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Le métier de pompier est de plus en plus à risque et a beaucoup évolué : désertification médicale et conséquences du dérèglement climatique seront au cœur du Beauvau de la sécurité civile qui s'est ouvert hier à Paris. Pour en parler, Éric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 24 avril 2024

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Transcription
00:00 *Générique*
00:04 Comment repenser le rôle des pompiers ?
00:07 C'est toute l'ambition des concertations que vient de lancer Gérald Darmanin,
00:10 le ministre de l'Intérieur, le bovo de la sécurité civile,
00:13 doit aboutir à des conclusions concrètes d'ici la fin de l'année avec nous donc Eric Brocardi,
00:18 porte-parole de la Fédération Nationale des Sappeurs-Pompiers de France.
00:22 Votre métier a changé, ce n'est pas le même qu'il y a 10-15 ans ?
00:27 - Non, on était les soldats du feu, vous connaissez un petit peu ce surnom que vous nous donnez.
00:31 Donc aujourd'hui on est les soldats de la vie avec 80% des interventions liées au secours du jour sur personne.
00:36 Et aujourd'hui les soldats du climat au regard des règlements climatiques.
00:38 Donc effectivement le champ missionnel des sapeurs-pompiers a grandement évolué.
00:43 On doit faire face aujourd'hui aux enjeux que sont dus à des crises de terroristes,
00:47 à des crises sanitaires, à des crises technologiques.
00:49 On est vraiment soumis aujourd'hui à une pression d'évolution à la fois de la démographie,
00:54 des changements structurels de tous les territoires et aussi des changements liés à l'impact sur la société aujourd'hui
00:59 puisqu'on est quelque part un peu l'éponge de la société qui réagit en temps et en heure aux besoins de la société.
01:04 - C'est-à-dire que vous faites un peu le boulot des autres ?
01:07 - Alors on fait le boulot pas non seulement des autres,
01:09 mais lorsqu'il n'y a plus personne il faut bien que quelqu'un fasse ces missions-là.
01:14 Quand on fait des transports interhospitaliers par exemple,
01:17 pour transporter tout simplement une victime ou tout simplement une personne en attente de soins
01:22 d'une structure hospitalière à une autre, c'est parce qu'il n'y a pas encore de ressources nécessaires
01:26 sur l'ensemble du territoire pour permettre ce genre de mission.
01:28 Quand on ferme des centres d'urgence et qu'on rallonge le délai d'intervention,
01:32 cela veut dire que quelque part on oublie que nous notre notion c'est aussi de l'urgence
01:36 et que la notion de maillage territorial, que ce soit au niveau de l'offre de soins comme l'offre des secours,
01:40 est extrêmement essentielle aujourd'hui.
01:42 C'est plus 6% d'intervention par rapport à l'année précédente,
01:47 c'est une intervention toutes les 6,3 secondes.
01:49 Cela ne repose en fait que sur 250 000 hommes et femmes, qu'ils soient professionnels comme volontaires.
01:54 Et vous le savez, c'est 80% de volontaires aujourd'hui qui composent les sapeurs-pompiers.
01:58 Donc que ce soit dans le milieu rural comme dans le milieu urbain,
02:01 et on sait qu'aujourd'hui la France n'est pas simplement dans les grandes villes,
02:03 elle est surtout dans les territoires reculés sur lesquels il faut faire face
02:06 et qu'on doit avoir une disponibilité des ressources.
02:09 - Une intervention de la sécurité civile toutes les 6,3 secondes en France, c'est énorme.
02:13 Qu'est-ce que vous demandez aujourd'hui concrètement ?
02:16 - Ce que l'on demande très simplement, c'est déjà pour faire face à tous ces enjeux.
02:19 Vous savez, l'impact du dérèglement climatique, c'est 13,4 milliards d'euros sur le territoire européen
02:23 en regard des inondations, des incendies.
02:26 Donc il est évident que face à cette explosion d'intervention,
02:29 face à tous ces défis et ces enjeux, il faut beaucoup plus de moyens.
02:33 Les moyens évoluant aussi, on parle de modernisation du parc à matériel.
02:36 Vous savez, les incendies de 2022 ont d'aboutir à une pacte capacitaire déclenché par Emmanuel Macron
02:42 et relayé par Gérald Darmanin pour permettre justement l'achat de véhicules supplémentaires.
02:47 Ce qui veut dire qu'il y a un besoin et une nécessité de moderniser.
02:49 On a parlé au niveau de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France
02:52 de faire appel à des plateformes comme Airbnb
02:54 où il y a un déplacement de démographie dû à une offre de lit supplémentaire.
02:58 - C'est-à-dire une taxe Airbnb ?
03:00 - C'est-à-dire que oui, effectivement, une taxe ou tout simplement une rétribution
03:03 qui doit être logiquement louée directement aux sapeurs-pompiers
03:06 parce qu'un déplacement démographique engendre des risques.
03:09 - Voilà, avec Airbnb, il y a plus de logements occupés, donc plus de risques d'accident.
03:14 - Et on le sait, 9 incendies sur 10 sont dus à un déclenchement et à une cause humaine.
03:18 Donc forcément, on le sait, dans le sud de la France,
03:20 les incendies sont souvent liés à un déplacement de population
03:23 qui ne connaissent pas les enjeux de protection des territoires
03:26 et donc forcément, ce déplacement de population emmène des risques.
03:29 Donc ça, c'est qu'une partie, évidemment.
03:31 Il y a aussi, on peut parler...
03:32 - Vous demandez plus de moyens, pardonnez-moi,
03:34 mais vous savez très bien que ce n'est pas trop la mode de demander des sous.
03:39 On n'en a plus.
03:39 - Mais non, mais c'est sûr que, comme vous dites, il n'y en a effectivement plus,
03:42 mais par contre, il faut savoir ce que l'on veut.
03:44 Est-ce que l'on veut toujours avoir des missions régulières au niveau de l'État
03:47 et de protéger l'ensemble de la population, ce qui est essentiel aujourd'hui ?
03:50 Quand on voit le bilan que je vous ai évoqué tout à l'heure,
03:52 44 morts sur l'ensemble du territoire européen,
03:55 ne serait-ce que touchées par les inondations et les intempéries.
03:58 Donc cela veut dire quoi ?
03:59 Cela veut dire qu'il n'y aurait pas eu les sapeurs-pompiers,
04:00 le chiffre aurait été beaucoup plus important.
04:02 Donc il faut savoir ce que l'on veut.
04:04 Est-ce qu'on veut laisser la population vouer à elle-même
04:06 ou est-ce que l'on veut l'aider à subvenir à tous ces enjeux et ces défis climatiques ?
04:09 - Éric Brocardi, vous l'avez rappelé, le volontariat,
04:11 c'est au cœur de notre modèle de sécurité civile.
04:13 200 000 sapeurs-pompiers sont volontaires en France,
04:17 contre 40 000 professionnels.
04:18 Vous arrivez toujours à recruter ?
04:22 - Cela devient difficile de recruter, de porter une attention particulière
04:26 sur le fait qu'aujourd'hui, chacun et chacune peuvent porter
04:28 et jouer un rôle essentiel dans notre société
04:31 qui a besoin de plus en plus d'être engagé au profit des autres.
04:34 Aujourd'hui, quand on est dans une société de selfie,
04:36 c'est extrêmement compliqué de se tourner vers les autres personnes.
04:39 - Ouh là là, vous êtes en train de dire que les gens sont plus égoïstes,
04:41 qu'ils ne s'engagent plus ?
04:42 - Je pense qu'à un moment donné, on regarde peut-être un peu trop au son précaré
04:45 plutôt que de s'ouvrir à l'extérieur.
04:47 Je suis ravi que tout à l'heure, on puisse discuter des jeunes sapeurs-pompiers
04:50 qui, dès le plus jeune âge aujourd'hui,
04:51 essayent aussi d'avoir une solution de pouvoir à la fois s'engager,
04:55 de s'épanouir dans un monde où on offre un cadre,
04:57 où on offre à un moment donné des missions et une ouverture vers les autres
05:00 qui paraissent aujourd'hui essentielles.
05:01 Ça ne concerne pas que les sapeurs-pompiers,
05:02 c'est aussi dans le milieu hospitalier,
05:04 c'est aussi nos collègues de la gendarmerie, de la police nationale.
05:07 Parce qu'aujourd'hui, je pense que c'est encore ultra nécessaire.
05:09 Vous savez, quand vous rentrez dans une caserne, vous avez affaire à des humains.
05:12 Quand vous arrivez sur l'intervention, il y a encore un contact humain.
05:14 Chose qui n'est pas encore évidente aujourd'hui
05:16 quand vous allez dans les systèmes de banque
05:17 où vous êtes justement derrière votre guichet automatique
05:19 et il n'y a plus de relation humaine.
05:20 - Engagez-vous, c'est le message que vous lancez ce matin aux jeunes qui nous écoutent.
05:23 Merci beaucoup Éric Brocardi,
05:25 porte-parole de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France.
05:27 Merci, bonne journée.
05:29 Cette interview est à retrouver sur l'appli RTL.

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