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Pr. Ahmat Mahamat Hassan analyse le contexte politique au Tchad

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00:00 La jeunesse africaine est très mobilisée contre la France.
00:12 C'est ce que j'appelle l'éveil africain.
00:14 C'est ce qu'on appelle le réveil africain de la nouvelle génération.
00:18 Oui, oui, mais oui, mais je dis, ce n'est pas comme ça qu'on va se libérer facilement
00:28 de la France.
00:29 On ne résiste à nous divisant entre nous-mêmes.
00:32 Arrêtons la division entre nous.
00:35 Il faut que la prise de conscience soit générale.
00:38 Il y a toujours parmi nous des opportunistes qui s'appuient sur les bases militaires françaises
00:43 ou bien sur le clanisme.
00:45 C'est la gouvernance injuste qui fait que certains d'entre nous s'allient avec le
00:49 diable pour faire la guerre entre nous.
00:52 C'est parce que le pouvoir ne découle pas de la volonté de la majorité des Africains.
00:57 Le pouvoir découle par des clans qui se font la révolution des ethnies, des tribus.
01:03 La mauvaise gouvernance renvoie certains à faire recours aux armes.
01:06 Et le Tchad est champion de la violence.
01:09 Le pouvoir se gagne par la violence, par la mobilisation ethnique et tribale, par le
01:14 sang.
01:15 Et même si vous êtes porté au pouvoir par le sang des membres de votre ethnie, vous
01:19 ne pouvez pas faire des réformes et l'égalité républicaine et citoyenne.
01:22 Vous êtes obligé de privilégier ceux qui ont versé le sang.
01:25 Et ça, ça crée de l'injustice.
01:27 Et ça devient un cycle infernal de l'injustice.
01:30 Parce que ceux qui ont versé leur sang se disent, même s'ils meurent, il faut les remplacer
01:36 au privilège de la République, soit en grade, soit en poste administratif juteux par leurs
01:41 enfants, même s'ils sont mineurs.
01:43 Ah oui.
01:44 Et ils ont le privilège.
01:46 Même l'impunité devient un privilège.
01:49 On viole la loi sans pour autant être inquiété par la justice.
01:52 Même l'impunité devient un privilège à ceux qui se sont sacrifiés pour l'accès
01:56 au pouvoir.
01:57 Vous pouvez être de bonne volonté, mais les gens vous disent, on vous rappelle le
02:00 prix du sang.
02:01 Alors là, alors là, c'est difficile de faire l'égalité citoyenne.
02:04 Mais alors, si vous privilégiez les membres de ceux qui ont versé le sang, vous créez
02:10 la haine et la rancœur dans le cœur de ceux qui sont victimes de cette injustice.
02:16 Et tout votre clan est considéré et votre ethnie est considérée comme collectivement
02:21 responsable de la de l'injustice et donc le cycle de la violence continue en Afrique.
02:27 Prenons conscience.
02:28 Personne n'est privilégié.
02:29 Il est peut-être privilégié du moment, mais il a mais en faisant en pratiquement l'injustice
02:35 contre la majorité, la majorité garde la rancune contre toute l'ethnie.
02:39 Avant-hier, on disait qu'avec Tombolbay que c'est les Sarah qui qui dominait.
02:43 C'était une erreur.
02:44 C'est les Sarah qui sont venus renverser Tombolbay en soixante-quinze, le treize avril
02:48 soixante-quinze.
02:49 C'est les Sarah et c'est même des gens de la même préfecture du Mouin Chari.
02:53 Ah oui, et de ses propres parents, son propre armée.
02:57 Hier, on a parlé de Gourane avec Issa Nabré, mais Idriss Déby est Gourane, il est Toumbou,
03:01 il est Bilier, il est Beri.
03:03 Et oui, et oui, et oui, il est aussi Zakava, il est Beri, il est Gourane, il est Toumbou
03:09 d'origine.
03:10 C'est le chef de l'armée de Issa Nabré en quatre-vingt-quatre.
03:12 Jusqu'en quatre-vingt-dix, il est Hajaraye avec les molles de M'eodre.
03:17 C'est les piliers de l'armée de Issa Nabré.
03:19 Ah oui, c'est eux qui sont venus avec le Moussanat créer le MPS avec les résistants
03:26 et les victimes des massacres du pays Zakawa pour venir chasser Issa Nabré.
03:30 Aujourd'hui, on parle d'Idriss Déby avec les Zakawa, mais le Timon Erdemi, les deux
03:37 frères jumeaux se sont succédés au cabinet.
03:39 C'est leur oncle.
03:40 Et Yaa Edilou, c'est son cousin.
03:42 Ah oui, il est parti en rébellion en 2004 pour créer Eskout avant que le Timon ne le
03:47 rejoint du côté de son père.
03:48 C'est la même famille.
03:49 Et pour les Tchadiens, c'est tous les Zakawa qui nous dominent.
03:52 Parce que au privilège, par rapport aux femmes qui font le trafic de marchandises depuis
03:58 trente ans, depuis plus de trente ans, du Cameroun au Tchad, sans pour autant payer
04:03 la douane.
04:04 Et pourtant, il n'y a plus de loi nationale douanière.
04:07 Les lois sont communautaires.
04:09 C'est la loi, c'est les lois de la CEMAC, Communauté économique et monétaire africaine.
04:13 Et elles disent qu'elles élèvent des victimes d'orphelins dont les papas sont morts et consacrés
04:20 de sang pour qu'Idriss Déby vienne au pouvoir.
04:22 Les enfants qui ne deviennent jamais majeurs depuis plus de trente ans, ils sont toujours
04:26 mineurs.
04:27 Et oui, et ça crée cela au vu aussi de tout le monde.
04:31 Ce n'est pas de la fraude, c'est l'impunité.
04:32 Ce sont les propriétaires de l'État et de ses lois et de ses privilèges.
04:40 Les Tchadiens regardent circuler les voitures bénales avec les marchandises qui inondent
04:45 le marché de N'Djamena sans aucune taxe à payer.
04:49 Et ces privilèges, du moment, créent la rancœur des Tchadiens qui rougent la tête
04:53 dans les rues.
04:54 Et ça crée la rancœur et la rancœur est dans le cœur des individus.
05:01 C'est un charisme de génération en génération.
05:03 Les victimes, que ce soit du nord ou du sud, sont dans un contexte de misère et de pauvreté.
05:09 Je dis que c'est très grave.
05:10 Nous sommes dans l'aveuglement, la misère et on s'enfonce dans l'aveuglement et la
05:14 haine interethnique et tribale.
05:16 Non, le problème est profond.
05:18 Il faut un événement réel et l'événement réel, ce n'est pas par la violence, c'est
05:22 par la conscientisation.
05:23 Et ça nous revient, nous, élites intellectuelles africaines, quelles que soient nos religions,
05:28 nos ethnies ou nos clans.
05:30 Nous sommes obligés de tenir un discours de la tolérance et de l'éveil pour que chacun
05:35 comprenne le vrai défi.
05:37 En accusant les Sahara avant-hier, on fait des erreurs.
05:40 En accusant hier les Gourans, on a fait des erreurs.
05:43 On s'est compris que ce n'est pas tous les Gourans qui sont coupables ou les Sahara
05:46 qui sont coupables.
05:47 Ce n'est pas tous les Ahawas qui sont coupables.
05:49 Eh oui, il y a des gens vertueux aussi.
05:51 Et donc, c'est dommage.
05:52 Le destin et la colonisation nous ont mis ensemble.
05:54 Trouvons des mécanismes de tolérance pour nous tolérer.
05:57 Personne n'est privilégié.
05:58 Il est privilégié du moment, mais le temps que le soleil se réveille et se couche, les
06:04 choses changent.
06:05 Parce que les victimes ne peuvent pas rester longtemps.
06:07 Elles ont recours à la révolution.
06:09 Les Sudistes sont obligés de devenir codos pour avoir leur dignité et leur liberté.
06:14 Contre le pouvoir du Nord, considérer le pouvoir des Arabes ou des musulmans de Floride.
06:20 Ah oui, mais malgré moi, on a dit les Gourans.
06:23 Les Gourans, ce n'est pas rester avec Bukuni.
06:25 C'est Bukuni et ils se sont fait la guerre en quatre-vingts.
06:29 On a qualifié de guerre nord-sud musulman-chrétien.
06:32 Mais ça n'a pas marché.
06:33 Ça n'a pas marché.
06:34 Aujourd'hui, il y a des Sudistes musulmans qui récitent le Coran mieux que les Nordistes
06:39 de tradition.
06:40 Et il y a des églises au nord.
06:41 Des églises au Guéra et partout au nord.
06:44 On a on a on a on a et la religion.
06:48 On a fait dès que vous trouvez un mammoth, même s'il est chrétien, on dit qu'il est
06:52 d'où ou de l'autre côté.
06:54 S'il s'appelle Jean, même s'il va à la mosquée, on le dit qu'il est qu'il est
06:58 kurdi.
06:59 Même les gens qui vont à l'église dimanche comme aujourd'hui, on les dit de kurdi.
07:02 Or, c'est interdit par le Coran et le Coran dit et le Coran dit on a cru à vous, aux
07:07 gens du livre.
07:08 On dit au prophète Mouhammed de dire aux gens du livre, on a cru à vous, à votre
07:12 livre et votre Dieu et notre Dieu sont les mêmes.
07:14 Nous nous sommes soumis à ce même Dieu.
07:16 L'islam, c'est la soumission au Dieu unique.
07:18 C'est dommage.
07:19 Les tchadiens sont tous religieux, soit catholiques, protestants ou musulmans.
07:25 Mais la religion n'a jamais éveillé la conscience des tchadiens.
07:28 Ils sont toujours aveuglés par la misère et la haine interethnique et intertribale
07:32 par rapport à la carence de la gouvernance qu'on attribue à des groupes ethniques.
07:35 C'est dommage.
07:36 *musique*

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