Kevin Bossuet : «C’est une violence extraordinaire qui touche des gens ordinaires»

  • il y a 5 mois
Ces dernières semaines, plusieurs drames sont survenus en France. Des jeunes ont été agressés à coups de couteau, souvent devant les établissements scolaires. Et pour Kevin Bossuet, professeur d’histoire en banlieue parisienne, «c’est une violence extraordinaire qui touche des gens ordinaires».

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Transcript
00:00 Oui, c'est une illustration, c'est une violence extraordinaire
00:04 qui touche des gens ordinaires,
00:06 avec le sentiment finalement de subir un grand effacement.
00:11 Hier, j'ai regardé la marche blanche en hommage à Philippe.
00:15 J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de dignité.
00:18 Ce sont ces gens, ces travailleurs qui ne disent jamais rien,
00:22 qui sont souvent exclus du champ politique ou du champ médiatique,
00:26 qui ont l'impression de ne plus être représentés au niveau social, au niveau politique.
00:31 Et maintenant, ils se disent que leur vie ne vaut plus grand-chose
00:34 parce qu'il y a des agressions.
00:36 Et finalement, qu'est-ce qui se passe après ?
00:38 Des peines qui relèvent en effet d'un laxisme intégral.
00:42 Et moi, ce qui me choque de plus en plus dans cette société,
00:44 c'est que la violence physique est devenue un régulateur social.
00:48 Forcément, l'État est de moins en moins présent
00:51 et comme la nature a horreur du vide,
00:54 un ordre remplace un autre ordre,
00:57 avec des jeunes qui sont tout le temps dans la négociation.
01:00 Je le vois au quotidien.
01:01 Les règles dans un établissement scolaire, la note que l'on met,
01:05 ou même les lois de la République sont toujours négociées.
01:08 On est passé de jeunes qui ne se sentent plus citoyens,
01:10 mais qui sont devenus des consommateurs,
01:13 avec une hiérarchie dans la valeur liée à la vie.
01:17 C'est-à-dire que quelqu'un qui fait partie de la communauté
01:20 a une vie qui est considérée comme étant d'une valeur plus importante
01:25 que ceux qui sont exclus de la communauté.
01:28 Et on l'a vu à plusieurs reprises avec cette jeune fille,
01:32 notamment, qui a été tabassée parce qu'elle n'était pas voilée.
01:35 Pourquoi ? Parce qu'elle s'était finalement échappée
01:39 de cette communauté de normes, etc.
01:42 Et moi, c'est ce qui me choque en plus.
01:44 Et puis, dernière chose que je voulais dire,
01:46 sur les services publics quand même,
01:48 parce que pourquoi ça fonctionne mal en France ?
01:50 Parce que les hommes politiques sont toujours en train
01:53 de vouloir faire des économies.
01:55 Ils ont raison, parce qu'en effet, la dette est importante,
01:58 mais la sécurité, l'école, les hôpitaux,
02:01 il faut davantage voir ça comme un investissement
02:04 plutôt qu'un coût budgétaire.
02:06 Et à force finalement de dépecer nos services publics,
02:09 on se retrouve à un moment où ça fonctionne très mal.
02:12 Une justice de plus en plus lente,
02:14 une école qui a du mal à faire face
02:16 avec de moins en moins de personnel,
02:18 des hôpitaux à l'agonie.
02:20 On paie ici une note salée,
02:22 c'est la note de la violence, de la violence extraordinaire.
02:25 [Musique]
02:28 [SILENCE]

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