Yvan Lachaud directeur d'un groupe scolaire privé "Emmanuel d'Alzon" est l'invité de France Bleu Gard Lozère à l'occasion des 150 ans du groupe scolaire.
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ÉducationTranscription
00:00Générique
00:047h48, bonne reprise dans l'Auxerre et dans le Gard.
00:08On va fêter maintenant un anniversaire avec notre invité, Quentin,
00:11les 150 ans de l'Institut Emmanuel Dalson.
00:13Oui, bonjour Yvan Lachaud.
00:14Bonjour.
00:15Merci d'être avec nous.
00:16C'est vous, le directeur de cette vieille institution
00:19dans le domaine de l'enseignement privé, fondée en 1874 à Nîmes
00:24par Emmanuel Dalson.
00:26Petit point d'histoire d'abord pour commencer.
00:28C'est qui ce monsieur et qu'est-ce qu'il avait dans la tête
00:31surtout quand il a fondé cet institut qui accompagne aujourd'hui
00:356 700 élèves, je crois.
00:37Emmanuel Dalson était gardoir, il était prêtre.
00:40Lui-même a fondé déjà en 1844, donc il y a 180 ans,
00:47le premier collège qui est le Collège Feuchère aujourd'hui,
00:50qui est un collège public aujourd'hui.
00:52Et ensuite les Oblats de l'Assomption, donc la branche féminine
00:54qu'il a aidé à fonder aussi d'ailleurs, a fondé en 1874
00:58la première école pour des jeunes filles, rue Séguier,
01:01l'école où nous sommes d'ailleurs encore aujourd'hui.
01:03Voilà, donc Emmanuel Dalson a aidé à fonder plusieurs congrégations.
01:08Son objectif c'était s'occuper des jeunes qui avaient très peu de possibilités
01:13d'être scolarisés, donc les aider à faire des études.
01:16Et puis peut-être quelque chose qui peut vous intéresser aussi,
01:18c'est qu'en fait c'est lui l'initiateur de Bayer Presse.
01:21La Croix aujourd'hui et tout le monde de la presse catholique,
01:25c'est lui qui en est à l'initiative en disant qu'il faut absolument
01:28qu'on s'adresse à tout le monde et qu'on puisse s'exprimer par la presse.
01:32Parce qu'effectivement c'était le père, Emmanuel Dalson.
01:35150 ans plus tard, donc la religion, aujourd'hui elle a quelle place
01:39dans le quotidien de vos élèves ?
01:41Écoutez, l'important c'est qu'aujourd'hui chacun puisse avoir
01:45un temps de réflexion sur de la culture religieuse, au sens large du terme.
01:49S'il y en a qui en veulent plus, il y a la possibilité de cheminer
01:52dans la religion catholique bien sûr, puisqu'on est dans un établissement
01:54catholique, mais au moins chacun peut se poser des questions
01:57de cet ordre-là, quelle que soit son origine.
02:00Sa religion aussi.
02:01Sa religion bien sûr.
02:03On a toutes les religions d'établissement et donc par exemple
02:08on sort d'une époque du ramadan, pendant ce temps-là il y a eu
02:11pendant une heure par semaine des enseignants qui sont intervenus
02:14là-dessus, des témoignages et autres, pour découvrir toutes les religions.
02:17Bien sûr.
02:18Et pour ceux qui en veulent plus, ils peuvent faire le choix à la fois
02:21d'un enseignement catholique et à la fois de préparation au sacrement.
02:25Mais ce n'est pas imposé, évidemment.
02:27Ce n'est pas imposé, bien sûr.
02:28On est faits à tous d'ailleurs.
02:29Oui.
02:30Yvan Lachaud, l'image que l'école privée a longtemps véhiculée,
02:34c'est celle d'apporter aux enfants, disons, une rigueur et un cadre
02:39plus strict que l'école publique.
02:41Est-ce que c'est une image d'épinal aujourd'hui ou est-ce que c'est
02:44encore vrai ?
02:45Et si oui, ça se traduit comment chez vous ?
02:47Alors vous savez, moi je ne fais pas partie de celles et ceux qui tapent
02:50sur l'enseignement public.
02:51Quand j'entends aujourd'hui, c'est la catastrophe heurte, non.
02:53Chacun fait son métier comme il le peut.
02:55Il est devenu très difficile, même si tous les 20 ans on peut dire
02:58c'était mieux il y a 20 ans.
03:00Mais ce qui fait peut-être notre particularité, c'est que notre souci
03:04c'est élever, relever, révéler.
03:07C'est votre devise.
03:08C'est notre devise.
03:09Ça veut dire qu'on est ouverts à tous.
03:11Celles et ceux qui viennent font des choix.
03:13On leur demande simplement de respecter un règlement dans lequel
03:16notre souci c'est d'essayer tous les jours de tirer le meilleur
03:19de l'enfant qui nous est confié et de lui permettre d'être le plus
03:23heureux dans sa vie.
03:24On est ouvert à l'international par exemple, ce qui me paraît
03:26aujourd'hui fondamental.
03:27On a des actions humanitaires importantes.
03:30Voilà, on essaie de sortir ces enfants-là de ce monde aujourd'hui,
03:34du cliquet tous les jours, etc.
03:36Mais en termes de cadre, d'encadrement, d'autorité, puisqu'on en parle
03:40beaucoup, c'est quoi qui change par exemple avec un établissement
03:43public à l'Institut d'Alzon ?
03:45C'est très compliqué parce que les établissements publics sont tous
03:47différents les uns des autres.
03:48Il y a aussi un cadre.
03:50En ce qui nous concerne par exemple, sur la tenue, il y a des règles
03:53assez strictes là-dessus.
03:55On se pose des questions d'ailleurs sur la tenue unique.
03:58On a déjà un collège au Gros-du-Rhin où les parents d'élèves ont fait
04:01le choix en primaire et en sixième d'avoir une tenue unique.
04:04La question a été posée d'ailleurs à l'ensemble des parents d'élèves.
04:06On va faire des choix dans les années à venir.
04:09Mais c'est peut-être une tenue correcte.
04:13C'est le respect au niveau de la parole.
04:16C'est le respect au niveau des attitudes.
04:18C'est une vie ensemble qui, pour nous, doit être respectée.
04:23Est-ce que vous avez aussi peut-être des sanctions qui sont plus fortes
04:26que celles qu'on peut voir fréquemment dans le public ?
04:29Je ne sais pas si elles sont plus fortes.
04:31Elles existent de toute façon bien sûr puisque si des élèves ne respectent
04:34pas le règlement, il y a tout un procédure d'abord de rencontre,
04:37ce qu'on appelle de la renégociation, puis de la remédiation,
04:41puis des congés de discipline, mais comme dans un établissement public.
04:45Après, je crois que c'est surtout des façons d'être et de vivre.
04:48Vous avez vu que Gabriel Attal a appelé la semaine dernière
04:51à un sursaut d'autorité, puisqu'on continue d'en parler,
04:54face à la violence de certains jeunes, après évidemment les agressions
04:57parfois mortelles qu'on a vues ces derniers jours.
05:00Est-ce que pour vous, les annonces qu'il a faites,
05:03notamment de faire signer aux parents un contrat en cas de dérive
05:06de leurs enfants, est-ce que ces annonces-là sont de nature
05:09à aller dans le bon sens ?
05:11Je pense qu'il n'a pas inventé le monde en disant ça,
05:14tout d'abord avec le respect que j'ai, parce qu'en fait,
05:17par le matériel que j'étais, j'ai publié un rapport il y a une vingtaine
05:20d'années sur le fait que la difficulté aujourd'hui,
05:23c'est souvent l'abandon des parents vis-à-vis de leurs enfants.
05:27Et donc c'est là-dessus qu'il faut revenir.
05:29On est dans un pays dans lequel l'éducation est à la charge des parents.
05:33L'enseignement est à la charge de l'État, mais l'éducation est à la charge des parents.
05:36Et lorsque les parents abandonnent cette éducation,
05:39alors ça revient à l'école de le faire, et là c'est dramatique.
05:42Donc il faut redonner aux parents leur responsabilité,
05:44on leur dit « Attention, si vous ne respectez pas vos responsabilités,
05:47il peut y avoir des sanctions ». Et là, je suis parfaitement d'accord.
05:49Justement, je voudrais qu'on les écoute, ces parents, ce matin.
05:52Virginie, pour prolonger la discussion, avec vous, qui nous appelle de Mialet.
05:55Bonjour Virginie.
05:56Bonjour.
05:57Alors, vous avez des enfants, vous, qui sont scolarisés dans le privé.
06:00Dans le public.
06:02Tout à fait.
06:04Dans le public, mais un public un petit peu alternatif,
06:07si je peux me permettre cette expression.
06:09C'est-à-dire qu'on s'est longtemps posé la question entre le privé et le public,
06:12et notre plus gros frein par rapport au public était les effectifs.
06:15Pour moi, je pense que les effectifs trop élevés dans ces établissements
06:19ont un rôle surtout sur la sécurité, sur la qualité d'enseignement,
06:23sur énormément de choses par rapport à l'éducation de nos enfants.
06:26Et nous avons découvert des collèges publics à tout petits effectifs.
06:31Donc là, en l'occurrence, mon fils est dans le plus petit collège de France,
06:34qui se situe à Saint-Énimi, dans les Gorges du Tarn.
06:37C'est un collège qui regroupe une vingtaine d'élèves en tout,
06:40c'est-à-dire des classes de moins de dix élèves,
06:43et qui permet, dans un établissement public,
06:46de trouver une qualité de vie, d'enseignement et de sécurité
06:51qui est toute autre.
06:53Je voyais Yvan Lachaud, notre invité, joindre les mains
06:56quand Virginie a dit que dans la classe de son fils,
06:59ils n'étaient pas plus de vingt.
07:01– Parce que nous sommes dans un département aujourd'hui
07:03qui a une baisse de natalité importante,
07:06et donc il y a des petits effectifs, tant mieux.
07:08Mais c'est vrai que sur des villes comme Nîmes ou autres,
07:10on a des effectifs qui sont nettement supérieurs.
07:12– Oui, par exemple, c'est quoi la moyenne à l'Institut de la Laison ?
07:14– C'est une trentaine à peu près.
07:16– Virginie, pourquoi vous avez fait le choix du public plutôt que du privé ?
07:21Parce que la question manifestement vous a travaillé.
07:24– Oui, je reviens juste un instant sur une petite notion.
07:2820 élèves, c'est l'effectif du collège et non pas de la classe.
07:31– Ah, du collège ? Ah oui, d'accord.
07:34– C'est le plus petit de France.
07:36– Attendez, il y a combien de classes alors du coup ?
07:39– Deux classes à double niveau, sixième, cinquième, une deuxième classe,
07:42donc quatrième, troisième.
07:43Malheureusement, en plus tout ça est remis en question l'année prochaine
07:46avec les nouvelles normes entre guillemets de classes.
07:49Mais bon, je ne vais pas rentrer dans ce sujet-là.
07:51Pour répondre à votre question, le choix a été fait
07:53parce que j'ai un enfant qui a vécu des choses un petit peu difficiles
07:56et qui est assez sensible à la personnalisation de l'accueil
08:00qu'on va pouvoir lui donner.
08:01Et puis surtout qu'il y avait besoin d'un suivi pour ne pas décrocher.
08:04Et puis un suivi dans l'éducation, dans toutes ces choses-là.
08:07Donc l'effectif a été vraiment décisif pour nous
08:11parce que le privé, justement l'Institut d'Halzon, nous l'avions vu.
08:15Mais en termes de distance, ce n'est pas toujours évident.
08:18Tous les établissements privés ne sont pas équipés d'un internat,
08:21ce qui est le cas pour le public également.
08:22Et donc nous, par rapport à une question géographique,
08:25on s'est dirigé plutôt vers un public petit effectif
08:27avec des possibilités de transport scolaire et des possibilités d'internat.
08:31Et on retrouve au final, maintenant, je le vois depuis ce début d'année,
08:34une qualité dans ces petits collèges ruraux.
08:38On va avoir une qualité intermédiaire entre le public et le privé au final.
08:44Et où il y a des effectifs lilliputiens.
08:47Encore, voilà, ça c'est un choix pour le public.
08:50Mais quand on veut aller dans le privé, Yvan Lachaud,
08:52il faut avoir les moyens de le faire.
08:54Ça, tous les parents ne peuvent pas.
08:56Oui, c'est vrai.
08:58Combien coûte une scolarité, par exemple, pour une famille modeste
09:01qui voudrait scolariser ses enfants ?
09:03La scolarité normale, c'est à peu près 1000 euros par an.
09:05Ce qui fait 100 euros par mois.
09:07Mais pour celles et ceux qui ont des difficultés,
09:09on a des familles qui cotisent davantage.
09:11Et on vire un aide à celles et ceux qui ne peuvent pas payer leur scolarité.
09:14Tout ceci est organisé aussi.
09:16Une dernière question pour vous, Yvan Lachaud.
09:19Vous êtes attentif au fait de proposer des formations dans vos établissements
09:23adaptées à la demande, aux besoins du marché de l'emploi,
09:27les territoires dans lesquels ils se trouvent.
09:29Le monde d'éducation a changé.
09:31Aujourd'hui, on voit très bien qu'il y a un grand nombre de métiers.
09:33Je prends l'exemple, Hervé Salafranc a parlé tout à l'heure.
09:36Tous les métiers sur l'imagerie médicale,
09:41tous les métiers sur l'entretien de matières médicales,
09:44il n'y a pas d'enseignants dans ce domaine-là.
09:46Ça évolue tellement vite.
09:48On a donc le devoir de s'adapter aux besoins de l'emploi.
09:51Il y a un grand nombre d'entreprises qui viennent nous voir
09:53pour qu'on prépare des formations ad hoc pour répondre à ce besoin de l'emploi.
09:58L'éducation aujourd'hui, elle a vraiment changé.
10:00Elle a l'objectif et, pour moi, l'obligation de s'adapter à l'emploi.
10:05Aujourd'hui, on a à peu près 500 apprentis
10:07et on voit très bien que c'est un secteur en grand développement.
10:09On ouvre à la rentrée préparateurs en pharmacie
10:11parce que sur la ville de Nîmes, il y avait une carence terrible.
10:14Je pourrais vous inciter, pendant toute la matinée,
10:17des nouvelles formations qui vont être en train d'ouvrir.
10:19– Yvan Lachauge, je vous remercie beaucoup d'avoir été avec nous ce matin
10:22sur France Bleu Garlosière.