À l'achat, les constructeurs mettent en avant la faible consommation en carburant de leurs modèles hybrides rechargeables. Mais, dans la réalité, la consommation moyenne est bien plus forte, de l'ordre de 250% de plus. Les explications avec l'éditorialiste BFM Business, Pierre Kupferman.
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00:00 Alors Pierre, on vient de l'apprendre, c'est une étude de la Commission européenne qui le dit, les voitures hybrides rechargeables consomment bien plus que ce que les constructeurs annoncent aux acheteurs.
00:10 Oui, pour établir ce constat, les auteurs de ce rapport s'appuient sur les données transmises par des mouchards qui sont placés dans les véhicules depuis 2021.
00:18 Alors personne ne sera surpris de découvrir que la consommation, alors on dit WTLP, c'est-à-dire la consommation qui est fournie par le constructeur sur la base de tests en laboratoire,
00:29 que cette consommation diffère un peu de la réalité pour les voitures thermiques.
00:33 En fait, elle est assez limitée cette différence pour les voitures qui roulent au gazole, vous le voyez, on est à 1 litre au 100 kilomètres de plus que les données constructeurs.
00:41 Ça grimpe un peu pour les modèles essence, 1 litre et demi de plus, bon, ça fait 24% de différence, mais c'est vraiment sur les hybrides rechargeables que la consommation en condition réelle pique le plus.
00:54 On a une moyenne annoncée par les constructeurs de 1 litre 7 et dans la vraie vie, c'est quasiment 6 litres.
01:02 Donc ça veut dire qu'en roulant dans une hybride rechargeable, on va consommer trois fois et demi de plus que ce qu'annonce le concessionnaire ?
01:10 En moyenne, parce que si vous avez opté pour les gros SUV vendus par Mercedes, BMW, Audi ou Toyota, ce sera au moins quatre fois plus.
01:20 Ce qui est assez logique parce qu'en fait, là, on parle de mastodontes très lourds au départ dans lesquelles on a en plus ajouté une batterie qui peut elle-même peser plusieurs centaines de kilos.
01:31 Alors est-ce qu'on peut dire que les concessionnaires trichent en fait ?
01:35 C'est plus compliqué que ça, parce que si dans la vie réelle, les voitures hybrides rechargeables consomment trois à quatre fois plus qu'annoncées, c'est un, que leur conducteur appuie,
01:46 enfin c'est leur produit, ils appuient souvent trop fort sur l'accélérateur, c'est notamment vrai au démarrage.
01:51 Deux, qu'ils vont conduire sur de longues distances et donc en mode thermique beaucoup plus souvent que ce qui est prévu dans la norme qui a servi de calcul pour la consommation.
02:01 Et puis surtout, trois, c'est que la batterie n'est pas rechargée aussi souvent que nécessaire.
02:07 Donc le kilométrage parcouru en mode électrique est bien plus faible que ce que permet normalement la voiture.
02:14 Tout est de la faute des automobilistes alors.
02:16 Je n'ai pas dit ça non plus, avec ces consommations annoncées très faibles, les constructeurs sont évidemment aussi gagnants.
02:23 D'abord, ils vont séduire plus facilement les acheteurs, parce que malgré tout, les acheteurs privilégient les modèles moins gourmands en carburant.
02:29 Et puis il y a le sujet de l'énorme malus qui pèse sur les SUV thermiques.
02:35 Ils ont réussi à y échapper avec ces hybrides rechargeables.
02:38 Ça va changer quand même l'année prochaine, puisque ces modèles seront aussi concernés par le malus au poids.
02:42 Mais bon, et puis le point le plus important, vraiment, c'est la baisse moyenne de CO2 par voiture vendue à laquelle sont astreints les constructeurs.
02:51 C'est la consommation annoncée et pas la consommation dans la vraie vie qui est prise en compte.
02:56 Et je vous dis très clairement les choses, l'enjeu, il est colossal. Pourquoi ?
03:00 Parce que les amendes à payer à l'Union européenne, en cas de non-respect de cette baisse des émissions de CO2, elles peuvent dépasser le milliard d'euros.
03:08 Un milliard d'euros. Merci beaucoup Pierre. Merci, c'était la chronique Éco.