• il y a 8 mois
Double championne de France de marathon, Anaïs Quemener est aussi aide-soignante. Il y a presque 10 ans, elle a vaincu un agressif cancer du sein sans jamais s'arrêter de courir. Elle raconte son histoire dans un livre "Tout ce que je voulais, c'était courir" chez Flammarion. Pour en parler, elle est l'invitée de RTL Bonsoir.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 18 avril 2024

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Transcription
00:00 Julien Célier, Isabelle Choquet et Cyprien Sini, RTL bonsoir !
00:04 RTL bonsoir, la deuxième heure, si vous nous rejoignez, toute la bande est autour de la table,
00:09 Cyprien, Lisa et on accueille maintenant notre grande invitée ce soir, c'est une double championne de France,
00:14 écoutez bien parce qu'elle va vous donner une sacrée leçon de vie,
00:16 marathonienne le jour, aide-soignante la nuit, elle a vaincu un cancer du sein très agressif sans jamais s'arrêter de courir,
00:22 bonsoir Anaïs Kemner, bienvenue dans ce studio, vous racontez votre histoire très inspirante dans un livre,
00:28 tout ce que je voulais c'était courir chez Flammarion et vous parlez, et c'est important pour vous, librement de la maladie,
00:35 c'est une maladie qui nous concerne tous de près ou de loin, on peut peut-être rappeler les chiffres Isabelle parce qu'ils sont quand même édifiants dans notre pays.
00:41 Oui, on estime à plus de 430 000 le nombre de cancers détectés en 2023 en France, c'est considérable,
00:47 pour vous donner un ordre d'idée, ça veut dire que chaque heure dans notre pays, 50 cancers sont détectés.
00:53 Donc il y a sans doute des malades, des proches de malades qui nous écoutent et c'est pour ça que votre témoignage il est nécessaire ce soir,
00:58 parce qu'il est finalement assez rare, beaucoup de nos auditeurs vont sans doute se retrouver dans vos mots et vous racontez par exemple,
01:04 votre livre commence ainsi, l'annonce de la maladie, vous êtes allé courir le matin mais pas franchement avec l'esprit tranquille parce qu'il y a les résultats qui arrivent,
01:11 et vous racontez que quand le verdict tombe, vous êtes là sans y être, tout est flou en fait, c'est ça ?
01:17 C'est totalement ça, oui, en fait j'ai continué à courir l'annonce de mes traitements et après, parce que justement c'était mon moyen de me sentir vivante et de penser à autre chose que la maladie.
01:26 Et vous dites que quand on vous l'annonce, le plus dur, c'est presque de l'annoncer à vos proches ?
01:30 Complètement, oui, en fait je pense que j'ai voulu protéger mes proches, ma famille, mon père, et c'est vrai que c'était difficile à annoncer,
01:37 autant moi je commençais à encaisser l'annonce, mais de le dire aux autres, je pense que de mettre un mot dessus "j'ai un cancer", c'était difficile à dire.
01:44 C'est quoi, vous avez peur de leur réaction ? Vous avez peur de leur faire de la peine ?
01:47 J'avais peur de leur faire du mal et qu'ils soient malheureux pour moi, qu'ils se plient un peu en quatre alors que je voulais continuer à vivre normalement.
01:54 C'est vrai que j'imagine que quand on reçoit cette upercute-là, les mots, tous les malades le racontent, on ne comprend pas ce qui nous arrive.
02:03 On entend le médecin mais on ne comprend pas vraiment ce qu'il dit.
02:06 Oui, voilà, puis moi je travaillais déjà dans le médical, je suis aide-soignante, donc je n'avais pas du tout cette impression d'être malade,
02:12 ou en tout cas qu'il y avait une maladie qui grandissait à l'intérieur de moi.
02:16 J'ai toujours été sportive, j'ai eu une bonne hygiène de vie.
02:21 Vous étiez jeune ?
02:22 Oui, très très jeune, à 24 ans, pas d'antécédents connus, donc pour moi c'était impossible d'avoir un cancer.
02:27 D'ailleurs, plusieurs médecins avant vous disent "non mais c'est le boule là, vous avez 24 ans, vous êtes en pleine forme, vous courez, tout va bien".
02:32 C'est ça, j'ai vu trois médecins avant d'avoir le diagnostic final.
02:35 Et donc cette maladie arrive alors que vous préparez des championnats de France, que vous améliorez vos chronos.
02:40 D'ailleurs, vous demandez à votre médecin si vous pouvez attendre un peu pour l'alchimio et sa réponse vous interpelle.
02:47 Vous vous en souvenez ?
02:48 Oui, je m'en rappelle très bien.
02:49 En fait, c'est vrai que quand il m'a annoncé un petit peu le marathon des traitements, c'était une autre opération,
02:56 il m'a dit "ben voilà, on va avoir de l'alchimiotherapie, ensuite radiothérapie, certainement opération".
03:02 Je lui ai dit "ok, c'est bien, mais si on commence maintenant, moi j'ai un championnat de France dans trois mois, donc je fais comment ?"
03:08 Et là c'est vrai que rapidement il m'a répondu "ben en fait, oui, vous pourrez être championne de France dans trois mois, mais en cercueil".
03:13 Pour tous ceux qui nous écoutent, parler d'alchimio, ça peut paraître très abstrait.
03:18 Vous qui êtes habituée, parce que vous êtes sportive, d'être à l'écoute de votre corps,
03:23 là vous racontez très concrètement et c'est vraiment glaçant les effets d'une alchimio,
03:27 vous enchaînez les traitements, ça se passe par séance de deux jours, lundi, mardi,
03:31 vous êtes à plat, total, épuisé quoi.
03:33 - Ben c'est fatigant, c'est sûr que c'est fatigant, mais après je pense que le côté sportif, déjà ça m'a aidée mentalement,
03:39 à toujours essayer de me dépasser, à me relever tous les matins, de me dire "ok".
03:42 Chaque jour était un nouveau défi finalement, et puis il y a le côté soignant aussi, vu que je travaillais à l'hôpital, où je me disais "ben quand même ok, je suis prise en charge,
03:50 j'ai un cancer, mais des patients que je vois dans un bien pire état que le mien, il y en a beaucoup".
03:55 Donc ça me permettait moi-même de relativiser et de me dire "bon ben j'ai un cancer, mais je suis là, je vais continuer à vivre normalement".
04:02 - Et pourtant, vous avez refusé d'arrêter de courir entre deux séances, comme ça vous allez faire des bornes à vélo,
04:08 10 km à pied, au début du traitement vous vous inscrivez à un 8 km, et c'est la course peut-être la plus difficile de votre vie d'ailleurs, ce 8 km.
04:16 - C'est ça, donc je me suis inscrite, à la base c'était un 16 km que je devais faire.
04:20 - Votre papa il n'a pas voulu le 16. - C'est ça, il n'a pas voulu le 16.
04:23 - Vous avez bien fait de l'écouter. - Oui, ben j'ai pas vraiment eu le choix.
04:27 Donc j'ai pas fait le 16 km, je suis passée sur la course en dessous, donc le 8 km,
04:31 et finalement c'est vrai qu'il a eu raison parce que c'était la première course que j'ai faite, une semaine après ma première chimio,
04:36 et effectivement c'était quand même assez compliqué à l'arriver.
04:39 J'en ai vraiment bavé, c'était une compétition qui était très difficile où je me retrouve en concurrence avec des filles que je connaissais pas forcément,
04:47 alors que moi j'avais déjà un niveau national, et c'est vrai que c'était, enfin à l'arrivée c'était vraiment compliqué quoi,
04:52 je me suis retrouvée au sol, à ne plus savoir trop où j'étais, à voir un peu des étoiles,
04:55 et mon père était très en colère en me disant "mais maintenant faut arrêter ça quoi".
04:59 - Vous racontez quand même les effets secondaires du traitement, c'est terrible en général,
05:05 et c'est complètement impossible normalement quand on fait du sport.
05:08 - Normalement. - C'est pas impossible, c'est pas impossible parce que...
05:11 - C'est très dur. - C'est très dur bien sûr, mais moi j'avais déjà énormément de sport,
05:14 enfin je faisais déjà énormément de sport auparavant, donc c'est pas comme si je partais de zéro.
05:18 J'avais pas cette impression de commencer un sport ou de commencer la course à pied.
05:21 Ça faisait partie de mon quotidien.
05:23 - Et à vos proches, à vos médecins qui sont pas contents de vous voir courir, vous dites "ça va aller".
05:27 - Ouais, bah oui, moi j'essayais toujours de positiver en me disant "j'ai mes deux bras, j'ai mes deux jambes,
05:32 je peux continuer à courir".
05:33 - C'est ce qui force le respect dans votre parcours, parce que vous avez une capacité à repartir de l'avant
05:38 qui est assez bluffante. Un an seulement après le début de la chimio, les premières séances,
05:42 vous êtes au départ des championnats de France. On est en 2016, et au départ, puisque vous reprenez
05:48 en quelque sorte, c'est la première grande compétition, vous ne savez même pas si vous allez les finir
05:51 ces championnats de France.
05:52 - Si, je savais que j'allais les terminer, parce que je m'étais bien entraînée pour,
05:55 mais je savais pas comment, je savais pas avec quel chrono, je savais pas à quelle place je terminerais.
06:01 Donc ça c'était un peu le point d'interrogation, mais c'est vrai que j'ai pris ma revanche sur l'année
06:05 d'avant où j'ai pas pu faire ce championnat de France. Donc cette année-là, c'est vrai qu'en 2016,
06:09 j'ai participé, j'ai tout donné.
06:11 - Bah oui, quelques semaines après la fin de la chimio, vous arrivez au bout, vous battez votre corps,
06:17 et vous êtes championne de France. J'imagine que le moment où vous passez la ligne,
06:20 c'est fou quoi, c'est irréel non ?
06:22 - C'était assez irréel. Après, j'avais pas dans l'idée d'être championne de France ce jour-là.
06:27 Ça s'est fait, c'était un jour, c'était mon jour certainement.
06:30 Et en fait, en courant, je vois que je commence à doubler certaines filles, et je me dis bon,
06:35 ok, j'étais pas trop mal classée, peut-être dans les 4-5, je double une fille, une deuxième fille,
06:39 une autre fille qui abandonne, je me dis bon là, je suis quand même pas très loin du podium,
06:42 et c'est vrai qu'à 2 km de l'arrivée, je vois la moto sur le côté, et je sais que la moto,
06:45 c'est la moto suiveuse qui suit la première femme. Je me dis bah maintenant je tente tout quoi.
06:49 Donc j'ai tout donné et j'ai terminé première.
06:51 - Ça c'est la revanche. Vous retournez voir votre médecin, le docteur Denarno,
06:55 à l'hôpital de Montfermeil en Seine-Saint-Denis, et la suite, c'est lui qui le raconte dans un documentaire.
07:00 Écoutez-le.
07:01 - Il m'a dit il faut que je vous montre quelque chose, et donc j'ai dit bon bah ça y est,
07:06 elle me montre qu'elle a une récidive, et là effectivement elle se déshabille,
07:11 et elle avait sa médaille de championne de France.
07:15 Quelqu'un aurait fait un traitement différent à Anaïs, peut-être plus classique que ce que j'ai fait,
07:20 peut-être en tapant plus fort, peut-être en l'empêchant de reprendre la compétition,
07:25 je pense qu'elle ne serait pas guérie.
07:28 Je dis qu'à partir du moment où quelqu'un se bat contre la maladie,
07:32 mais se bat pour autre chose que la maladie, comme elle pour le sport,
07:36 les chances de guérison étonnent toujours, c'est très clair.
07:41 - Il a raison votre docteur.
07:43 - Il a raison.
07:44 - On vous sent émue à l'entendre.
07:46 - Ouais ouais ouais, je suis émue parce que c'est quelqu'un,
07:48 ça a été quelqu'un qui a changé ma vie, et surtout les périodes de la maladie qui étaient compliquées,
07:53 lui il a réussi à nous faire sortir, mon père et moi, de son cabinet avec le sourire,
07:57 alors que c'était pas des moments faciles.
07:59 - Cette victoire vous vouliez la partager justement avec tous les soignants que vous avez rencontrés ?
08:04 - Surtout avec lui, parce que je considère que lui comme mon père, ce sont un peu mes sauveurs,
08:10 donc c'était important d'aller lui montrer la médaille,
08:13 parce que c'est vrai que pendant les traitements il faisait très attention, par exemple à la radiothérapie,
08:16 que les points soient bien faits, que je n'ai pas les poumons brûlés,
08:20 parce qu'il radiait quand même une zone derrière le sein, donc j'ai les poumons,
08:23 et en fait il faisait très attention à ça, il me disait souvent "si tu sens que tu es soufflé à l'entraînement,
08:28 si tu sens quelque chose d'inhabituel, tu me le dis tout de suite".
08:30 - Il s'est vraiment mis dans votre peau ce médecin, c'est incroyable.
08:33 Et ce championnat de France dont on parlait, c'est aussi une course particulière
08:36 parce qu'il arrive après une mastectomie, et là aussi vous en parlez assez librement,
08:40 alors que souvent c'est un petit peu tabou, au début on n'y pense pas.
08:43 Mais vous aviez peur pour votre équilibre pendant la course ?
08:46 - Oui, en fait ça m'a créé une certaine asymétrie, forcément j'avais un seul sein,
08:51 et je sais qu'une asymétrie sur le corps ça peut créer des déséquilibres, et ça peut générer des blessures.
08:57 Donc je faisais pas mal attention à ça, et c'est vrai que sur le long,
09:00 quand je commence à courir et que je sentais une petite blessure à droite ou à gauche,
09:03 ça m'est venu assez rapidement en me disant "en fait c'est peut-être un déséquilibre à cause de ça".
09:07 - La reconstruction de vos seins, vous le racontez, ça a été un calvaire absolu,
09:11 vous avez été un peu chat noir sur ce coup-là, vous avez fait plusieurs rejets des opérations,
09:15 puis un jour vous avez dit "stop, en fait j'ai pas besoin de reconstruction".
09:20 C'était un acte de rébellion, ça un peu quand même, face aux injonctions à la féminité,
09:25 la nécessité pour une femme d'avoir deux seins ?
09:27 - En fait au départ j'ai eu l'impression de ne pas avoir été réellement écoutée,
09:31 c'est-à-dire que quand j'ai fait ma première mastectomie, j'avais demandé de suite à mon médecin
09:34 "est-ce qu'on peut m'enlever le deuxième ?" parce que j'avais peur que ça revienne,
09:38 parce que j'étais jeune et je me disais "en fait si c'est venu à ce stage-là, c'est pour le suivre".
09:41 - Il y avait un facteur héréditaire chez vous ?
09:42 - Ça on l'a su après. Donc pour lui il ne pouvait pas m'enlever ce second sein parce qu'il n'avait pas de...
09:46 bah il était sain.
09:48 - On peut pas le faire ça ? On n'a pas le droit ?
09:50 - Non, non on peut pas le faire.
09:51 - Même si c'est demandé par la profession ?
09:52 - Il faut que le facteur héréditaire soit prouvé ?
09:54 - Voilà, c'est ça. Dès qu'on a reçu les tests génétiques et que ça a été approuvé,
09:56 à ce moment-là, oui je pouvais faire enlever le second sein. Donc c'est ce qu'on a fait un an et demi après,
10:00 puisqu'il a fallu attendre que la peau cicatrise correctement, la radiothérapie,
10:04 enfin voilà, attendre un petit peu tous les traitements.
10:06 Et un an et demi après, j'ai fait enlever le second sein avec la reconstruction immédiate de l'autre sein qui avait été amputé.
10:11 Et c'est vrai que c'était un peu compliqué au départ parce que le médecin ne voulait pas vraiment m'entendre.
10:17 C'était plutôt "bah t'as 25 ans, c'est bien 25 ans mais tu devrais avoir deux seins,
10:22 si tu as un copain aujourd'hui c'est ok mais peut-être que dans 10 ans ce sera différent
10:25 si tu rencontres quelqu'un et que tu n'as qu'un sein ou que tu n'en as pas".
10:28 J'avais un peu l'impression d'être une femme parce que j'avais deux seins.
10:31 - Alice Kemner, vous restez avec nous, la course vous a peut-être sans doute sauvée,
10:34 elle vous habite en tout cas, vous la marathonienne, vous allez nous raconter pourquoi elle vous habite.
10:38 Juste après ça, quand j'aurai chassé mon chat dans la gorge, votre témoignage il est précieux ce soir,
10:43 vous êtes notre grande invitée pour votre livre "Tout ce que je voulais c'était courir".
10:46 On se retrouve dans une seconde.
10:48 - Julien Célier, Isabelle Choquet et Cyprien Signy.
10:50 - RTL bonsoir.
10:52 - RTL bonsoir.
10:53 - Julien Célier.
10:54 - Isabelle Choquet et Cyprien Signy.
10:56 - Allez RTL bonsoir à la deuxième heure avec une grande invitée très inspirante,
11:00 on l'a compris ce soir, double championne de France de marathon,
11:03 Annalise Kemner est avec nous, elle a combattu un cancer sans jamais s'arrêter de courir.
11:07 Annalise vous le racontez dans "Tout ce que je voulais c'était courir",
11:10 votre livre aux éditions Flammarion et le marathon, c'est un coup de foudre.
11:14 C'est vrai que c'est une grande mode du running, je suis sûr qu'il y a plein de runners comme on dit,
11:17 qui nous écoutent ce soir, il y a aussi plein d'auditeurs qui détestent courir
11:20 et qui se demandent "mais pourquoi il s'inflige ça ?"
11:22 - Moi je me demande.
11:23 - Voilà, votre premier marathon c'est souvent comme ça, c'est un pari entre potes,
11:27 vous faites déjà de l'athlée mais vous faites un temps de fou quoi.
11:30 - 3h11.
11:31 - 3h11 alors que vous le premier marathon...
11:33 - L'unique, il n'y en a eu qu'un, 4h22.
11:37 J'ai eu un problème, j'ai pris le mur comme on dit.
11:40 - Bah oui mais vous, vous n'avez pas pris le mur.
11:42 3h11, c'est fou.
11:45 - C'est vrai que c'était une découverte, c'était un peu un pari avec les copains,
11:48 on s'est dit "bon bah voilà, qu'est-ce qu'on va faire ?"
11:50 On voulait un peu se challenger dans l'ancien club où j'étais
11:53 et c'est vrai que ça nous est un peu apparu comme ça, en se disant "bon bah ok,
11:56 on va s'inscrire à un marathon".
11:57 Et du coup c'est vrai que ce premier marathon à Rotterdam, c'était une sacrée expérience.
12:01 - Mais vous étiez entraînée avant ou pas ?
12:03 - Oui, je m'étais entraînée, en fait j'avais toujours fait un peu 10km, semi-marathon et tout ça,
12:06 donc là on avait un petit peu augmenté les kilomètres.
12:10 - Qu'est-ce qu'on appelle le mur ? Parce qu'on a parlé entre initiés.
12:12 - Le mur c'est quand, ça s'arrive entre le 28ème et le 32ème kilomètre souvent,
12:16 où d'un coup on se sent bien et 3 minutes après, pam,
12:19 un espèce de blackout, on peut plus courir.
12:21 - Et quand vous dites "j'ai pris le mur", c'est quoi ?
12:23 - D'un coup au 32ème kilomètre, je me suis retrouvé, je ne pouvais plus courir.
12:26 Physiquement, je ne pouvais plus courir.
12:27 - Effondré quoi.
12:28 - Et j'ai marché, je me suis mis à marcher,
12:29 et puis après je ne savais pas trop ce que je faisais là,
12:31 et puis après j'ai un espèce de blackout jusqu'au 38ème kilomètre.
12:33 - Vous ne vous souvenez pas jusqu'au 38ème ?
12:34 - Pas trop, non. J'ai des bribes.
12:35 - Et au 38ème, d'un coup, je me vois en train de marcher dans le bois de boulogne,
12:38 mais qu'est-ce que je fais là ? Je viens courir.
12:40 Et j'ai couru jusqu'au 42ème à la fin.
12:42 Mais comme si j'avais des chaussures de ski au pied.
12:44 - Ça vous est déjà arrivé ou pas ? Un coup de mou dans une course,
12:46 où alors quand on s'entraîne, on n'en a pas.
12:49 - Ah si, ça m'est déjà arrivé.
12:50 Souvent parce que je partais un peu trop vite et que du coup forcément...
12:53 - Oui, visiblement c'est votre péché mignon.
12:54 - Ouais, ouais, ouais, ça m'arrive souvent.
12:56 Ça m'arrive un peu trop souvent malheureusement.
12:57 Je suis un peu toujours dans l'euphorie.
12:59 Et c'est vrai que les 10 premiers, 20 premiers, je me sens très très bien.
13:02 Jusqu'à 30, ça va. 32, 34.
13:04 Et généralement, moi c'est plutôt vers le 35.
13:06 Où là, je me dis "Waouh, là il m'en reste 7.
13:09 Ça va être long."
13:10 - Et là, c'est terrible.
13:12 Parce que vers le 35, 36, vous êtes au bout du roule.
13:14 Et les gens, ils vous disent "Allez, plus que 7 kilomètres !"
13:17 - Encore !
13:18 - En fait, t'es là, t'as envie de leur dire "Vas-y, fais-les !"
13:20 - Bon alors, les 3h11, c'était...
13:23 C'était il y a longtemps votre record désormais.
13:25 C'est 2h28.
13:27 Vous avez acquis enfin le statut de sportive de haut niveau
13:31 avec un emploi du temps adapté.
13:32 Mais pendant des années, vous étiez soignante de nuit.
13:35 Ça se passait comment ?
13:36 C'était la vie à l'envers pour s'entraîner ?
13:39 - Bizarrement, non.
13:40 Parce que j'ai toujours dit que c'était pas une contrainte pour moi
13:42 et que c'était un plaisir d'aller courir.
13:44 Donc c'était un petit peu mon moment d'évasion.
13:47 Et en fait, ça fait 5 ans, 6 ans maintenant que je travaille de nuit.
13:50 Avant, je faisais 19h07 et maintenant, je fais 21h07.
13:55 - Vous rentrez, vous faites dodo et après vous allez courir ?
13:58 - Ouais, c'est ça.
13:58 Même des fois, je vais au travail en courant.
13:59 Donc je rentre en courant chez moi, je prends ma douche, je fais ma vie,
14:03 je me réveille vers 14h et entre 15h et 17h, je vais courir.
14:07 Et après, je retourne au travail.
14:08 - Avant, vous étiez l'aide soignante qui courait très longtemps.
14:10 Maintenant, vous êtes aux yeux de tous une championne.
14:13 Reconnue.
14:14 Les minimas pour les JO, ils étaient tout proches.
14:16 À 2 minutes seulement, il fallait faire 2h26.
14:18 Alors peut-être que 2 minutes, c'est beaucoup.
14:19 - Oui, c'est beaucoup.
14:20 - C'était juste pour Paris.
14:22 C'est quoi l'objectif ? C'est Los Angeles 2028 maintenant ?
14:24 - Oui.
14:24 Je garde cet objectif en tête.
14:25 Après, je sais que ça va être difficile.
14:27 Moi, je vais aller chercher les minimas.
14:28 C'est mon objectif à court terme.
14:30 Après, de là à faire la sélection et d'être prise, c'est encore autre chose.
14:33 Mais en tout cas, j'aimerais avoir ce statut olympique de me dire
14:36 "Voilà, j'ai réalisé les minimas".
14:39 - À la fin de votre livre, vous dites que vous n'arrivez pas à vous projeter.
14:42 Vous dites "En 2028, je peux très bien être au jeu
14:45 comme je peux être en train de combattre une récidive".
14:48 Vous y pensez, ça ? C'est un coup près quand même ?
14:50 On n'arrive pas franchement à faire abstraction de ça ?
14:52 - En fait, j'ai plein de projets.
14:54 Je pense à plein de choses.
14:55 Je me dis "J'aimerais faire ci ou ça".
14:56 Mais c'est vrai que généralement, j'ai quand même les pieds sur terre
14:59 et je me dis que je sais où j'étais il y a 5 ans.
15:01 Je ne sais pas où je serai dans 5 ans.
15:03 - Vous qui êtes aide-soignante, visiblement, c'est à l'hôpital que vous avez compris
15:06 à quel point c'était important de témoigner comme vous le faites ce soir.
15:08 C'est un jour où vous avez rencontré une patiente,
15:10 alors que vous étiez en train de travailler,
15:11 qui, comme vous, était victime d'un cancer du sein.
15:14 Vous vous êtes mis à discuter avec elle et c'est là que vous avez compris qu'il fallait...
15:17 Voilà, il fallait briser les tabous en quelque sorte.
15:19 - C'est ça.
15:20 En fait, moi j'avais commencé à en parler sur les réseaux sociaux
15:22 parce que j'ai déjà senti qu'à mon âge, on n'en parlait pas.
15:25 J'avais 24 ans, pas d'antécédents.
15:27 Je travaillais à l'hôpital, j'avais une hygiène de vie nickel.
15:30 J'en entendais pas du tout parler.
15:31 Et alors, quand je disais en plus de ça que je voulais faire du sport,
15:34 on me regardait tous avec des yeux...
15:35 Enfin, c'était impossible quoi.
15:37 Et c'est vrai que déjà les réseaux sociaux m'ont permis de pouvoir partager,
15:42 d'avoir énormément de retours bienveillants.
15:44 Donc moi, ça m'a donné un élan supplémentaire pour continuer à courir
15:46 et continuer à partager mes traitements et tout ce qui se passait.
15:51 Et c'est vrai qu'en reprenant le travail à l'hôpital,
15:54 donc en m'étant thérapeutique,
15:55 j'ai repris pendant un an et demi en m'étant thérapeutique,
15:57 quand j'ai rencontré Carolina, en fait, elle était...
16:00 - Cette patiente là.
16:01 - Cette patiente qui était en plein traitement.
16:03 J'ai fini mon service à 14h30 et je suis allée la voir.
16:06 Je suis restée une heure avec elle en discutant.
16:08 Ben voilà, je voulais que ça lui donne de l'espoir aussi en lui disant
16:10 "ben moi, il y a un an et demi auparavant, j'étais comme toi".
16:13 Et du coup, je lui ai un peu parlé de l'association dont je faisais partie
16:16 et je lui ai dit "ben si un jour ça t'intéresse, si tu veux sortir,
16:19 si tu veux faire une activité adaptée, physique, peu importe,
16:22 nous on est là, on peut t'accompagner".
16:23 Moi, ça m'a beaucoup aidée et aujourd'hui,
16:26 je pense que ça peut aider d'autres personnes.
16:28 - Mais c'est vrai que vous êtes un espoir extraordinaire.
16:30 On a l'impression que d'ailleurs la parole se libère.
16:32 Il y a l'influenceuse Caroline Rosevear,
16:34 la comédienne Clémentine Sellerier qui était venue ici dans le studio nous en parler.
16:37 Il y a même Kate Middleton aussi.
16:39 - It has been an incredibly tough couple.
16:41 - Des tests ont révélé la présence d'un cancer.
16:43 Mon équipe médicale a pris la décision de me mettre sous chimiothérapie préventive.
16:48 J'ai donc commencé le traitement et c'était un grand choc.
16:52 - Vous êtes touchée par ces témoignages ?
16:53 C'est important que les gens comme ça libèrent la parole ?
16:55 - Moi, je pense que c'est important d'en parler,
16:57 parce que c'est trop tabou et malheureusement, comme on le disait tout à l'heure,
17:00 il y a beaucoup trop de personnes qui sont touchées par le cancer
17:03 et c'est important de pouvoir en parler.
17:05 Ça n'arrive pas qu'aux autres.
17:06 - Et puis, il y a des combats à mener encore et vous nous en parlez à la fin de votre livre
17:09 et franchement, c'est assez choquant, notamment le regard sur la maladie.
17:12 Vous racontez qu'avec votre copain de l'époque, on vous a refusé un prêt immobilier,
17:15 qu'on a vu vos antécédents médicaux.
17:16 Ça arrive encore, ça ?
17:17 - Oui, ça arrive encore.
17:18 En fait, maintenant, il y a des lois qui ont changé.
17:21 - Il y a un droit à l'oubli.
17:22 - Le droit à l'oubli, voilà, qui a été réduit.
17:24 Et heureusement, parce que quand je suis tombée malade,
17:27 on me disait pendant 10 ans, on ne pourra pas vous faire de crédit.
17:30 Donc, j'étais vraiment d'accord.
17:30 OK, donc en fait, c'est la double peine.
17:32 J'ai 24 ans, mais je ne peux pas acheter pendant 10 ans, je ne peux rien faire.
17:34 Je suis un peu punie jusqu'à mes 35 ans.
17:36 - Et ça a changé.
17:37 - Et ça a changé.
17:38 - Il y a des choses qui bougent.
17:38 - Oui, oui.
17:39 - Anaïs Kemner, voilà Marathonienne qui force le respect.
17:41 Vous restez avec nous, vous êtes notre invitée pour votre livre "Tout ce que je voulais, c'était courir".
17:45 Vous ne bougez pas, dans la suite de l'émission, on va écouter de la musique.
17:48 Et on va passer en cuisine.
17:48 La musique, c'est votre playlist.
17:50 Jean-Baptiste James, salut !
17:51 - Salut à tous !
17:52 - On écoute quoi ce soir ?
17:53 - La planète musique va trembler cette nuit avec la sortie de l'album de Taylor Swift.
17:57 - Oh là là, Swifties en folie !
17:59 - Non mais, comme je sais que vous allez nous parler,
18:01 de Francky Vincent, je me disais "la planète musique va s'arrêter".
18:04 - On dirait qu'il va faire une vanne en fait.
18:06 - Non, on va passer de Francky Vincent à Taylor Swift.
18:09 - C'est ça !
18:10 - C'est passé dans 5 minutes.
18:10 - C'est éclectique, c'est RTL, c'est RTL bonsoir.
18:12 - Il y a aussi la cuisine, la gaguette d'Angèle Ferromax.
18:14 Salut Angèle !
18:15 - Bonsoir tout le monde !
18:16 - Qu'est-ce qu'on déguste ce soir ?
18:18 - Ce soir, on déguste un dips de petits pois avec de la menthe.
18:22 - C'est pour l'apéro.
18:23 - C'est quoi un dips ?
18:24 - Vous allez m'expliquer.
18:25 - Tout de suite.
18:26 RTL. Bonsoir.

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