L’ancien député européen (2009-2019) et agriculteur altermondialiste est venu mercredi et jeudi à l’Utopia, présenter le film « Une affaire de principe », dont il est le héros. Avec le réalisateur Antoine Raimbault, il parle de la nécessité de mieux comprendre comment l’Europe fonctionne, au-delà des caricatures. Images : Clément Battelier / Réalisation : Mattéo Clochard
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00:00 Je me suis positionné selon ce que je croyais juste et par rapport à l'engagement que j'ai eu en tant que syndicaliste paysan pendant une trentaine d'années au moins.
00:10 Quelles ont été ces différentes formes d'engagement politique dans sa vie ?
00:14 Ah dans ma vie ?
00:16 Ouais.
00:17 Ça va être long.
00:18 Alors on va faire un tout petit résumé quand même, juste très court je vais faire.
00:22 Mais au niveau européen ça s'appelle des règlements ou des directives.
00:29 Voilà.
00:30 José me raconte que dans la commission européenne, ce grand bâtiment qui ressemble à l'étoile noire de Star Wars,
00:44 qui est très opaque, dans lequel on ne rentre pas comme ça,
00:46 quand on demande accès à un dossier, c'est exactement comme ça.
00:50 C'est-à-dire qu'il y a ce qu'on appelle une "reading room" qui ressemble à une salle d'examen.
00:53 Vous êtes enfermé là-dedans, vous avez vidé vos poches, vous n'avez même pas le droit à un stylo
00:57 et vous signez un contrat de confidentialité qui vous engage à ne rien dévoiler à personne.
01:02 Mais en plus, une fois que vous avez passé tout ça et que le contrat arrive, il est caviardé.
01:07 Il y a eu des gens qui avaient joué des sales rôles dans le film.
01:12 Donc ça c'est ce raconté, je ne veux pas vous raraconter le film.
01:15 Et surtout pour faire en sorte que le vote final puisse avoir lieu et qu'il change les règles,
01:21 à la fois en faisant perdre de l'argent évidemment en compagnie de tabac,
01:25 mais surtout en protégeant les nouvelles générations.
01:29 C'est vraiment quelque chose d'exceptionnel ce qui s'est passé cette année ?
01:33 Non, pas du tout exceptionnel.
01:36 Tous les lobbies, les intérêts privés, financiers qui veulent continuer à gagner de l'argent,
01:42 ils font partie de la vie de la démocratie, ils font partie de nos sociétés.
01:47 Et c'est normal qu'ils s'invitent autour de la table et qu'ils veulent faire entendre leur voix.
01:51 Et où est-ce qu'ils vont ? Ils vont à Bruxelles, là où est le pouvoir européen.
01:54 Et donc il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de lobbies qui ne sont pas toujours très clean.
01:59 Et donc il y a plein de règles qui encadrent.
02:01 C'est très précieux pour nous d'échanger avec le public,
02:05 parce que moi personnellement quand je fais un film, je comprends ce que j'ai fait dans le regard
02:10 et dans les échanges avec le public. C'est là que je prends du recul.
02:13 Et ce qui est très beau c'est qu'on a fait ce film pour donner envie d'Europe,
02:16 pour représenter le Parlement européen, la Commission, les institutions européennes.
02:21 Et ça donne envie d'Europe. C'est-à-dire que les questions qui suivent le film,
02:26 c'est passionnant. Ce qu'on vit avec les spectateurs, avec José,
02:31 c'est-à-dire qu'on explore tous ensemble d'une autre façon cette Europe.
02:37 Je dirais que cette tournée, le fait d'aller de ville en ville,
02:41 de rencontrer des hommes et des femmes dans les salles, des scolaires ici,
02:46 en fait on fait de l'instruction civique.
02:49 D'abord on explique que l'Europe c'est vraiment les institutions
02:55 à partir desquelles on peut vraiment être efficace,
02:58 à la fois pour lutter contre le réchauffement climatique
03:01 et pour faire valoir les valeurs européennes de droit,
03:05 de l'homme notamment, de droit à l'environnement, etc.
03:09 Donc ça, je trouve que ça me paraît très important.
03:11 Et puis le message qu'on veut faire passer c'est que, grâce aux élections européennes,
03:17 chacun peut s'exprimer, puisque c'était une élection à la proportionnelle,
03:21 et donc chaque voix compte.
03:23 Donc c'est une incitation à chacun d'aller voter le 9 juin aux élections européennes,
03:30 et pour moi ça c'est très important.
03:32 Donc on veut faire du civisme, voilà, on est des militants civiques
03:37 des institutions européennes de l'Europe.
03:39 ...sujet autour des lobbies qui m'a amené à rencontrer José Bové.
03:44 Et oui, je mesure à quel point, en tant que spectateur,
03:48 on ne me montre pas les institutions européennes, pas assez au cinéma,
03:52 et je mesure à quel point c'est politique de représenter ces espaces
03:55 et ces protagonistes, des parlementaires qui mènent l'enquête.
03:58 Ça nous change un peu des policiers et des journalistes.
04:01 Donc c'est un film ludique, avec une écriture de suspense,
04:05 et qui fait effectivement un peu un état des lieux, de la complexité,
04:09 qui essaye de rendre la complexité des institutions européennes,
04:12 et de s'en approcher à travers cette affaire.
04:15 Pour moi la démocratie, effectivement, c'est un équilibre des forces
04:18 entre des pouvoirs et des contre-pouvoirs.
04:20 Et on le voit bien dans le film, il y a d'un côté l'opacité
04:23 de la direction de la commission de l'époque,
04:26 et puis en face la détermination d'une poignée de députés
04:30 qui veulent faire la lumière sur cette affaire.
04:33 La démocratie, ce n'est pas un état de fait, c'est un sport de combat,
04:36 c'est une bagarre permanente.
04:38 Et j'ai l'impression, à force de côtoyer José, de l'écouter,
04:41 et il fait heure aussi de pédagogie avec les spectateurs,
04:44 que l'Europe est un des plus beaux projets politiques,
04:47 un des plus beaux outils pour défendre notre démocratie,
04:50 qui est évidemment sans cesse menacée.
04:52 (Générique)