Une opération Place Nette XXL est lancée à Strasbourg, pendant trois semaines. La préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, est l'invitée de France Bleu Alsace ce mercredi 3 avril.
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00:00 Le Barin, Théo et la ville de Strasbourg sont donc concernés par une opération Plasnet de grande ampleur contre le trafic de drogue.
00:07 Pour cela et pour d'autres questions liées à la sécurité, nous sommes ce matin avec la préfète du Barin.
00:11 Bonjour Jodiane Chevalier.
00:12 Bonjour.
00:13 Pourquoi cette opération Plasnet est-elle XXL selon les mots du ministère de l'Intérieur ? Qu'est-ce que ça veut dire de grande ampleur ?
00:20 Alors je rappelle que ces opérations Plasnet qui concernent une dizaine de grandes villes en France
00:25 ont été voulues par le président de la République et le ministre de l'Intérieur.
00:29 Pour lutter contre les stupéfiants mais également contre tout ce qu'il y a derrière les trafics de stupéfiants
00:37 et qui concerne beaucoup d'actes de délinquance.
00:40 Ça peut être du blanchiment d'argent, de la lutte contre le travail illégal, de la lutte contre l'immigration irrégulière,
00:48 des contrôles de commerce, enfin tous les champs de la délinquance.
00:54 Et donc ces opérations se caractérisent par trois principes.
00:58 Une présence permanente et massive pendant au moins trois semaines.
01:03 Trois semaines ici pour la ville de Strasbourg ?
01:06 Pour toutes les opérations elles durent à peu près trois semaines avec des unités de forces mobiles.
01:12 Globalement cela représente 250 policiers ou gendarmes par jour,
01:19 soit plus de 3000 forces de l'ordre mobilisées pendant la durée de cette opération.
01:24 Le deuxième principe c'est le travail en profondeur,
01:27 c'est-à-dire que les dossiers ont été regardés en travail inter-service de très près
01:36 pour cibler ceux qui sont aptes à produire dès à présent des effets.
01:43 Et le troisième principe c'est la coordination de l'ensemble des services pour couvrir tous les champs de la délinquance.
01:51 Donc ce sont effectivement des opérations de très grande ampleur avec une présence permanente H24.
01:59 Et donc pour couvrir tous les champs et à la fois pour toucher bien sûr les trafiquants et les consommateurs
02:06 puisque s'il y a trafic il y a aussi consommateurs.
02:09 Avec cet outil voulu par le ministre de l'Intérieur de l'amende forfaitaire dédictuelle.
02:16 Je vous rappellerai qu'en 2023 il y a eu plus de 1000 amendes forfaitaires dédictuelles
02:22 qui ont été dressées par les forces de l'ordre.
02:24 Ça veut dire que vous avez un objectif fixé d'interpellation ou de quantité de drogues saisies ou autre.
02:30 Qu'est-ce que vous fixez comme objectif au terme de ces trois semaines ?
02:32 Alors on a un nombre d'opérations qui a été déterminé.
02:35 Il y aura très exactement 115 opérations qui seront conduites dont 16 opérations interministérielles.
02:42 Les interpellations, évidemment, elles viendront à la suite de ces opérations.
02:48 Il y en a déjà depuis ce matin ?
02:50 Alors je vais aller tout à l'heure rejoindre les forces de l'ordre en sortant d'ici.
02:54 Donc on sera à même de vous dire les premiers chiffres.
02:58 Pendant ces trois semaines j'aurai l'occasion régulièrement de faire des bilans
03:03 y compris si vous m'invitez à nouveau pour montrer effectivement l'effet de ces opérations.
03:10 Mais ce sont effectivement des opérations inédites dans leur format.
03:15 Je vous ai indiqué les chiffres qui mobiliseront tous les services de l'État
03:20 et pas seulement les forces de l'ordre.
03:22 Ça sera vraiment un travail dans la profondeur avec une présence extrêmement visible
03:29 qui permet aussi de rassurer la population.
03:32 Puisque je rappelle aussi que les trafics de drogue perturbent la vie quotidienne dans certains quartiers.
03:39 Oui tout à fait et on l'entendait ce matin.
03:41 Nous sommes retournés à la cité de Lille où il y a eu justement une opération Plasnats
03:44 il y a quelques mois. On entend quand même des habitants qui nous disent
03:46 "les trafiquants ils sont toujours là, certes les policiers sont venus, ils sont partis,
03:51 les trafiquants sont revenus dès que les policiers sont partis".
03:53 Comment est-ce qu'on fait pour que ça ne ressemble pas à de l'affichage de cette opération ?
03:56 Alors le travail de préparation qui a duré plus d'un mois montre bien, je le redis,
04:02 que c'est du travail en profondeur.
04:04 Et ce n'est pas parce qu'il y a eu une opération dans un quartier à un moment donné qu'on n'y retourne pas.
04:09 Nous sommes régulièrement retournés vers les quartiers où les opérations ont eu lieu.
04:15 On ne lâche rien. Il y a parfois du travail à faire aussi avec les bailleurs sociaux
04:20 puisqu'on a pu rencontrer des personnes qui nous ont dit que les occupations
04:27 à la fois de caves mais aussi de montées d'escaliers perduraient.
04:32 Donc là il y a aussi ce travail à faire avec les partenaires.
04:36 Mais nous sommes vraiment déterminés et si on a des remontées du côté des habitants,
04:43 les policiers reviendront. Ce ne sont pas les trafiquants qui vont gagner.
04:49 Mais on sera présents chaque fois que nécessaire et chaque fois qu'on sera sollicité après ces opérations.
04:57 - Josiane Chevalier, préfète du bar, invitée de France Bleu Alsace ce matin à 7h51.
05:02 On s'intéresse à ces opérations et à cette opération Place Net
05:06 et à la mobilisation des forces de l'ordre pour trois semaines, vous l'avez dit Josiane Chevalier,
05:10 présence massive et longue pour lutter contre le trafic de drogue.
05:13 Ces opérations, est-ce qu'elles sont nécessaires ? Est-ce que vous les trouvez, vous, efficaces ?
05:17 Vous êtes peut-être concerné, vous les avez peut-être vues ces forces de l'ordre
05:20 il y a quelque temps venir dans votre quartier et puis aujourd'hui qu'en est-il ?
05:23 0388 25 15 15, vos témoignages sont les bienvenus.
05:27 - Le problème qu'on souligne avec ces opérations Place Net,
05:29 c'est parfois le décalage entre le nombre de personnes interpellées
05:31 et le nombre de personnes effectivement condamnées, effectivement mises hors d'état,
05:35 de nuire ou de retourner sur la voie publique.
05:37 Qu'en est-il de la judiciarisation ensuite ?
05:40 - Alors ce travail, et j'aurais dû le préciser d'emblée,
05:43 se fait évidemment en étroite collaboration avec les procureurs de la République,
05:48 en particulier madame la procureure de Strasbourg,
05:51 avec qui nous avons évidemment travaillé aussi sur les dossiers.
05:55 Donc après chacun a son rôle, la justice a le sien,
06:00 mais nous notre rôle il est plus en amont de sélectionner les bons dossiers
06:07 pour avoir évidemment une réponse judiciaire à la hauteur de ces enjeux.
06:12 Je rappelle que la lutte contre le trafic de stupéfiants,
06:16 c'est avant tout un enjeu de santé publique pour protéger nos concitoyens
06:21 et parfois nos concitoyens les plus jeunes.
06:23 - Alors justement, santé publique et même vous parliez des consommateurs,
06:27 je voudrais vous faire réagir à la proposition de la ville de Strasbourg
06:30 qui voudrait expérimenter le cannabis récréatif localement.
06:33 C'est l'adjoint à la santé Alexandre Feltz qui l'a dit sur notre antenne la semaine dernière,
06:37 je vous propose de l'écouter et je vous fais réagir juste après.
06:39 - C'est une faute politique et surtout ce n'est pas efficace ni pragmatique.
06:43 Il faut voir que la prohibition et l'interdiction n'entraînent pas de diminution des consommations,
06:49 on le voit bien en France, donc il faut une autre politique.
06:52 Ça ne marche pas le tout sécuritaire, il faut des actions de santé publique.
06:56 La maire de Strasbourg et moi-même, nous on est favorables à une expérimentation
06:59 sur ce territoire-là avec l'Etat, avec l'ARS, pour voir comment on peut faire évoluer les choses,
07:06 évaluer, expérimenter de façon pragmatique, puisqu'on va avoir des territoires très proches.
07:12 - Ce que dit Alexandre Feltz, c'est que la réponse sécuritaire n'a pas fonctionné jusqu'ici,
07:17 n'a pas diminué la consommation, qu'est-ce que vous en répondez ?
07:19 - Alors moi je ne suis pas dans le commentaire politique,
07:23 moi je suis dans l'action, dans le rôle qui est le mien,
07:26 et j'applique évidemment les textes qui sont ceux de l'Etat français,
07:32 donc je ne commente pas plus les décisions qui peuvent être prises par un pays étranger,
07:38 mais en tous les cas on voit bien aussi que derrière le trafic de stupéfiants,
07:44 il y a aussi une véritable économie souterraine contre laquelle on doit lutter
07:49 avec détermination et la sanction est aussi très pédagogique,
07:55 donc moi je crois beaucoup évidemment de ma place à la réponse sécuritaire et à toucher aux porte-monnaies.
08:02 - Donc une expérimentation locale ce n'est pas du tout envisageable ?
08:05 - D'abord l'expérimentation locale ne se décide pas localement,
08:09 il faudrait une décision de l'Etat et du gouvernement,
08:13 pour l'heure effectivement on applique les textes en vigueur,
08:19 et je le redis, moi je ne suis pas sur le terrain politique,
08:23 mais sur le terrain de l'action déterminée pour lutter contre les stupéfiants
08:27 et les consommations de stupéfiants.
08:30 - Une question sur la sécurité des établissements scolaires à présent,
08:33 il y a encore eu une fausse alerte à la bombe hier avec une école confinée à Strasbourg,
08:38 est-ce que vous avez les moyens de lutter contre ces phénomènes qui font peser une épée de Damoclès
08:42 au-dessus des enseignants, des personnels de l'éducation nationale
08:45 et des élèves qui s'inquiètent de ces alertes qu'on a eu ces derniers jours ?
08:48 - Alors on travaille en étroite collaboration avec l'éducation nationale sur ces sujets,
08:54 les services de sécurité en commun puisque chacun a les siens,
09:01 à la fois l'éducation nationale et la sécurité publique font leur travail de lever de doute en particulier.
09:08 Nous aurons demain une réunion sous l'autorité des ministres concernés à Paris
09:14 avec les recteurs, les procureurs généraux et l'ensemble des préfets
09:21 pour déterminer l'action que nous aurons dans les semaines qui viennent
09:27 compte tenu des attaques répétées.
09:31 Il y a eu aussi des arrestations, il y a là aussi le volet judiciaire.
09:37 Nous aurons aussi l'occasion de rappeler les sanctions par rapport à ceux qui continueraient à jouer ce jeu stupide.
09:48 - Est-ce que vous réfléchissez à interdire les rassemblements festifs dans les écoles,
09:52 les kermesses par exemple d'ici la fin de l'année, c'est possible ?
09:55 - Je ne vois pas pourquoi on interdirait les événements festifs.
10:00 Les écoles doivent pouvoir continuer à vivre.
10:03 - La menace n'en est pas à ce niveau là encore ?
10:05 - Non, la menace n'en est pas à ce niveau là.
10:07 Bien sûr, il faut prendre des précautions, ce que font les établissements
10:10 avec les consignes qui sont données à tous les chefs d'établissement.
10:13 Mais nous n'allons pas évidemment interdire les moments festifs
10:18 qui sont absolument nécessaires, peut-être plus encore maintenant
10:21 pour renforcer aussi la cohésion des équipes.
10:26 Mais en tous les cas, nous sommes très mobilisés avec l'éducation nationale
10:31 pour être là aussi extrêmement réactifs chaque fois que nécessaire
10:35 pour rassurer la communauté éducative, les parents d'élèves.
10:38 Mais je dois reconnaître que ce sont des moments difficiles, particuliers.
10:43 Et là aussi, la réponse doit s'adapter en fonction des situations que l'on peut observer sur le terrain.
10:49 - Une dernière question, Josiane Chevalier.
10:51 N'y a-t-il pas un risque d'épuisement des forces de l'ordre à force de les mobiliser
10:54 pour les opérations place nette, contre la menace d'attentat, à venir même pour les Jeux Olympiques ?
10:59 Comment est-ce que vous vous faites face à ça ?
11:02 - Moi d'abord, je voudrais saluer l'engagement des forces de l'ordre,
11:06 qu'il s'agisse des forces de police nationale dans toutes leurs dimensions,
11:12 mais également la gendarmerie.
11:15 Nos forces de l'ordre sont extrêmement engagées, toujours extrêmement motivées
11:20 à obtenir évidemment des résultats.
11:24 C'est quand on a choisi de servir l'État,
11:27 qu'on soit au niveau des forces de l'ordre ou dans d'autres services de l'État,
11:31 eh bien on est sur le front en permanence.
11:34 Et je sais pouvoir compter sur cette mobilisation absolument exceptionnelle,
11:39 comme vous le soulignez, puisque depuis quelques années,
11:43 nous sommes face à une multiplication de crises, de gestion de crises, d'addition de crises,
11:49 mais la motivation est toujours intacte, je peux vous l'assurer.
11:52 - Merci beaucoup Josiane Chevalier d'être venue dans les studios de France Bleu Alsace ce matin,
11:55 d'avoir répondu aussi à nos questions. Bonne journée.