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Transcription
00:00 Les Congolais ont donc exprimé leur satisfaite.
00:03 La délégation de Félix Tshisekedi a passé deux jours ici à Paris.
00:06 Elle attendait beaucoup de la France alors que l'est du pays, l'est du Congo
00:10 est déchiré par une guerre.
00:12 Kinshasa accuse les Rwandais de soutenir en sous-main les rebelles du M23.
00:16 Et la France, hier, Emmanuel Macron a clairement pris position.
00:19 Le président s'est adressé à Paul Kagame, extrait de la conférence de presse à l'Elysée.
00:24 Nous n'avons aucune difficulté à pointer les responsabilités.
00:30 Je vais le dire avec la plus grande clarté possible.
00:32 La France condamne fermement l'action de tous les groupes armés
00:35 et particulièrement l'offensive du M23
00:38 qui doit cesser les combats et se retirer de l'ensemble des territoires qui l'occupent.
00:42 Tous les groupes armés, je dis bien tous,
00:44 doivent être désarmés progressivement, démobilisés.
00:48 Le Rwanda, je l'ai redit au président Kagame dans un échange récent,
00:52 doit cesser son soutien au M23 et retirer ses forces du territoire congolais.
00:57 Mais ce qui a le plus retenu mon attention, c'est l'engagement encore plus grand de la France
01:03 aux côtés du peuple congolais, surtout dans ce que nous subissons comme
01:09 guerre injuste qui nous est imposée par le Rwanda, qui soutient le M23.
01:14 Et je pense qu'avec les discussions qu'on a eues aujourd'hui,
01:20 une lueur d'espoir pointe à l'horizon.
01:23 On peut compter, je peux le dire, c'est un risque que je prends mais je l'assume,
01:28 on peut dire qu'on peut compter sur la France qui sera à nos côtés pour trouver cette paix.
01:38 Voilà Félix Eutchisekedi avec Emmanuel Macron hier à l'Elysée.
01:42 Bonjour Etiel Batoumike, merci de répondre à France 24.
01:45 Vous êtes chercheur à l'Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence.
01:50 L'Institut et Ebuttelli.
01:54 Est-ce que cette visite officielle a permis selon vous d'apporter plus de clarté
01:59 sur la position de la France sur cette guerre ?
02:02 Je pense malheureusement que la France continue à jouer à l'équilibre.
02:07 Le président de la République française l'a dit hier lorsqu'il répondait à un journaliste
02:14 que la solution que la France propose doit tenir compte des équilibres au niveau de la sous-région.
02:20 On voit clairement que le président de la République française
02:23 n'est pas allé dans le sens que la population congolaise souhaite
02:28 si on se réfère aux manifestations qu'il y a eu à Kinshasa contre les ambassades occidentales.
02:34 On voit finalement que la population congolaise veut plus d'actions contre le Rwanda.
02:40 Pas des sanctions ciblées, des sanctions individuelles contre des individus,
02:45 mais des sanctions contre le Rwanda en tant que pays,
02:48 en tant que régime qui, dans sa politique, veut poursuivre la guerre au Congo.
02:55 Et donc le président de la République française a joué à l'équilibre
02:59 et on comprend que les intérêts que la France aujourd'hui protège au niveau du Rwanda
03:07 sont pour l'instant plus importants que ceux que la France espère tirer de la République démocratique du Congo.
03:14 Félix Tshisekedi dit repartir néanmoins satisfait de Paris.
03:19 Il a même évoqué une lueur d'espoir à l'issue de ce déplacement.
03:22 Qu'est-ce qui le pousse selon vous à exprimer autant d'enthousiasme ?
03:27 Son enthousiasme, c'est peut-être la bonne fois qu'il essaie de manifester
03:32 depuis qu'il est arrivé au pouvoir en faisant confiance à une coopération régionale
03:38 si c'est possible de pouvoir ramener la paix dans l'est du pays.
03:42 Mais les événements et les faits jusque-là démontrent que sa bonne foi est trahie par ses partenaires.
03:48 Et on comprend bien que la France aussi joue à cet équilibrisme
03:53 et sa bonne foi risque également d'être trahie.
03:56 D'ailleurs, il a émis des réserves dans la partie que vous venez de balancer de l'air au point de presse.
04:05 En fait, il est important de rester aujourd'hui réservé
04:09 lorsqu'on voit que la France essaie de conditionner à une certaine mesure
04:16 les retraits de troupes rwandaises à la solution des FDLR
04:20 qui pour l'instant ne constituent pas un danger réel pour le Rwanda
04:25 comme ils le sont pour l'ARDC aujourd'hui.
04:27 Parlons des FDLR.
04:28 Ce sont les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda,
04:31 un groupe armé, ennemi de Kigali.
04:34 C'est vrai que le président congolais, selon Emmanuel Macron,
04:36 s'est engagé à mettre fin aux agissements de ce groupe.
04:40 Kinshasa peut obliger les FDLR à se désengager ?
04:44 Il en a les capacités ?
04:46 Je crois que c'est déjà une posture du gouvernement congolais
04:50 depuis les dernières rencontres à Luanda
04:54 où dans une déclaration, le gouvernement congolais s'est engagé
04:58 à s'impliquer dans le désarmement des FDLR.
05:02 Mais je crois que c'est une faute stratégique
05:04 puisqu'aujourd'hui le Congo n'a pas,
05:08 bien qu'il y ait eu des acquisitions de collaboration
05:12 entre les forces congolaises et les FDLR,
05:17 mais je pense que les FDLR ne sont pas une question purement congolaise
05:22 et que le gouvernement congolais ne devrait pas s'engager sur ce terrain-là
05:26 puisqu'il ne lui revient pas de résoudre la question totalement
05:30 mais plutôt de s'abstenir à collaborer avec ce groupe génocidaire rwandais.
05:37 Félix Tshisekedi a annoncé qu'il n'accepterait pas de parler avec Paul Kagame,
05:43 le président rwandais.
05:45 Il accepterait de parler une fois que l'armée aura quitté la République démocratique du Congo.
05:52 Est-ce que ces propos vous surprennent ?
05:54 C'est vrai que Tshisekedi est loin d'être en position de force sur le terrain militaire.
05:58 Ce n'est pas surprenant parce que lorsqu'on a suivi la campagne électorale
06:05 en décembre dernier à Kinshasa,
06:08 on sait que le président de la République, Tshisekedi,
06:10 était très opposé au dialogue entre le Rwanda et sur quoi avec les rebelles DiEM23
06:18 et on pourrait comprendre aujourd'hui qu'il reste cohérent dans sa démarche
06:23 mais le grand problème c'est que les forces armées congolaises
06:28 ne parviennent pas à inverser les rapports de force.
06:31 Donc à un moment, face à la crise sécuritaire qu'il y a au pays,
06:35 je pense que le président de la République pourrait être amené à infléchir sa position
06:40 et dialoguer avec le président Paul Kagame,
06:43 bien que dans la politique et dans l'opinion publique congolaise,
06:47 les populations sont opposées au dialogue direct avec les DiEM23
06:51 qui en fait sont des dialogues qui se perpétuent
06:56 et qui finalement n'arrivent pas à résoudre la crise sécuritaire et humanitaire dans l'Est du pays
07:04 et c'est depuis la création de DiEM23, déjà sous le couvert du CNDP et aujourd'hui M23.
07:11 Donc quand Emmanuel Macron dit "souhaitez que d'ici à la fin de l'été,
07:14 nous puissions avoir des initiatives pleinement conclusives",
07:16 vous n'y croyez pas vraiment ?
07:19 Alors ça dépend de la pression, tout dépendra de la pression
07:23 que la France, les États-Unis et d'autres pays membres de l'Union européenne
07:29 pourront exercer au Rwanda.
07:30 Il s'agit ici d'appliquer des sanctions économiques au Rwanda,
07:34 de couper le soutien militaire qui est accordé au RDF, donc aux troupes rwandaises
07:41 et nous espérons que c'est à ces conditions-là que le président rwandais et son pays
07:46 pourraient fléchir aussi, infléchir leur position et finalement arriver à une désescalade.
07:51 Sans ces sanctions, il est difficile aujourd'hui d'espérer que la situation s'améliore
07:57 du côté rwandais, du côté congolais dans l'Est du pays,
08:03 parce que sans sanctions, tous les discours qui sont prononcés ne sont que des veuillepieds en fait.
08:10 Merci beaucoup Itiel Batou-Miké d'avoir répondu à nos questions.
08:14 Je rappelle que vous êtes chercheur à l'Institut Evo Teli depuis Kinshasa.