• il y a 8 mois
La conjonction taux d’emprunt élevés - prix de vente trop hauts a fait chuter le marché de l’immobilier dans le Calvados. Pour François Perron, vice-président de la chambre interdépartementale des notaires, la situation devrait progressivement s’améliorer pour les candidats à l’achat

Category

🗞
News
Transcription
00:00 France Bleu Normandie
00:02 Il est 8h15, notre invité du 6/9 sur France Bleu et France 3 Normandie,
00:07 François Perron, vice-président de la chambre interdépartementale des notaires, interrogé par Didier Charpin.
00:13 Bonjour François Perron.
00:14 Bonjour.
00:14 On va faire un état des lieux sur cette crise du logement que constate beaucoup d'habitants dans notre région.
00:20 L'état du marché de l'immobilier en ce printemps 2024, est-ce qu'il est complètement bloqué après la flambée des années précédentes ?
00:29 Alors il n'est pas complètement bloqué, on est revenu sur un volume de transactions qu'on connaissait avant justement cette envolée suite au Covid.
00:36 Mais évidemment on n'est plus du tout sur les volumes qu'on a connus à l'époque.
00:42 Ils ont diminué soudainement, brutalement et de manière assez importante.
00:48 Puisqu'à l'échelle nationale on était quand même monté sur près d'un million deux cent mille transactions en 2021.
00:55 Là on est redescendu entre 800 et 900 milles, ce qu'on connaissait à l'époque.
00:59 2018-2019 on revient à peu près à ces volumes là.
01:02 Mais avec des prix beaucoup plus élevés qu'à l'époque, des charges aussi, un coût de la vie beaucoup plus élevé.
01:08 Donc on n'est plus tout à fait quand même sur les mêmes conditions économiques qu'à l'époque.
01:11 Les prix justement, est-ce qu'ils sont devenus on va dire déraisonnables en certains secteurs du Calvados ?
01:17 Alors ils sont devenus très élevés dans certains secteurs du Calvados, c'est pourquoi aujourd'hui nécessairement ils commencent à rediminuer.
01:23 Alors un peu timidement pour le moment, mais enfin...
01:26 Très élevés, au mètre carré, quels sont les endroits où c'est le plus cher ?
01:30 Alors c'est le Nord Pays d'Auge, c'est la Côte Fleury, ou à Deauville par exemple sur les appartements anciens,
01:36 on va être à 6500 euros par mètre carré, ce qui est à peu près le double que à Caen par exemple.
01:44 Donc 6500 euros, est-ce que ces prix là existaient dans la période référence d'avant Covid
01:51 ou alors ils sont toujours dans une logique de bulles spéculatives ?
01:55 Alors sur la Côte Fleury, on ne constate pas de grosses grosses baisses, surtout sur les appartements anciens.
02:02 Là pour le moment les prix se maintiennent, alors ça s'explique par la rareté des produits,
02:08 ça s'explique par l'attirance pour cette région là.
02:11 Donc même avec des prix élevés, on a encore de la demande et des prix qui ne diminuent pas forcément.
02:20 Traditionnellement c'est une région qui est réservée aux résidents secondaires,
02:25 aux acquéreurs avec des forts pouvoirs d'achat,
02:27 donc aujourd'hui ces prix là ne sont pas forcément bloquants pour ce type d'acquéreurs.
02:31 Alors il y a d'autres acquéreurs dont le pouvoir d'achat a été considérablement amputé depuis deux ans,
02:37 depuis cette inflation, est-ce que l'un des problèmes c'est également des difficultés pour obtenir un prêt bancaire aujourd'hui en 2024 ?
02:43 Absolument, on a aujourd'hui des taux d'intérêt qui sont beaucoup plus élevés,
02:47 comme on le disait qu'à l'époque avant Covid et pendant le Covid,
02:51 Au-delà de 4% là,
02:54 et à l'époque on était à 1,5.
02:57 Donc là on a doublé, triplé le taux d'intérêt, donc forcément ça se ressent dans la capacité d'acquérir.
03:06 Si vous couplez ça avec le fait que les prix en plus sont beaucoup plus élevés qu'à l'époque,
03:09 donc là évidemment les acquéreurs aujourd'hui sont un peu pris à la gorge.
03:13 Ce qui explique qu'on a eu cette diminution assez importante du volume des transactions,
03:17 ce qui explique aussi qu'aujourd'hui les prix ne peuvent que diminuer,
03:22 parce que cette corrélation prix élevé/taux élevé, c'est pas possible.
03:25 Parce qu'ils vont diminuer, je sais pas si vous avez une boule de cristal ?
03:28 Vous allez lire dans le mar des cartons.
03:31 On n'a pas de boule de cristal, mais on constate un infléchissement des prix,
03:36 et on suppose que ça va continuer sur 2024, il faut un réajustement de toute façon aujourd'hui,
03:42 parce que là clairement il y a trop d'acquéreurs qui sont sortis du marché,
03:47 donc il faut un infléchissement des prix, et on espère aussi un infléchissement des taux,
03:50 si on avait les deux en même temps ce serait formidable,
03:52 parce que là ça veut dire que le marché reprend des couleurs.
03:54 Donc un peu de patience, c'est ce que vous dites,
03:56 notamment pour les primo-accédorants, ces jeunes qui rêvent d'être propriétaires.
04:01 Il y a ceux qui voudraient être locataires, là aussi le marché est très compliqué cette année.
04:05 Le marché est très compliqué quand est passé en zone tendue depuis quelques mois,
04:09 pour traduire justement cette situation de tension du marché locatif.
04:14 Alors on a un parc locatif qui n'est pas suffisamment important pour la demande,
04:19 et on sait qu'on est notamment nous à Caen sur une ville étudiante,
04:23 donc avec beaucoup de demandes pour loger les étudiants,
04:27 et on a constaté vraiment une grosse difficulté à ce niveau là.
04:30 - Il y a d'autres phénomènes également,
04:31 ces propriétaires qui mettent leur appartement en location saisonnière,
04:35 en Airbnb on va le dire clairement,
04:36 cette loi qui a fait sortir des appartements considérés comme passe-fort thermique,
04:41 et aussi une réduction de l'offre tout simplement sur Caen.
04:44 - C'est ça en fait, ça fait partie des vecteurs aggravants de cette problématique là,
04:49 c'est vrai qu'il faut un parc locatif aujourd'hui important pour faire face à la demande,
04:53 ça c'est la première chose,
04:54 mais comme vous le disiez à l'instant,
04:56 on a une réglementation aujourd'hui qui est contraire à cette problématique,
05:01 puisque les passe-forts thermiques vont sortir du parc locatif,
05:05 on sait que les passe-forts thermiques vont devoir faire l'objet de travaux
05:09 pour être remis en location,
05:10 nécessairement on va avoir des logements qui vont sortir,
05:13 et puis il y a cet engouement pour la location saisonnière,
05:16 pour les Airbnb,
05:18 alors une rentabilité qui est importante,
05:21 une fiscalité favorable,
05:22 une demande qui là aussi est importante,
05:24 puisque les gens qui font du Airbnb ils trouvent toujours à louer leur bien,
05:28 donc tout ça ce sont autant de logements qui ne sont plus affectés à la résidence principale,
05:33 et qui ne sont plus affectés aux logements notamment des étudiants,
05:37 et de toutes les personnes qui veulent être en location.
05:39 - Pour ceux qui voudraient louer, quels pourraient être les signes d'espoir ?
05:42 Est-ce que vous pouvez leur en donner ce matin ?
05:44 - Alors ce qu'il faudrait évidemment c'est produire plus de logements,
05:48 on sait que la fiscalité de la location meublée,
05:54 de la location saisonnière va peut-être devenir à l'avenir un peu moins intéressante,
05:58 on sait que les pouvoirs publics s'intéressent à la fiscalité de ces locations,
06:02 si à un moment donné c'est moins intéressant de louer en saisonnier,
06:07 peut-être que les propriétaires reviendront vers la location résidence principale,
06:12 ça va passer par là, soit des politiques incitatives pour revenir en location à l'année,
06:18 soit de la production de logements,
06:19 mais on sait qu'en ce moment le secteur de la construction est un peu compliqué aussi,
06:23 donc il va falloir là aussi un ensemble de facteurs.
06:28 - Il faut en tout cas trouver des solutions,
06:29 certains parlent de crise du logement la plus grave depuis une trentaine d'années,
06:30 c'est pas accessible de dire ça ?
06:31 - Alors c'est une crise qui est compliquée.
06:35 - Merci beaucoup Maître François, on vous en prie.
06:39 Vice-président de la Chambre interdépartementale des notaires,
06:41 invité ce matin, France Bleu, France 3, bonne journée.
06:43 - Bonne journée à vous.
06:44 Voilà un entretien à écouter sur francebleu.fr et sur l'application ICI.

Recommandations