Sénégal : pas de résultats officiels mais Faye victorieux
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00:00 Il était en prison il y a quelques jours seulement. Il va accéder la fonction
00:03 suprême Basirou Dioumaïfa et remporte la présidentielle au Sénégal.
00:08 Alors ce n'est pas officiel,
00:09 mais Madouba a reconnu sa défaite, son principal rival,
00:14 et c'était le dernier obstacle.
00:15 Sarah Sakou, vous êtes notre correspondante à Dakar, bonjour à vous.
00:18 Le Sénégal est en train d'effectuer un virage à 180 degrés.
00:22 Le candidat anti-système l'a remporté dès le premier tour.
00:28 Exactement, Julien. Alors vous l'avez dit, les résultats officiels ne sont pas encore publiés.
00:33 Mais bon, depuis hier soir, les tendances publiées par les médias
00:38 donnent Basirou Dioumaïfa largement en tête.
00:40 Et c'est vrai qu'on attendait la réaction de son principal adversaire,
00:43 puisque je vous rappelle que dans la nuit, un communiqué du parti d'Amadouba,
00:49 de la coalition, disait non, il ne faut pas fêter trop vite,
00:53 puisque nous serons au deuxième tour.
00:55 C'est désormais de l'histoire ancienne.
00:58 Amadouba a donc appelé Basirou Dioumaïfa pour le féliciter,
01:02 nous a dit le porte-parole du gouvernement.
01:04 Et puis sa coalition s'est fendue d'un communiqué dans le même ton,
01:08 en reconnaissant, au vu des tendances et ce que dit le communiqué,
01:12 la victoire dès le premier tour de Basirou Dioumaïfa,
01:15 et Amadouba précise prier pour lui.
01:19 Alors oui, effectivement, c'est un virage à 180 degrés.
01:22 Vous le disiez, Basirou Dioumaïfa, il s'est toujours présenté
01:26 comme le candidat anti-système.
01:27 Vous savez qu'il est le compagnon de route d'Ousmane Sonko,
01:30 l'opposant qui, lui, n'a pas pu se présenter.
01:32 C'est donc Basirou Dioumaïfa qui portait les couleurs de leur coalition.
01:37 Alors, j'ai parlé à pas mal de monde ce matin.
01:39 Et vous savez qu'ici, les gens n'ont pas attendu la déclaration d'Amadouba
01:43 pour faire la fête. La nuit a été très courte à Dakar.
01:46 Les partisans de l'opposition ont été, à certains endroits de la ville,
01:50 littéralement ivres de joie. Je pense notamment à côté du domicile
01:54 d'Ousmane Sonko, vers la cité Kergorgi, pour ceux qui connaissent Dakar,
01:58 où il y avait carrément des feux d'artifice,
02:01 des gens qui dansaient dans la rue, qui bloquaient le passage des voitures.
02:04 Bref, c'était vraiment la fête.
02:06 Alors, les gens, ce matin, se disaient aussi,
02:08 et même ceux qui ne sont pas des militants de l'opposition,
02:11 particulièrement fiers de voir que le scrutin s'était déroulé dans le calme
02:16 et que finalement, il n'y avait pas de drame post-électoraux,
02:20 pas de tensions et que le modèle démocratique sénégalais,
02:23 malgré des aléas, malgré des crises politiques, tenait bon.
02:28 Donc, c'est vraiment un motif de fierté pour les gens.
02:30 Et puis, il y a bien sûr tous ceux qui espèrent beaucoup de changements.
02:34 Alors, il y a vraiment beaucoup d'attentes après cette élection.
02:40 Beaucoup d'espoir suscité par Bassirou Dioumaïfaye et son parti.
02:44 Les gens me le redisaient ce matin, au vœu de l'emploi des jeunes,
02:47 une meilleure répartition des ressources.
02:50 Enfin, ils ont vraiment l'impression qu'il va y avoir un changement radical,
02:53 un changement de système.
02:55 Et même dans les bureaux de vote dimanche, c'est ce que les gens voulaient,
02:58 un changement.
02:59 C'était vraiment le mot qui revenait, avec également toutes les priorités des Sénégalais.
03:04 Donc, voilà un peu pour l'état d'esprit des gens ce lundi
03:07 et pour l'ambiance ici à Dakar.
03:09 - Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur Bassirou Dioumaïfaye ?
03:11 C'est vrai qu'il n'était pas connu du grand public il y a encore quelques mois,
03:15 puisque Ousmane Sonko devait se présenter.
03:19 C'est qui ? C'est un jeune dirigeant, un panafricain de gauche.
03:23 Il promet une réappropriation de la souveraineté nationale.
03:26 Ça veut tout et rien dire.
03:27 - Oui, c'est exactement ça, Julien, en tout cas sur le papier.
03:33 Alors, un petit peu, quelques notes personnelles.
03:37 Bassirou Dioumaïfaye est donc un compagnon de longue date d'Ousmane Sonko.
03:41 Ils ont fondé ensemble le PASTEF.
03:43 Il a 44 ans, il paraîtrait même qu'il a 44 ans aujourd'hui,
03:47 puisqu'il serait né le 25 mars 80.
03:50 Imaginez un petit peu la coïncidence.
03:52 Il a fondé le PASTEF, je vous le disais.
03:54 Il est inspecteur des impôts, comme Ousmane Sonko.
03:56 Ils appartenaient donc à cette administration.
03:59 Et pour la petite histoire, au moment où Ahmad Ouba était le directeur des impôts,
04:04 donc c'était en fait son patron à l'époque,
04:07 donc compagnon de longue date au sein du PASTEF,
04:11 ils ont travaillé ensemble.
04:13 Et le slogan de campagne d'ailleurs, de Bassirou Dioumaïfaye, c'était
04:16 « Bassirou c'est Sonko, Sonko c'est Bassirou »
04:19 et les gens du parti les présentaient comme deux faces d'une même pièce.
04:23 Alors, panafricain, c'est certain.
04:25 Panafricain, oui, puisqu'ils revendiquent certaines...
04:29 La souveraineté nationale, c'est un de leurs thèmes.
04:32 Le patriotisme... Ils envisagent un virage économique
04:37 avec notamment la priorité, la préférence nationale, par exemple,
04:42 pour l'emploi dans les entreprises.
04:44 Voilà quelques-unes des thématiques propres à cette coalition
04:49 qui ont été portées ces dernières années par Ousmane Sonko,
04:52 mais dont Bassirou Dioumaïfaye était très proche
04:56 et ils ont rédigé ce programme ensemble.
05:00 Un dernier mot, Sarah, peut-être sur Macky Sall.
05:03 On en a beaucoup parlé, c'est lui, le président,
05:06 qui a reporté cette élection présidentielle.
05:10 Est-ce que cette élection de M. Fay, c'est un vote d'adhésion
05:15 plus qu'un rejet de Macky Sall ?
05:16 Comment est-ce que vous voyez les choses ?
05:18 C'est vraiment difficile à dire, parce qu'on entendait les deux.
05:23 Donc il y a tous ceux qui parlaient du changement, changement, changement,
05:26 et puis il y a ceux qui disaient ce qui s'est passé,
05:29 qui n'étaient pas forcément proches des idées de Bassirou Dioumaïfaye et de Sonko,
05:34 et qui disaient ce qui s'est passé ces derniers temps,
05:37 c'est inadmissible, qui était vraiment remonté,
05:39 pardonnez-moi l'expression, mais remonté contre Macky Sall
05:42 à cause de cette volonté d'avoir reporté le scrutin
05:48 initialement prévu le 25 février.
05:50 Donc oui, c'est évident qu'il y a du vote sanction dans ce qui s'est passé,
05:55 mais donc il y avait aussi beaucoup de jeunes, notamment,
05:59 qui étaient vraiment très...
06:02 En fait, cette campagne, elle a été vraiment polarisée.
06:04 C'était vraiment intéressant, il y avait d'un côté
06:06 ceux qui incarnaient la stabilité, la continuité avec plusieurs candidats,
06:10 pas que Hamadouba, qui était plus âgé, plus expérimenté,
06:13 et puis il y avait ceux qui incarnaient vraiment le côté anti-système,
06:17 en général des candidats jeunes, dont Bassirou Dioumaïfaye,
06:20 mais il y en avait quelques-uns d'autres,
06:22 et qui proposaient vraiment un changement un peu "radical".