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Une exploration de l’oeuvre du peintre américain Edward Hopper (1882-1967), dont l’univers urbain et mélancolique résonne puissamment avec son époque et avec une vie intime solitaire et conflictuelle.

Pour ses paysages urbains déserts baignés d’une lumière froide, ses scènes de café ou d’intérieur habités de personnages solitaires, introspectifs, Edward Hopper (1882-1967) s’est imposé comme l’un des artistes américains majeurs du XXe siècle. Produit de son époque et de sa génération, observateur critique d’une société placée sous le signe de la vitesse et de la modernité, il se singularise par sa trajectoire artistique s’affranchissant des modes – il restera toute sa vie indifférent à l’abstraction –, et par ses toiles à l’atmosphère silencieuse et énigmatique, reflets de son propre caractère taciturne. L’œuvre de Hopper se lit volontiers à l’aune d’un parcours personnel qui l’amène de New York à la côte du Massachusetts en passant par des années de formation à Paris, et d’une vie conjugale à la fois stimulante et orageuse. Son épouse, Josephine Nivison, elle-même peintre, deviendra ainsi son agente et son unique modèle, mettant de côté sa propre carrière pour promouvoir avec succès la production de son mari, jusqu’à sa mort en 1967.



Inconscient collectif

En multipliant les allers-retours entre la vie d’Edward Hopper, son époque et ses toiles, le documentariste Phil Grabsky propose une stimulante redécouverte de cette figure iconique de l’art moderne dont l’œuvre, bien qu’entrée dans l’inconscient collectif américain, aura pourtant eu peu d’héritiers. En plus d’explorer ses œuvres, des plus emblématiques – Chop Suey ou Nighthawks – aux moins connues, ce documentaire s’appuie également sur de touchantes archives ainsi que sur les carnets d’Edward Hopper et ceux de son épouse, dont le rôle décisif à ses côtés mérite d’être remis en lumière. Si ses œuvres peuvent se lire comme des histoires, le film laisse cependant le soin au spectateur de trancher quant à leur signification profonde. Car selon Hopper, "c’est probablement le regard que chacun porte sur la toile qui détermine ce qu’elle est".

Documentaire de Phil Grabsky (Royaume-Uni, 2022, 53mn)

Category

Personnes
Transcription
00:00C'est l'un des plus grands artistes américains du XXe siècle.
00:10Il est le produit de son époque et de sa génération.
00:14Dans sa manière de mettre en scène des personnages, qu'ils soient seuls ou en train d'interagir
00:22avec d'autres, les œuvres d'Edward Hopper reflètent sa vie, du début à la fin.
00:27Cette oeuvre nous inspire différentes interprétations avec des histoires, des sentiments et des
00:37impressions presque infinies.
00:38Hopper était habité par le thème de l'isolement.
00:46Que se passe-t-il quand on est seul ? L'impact peut-être psychologique, physique ou social.
00:54Je dirais que tout cela faisait partie de son exploration de la condition humaine.
01:01Il était solitaire et parfois, lorsqu'il travaillait, il pouvait rester silencieux pendant plusieurs jours.
01:08Son couple était instable.
01:23Je n'ai rien à dire, je n'essaie pas de le dire.
01:53C'est un peu comme si on ne pouvait pas y croire, on ne peut pas y croire, on ne peut pas y croire.
01:59C'est un peu comme si on ne pouvait pas y croire, on ne peut pas y croire, on ne peut pas y croire.
02:03C'est un peu comme si on ne pouvait pas y croire, on ne peut pas y croire, on ne peut pas y croire.
02:06C'est un peu comme si on ne pouvait pas y croire, on ne peut pas y croire, on ne peut pas y croire.
02:08C'est un peu comme si on ne pouvait pas y croire, on ne peut pas y croire, on ne peut pas y croire.
02:10C'est un peu comme si on ne pouvait pas y croire, on ne peut pas y croire, on ne peut pas y croire.
02:12C'est un peu comme si on ne pouvait pas y croire, on ne peut pas y croire, on ne peut pas y croire.
02:27Niak, qui se situe à moins de 50 km au Nord de New York, était une petite ville portuaire et ouvrière.
02:32Les familles d'Edward Hopper étaient issues d'un milieu de négociants.
02:35Ils avaient suffisamment d'argent pour surmonter les moments difficiles et pour en faire des progressives.
02:39Ils avaient suffisamment d'argent pour surmonter les moments difficiles.
02:43Le monde extérieur existait à travers les livres,
02:47mais aussi à travers des revues et des magazines.
02:50Tout cela constituait l'essentiel de leur quotidien.
02:54C'était une famille qui était ouverte à de nouvelles idées.
02:59Je pense qu'il s'est construit dans cette chambre,
03:03et que c'est ici qu'il a fondé son interprétation de la lumière,
03:07des fenêtres, de l'espace, de la relation entre l'intérieur et l'extérieur.
03:12Et c'est d'ici qu'il observait la rivière.
03:18Edward Hopper adorait faire du bateau.
03:21Il y a une très belle photo de lui sur une barque.
03:23Il devait avoir sept ou huit ans.
03:25Il est seul, mais il est heureux d'être sur l'eau.
03:31Sa mère l'encouragait à dessiner.
03:34Il était curieux.
03:36Il se promenait en ville avec les carnets qu'on lui avait donnés,
03:40et il dessinait les expressions des gens.
03:43On lui permettait d'être créatif.
03:46C'est cela qui distinguait sa famille des autres.
03:50Personne ne l'incitait à s'intéresser au monde des affaires
03:53ou à embrasser une carrière quelconque.
03:58Ce que son père lui a transmis de plus précieux,
04:01c'est l'amour de la lecture.
04:03Il adorait lire.
04:05Il disait de son père qu'il aurait dû être poète ou philosophe.
04:09Plus tard, il a eu une forte poussée de croissance.
04:12D'aucuns disent qu'il aurait grandi de 30 cm en quatrième.
04:16À un moment donné de son adolescence, il mesurait 1,95 m.
04:21Ça l'a profondément affecté.
04:24Cette poussée de croissance aurait provoqué des souffrances physiques,
04:28mais également psychologiques.
04:31Il était harcelé par ses camarades.
04:35Au lycée, Edward Hopper était responsable
04:38des illustrations du journal de son établissement.
04:41Il a compris qu'un artiste pouvait avoir un rôle à jouer.
04:45Certains naissent avec un destin tout tracé.
04:49Il faisait partie de ces rares personnes
04:52qui étaient nées pour devenir artistes.
04:55Il avait un talent et une volonté innées.
04:59Et le fait qu'il vive avec sa famille à proximité de New York
05:03lui a permis d'être en contact avec la culture.
05:06Les Hopper allaient à New York pour assister à des événements culturels.
05:10Je pense que cette relation à la culture a amené le jeune Edward
05:13à envisager des études artistiques et d'aller vivre à New York,
05:17car il savait qu'il devait évoluer dans cette ville
05:20pour devenir l'artiste qu'il ambitionnait d'être.
05:34J'ai toujours aimé arriver en train dans une grande ville.
05:38On ressent une certaine peur ou de l'anxiété,
05:42mais aussi un réel intérêt à voir toutes ces choses
05:45qu'on découvre aux abords d'une grande ville.
05:53Hopper va intégrer une école d'art à New York.
05:56Il va étudier avec les professeurs William Mary Chase
06:00et Robert Henrey.
06:03Ces deux professeurs incarnaient un tournant
06:06dans la manière dont l'art appréhendait les influences européennes.
06:10Hopper a commencé sa carrière comme illustrateur.
06:13Il savait reproduire ce qu'il voyait,
06:16cependant, à ce moment-là, la reproduction de l'expérience américaine
06:19de son époque ne l'intéressait pas.
06:22Il n'y voyait pas le moindre intérêt.
06:25Je pense que les contraintes liées à sa profession
06:28faisaient obstacle à sa créativité.
06:31Ça le contrariait, car il avait besoin de liberté créative.
06:34Il voulait réaliser son propre travail.
06:56Je ne pense pas qu'il y ait sur Terre
06:59une autre ville aussi belle que Paris,
07:02ni un autre peuple qui apprécie la beauté
07:05autant que les Français.
07:12Tous les jeunes artistes allaient à Paris.
07:15La plupart relataient leur expérience de la vie de bohème,
07:18des pensions de famille, des cafés
07:21et même des femmes de mauvaise réputation.
07:24Hopper est allé à Paris avec la permission de ses parents,
07:27mais à une condition.
07:30Il devait séjourner dans la mission parisienne
07:33de l'église évangélique Baptiste.
07:36Les artistes qui nous viennent à l'esprit
07:39quand on évoque cette période,
07:42Picasso, Matisse, Modigliani,
07:45ils se retrouvaient tous à Montmartre.
07:48Hopper, lui, ne fréquentait pas ce quartier.
07:51Tandis que la plupart des jeunes artistes installés à Paris
07:54faisaient les 400 coupes,
07:57Edward, sous l'ombre lointaine de sa mère,
08:00passait la plupart de son temps avec des religieuses.
08:03Et je pense que cela a certainement eu une incidence
08:06sur sa relation aux femmes.
08:11Hopper a eu une liaison avec Alta Hillsdale,
08:14principalement à Paris,
08:17entre 1904 et 1914.
08:20Nous avons récemment découvert cette relation
08:23en retrouvant des lettres dans le grenier de sa maison à Nyack.
08:29Et lors des trois voyages qu'il a fait à Paris
08:32entre 1906 et 1910, je crois,
08:35elle était là.
08:38De toute évidence, leur relation était peu harmonieuse.
08:41Oui, je pense que c'est la meilleure façon de la décrire.
08:45Mon cher M. Hopper,
08:48je suis désolée que vous vous ennuyez
08:51et que je ne puisse pas vous voir avant jeudi.
08:54Je ne peux pas dîner avec vous ce soir.
08:57Je suis vraiment désolée, mais j'ai d'autres obligations.
09:00Mon cher ami,
09:03j'aimerais sincèrement que vous ne preniez pas tout si sérieusement.
09:06Vous n'êtes pas du tout raisonnable.
09:09Vous n'êtes pas du tout raisonnable.
09:12Vous n'êtes pas du tout raisonnable.
09:15Vous êtes de ceux qui pensent qu'une relation
09:18ne peut pas rester platonique indéfiniment.
09:23Mon cher M. Hopper,
09:26je vais bientôt me marier.
09:29Je suis tellement désolée de vous avoir rendu malheureux.
09:36Hopper a été profondément meurtri et bouleversé
09:40lorsqu'il a appris qu'Alta allait se marier avec un autre homme.
09:45Il aurait essayé de la convaincre en vain.
09:48Ils auraient eu des discussions houleuses à ce sujet.
09:51De toute évidence, elle ne voulait pas aller plus loin
09:54ni céder à ses avants sexuels.
09:57Cela donne le ton de leur relation.
10:00Dix ans durant, il a tenté de s'attirer ses bonnes grâces
10:03tandis qu'elle le rejetait.
10:06L'une de ses toiles les plus énigmatiques
10:09s'appelle « Summer Interior ».
10:12On y voit une femme à demi-dévêtue.
10:15Elle ne porte rien en dessous de la taille.
10:18Elle est affaissée au sol.
10:21Et tout indique qu'elle a été victime d'un traumatisme sexuel.
10:24Il l'a peinte juste après son retour de Paris,
10:27alors qu'il venait de se disputer avec Alta.
10:31On ne peut plus regarder cette toile
10:34sans prendre en compte le contexte émotionnel
10:37dans lequel elle a été peinte.
10:40Une autre spécialiste de Hopper
10:43est d'ailleurs persuadée que cette femme traumatisée,
10:46remplie de honte et en détresse sexuelle,
10:49n'est autre que Hopper lui-même.
10:52Ce tableau est profondément troublant.
11:00C'est pour ça que Hopper a indiqué
11:03que tout n'était pas possible.
11:30Le 3 Washington Square North était un bâtiment assez connu dans la communauté artistique.
11:36Il avait été réhabilité en atelier d'artistes, où des peintres et des écrivains s'étaient installés avant lui.
11:43C'était un centre d'activité culturelle. On ne peut plus New Yorker.
11:48C'était le lieu idéal pour un artiste.
12:00Sa toile la plus emblématique de cette période est Soir Bleu.
12:18C'est un tableau qu'il a réalisé en 1914, à peu près 4 ans après son retour d'Europe.
12:24Soir Bleu met en scène la terrasse d'un café.
12:29C'est un lieu qu'il avait fréquenté avec Alta.
12:33On y voit un clown blanc. Nous savons qu'il s'agit d'Edward Hopper.
12:38Il y a aussi une prostituée qui semble offrir ses services.
12:42On y voit un homme qui pourrait être son proxénète, assis en face du clown.
12:48Il a réinterprété le café où il se rendait avec Alta,
12:51et il y a construit une scène qui évoque une forme d'abattement, de détresse ou de perdition sexuelle.
12:57Cynisme est un mot souvent utilisé pour décrire cette toile.
13:01Ce tableau, à bien des égards, témoigne de son admiration pour Degas
13:07et pour les premières œuvres de Picasso et de Toulouse-Lautrec.
13:11La critique américaine a reproché à Hopper d'avoir peint un tableau trop français.
13:17Il a reçu tellement de critiques qu'il a roulé la toile.
13:21Elle n'est réapparue que bien plus tard au Whitney Museum.
13:29Dans le développement de tout artiste,
13:31le germe de son œuvre tardive se retrouve toujours dans celle de ses débuts.
13:36Le noyau autour duquel l'intellect d'un artiste construit son œuvre, c'est lui-même.
13:42L'égo, la personnalité, appelez-le comme vous voudrez.
13:47Et cela change peu de la naissance à la mort.
13:51Ce qu'il était, il l'est encore, à quelques modifications près.
14:22Hopper ira à Gloucester dans le Massachusetts pour la première fois en 1912.
14:27À cette époque, il n'est pas encore un artiste reconnu et n'a pas vendu le moindre tableau.
14:32Quand il revient en 1923, il rencontre Joe Nivison.
14:37Nous savons qu'ils étaient attirés l'un par l'autre.
14:40Ils se souvenaient tous les deux du moment où Edward Hopper avait commencé à réciter lentement un poème de Paul McCartney.
14:47Et sans hésiter, Joe avait repris en français là où il s'était arrêté.
14:52C'est à ce moment-là qu'ils ont commencé à comprendre que leur relation allait au-delà de la peinture et qu'ils allaient faire leur vie ensemble.
14:59En 1923, Hopper n'avait rien vendu depuis dix ans.
15:03Sa dernière vente datait de 1913.
15:06C'était une peinture à l'huile qui s'appelle « Sailing ».
15:09Les dix années suivantes, il ne vend plus rien.
15:12Pendant ce temps-là, Joe était dans sa période la plus productive.
15:16Elle présentait son travail avec d'autres peintres de son époque dans de nombreuses expositions.
15:22Et elle vendait ses toiles.
15:25Elle l'a recommandée à des galeristes qui se sont alors intéressés à son travail.
15:31À partir de ce moment-là, la carrière de Hopper a commencé.
15:37À Gloucester, alors que tout le monde peignait les bateaux et le front de mer,
15:42je me promenais et regardais les maisons.
16:07La maison du tableau Mansard Roof est une bâtisse qui existe encore aujourd'hui dans le port de Gloucester.
16:13C'est, à mes yeux, l'œuvre la plus joyeuse d'Edward Hopper.
16:18Et lorsqu'elle est montrée à l'exposition du Brooklyn Museum,
16:22le musée en fait l'acquisition.
16:25Ce sera sa première vente depuis 1913.
16:28Le musée a payé 100 dollars pour l'exposition.
16:32C'est grâce au travail de persuasion de Joe
16:35et du fait qu'il peignait côte à côte à Gloucester
16:38que la carrière d'Edward Hopper a décollé.
16:41Ils ne reviennent à Gloucester qu'après une discussion houleuse.
16:45Joe refusait d'y retourner tant qu'ils ne seraient pas mariés.
16:48Il cèdera et ils reviendront mariés en 1924.
16:52Joe refusait d'y retourner tant qu'ils ne seraient pas mariés.
16:55Il cèdera et ils reviendront mariés en 1924.
17:22Il apparaît clairement qu'ils peignaient ensemble.
17:25Marie et femme formaient un duo de peintres.
17:28Il leur arrivait même parfois de s'asseoir côte à côte
17:31et de peindre le même sujet, avec la même composition.
17:34On s'aperçoit que son style change sous l'influence de Joe,
17:37en particulier sa palette.
17:40Les couleurs que Joe utilise sont beaucoup plus spontanées
17:43et bien plus expressives,
17:45et Edward va commencer à adopter la même palette de couleurs.
17:52Sous-titrage Société Radio-Canada
18:23Le silence qui règne dans le New York de Hopper est presque inquiétant,
18:28mais il est aussi apaisant.
18:31C'est une autre façon de voir Manhattan.
18:35Il n'y a pas la cacophonie du métro, des voix,
18:38des vendeurs de rues ou des corps qui s'entrechoquent.
18:42C'est un artiste qui épure ses toiles
18:45et qui imagine une ville selon ses propres termes.
18:49À cette époque, il est le seul artiste new-yorkais à faire ça.
19:20Peut-être plus que n'importe quel autre peintre que je connais.
19:23J'ai fait beaucoup de choses différentes.
19:50Je suis un artiste new-yorkais.
19:53Je suis un artiste new-yorkais.
19:56Je suis un artiste new-yorkais.
19:59Je suis un artiste new-yorkais.
20:02Je suis un artiste new-yorkais.
20:05Je suis un artiste new-yorkais.
20:08Je suis un artiste new-yorkais.
20:11Je suis un artiste new-yorkais.
20:14Je suis un artiste new-yorkais.
20:18Il a atteint sa maturité artistique
20:21alors que le Chrysler Building et l'Empire State Building étaient en construction.
20:25Or, on pourrait croire qu'à l'époque, aucun bâtiment ne faisait plus de quatre étages.
20:29C'est étonnant.
20:31Il tente à la fois de s'échapper de la ville et de la préserver.
20:37Je dirais que Hopper était habité par le thème de l'isolement.
20:43Que se passe-t-il quand on est seul ?
20:46L'impact peut-être psychologique, physique ou social.
20:51Je pense que tout cela faisait partie de son exploration de la condition humaine.
20:57Il avait un don remarquable pour peindre des tableaux avec de nombreux détails
21:03qui prêtent souvent à confusion.
21:07Cette toile est intitulée « Automate ».
21:11C'est la première fois qu'on la voit.
21:14C'est la première fois qu'on la voit.
21:17C'est la première fois qu'on la voit.
21:20C'est la première fois qu'on la voit.
21:24Cette toile est intitulée « Automate » comme les restaurants sont serveurs.
21:28Cependant, on ne voit pas les petites vitres derrière lesquelles se trouvaient des gâteaux.
21:34Il n'y a personne d'autre.
21:36Alors que ce type d'établissement était très populaire à l'époque.
21:54Quand on observe ces toiles,
21:57on peut y déceler les valeurs de la société américaine contemporaine.
22:02L'un de mes tableaux préférés s'appelle « Chupsui ».
22:06On y voit deux femmes assises à l'heure du déjeuner dans une salle baignée de soleil.
22:12Nous sommes dans un restaurant chinois.
22:17Étonnamment, elles sont seules, sans hommes pour les chaperonner.
22:23Elles sont bien habillées et très maquillées,
22:27ce qui, à une époque antérieure, aurait pu indiquer qu'elles étaient disponibles.
22:33En fait, Hopper attire l'attention sur une évolution sociale qui couvait depuis longtemps
22:41et qui a eu un réel impact sur les femmes de sa génération qui désiraient plus d'indépendance.
22:47Ce type de critique sociale, aussi discrète soit-elle, fait partie de son œuvre.
23:01Je passe bien des jours avant de trouver un sujet qui me plaise suffisamment pour le traiter.
23:07Et je réfléchis longuement aux proportions de la toile,
23:11afin qu'elles conviennent autant que possible au dessin que j'ai conçu.
23:22J'aime beaucoup la peinture intitulée « Early Sunday Morning »,
23:26mais ce n'était pas nécessairement un dimanche.
23:29Ce mot a été rajouté par quelqu'un d'autre.
23:37« Early Sunday Morning » date de 1930.
23:40Cette année-là, la ville subit les conséquences dévastatrices de la Grande Dépression.
23:44Mais dans un paradoxe dont seul New York a le secret,
23:48on y voit s'ériger l'Empire State Building et le Chrysler Building.
23:52La ville est à la fois dans un état de détresse financière,
23:58mais elle connaît aussi un essor unique au monde.
24:02On voit en haut à droite une forme rectangulaire et inquiétante,
24:06qui a été l'objet de nombreux commentaires.
24:09Il s'agit d'une tour en construction dont la présence domine la toile.
24:13Je pense qu'à bien des égards, ce tableau met en lumière
24:16ce qui se passait dans la ville à ce moment précis.
24:22Le monde continuait à changer et à évoluer.
24:25Malgré cela, il exprimait une vision particulière, hors du monde,
24:28où il n'y a jamais de foule.
24:31Il y a tout au mieux quelques personnes dans une même pièce, c'est tout.
24:35On ne voit jamais de personnes racisées.
24:38D'une part, c'est totalement de son époque,
24:41et de l'autre, c'est déconnecté des évolutions de son époque.
24:44Je dirais qu'il tire sa force de ces contradictions,
24:47mais ça révèle aussi qu'il vivait dans sa bulle.
25:02J'ai mûri l'idée du tableau « Room in New York »
25:05pendant longtemps avant de le peindre.
25:08Il m'a été suggéré par des appartements illuminés
25:11entreaperçus lors de mes promenades nocturnes dans la ville,
25:15probablement non loin de là où je vis.
25:18Cependant, il ne s'agit pas d'une rue ou d'une maison en parcours,
25:22mais plutôt d'un endroit où je vis.
25:25C'est un endroit où j'ai eu l'occasion
25:28Cependant, il ne s'agit pas d'une rue ou d'une maison en particulier,
25:32mais plutôt d'une synthèse de plusieurs impressions.
25:35Je me dévoile davantage lorsque j'improvise.
25:49Sa relation avec Joe était très tendue.
25:52Ses silences faisaient de lui un personnage plutôt hostile.
25:56Il faisait de l'ombre à Joe à bien des égards.
25:59Elle jouait le rôle de la femme qui soutenait son mari,
26:02ce qui était effectivement le cas,
26:04bien qu'elle soit elle-même une artiste à part entière.
26:08Leur relation était aussi empreinte de jalousie.
26:11Joe ne permettait jamais à Edward
26:13de prendre d'autres modèles qu'elle pour ses peintures.
26:16C'était plus simple qu'elle pose pour lui.
26:19Ça lui évitait de se procurer les services d'un modèle
26:22et de dépendre de quelqu'un d'autre.
26:24S'il avait besoin d'étudier une pose en particulier,
26:27il avait Joe sous la main pour jouer ce rôle.
26:34Parfois, parler à Eddie est comparable à jeter une pierre dans un puits,
26:39sauf qu'il n'y a aucun bruit lorsqu'elle touche le fond.
26:45Tout tourne autour de ses émotions,
26:48de ses préjugés ou de son point de vue.
26:52Cela m'épuise, mais je tiens bon.
26:59Leur tempérament était très différent.
27:01Joe était un vrai moulin à parole.
27:04Tous ceux qui l'ont rencontré la décrivent comme une femme sociable,
27:07ouverte, volontiers bavarde et qui aimait s'amuser.
27:11Elle était affable et donc de très bonne compagnie.
27:15Lui était son exact opposé.
27:18Certains de ses amis ont décrit son comportement
27:21en employant un vocabulaire qu'on pourrait utiliser
27:23pour décrire une dépression clinique,
27:25du moins telle qu'on entend aujourd'hui.
27:28On ne sait pas s'il était dépressif,
27:30mais il était certainement taciturne et renfermé.
27:37Beaucoup de temps peut s'écouler entre deux toiles.
27:40Il faut que le sujet suscite véritablement mon intérêt.
27:44C'est un processus compliqué.
27:47C'est bien entendu une question de personnalité.
27:50C'est très difficile à expliquer.
27:53Quand je ne suis pas d'humeur à peindre,
27:56je vais au cinéma pendant une semaine, parfois plus.
28:00Je pense que le cinéma a eu une influence majeure sur Hopper.
28:06D'ailleurs, il disait lui-même
28:09qu'il projetait ses émotions sur la toile.
28:13L'un des films qu'il a réalisé,
28:16c'est le film sur la toile.
28:19C'est un film qui a été réalisé à l'époque
28:22et qui n'a pas eu de succès.
28:26L'un des films qui l'avait marqué
28:29était Marty avec Ernest Borgnine.
28:32A première vue, cet homme semble heureux et insouciant,
28:35alors qu'en fait, il refoule une profonde colère.
28:38Et à mon avis, Hopper s'identifiait au personnage de Marty.
28:42Si on se penche sur L'Inconnu du Nord-Express,
28:45un des premiers films d'Hitchcock,
28:48on peut se faire la réflexion qu'à cette époque,
28:51Hitchcock a eu une influence sur Hopper.
28:54Et puis bien plus tard, lorsqu'on regarde par exemple Psycho,
28:57on voit que c'est Hopper qui a influencé Hitchcock,
29:00ce qui d'ailleurs amusait beaucoup Hopper.
29:25Ce tableau m'a probablement d'abord été suggéré
29:28par mes nombreux trajets sur la ligne L
29:31du métro new-yorkais.
29:34J'entrevoyais brièvement quelques sombres intérieurs de bureaux
29:37qui, par leur fugacité,
29:40laissaient une vive impression dans mon esprit.
29:48Office at Night est un tableau remarquable.
29:51Ne serait-ce que pour tous les scénarios
29:54qu'il nous inspire.
29:57Qu'est-ce qui a pu se passer pour que ces deux personnes
30:00se retrouvent ensemble dans ce bureau à cette heure-là ?
30:03Nous sommes en mesure d'inventer une histoire
30:06autour de ces personnages,
30:09en nous appuyant sur des détails comme les escarpins,
30:12les vêtements qu'ils portent,
30:15la façon dont l'étoffe de la robe épouse et révèle le corps de cette femme.
30:18Ils nous conduisent à une certaine interprétation.
30:48C'est ça.
31:11Jo se manifeste sous de nombreuses apparences.
31:14Elle avait étudié le théâtre,
31:17Elle avait étudié le théâtre et elle pose donc comme une actrice à le faire.
31:21Pour lui, elle devient le personnage dont il a besoin pour sa toile.
31:25Qu'il s'agisse de l'ouvreuse du cinéma ou de la fille penchée sur le comptoir de Nighthawks, elle les incarne.
31:36Nighthawks est probablement l'œuvre la plus connue de Hopper.
31:39Elle a d'ailleurs été parodie à de nombreuses reprises.
31:42Les gens en sont fans parce que beaucoup de choses ne collent pas dans ce tableau.
31:47Et plus on l'observe, plus il devient énigmatique.
31:51Non seulement on se demande ce que ces gens font là au beau milieu de la nuit,
31:56mais il n'y a aucun signe sur les vitres qui permettrait d'identifier le nom de l'établissement ni de porte d'entrée.
32:03On n'a aucun moyen de rejoindre ces gens à l'intérieur.
32:07C'est ce côté énigmatique qui rend le tableau aussi attrayant.
32:13À mon avis, Hopper prenait toujours en compte le spectateur dans ses œuvres.
32:18Ça se voit entre autres dans sa façon de travailler l'espace.
32:22On se sent souvent invité à entrer dans le cadre.
32:25Et on est également récompensé quand on observe attentivement la scène.
33:08Mon but en peinture a toujours été de transcrire de la manière la plus exacte possible
33:13mes impressions les plus intimes de la nature.
33:16Mais si cet objectif de perfection est inatteignable,
33:19alors il en est de même pour tous les idéaux qu'on souhaiterait atteindre
33:23en peignant ou en exerçant n'importe quelle autre occupation.
33:28Nous nous plaisons beaucoup ici, à Saostrouro,
33:31et nous avons loué un cottage pour l'été.
33:35On y trouve de grosses collines de graveur
33:38à travers une forte circulation d'eau.
33:41Il s'agit par exemple de fraises.
33:44Si vous vous surveillez les fraises,
33:46vous entenderez bien que le problème n'est pas à l'intérieur,
33:49mais à l'exterior.
33:51Et nous avons loué un cottage pour l'été.
33:55On y trouve de grosses collines de sable.
33:58C'est un désert à petite échelle avec de belles dunes.
34:03Le paysage est très ouvert, presque sans arbres.
34:08J'ai déjà fini une toile, et j'en ai commencé une deuxième.
34:22J'essaye de peindre le soleil
34:26sans éliminer la forme qui se trouve sous le soleil, si je peux.
34:32J'aimerais faire du soleil qui serait
34:36le soleil en soi.
34:39Ils ont fait bâtir leur maison à Troureau en 1934.
34:53Jo avait hérité d'un oncle et ils ont utilisé cet argent pour la faire construire.
34:57Ils passaient la moitié de l'année là-bas.
35:00La maison était très isolée, au bout d'un chemin de sable,
35:03et par conséquent, leur vie sociale à Troureau
35:06était beaucoup moins active qu'à New York.
35:09Ils allaient surtout là-bas pour qu'Edward puisse travailler.
35:12Et Jo ne tardait pas à s'impatienter,
35:15si au bout d'un certain temps, ils n'avaient toujours pas commencé à peindre.
35:21Cette boîte contient 24 journaux intimes
35:24qui relatent la vie des Hopper à Ketcode.
35:27Ils révèlent les pensées les plus intimes de Jo Hopper.
35:31C'était pour elle le moyen de s'y pencher librement sur sa vie avec Edward.
35:35On remarque que quand elle est bien disposée à son égard,
35:38elle l'appelle Eddie, avec un Y à la fin.
35:41Et lorsqu'ils ne s'entendent pas, elle fait référence à lui
35:44en utilisant simplement la lettre E en majuscule, suivie d'un point.
35:48Et on trouve dans ses carnets beaucoup plus de E majuscule que de Eddie.
35:52Il y a cependant quelques passages où elle est sentimentale,
35:56et même certains où on peut lire des choses aimables à son sujet,
35:59mais c'est assez rare.
36:05Si seulement je pouvais avoir envie de peindre.
36:09Cela fait longtemps que je n'en ai plus l'habitude.
36:13Si seulement E s'en souciait.
36:16Il ne cesse de répéter qu'un peintre
36:18ne peut pas réellement s'intéresser au travail d'un autre peintre.
36:23Pourtant Dieu sait combien j'ai témoigné d'intérêt pour le Sien jusqu'ici.
36:31On s'est disputé alors que je garais la voiture.
36:34E ne m'a pas laissé finir la manœuvre.
36:37J'ai soutenu que je n'apprendrais jamais rien
36:40s'il ne me laissait pas toucher le volant
36:42dès qu'il y avait la moindre petite prouesse à exécuter.
36:46E a alors tenté de me sortir de la voiture en me tirant par les jambes
36:50pendant que je m'accrochais au volant.
36:52Puis il m'a griffé les bras et j'ai failli finir étalé sur la route.
36:59Qu'est-il advenu de mon monde ?
37:02Il s'est évaporé.
37:04Je ne fais que me traîner péniblement dans celui d'Eddie.
37:08Son monde serait totalement privé s'il pouvait en décider ainsi.
37:11Mais il faut bien que je m'affirme aussi et que je tente de repousser ses barreaux.
37:15L'intimité.
37:17Qu'est-ce que je deviens, moi, lorsqu'il décide de se réfugier dans son intimité ?
37:23Si seulement je pouvais encore peindre.
37:26Ce serait un bon moyen de m'occuper.
37:29Mais il n'a pas voulu que je me réfugie dans ma tour d'ivoire,
37:33de peur que celle-ci ne lui fasse obstacle.
37:39Il était solitaire.
37:41Et parfois, lorsqu'il travaillait,
37:43il pouvait ne pas lui adresser la parole durant plusieurs jours.
37:46Leur relation était instable.
37:48Mais d'après tous ceux qui les ont connus,
37:51ils formaient un couple aimant et ils étaient dévoués l'un à l'autre.
37:55L'instabilité de leur mariage se manifestait surtout sur le plan professionnel.
38:00Il faut dire que Jo avait volontiers accepté d'être son agente
38:04et elle prenait également soin de lui.
38:06Ils n'ont pas eu d'enfants, ils se sont mariés à 40 ans passés.
38:10C'est elle qui gérait sa vie professionnelle.
38:15L'atelier où Edward Hopper travaillait se situait dans la pièce principale de leur maison.
38:20Elle est présente dans plusieurs dessins.
38:22Celui-ci, par exemple, est de Jo Hopper.
38:24Et l'on peut voir le poêle à bois qu'ils avaient dans la pièce
38:27avec une bouilloire posée dessus.
38:30Ils n'avaient pas de four dans la maison,
38:32juste une petite plaque chauffante.
38:34Ils ne cuisinaient pas, elles n'aimaient pas ça.
38:38Si vous les aviez croisés dans la rue,
38:40vous auriez pu penser qu'ils étaient pauvres.
38:43Leur maison était très sobre et ordinaire.
38:46Ils vivaient de façon très frugale.
38:48Je ne pense pas qu'il était quelqu'un de très aimable,
38:50surtout envers sa femme.
38:52D'ailleurs, il n'était pas très gentil avec les gens.
38:57J'ai séjourné ici chez mes grands-parents.
39:01Quand je me suis rendu compte que M. Hopper figurait parmi leurs invités
39:05et qu'il était dans la pièce,
39:07je suis tout de suite allée le voir pour me présenter.
39:12Je lui ai expliqué que je venais de terminer un cours sur lui
39:15dans le cadre des études littéraires que je suivais alors.
39:19J'étais vraiment ravie de le rencontrer.
39:23Sa réaction a été si bourrue que ça m'a stoppée nette dans mon élan.
39:28Je me suis dit que j'étais peut-être allée un peu trop loin.
39:33Ils passaient à la maison, le plus souvent à l'heure de l'apéritif,
39:36de façon tout à fait fortuite.
39:39Joséphine frappait à la porte et demandait
39:42« Marie, est-ce qu'on peut entrer ? »
39:44Lui ne disait jamais rien,
39:47ou juste un mot de temps en temps, mais rarement.
39:51Il lui laissait la conversation.
39:54Il entrait, s'installait, buvait son verre.
39:57Joel était imparissable.
40:05EH est vraiment intransigeant quand il s'agit de compétition.
40:11Il est déterminé à détruire tout ce qui entre en concurrence avec lui
40:14s'il s'y sent autorisé.
40:18Je me demande pourquoi il a choisi de faire ses griffes sur moi.
40:23Je pense qu'il n'aurait aucune satisfaction
40:25à dépenser son énergie contre n'importe quelle diablesse.
40:34Dans ses tableaux, les gens communiquent rarement.
40:37Ils se touchent rarement, il n'y a rien de tout cela.
40:40Ils sont détachés.
40:42La plupart du temps, ils ne se regardent même pas.
40:45Il y a une réelle absence d'interaction entre les personnages.
40:48C'est pourquoi on se demande par quel mystère
40:51ces peintures peuvent être aussi évocatrices.
40:58J'aimerais pouvoir peindre plus.
41:01J'en ai assez de lire et d'aller au cinéma.
41:05Je préférerais passer mon temps à peindre.
41:13En route vers l'ouest,
41:15nous avons traversé de grandes étendues sauvages
41:18qui offrent des paysages magnifiques de vallées et de montagnes
41:21sous un ciel qui s'étend sur des kilomètres.
41:27Les hoppers voyageaient beaucoup.
41:30Ils partaient de New York et allaient jusqu'en Californie,
41:33traversant ainsi tout le pays.
41:36Ils dormaient dans des hôtels
41:39et bon nombre de ces voyages étaient organisés
41:42pour visiter certains musées
41:45qui pouvaient potentiellement devenir acquéreurs de ces toiles.
41:48Quand ils sortent de leur routine habituelle,
41:51qui consiste soit à résider à Cape Cod, soit à New York,
41:54ils découvrent des choses nouvelles ou différentes
41:57qui ne manquent pas de les inspirer.
42:00Des années 1920 jusqu'aux années 1950,
42:03la culture américaine est marquée par le mouvement.
42:06Il s'agit d'un mouvement pro-américain
42:09qui quitte le sud pour rejoindre le nord
42:12ou d'une nouvelle vague d'immigration
42:15avec des populations qui cherchent à entrer aux États-Unis
42:18ou bien encore le fait qu'il y ait davantage de routes,
42:21de voitures, de motels
42:24qui offrent de nouvelles opportunités de voyager.
42:27Tous ces déplacements sont dans l'air du temps
42:30et font partie du rêve américain.
42:36J'aime beaucoup le tableau 7am.
42:39Comme la plupart des toiles de Hopper,
42:42c'est impossible d'y pénétrer.
42:45Une certaine évidence y règne
42:48comme si tout ça n'avait pas d'importance.
42:51Cela semble dire qu'une bonne partie de nos vies
42:54est sans grande importance.
42:57Il est temps d'y aller.
43:00Il est temps d'y aller.
43:03Une bonne partie de nos vies est sans grande importance.
43:06Il évoque le quotidien, l'éphémère
43:09et se demande quel sens tout ça peut bien avoir.
43:16On exagère le sentiment de solitude.
43:19Mon point de vue, c'est qu'elle ne fait que regarder par la fenêtre.
43:22Elle regarde juste par la fenêtre.
43:34Musique douce
43:37...
44:00Hopper travaillait de façon très lente
44:03et très méthodique.
44:06Il lui fallait généralement environ un mois
44:09pour terminer une toile.
44:12Il passait la plupart de ce temps à réfléchir
44:15et à choisir son sujet,
44:18puis il faisait ses premières esquisses.
44:21Il produisait de moins en moins en vieillissant.
44:24On sait grâce au carnet qui relate plusieurs décennies
44:27qu'il apportait ses toiles à la galerie
44:30un ou deux jours après les avoir terminées.
44:33On sait donc que ses tableaux
44:36n'étaient pas destinés à traîner dans l'atelier
44:39une fois qu'ils étaient achevés.
44:57Ce sont les mots des critiques.
45:00Je ne peux pas toujours m'accepter
45:03de ce que les critiques disent.
45:06Ça peut être vrai, ça ne peut pas être vrai.
45:09C'est probablement
45:12la façon dont le spectateur regarde les images
45:15qu'elles sont réellement.
45:18Est-ce possible ?
45:22Je pense que Hopper peignait la ville
45:25telle qu'il sentait
45:28qu'elle devait être représentée.
45:31Ni plus, ni moins.
45:34A mon avis,
45:37Hopper ne s'interrogeait pas tellement
45:40sur la question de la diversité aux États-Unis.
45:43Il ne pensait pas à la diversité
45:46de l'Union Européenne.
45:50Il ne pensait pas au mouvement des populations
45:53d'une région à l'autre.
45:56Il peignait tout simplement ce qu'il voulait.
45:59Il y a eu le mouvement culturel Harlem Renaissance
46:02amorcé à Greenwich Village,
46:05les manifestations qui ont eu lieu ici
46:08dans les années 50 et 60.
46:11Je trouve ça presque comique d'imaginer Hopper
46:14avec son col boutonné bien haut,
46:17et le mouvement bohème juste sous ses fenêtres.
46:20Et rien de tout cela n'est vraiment représenté
46:23dans son travail.
46:26Je crois qu'en fin de compte,
46:29ce qui lui importait le plus,
46:32c'était que son travail soit exposé,
46:35qu'il soit reconnu,
46:38et qu'il puisse subvenir à ses besoins
46:41tant sur le plan physique que sur le plan mental.
46:44Si on fait près de deux mètres de haut,
46:47c'est compliqué de passer inaperçu.
47:15Depuis que j'ai quitté l'école d'art,
47:18j'ai dû faire des dessins commerciaux
47:21et des illustrations pour ne pas gagner de l'argent.
47:24Je ne pouvais pas vendre de peinture.
47:27Il est arrivé un moment où je pouvais vendre de la peinture.
47:31Et maintenant, je vends assez peu.
47:45Ces peintures sont, en quelque sorte, nos enfants.
47:48Et j'aime bien connaître ceux qui les achètent.
47:51Ces gens deviennent, en quelque sorte,
47:54notre belle famille.
47:57Mais nous rencontrons rarement les acquéreurs
48:00des toiles achetées à la galerie.
48:03Nous sommes contents, cependant, d'apprendre leur nom.
48:06Et nous espérons que les toiles se plaisent chez eux,
48:09exposées si possible sur des murs blancs
48:12à l'abri du soleil qui pourraient atténuer leurs couleurs.
48:18La réponse est là, sur la toile.
48:21Si vous pouviez le dire avec des mots,
48:24il n'y aurait aucune raison de le peindre.
48:31Hopper a eu de la chance.
48:34Il a vécu longtemps et a pu peindre durant presque toute sa vie.
48:37Un bon nombre de ses dernières toiles
48:40expriment une profondeur et une émotion extraordinaire.
48:43San Inanam Tirum est l'un de mes tableaux préférés.
48:46Et il représente exactement ça,
48:49du soleil dans une pièce vide.
48:52Le sujet, c'est la lumière.
48:55C'est l'une des peintures de Hopper les plus abstraites qu'il soit.
48:58On y retrouve toute son austérité.
49:01C'est un condensé de l'expérience humaine de Hopper
49:04dans toute sa vérité.
49:07Quelqu'un qui croyait être malin lui a demandé
49:10« Qu'est-ce que vous cherchez donc ? »
49:13Hopper l'a regardé et lui a répondu, j'imagine, sur un ton exaspéré
49:16« C'est moi que je cherche. »
49:23Hopper a influencé de nombreux artistes
49:26qui se placent dans sa continuité artistique.
49:29Il a eu un impact sur bien des gens,
49:32qu'ils soient peintres, artistes visuels, cinéastes.
49:35C'est une métaphore liée au métro
49:38et dire que sa ligne ne va que dans une seule direction.
49:41Il avait un point de mire, qu'il a atteint, et il l'a fait brillamment.
49:44Mais sur l'arbre généalogique de l'histoire de l'art
49:47et du modernisme, la ligne de Hopper ne mène nulle part.
49:50Il a sa propre branche.
50:06Pour moi, les deux comédiens de 1965
50:09représentent la clé de voûte de son œuvre.
50:12C'est la toute dernière toile qu'il a peinte avant de mourir.
50:15C'est clairement sa façon de dire
50:18« Je n'ai peut-être pas été d'un grand soutien. »
50:21Il savait que le temps était venu de reconnaître
50:24tout ce qu'elle avait fait pour lui,
50:27sa contribution à son succès en tant qu'artiste.
50:30Il rend donc ici hommage à leur collaboration,
50:33à ce qu'elle a joué en le mettant en avant,
50:36en le présentant au public.
50:39Et donc, face aux spectateurs,
50:42ils tirent ensemble leur révérence.
51:03Les petits et les grands se souviennent.
51:06Au cours des années, ils se souviennent.
51:33Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
52:03« Je n'ai peut-être pas été d'un grand soutien. »

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