Il a été pris pour cible pendant la crise agricole, accusé de mettre à genoux les petits producteurs. Michel-Édouard Leclerc est-il toujours le patron préféré des Français? Comment le roi des prix bas a-t-il fait de son groupe le numéro un de la grande distribution? Pourquoi ses méthodes, héritées de son père, sont-elles parfois décriées? Enquête sur celui qui veut être le moins cher, à tout prix. "Michel-Édouard Leclerc, à tout prix", un reportage de Caroline Mier, Etienne Grelet, Benoit Chevalier et Stéphanie Cambus
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00:00 Un bon guerrier et surtout une tête bien faite.
00:03 Le résultat d'une éducation stricte dans une école privée catholique.
00:08 Car pour le protéger de toutes ces violences, ses parents l'envoient en pension à 500 km de Landernot.
00:16 « Il a 11 ans et ils prennent la décision de l'envoyer au petit séminaire au sud de Paris, à Viry-Châtillon, dans l'Essonne.
00:23 Là même où son père Edouard a fait ses études 20 ans auparavant. »
00:26 *Musique*
00:36 « C'était un petit séminaire, donc une école de formation pour des futurs prêtres. »
00:42 Pierre Villain est dans la même classe que Michel-Edouard Leclerc, de leurs 11 à leurs 17 ans.
00:47 Aujourd'hui, il a l'impression que Michel-Edouard est resté le même que l'enfant qu'il a connu.
00:53 « Quand je le vois dans les médias actuellement, je retrouve sa bouille. »
00:58 *Musique*
01:01 « Je le reconnais vraiment tel que je l'ai connu systématiquement.
01:05 C'est-à-dire pour moi, il a toujours le même visage, il a le même sourire, il a le même côté jovial, voire un peu humoristique.
01:11 Il aime bien dire des petites blagues.
01:14 Pour moi, c'est quelqu'un qui ne s'est pas transformé par rapport à son parcours. »
01:19 *Musique*
01:24 « Sur cette photo, moi je suis en 3e, le petit gars sans chapeau qui est au garde-à-vous.
01:30 Michel, c'est l'avant-dernier sur la droite, avec un haut de forme.
01:36 Je dirais que c'est peut-être un mardi gras. »
01:41 Il n'était encore que des enfants. Mais à l'époque, l'éducation se fait à la dure.
01:47 « Il y avait un préfet de discipline avec des punitions un petit peu raides.
01:52 Du genre, si on faisait une bêtise, c'est une anecdote, on lui disait "Viens chercher une baffe". »
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02:01 « On pensait que c'était un peu féroce. »
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02:05 Mais les pères offrent aux élèves une ouverture sur le monde.
02:10 *Musique*
02:12 « On avait l'obligation de lire 2 heures au moins par jour.
02:16 On avait l'obligation, enfin qui n'était pas vécue comme une contrainte,
02:19 d'écouter le journal télévisé et de le commenter. C'est quand même extraordinaire.
02:23 Moi je ne suis pas rentré pour être prêtre, mais une fois dedans, j'ai eu envie de devenir missionnaire. »
02:29 *Musique*
02:35 Michel-Edouard Leclerc ne rentrera finalement pas dans les ordres.
02:39 Il s'engage dans un long cursus universitaire.
02:43 « Il part faire des études ensuite, après 18 ans, à la Sorbonne, en philosophie et en économie.
02:50 Et il soutiendra sa thèse de macroéconomie sous un certain Raymond Barr. »
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02:58 Michel-Edouard Leclerc s'imaginera un temps journaliste.
03:02 Il créera même avec son père le Soleil de l'Ouest, un mensuel d'actualité bretonne.
03:08 *Musique*
03:11 « Je me suis construit avec ces rencontres. J'ai toujours hésité entre le choix d'aller dans la transmission,
03:16 le professoral, le journaliste ou l'action. Et finalement j'ai choisi l'action parce que ma culpabilité chrétienne,
03:23 les fondamentaux de mon côté breton, écorché, chrétien, c'est l'engagement en fait. »
03:30 *Musique*
03:32 Il finira par intégrer la société familiale en lançant son fameux combat sur les prix de l'essence.
03:37 C'est alors qu'il accomplit un acte hautement symbolique.
03:41 Il va modifier son prénom en y adossant celui de son père.
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03:48 C'est seulement au milieu des années 80 que Michel devient Michel-Edouard.
03:53 « Rajouter le prénom de son père à son propre prénom est une façon entre guillemets d'acheter l'œuvre de son père
04:00 et de revendiquer ce que son père a fait pour le prolonger. »