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Court métrageTranscription
00:00 Bonjour Anne Brouchet.
00:02 Bonjour Élodie.
00:03 Vous êtes écrivaine comédienne réalisatrice, considérée par beaucoup comme une artiste à part.
00:08 Au départ, il y a cette petite fille heureuse dans une maison familiale jusqu'à ce que celle-ci soit vendue.
00:13 Cette vente est sans conteste un tournant énorme dans votre parcours de vie.
00:17 Cela ne vous a pas empêché à 10 ans de découvrir vos premiers films grâce à la télévision de votre grand-mère le dimanche après-midi.
00:23 My Fair Lady de Georges Cucor et plus tard, à 14 ans, Les Dames de la Côte de Nina Companès
00:29 feront vibrer votre cœur au point de devenir votre métier de comédienne.
00:35 C'est comme cela que vous êtes devenue d'ailleurs la poignante Roxane dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rapneau
00:40 ou encore la bouleversante Madeleine de Sainte-Colombe dans Tous les Matins du Monde d'Alain Corneau
00:45 pour ses rôles incarnés des célébrations par le cinéma, par le prix Romy Schneider et un César du meilleur second rôle féminin.
00:54 Aujourd'hui, vous sortez votre sixième publication avec L'Armoire de Vie chez Albain Michel.
00:58 Vous nous embarquez dans vos souvenirs grâce aux armoires.
01:01 Est-ce que ce face-à-face finalement n'était pas une belle façon de savoir où vous en étiez
01:05 et du chemin que vous aviez parcouru grâce à tout ce qui vous a entouré ?
01:09 Pas vraiment, pas consciemment en tout cas. Ce qui m'intéressait, c'était de parler de ces armoires que j'aime.
01:19 C'est des objets qui me bouleversent, c'est toujours la même.
01:23 Et pourtant, elle est toujours unique et répétitive. Et c'était surtout cet objet.
01:29 Ça faisait des années que je voulais en parler, donc peut-être que c'était le moment enfin de pouvoir parler de cette boîte mystère.
01:37 Les premières fois où vous avez commencé à être actrice, ça se passe parce que vous êtes fan de publicité avec votre frère,
01:43 que vous les absorbez, que vous les apprenez par cœur, que vous les jouez devant cette armoire de toilette à deux.
01:49 C'est ça en fait vos premiers pas ?
01:51 D'une certaine manière, oui, mais on était très moqueurs, donc c'était surtout pour se moquer.
02:01 Après, la dame au bas-haut, elle, ça a été vraiment pour moi plus fort qu'Audrey Hepburn dans My Fair Lady.
02:09 C'était le modèle du féminin. Quand je regardais la série de Nina Compané, je pouvais être tout le monde.
02:17 Mais au bas-haut, la femme qui va dans son bain moussant, c'était pour moi la femme absolue.
02:23 On comprend aussi aisément à quel point la célébrité, c'est quelque chose qui vous a plus abîmée ?
02:30 Oui, je me demandais ce qu'on me voulait. Je me demandais ce qu'on me voulait.
02:39 Ce n'était pas de la non-considération, mais il y avait une attente indissible, imperceptible, incompréhensible.
02:46 On me demandait, on attend quoi de moi ? Qu'est-ce qu'on veut de moi ? Qu'est-ce qu'on projette ? Qu'est-ce qu'on fantasme ?
02:52 Qu'est-ce qu'on désire ? Qu'est-ce qu'on attend de moi ?
02:55 Et cette attente qui n'était pas nommée précisément, qui était une attente de rêverie, un fantasme, je ne comprenais pas.
03:08 C'était un peu repressant, parce que j'étais toujours décevante.
03:13 Quand on est libre, quand on a envie d'être libre, on déçoit.
03:16 Très jeune et très tôt, vous aviez cette sensibilité à fleur de peau. Vous avez dû la dompter en quelque sorte, l'apprivoiser.
03:22 Quand j'étais petite, je m'évanouissais. Le monde parfois était tellement fort que je m'évanouissais.
03:29 Et le généraliste leur avait dit « Allongez-la sur le canapé, elle se réveillera ».
03:33 Donc il m'allongeait, puis ils attendaient que je me réveille. Donc ça, c'était apparemment mon hypersensibilité.
03:40 Une chose qui est très bizarre, c'est que le soir, quand je m'endors, je n'arrive jamais à me dire que j'ai les cheveux gris.
03:45 Quand je pense à moi, je ne pense pas à moi tout le temps, je me dis « Ah, à quoi je ressemble ? »
03:52 et j'ai toujours mon vise. La personne qui me vient à l'esprit de moi, je dois avoir 37 ans, donc je pense que je me suis arrêtée là.
04:02 Merci beaucoup Anne Brochet d'être passée dans le monde d'Elodie sur France Info.
04:05 Ça s'appelle L'Armoire de Vie, c'est sorti chez Alban Michel. Et effectivement, ces miroirs pourraient raconter notre vie.
04:12 Il faut se méfier quand même des miroirs parce qu'ils voient quand même beaucoup de choses. Merci infiniment.
04:16 Merci à vous.