Menaces de l'Iran contre Israël: "Ils sont obligés de faire quelque chose, sinon ils perdent la face dans la région", affirme Gilles Kepel
Gilles Kepel était l'invité de BFMTV ce vendredi soir.
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00:00 Cette menace, Gilles Kepel, d'une attaque iranienne contre Israël,
00:04 elle plane depuis une dizaine de jours.
00:06 Pourquoi l'inquiétude s'est accélérée ces dernières heures ?
00:10 Parce que l'Iran, d'une certaine manière, est coincé.
00:13 Ils sont obligés de faire quelque chose, de montrer leurs muscles,
00:18 sinon ils perdent la face dans la région.
00:20 Et aujourd'hui, on voit qu'Israël, après avoir subi énormément de critiques,
00:27 à la fois parce qu'il y avait tellement de morts civiles à Gaza,
00:31 et aussi parce que Netanyahou n'arrivait pas à avoir une victoire militaire
00:36 pour satisfaire sa population, pour calmer un peu la douleur
00:41 de l'atrocité du 7 octobre,
00:43 est aujourd'hui en train de terminer militairement la puissance du Hamas à Gaza.
00:51 Même si Sinwar, le chef du Hamas, n'a toujours pas été capturé,
00:56 néanmoins le Hamas n'est plus opérationnel.
01:00 C'est-à-dire, c'était le fer de lance de l'axe de la résistance de Téhéran.
01:04 On sent bien aujourd'hui, avec la montée des affrontements
01:08 dans le nord d'Israël et au Liban,
01:10 que le Hezbollah risque très fort d'être la prochaine cible.
01:14 Le Hezbollah, partie chiite, liée à l'Iran également,
01:18 c'est un super Hamas, d'une certaine manière,
01:21 dans la façon dont l'Iran veut contrôler le Levant et le Moyen-Orient.
01:25 Il y a quelques jours, le 1er avril,
01:27 donc ça fait déjà maintenant quelques temps, effectivement,
01:31 les Israéliens ont tué dans un consulat iranien à Damas, en Syrie,
01:37 le principal général iranien des gardiens de la Révolution,
01:41 responsable de toutes les opérations au Levant,
01:44 c'est-à-dire Syrie, Liban, Israël, Palestine.
01:48 Un coup militaire très impressionnant.
01:52 Et si les Iraniens ne sont pas capables de répondre,
01:55 alors ça veut dire qu'ils ont perdu le rapport de force.
01:59 Et pour eux, c'est un coup tout double, parce qu'ils doivent y aller,
02:03 mais ils ne l'ont pas fait, ils ont dit "vous allez voir ce que vous allez voir".
02:07 Je ne suis pas stratège comme le général,
02:09 mais moi je ne le ferais pas comme ça si j'étais à leur place.
02:12 Et surtout, le problème, c'est qu'à partir du moment
02:17 où on donne le sentiment à ce que c'est le renseignement américain
02:20 qu'il a vu par les satellites,
02:23 est-ce que c'est du bluff que les Iraniens vont tirer,
02:27 les Américains se rangent automatiquement du côté d'Israël,
02:31 en dépit des critiques de Biden envers Netanyahou.
02:34 Donc, la supériorité militaire des Israéliens plus les Américains
02:40 face à l'Iran est incontestée.
02:42 Donc, s'il y a un affrontement facial, d'une certaine manière,
02:46 les Iraniens ne vont pas pouvoir y arriver.
02:48 Donc, on est dans cette espèce de quitte ou double permanent en ce moment,
02:53 avec une tension maximale, une tension qui pèse très fort sur l'Iran,
02:58 qui est d'une certaine manière obligée d'agir,
03:01 à un moment où le régime iranien est assez affaibli.