déclaration première de Mme El Mouadem
12:46et on décide de se concentrer seulement sur la réaction
12:48de ceux qui étaient insultés.
12:50Donc, on fait disparaître l'insulte première,
12:52qui est une insulte que certains pourraient dire
12:54avec une connotation raciale.
12:56Pays de racistes dégénérés.
12:58C'est quoi, si c'est pas de l'essentialisation, ça?
13:00Ensuite, on s'en extrait de ce pays,
13:02on le regarde de l'extérieur en qui êtes-vous,
13:04vous les ploucs, les bouseux dégoûtants.
13:07Et donc, c'est une attaque assez violente.
13:10Réaction des réseaux sociaux.
13:12Et là, le récit médiatique se fixe exclusivement
13:15sur les réseaux sociaux en disant,
13:17à quel point cette dame, cette pauvre dame,
13:19est victime de harcèlement.
13:21Et là, tous les grands médias s'y mettent
13:23pour la présenter, pour la victimiser.
13:25Au point même où Mme Adèle Van Riet,
13:28qui est une femme estimable par ailleurs,
13:30l'a dit sur Twitter,
13:32je l'ai dit de vive voix ce matin à Nasser El Mouadem,
13:35et je le redis ici, les attaques racistes
13:37qu'elle subit sont inacceptables.
13:39Elle a tout mon soutien.
13:41J'aimerais demander à Mme Van Riet si tout son soutien
13:43se porte aussi sur la déclaration de Mme El Mouadem
13:45sur le fait que la France soit un pays de racistes dégénérés.
13:47Est-ce que Mme Van Riet soutient aussi cette idée
13:50que les Français sont des racistes dégénérés?
13:52J'aimerais vraiment le savoir.
13:54De quel soutien parle-t-on?
13:56Pour le reste, sinon, on a l'impression
13:58que la France nouvelle insulte la France dite d'hier,
14:00qu'on pourrait dire,
14:02oui, il y a une commune nationalité juridique,
14:04mais ce n'est pas le même peuple, en fait,
14:06qui parle à travers cette commune nationalité juridique.
14:08Tout le monde peut en avoir l'impression.
14:10Tout le monde se positionne.
14:12C'est une querelle de positionnement moral
14:14et médiatique.
14:16Donc là, si vous considérez que l'insulte de base
14:18était inacceptable,
14:20vous êtes probablement d'extrême-droite,
14:22de droite et raciste et tout ça.
14:24Si vous vous solidarisez de la victime du moment,
14:26là, vous êtes du bon côté de l'histoire.
14:28Je note, et je terminerai mon édito là-dessus,
14:30que c'est la même chose
14:32avec ce qu'on a vu en Corse aujourd'hui.
14:34Éric Zemmour, qu'on en pense ce qu'on veut,
14:36la question n'est pas là, se fait agresser.
14:38Il se fait agresser.
14:40Les milices antifas sont là, l'extrême-gauche est là,
14:42les femmes l'attaquent.
14:44Zemmour se défend.
14:46Comment nous raconte-t-on l'histoire médiatiquement?
14:48J'ai lu sur un site important de services publics,
14:50on dit, Zemmour, je crois,
14:52agresse ou frappe une femme.
14:54Mais c'est quoi ce récit absolument mensonger
14:56digne des pires soviétiques?
14:58Le type se fait agresser par une femme
15:00qui manifestement voulait le tabasser à tout prix,
15:02réussit à lui écraser un oeuf sur la tête.
15:04Le type n'est pas au courant que c'est un oeuf,
15:06qu'on se fait agresser dans le dos,
15:08à moins d'avoir des yeux derrière la tête.
15:10Et quand Zemmour se défend,
15:12eh bien, Zemmour est le coupable
15:14et celle qui l'agresse est la victime.
15:16Donc, c'est toujours un même système
15:18d'inversion du récit, d'inversion du réel.
15:20Et tout cela, à mon avis,
15:22s'inscrit dans la continuité idéologique
15:24de la séquence des dernières semaines.
15:26Et ça culmine donc avec cette agression
15:28contre Zemmour, qu'on a transformée
15:30en agression de Zemmour ce soir.
15:32Tout ça est lié.
15:34Juste pour une petite parenthèse pour Mme Mohadem,
15:36vous avez beaucoup de syndicats,
15:38il s'avère que la semaine dernière,
15:40quand nos journalistes de CNews ont été insultés,
15:42menacés, exfiltrés d'une manifestation,
15:44j'ai malheureusement pas vu
15:46un communiqué de la SDJ de France Inter.
15:48Et quand Mme Binet décide
15:50de dire, dit je ne veux pas
15:52ce journaliste-là contre moi,
15:54où sont les reporteurs sans frontières,
15:56où sont les syndicats de journalistes?
15:58À un moment donné, il y a quand même des limites
16:00à se laisser dominer par les faux culs.
16:02Ils sont peut-être place de la Concorde.
16:04Manger des saucisses végétales.
16:06Très intriguant. Quel regard portez-vous
16:08sur ce Paris, capitale de la Poste France?
16:10Il faut savoir qu'Anne Hidalgo,
16:12c'est la déconstruction permanente.
16:14Anne Hidalgo, c'est une femme qui s'ennuie.
16:16Elle s'ennuie, mais elle est ambitieuse.
16:18Elle veut laisser une trace dans l'histoire.
16:20Pour le moment, le seul héritage qu'elle va laisser
16:22aux Parisiens, c'est une dette monstrueuse.
16:24Mais si vous voulez comprendre Hidalgo,
16:26c'est le syndic d'un immeuble,
16:28qui à peine élu par erreur, débarque chez vous,
16:30repeint vos murs, casse vos pièces à la masse,
16:32décroche vos photos et les remplace
16:34avec des dessins inclusifs d'une école primaire
16:36et ensuite, elle vous envoie la facture.
16:38Mais si vous voulez voir le côté positif,
16:40bien mieux que des cours d'inclusion que nous vend
16:42le gouvernement pour régler le problème des attaques au couteau,
16:44vous proposez une visite de Paris
16:46à tous les élèves de France, et elle ira bien plus vite.
16:48Je ne dis pas qu'ils risquent de tiquer un peu
16:50sur le vivre-ensemble avec des surmulots,
16:52mais vous leur envoyez un tuto de Démric Caron sur Insta,
16:54ça réglera le problème. Le souci qu'on va avoir,
16:56c'est lorsqu'ils vont demander pourquoi avoir choisi
16:58la Cour des Miracles comme capitale
17:00de notre beau pays. Jusqu'à il y a quelques mois,
17:02on pouvait dire, regardez,
17:04les JO comme argument,
17:06Anne Hidalgo avait annoncé une grande fête populaire
17:08avec 2 millions de spectateurs
17:10pour la cérémonie d'ouverture.
17:126 mois après, on nous dit que ce n'est pas 2 millions,
17:14ça va être 1 million. L'année dernière, le ministre de l'Intérieur
17:16nous dit que ce n'est pas 1 million, ça va être 600 000.
17:18Et là, on apprend que ça va être 326 000.
17:20326 000 personnes, dont un tiers
17:22vont devoir vendre les organes de leurs enfants
17:24pour acheter des places qui vont être aussi confortables
17:26que des boxes de bourrin à Longchamp.
17:28Et les autres, les 200 000 restants, vont être invités
17:30par l'État et les collectivités.
17:32Donc la fête populaire, elle a pris un peu du plomb dans l'aile.
17:34Donc il faut trouver une autre explication.
17:36Et là, on rentre dans le détail de l'élection
17:38de Mme Hidalgo. Mme Hidalgo,
17:404 parisiens sur 5
17:42n'ont pas voté pour Anne Hidalgo.
17:44Et pourtant, elle a été élue.
17:46Alors, il y a évidemment l'explication du virus pangolin.
17:48On se rappelle, c'était en plein coronavirus.
17:50On nous a tellement fait flipper
17:52que la moitié des électeurs ne sont pas déplacés.
17:54Il faut s'en souvenir,
17:56à l'heure des charges, on comprend, on dit,
17:58un tubé avec un trac d'Anne Hidalgo dans les mains,
18:00ça ne fait pas rêver.
18:02Une autre grande partie des électeurs sont inscrits
18:04sur les listes électorales de leur maison de campagne
18:06parce qu'ils préfèrent empêcher la construction
18:08de pavillons au bout de leur parc.
18:10Et donc, il reste quelques électeurs par-ci, par-là.
18:12Et la méthode d'Anne Hidalgo, c'est la partition.
18:14Il y a autant de maires adjoints que de punaises de lits
18:16sur un siège de Cinoche à Paris.
18:18Donc, qu'est-ce qu'elle va faire ? Elle va attribuer des postes
18:20à chacun de ces soi-disant représentants de soi-disant minorités.
18:22Et hop, le tour est joué.
18:24Et si vous écoutez Mme Hidalgo,
18:28elle est là pour sauver la planète,
18:30lutter contre le fascisme, faire des papouilles aux stalinistes,
18:32repeindre les passages piétons arc-en-ciel.
18:34Ils sont contre les frontières partout,
18:36mais pas à Paris, parce qu'il faut quand même empêcher
18:38les beaufs de Provence et de Montréal de venir troubler le Nouveau Monde.
18:40Et ils refilent un max de pognon aux lobbies
18:42LGBT, immigrationnistes et antispécistes.
18:44Donc forcément, quand on s'attaque
18:46à l'un de ces lobbies,
18:48c'est le branbat de combat à la mairie
18:50parce qu'on s'attaque aux clients de Mme Hidalgo.
18:52Donc on censure les affiches, on colle des procès,
18:54on interdit des conférences.
18:56Il y a eu une manifestation aujourd'hui,
18:58une marche lesbienne, comme ils ont intitulé,
19:00afin de, je les cite,
19:02visibiliser les luttes menées
19:04par les différents collectifs lesbiens.
19:06Une manifestation contre la répression
19:08des mouvements sociaux de gauche,
19:10contre le racisme systémique, contre les idées
19:12d'anti-trans et contre la normalisation
19:14de la xénophobie croissante.
19:16Bon. Alors un petit conseil
19:18d'ami, si la xénophobie,
19:20c'est s'interroger sur la compatibilité d'une marche
19:22de fierté avec la charrière importée,
19:24je vous invite très rapidement à devenir xénophobe,
19:26sauf à vouloir assis le sol élastique
19:28depuis la tour Montparnasse sans élastique.
19:30Autre sujet,
19:32Mathieu Bocoté, on a beaucoup parlé
19:34de la mort du jeune Matisse cette semaine,
19:36d'ailleurs il y avait sa marche blanche
19:38aujourd'hui à Châteauroux,
19:40assassinée par un jeune aveugle.
19:42C'est sur la signification sociologique
19:44et le traitement médiatique de cette histoire
19:46que vous souhaitez revenir dans votre second édito.
19:48Je dirais que les martyrs du vivre ensemble
19:50commencent à se multiplier.
19:52Ce sont des noms qui se
19:54gravent dans notre esprit.
19:56Lola, Thomas,
19:58Matisse. Ce sont des noms qui
20:00s'inscrivent dans notre esprit
20:02comme tout autant de victimes d'une réalité
20:04qu'il ne nous est pas permis de nommer.
20:06Je veux dire, une phrase théorique, il y a quelque chose
20:08qui devient presque banale dans
20:10de telles agressions. Elles sont horribles,
20:12elles sont inacceptables,
20:14mais nous nous y habituons.
20:18On le sait, le lien entre
20:20violation et insécurité est
20:22documenté, mais plus il est
20:24documenté et moins il est permis
20:26de le mentionner.
20:28On traîne devant
20:30les tribunaux, on diabolise
20:32ceux qui veulent nommer
20:34ce lien.
20:36Les grands médias font le travail. Par exemple,
20:38on peut dire Matisse agressé par
20:40un garçon de son âge. On ne va pas mentionner
20:42que c'était un aveugle. On ne va pas le mentionner
20:44parce que si on le mentionne, c'est comme si c'était un blasphème.
20:46C'est comme si on essayait de transgresser quelque chose.
20:48Mais la réalité finit par percer.
20:50Il y a de plus en plus d'informations qui finissent par percer,
20:52notamment par le système médiatique
20:54alternatif. Et là, les informations
20:56sortent par ce qu'on appelle des sites,
20:58des sites d'informations. Comment faire en sorte
21:00que ces informations-là ne puissent pas circuler librement?
21:02On dit que ce sont des sites de la fachosphère,
21:04de la fachosphère.
21:06Si c'est la fachosphère, on n'a pas le droit de les mentionner,
21:08même si c'est le réel qui perce à travers là.
21:10Et l'autre chose que l'on voit chaque fois,
21:12chaque fois, c'est qu'on sent la pression
21:14d'un système pour dire aux parents,
21:16« Vous êtes trop proches. Vous devez immédiatement,
21:18si vous voulez être soutenus, reprendre la formule du pas
21:20de récupération. Pas de récupération. »
21:22Autrement dit, ce n'est qu'un fait divers.
21:24Il n'y a pas de portée politique.
21:26Il n'y a pas de portée symbolique. Vous pouvez pleurer.
21:28Vous pouvez faire une marche blanche. Mais dès lors que vous réfléchissez
21:30à la signification des événements,
21:32vous transgressez l'interdit du régime
21:34du récit de la diversité heureuse.
21:36On a pourtant, Mathieu, l'impression que le discours
21:38médiatique a franchi une nouvelle étape
21:40ces derniers mois.
21:42Ah oui, oui, oui. Absolument. D'abord, Thomas.
21:44Rappelez-vous, Thomas, à Crépole,
21:46au début, on apprend
21:48que la bande qui vient frapper
21:50veut planter du blanc,
21:52poignarder du blanc.
21:54Là, on va comprendre que les tribunaux
21:56ont une capacité remarquable
21:58à ne pas retenir les faits
22:00qui pourraient remettre en question le récit de la diversité heureuse.
22:02Et après quelques jours, rappelez-vous,
22:04on nous expliquait qu'en fait, Thomas avait un peu cherché
22:06son malheur. Parce qu'il y avait peut-être
22:08à l'origine des commentaires racistes de sa part
22:10qui fait qu'on l'avait poignardé pour le punir.
22:12Ça n'aurait pas dû arriver.
22:14Mais ça relativisait le geste.
22:16J'ai entendu ça même sur le service public.
22:18Évidemment, sur le service public. Ou ailleurs.
22:20Là, cette fois-là,
22:22on nous a dit, Mathis aurait dit
22:24du jeune homme qui serait
22:26fils de Ben Laden, je crois.
22:28Donc, il aurait eu des commentaires xénophobes à son endroit.
22:30Encore une fois, ça vient relativiser
22:32le fait qu'il y a un mort.
22:34Il y a un mort. Le jeune Mathis
22:36est mort. Et l'autre, nous savions,
22:38le jeune afghan, nous connaissions son profil.
22:40Et c'est quoi cette panique?
22:42Il se promenait toujours avec des couteaux.
22:44C'est quand même un peu étonnant.
22:46Le système médiatique est ainsi construit
22:48qu'il veut censurer la possibilité
22:50de l'existence même d'une délinquance conquérante.
22:52D'une délinquance avec une connotation
22:54identitaire, entre guillemets.
22:56Donc, il faut empêcher la possibilité même
22:58de cette hypothèse. Je dis pas que c'est le cas.
23:00Je dis qu'on devrait avoir le droit
23:02d'examiner cette hypothèse.
23:04Et ce qu'on voit en ce moment,
23:06vous parlez d'un cap qui a été franchi,
23:08OK, d'accord, il est mort, mais l'a-t-il cherché?
23:10Ne l'a-t-il pas cherché?
23:12Est-ce qu'à l'origine du coup de couteau,
23:14il n'y a pas une parole condamnable
23:16qui relativise le coup de couteau?
23:18C'est quand même fort de café.
23:20Il nous reste un peu moins de deux minutes
23:22avant la publicité, Mathieu Bocoté.
23:24Dernière question. Dans ce contexte,
23:26les Français sont-ils encore protégés?
23:28C'est la question qui se pose.
23:30Aujourd'hui, est-ce que les Français
23:32sont protégés par leurs autorités?
23:34Moi, j'ai l'impression, et je le dis
23:36avec personne, mais le régime diversitaire,
23:38comme je l'appelle, considère que la violence
23:40issue de la diversité, entre guillemets,
23:42est une violence condamnable,
23:44mais tolérable. Ce qui n'est pas
23:46tolérable, c'est la dénonciation
23:48de cette violence dans cette dimension.
23:50On le sait, les jeunes militantes
23:52de Nemesis le savent.
23:54C'est le moins qu'on puisse dire.
23:56On a vu aussi le préfet de l'Indre,
23:58après la mort de Matisse, qui nous a dit...
24:00C'est la mort d'un enfant,
24:02c'est la mort d'un adolescent.
24:04Les réseaux de l'ultra-droite
24:06ont tenu des propos absolument
24:08scandaleux et ignobles.
24:10Ce monsieur, figure de l'autorité,
24:12ce qui l'indigne, ce n'est pas
24:14la mise à mort d'un jeune homme,
24:16ce n'est pas l'exécution d'un jeune homme.
24:18Ce qui l'indigne, c'est que certaines
24:20personnes aient trop mal réagi
24:22après sa mise à mort.
24:24Diversité heureuse, la diversité,
24:26une richesse, ne questionnez pas.
24:28Finalement, pourriez-vous faire
24:30profil bas et ne pas protester
24:32aux victimes de ces agressions qui se multiplient ?
24:34Il y a quelque chose là-dedans
24:36qui relève de l'inversion du réel.
24:38Rapidement, Arthur de Vatrigan,
24:40comment vous décodez ce décalage
24:42entre cette réalité qui vient frapper
24:44dramatiquement le quotidien des Français
24:46et cette réalité alternative
24:48présentée par les médias aujourd'hui ?
24:50La réalité alternative
24:52présentée par les médias,
24:54c'est une histoire
24:56qu'il raconte en détournant les yeux.
24:58Cette histoire qu'il raconte
25:00en détournant les yeux, ça permet
25:02au jour d'après d'avoir des bourreaux qui croisent encore leurs victimes.
25:04Donc si vous voulez, je vais citer
25:06le diable, si vous me permettez.
25:08C'est à voir Renaud Camus, on peut penser ce qu'on veut de l'homme
25:10mais c'est un écrivain, un grand écrivain, ça tout le monde le reconnaît.
25:12Un écrivain, c'est quelqu'un qui sait manier
25:14les mots et qui sait manier les phrases.
25:16Qu'est-ce que dit Renaud Camus ?
25:18Entre vivre ensemble, il faut choisir. Je crois qu'il a raison aujourd'hui.
25:20Frédéric Lemoyle sera
25:22notre invité, juste après la publicité.
25:24Le fascisme, hier et
25:26aujourd'hui, ce sera le cœur
25:28de votre entretien dans un instant.
25:30Après la publicité, à tout de suite sur CNews.
25:58C'est le visage des mots qui circulent dans l'actualité.
26:00Le fascisme serait de retour.
26:02On nous répète ça régulièrement.
26:04Sous ce nom ou sous un autre.
26:06Mais on nous le répète vraiment avec beaucoup d'achardement,
26:08surtout à l'horizon des élections européennes.
26:10Pour être capable d'y comprendre quelque chose,
26:12les travaux de Frédéric Lemoyle sont parmi les plus intéressants
26:14des dernières années pour permettre de comprendre
26:16ce fait historique
26:18majeur qu'était le fascisme.
26:20Ce fait historique qui a
26:22fait une forme de catastrophe en Europe.
26:24Mais est-ce que nous en sommes encore contemporains ?
26:26Pour chercher à comprendre cette réalité,
26:28nous recevons Frédéric Lemoyle. Bonjour.
26:30Allons-y avec une définition d'abord et avant tout.
26:32Lorsqu'on parle du fascisme,
26:34je sais que les définitions sont nombreuses,
26:36que les explications sont nombreuses,
26:38mais certaines définitions me semblent plus convaincantes que d'autres.
26:40Quelle définition proposez-vous du fascisme ?
26:42C'est vrai qu'il est difficile de donner une définition exacte
26:44parce qu'il n'y a pas eu de corps de doctrine claire
26:46à la différence du marxisme-léninisme.
26:48Je dirais que le fascisme,
26:50c'est d'abord une idéologie
26:52totalitaire parce qu'elle est révolutionnaire.
26:54Révolutionnaire parce qu'elle vise
26:56à faire une double révolution.
26:58Une révolution institutionnelle, c'est-à-dire
27:00abolir le système parlementaire
27:02hérité du libéralisme au profit
27:04d'une sorte de démocratie totalitaire.
27:06C'est-à-dire qu'il fait référence
27:08à la souveraineté populaire.
27:10Mais cette souveraineté populaire,
27:12elle est incarnée par le parti
27:14et par le chef, le Duce en l'occurrence.
27:16Et puis une révolution
27:18anthropologique, c'est-à-dire qu'il vise
27:20à créer un homme nouveau, un Italien nouveau,
27:22un peuple nouveau qui serait
27:24une sorte de peuple guerrier
27:26car au cœur du fascisme,
27:28il y a l'exaltation de la violence,
27:30l'exaltation de la conquête
27:32guerrière et
27:34on a également dans le fascisme
27:36une union, c'est-à-dire
27:38la réunion, je dirais, entre le socialisme
27:40et le nationalisme que le marxisme
27:42avait dissocié
27:44mais qui était né au moment de la révolution française.
27:46C'est-à-dire qu'à mes yeux, le fascisme
27:48n'est pas un mouvement anti-lumière, pas du tout.
27:50Il plonge ses racines
27:52dans une partie de la philosophie des Lumières,
27:54notamment dans les théories de Rousseau et dans le contrat social
27:56qui est en fait la meilleure description
27:58de ce que seront les régimes totalitaires
28:00au XXème siècle
28:02et une idéologie qui plonge également ses racines
28:04dans l'expérience jacobine
28:06de la révolution française
28:08parce qu'il a hérité de la révolution française
28:10cette tentation démiurgique, cette tentation
28:12de l'homme nouveau,
28:14cette sacralisation de la nation,
28:16les fêtes révolutionnaires,
28:18la volonté de, par exemple, changer le calendrier
28:20comme l'a fait le fascisme,
28:22la volonté de changer la langue italienne
28:24en abolissant le vouvoiement
28:26comme l'avait fait la révolution française.
28:28Donc c'est un nationalisme
28:30parce qu'il fait de la nation une idole,
28:32une idole païenne
28:34et c'est un socialisme parce que c'est un étatisme,
28:36parce que c'est l'État
28:38qui doit engendrer la nation,
28:40qui doit engendrer le nouveau peuple.
28:42Mussolini l'avait très bien dit
28:44avec cette formule très connue
28:46tout dans l'État,
28:48rien en dehors de l'État
28:50et rien contre l'État.
28:52Alors, c'est une définition,
28:54est-ce qu'on pourrait dire que c'est une définition
28:56généralement acceptée chez les historiens ?
28:58Pas vraiment, la thèse que je viens
29:00de développer n'est pas majoritaire
29:02auprès de mes collègues
29:04puisque la majorité considère
29:06le fascisme soit comme un mouvement
29:08qui exprime l'hostilité aux lumières,
29:10l'antilumière,
29:12soit comme un mouvement
29:14qui incarnerait la droite
29:16conservatrice, l'extrême droite
29:18réactionnaire, alors que jamais,
29:20jamais, les fascistes, et le premier d'entre eux
29:22Mussolini, ne se sont définis
29:24comme des conservateurs ou des réactionnaires.
29:26Mussolini a dit très clairement
29:28le fascisme n'a pas choisi
29:30comme maître à penser
29:32Joseph De Mestre. Donc en aucune façon
29:34c'est un mouvement conservateur ou réactionnaire
29:36car toujours ils ont regardé vers
29:38l'avenir, bien au contraire. Le fascisme
29:40a voulu couper les italiens de leurs racines
29:42de leurs racines historiques
29:44de leurs racines religieuses parce qu'il est extrêmement
29:46hostile au christianisme
29:48donc en aucune façon on a
29:50un mouvement passéiste, un mouvement
29:52nostalgique. C'est un mouvement
29:54qui regarde vers l'avenir. Il y a
29:56dans le fascisme en fait, il y avait dans le fascisme une sorte
29:58de progressisme
30:00qui lui vient de cette volonté
30:02d'engendrer
30:04un homme nouveau. Alors le fascisme
30:06au coeur de l'expérience totalitaire du XXe siècle
30:08on a l'habitude
30:10de considérer que fascisme, nazisme, etc.
30:12ont été balayés de la scène de l'histoire
30:14en 1945. Première question
30:16est-ce que vous êtes
30:18d'accord avec ça? C'est-à-dire que le fascisme a été vaincu
30:20en 1945, ensuite il ne survit
30:22qu'à l'état d'ectoplasme
30:24à la manière résiduelle. Et deuxième
30:26élément, qu'est-ce qui amène certains à croire
30:28qu'aujourd'hui il serait renaissant?
30:30Alors je suis tout à fait d'accord avec vous
30:32le fascisme est mort en 1945
30:34c'est très très clair
30:36il est mort en fait de deux choses
30:38il est mort d'abord de ses propres
30:40horreurs qu'il a engendré
30:42il est mort de ses propres abominations
30:44il est mort des horreurs de la seconde
30:46guerre mondiale qui a complètement
30:48vacciné la population européenne
30:50contre un hypothétique retour de telles
30:52idéologies. Et puis il est mort aussi
30:54en 1945 parce que 1945
30:56clôt en quelque sorte la séquence
30:58qui avait été ouverte par la crise
31:00de civilisation en Europe
31:02de la fin du XIXe et du début du XXe
31:04et puis surtout de l'expérience de la première guerre mondiale
31:06on ne comprend pas le fascisme
31:08l'émergence du fascisme, sa prise du pouvoir
31:10si on le coupe de la première guerre mondiale
31:12les fascistes qui prennent le pouvoir
31:14en 1922, ce sont des anciens combattants
31:16leur violence
31:18leur vient de
31:20des idéologies nationalistes et
31:22socialistes dont je parlais et qui
31:24s'expriment dès le XIXe siècle
31:26et puis cette violence elle vient aussi
31:28de la guerre car ce sont
31:30des anciens combattants, le fascisme en
31:321922, c'est les anciens combattants
31:34qui prennent le pouvoir et qui
31:36poursuivent en fait ce combat
31:38de la guerre dans le combat
31:40politique et qui font de l'adversaire
31:42un ennemi. Or ce monde
31:44disparaît en 1945
31:46pour ouvrir la séquence de la
31:48période de la guerre froide
31:50et puis aujourd'hui évidemment nous sommes à des
31:52années et lumières du monde
31:54qui est sorti de 1918
31:56et de l'expérience dramatique de la première
31:58guerre mondiale. Donc dire
32:00que le fascisme revient, dire que le
32:02fascisme menace
32:04l'Europe c'est soit être inculte
32:06soit être de mauvaise foi
32:08soit les deux. A mon avis
32:10c'est tout à fait clair.
32:12Pourquoi ? Parce que c'est extrêmement pratique, parce que le
32:14fascisme du fait des horreurs de la seconde
32:16guerre mondiale apparaît comme le
32:18mal absolu, beaucoup plus
32:20élevé que ne l'est le communisme
32:22aujourd'hui
32:24et donc c'est une
32:26instrumentalisation qui
32:28est faite par la gauche
32:30mais dès les années 30
32:32on a déjà cela. En
32:34collant l'étiquette infamante de fascisme
32:36on met fin au débat.
32:38Le fascisme étant le mal absolu
32:40on ne peut pas
32:42discuter avec des gens sur lesquels on met
32:44l'étiquette de fascisme.
32:46Donc c'est un moyen de faire taire l'adversaire
32:48c'est un moyen de le décrédibiliser
32:50et c'est un moyen
32:52d'empêcher le débat sur
32:54des problématiques qui se posent
32:56aujourd'hui en Europe qui ne sont pas celles
32:58des années 30 mais qui sont des problématiques
33:00importantes, puisqu'on peut considérer
33:02aujourd'hui que l'on vit une crise de civilisation
33:04et que l'on vit également une crise de la
33:06démocratie représentative et du libéralisme.
33:08Arthur de Matrigan.
33:10Je reste toujours un peu dans le passé
33:12en vous lisant on découvre finalement
33:14qu'il y a au moins deux fascismes, il y a le fascisme
33:16musulinien et le fascisme hitlérien.
33:18Quelle est la différence entre ces deux fascismes ?
33:20Est-ce que ces deux fascismes se sont
33:22affrontés pendant la guerre ?
33:24Alors la différence
33:26fondamentale
33:28entre les deux fascistes à mon avis
33:30c'est le racisme
33:32et surtout l'antisémitisme.
33:34C'est-à-dire que même si le fascisme italien
33:36à partir de 1938 a versé
33:38dans l'aberration des lois antisémites
33:40l'antisémitisme n'est pas
33:42structurel dans le fascisme italien.
33:44Et justement les nazis
33:46dès les années 20 et surtout à partir de 1933
33:48n'ont cessé de reprocher
33:50aux fascistes italiens l'absence
33:52d'antisémitisme. C'est-à-dire qu'ils leur disaient
33:54mais vous ne comprenez rien parce que la question
33:56fondamentale c'est celle de l'hierarchie des races
33:58et de l'antisémitisme.
34:00Alors bien sûr le fascisme
34:02a été contaminé par
34:04ces idéaux racistes et par ces idéaux
34:06antisémites à partir de la guerre d'Ethiopie
34:08et surtout du rapprochement avec
34:10l'Allemagne
34:12dans un phénomène d'imitation
34:14mais aussi parce qu'il fallait relancer la révolution
34:16fasciste parce que pour
34:18Mussolini il faut toujours un ennemi et comme
34:20le parti politique avait été abattu
34:22il a offert un autre ennemi
34:24à sa révolution qui était le juif
34:26et qui en plus permettait de relier
34:28le fascisme à ses origines socialistes
34:30c'est-à-dire que le juif évidemment incarnant
34:32le bourgeois qu'il fallait absolument
34:34combattre. Après
34:36ces deux ils ne se sont pas affrontés
34:38mais pendant la guerre
34:40à partir de l'alliance de 1939
34:42il y a eu un déséquilibre
34:44entre les deux.
34:46Hitler avait une énorme admiration
34:48pour Mussolini
34:50qui n'était pas réciproque
34:52Mussolini a servi quand même
34:54d'inspiration
34:56pour Hitler
34:58l'attentive du coup d'Etat de 1923
35:00de la brasserie s'inspire bien sûr
35:02de la marche sur Rome
35:04mais l'Allemagne nazie avait acquis
35:06une telle puissance au moment
35:08de la seconde guerre mondiale que l'Italie s'est retrouvée
35:10complètement vassalisée
35:12et Mussolini n'a plus
35:14eu la possibilité
35:16d'imposer ses décisions
35:18à un Hitler qui était vraiment
35:20engagé dans une
35:22entreprise absolument démoniaque
35:24et
35:26où l'anti-bolchevisme qui pouvait
35:28les unir ne suffisait plus
35:30à marquer la différence
35:32qu'il y avait entre les deux.
35:34Aujourd'hui,
35:36je reprends votre diagnostic,
35:38il n'y a plus de fascisme présent
35:40en Occident, tout de moins ce n'est plus au courant
35:42ailleurs que dans les marges.
35:44L'antifascisme lui est assez prospère
35:46donc l'antifascisme
35:48médiatiquement entendu,
35:50sur le mode de la lutte contre l'extrême droite souvent
35:52mais aussi la mouvance antifa
35:54dont on parle de temps en temps et qui semble
35:56avoir quelquefois repris les méthodes
35:58défascistes d'hier
36:00c'est-à-dire la même sacralisation de la violence
36:02le culte de la violence, la volonté
36:04d'anéantir l'adversaire, de transformer
36:06en ennemi. Est-ce qu'il n'y a pas
36:08chez ceux qu'on appelle les antifas aujourd'hui
36:10donc la mouvance on pourrait dire
36:12de l'extrême-gauche encagoulée, est-ce qu'il n'y a pas
36:14par un phénomène d'imitation, une reprise
36:16de certaines des méthodes et même une partie
36:18de l'imaginaire, l'érotisation de la violence qui pouvait
36:20caractériser le fascisme? Alors ça c'est
36:22absolument certain puisque moi
36:24j'ai vu dans les rues de Paris mercredi
36:26des gens habillés tout en noir
36:28et qui pratiquaient la violence
36:30politique et
36:32à ma connaissance
36:34il n'y avait pas de référence à Mussolini
36:36et au fascisme
36:38en fait oui, il y a chez eux
36:40la sacralisation de la violence
36:42il partage avec les fascistes en fait la négation
36:44de la médiation parlementaire
36:46c'est à dire qu'il partage
36:48l'idée que les conflits politiques
36:50ne peuvent pas être résolus
36:52dans le cadre parlementaire, dans le cadre
36:54d'élections démocratiques au suffrage
36:56universel, que
36:58ce type de régime
37:00parlementaire ne peut pas représenter
37:02la volonté populaire
37:04qui était chère aux citoyens rousseaux
37:06et donc en fait
37:08ils se rejoignent aussi bien sur le fond
37:10en quelque sorte que sur la forme
37:12alors bien sûr on pourrait dire
37:14oui mais il n'y a pas bien sûr à l'extrême gauche
37:16le nationalisme
37:18et le nationalisme ferait du fascisme
37:20un mouvement
37:22purement d'extrême droite
37:24moi je nuancerais un petit peu si vous voulez parce que
37:26on a des exemples très clairs
37:28de régimes clairement d'extrême gauche
37:30qui ont réclamé clairement du communisme
37:32et qui peuvent être nationalistes
37:34le maoïsme est une forme de nationalisme
37:36la Corée du Nord aujourd'hui
37:38qui construit le socialisme dans la joie et la prospérité
37:40clairement c'est un régime
37:42nationaliste, l'ekmer rouge
37:44était bien sûr aussi
37:46il y avait des références nationalistes, il fallait préserver
37:48la pureté du peuple
37:50ekmer. Je serais plus loin, je ne veux pas
37:52lancer une polémique mais dans la gauche
37:54radicale d'aujourd'hui, la sacralisation de la cause
37:56palestinienne, est-ce que c'est pas une forme de nationalisme
37:58compensatoire ou de nationalisme qu'on embrasse
38:00pour peu qu'on le prête aux autres?
38:02Alors c'est possible
38:04mon avis
38:06la différence
38:08qu'il faudrait apporter c'est que
38:10ce n'est qu'un prétexte
38:12c'est à dire que la défense de la nation
38:14auquel ont droit bien évidemment
38:16les palestiniens
38:18n'est qu'un prétexte en fait
38:20pour combattre
38:22cet état à leurs yeux
38:24qui est un état colonialiste
38:26blanc
38:28qui est Israël
38:30ce qui nous renvoie aussi à la problématique que l'extrême gauche
38:32peut très très bien être touchée
38:34par l'antisémitisme
38:36il faudrait rappeler évidemment que le camarade Staline
38:38lui aussi à partir
38:40après la seconde guerre mondiale a quand même
38:42imprimé à son régime
38:44un aspect antisémite au nom
38:46de la lutte contre le cosmopolitisme
38:48cette exécration du cosmopolitisme que l'on avait
38:50également chez Rousseau
38:52et on retrouve
38:54ce rejet du juif comme
38:56incarnation du bourgeois et du capitalisme
38:58que l'on avait déjà chez
39:00Mussolini. Vous faites référence à quelque chose de très
39:02important ici c'est-à-dire appelons ça les origines
39:04pas exclusives mais
39:06socialistes de l'antisémitisme
39:08il y a d'autres origines évidemment
39:10je pense ici aux travaux de Marc Rapez par exemple
39:12et les vôtres
39:14croisent aussi cette intuition
39:16c'est que le socialisme et l'antisémitisme
39:18c'est une histoire qui n'est pas
39:20récente, c'est une histoire
39:22en fait c'est une longue histoire et est-ce qu'on pourrait dire
39:24qu'elle pourrait ressurgir dans le présent ?
39:26Non seulement elle pourrait ressurgir dans le présent
39:28mais elle ressurgit
39:30vu le contexte
39:32actuel. Derrière
39:34la lutte contre le
39:36sionisme
39:38quand on gratte un peu on s'aperçoit
39:40rapidement qu'il y a
39:42un antisémitisme
39:44qui s'exprime
39:46et qui même aujourd'hui a
39:48tendance à se racialiser
39:50de nouveau du fait que
39:52comme je le disais les Israéliens
39:54incarnent le dernier
39:56des peuples blancs
39:58qui seraient colonisateurs
40:00et qui continueraient à se défendre
40:02contre les palestiniens.
40:04Arthur de Matrigan.
40:06Vous avez dit que le fascisme était révolutionnaire
40:08parce qu'il avait cette ambition de créer un homme nouveau
40:10est-ce qu'on peut faire un lien avec cette idée
40:12de réengendrement qu'on voit un peu fleurir
40:14depuis quelques années dans les universités américaines
40:16et qui nous arrive en France ?
40:18Alors en fait tout cela vient de la modernité
40:20c'est-à-dire que
40:22comme je le disais au début de notre entretien
40:24le fascisme ne peut pas être
40:26considéré comme un mouvement anti-lumière
40:28parce qu'il est issu de la modernité
40:30il est issu de 1789
40:32et se rêve depuis 1789
40:34de recréer
40:36un homme nouveau
40:38de toucher à la nature humaine
40:40alors
40:42Mussolini lui voulait effectivement
40:44s'intéresser à la manière dont
40:46les Italiens mangeaient
40:48la manière dont ils parlaient
40:50la manière dont ils marchaient
40:52la manière dont ils s'habillaient
40:54aujourd'hui
40:56c'est différent mais la démarche
40:58est toujours le même, on veut inventer
41:00un être humain qui n'existe pas
41:02inventer un être humain fictif
41:04même un peuple fictif
41:06comme l'ont fait tous les totalitarismes
41:08jusqu'au moment où le totalitarisme
41:10bute sur la réalité
41:12et cette réalité c'est laquelle ?
41:14c'est la réalité de l'être humain
41:16donc tous ces mouvements qui veulent
41:18toucher à la nature humaine
41:20aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur
41:22sont condamnés à échouer
41:24mais avant leur échec
41:26ils peuvent faire
41:28beaucoup de mal, beaucoup de dégâts
41:30voire même engendrer la violence
41:32et même engendrer
41:34la mise à mort des personnes
41:36qui ont le malheur de se dresser
41:38contre leur projet
41:40donc face à ces mouvements je dirais il faut
41:42toujours
41:44ne pas avoir peur, comme disait Jean-Paul II
41:46n'ayez pas peur
41:48il faut garder les pieds sur terre
41:50toujours rappeler ce qu'est
41:52la nature humaine
41:54pourquoi pas relire toutes les encycliques
41:56pontificales du XXe siècle puisque l'église a été
41:58confrontée à ce phénomène totalitaire
42:00et tous les papes de Pie XI à Jean-Paul II
42:02ont beaucoup écrit
42:04sur cette tentation totalitaire
42:06que l'on a au coeur de la modernité
42:08et puis je pense aussi
42:10qu'il ne faut pas hésiter à rire
42:12le rire est un antidote
42:14contre la pulsion, la tentation
42:16totalitaire
42:18en Italie, les Italiens utilisaient
42:20beaucoup le rire, ils se moquaient
42:22des hiérarches qui étaient
42:24souvent grotesques du régime fasciste
42:26avec ce qu'ils appelaient les barzellette
42:28les blagues
42:30parce qu'en fait ces gens
42:32qui défendent les idées totalitaires, les projets totalitaires
42:34n'aiment pas rire
42:36on n'imagine pas le citoyen Robespierre
42:38illard, pas du tout, parce que ce qu'ils font est très sérieux
42:40parce qu'ils engendrent un être
42:42nouveau, ils se prennent pour des dieux
42:44c'est la tentation biblique
42:46de se prendre pour des dieux et de
42:48recréer un homme
42:50donc voilà
42:52il faut les prendre au sérieux parce que c'est très
42:54très sérieux mais ne pas
42:56hésiter à rire
42:58vous nous proposez peut-être une nouvelle typologie
43:00des familles politiques, on a l'habitude du clivage
43:02gauche droite, gauche droite
43:04est-ce qu'à la rigueur on pourrait dire qu'on doit
43:06relire l'histoire des doctrines politiques
43:08au-delà du clivage gauche droite pour plutôt y voir
43:10ceux de la tentation totalitaire, la prétention de l'homme
43:12nouveau, les idéologies qui prétendent
43:14par le politique accoucher de l'homme nouveau
43:16et les autres conscientes de l'imperfection
43:18humaine, de l'imperfection logée dans le coeur de l'homme
43:20comme disait Solzhenitsyn
43:22moi je ferais la distinction en effet à mon sens
43:24fondamentale entre ceux qui croient
43:26en la nature humaine et ceux qui n'y croient pas
43:28ceux qui croient en la nature humaine
43:30c'est-à-dire qu'ils considèrent qu'il y a une nature humaine
43:32qui est inaliénable, que l'on ne fait pas n'importe
43:34quoi avec l'homme comme disait Anna Arendt
43:36et il y a ceux qui ne croient pas
43:38à cette nature humaine, qui viennent des lumières
43:40ça c'est l'héritage des lumières
43:42qui rabaisse l'homme à un animal
43:44ou à de la matière que l'on peut pétrir
43:46à sa guise et Mussolini
43:48et le fascisme sont clairement
43:50pour ça que ce n'est pas des mouvements anti-lumières
43:52ils sont clairement dans cette seconde catégorie
43:54Mussolini aimait lui-même se présenter
43:56comme un artiste
43:58qui ne travaillait pas le bois ou le marbre
44:00mais qui travaillait l'âme humaine
44:02Mais est-ce qu'il n'y a pas dans vos travaux de ce point de vue
44:04une transgression, je ne dirais pas
44:06une avouée mais une transgression majeure
44:08les lumières, normalement on prononce ça
44:10c'est immédiatement, on est censé applaudir
44:12c'est merveilleux, c'est formidable
44:14les lumières portent une émancipation de l'être humain
44:16et vous nous dites que les lumières ont à tout le moins
44:18une part sombre, ne sont peut-être pas que
44:20malheureuses mais ont une part sombre
44:22et vous mettez le projecteur
44:24sur cette part sombre des lumières
44:26Oui parce que les lumières veulent améliorer l'homme
44:28pour le rendre heureux, soi-disant heureux
44:30et pour cela
44:32forcément elles utiliseront un moment
44:34leurs adeptes utiliseront
44:36forcément un moment la contrainte
44:38c'est cette phrase merveilleuse
44:40de Jean-Jacques Rousseau disant
44:42en parlant du peuple, on le forcera à être libre
44:44c'est-à-dire que forcément à un moment
44:46vous utilisez la contrainte
44:48et dans toutes les idéologies actuelles
44:50qui visent à refaire
44:52l'humanité, à refaire
44:54un nouveau peuple, à refaire des individus
44:56forcément à un moment il y a des résistances
44:58et donc il y a contrainte
45:00il y a contrainte sur les esprits qui
45:02à l'époque s'exprimaient par
45:04l'embrigadement, par la propagande la plus grossière
45:06et puis par le parti, par toutes les structures
45:08du parti fasciste qui contrôlait
45:10l'ensemble de la société italienne
45:12et surtout les enfants bien évidemment
45:14contrainte sur les esprits
45:16contrainte également sur les corps
45:18parce qu'il faut fondre l'individu
45:20dans la masse, c'était le cas
45:22du fascisme, c'est le cas également aujourd'hui
45:24on veut abolir les différences
45:26entre les personnes, les différences
45:28physiques, les différences sociales
45:30pour fondre l'individu
45:32dans la masse, dans la volonté générale
45:34chère à Georges-Jacques Rousseau
45:36A bien vous entendre, j'ai l'impression que si je cherche
45:38aujourd'hui des traces du fascisme
45:40ou la poursuite de l'histoire du fascisme
45:42on la trouve moins là où on a tendance
45:44à la chercher que dans
45:46une partie du progressisme contemporain
45:48Alors moi je n'utiliserai pas le mot de fascisme parce que
45:50je le maintiens, le fascisme est mort
45:52Mais la tentation
45:54totalitaire à ça, elle est toujours présente
45:56on l'a effectivement dans la Genèse
45:58mais on l'a encore
46:00aujourd'hui, on peut l'avoir
46:02dans l'écologie, on peut l'avoir
46:04dans le projet multiculturel
46:06vous avez beaucoup travaillé bien sûr
46:08là dessus, où on retrouve
46:10cette volonté de créer quelque chose
46:12de nouveau, ex nihilo, mais forcément
46:14par la contrainte, avec cet aspect très important
46:16de l'idéologie
46:18il n'y a pas de système totalitaire
46:20sans un projet idéologique
46:22et lorsque
46:24ce projet se
46:26heurte à la réalité, et bien
46:28forcément il se radicalise
46:30il se radicalise sur le fond et la forme
46:32parce que c'est pas la réalité
46:34qui a tort
46:36c'est pas l'idéologie qui a tort
46:38il faut contraindre la réalité
46:40et puis il se radicalise sur
46:42la forme parce que
46:44son niveau de répression ne cesse
46:46d'augmenter, on le voit très bien dans l'expérience
46:48fasciste italienne, dans l'expérience nazie
46:50où on a un crescendo
46:52des régimes, où les répressions
46:54n'ont cessé de s'amplifier
46:56aussi bien sur la quantité de personnes
46:58qui étaient visées, que sur les tourments
47:00qu'on leur infligeait. Nous avons donc notre dernière question
47:02Arthur de Matrigan. Quand on parle de fascisme, on oublie souvent
47:04une dimension, c'est la dimension culturelle
47:06qui a été
47:08au niveau de la culture comme outil, et quel est
47:10l'héritage culturel aujourd'hui
47:12même de cette révolution culturelle qu'était le fascisme
47:14Alors le
47:16fascisme se distançait
47:18du nazisme sur
47:20le fait qu'il ne rejetait pas la
47:22modernité dans l'art, il ne considérait pas
47:24l'art moderne comme de l'art dégénéré
47:26puisque l'une des sources du fascisme
47:28c'était le futurisme
47:30et le futurisme par son exaltation du progrès
47:32de la
47:34de la machine, de la vitesse
47:36de la violence, de la guerre. Donc
47:38il y a eu à l'époque fasciste
47:40un vrai bouillonnement intellectuel
47:42le fascisme a voulu créer un art
47:44proprement fasciste qui était
47:46à la fois traditionnel
47:48et moderne
47:50et puis il y avait à l'intérieur
47:52de la sphère fasciste
47:54quand même une sphère de débat
47:56un espace ouvert où
47:58les intellectuels fascistes
48:00en restant dans le cadre fasciste mais pouvaient quand même
48:02débattre
48:04parce que comme je le disais au tout début
48:06il n'y a pas un fascisme très très clair
48:08il n'y a pas une doctrine très claire
48:10donc on a quand même eu un certain bouillonnement intellectuel
48:12notamment par exemple autour de l'histoire
48:14alors qu'il était bien sûr instrumentalisé
48:16mais Mussolini a fait
48:18beaucoup pour le dégagement des ruines
48:20romaines à Rome
48:22dans un but bien sûr purement
48:24de propagande
48:26mais il ne faut pas s'imaginer le fascisme
48:28comme anticulturel
48:30il ne faut pas s'imaginer les hommes de Mussolini
48:32effectivement sur lesquels j'ai travaillé
48:34comme un ramassis de brutes épaisses
48:36pas du tout, ce sont des gens très cultivés
48:38qui avaient fait des études
48:40qui étaient avocats, qui étaient beaucoup journalistes
48:42et Mussolini était un homme de l'écrit
48:44qui a toujours aimé écrire dans les journaux
48:46même quand il était au pouvoir
48:48donc nous n'en faisons pas des brutes épaisses
48:50tout simplement parce que
48:52la culture n'immunise pas contre le fanatisme
48:54ça c'est une idée aussi qui vient des lumières
48:56selon lesquelles quand les gens sont
48:58éduqués, qu'on les a envoyés à l'école
49:00et qu'ils sont cultivés
49:02ça va devenir des gens bien, mais pas du tout
49:04Lénine, Pol Pot
49:06et Mussolini étaient des gens très cultivés
49:08Un grand merci Frédéric
49:10Merci à vous
49:12ou encore les hommes de Mussolini
49:14Mathieu, Arthur
49:16Merci à tous les deux, rendez-vous la semaine prochaine
49:18et dans un instant c'est l'heure des Pro 2
49:20A tout de suite sur CNews, restez avec nous