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Face aux lecteurs - Interview de Richard Birman - Retour sur 30 ans de carrière

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Musique
Transcription
00:00 [Bruit de bouche]
00:02 [Chante]
00:12 Bonjour Richard Merman.
00:14 Bonjour.
00:15 Vous célébrez vos 30 ans de carrière.
00:18 Oui.
00:19 D'abord, qu'est-ce que ça vous fait de regarder dans le rétroviseur
00:26 et que vous regardez ces 30 dernières années ?
00:29 Quand je regarde dans le rétro, je ne vois personne.
00:31 C'est ce qui m'embête.
00:32 J'aurais aimé qu'on soit plusieurs, mais il n'y a pas grand monde dans le rétro.
00:36 Donc, 30 ans, c'est beaucoup de scènes,
00:40 mais je ne fais pas vraiment les 30 ans de carrière.
00:43 Je fais les 30 ans de tube.
00:45 C'est la même chose, mais différemment.
00:47 Pourquoi ?
00:48 C'est la même chose parce que pendant ces 30 ans,
00:50 j'ai pas mal de chansons, pas mal de choses,
00:54 c'est cette multiplicité que je fais.
00:58 Cette multiplicité, il n'y a pas que moi dans les 30 ans,
01:02 il y a d'autres artistes que j'ai beaucoup travaillé,
01:04 notamment Alex, Dilla, Ivan Poires, Pascal Lanclume,
01:08 il y en a plein, je me souviens des anciens.
01:11 Mais c'est tout ça que je fais.
01:13 C'est un ensemble, c'est une idée de mon parcours.
01:17 Et c'est aussi le public que je fais,
01:19 parce que 30 ans, c'est avec eux.
01:22 Moi, je ne suis qu'un élément.
01:25 Mais les 30 ans, c'est d'abord eux.
01:27 C'est pour ça qu'on fête ça ensemble.
01:29 Et ce n'est pas Richard Diaman qui fête,
01:31 c'est nous qui fais tourner 30 ans de Richard Diaman.
01:34 Voilà.
01:35 Quand on parle de 30 années,
01:39 quand on parle de souvenirs,
01:41 quand on parle d'hommages,
01:43 il faut un petit peu revenir à la genèse.
01:46 Parlez-nous de Richard Diaman,
01:49 qui se découvre un coup pour la musique.
01:51 Parlez-nous de ce Richard qui décide de se lancer dans la musique.
01:54 Ce Richard-là, c'est un petit garçon
01:57 qui écoutait déjà la radio très très très très tôt,
02:01 qui était un bricoleur,
02:05 qui démontait les petites radios
02:07 et pour ne pas faire de bruit et réveiller sa maman le soir,
02:10 il marchait sous les roues tard pour écouter de la musique.
02:14 On était à l'époque en AM.
02:16 Donc je démontais les radios
02:18 et j'associais des haut-parleurs de plus en plus gros
02:20 pour pouvoir écouter, vivre la musique pleinement.
02:23 Et je marchais tant la nuit sur les routes,
02:28 j'écoutais de la musique, je chantais, je chantais, je chantais,
02:31 mais j'étais un grand timide,
02:33 donc je faisais ça uniquement quand personne ne me regardait.
02:35 Et j'ai eu la chance de rencontrer mon voisin
02:38 qui m'a dit de venir dans le groupe du collège,
02:41 au Bosier,
02:43 et on a commencé comme ça,
02:45 on a fait un spectacle, un seul.
02:47 Je me suis senti bien.
02:49 Et à la suite de ça, j'ai monté un petit groupe
02:52 et on a débuté comme ça, petit à petit, petit à petit.
02:56 Et un jour, le même copain, Adidé Mekdouz,
02:59 m'a dit "Richard, si on faisait un album ?"
03:01 J'ai dit "Mec, t'es fou, tu vois ?
03:03 Mais dis-moi, on va faire ça."
03:05 Et on s'est lancé, et puis ça a donné ce que vous savez aujourd'hui.
03:09 Richard Nirmal, celui qu'on connaît.
03:11 Vous parlez d'une première rencontre déterminante,
03:13 mais de l'album à la carrière,
03:18 quelles ont été les rencontres qui ont poussé encore cette carrière
03:24 et qui ont poussé cette passion ?
03:26 En fait, il y en a eu trois.
03:28 D'abord, mon voisin, Adidé Mekdouz,
03:30 avec qui j'ai grandi depuis des enfants.
03:33 Ensuite, il y a eu Tony Delmou,
03:35 qui nous a permis de toucher du doigt un peu le domaine,
03:38 le côté professionnel de la musique,
03:40 parce que quand on était arrêteurs, on s'amusait.
03:42 Mais Tony nous a permis de voir le côté professionnel,
03:45 avec la rigueur et tout, comme un général.
03:49 Et Mario Huitain, Mario, Super Mario,
03:52 Mario qui m'a montré que tout est possible.
03:58 Jusqu'à la journée d'aujourd'hui, on est en début 2024,
04:01 Mario me dit "Richard, tout est possible, tout.
04:04 Il n'y a rien qui ne soit pas possible.
04:05 Dès que tu te mets à être sérieux, carré,
04:10 et avoir la foi dans ce que tu fais,
04:12 avoir la foi en Dieu, tout est possible."
04:14 Donc voilà.
04:15 Pourquoi le choix du zouk ?
04:18 Est-ce qu'il y a eu d'autres sonorités qui vous ont quand même inspiré ?
04:23 Ou tout de suite on avait déjà ce goût dans les années 80,
04:28 parce que le zouk, ça explose dans les années 80.
04:31 Est-ce que vous êtes sur cette voie-là,
04:33 ou justement dans les haut-parleurs que vous aviez dénotés,
04:36 vous étiez sur d'autres voies ?
04:39 En fait, moi, je suis sur toutes les musiques, sans exception.
04:42 Quand je dis toutes, c'est toutes.
04:44 C'est la sonorité qui me plaît,
04:46 c'est la modularité, la façon dont les sons se baladent.
04:50 Mais je suis entier.
04:52 Donc déjà, la première sonorité qui m'a versé, c'est le wokan.
04:57 On a grandi dedans.
04:59 Ensuite, c'était le kumba, parce que le zouk a arrivé après.
05:03 Et il y avait la musique de Tzvikal, aussi, beaucoup.
05:07 Beaucoup de Tzvikal, beaucoup de Galaxy,
05:10 beaucoup de...
05:13 En fait, toute la génération.
05:16 Et ensuite, il y avait M. P.S. qui est arrivé avec...
05:19 Je ne dis même pas Kassab, parce que Kassab avait un style un peu mélangé,
05:22 wokan, et puis voilà, c'était pas mon style.
05:26 Je reconnais que c'était bien, mais c'était pas mon style.
05:29 Mais celui qui m'a convaincu d'être zouk, c'est P.S.
05:32 Quand il est arrivé avec Chieh Chieh, ses premiers albums,
05:37 je pense que tout jeune de mon âge, on comprenait tout de suite
05:41 que c'était Saint-Exupéry.
05:43 - Il y avait quelque chose en lui qui a fait vibrer l'artiste et le logicien, vous ?
05:49 - On ne se connaissait pas du tout.
05:51 On ne s'était jamais croisés.
05:53 Mais je pense qu'en termes de sensibilité,
05:57 cet artiste avait une sensibilité impressionnante.
06:01 Il pouvait toucher n'importe qui, qu'on soit zouk ou pas.
06:06 Cet artiste avait un don exceptionnel.
06:11 Donc je pense qu'on n'a pas cherché mieux qu'eux.
06:15 On a été touchés comme tout le monde.
06:17 Je pense qu'il ne faut pas se mentir.
06:20 Le zouk, au moins, est né à partir de P.S.
06:23 - En tant qu'artiste, comment gérez-vous cette époque
06:26 où vous êtes si sollicités, où vous êtes en plein boulot ?
06:30 - On n'a pas la même notion du boulot.
06:32 Parce que nous, on est sur le terrain depuis 1993.
06:37 Donc il n'y a pas beaucoup de diverses.
06:41 Par exemple, en Martinique, je n'y ai été qu'une seule fois en 1993.
06:45 Maintenant, j'y vais très souvent.
06:48 Et pour autant, en Guadeloupe, en 1993, on était partout.
06:51 On était partout, dans les petites fêtes, dans les grandes fêtes,
06:54 dans les baptêmes, dans les mariages.
06:56 Ça a été un mélange.
06:58 Des fois, ça a été plus Paris.
07:00 Des fois, ça a été plus la Martinique.
07:02 Des fois, ça a été plus la Guadeloupe.
07:04 Mais ce mélange-là m'a énormément plu.
07:06 Parce qu'il y a une variété de philosophies.
07:09 La Martinique n'a pas la même philosophie que la Guadeloupe.
07:12 La Guadeloupe, ce n'est pas pareil.
07:14 Chaque contact m'a rendu quelque chose de différent.
07:17 Donc l'incontournabilité est venue avec le temps,
07:21 mais pas d'une manière fixe.
07:24 - C'est un peu ça.
07:26 On a dû faire des pays des mêmes pour être connus du jour au lendemain.
07:29 - Voilà.
07:31 Et on a dû faire des pays des mêmes parce qu'on n'était pas acceptés au départ.
07:34 Parce que beaucoup n'aimaient pas notre positionnement.
07:37 Du fait qu'on était jeunes, je suis arrivé à 25 ans,
07:40 donc il y a eu plein de déliragie.
07:42 Mais on dérangeait énormément parce qu'il y a des jeunes
07:45 qui ne voulaient pas qu'on soit au top.
07:47 Ils ne voulaient pas qu'on soit les premiers.
07:49 Mais on a été les premiers qu'on le voit.
07:51 On n'a rien inventé.
07:53 Il y a eu un peu de médiatisation.
07:56 Parce que si on cherche dans les archives, il n'y a pas beaucoup de biomanes.
07:59 Il n'y en a pas beaucoup.
08:01 Mais d'ailleurs, j'ai fait une seule émission de partition à l'époque.
08:05 Et j'avais une petite chemise à barre haute.
08:08 Donc c'était limite.
08:10 On ne voulait pas qu'on soit...
08:12 Certaines valeurs sûres, je ne vais pas nommer de noms,
08:15 mais certaines valeurs sûres ne voulaient pas qu'on soit plus élevées
08:18 que au niveau de stature.
08:20 Ce que je ne comprends pas, parce que je pense qu'il y a de la place pour tout le monde.
08:23 Parce qu'à un certain moment, on devait normalement faire la première partie d'un groupe
08:28 qui nous a simplement dit qu'on n'en avait pas besoin.
08:31 Je me suis dit, si on n'en a pas besoin, on va devoir se débrouiller tout seul.
08:35 Parce que faire la première partie d'un groupe connu,
08:38 c'est quand même avoir une vitrine.
08:41 Mais pas seulement au compte à point de l'autre.
08:43 Parce qu'en fait, un téléspectateur ou une personne qui ne te connaît pas
08:48 fait référence à avec qui tu marches.
08:51 Si tu es à côté de Jay-Z, on n'a pas besoin de savoir quelle musique tu fais,
08:55 on écoute ta musique.
08:57 Dès que tu es avec Jay-Z, si je fais un clip avec Bill,
09:00 le clip est vu 100 millions de fois.
09:03 Peu importe la musique que je fais, même si c'est "bolo bolo bolo bolo",
09:07 tout le monde va danser, tout le monde va chanter "bolo bolo".
09:09 En musique, c'est selon qui est à côté de toi, on te donne une référence.
09:14 Donc on n'a pas voulu nous référencer.
09:16 On a estimé qu'on n'avait pas le droit d'être là.
09:19 Mais on s'est imposé.
09:20 Quel est pour vous le titre qui marque le tournant ?
09:24 Qui est le pivot qui dit "Ah là, là on est en train de faire quelque chose d'important".
09:29 Je pense que c'est "196".
09:32 Je pense que c'est le titre d'absence,
09:34 au genre "Ou ma jambe a l'envers".
09:37 Et je pense que c'est ce titre-là qui a mis tout le monde d'accord.
09:40 Pas dans le sens que c'était le titre le plus mieux fait au monde,
09:45 non, il ne faut pas se mentir.
09:47 Mais c'est un titre qui parlait dans le cœur des gens.
09:51 La Martinique l'a accueilli, la Guyane l'a accueilli,
09:53 Paris l'a accueilli, la Rennes l'a accueilli,
09:55 jusqu'à maintenant, hier encore, j'ai eu un monsieur qui m'a dit
09:59 "Richard, j'ai entendu sur les ondes d'une radio
10:02 et je n'avais pas compris ce que tu disais, ce que tu sentais à la précédente".
10:06 Il n'avait pas compris en 2024 ce que j'ai essayé de dire.
10:10 Il m'a dit "J'ai aimé le morceau, mais aujourd'hui je l'aime encore plus".
10:13 On a un lien avec sa grand-mère, un lien qui est destructif avec sa grand-mère.
10:18 Je ne dirais pas ça des nouvelles grand-mères, je ne sais pas,
10:22 mais les nouvelles grand-mères c'est un peu différent.
10:25 Une dame s'est sortie, c'est un peu différent.
10:28 Les grand-mères traditionnelles, je vais rajouter "traditionnelles",
10:32 et bien que ce soit avec leurs petits-enfants.
10:35 Donc on a un lien, peut-être des fois plus fort avec sa grand-mère,
10:39 qui nous résurgait, mais en même temps qui te résonne,
10:43 qui te dit "Fais ça".
10:45 Ça me fait naître en fait.
10:47 J'ai pu réfléchir, pas à mes problèmes, mais à mon avenir.
10:51 - D'accord.
10:52 À quel moment, toujours dans cette volonté d'un petit peu retracer l'historique,
10:57 à quel moment "Real Minute" naît et à quel moment vous croisez ce chemin ?
11:03 - "Real Minute" c'est hasard.
11:06 Parce qu'en 1996, c'est vrai que je suis l'un des compositeurs
11:11 qui a été demandé dans le milieu du Zouk.
11:14 Mais juste avant, M. Mouradel, qui était le patron de Maura Disque,
11:18 ma maison de disque à l'époque, me demande de travailler pour un jeune.
11:21 Je ne le connais pas, je ne l'ai jamais vu,
11:23 mais bon, il sait que je saurais faire,
11:25 et il me demande de composer un petit pour un jeune qui s'appelle Alex Catherine.
11:30 Ok, il y a un problème.
11:32 On n'est pas dans les mêmes doigts, on a deux doigts, ça n'a pas de différence.
11:36 Moi je suis un peu plus âgé, mais il me dit de travailler pour lui,
11:40 donc je m'exécute, le patron, c'est le patron.
11:43 Mais je fais un job parce que j'aime ce que je fais.
11:46 Et puis le titre il sort, je n'ai toujours pas connu le chanteur,
11:49 je ne connais pas le chanteur.
11:51 Il parle de titre, mais je ne le connais pas le chanteur.
11:53 Et puis quand ça sort, je vois que c'est Alex,
11:55 je dis "Ah ben ouais, c'est bien, il a bien interprété, c'est bien, ça tourne bien."
11:59 - C'est de quel titre ?
12:00 - "Rété".
12:01 - "Rété".
12:02 - Ensuite, lui il fait "Zouk au stade" et moi je fais "Fusion 4"
12:07 avec "Absence" et "Compagnie".
12:09 Et là on se retrouve, et on commence à être sur la même scène,
12:12 le même show, au même endroit.
12:14 Et puis ça m'agace, je lui dis "Mais tu m'emmerdes là,
12:17 là tu m'emmerdes, trop souvent, on va faire ensemble là."
12:22 - Du coup, on s'est mis à chanter ensemble.
12:25 - On s'est mis, au lieu de perdre du temps, à attendre que l'autre passe.
12:28 On fait ensemble.
12:30 Et d'abord, avant, on a fait les 4 musketers, en Martinique.
12:33 On n'a pas fait en Guadeloupe, mais en Martinique,
12:35 comme on était très demandé, on a fait les 4 musketers.
12:38 Alex, Christiane Naha, Pascal Nakhlou et moi.
12:42 - D'accord.
12:43 - On montait à quatre chaussettes, on s'est habillés de la même façon,
12:46 Costa, après il y a eu un peu de...
12:48 - Dans le boy's band.
12:49 - Ouais, dans le boy's band à l'époque, on voulait pas imiter,
12:53 parce que c'était à un autre niveau.
12:55 - Mais c'était l'idée.
12:56 - Ouais voilà, les boys tout de même, les compagnies.
12:58 Donc on a fait des 4 musketers.
13:01 Mais malheureusement, les deux n'ont pas voulu suivre,
13:03 parce que leur public a voulu partir à Paris,
13:07 Christian a voulu aller chez le concurrent d'EBS,
13:10 donc on a dit "Ok, y'a pas de problème, bonne route, au revoir".
13:14 - On reste deux.
13:15 - Voilà, on reste deux.
13:16 Et on a eu l'opportunité de créer une chanson pour l'Eurovision.
13:22 On nous a demandé "Bon voilà, est-ce que vous pouvez créer quelque chose ?"
13:26 On s'est dit "Ok", on s'est lancé ce défi-là.
13:30 On a pris le titre "Femme".
13:33 C'était pas en zouk, c'était une balade.
13:36 Et puis ils nous ont pas répondu.
13:38 Pas de réponse, comme si on avait jamais rien envoyé.
13:41 On s'est dit "Ah, tiens, c'est un manque de respect déjà."
13:44 - Déjà oui.
13:45 - Parce qu'au moins, tu n'as pas apprécié quelque chose.
13:48 - Tu fais un retour.
13:49 - Tu fais un retour, tu te dis "Bon désolé, vous avez pas été retenus."
13:52 Ça arrive, parce que je pense qu'à l'Eurovision,
13:54 il y a au moins 2 millions de chansons qui arrivent.
13:56 On se sent pas vexé, attention.
13:58 On se dit juste que...
13:59 - C'est dommage que ce soit traité comme ça.
14:01 - Voilà.
14:02 Ça avait pris quelque part de l'oeuvre de Nance.
14:06 On s'est dit "Bon, quand vous n'y arriverez pas,
14:08 nous on va le transformer et on va le donner à notre public."
14:11 Et notre public l'a apprécié.
14:13 Notre public en a fait un dessus.
14:15 - Plus qu'apprécié.
14:16 - Ouais, plus qu'apprécié.
14:18 Et notre public nous a félicité.
14:20 Et on a ajouté d'autres titres avec pour créer l'album 98 de Rémi.
14:26 - Comment est-ce que vous gérez ces flots de femmes
14:30 qui arrivent à vos concerts,
14:32 qui se pâment,
14:34 qui vous appellent,
14:36 qui chassent les premiers par-dessus parce qu'elles veulent pas les voir,
14:40 qui l'attendent que Richard,
14:42 ou alors Richard avec Alex.
14:44 Comment vous gérez ça?
14:46 - En fait, c'est très humain, non?
14:48 Parce que nous, nous sommes des chanteurs de zouk.
14:54 Et de zouk-lore, en plus.
14:56 Parce qu'il y a le zouk dynamique où on fait la fête,
14:59 on se repense à rien.
15:00 Mais le zouk-lore parle au cœur des gens.
15:03 Donc, forcément, si tu envoies un message direct
15:06 qui touche le cœur de quelqu'un,
15:08 cette personne-là va traduire ça en émotions,
15:11 en sensations, en compliments,
15:13 en actes même insensés.
15:15 Parce qu'il y a des femmes qui veulent monter sur scène pour nous embrasser.
15:18 Donc, c'est normal.
15:20 Mais je dis souvent que c'est pas à moi qu'il faut reverser tout cet amour.
15:25 Il faut reverser-le à votre compagnon.
15:27 Parce qu'en fait, la chanson est faite pour unir,
15:30 pas pour désunir.
15:31 Il faut le traduire, mais avec la personne avec qui vous partagez quelque chose.
15:35 Essayez de le faire, vous allez voir, ça, ça marche très bien.
15:37 Et pas plus tard que tout à l'heure,
15:39 j'étais dans un magasin,
15:41 il y a un homme qui m'a dit,
15:42 je me sers souvent de tes chansons pour parler à ma femme.
15:46 Et quand j'ai voulu faire ma demande de faire ça,
15:48 je l'ai fait sur Suive-moi.
15:49 Donc, c'est exactement ce que je veux.
15:52 Déjà, utiliser la chanson pour se l'approprier
15:55 et le mettre dans la vie de tous les jours.
15:56 Pas forcément pour vous dire, voilà, c'est lui que je veux.
15:59 Parce que ça, c'est mathématiquement impossible.
16:02 Quand on danse en salle de boule.
16:03 Donc, je gère ça d'une manière très calme.
16:05 Je prends ça comme un compliment.
16:07 Mais ça reste là.
16:08 Je n'en profite pas plus que ça.
16:11 Mais j'aime voir les gens s'exprimer.
16:15 Mais je dis qu'il faut que ça reste raisonnable et contenu.
16:19 Parce que je veux que le courant ou la femme se sente rassurée
16:24 que ce n'est que de l'expression
16:26 et non pas une volonté de séduire.
16:29 Voilà, c'est important.
16:31 Quand on voit à quel point c'est important maintenant
16:33 pour nos artistes d'être sur tous les départements du premier artiste
16:37 et en France et en Wallonie Martinique.
16:40 Comment vous, à l'époque, vous arrivez à saisir l'envie d'un public
16:45 que vous ne connaissiez pas forcément ?
16:47 En fait, nous avions un gros problème à l'époque.
16:49 C'est que nous n'étions pas ambitieux.
16:52 Nous voulions d'abord déjà exister en tant qu'ici, en tant que jeunes.
16:57 Parce que comme je l'ai dit, on nous bloquait un peu.
17:00 On a eu des voies d'accès.
17:01 Il n'y avait pas beaucoup de médias.
17:04 Il n'y avait qu'une seule télé.
17:07 À l'époque, en 2013, il n'y avait pas dix mille télés.
17:10 Il n'y avait qu'une télé qui pouvait vraiment faire grandir un artiste.
17:13 Et les places étaient prises.
17:16 Donc, si tu ne faisais pas partie du tissu-cuit bien défini,
17:20 ce n'était pas possible.
17:22 C'est la chanson de dissonance d'ailleurs.
17:24 Je me rappelle très bien.
17:26 Qui avait fait une galère aisée.
17:29 C'était très drôle cette chanson.
17:31 C'est un tissu-cuit très fermé, où les gens se tapotaient l'épaule.
17:35 Et c'était les mêmes qui étaient là tout le temps.
17:37 Et nous n'avions pas la chance d'être là.
17:42 Donc, déjà, exister dans le petit département dans lequel on est,
17:46 c'était déjà très bien.
17:48 Et je dis tout le temps, je dirais tout ce qui est fort,
17:51 je dis que la voix de Lou,
17:53 c'est l'une des meilleures places pour faire naître un artiste.
17:58 Parce que les voix de Lou, elles sont dures.
18:00 Elles sont très dures.
18:01 C'est-à-dire que quand tu arrives à dépasser ce stade-là,
18:04 il n'y a aucune barrière. Il n'y a rien.
18:06 Si tu regardes bien, si tu regardes le nombre de stars qui sont partis de notre île,
18:10 je parle de stars,
18:12 on voit Zouk Machine, on voit Fassab, on voit Tania,
18:16 on voit Yann Bédi, il y a plein, il y en a plein qui sont partis,
18:19 qui ont fait le show au National.
18:23 Et on voit Amiral, on voit Christ, même s'il a été...
18:28 on lui a scié les ailes, mais il y a Christ qui a fait de beaux travails.
18:32 Il y a plein de gens qui, partant de ce petit département,
18:37 ont fait toutes les choses.
18:38 Donc, ça veut dire que lorsque la voix de Lou te valide,
18:42 tu peux être sûr que tu peux aller loin.
18:45 Maintenant, moi, je ne suis pas ambitieux.
18:47 Je reste en voix de Lou parce que s'il n'y aurait pas eu,
18:50 moi, je n'aurais pas gagné.
18:52 Moi, j'aime bien mon île.
18:54 La musique peut aller, la musique peut aller.
18:57 Moi, je reste.
18:59 - Les questions pour vos lecteurs, mais bon.
19:01 Alors, il y a Frédéric qui nous demande,
19:04 est-ce que la chanson "Amelia" est tirée d'une histoire d'enfant?
19:07 - Non. C'est un conte de fées, à l'oxygène.
19:12 Il y a de belles histoires à raconter,
19:14 mais "Amelia", c'est une histoire un peu spéciale
19:17 où c'est un mélange de subtilité, d'envie, de désir.
19:22 C'est un mélange, c'est un mélange.
19:25 C'est trop mélangé pour être une histoire.
19:27 Sinon, ce serait une folie.
19:29 - Avec votre parcours, avec votre carrière,
19:31 aujourd'hui, il y a-t-il encore un artiste
19:33 avec lequel vous aimeriez chanter?
19:35 - Ma foi, non.
19:37 Parce que, comme je vous dis, j'aime beaucoup mon île.
19:41 Donc, je sais qu'on partage beaucoup de choses
19:44 avec les artistes locaux.
19:46 Moi, je me sens bien.
19:48 J'aime ce qu'ils font.
19:50 J'aime le roca.
19:52 J'aime écouter la musique européenne.
19:55 J'aime tout.
19:57 Mais je pense que chacun doit développer son art
20:00 à sa façon, avec ses affinités.
20:02 Des fois, on mélange, mais je n'ai pas retrouvé
20:04 un mélange qui peut être vraiment quelque chose
20:06 de vraiment judicieux pour dire
20:08 "Ouais, je vais bien lui faire ça."
20:10 On peut s'amuser, mais...
20:12 Moi, je m'amuse, mais en off.
20:14 Avec tout le monde, mais en off.
20:16 - Et enfin, j'aimerais vraiment un duo
20:18 avec Tania Sarval.
20:20 Est-ce que ce serait possible?
20:24 - Ah, il faudrait que Tania revienne au Zouk.
20:26 - C'est vrai.
20:28 - Mais vraiment au Zouk, pas à Zouk...
20:30 - Vraiment au Zouk.
20:32 - Ouais, il faudrait qu'elle revienne vraiment au Zouk.
20:34 - C'est vrai qu'elle est allée voir...
20:36 - Elle-même, je pense qu'elle n'a pas trop envie.
20:39 Moi, la dernière fois que j'ai discuté avec elle,
20:41 elle n'avait pas trop envie de...
20:43 Je vois qu'elle refait des concerts au Zouk.
20:45 Donc, je suppose qu'elle va y revenir,
20:47 mais après, bon...
20:49 - On verra.
20:51 Wait and see.
20:53 Yasmine, est-ce que vous vous êtes déjà essayée
20:58 à un autre genre?
21:00 Est-ce que votre voix vous a plu sur un autre genre?
21:02 - Oh...
21:04 (chant en arabe)
21:06 (chant en arabe)
21:16 J'ai tout, hein? - J'ai tout.
21:18 - J'ai une chanson en espagnol.
21:20 (chant en espagnol)
21:22 On a un reggae.
21:28 (chant en espagnol)
21:30 On a tout.
21:34 Je pense que la voix de Zouk,
21:36 je dis, c'est l'oreille de la caraïbe.
21:38 Tu sais, par exemple,
21:40 en Jamaïque, il y a Turik.
21:42 En Turico, il y a Soka.
21:44 Voilà. Ils ont pas tout.
21:46 Nous, on a tout.
21:48 Tu peux trouver des gars qui font de la salsa,
21:50 des gars qui font...
21:52 Il y a tout ici.
21:54 Toutes les musiques sont là.
21:56 Sauf peut-être chinois, mais peut-être ça va arriver.
21:58 - Mais ça va peut-être arriver.
22:00 - Donc, on a tout et nous sommes l'oreille de la...
22:02 Nous entendons tout. Nous savons apprécier
22:04 toutes les musiques. Et dans nos musiques,
22:06 il y a une influence
22:08 de toutes les choses qu'on entend.
22:10 Voilà. Kassar, la lénda, beaucoup d'Afrique,
22:12 beaucoup de percussions,
22:14 beaucoup de méringués. Il y a tout ça.
22:16 Même quand on parle,
22:18 tout ça est mélangé chez nous.
22:20 Maintenant, on est dans une grande confusion.
22:22 Les artistes nouveaux ne savent plus
22:24 exactement qui être.
22:26 Parce qu'ils entendent tout.
22:28 Ils entendent tout.
22:30 Nakamura, elle ne savait pas quoi faire.
22:32 Elle a pris du zouk.
22:34 Tout le monde entend tout maintenant,
22:36 avec les réseaux sociaux. Tout le monde entend tout.
22:38 Et maintenant, il faut faire une synthèse.
22:40 Dans quelle direction je vais aller?
22:42 C'est ça, la vraie question.
22:44 Et ça, c'est ce qui va faire que je suis,
22:46 je devienne quelque des bons.
22:48 Parce que, attention, il y a l'artiste qui aime la musique.
22:50 Par exemple,
22:52 je dirais par exemple,
22:54 une jeune comme Missy Nice,
22:56 c'est une artiste que j'apprécie énormément.
22:58 Elle est authentique.
23:00 Il y a une authenticité en elle.
23:02 Elle aime des choses,
23:04 elle les met en musique.
23:06 Et ça, c'est super bien.
23:08 J'ai découvert un artiste l'autre jour aussi
23:10 qui s'appelle Tyran,
23:12 qui est très authentique aussi.
23:14 J'aime l'authenticité.
23:16 Parce que, tu sais, le chinois,
23:18 il n'a pas écouté de la R'n'B.
23:20 Ça ne l'intéresse pas.
23:22 Il a ça chez lui.
23:24 Il en a plein.
23:26 Maintenant, il va entendre un truc authentique,
23:28 il saura le marquer.
23:30 Je crois qu'il saura le marquer.
23:32 Sérieusement, il va avoir envie d'en porter chez lui.
23:34 Mais il va en porter quelque chose d'authentique.
23:36 Si tu veux de la R'n'B,
23:38 ils ont 10 000 groupes de pop à la R'n'B,
23:40 ils en ont plein.
23:42 Ils sont formés depuis tout jeune à danser, à R'n'B.
23:46 Ils sont plus américains que les américains.
23:48 Donc, ça ne sert à rien.
23:50 Par contre, l'authenticité, ils n'en ont pas.
23:52 Eux-mêmes ne sont pas authentiques avec eux-mêmes,
23:54 parce que sinon, ils sont en train de la musique chinoise.
23:56 Donc, ça veut dire que s'ils ne sont pas authentiques,
23:58 ça veut dire qu'ils cherchent des valeurs
24:00 qui leur sortent aux yeux.
24:02 Moi, je dis que
24:04 notre authenticité en zouk,
24:06 tel que mon zouk,
24:08 c'est que je suis enraciné
24:10 dans tout ce qui m'a fait naître.
24:12 Donc, au cas des influences latines,
24:14 parce qu'il ne faut pas les négliger,
24:16 on les entend,
24:18 mais qu'on le veuille ou non,
24:20 on les entend.
24:22 Donc, elles sont présentes dans nos musiques.
24:24 - Et Yasmine, on va nous poser une question un peu politique
24:26 avec un smiley clin d'œil.
24:28 - Oui.
24:30 - Et si on choisissait
24:32 William Richard Berman
24:34 pour créer l'hymne de la voix de l'autre ?
24:36 - Moi, je vais vous faire écrire le drapeau.
24:38 - Ah !
24:40 - Parce que je trouve que,
24:42 bon, je ne fais pas de politique,
24:44 mais je trouve ça tellement
24:46 triste
24:48 quand on veut nous donner des couleurs
24:50 qui ne respirent pas la joie.
24:52 Nous sommes des pays
24:54 où il y a du joie et il y a un bonheur
24:56 pas possible. Nous avons
24:58 une joie pas possible en nous,
25:00 mais on veut nous mettre
25:02 des couleurs qui sont dures,
25:04 en fait,
25:06 qui ne représentent pas
25:08 notre joie.
25:10 Et moi,
25:12 si je devais créer mon drapeau,
25:14 je ne le ferais pas comme celui qui est.
25:16 Il est bien, il est bien,
25:18 il représente l'Afrique,
25:20 le côté traditionnel, mais je pense
25:22 que c'est qu'on est autre chose.
25:24 Et l'Afrique, même, c'est qu'on est autre chose.
25:26 Donc, il faudrait un peu d'Afrique,
25:28 mais aussi beaucoup d'humour.
25:30 Parce que, qu'on le veuille ou non,
25:32 nous sommes
25:34 un peuple différent.
25:36 Parce que quand tu regardes un peu tous les drapeaux africains,
25:38 ils ont un peu tous le même
25:40 code barre.
25:42 Moi, je dis qu'il devrait y avoir
25:44 quelque chose de différent, mais avec
25:46 un rappel. Un peu comme les Etats-Unis,
25:48 il y a des étoiles,
25:50 mais chaque étoile, c'est
25:52 une entité. Voilà.
25:54 On doit se mettre
25:56 dans un contexte d'entité
25:58 avec un rapport, avec quelque chose.
26:00 - OK. - Voilà.
26:02 - La prochaine question nous est posée par un journaliste africain.
26:04 L'Afrique est une grosse consommatrice
26:06 du zouk.
26:08 Mais je crois aujourd'hui que cette musique
26:10 est malheureusement en perte de vitesse.
26:12 Qu'en pensez-vous ?
26:14 - La réponse est toute faite.
26:16 C'est complètement faux.
26:18 Je pense que le zouk est en pleine histoire.
26:20 Et même,
26:22 je pense que c'est nous qui sommes en perte de vitesse.
26:24 Nous. Pas la musique.
26:26 La musique, elle, elle, elle continue
26:28 et elle se développe.
26:30 Maintenant, nos artistes sont mal placés.
26:32 Nos artistes zouk sont mal placés.
26:34 Parce que beaucoup se sont mis en avant par les réseaux sociaux,
26:36 faisant croire que c'est eux
26:38 qui sont les artistes zouk.
26:40 Mais les vrais artistes zouk,
26:42 comme moi, Catherine, Christian Arra,
26:44 qui ont le potentiel,
26:46 parce que, il faut voir,
26:48 nous, on remplit sur les salles.
26:50 On ne remplit pas les salles.
26:52 Nous, on remplit sur les salles.
26:54 Ces artistes-là ne sont pas capables de remplir les salles.
26:56 C'est parce qu'il y a un mauvais placement.
26:58 C'est facile d'aller à l'extérieur
27:00 et dire "je suis dit, je suis le plus grand,
27:02 le plus beau, le plus..."
27:04 C'est facile d'avoir des formes généreuses
27:06 et de faire des millions de vues.
27:08 Maintenant, la musique, c'est quelque chose d'établi.
27:10 C'est soit tu sais,
27:12 soit tu ne sais pas.
27:14 D'abord, Minnie Vanelli, pendant des années,
27:16 on voyait tout le monde en faisant quoi,
27:18 en chantant, et ils ont eu d'un succès faux.
27:20 Donc c'est très facile de guerrer les gens.
27:22 Maintenant, le zouk,
27:24 c'est culturel.
27:26 Le zouk, c'est culturel. Tu peux faire ce que tu veux.
27:28 Même si un chinois vient chanter du zouk,
27:30 ce sera un chinois qui chante du zouk.
27:32 Mais il ne sera pas un zoukeur.
27:34 Un zoukeur, on a une tombe,
27:36 on a quelque chose qui est naturellement chinois.
27:38 C'est comme le combat.
27:40 Le combat, ça appartient aux Haïtiens.
27:42 Tu peux faire un semblant, mais tu ne seras jamais Haïtien.
27:44 Moi, j'aime beaucoup le combat,
27:46 mais je le laisse aux Haïtiens,
27:48 parce que je sais qu'ils le font bien.
27:50 Moi, je fais du zouk.
27:52 Pour moi, le zouk n'est pas en train de le faire.
27:54 C'est les artistes qui sont mal placés,
27:56 qui sont mal reconnus,
27:58 qui sont mal soutenus.
28:00 C'est un peu la faute au public en lui-même,
28:02 parce qu'il doit dire stop.
28:04 Il doit dire,
28:06 "Ok, vous êtes bien gentils,
28:08 mais voilà."
28:10 C'est comme quand tu vas au restaurant.
28:12 Si tu ne manges pas de clafoutis,
28:14 tu n'as pas d'intérêt à aller dans un restaurant
28:16 et manger ça avec du clafoutis.
28:18 Tu te dis, "Vraiment, la Belgique,
28:20 c'est ça que je suis,
28:22 c'est ça que je suis, tu revends, etc."
28:24 Et tu ne vas pas dans les restaurants
28:26 et manger du clafoutis.
28:28 C'est pas toi.
28:30 Maintenant, si on continue à consommer
28:32 des choses qu'on n'aime pas,
28:34 ces choses-là, on se rend compte
28:36 qu'elles sont bonnes.
28:38 C'est exactement pareil en musique.
28:40 Nous avons un produit qui est excellent,
28:42 qui est le zouk, la prose.
28:44 Drake, qui est un Américain,
28:46 l'a pris et l'a transformé.
28:48 Le compas, le transforme.
28:50 Tout le monde le transforme et l'utilise.
28:52 Et nous, on a été mal placés par Pograça.
28:56 Donc, ils font toute leur communication.
28:58 C'est quelque chose qui nous appartient.
29:00 Et nous, le public ne nous soutient pas assez
29:02 pour pouvoir dépasser le clivage
29:04 zouk, on vient pas là-dessus.
29:06 Parce qu'on sait,
29:08 l'Afrique, c'est des millions de personnes.
29:10 Je parlais à un Africain,
29:12 il y a trois jours,
29:14 qui m'interviewait sur un média.
29:16 Je lui disais,
29:18 pourquoi avons-nous besoin que la France
29:20 nous valide en tant que star,
29:22 alors qu'il y a pratiquement un milliard d'Africains ?
29:24 Pourquoi ?
29:26 Pourquoi avons-nous besoin que des Européens
29:28 nous valident ?
29:30 Pourquoi l'Afrique ne nous valide pas ?
29:32 En tant que star.
29:34 Parce que si on est validé, c'est le nombre de vues,
29:36 c'est le nombre de j'aime,
29:38 c'est le nombre de likes,
29:40 c'est ça qui te valide en tant qu'artiste.
29:42 Enfin, actuellement.
29:44 Mais c'est aussi dans les plus grosses tournées.
29:46 Si tu fais une grosse tournée en Afrique devant 200 000 personnes,
29:48 t'as pas besoin d'aller à Bercy.
29:50 Bercy, c'est 60 000,
29:52 je ne sais pas, peut-être 14 000 personnes.
29:54 Mais en Afrique,
29:56 il y a des peuples
29:58 qui sont plus nombreux
30:00 que les États-Unis.
30:02 Pourquoi faut-il que ce soit
30:04 les Européens qui nous valident et pas les Africains
30:06 qui nous ressemblent ? C'est bizarre quand même.
30:08 - Éric Goutin, Luc Léon,
30:10 Francky Vincent, ils sont très connus
30:12 en Afrique.
30:14 Est-ce que vous avez
30:16 pour objectif d'entrer aussi ?
30:18 - Je suis déjà très connu en Afrique.
30:20 Sauf que je ne suis pas un grand voyageur.
30:22 Je pense que c'est la musique
30:24 qui doit voyager, c'est pas l'individu.
30:26 Parce que l'individu emmène ses mauvaises manies,
30:28 emmène son mauvais caractère,
30:30 emmène sa personnalité.
30:32 Or, la personnalité
30:34 ne définit pas la musique.
30:36 On peut ne pas aimer un individu,
30:38 mais on peut très bien aimer sa musique.
30:40 Donc si ma musique vous plaît,
30:42 prenez-la.
30:44 Prenez-la et faites-en quelque chose de bien.
30:46 Comme tu disais,
30:48 j'aurais très bien pu faire l'équipe de La Voix d'eau,
30:50 mais un pays veut prendre ma musique
30:52 pour en faire ce qu'elle veut, et moi ça ne me dérange pas.
30:54 Mais je n'ai pas besoin d'être là
30:56 absolument pour dire "voilà, c'est ce que je fais".
30:58 Non, c'est vous qui devez me faire sentir
31:00 que vous avez besoin
31:02 de me voir, pas le contraire.
31:04 Le contraire, c'est de la commercialisation,
31:06 c'est pas pareil.
31:08 En tout cas, merci beaucoup à Richard Bermat
31:10 de nous avoir accordé ce moment.
31:12 Et puis, bonne continuation.
31:14 Merci beaucoup.
31:16 Salut salut.
31:18 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
31:21 "La voix d'eau"
31:26 Merci à tous !

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