• il y a 8 mois
Depuis 48 heures, le départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel à Paris provoque une vive émotion. Ce proviseur quitte ses fonctions pour raisons de sécurité. Il était menacé de mort après une altercation il y a un mois et demi car il avait demandé à une élève d'enlever son voile. Ce départ est-il un échec pour l'école et pour l'État ? Écoutez les réponses de l'actuelle ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 28 mars 2024

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Transcription
00:00 - Je te promets.
00:01 - Julien Cellier, Vincent Derosier et Cyprien Signy.
00:04 - RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:06 - RTL bonsoir, 18h19, on accueille maintenant notre invité événement, c'est la ministre
00:12 de l'Education nationale.
00:13 Bonsoir Nicole Belloubet.
00:14 - Bonsoir monsieur.
00:15 - Nicole Belloubet, le départ du proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris provoque
00:19 une vive émotion.
00:20 Ce proviseur, on le rappelle, a quitté ses fonctions pour raison de sécurité.
00:24 Il était menacé de mort après une altercation il y a un mois et demi.
00:27 Il avait demandé à une élève d'enlever son voile.
00:29 Il a été reçu, ce chef d'établissement, par le Premier ministre hier.
00:33 Est-ce que ce départ, c'est une défaite, c'est un échec pour l'école, pour l'État,
00:39 est-ce que vous le considérez ainsi ?
00:40 - Je considère que c'est un événement extrêmement grave parce qu'au fond ce proviseur, lorsque
00:48 nous l'avons reçu hier avec le Premier ministre à Matignon, il l'a dit, il n'a fait que
00:53 son travail.
00:54 C'est-à-dire qu'il demandait à l'élève de respecter les lois de la République.
00:57 Or, dans un établissement, évidemment, ces lois de la République, c'est ce qui nous
01:00 permet de vivre ensemble.
01:02 Et donc, il a demandé ce respect-là.
01:05 Il n'a pas été écouté, et donc il n'a pas été respecté.
01:09 Ces lois n'ont pas été respectées par l'élève.
01:11 Ce qui s'en est suivi est évidemment inacceptable.
01:14 - Vous qui l'avez rencontré, il est dans quel état, ce proviseur, et est-ce qu'il
01:17 est sous protection policière ce soir ?
01:19 - Alors, si vous voulez, il a, dès que les événements se sont produits, on a, quand
01:24 je dis "on", c'est collectif, c'est-à-dire que je fais allusion aux forces de l'ordre,
01:28 aux pouvoirs judiciaires, je fais allusion aux services académiques, qui, en tout premier
01:32 lieu, ont dressé autour de ce proviseur un bouclier de protection.
01:37 Je crois que c'est notre rôle.
01:38 Nous devons vraiment protéger nos personnels.
01:40 Il y a, je me semble-t-il, l'État a un impératif, qui est celui, vraiment, de protéger ceux
01:46 qui font vivre la République, et parmi eux, les personnels de l'éducation nationale.
01:50 - C'est-à-dire qu'il est sous protection policière ?
01:51 - Il est absolument protégé.
01:53 Évidemment, il n'est pas sous protection policière au moment où nous parlons, mais
01:56 il a un accès direct à la police, avec des dispositifs que je n'ai pas ici à déployer,
02:02 et évidemment, il a la protection judiciaire, il est suivi en permanence.
02:07 - Alors, l'État, le rectorat, va porter plainte contre l'élève pour des dénonciations calomnieuses ?
02:11 - Absolument.
02:12 - Elle a accusé le chef d'établissement de violence.
02:14 Pourquoi cette plainte ?
02:15 - Le proviseur a lui-même porté plainte, évidemment, puisque lorsque les événements
02:20 se sont produits, il a été, comme je le disais tout à l'heure, accompagné par les
02:24 services qui lui ont demandé s'il acceptait de porter plainte, ce qu'il a fait, et il
02:29 est tout à fait normal que l'État vienne à l'appui de nos personnels, et c'est ce
02:34 que nous faisons là, en portant plainte pour dénonciations calomnieuses, c'est-à-dire
02:38 que nous considérons que cette étudiante, en accusant ce proviseur de l'avoir molesté,
02:46 d'avoir donné une gifle, a procédé à une dénonciation calomnieuse, nous portons plainte,
02:50 évidemment, qui montre qu'au fond l'État est aux côtés des proviseurs, c'est notre
02:55 rôle.
02:56 Nous voulons vraiment être près d'eux, et ce bouclier dont je parlais, qui est composé
03:00 de plusieurs mesures, est destiné à dire que nous ne laissons pas seuls nos personnels.
03:04 - Madame la ministre RTL a eu hier l'élève au téléphone, la jeune fille, elle a aussi
03:08 quitté l'école, elle arrête l'école, elle regrette la tournure des événements,
03:12 elle se dit, je cite, "désolée".
03:14 Quel regard vous portez sur ce début de méa culpa ?
03:16 - Je n'ai pas à avoir un regard sur ce début de méa culpa, moi je considère les faits
03:21 quels tels qu'ils se sont déroulés.
03:23 Si nous voulons vivre ensemble, il faut respecter des règles.
03:26 Dans un établissement scolaire, il y a des règles.
03:28 Ces règles sont celles, entre autres, du respect de la laïcité, il n'y a pas à juger
03:34 ceci ou cela, elles doivent être respectées, c'est tout.
03:37 - Cette jeune fille, elle nous a expliqué aussi, travaille aujourd'hui comme animatrice
03:40 dans une école maternelle, je précise que c'est une déclarative, est-ce que vous comprenez
03:44 que le fait qu'elle puisse travailler dans une école puisse interpeller ?
03:47 - Bien sûr, ça peut interpeller.
03:50 Juridiquement, il n'y a pas de raison de s'y opposer, mais du moins tant qu'elle ne commet
03:54 pas d'autres actes qui iraient à l'encontre des règles qui doivent être respectées dans
03:59 l'école.
04:00 Voilà ce que je peux dire là.
04:01 - Vous parlez de bouclier pour protéger les proviseurs.
04:05 Alors, ce monsieur a été menacé sur les réseaux sociaux, un homme sera d'ailleurs
04:08 jugé dans trois semaines.
04:09 On a la sensation quand même qu'il y a une forme d'impuissance, que l'État n'arrive
04:12 pas à protéger les enseignants face aux réseaux sociaux en tout cas.
04:17 - C'est une des difficultés, je ne le cache pas.
04:19 La diffusion d'informations malveillantes sur les réseaux sociaux est une véritable
04:24 difficulté.
04:25 Nous ne sommes pas sans moyens.
04:26 La plateforme Pharos nous permet d'agir immédiatement, de supprimer des messages haineux et donc
04:33 nous ne sommes pas sans moyens face à cela.
04:35 Les enquêtes qui sont menées par des services d'enquête spécialisés nous permettent également
04:40 de savoir et de retrouver assez rapidement quels sont les auteurs de ces messages.
04:44 Nous le voyons dans la situation actuelle sur les espaces numériques de travail.
04:48 Donc, je crois que nous ne sommes pas sans moyens.
04:50 Nous ne pouvons pas être, évidemment, précédés à la diffusion des messages.
04:54 En tout cas, c'est effectivement une difficulté mais nous ne sommes pas sans moyens et nous
04:57 les mettons tous en œuvre.
04:58 - Nicole Belloubet, il y a eu les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard.
05:02 On sait que les islamistes, aujourd'hui, ciblent notre école.
05:05 Comment y préserver la laïcité ? On sait qu'il y a environ 6 profs sur 10 qui s'auto-censurent
05:11 en classe.
05:12 Est-ce que nos profs aujourd'hui, et je pense notamment à des profs débutants, on avait
05:15 cette discussion hier avec Yanis Roder, spécialiste de la laïcité, prof d'histoire géo, qui
05:20 était à votre place, est-ce que les profs débutants, par exemple, aujourd'hui, sont
05:23 assez formés, sont assez préparés pour être en mesure de corriger, d'expliquer, de raisonner
05:28 un élève qui dérape en classe parce que ça arrive très régulièrement ?
05:31 - Alors, pardonnez-moi, la réponse devrait être un peu longue, donc je vais essayer
05:35 d'être claire.
05:36 Il y a trois moyens d'aider, d'accompagner, parce qu'aider n'est pas le mot, d'accompagner
05:41 nos professeurs dans leurs enseignements qui sont fondés sur la science.
05:45 C'est ça, au fond, ce que doit faire l'école.
05:47 Trois moyens de les aider.
05:49 La formation, vous le dites vous-même.
05:50 Nous déployons des actions de formation continue extrêmement importantes et nous allons,
05:56 dans quelques temps, rénover la formation initiale des enseignants en faisant valoir
06:00 plus encore que ça ne l'est les valeurs de la République.
06:02 Nous avons également, aux côtés de nos professeurs, et qui peuvent être disponibles à leur demande,
06:08 des cellules d'appui pédagogique ou des équipes académiques Valeurs de la République qu'ils
06:12 peuvent mobiliser, qu'ils peuvent les accompagner, éventuellement dans leurs cours, s'ils le
06:18 souhaitent, c'est évidemment libre, ou bien en tout cas à côté, qu'ils peuvent prendre
06:22 en charge une difficulté.
06:23 Je crois que tout cela est évidemment extrêmement important et bien sûr...
06:27 Quel conseil vous donneriez à un prof qui se retrouve face à un élève qui est en
06:32 train de déraper, qui tient un propos qui dépasse la ligne de la République, qui remet
06:37 en cause la laïcité, comment réagir à ce moment-là ?
06:39 Il me semble que soit l'enseignant dispose des moyens, soit scientifiques, soit des moyens
06:46 de prise en charge de la classe pour réagir immédiatement, soit il peut demander à ce
06:51 que ses équipes académiques Valeurs de la République viennent immédiatement, elles
06:55 sont disponibles très vite dans l'établissement pour traiter une situation difficile, j'entends
07:00 cette difficulté de nature pédagogique, il y a plusieurs leviers qui peuvent être
07:04 actionnés.
07:05 En tout cas, moi ce que je dis à nos enseignants, c'est ne restez pas seuls, vous n'êtes
07:08 pas seuls, nous sommes à vos côtés pour vous appuyer si vous en ressentez le besoin.
07:13 Et il ne faut pas, pardonnez-moi, je souhaite qu'il n'y ait pas d'autocensure.
07:18 Nos enseignants sont là pour diffuser ce que sont les programmes de la République,
07:23 ils ne doivent pas rester seuls, nous sommes en appui.
07:25 Et ce message, on imagine qu'il va être entendu parce que des dizaines et des dizaines
07:28 d'établissements ont été la cible de menaces d'attentats ces derniers jours, dans
07:31 plusieurs régions, vous vous rendrez je crois dans un lycée bordelais de Vingt.
07:34 Alors demain, je me rends effectivement dans un lycée de Bordeaux qui a subi, je dirais,
07:37 une double attaque, c'est-à-dire à la fois par les réseaux sociaux, par les espaces
07:40 numériques de travail où sont entrés les messages malveillants qui ont été diffusés
07:45 un peu partout sur le territoire, et puis par ailleurs il y a eu aujourd'hui des messages
07:52 via Gmail qui visaient des enseignants nommément.
07:55 Donc je souhaite vraiment être aux côtés de cet établissement.
07:57 Et justement un jeune de 17 ans a été interpellé près de Paris aujourd'hui.
08:00 Alors ces menaces, elles sont de quelle nature Nicole Belloubet ? C'est une mode stupide
08:05 et malveillante simplement ?
08:06 C'est ce que je souhaite.
08:07 C'est ce que je souhaite.
08:09 "Stupide" est un mot faible.
08:10 C'est malveillant.
08:11 D'abord, le contenu des messages est plus que stupide, il est gravissime.
08:18 Donc moi je le dis ici, les personnes qui émettent de tels messages, évidemment seront
08:24 poursuivies et nous y veillerons, et elles seront sanctionnées.
08:27 La justice, je ne suis pas le pouvoir judiciaire qui est indépendant et c'est heureux, mais
08:32 la justice est sévère sur les fausses alertes à la bombe ou sur ce type de messages malveillants.
08:38 Donc vraiment je trouve qu'il se passe là des choses gravissimes que nous ne pouvons
08:42 pas laisser impunies.
08:43 Vous l'avez dit, ces menaces d'attentats sur nos lycées, sur nos collèges, elles
08:47 sont des ENT, les espaces numériques où les élèves travaillent.
08:51 Les parents et les élèves connaissent bien puisque c'est là où on voit les notes,
08:54 on voit les appréciations, les bulletins, etc.
08:56 Visiblement ces ENT ne sont pas assez sécurisés aujourd'hui.
08:59 Les espaces numériques de travail qui effectivement sont des lieux d'échange extrêmement importants,
09:07 les actes malveillants qui ont été commis, c'est par des piratages de comptes élèves.
09:11 Donc si vous voulez, dès que cela s'est produit, nous avons bloqué les comptes et
09:15 là, en lien avec les régions et les départements, et j'ai parlé tout à l'heure avec Carole
09:21 Delga, la présidente de l'association des régions de France, et Joret-François Sauvadet
09:25 très vite, nous allons suspendre la messagerie dans les ENT parce qu'il faut, en tout cas
09:32 à titre préventif, arrêter ces élèves.
09:34 Ça veut dire que les élèves, dans les heures qui viennent, n'auront plus accès à la
09:38 messagerie de leur ENT ?
09:39 Absolument, pendant quelques temps, jusqu'aux vacances de printemps sans doute, pour que
09:42 nous puissions, le cas échéant, réinitialiser les comptes de nos élèves et sécuriser
09:49 davantage encore, ce sera peut-être à plus long terme, l'accès à la messagerie des
09:52 ENT.
09:53 Vous avez aussi peur que nos enfants soient exposés à des contenus violents parce qu'on
09:57 sait que dans ces menaces, et notamment à Paris, les messages étaient accompagnés
10:00 de violences ?
10:01 Absolument, il y avait des vidéos absolument terribles, et donc si vous voulez, on ne peut
10:05 pas laisser proliférer ce type de messages, de menaces, de vidéos, et c'est la raison
10:09 pour laquelle la suspension, en tout cas provisoire, de ces messageries me semble indispensable.
10:15 Merci beaucoup Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation Nationale.
10:17 Vous étiez ce soir notre invité événement dans RTL, bonsoir, l'émission qui continue
10:22 avec votre RTL Insight qui arrive.
10:25 RTL au Guyana ce soir, un tout petit pays d'Amérique du Sud, assis sur un gigantesque
10:30 tas d'or noir, un immense gisement qui vient d'être découvert, et soudainement, l'EEPI
10:35 attire toutes les convoitises.
10:36 La visoconférence d'Alex Vizorek également, quel est le menu Alex ?
10:40 Plein de trucs très drôles, mais rien sur vous madame.
10:42 Je ne vous cache pas, au nom de tous les humoristes, votre prédécesseuriste nous manque.
10:46 Castellas revient !
10:48 Je lui transmettrai !
10:49 Bonsoir !
10:50 A tout de suite !
10:52 - Julien Seynier, Vincent Derosier et Cyprien Signeault.

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