Maya Lauqué reçoit Éric Brocardi, porte parole de la fédération nationale des sapeurs-pompiers venu s'exprimer sur la question des feux de forêts.
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00:00 Bonjour Eric Brocardi, merci d'être avec nous ce matin.
00:03 Frédéric Vion vient d'en parler il y a un instant.
00:05 Une météo des forêts nous prévient désormais chaque jour des risques d'incendie.
00:09 Emmanuel Macron a fait un certain nombre d'annonces pour renforcer les moyens des pompiers hier.
00:13 On va les détailler dans un instant, mais d'abord, nous sommes le 3 juin.
00:17 Les pompiers sont-ils prêts à affronter les désormais inévitables incendies de l'été ?
00:22 En fait, nous sommes en permanence prêts.
00:24 C'est vrai qu'aujourd'hui, on parle d'une annualisation du risque,
00:26 et non plus simplement sur une fenêtre entre le mois de juin et le mois de septembre.
00:30 Je pense qu'aujourd'hui, les événements ont suffisamment démontré
00:33 que la tension opérationnelle dans le cadre du risque incendie-feu de forêt est constante.
00:38 Donc c'est vrai qu'on sort d'une période de 2022 qui était extrêmement tendue,
00:43 extrêmement forte en termes d'événements sur le plan des incendies.
00:47 Donc aujourd'hui, nous sommes toujours dans cette inscription, on va dire,
00:50 de la préparation, de la planification, de manière à mieux anticiper
00:53 ce qui risque de malheureusement se produire pour l'été 2023, ce que l'on espère pas.
00:57 Et on compte sur chaque concitoyen pour éviter tout drame.
01:00 Justement, depuis hier, Météo France diffuse sur son site internet et son appli
01:04 chaque jour à 17h une météo sur le risque d'incendie,
01:07 en prenant en compte des éléments météo, des températures, du taux d'humidité.
01:11 Est-ce vraiment nécessaire de nous dire ?
01:14 Est-ce que les citoyens ont besoin de ces écarts ?
01:16 Il le faut, c'est déjà une première étape importante
01:18 dans le cadre de ce qu'on appelle l'acculturation du concitoyen face au risque,
01:21 quel qu'il soit. Donc aujourd'hui, le fait d'avoir une météo déforée
01:24 permet déjà une bonne appropriation du territoire,
01:27 mieux comprendre dans quel, on va dire, univers environnement je m'inscris
01:31 et si celui-ci est vulnérable au risque d'incendie.
01:33 Donc le fait d'avoir cette information, c'est extrêmement important.
01:36 Souvenez-vous, l'année dernière, certains redoutaient justement
01:39 ce manque de communication, ce manque d'accès à l'information
01:42 qui était parfois un petit peu, on va dire, indigeste pour l'ensemble des concitoyens.
01:45 Là, je pense qu'aujourd'hui, on reste toujours, vous savez, dans le même cadre,
01:48 des vagues submersibles, des pluies, des inondations.
01:50 Donc ça fait partie d'un élément peut-être supplémentaire,
01:53 vous allez dire trop d'informations, toute l'information,
01:55 mais je pense qu'aujourd'hui, c'est extrêmement nécessaire.
01:58 Et si on doit aller plus loin, je pense que c'est une des méthodes aussi
02:01 que de passer par, on va dire, tout le cheminement scolaire, universitaire
02:05 pour pouvoir comprendre et avoir le bon comportement qui sauve
02:08 et pouvoir l'enseigner de manière à ce qu'on puisse être résilient
02:11 face au risque et tout événement.
02:12 Parce qu'on va rappeler que 90% des incendies sont d'origine sud-humaine.
02:16 Exactement.
02:17 Ça veut dire un mégot jeté, le barbecue, le bonsaï.
02:19 Du mégot jeté, c'est vrai qu'aujourd'hui, ces actes de négligence,
02:22 ces actes d'inattention provoquent des incendies hors normes parfois,
02:26 mais il faut savoir qu'un incendie hors normes, avant tout,
02:29 est un petit incendie qui couvre tranquillement tout seul dans son coin
02:32 parce qu'un acte de négligence a été effectué par un constituant malheureusement.
02:36 Donc aujourd'hui, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France,
02:39 sur le tour de France, va mettre en place des solutions pragmatiques
02:42 et va offrir près de 1,5 million de cendriers de poche
02:45 avec nos camarades de la Confédération des Buralistes.
02:47 Donc vous serez présents sur le toit.
02:49 Présents sur le toit avec un busman qui va nous permettre
02:51 justement d'aller au contact de la population,
02:53 parce qu'aujourd'hui, c'est ça l'enjeu.
02:55 Nous avons eu un rythme depuis la sortie de l'incendie 2022,
02:59 assez soutenu, on va dire, avec les annonces du président de la République,
03:02 avec les annonces de Christophe Béchy, le ministre de la Transition écologique,
03:05 avec Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur.
03:07 Donc aujourd'hui, ça vient clôturer ce qui s'est évoqué hier,
03:11 on va dire toujours ce contrôle de ce qui a été effectué.
03:14 Là, je pense qu'aujourd'hui, il est temps aussi de passer à l'action
03:16 et d'être directement, nous, les sapeurs-pompiers de France,
03:18 et d'impliquer les concitoyens.
03:20 Donc on invite tout le monde à aller sur pompiers.fr,
03:22 de nous soutenir et de faire des dons justement pour que cette action
03:24 sur le tour de France puisse permettre d'être effectivement
03:27 un grand mouvement inédit de communication et de prévention.
03:29 Vous évoquiez les annonces d'Emmanuel Macron,
03:31 il y a d'abord 9 avions et hélicoptères supplémentaires
03:35 qui vont être mis à disposition,
03:37 ce qui va apporter à 57 le nombre d'appareils de lutte contre les incendies.
03:40 Ils vont stationner plus seulement dans la base de Nîmes,
03:43 certains seront dans le Sud-Ouest.
03:45 Est-ce que vous espériez ?
03:47 C'est ce qu'on espère, évidemment. Pourquoi ?
03:49 Parce qu'aujourd'hui, vous avez vu, on était sur une globalisation
03:52 du risque d'incendie sur le territoire national.
03:54 Je pense qu'aujourd'hui, il faut aussi parler de territoire européen,
03:57 parce qu'à seul, on ne peut rien faire.
03:59 Ensemble, on va beaucoup plus loin.
04:01 Mais même en restant sur le territoire national,
04:03 il y a eu la semaine dernière, 3 incendies en 4 jours à Fontainebleau.
04:06 Donc est-ce qu'il ne faudrait pas encore davantage disperser les appareils
04:09 pour pouvoir être plus rapidement sur les incendies ?
04:11 L'anticipation aujourd'hui, c'est le maître mot.
04:13 L'Opérationnelle de gestion interministérielle des crises
04:15 qui se situe à Paris, on va dire, articule et prépositionne les moyens
04:20 en fonction du risque, d'où l'intérêt et le lien avec cette météo des forêts.
04:24 Donc en fonction du risque, bien entendu, Nîmes restaure la base,
04:27 on va dire, centrale ouvrière pour permettre justement
04:30 de dégager les moyens nécessaires en fonction du risque et de l'anticipation.
04:33 C'est ce qui a toujours été fait, ça sera encore renforcé.
04:36 Les annonces de 47 moyens aériens aujourd'hui,
04:39 c'est vrai qu'il y en a des plus agiles, il y en a des plus lourds.
04:42 Ça va permettre justement d'avoir des rayons d'action beaucoup plus forts
04:45 et beaucoup plus rapides sur le terrain.
04:47 Mais on rappelle aussi que les avions seuls ne servent pas,
04:50 ils ne sont pas suffisants pour le tas des incendies.
04:52 Il faut surtout des moyens terrestres et des sapeurs-pompiers.
04:54 C'est ça, 3660 pompiers qui sont également appelés en renfort.
04:58 Oui, exactement.
04:59 Vous les avez déjà ? Ils sont déjà là ? Ils sont volontaires ?
05:02 On les a toujours, ce sont des professionnels comme des volontaires.
05:05 L'État va prendre à sa charge le fait de déployer sur l'ensemble du territoire national
05:09 des pompiers qui sont rattachés dans leur département.
05:12 Cette manne supplémentaire de 3600 sapeurs-pompiers
05:16 va permettre justement de soulager la prise en charge
05:19 par les collectivités territoriales comme les conseils départementaux
05:23 pour permettre justement de renforcer les autres territoires.
05:26 C'est ce qu'on appelle le pacte capacitaire,
05:28 c'est-à-dire dans la capacité de pouvoir répondre avec justement une force humaine,
05:32 avec une force matérielle qui va être prise en charge par l'État
05:35 et ça c'est extrêmement important.
05:36 J'imagine que tous les pompiers ne peuvent pas forcément intervenir sur un incendie,
05:39 est-ce qu'il faut les former spécialement ?
05:41 Bien sûr, jusqu'à présent nous étions à peu près à 82 000 sapeurs-pompiers formés
05:45 au risque feu de forêt.
05:46 Sur les 250 000 que nous avons aujourd'hui, 80 % sont des pompiers volontaires.
05:50 Ça veut dire qu'aujourd'hui, nous devons encore former l'ensemble des sapeurs-pompiers
05:54 parce que jusqu'à présent, des départements n'étaient pas, on va dire, formés,
05:57 n'étaient pas habitués à avoir ce risque-là.
05:59 Et je rappelle que récemment, la Haute-Saône vient de recevoir son premier camion citerne feu de forêt.
06:04 Donc c'est un signe, c'est un signe qu'il faut encore renforcer la formation,
06:07 d'atteindre ce palier des 100 000 pour continuer à progresser
06:10 et d'avoir nos femmes comme nos hommes armés pour pouvoir lutter face au risque
06:14 qui peut éclore à tout instant sur le territoire national.
06:16 L'an dernier, l'incendie de Gironde qui a pris à la Teste de Buche a évidemment marqué les esprits.
06:21 On se souvient avoir vu des images de pompiers en réunion
06:26 qui établissaient des stratégies, des plans pour agir avec un langage presque militaire.
06:30 Mais ce n'est pas presque, c'est militaire.
06:32 C'est au sens qu'effectivement, on parle de ligne de front,
06:35 on parle d'attaque, de frappe, on parle de positionnement,
06:38 on parle d'anticipation, on parle de réserve tactique,
06:41 on parle de tout ce genre de choses-là.
06:42 Donc c'est vraiment un langage de guerre parce qu'aujourd'hui, c'est notre ennemi,
06:46 c'est l'incendie, c'est le feu.
06:47 Évitez de voir ce qu'il se passe à tout prix de l'autre côté de l'Atlantique, au Canada notamment.
06:52 Donc on est vraiment sur une logique et c'est très intéressant.
06:55 Et je vous invite, vous tous, les médias, de voir ce qu'il se passe à l'intérieur d'un poste de commandement
06:58 pour comprendre qu'aujourd'hui, tout repose sur l'humain,
07:01 sa manière d'analyser, de coordonner et de mettre en place une vraie stratégie de lutte
07:06 pour en priorité sauver et protéger l'ensemble des concitoyens et de leurs biens.
07:10 Et je tiens à rajouter une chose, c'est qu'on parle souvent d'hectares brûlés.
07:14 72 000 l'année dernière, déjà 21 000 depuis le début de l'année.
07:18 Toute la stratégie repose aussi sur la protection et le sauvetage des concitoyens.
07:21 Et la valeur du sauvet, aujourd'hui, doit être prise en compte
07:23 dans le fait qu'aujourd'hui, les sapeurs-pompiers, peut-être, coûtent, c'est évident,
07:27 mais permettent de faire des économies exponentielles en ce qui concerne la protection des habitants,
07:33 la protection des biens et de l'environnement.
07:35 Pour terminer, est-ce que vous êtes inquiet à l'approche de l'été ?
07:38 Et est-ce qu'il y a des zones, ces jours-ci, qui vous inquiètent particulièrement ?
07:41 Alors, si les sapeurs-pompiers seraient inquiets, évidemment, derrière,
07:45 nous sommes aujourd'hui au plus proche des concitoyens et les concitoyens seraient inquiets.
07:48 Le fait de voir les sapeurs-pompiers rassure.
07:50 Donc, bien entendu que nous devons nous préparer.
07:53 Je n'ai pas envie de semer encore de l'inquiétude,
07:55 mais nous sommes extrêmement vigilants avec l'Office national des forêts,
07:58 avec les services de Météo-France, avec les services des préfectures et des mairies,
08:02 pour essayer de mieux anticiper, de mieux protéger la population.
08:05 Parce qu'aujourd'hui, c'est ça l'enjeu, ce sont les vies, ce sont l'environnement
08:07 et tout ce dont on a besoin pour vivre.
08:09 Merci Harry Boccard de nous avoir été avec nous ce matin.