Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui, il reçoit Patrick Chesnais pour la pièce de théâtre "SECRET.S" au théâtre de la Madeleine à Paris.
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00:00 - Europe 1 - Pascal Proévo, d'11h à 13h avec vous sur Europe 1 Pascal.
00:04 - 21 et c'est vrai que voilà, c'est une journée un peu particulière puisque notre
00:10 ami Géraldine, c'est son anniversaire. - Merci, oh la la, quel beau bouquet !
00:15 - Et quel plus beau cadeau d'anniversaire que d'avoir pour cet anniversaire,
00:21 et M. Chenet. - C'est un honneur Patrick Chenet bien sûr !
00:24 - M. Chenet quand même. - Merci M. Chenet.
00:27 - Franchement vous ne les faites pas. - Mais merci c'est gentil.
00:31 - Bon. - Mais je suis gâtée dis donc,
00:33 mais je ne parie pas tant des passes. - On lui a apporté un petit cadeau,
00:36 je pense qu'il faut l'ouvrir, après c'est vous qui décidez.
00:39 - Est-ce que je l'ouvre maintenant ? - Et je vois que notre ami Dona Vidal
00:43 Revelle, qui est directeur, exactement, pardonnez-moi vous voyez ça me fait éternuer.
00:48 - C'est la grande journée de plaisir, ça me touche.
00:51 - Ah bah voilà. - Qu'est-ce que vous avez ouvert ?
00:53 - Non mais, non, vous n'êtes pas sympa. Vous avez souligné que vous avez eu avec quoi ?
00:59 Un tire-bouchon ? - Non, non, non.
01:01 - Non. - Je ne vois pas pourquoi il ne le fait pas.
01:03 - Qu'est-ce que c'est ? - C'est quoi ?
01:05 - C'est un cubit de rosé. - Non, mais il souligne chaque jour
01:10 que Géraldine aime prendre un petit verre de temps en temps.
01:13 - C'est pas vrai, je crois que c'est le qui est pas le moins ici.
01:15 - Patrick Chenet c'est pas... - Est-ce que vous êtes contente Géraldine ?
01:18 - Oui merci beaucoup, ça me touche. - Et c'est quoi exactement le cubit de rosé ?
01:21 - Oui, oui, de Provence, je ne sais pas. - Et un très mauvais rosé en plus.
01:23 - Ah oui, ils sont pas fous les flamants.
01:25 - Je vais la ramener en Bretagne. - Il y a une tradition parfois
01:27 chez les comédiens de mettre un petit peu, chez certains,
01:31 d'être porté un peu vers la boisson. Il y a une grande tradition de Pierre Brasseur.
01:37 Je ne sais pas si... Pierre Brasseur comme son nom l'indique, dit Dona Vidal-Revel.
01:44 Mais je ne sais pas si cette tradition perdure toujours.
01:48 - C'est la tradition de la tendance à la boisson, sans parler de l'alcoolisme forcément, à la vie dure.
01:56 Alors moi, pour être tout à fait honnête, j'ai connu beaucoup de gens qui buvaient,
02:00 qui avaient une tendance à boire, pour des raisons festives ou même pour des raisons de trac,
02:04 avant d'entrer en scène, on boit un petit coup, plutôt dans le théâtre public.
02:09 Dans le théâtre privé, à part un ou deux éléments que j'ai connus,
02:13 qui étaient très proches, qui de toute façon buvaient le matin,
02:18 mais c'était quand même des cas d'espèce, assez rares, assez exceptionnels.
02:22 - Il y a un cas incroyable, c'est le cas de Jacques Veyret,
02:24 parce que lorsqu'il jouait la contrebasse, parfois on n'a pas ouvert le rideau.
02:27 - Oui, oui, Philippe Corsan aussi, avec qui je jouais, j'ai demandé le rideau.
02:31 Parce que Philippe, que j'aimais beaucoup, qui était un acteur formidable,
02:35 était incapable de dire un mot, ni même une phrase.
02:38 Il m'a demandé de lui souffler en scène, ce que je faisais, je lui soufflais.
02:41 Mais au bout d'un moment, c'était impossible.
02:44 Et de parcourir la scène en disant "Aidez-moi, aidez-moi, aidez-moi",
02:49 alors que j'ai aidé comme je pouvais, et puis au bout d'un moment, j'ai demandé le rideau.
02:53 - T'étais pas content ?
02:54 - Alors, je me demandais le médecin de service pour essayer de donner un café.
03:00 - Mais aujourd'hui, j'ai le sentiment que, d'abord, toute la génération boit moins que la précédente.
03:08 - Oui, je crois, oui.
03:09 - Vous vous frappez de ça dans nos métiers, par exemple, vous allez au restaurant le midi,
03:12 plus personne, ou très rarement, les gens prennent du vin.
03:15 - Avant, c'était la tradition.
03:16 - Oui, exactement.
03:17 Et alors, dans le métier que vous faites, où il faut avoir quand même des neurones,
03:20 notamment pour apprendre, quand vous avez un peu bu, c'est plus difficile de retenir, j'imagine.
03:27 Il faut avoir un cerveau en état de marche.
03:28 - Oui, oui. Déjà, sans alcool, c'est déjà compliqué, ce qui me concerne.
03:33 - Vous trouvez que c'est plus compliqué, par exemple, aujourd'hui, d'apprendre,
03:37 par exemple, de travailler, ça vous est plus difficile qu'il y a quelques années ?
03:41 - Non, mais apprendre demande un peu plus de temps, de concentration,
03:44 parce qu'évidemment, en avançant, en vieillissant, les neurones sont moins performants,
03:49 donc ça demande un peu plus de boulot.
03:51 - Alors, vous êtes venu aujourd'hui, d'abord, la dernière fois que vous avez bavardé ensemble,
03:58 j'avais souligné ça, j'ai l'impression que vous êtes en scène quasiment ininterrompue depuis 50 ans.
04:03 Je crois que vous êtes un des rares acteurs qui a toujours été sur scène,
04:07 il n'y a peut-être pas une saison où vous n'avez pas été au théâtre ?
04:10 - Oui, je crois, mais aussi dans le tournage, parce que là, je commence un film,
04:15 donc il y a une espèce de permanence comme ça entre le tournage et le théâtre, oui.
04:21 - Et le public vient, sans doute, un peu, beaucoup, à la folie pour vous,
04:25 parce qu'il a un lien avec vous, il vous aime...
04:27 - Et même parfois passionnément.
04:29 - Et même passionnément, mais il vient, effectivement, il voit Patrick Chenet, il sait...
04:33 - Oui, oui, je sais pas, mais... comment dire...
04:38 Oui, je pense que ça doit faire partie un peu du truc, oui.
04:44 - Et donc cette pièce de Sébastien Blanc, qui s'appelle "Secret",
04:48 que vous jouez avec Laurent Gamelon, c'est peut-être la première fois d'ailleurs que vous êtes ensemble ?
04:51 - Non, la troisième fois.
04:52 - Ah oui, effectivement, donc j'aurais pu mieux préparer à ce que j'avais dit la troisième fois.
04:57 Donc c'est parce que vous vous entendez...
04:59 - Oui, on s'entend bien.
05:00 - Et plutôt bien, et...
05:01 - Et puis on se complète bien surtout, parce que c'est...
05:03 il y a un peu le syndrome Laurel et Hardy, quoi, entre cette masse impressionnante,
05:08 Laurent Gamelon et moi qui sommes plus dans la finesse, peut-être, on va dire, sans que ce soit...
05:15 Voilà, ça s'équilibre très bien.
05:18 - Et c'est une affaire, si j'ai bien compris, de jumeaux.
05:22 C'est pas parce qu'on frappe à votre porte que vous devez l'ouvrir,
05:24 au contraire, il faut réfléchir avant d'ouvrir sa porte.
05:27 Fabien ouvre toujours sa porte à ses amis, Eric et Jérôme,
05:29 sont deux frères jumeaux qui se cachent beaucoup trop de choses.
05:32 - Oui, c'est ça, oui.
05:34 Ce qui m'a intéressé pour faire ce spectacle, c'était évidemment les jumeaux.
05:41 Passer d'un jumeau manipulateur, trafiquant, arnaqueur, malin, quoi,
05:49 à un jumeau qui est exactement le contraire du point de vue du caractère et de la morale.
05:55 C'est-à-dire un peu innocent, un peu gentil, un peu gogole, un peu concon.
05:59 Voilà, et de passer de l'un à l'autre, de l'autre à l'autre.
06:01 - C'était deux rôles de composition ?
06:03 - Rôles de composition, oui, oui.
06:05 Pour l'acteur de composition que je suis.
06:07 - Et vous reprenez évidemment beaucoup de plaisir,
06:09 parce qu'on a le sentiment aujourd'hui que les pièces, c'est vrai, qui sont comiques,
06:14 alors ça a sans doute toujours été,
06:16 mais les uns et les autres ont besoin un peu de divertissement et de légèreté.
06:21 - J'ai toujours entendu ça, j'ai toujours entendu ça.
06:24 Même comme acteur débutant, je devrais bien se faire rire avec ce qui se passe en ce moment et tout.
06:28 J'avais 20 ans, 22 ans, toujours une permanence de l'actualité lourde, tragique de toute façon.
06:34 Alors peut-être que là on est encore un peu courant.
06:37 - Non mais vous avez raison, ça a toujours été le cas et on a toujours entendu ça.
06:43 Et il n'empêche que les films d'aujourd'hui,
06:46 les films qui sont plutôt comiques, les pièces qui sont plutôt comiques,
06:50 sans doute marchent elles mieux.
06:51 - C'est sûr qu'au théâtre c'est un important...
06:55 Enfin je veux dire que les pièces du comédie marchent quoi.
06:58 Du tout temps, mais là particulièrement en ce moment.
07:00 - Il est 12h28, nous marquons une pause et puis vous allez pouvoir interroger.
07:04 Parce que ce qui est intéressant, je disais que vous avez un lien quand même particulier avec le public.
07:08 Et ils ne sont pas si nombreux parce que c'est un lien plus important pour un comédien, c'est le lien.
07:13 Et ce lien il existe depuis 50 ans ?
07:16 - Mais je crois que oui.
07:18 Vous calculez bien, je vous remercie.
07:20 Mais je pense que le chiffre n'est pas loin de la vérité.
07:24 - Donc forcément les gens vont pouvoir vous interroger.
07:28 Et puis vous poser peut-être des questions qui vous surprendront, pourquoi pas.
07:31 A tout de suite.
07:32 - Je me demande si ça va pas faire 60, 58, 59 ?
07:35 - On vous laisse faire le calcul, vous pouvez poser vos questions à Patrick Chenet au 01 80 20 39 21.
07:41 Le numéro est non surtaxé, à tout de suite sur Europe 1.
07:43 Pour réagir et donner votre avis sur Europe 1, rendez-vous sur la page Facebook de Pascal Pro et vous.
07:49 Europe 1, Pascal Pro.
07:51 - On dit ça à Pascal ?
07:53 - Il est très taquin.
07:57 - Véronique est avec nous, et Véronique bonjour.
07:59 - Oui, bonjour Pascal, bonjour Patrick, bonjour à toute l'équipe.
08:04 - Et merci d'être avec nous.
08:05 Et je crois que vous êtes une fan de Patrick Chenet, que vous avez peut-être vu au cinéma ou au théâtre.
08:09 - Je suis très heureuse de vous parler, parce que je vous ai suivi vers cette belle maison bleue, Pascal.
08:15 Donc voilà, ça me fait très plaisir d'être à l'antenne aujourd'hui.
08:18 - C'est gentil avec vous.
08:19 Patrick Chenet, vous l'avez vu peut-être sur scène ?
08:22 - Alors non, je n'ai pas eu cette chance-là, mais je l'ai découvert en 89 dans Promotion Canapé avec Michèle Dardoux,
08:30 dont je suis fan également.
08:33 Comme vous, Pascal.
08:35 - Je suis d'accord avec vous, et de plus vous suivez sa carrière régulièrement, de près ou de loin.
08:43 - Oui, tout à fait.
08:44 Donc je l'ai vu au cinéma avec Dans Tu seras mon fils avec Nils Arestrup, que j'aime beaucoup aussi.
08:52 - Oui.
08:54 Mais encore ?
08:56 - Et puis dans L'Empereur de Paris avec Vincent Cassel.
09:01 - Et donc ces interprétations au cinéma.
09:06 Alors ce qui est vrai, c'est qu'on a parlé de cinéma,
09:09 mais ces dernières années, là où le succès est le plus grand, c'est forcément au théâtre.
09:14 Et on disait tout à l'heure 50 ans, et vous avez raison, c'est 60 ans en fait, puisque la première fois que vous êtes...
09:19 - Non pas tout à fait, je lui ai fait les calculs pendant la couverture.
09:21 - Je viens de regarder La Louette.
09:23 - Je suis à 57 ans et demi.
09:24 - Bon, La Louette, vous avez 17 ans quand vous faites La Louette.
09:27 - Non, non, j'ai 20 ans.
09:29 - Ah bah, 64.
09:31 Là, sur Wikipédia, c'est donné 64.
09:34 - Oui, mais vous croyez encore au Wikipédia.
09:36 - Non, je ne crois pas.
09:37 - Est-ce qu'un comédien progresse encore ?
09:39 - En tout cas, un comédien se change, se transforme, se métamorphose,
09:45 et je crois que quelqu'un qui a une certaine qualité d'incarnation, d'interprétation,
09:54 ça se transforme en, je crois, en meilleur.
09:58 C'est-à-dire que comme disait mon camarade de films Noiret,
10:02 avant 40 ans, on joue, et après on naît.
10:05 Et c'est vrai que plus on avance en âge, plus l'addition des expériences qu'on a vécues,
10:11 dont on se sert pour interpréter, pour le rendre en scène ou devant une caméra,
10:16 devient de plus en plus, je crois, en tout cas en ce qui me concerne,
10:20 j'ai l'impression, plus proche de la vérité, d'une vérité, d'un réalisme.
10:25 Parce qu'on est nourri de tout ça et qu'on n'a pas besoin d'interpréter.
10:29 - Alors justement, ça c'est intéressant parce que vous, vous faites partie de ces gens,
10:33 et à chaque fois que je vous vois sur scène, on n'a pas l'impression que vous jouez.
10:36 Et j'imagine que ça doit vous faire plaisir quand les uns et les autres vous disent ça,
10:39 parce que je ne dois pas être le seul à vous dire ça.
10:41 On a l'impression vraiment que vous réinventez le texte,
10:44 que vous le découvrez, que vous découvrirez ce que vous allez dire au moment où vous le dites.
10:47 Tout le monde ne joue pas comme ça, même parfois,
10:49 des comédiens n'ont pas cette même technique que vous, ce naturel que vous avez.
10:54 - Oui, oui, c'est tout à fait juste.
10:57 Alors il y a des comédiens qui ont quelque chose de, on va dire, peut-être de plus solide,
11:02 on sent le jeu, et sentir le jeu, les gens aiment bien sentir le jeu.
11:07 Vous savez, quand les gens vous arrêtent dans la rue pour vous dire "qu'est-ce que vous jouez bien",
11:11 parce que eux aussi ont joué quand ils étaient petits, au docteur, à l'infirmière, aux pompiers,
11:16 puis après ils sont partis ailleurs, mais certains, comme les acteurs, continuent à jouer.
11:22 Comme disait Woody Allen, les hommes jouent presque toujours bien la comédie,
11:29 à l'exception de quelques acteurs.
11:31 Bon, et voilà, et quand, je ne sais pas, un acteur, mettons, je ne sais pas,
11:37 Denis Rowe joue un boucher avec un tel réalisme,
11:42 qu'on croit que c'est un boucher, les gens ne sont pas dupes.
11:44 Ils savent que c'est un acteur qui joue remarquablement un boucher.
11:47 Et ils aiment bien ça, les gens aiment bien ça, cette transformation, cette possibilité
11:52 d'être les dépositaires, pour employer un mot au-dessus de ma condition,
11:57 du caractère des hommes, quoi.
11:59 - Est-ce qu'il y a des acteurs français qui vous épatent ?
12:01 - Moi j'adorais Michel Bouquet, comme beaucoup de gens,
12:06 mais il y en a plein, il y a Majimel, Daniel Oteu, Depardieu,
12:11 j'en oublie...
12:15 - Est-ce qu'il y a des gens, genre lui, que vous avez envie d'aller voir sur scène,
12:18 et à la fin du spectacle, vous arrivez à vous dire "lui il m'a accueilli"
12:24 alors que vous connaissez le métier, alors que vous connaissez comment ça se passe et la coulisse ?
12:29 - Oui, oui, au théâtre j'aime beaucoup, vous savez, des gens comme Arditi ou Luchini,
12:33 ou Berléand, etc., que je connais très bien, et qui donnent du plaisir à chaque fois.
12:39 Vous savez, c'est des gens qui prennent du plaisir, et quand on a du plaisir, on en donne.
12:43 C'est mathématique.
12:46 - Je regardais effectivement les dernières pièces que vous avez jouées,
12:49 lorsque vous avez commencé, il y avait beaucoup de pièces du répertoire,
12:52 et je crois que j'avais eu cette conversation déjà avec vous,
12:55 en vous disant "j'aimerais vous voir dans une grande pièce du répertoire".
12:58 Le problème c'est que vous avez tout joué.
13:00 - Oh non, pas tout !
13:01 - Qu'est-ce que vous n'avez pas joué ?
13:03 - Je sais que j'ai 57 ans et demi de carrière, mais enfin...
13:06 - Chez Molière, vous avez tout joué ?
13:08 - Non, chez Molière, oui, j'ai joué le mise en trope, j'ai joué Tartuffe, j'ai joué Scapin,
13:12 j'ai joué Scapin, la mise en scène de Jacques Weber, je m'en souviens,
13:15 c'était un très beau souvenir.
13:18 - Est-ce qu'il y a des rôles aujourd'hui,
13:21 qui vous intéressent et que vous auriez envie de monter ?
13:26 - On a déjà eu cette conversation, moi j'ai un projet qui serait l'école des femmes,
13:30 de jouer Arnulf dans l'école des femmes.
13:33 C'est un type âgé, même à l'époque c'était très âgé,
13:39 qui est amoureux d'une toute jeune fille.
13:41 C'est extrêmement scandaleux,
13:44 apparaîtrait comme scandaleux en ce moment,
13:48 sauf que ce type souffre,
13:51 parce que les mœurs de l'époque étaient ceux-là, elle ne l'aime pas bien sûr,
13:56 son amour est ailleurs,
14:00 et lui ne comprend pas, le monde s'effondre.
14:04 Vous savez les personnages de Molière sont très complexes,
14:09 et Sabot est un auteur fort,
14:15 qui envoie avec des vérités, avec une mécanique très...
14:19 c'est un homme de théâtre, il sait comment ça marche,
14:22 il expérimente ses pièces en province avant de les donner à Paris,
14:26 et quand ça marche pas, il enlève, il rajoute, c'est un vrai quelqu'un du bâtiment.
14:30 Mais malgré ça, il y a à l'intérieur, c'est toujours pareil,
14:35 les auteurs comme les acteurs vivent de ce qu'ils vivent,
14:40 de ce qu'ils ont vécu, de leur vie.
14:42 Leur art c'est aussi une manifestation, un prolongement de leur vie.
14:48 La vie de Molière a été compliquée,
14:51 sa vie sentimentale, mais aussi le reste, sa vie sociale, etc.
14:54 Donc ça se sent dans ses pièces, c'est ça qui est passionnant.
14:58 - Et il y a effectivement des archétypes chez Molière,
15:01 qui traversent le temps, et selon les époques,
15:04 il y a des personnages qui sont peut-être plus en phase avec l'époque que d'autres.
15:09 Je pense que "Les femmes savantes" par exemple,
15:11 est une pièce qui parle peut-être plus aujourd'hui qu'elle ne pouvait parler il y a quelques années.
15:17 Tartuffe aussi d'ailleurs.
15:19 - Oui, et "Les précieuses ridicules" aussi.
15:21 - Et "Les précieuses ridicules".
15:23 Donc vous êtes sur scène, je l'ai dit, c'est le théâtre de la Madeleine,
15:28 c'est tous les soirs.
15:30 - C'est à 20h, on a changé les horaires.
15:33 - Parce que le public aime venir plus tôt au théâtre ?
15:36 - Parce qu'il n'y avait plus de théâtre,
15:38 parce qu'il y avait une pièce à 19h aussi,
15:40 comme c'est arrêté, le directeur pensait qu'avant c'est l'heure,
15:44 c'était mieux pour les gens qui sortaient du bureau.
15:48 - Et puis c'est la pièce "Secret",
15:51 ça c'est pour le théâtre, et vous avez parlé de cinéma tout à l'heure,
15:53 vous avez parlé d'Hardity aussi,
15:55 où vous voyez dans un film,
15:57 tous les deux en train de parler, d'échanger.
15:59 - Ah oui, de danser le rock, c'était "Le code a changé".
16:03 - Exactement, vous étiez parfaits tous les deux,
16:05 mais dans les projets cinéma ?
16:07 - Je commençais un tournage d'un film qui s'appelle "La tournée".
16:12 C'est une équipe de films qui vient présenter en province,
16:17 en avant-première le film qui va sortir à Paris,
16:20 quelques temps après.
16:22 Donc c'est tous les aléas de cette équipe de tournage
16:25 qui va rencontrer des gens, les tensions entre eux,
16:27 c'est une jolie comédie.
16:29 - Et qui a écrit ce film et qui va le réaliser ?
16:32 - Florian Essic.
16:34 - Il y a deux jeunes réalisateurs,
16:36 il y a aussi des jeunes réalisatrices aujourd'hui peut-être ?
16:38 - Oui, il y a un film qui sort, que j'ai tourné avec Nadia Tereskiavits,
16:42 qui s'appelle "Submergé" d'une femme, Alia Nteket.
16:46 Et que j'ai tourné cet automne,
16:48 et qui est un très joli film.
16:50 - Et après ce cré au théâtre,
16:53 qui s'arrêtera j'imagine à la fin de la saison,
16:56 est-ce qu'il y a d'autres projets ?
16:58 - Non, à la fin du mois d'avril, puisque je tourne après,
17:00 j'avais signé pour un moment limité.
17:03 - Et cet été par exemple, il y a des choses...
17:05 - Je vais faire un festival à L'Albignon,
17:07 je vais faire un spectacle à partir de mon livre "Lettres d'excuses"
17:09 que vous avez lu.
17:11 Donc c'est un spectacle où je lis les lettres.
17:15 - Et effectivement, il y a aussi,
17:18 et quand vous disiez "chaque comédien, bien sûr,
17:21 est fait de la vie qu'il a eue",
17:24 il y a aussi dans ce rapport avec le public aujourd'hui,
17:27 puisque vous en parlez,
17:29 et c'est toujours délicat d'ailleurs d'en parler,
17:32 il y a la mort de votre fils, Ferdinand,
17:36 dont vous parlez,
17:38 et effectivement ce rapport-là avec le public,
17:41 j'imagine que beaucoup de gens viennent vous voir,
17:44 des gens peut-être, ou souvent,
17:46 qui ont subi, connu ce drame.
17:49 - Oui, oui, enfin...
17:51 C'est compliqué parce que je ne veux pas...
17:56 Je veux au maximum faire en sorte que la mort de mon fils
18:02 ne soit plus un sujet de conversation,
18:05 ni un sujet de commentaire ou d'échange,
18:10 je ne veux pas que ça reste entre lui et moi.
18:14 Mais c'est vrai que quand je vais présenter un film en province,
18:18 ou même quand je joue en province,
18:20 qu'il y a des débats après, ou des rencontres avec le public,
18:24 de temps en temps, il m'arrive assez régulièrement
18:28 que quelqu'un lève la main en disant "est-ce que je pourrais vous parler après, M. Chélin?"
18:33 Et j'essaie de me parler.
18:35 C'est quelqu'un qui est arrivé à la même chose,
18:39 et qui a besoin de parler.
18:42 Et on parle,
18:46 on essaie de trouver des mots,
18:48 j'essaie de trouver des mots, en tout cas j'écoute.
18:50 - Il est 12h46,
18:55 c'est toujours un plaisir en tout cas de vous recevoir,
18:58 et d'échanger avec vous sur ces sujets légers,
19:01 et puis graves bien sûr, et dramatiques.
19:03 On va marquer une pause,
19:05 ça va être le débrief,
19:07 comme tous les jours à cette heure-là.
19:09 Et nous revenons dans une seconde.
19:11 De 11h à 13h, vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1, tout de suite.