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Court métrageTranscription
00:00 - Bonjour Amélie de Silla. - Bonjour.
00:01 - Vous êtes cet acteur au sourire constant, contagieux et toujours sincère.
00:06 Vous êtes aussi cet acteur spontané, juste au regard franc, qui ne juge pas.
00:09 Vous êtes cet acteur qui a rencontré son public d'abord dans le samba show,
00:12 mais aussi les cafés théâtres.
00:13 Le public a certes craqué.
00:16 Et le métier aussi, avec vos premiers grands rôles dans les films
00:19 "L'Ascension" ou encore "Chacun pour tous", "Le Dindon", "Djalin L'Esper".
00:22 Aujourd'hui, vous êtes à l'affiche du film "Ici et là-bas" de Ludovic Bernard
00:26 ou l'histoire d'Adrien de ses coups de cousins qui n'en ont pas l'apparence du tout.
00:30 Adrien s'est installé au Sénégal depuis 15 ans avec sa compagne Aminata.
00:33 Ils attendent un heureux événement quand il est renvoyé en France
00:37 parce qu'il y a effectivement un défaut de visa.
00:39 C'est à ce moment-là qu'il arrive chez son cousin, Sékou,
00:41 qui lui est commercial à Paris, qui va l'embarquer finalement
00:44 dans des péripéties juste incroyables à travers un tour de France.
00:47 Parce qu'effectivement, il a besoin de lui comme couverture
00:51 pour être accepté dans un milieu, les origines comptent énormément,
00:54 car on parle du terroir.
00:55 - Déjà en premier lieu, ce qui m'a plu, c'est que ce film,
00:58 il est un peu à l'image de ce que je suis dans la vie,
01:01 je suis franco-sénégalais.
01:02 Et d'avoir un film comme ça qui met en lumière et qui met en beauté
01:07 et le Sénégal et la France, voilà, j'étais déjà tout de suite conquis.
01:11 - Ça met l'accent sur le racisme ordinaire aussi,
01:14 sur les clichés qu'on peut avoir, mais des deux côtés.
01:16 C'est ça qui est assez fort dans ce film.
01:19 Est-ce que vous l'avez subi, ça, vous, Ahmed, enfant ?
01:21 - Je l'ai subi enfant, mais avec un regard d'enfant.
01:26 C'est-à-dire que...
01:27 Mais c'est peut-être parfois plus violent,
01:29 parce qu'on ne s'en rend pas compte et ça revient des années après.
01:31 - C'est ça, ce film.
01:32 C'est l'importance de s'intégrer sans oublier ses traditions,
01:37 sa culture, ses valeurs, ce qui nous constitue.
01:40 - Aujourd'hui, il y a certaines personnes, pour ne pas les nommer,
01:43 parce que je n'aime pas faire de name dropping,
01:44 mais il y a certaines personnes qui, politiquement,
01:48 nous enlèvent ce droit à être français, nous confisquent le drapeau.
01:54 Aujourd'hui, quand on sort le drapeau français,
01:55 très souvent, c'est associé à une certaine partie de la France.
02:00 Alors que moi, je l'aime, ce drapeau bleu, blanc, rouge.
02:02 Je le trouve beau, je le trouve magnifique.
02:04 J'aime beaucoup.
02:06 Et donc, c'est ce que ce film raconte,
02:10 c'est qu'il faut s'accepter soi-même
02:12 et qu'on n'a pas besoin de renier ce qu'on est à l'origine
02:14 pour être pleinement français.
02:15 Il n'y a pas une bonne manière d'être français.
02:17 - Vous vous êtes construit sur le regard le plus difficile
02:20 qui existe finalement, celui de votre mère,
02:23 qu'il a fallu déjà commencer par la convaincre.
02:24 Est-ce que ce n'est pas ça qui vous rend aussi beaucoup plus fort ?
02:28 D'abord, d'y convaincre votre mère qu'être acteur, c'était un vrai métier,
02:32 que vous alliez pouvoir gagner votre vie comme ça.
02:34 - Oui, non, si, complètement.
02:35 Mais c'est en même temps toute la beauté de mon parcours.
02:41 C'est-à-dire que si je réussis dans les yeux de ma mère, j'ai réussi.
02:44 Peu importe ce qui m'arrive, succès ou pas succès,
02:46 tant qu'elle est fière de moi, je suis l'homme le plus heureux du monde,
02:51 parce que je sais à quel point ça a été compliqué pour elle.
02:53 En France, elle a traversé vraiment des tempêtes, des obstacles.
02:58 Ça a été compliqué, ça a été dur.
02:59 Et donc, de lui rendre ce petit bout de fierté quand elle me voit à la télé
03:04 ou quand elle me voit dans mes spectacles,
03:06 et qu'elle m'appelle et qu'elle me dise "bravo",
03:08 c'est là où j'ai réussi, pour de vrai.
03:11 - Pour terminer, quand vous étiez petit garçon,
03:14 c'est vrai que quand vous avez rencontré le théâtre,
03:15 ça a été une révélation.
03:17 C'est ce qui vous a donné votre oxygène, ce besoin aussi.
03:21 Vous aviez de voyager dans votre imaginaire et de tout ce qui est là avec.
03:24 Aujourd'hui, l'humour, ça reste votre pilier, votre fil d'Ariane,
03:28 ce qui vous motive, ce qui vous donne votre oxygène.
03:31 - Oui, quand on voit ce qui se passe en ce moment,
03:35 et que je me retrouve deux heures le soir sur scène à rigoler, à faire des films.
03:39 Oui, je me dis, j'ai bien fait de rencontrer le théâtre.
03:43 En tout cas, c'est ce qui m'a sauvé quelque part.
03:46 Et ce qui est drôle, et ce qui est paradoxal,
03:48 c'est que je n'ai jamais voulu faire ce métier.
03:49 Moi, je montais sur les planches à l'école,
03:53 c'était pour améliorer ma moyenne à la fin de l'année.
03:56 Mais je suis très heureux que le ciel m'ait ouvert ces portes-là
04:01 et de pouvoir, entre guillemets, apporter ma pierre à l'édifice.
04:05 Mais c'est mon pilier, l'humour, c'est mon pilier.
04:07 - Merci beaucoup. - Merci beaucoup.