• il y a 8 mois
Avec Philippe Hofman, Psychologue clinicien, auteur de « L'Impossible séparation entre les jeunes adultes et leurs parents » - Éditions Albin Michel et « Aimer à tout âge » - Éditions La Musardine.

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• ❤️ Brigitte Lahaie

##BRIGITTE_LAHAIE-2024-03-20##
Transcription
00:00:00 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:00:04 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio
00:00:08 et avec Philippe Hoffman, nous allons parler aujourd'hui des familles monoparentales.
00:00:13 C'est vrai qu'elles sont de plus en plus nombreuses et le plus souvent c'est une mère seule
00:00:17 mais il y a également de plus en plus de pères qui vont élever seuls leurs enfants.
00:00:22 Alors il faut bien reconnaître qu'on n'est pas trop de deux pour élever des enfants
00:00:25 et même l'aide des grands-parents est souvent la bienvenue.
00:00:30 Sauf que les grands-parents sont aussi de plus en plus éloignés.
00:00:34 Alors comment font ces familles monoparentales pour pallier les manques,
00:00:37 pour éviter les écueils du surmenage ?
00:00:40 Parce qu'évidemment quand on élève seul son ou ses enfants, on n'a pas le choix, il faut également travailler.
00:00:46 Donc ça fait beaucoup d'heures d'occupation si je puis dire.
00:00:51 Alors Philippe Hoffman connaît bien ce sujet et il va pouvoir nous donner quelques conseils
00:00:55 notamment si vous êtes dans ce cas de famille monoparentale, de parents monoparentales si je puis dire.
00:01:02 Enfin je ne sais pas, ce n'est pas très juste ce que je viens de dire.
00:01:05 Bref, des conseils, vous en voulez ?
00:01:08 Vous ne savez pas par exemple comment parler de l'autre parent à votre enfant ?
00:01:11 Eh bien je vous invite à venir témoigner et à poser vos questions.
00:01:14 Pour ça, vous connaissez notre numéro, c'est le 0 826 300 300.
00:01:19 Philippe Hoffman, bonjour !
00:01:22 Bonjour, bonjour Brigitte, bonjour à tous !
00:01:26 Merci d'être avec nous Philippe Hoffman.
00:01:28 Alors vous êtes également l'auteur de ce livre "L'impossible séparation entre les jeunes adultes et leurs parents".
00:01:34 C'était déjà il y a quelques années, c'était aux éditions Albain Michel.
00:01:37 Et tout ça c'est quand même des phénomènes très nouveaux.
00:01:41 Bien sûr, de plus en plus de gens élèvent seul leurs enfants,
00:01:45 mais c'est vraiment un phénomène de ce 21e siècle.
00:01:50 On voit aussi les enfants qui restent de plus en plus longtemps chez leurs parents.
00:01:55 Les grands-parents qui sont parfois un petit peu loin.
00:02:00 Tout ça c'est quand même compliqué, non ?
00:02:04 Oui, alors ce n'est pas nouveau l'histoire de la famille monoparentale.
00:02:09 C'est arrivé en fait avec la vague des divorces et des enfants qui sont nés hors mariage.
00:02:16 Et c'est arrivé en fait à la fin des années 70, tout s'est accéléré à ce moment-là.
00:02:23 Donc il y a un peu plus de 40 ans.
00:02:27 Mais les choses se sont détériorées au fil du temps,
00:02:31 puisque maintenant on a carrément 25% de ce qu'on appelle une famille.
00:02:37 Parce qu'une famille aujourd'hui ça peut être tout et n'importe quoi,
00:02:40 puisque ce n'est pas la définition traditionnelle de la famille.
00:02:44 En fait c'est ce que les gens appellent famille.
00:02:47 Il y en a toutes sortes, des recomposés, des monoparentales, des homosexuels,
00:02:52 des adoptés, des pax, du mariage traditionnel.
00:02:57 Il y a tout ce que vous voulez,
00:03:00 mais il y a 25% de ces familles qui sont des familles monoparentales.
00:03:06 Et sur ces 25%, il y a à peu près 90% dans ces familles
00:03:13 que ce sont des femmes qui s'occupent des enfants.
00:03:16 Donc ça c'est une donnée évidente, croissante, importante,
00:03:22 et qui est un peu difficile, et particulièrement pour les plus pauvres.
00:03:29 Parce qu'en fait, on n'est pas dans le cadre de ce dernier film
00:03:35 qu'il y avait eu, qui s'appelait "Tony",
00:03:38 sur une femme seule qui élevait quatre adolescents
00:03:42 et qui s'en sortait plutôt pas mal.
00:03:45 Là, quand on est dans ce cas de figure,
00:03:49 dans un milieu très précaire,
00:03:53 c'est vraiment très difficile.
00:03:56 Et les enfants ont des risques de développer,
00:04:00 des troubles du développement et des acquisitions.
00:04:04 - Oui, on sait d'ailleurs que le nombre de mères seules
00:04:08 qui élèvent des enfants et qui est au-dessous du seuil de pauvreté
00:04:11 ne cesse d'augmenter au fil des années.
00:04:14 Donc ça c'est quand même un vrai problème.
00:04:16 Ce qui se comprend très bien d'ailleurs,
00:04:18 parce que lorsqu'on habite à deux dans un appartement,
00:04:21 les charges sont divisées par deux.
00:04:23 Quand on habite seul, évidemment, il faut tout payer.
00:04:27 Et on sait très bien, avec l'augmentation notamment de l'énergie,
00:04:31 les prix flambent.
00:04:33 - Et d'ailleurs, il y a des statistiques récentes de 2020
00:04:40 qui disent qu'il y a, en gros, si vous voulez,
00:04:46 à peu près un tiers des enfants et des adolescents
00:04:50 qui vivent avec une mère seule,
00:04:52 qui sont sous le seuil de pauvreté
00:04:54 et qui souffrent de malnutrition, de froid,
00:04:57 de maladies physiques, psychiques,
00:05:01 à qui on ne soigne pas les dents.
00:05:04 Et donc il y a vraiment des difficultés.
00:05:08 Heureusement, il y a quand même beaucoup de services sociaux et d'aide qui existent.
00:05:12 Mais il y a un nombre tellement important
00:05:14 et tellement concentré parfois dans certaines villes
00:05:17 qu'on n'arrive pas à faire face.
00:05:19 - Alors évidemment, on ne va pas parler spécialement de ça
00:05:22 parce qu'on ne fait pas une émission politique.
00:05:24 Mais en même temps, on peut comprendre
00:05:27 lorsqu'il y a des difficultés sur le plan matériel
00:05:30 et donc sur une sécurité fondamentale,
00:05:32 puisqu'on sait très bien que c'est le premier besoin de l'humain,
00:05:36 ça crée forcément des difficultés psychologiques,
00:05:39 des carences affectives.
00:05:41 Et c'est évidemment là-dessus qu'on va nous plutôt
00:05:44 essayer de comprendre ce qui se passe.
00:05:46 - Et il n'y a pas que ça, Brigitte.
00:05:49 C'est-à-dire que ça, c'est un élément
00:05:51 qui est donné par tous les sociologues
00:05:54 et dès qu'on parle des familles monoparentales,
00:05:58 c'est l'élément de la précarité, etc.
00:06:00 Mais il n'y a pas que ça.
00:06:02 Il y a aussi l'impact de la séparation conjugale
00:06:08 chez les femmes qui élèvent seules leurs enfants.
00:06:12 Et ça, c'est une donnée un peu délicate,
00:06:15 qui est plus psy, on va dire,
00:06:17 mais qui peut donner aussi des troubles
00:06:21 à l'intérieur d'une famille.
00:06:23 S'il y en a une maman qui est dépressive
00:06:25 parce qu'elle s'est fait larguer
00:06:28 et qu'elle se retrouve seule avec deux ou trois enfants,
00:06:31 elle aura beaucoup de mal,
00:06:33 non seulement à élever ses enfants,
00:06:35 mais même à se relever de cette histoire.
00:06:37 Et même si elle a quelques diplômes,
00:06:40 elle aura beaucoup de mal même à retrouver un boulot,
00:06:43 à retrouver une assise.
00:06:45 - Est-ce qu'on connaît le pourcentage
00:06:47 de femmes qui élèvent seules leurs enfants
00:06:49 qui ont été quittées,
00:06:51 pour utiliser un terme un peu plus correct,
00:06:54 et le nombre de femmes qui ont choisi de partir ?
00:06:57 Parce que moi, j'entends beaucoup de femmes
00:06:59 qui partent avec des jeunes enfants.
00:07:01 - En fait, il y a des statistiques là-dessus, Brigitte.
00:07:07 C'est-à-dire qu'en fait,
00:07:09 ils se sont rendus compte qu'à peu près,
00:07:11 dans toutes les familles monoparentales,
00:07:13 il y a 15% seulement de femmes
00:07:16 qui choisissent leur séparation.
00:07:19 - Ah oui, c'est très peu, oui.
00:07:21 - C'est très peu, et la plupart de ces femmes-là,
00:07:24 c'est des femmes cultivées avec des diplômes
00:07:27 et des moyens et un soutien familial.
00:07:30 - D'accord.
00:07:31 - Donc, elles ont quand même ce qu'il faut.
00:07:34 - D'accord, et on imagine bien que dans les 85%,
00:07:38 donc, qui sont larguées,
00:07:40 pour reprendre votre expression,
00:07:42 le père, donc, souvent, ne va pas payer la pension.
00:07:47 Enfin, il va y avoir des difficultés financières
00:07:50 du fait que, justement, il y a une rupture
00:07:52 qui n'est pas correcte.
00:07:55 - Oui, même si le père paye un petit peu de pension,
00:07:59 de toute façon, c'est très difficile à vivre.
00:08:03 C'est très difficile à vivre parce que,
00:08:05 comme vous le dites, non seulement il y a l'histoire
00:08:08 du standing et des charges financières, etc.,
00:08:11 qui n'est plus du tout répartie,
00:08:13 mais aussi, il y a le fait qu'il y a un déséquilibre
00:08:16 parce que les pères, quand même,
00:08:18 ça implique un minima quand même dans les familles.
00:08:21 Et là, il n'y a plus de pères.
00:08:23 Ils sont partis.
00:08:25 Alors, quand je dis larguées, c'est un peu trash ce que je dis,
00:08:28 mais c'est comme ça que les femmes
00:08:31 les plus... qui sont souvent désespérées
00:08:34 ressentent leur séparation.
00:08:37 Elles ont l'impression d'avoir été lâchées, jetées.
00:08:42 - Mais comment vous expliquez que certaines de ces femmes,
00:08:45 pas toutes, évidemment, vont avoir... vont recommencer,
00:08:48 c'est-à-dire qu'elles ont déjà un enfant
00:08:50 avec un père qui est parti,
00:08:52 et elles refont un deuxième enfant avec un autre homme
00:08:55 qui, lui aussi, va partir.
00:08:57 Là, il y a quand même quelque chose qui est à comprendre, non ?
00:09:00 - Oui, alors là, c'est encore autre chose,
00:09:04 mais c'est important.
00:09:05 C'est tous les phénomènes de répétition.
00:09:07 Alors, dans votre émission, vous parlez très souvent de ça,
00:09:10 puisque les gens se mettent eux-mêmes
00:09:13 dans des phénomènes de répétition
00:09:15 où ils se font du mal, quoi.
00:09:17 Et c'est vrai qu'il y a très souvent
00:09:21 des gens qui n'ont pas résolu les problèmes affectifs qu'ils ont,
00:09:26 des carences, des traumatismes qu'ils ont vécus
00:09:29 ou qui vivent encore.
00:09:31 Et comme les femmes battues, par exemple,
00:09:34 qui se retrouvent malheureusement des compagnons
00:09:37 qui leur retapent dessus aussi.
00:09:40 C'est tout à fait illogique pour le commun des mortels.
00:09:44 Mais dans l'histoire de ces femmes-là,
00:09:48 il y a quelque chose qui fait qu'il faut, en fait, souffrir
00:09:56 pour vivre une vie qui a du sens
00:10:01 et reproduire les histoires de séparation,
00:10:06 parce que très souvent, on a vécu des séparations
00:10:09 pendant l'enfance et l'adolescence
00:10:11 qui ont été très douloureuses et des traumatismes.
00:10:13 Et comme de toute façon, personne d'entre nous
00:10:15 n'est très à l'aise avec les histoires de séparation,
00:10:17 eh bien là, dans ce cas-là, c'est caricatural.
00:10:21 Et donc, qu'est-ce qu'on fait ?
00:10:23 Inconsciemment, on choisit des hommes,
00:10:26 si c'est le cas de femmes qui choisissent des hommes,
00:10:28 pour recomposer une famille, mais on se fait avoir
00:10:32 et on choisit toujours un peu les mêmes, voire pire.
00:10:35 - Bon, alors je ne sais pas si on va voir ce genre de témoignage.
00:10:39 En tout cas, on a pour l'instant Philippe qui est avec nous
00:10:41 et qui a été éduqué par sa mère seule
00:10:44 et qui a priori est également séparé
00:10:48 et a envie de parler de la manière dont aussi,
00:10:53 en tant que père seul, il élève sa fille.
00:10:55 On fait une petite pause.
00:10:56 Philippe Hoffmann, je vous invite à nous rejoindre.
00:10:58 Quoi que vous ayez envie de dire,
00:11:00 vous nous appelez au 0826 300 300.
00:11:03 A tout de suite.
00:11:04 14h16, Brigitte Laëssu de radio.
00:11:08 - Alors c'est quand même incroyable,
00:11:10 parce que Philippe, c'est un prénom qui signifie
00:11:14 les amis des chevaux.
00:11:16 Alors hier, il y avait Philippe Brenot,
00:11:18 aujourd'hui Philippe Hoffmann.
00:11:20 Et maintenant, c'est Philippe qui est avec nous.
00:11:22 Bonjour Philippe.
00:11:23 - Bonjour Brigitte. Bonjour Philippe.
00:11:25 - C'est vraiment un très joli prénom.
00:11:27 - Bonjour. Très bon.
00:11:29 Oui, j'aime bien les chevaux aussi.
00:11:31 C'est vrai qu'il y a un bel animal.
00:11:32 Oui, c'est un bel animal.
00:11:34 - Vous savez que symboliquement,
00:11:36 il représente nos pulsions.
00:11:38 Nos pulsions les plus...
00:11:40 Eh oui, eh oui, eh oui.
00:11:41 Bon, enfin voilà.
00:11:43 Donc Philippe, vous êtes avec Philippe Hoffmann.
00:11:47 Et vous avez donc été éduqué par votre mère
00:11:50 qui était seule, mais qui semble-t-il n'était pas
00:11:53 en dessous du seuil de pauvreté,
00:11:55 d'après ce que vous avez l'air de vouloir dire.
00:11:58 - Non, non, ça fonctionnait bien.
00:12:02 Financièrement, ça marchait.
00:12:04 Elle était toute seule avec ses deux gamins.
00:12:06 Le père était absent.
00:12:08 Elle disait toujours, il est parti acheter des cigarettes,
00:12:10 il n'est pas revenu.
00:12:12 - C'était vrai ou pas ?
00:12:14 - Non, en fait, c'est elle qui l'avait quitté.
00:12:16 Donc elle n'était pas tout à fait honnête.
00:12:18 Mais il n'est quand même jamais revenu.
00:12:22 - Oui, oui, oui.
00:12:24 - Donc ça a été rude.
00:12:26 - Oui, oui, oui, c'est rude parce qu'il faut
00:12:29 qu'elle accepte ce choc.
00:12:31 - Comment elle vous en parlait, de votre père, justement ?
00:12:36 - Elle n'en parlait peu.
00:12:39 En fait, elle n'en parlait peu.
00:12:41 Nous, on le connaissait parce que c'est un père
00:12:44 qui nous a quand même reconnus.
00:12:46 Donc en fait, il ne lâche pas tout à fait l'affaire.
00:12:48 Il reconnaît un peu, puis de temps en temps,
00:12:50 il apparaît, mais il disparaît.
00:12:52 Et il disparaît plus souvent qu'il apparaît, bien sûr.
00:12:54 Donc en fait, on n'est pas totalement abandonné.
00:12:56 Ce qui ne serait pas mieux, ça c'est sûr.
00:12:58 On sait qu'on a un géniteur,
00:13:00 parce qu'à un moment, le mot de père, il n'a plus de sens.
00:13:02 Et le gars, il vient, il repart,
00:13:05 et en fait, il ne se passe rien.
00:13:07 Le lien ne se crée jamais.
00:13:09 Et du coup, elle ne parlait très peu de lui.
00:13:11 Elle a eu une vie quand même qui a été dure
00:13:13 parce qu'elle a eu des maladies, tout ça.
00:13:15 Mais donc du coup, elle bossait, elle a été malade,
00:13:17 et puis elle a eu baissé les gamins.
00:13:19 C'est quand même des vies dures, une vie de privation,
00:13:21 j'ai trouvé, pour elle, et de sacrifices pour ses gosses.
00:13:24 Surtout quand on a peur de mourir, du coup,
00:13:27 et qu'on a le risque de laisser ses deux gamins
00:13:31 sur le carreau, tout seul, avec plus de parents.
00:13:33 Donc du coup, je trouve qu'elle a eu une vie dure.
00:13:36 Je trouve que le mot de sacrifice, Philippe Hoffman,
00:13:39 convient bien à ces mères, justement,
00:13:41 qui vont passer à côté un peu de leur vie personnelle,
00:13:45 parce qu'il faut qu'elles travaillent, qu'elles élèvent leurs enfants.
00:13:48 Qu'est-ce que vous diriez, Philippe Hoffman ?
00:13:50 Oui, moi je pense qu'effectivement,
00:13:54 il y a un certain nombre de femmes qui sont dans un processus sacrificiel,
00:14:00 parce que leurs enfants comptent plus que tout,
00:14:04 et elles sont prêtes à tout sacrifier pour eux.
00:14:08 Et donc c'est aussi ce qui fait qu'on a un attachement profond,
00:14:13 très souvent, à la mère.
00:14:16 Et même si, dans la réalité, avec cet élan-là,
00:14:23 ces mamans-là, elles ne peuvent pas tout assumer.
00:14:26 Par moments, elles ont des coups de blouse,
00:14:28 par moments, comme le dit Philippe,
00:14:30 elles peuvent être malades,
00:14:32 et même avoir des maladies assez graves.
00:14:35 Elles peuvent craquer,
00:14:37 elles ne sont pas toujours au taquet.
00:14:41 Mais l'idée de fond est là.
00:14:45 C'est-à-dire que je ferai tout pour que mes enfants
00:14:49 puissent se développer, s'épanouir,
00:14:52 et avoir une vie comme les autres.
00:14:55 Et donc c'est vraiment un bel hommage aux mamans,
00:15:02 mais en même temps, il ne faut pas leur souhaiter ça.
00:15:05 - Non, non. Alors vous, vous êtes père aujourd'hui, Philippe.
00:15:08 - Oui. J'ai une jeune adulte, je ne sais pas, 18 ans,
00:15:13 un peu plus de 18 ans, donc je ne sais pas, jeune adulte, jeune ado,
00:15:17 vieille ado, je ne sais pas.
00:15:19 Voilà, entre les deux, le bonheur.
00:15:22 - D'accord. Et vous vous êtes séparé avec sa mère,
00:15:25 donc si j'ai bien compris. - Oui.
00:15:27 - Elle avait quel âge ?
00:15:29 - Elle avait 7 ans, à peu près.
00:15:33 - Et vous avez fait quoi ? Vous avez fait une garde alternée ?
00:15:37 - Oui, garde alternée depuis le départ.
00:15:40 Donc ça, c'était...
00:15:42 Bon alors déjà, ces séparations, c'est triste.
00:15:46 Sans parler de l'adulte qui fait son choix, quand même un choix très égoïste,
00:15:49 je trouve, avec le recul.
00:15:51 Je pense que pour l'enfant, il doit quand même y avoir des cas particuliers
00:15:55 où c'est bénéfique pour le gamin.
00:15:57 Je pense que dans l'ensemble, ce n'est pas bénéfique pour l'enfant.
00:16:00 Je pense que c'est un truc, on le reprend toujours dans les dents
00:16:04 tout au long de la vie, la séparation.
00:16:06 En tout cas, moi, ma fille, ça a été douloureux, elle l'a mal vécu.
00:16:10 Moi, j'ai voulu assumer mon rôle de père et j'ai envie de dire
00:16:13 plutôt rencontrer ma fille.
00:16:14 Ça, c'était chouette.
00:16:16 C'est que peut-être que je ne l'aurais pas rencontré
00:16:18 si j'étais resté en couple.
00:16:20 Je l'ai rencontré.
00:16:21 Donc ça, c'était vraiment...
00:16:23 Et j'ai assumé mon rôle de père.
00:16:25 Donc ça, c'était...
00:16:26 - Oui, ce que j'entends souvent dans les gardes alternées,
00:16:30 ce que disent les adultes,
00:16:32 c'est qu'à la fois, le plaisir d'avoir son enfant à soi
00:16:38 et de pouvoir, comme vous le dites joliment, le rencontrer,
00:16:41 et en même temps, avoir aussi du temps à soi sans les enfants.
00:16:45 - Oui.
00:16:46 Par contre, on s'y fait très vite.
00:16:48 Au début, on est triste.
00:16:49 Et puis alors après, la semaine où ils ne sont pas là,
00:16:51 c'est top, où on bosse librement,
00:16:54 où on a une semaine qui est un peu plus pour eux
00:16:57 et une semaine où on a un peu plus pour nous.
00:17:00 Mais c'est quand même très égoïste, tout ça.
00:17:02 Je pense que le gros point négatif quand même
00:17:04 dans ces gardes alternées, et j'en parlais récemment,
00:17:06 c'est le nid qui n'est qu'un demi-nid.
00:17:10 L'enfant, il n'a pas de nid.
00:17:12 Et ça, ça laisse des traces.
00:17:15 Quoi qu'on en dise, l'enfant, il n'a pas un nid où se poser,
00:17:18 venir toujours au même endroit.
00:17:20 Il est une semaine dans un nid, une semaine dans un autre nid.
00:17:23 Et pour mon expérience personnelle,
00:17:27 je pense que ça n'a pas été bon pour ma fille.
00:17:30 - Alors, Philippe, ce que vous dites est très important.
00:17:32 Et Philippe Hoffmann, évidemment, va réagir dans un instant.
00:17:35 C'est lui le spécialiste.
00:17:36 Mais en effet, on sait, plus les enfants sont jeunes,
00:17:39 plus cette histoire de nid peut être problématique.
00:17:43 En tout cas, merci de votre témoignage.
00:17:45 On fait une petite pause.
00:17:46 Philippe Hoffmann, vous réagirez à tout ce qu'a dit Philippe
00:17:49 avec votre compétence de psychologue-clinicien.
00:17:54 On se retrouve dans un instant.
00:17:55 - Philippe Hoffmann est avec nous.
00:18:02 Nous parlons des familles monoparentales,
00:18:05 c'est-à-dire d'un seul parent qui élève son enfant.
00:18:08 On a entendu le témoignage de Philippe.
00:18:10 Je suis sûre que vous avez beaucoup de choses à ajouter.
00:18:12 Philippe Hoffmann.
00:18:13 - La première chose que je voudrais ajouter,
00:18:17 c'est que les hommes dans les familles monoparentales
00:18:22 s'en sortent quand même un peu mieux que les femmes.
00:18:24 Parce que souvent, ils ont plus de moyens financiers.
00:18:29 Et puis, ils rebondissent peut-être un peu plus vite.
00:18:31 Et ils recomposent une famille aussi plus rapidement
00:18:36 pour la plupart d'entre eux.
00:18:39 La moyenne de vie d'une famille monoparentale, c'est 5 ans.
00:18:47 À part pour les gens, comme je le disais,
00:18:50 qui sont dans la précarité, les mères qui sont dans la précarité.
00:18:53 Et là, ça peut durer 10 ans ou plus.
00:18:55 - C'est-à-dire qu'ils restent célibataires,
00:19:00 si je puis dire, avec leurs enfants,
00:19:03 pendant 5 ans en moyenne, c'est ça ?
00:19:05 - Oui, en moyenne, c'est ça.
00:19:07 Donc, 5 ans au moins.
00:19:09 Et puis après, ils recomposent une famille
00:19:11 avec souvent des enfants de lits différents.
00:19:15 - Avec d'autres problèmes dont on a souvent parlé dans ces relations.
00:19:18 - Voilà. Il y a toujours des soucis.
00:19:20 Mais bon, ce que je voudrais signaler tout de suite,
00:19:24 parce que quand Philippe dit "ma fille a souffert de ça,
00:19:29 elle n'a pas eu de vie stable",
00:19:32 je suis d'accord avec lui.
00:19:34 Mais en même temps, le lien familial,
00:19:40 comme je le disais au début, il a complètement changé.
00:19:44 Il y a une précarité de ce lien.
00:19:47 Aujourd'hui, la plupart des enfants dans les pays modernes
00:19:52 vont devoir s'adapter à cette précarité.
00:19:56 C'est pas sûr que leurs parents vont rester ensemble toute leur vie.
00:20:00 D'ailleurs, il y en a de moins en moins,
00:20:02 dans les familles traditionnelles qui restent unies.
00:20:05 On arrive à 50 %,
00:20:08 on est encore à 50 % en ville,
00:20:11 et puis 66 % dans d'autres régions, selon les régions en France.
00:20:16 Donc, c'est toujours un petit peu la majorité,
00:20:20 mais il reste quand même une grande majorité de familles
00:20:25 qui ont été recomposées, décomposées, monoparentales, etc.
00:20:29 Et donc, les enfants sont bien contraints, malheureusement,
00:20:33 de s'adapter.
00:20:35 Alors, c'est sûr qu'on a tous ce fantasme d'une famille idéale,
00:20:38 stable, qui ne bougerait pas, structurée,
00:20:41 avec des parents qui s'aiment, qui sont attentionnés.
00:20:45 Mais ça, c'est une illusion un petit peu
00:20:49 qui date de l'image des finales des années 50-60.
00:20:53 Mais c'est fini.
00:20:55 C'est fini depuis fort longtemps.
00:20:57 Et donc, on ne peut pas dire ça aux enfants.
00:21:00 Oui, bien sûr, mais est-ce que, parce que c'est important peut-être
00:21:03 de le dire à ceux qui nous écoutent,
00:21:05 est-ce qu'il y a un âge qui est plus facile ?
00:21:08 Est-ce qu'il faut essayer de rester quand même ensemble,
00:21:10 par exemple, dans les deux premières années de l'enfant ?
00:21:12 Enfin, qu'est-ce que vous diriez-vous, Philippe Hoffmann ?
00:21:15 Alors, ce qu'il y a de sûr, c'est qu'on ne peut pas donner de conseils comme ça,
00:21:21 mais ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il y a beaucoup de séparations conjugales
00:21:25 de plus en plus précoces, c'est-à-dire qu'il y a des gens,
00:21:28 ils font un enfant, ils ont un désir d'enfant,
00:21:30 et dès que la femme est enceinte, le conjoint, souvent l'homme, s'en bat.
00:21:37 Plein de raisons, parce qu'il a peur d'être père,
00:21:41 parce qu'il perd sa place d'enfant auprès de sa femme, enfin, etc.
00:21:45 Mais ce qu'il y a, c'est qu'il y en a de plus en plus de séparations conjugales.
00:21:51 Et donc, ça pose vraiment un souci à la société.
00:21:55 Bien sûr que nous, on préfère que les couples restent stables
00:22:00 au moins les premières années de la vie.
00:22:03 On va dire les trois premières années au moins.
00:22:06 Et que ça, c'est important, et que les deux parents s'impliquent dans…
00:22:11 Oui, c'est ce que j'entends souvent, c'est-à-dire que les trois premières années,
00:22:15 un enfant changé sans arrêt de domicile, c'est très perturbant, c'est très déstabilisant.
00:22:23 Oui, très déstabilisant.
00:22:26 Et même d'ailleurs, quand il y a séparation conjugale,
00:22:29 on conseille que, par exemple, ce soit la mère qui garde le petit,
00:22:33 et que le père le prenne occasionnellement,
00:22:36 ou carrément le voit dans la maison de la mère.
00:22:39 Mais qu'il y ait ses repères,
00:22:42 parce que l'enfant a besoin d'un cadre, de repères, de fiabilité.
00:22:46 Alors ce que j'ai parfois… Excusez-moi, je vous coupe Philippe Hoffmann,
00:22:49 mais c'est parce que c'est toutes les questions qui me viennent
00:22:51 et qui certainement intéressent les auditeurs.
00:22:53 On dit, certains disent que l'idéal, ce serait que l'enfant reste dans le même appartement,
00:22:59 et que ce soit les parents qui changent d'appartement.
00:23:03 Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
00:23:05 Ce qui me paraît assez compliqué, sur le plan financier en tout cas.
00:23:10 Non, mais même, il ne faut pas donner tout ce pouvoir aux enfants.
00:23:13 C'est sûr que les enfants sont victimes de la séparation conjugale.
00:23:17 Ah, intéressant votre réponse.
00:23:19 Mais donner tout ce pouvoir aux enfants, qu'ils vont décider
00:23:22 où ils vont vivre, avec qui ils vont vivre, etc.
00:23:26 C'est vraiment les considérer comme des petits adultes.
00:23:29 Alors, il faut les respecter, il faut essayer d'apaiser leur souffrance,
00:23:33 mais il faut toujours les laisser à leur place d'enfants et d'adolescents.
00:23:37 Ils ne peuvent absolument pas décider de la vie des adultes,
00:23:40 même si la vie des adultes est tordue.
00:23:43 D'accord.
00:23:45 Bon, je crois qu'on a déjà bien répondu à certaines questions.
00:23:50 On va continuer évidemment tout au long de ce Deux Heures, grâce à vos témoignages,
00:23:54 et notamment grâce aux témoignages d'Isabelle.
00:23:56 Bonjour Isabelle.
00:23:58 Bonjour Philippe.
00:24:00 Bonjour.
00:24:02 Alors, racontez-nous, vous en êtes où vous ?
00:24:06 Eh bien, moi, j'ai divorcé il y a 9 ans.
00:24:09 Mes enfants avaient... L'aîné avait 19 ans, et la plus jeune avait 12 ans.
00:24:15 Et je pensais que ce serait plus simple, puisqu'elles étaient grandes.
00:24:21 Et au final, c'est l'aîné qui l'a très très mal vécu.
00:24:25 Donc, je pense que quel que soit l'âge des enfants,
00:24:28 même si c'est nécessaire et que c'est parce qu'elles m'ont fait prendre conscience
00:24:32 que c'était plus possible de vivre comme ça,
00:24:37 et qu'il fallait absolument que je parte.
00:24:40 Et même si vraiment, c'était mieux pour tout le monde,
00:24:43 eh bien, elles l'ont très très mal vécu.
00:24:46 Et pour ce qui concerne les repères, elles ont sept ans d'écart,
00:24:50 donc elles étaient assez éloignées l'une de l'autre.
00:24:52 Et à partir du moment où on a divorcé, elles se sont soudées,
00:24:56 et en fait, elles faisaient référence l'une à l'autre.
00:24:59 Elles étaient la référence l'une de l'autre, en fait.
00:25:02 Donc, elles étaient leur propre stabilité.
00:25:05 Donc, elles étaient vraiment tout le temps ensemble,
00:25:08 et elles se sont mutuellement protégées, vraiment.
00:25:11 Par contre, on avait adopté une garde alternée complètement...
00:25:14 Enfin, un peu atypique.
00:25:16 On leur avait demandé ce qu'elles voulaient, quels étaient leurs besoins principaux.
00:25:20 La petite avait demandé à rester dans le même quartier,
00:25:23 et les maîtres en ont chiché un peu parce qu'elle avait sa voiture,
00:25:26 mais la petite avait demandé quand même à ce qu'on reste dans le quartier
00:25:29 pour pas qu'elle change de collège, pour qu'elle reste autour de ses copines.
00:25:32 Et c'est ce que j'ai fait, moi.
00:25:33 Après, leur père est parti vivre un peu plus loin,
00:25:36 mais moi, je suis toujours dans le même quartier.
00:25:39 Et on faisait 15 jours, 15 jours.
00:25:41 Parce qu'elles étaient ados, elles avaient demandé ça.
00:25:44 - Et qu'est-ce que disait votre fille aînée de 19 ans ?
00:25:48 Elle vous en voulait à tous les deux ?
00:25:51 Elle avait pris position ?
00:25:53 - À moi, parce que c'est moi qui suis sortie.
00:25:55 Oui, à moi.
00:25:56 Parce qu'après, même s'il fallait le faire, c'était nécessaire.
00:26:00 Il y avait une souffrance familiale qui était importante.
00:26:04 Elle nous en a voulu parce qu'elle avait 19 ans,
00:26:10 il lui restait quelques années à rester à la maison.
00:26:12 C'était sa chambre, c'était sa maison, c'était notre foyer.
00:26:15 C'était bien, en fait, on était bien.
00:26:18 Après, c'est un peu la soeur du changement.
00:26:20 - Oui, et puis c'est un peu l'égoïsme des ados, Isabelle.
00:26:24 - Oui, mais non, je ne me dis pas ça.
00:26:27 C'est juste qu'après, on parlait de précarité.
00:26:29 Tout à l'heure, vous disiez qu'effectivement,
00:26:31 il y a beaucoup de femmes qui sont en situation précaire après le divorce.
00:26:35 C'est ce qui s'est passé pour moi.
00:26:37 Je n'ai pas pu avoir un logement avec trois chambres.
00:26:40 Donc, elles se sont retrouvées...
00:26:43 J'ai eu un logement avec deux chambres.
00:26:45 Elles ne voulaient pas partager la même chambre.
00:26:48 Donc, l'aînée avait choisi...
00:26:49 Moi, je voulais dormir dans le salon et leur laisser des chambres.
00:26:51 L'aînée n'a jamais voulu.
00:26:53 Donc, ça a été un peu compliqué.
00:26:55 Puis, on ne s'est pas senti bien dans les logements.
00:26:57 C'était des appartements.
00:26:59 On n'avait jamais vécu en appartement.
00:27:01 Donc, ça a été très, très long pour retrouver des marques
00:27:04 et retrouver une stabilité.
00:27:06 Donc, on a eu des petits appartements
00:27:08 où l'aînée dormait dans le salon.
00:27:11 Il a fallu tout recadrer, mettre des règles,
00:27:13 parce que c'était difficile.
00:27:15 Mais au final, on s'est vraiment soudées toutes les trois.
00:27:18 Et moi, j'ai vu beaucoup de choses, de jolies choses.
00:27:23 C'est intéressant, votre témoignage,
00:27:25 parce qu'on voit bien la difficulté que vous rencontrez
00:27:27 au moment de la séparation.
00:27:29 Et comment vous avez-vous réussi,
00:27:31 parce que vous étiez sans doute suffisamment stable
00:27:34 à l'intérieur de vous-même,
00:27:36 pour que tout ça se règle ?
00:27:38 Ce n'est pas toujours le cas, Philippe Hoffmann.
00:27:40 Non, mais là, Isabelle,
00:27:44 vous avez réussi, effectivement,
00:27:47 à trouver un équilibre
00:27:50 alors que vous étiez complètement déséquilibrée.
00:27:53 Et puis, il faut saluer un peu
00:27:55 la posture de votre fille aînée,
00:27:59 qui vous a dit, non, non, il n'est pas question
00:28:01 que tu n'aies pas de chambre.
00:28:03 Moi, je préfère dormir dans le salon,
00:28:05 parce que je n'ai pas trop envie de dormir avec ma petite sœur.
00:28:07 Bon, mais c'est plutôt…
00:28:11 Et du coup, vous vous êtes retrouvées toutes les trois très soudées,
00:28:14 parce que vous dites que vos deux filles sont soudées,
00:28:16 mais j'ai l'impression que vous aussi,
00:28:17 vous êtes bien soudées à vos filles.
00:28:19 Bon, c'est souvent le cas,
00:28:20 les mères et les filles sont très très proches,
00:28:22 mais là, c'est encore plus.
00:28:24 Et donc, de toute façon,
00:28:29 c'est bien ce que je disais tout à l'heure,
00:28:31 le problème de la séparation,
00:28:32 il n'est jamais vraiment facile,
00:28:35 même si c'est un fait de société
00:28:37 qui est de plus en plus répandu.
00:28:39 Ce n'est pas pour autant que les enfants
00:28:41 ou les adolescents le digèrent,
00:28:43 parce que pour n'importe quel enfant
00:28:47 ou n'importe quel jeune,
00:28:49 l'idée que la famille éclate,
00:28:53 que les références ne soient plus là,
00:28:57 c'est très douloureux.
00:28:59 Et presque, on peut comprendre d'ailleurs
00:29:01 la réaction de votre fille aînée,
00:29:03 parce qu'elle s'était habituée à ce cadre-là.
00:29:07 Et à la limite, même si vous vous engueuliez
00:29:09 un petit peu avec votre mari,
00:29:12 elle tolérait ça,
00:29:13 parce qu'elle avait tout son confort,
00:29:16 ses amis, son établissement scolaire, etc.
00:29:20 Et elle avait sa maison,
00:29:24 et elle a tout perdu.
00:29:26 Donc c'est vrai que quand on perd sa maison,
00:29:29 c'est-à-dire son territoire,
00:29:31 qu'on doit s'adapter à autre chose
00:29:33 et que du fait d'une séparation,
00:29:37 on est un peu furieux,
00:29:38 on est un peu en colère,
00:29:39 et il y a de quoi !
00:29:41 En règle générale,
00:29:43 ça ne dure pas des années non plus.
00:29:46 Oui, c'est normal, c'est tout à fait normal.
00:29:49 Ça fait une rupture,
00:29:50 après ça remet tout en question.
00:29:53 Et puis, je travaillais à temps partiel,
00:29:56 donc pour se reloger,
00:29:58 il fallait gagner trois fois le montant du loyer,
00:30:00 c'était impossible.
00:30:01 Donc au début, j'ai vraiment eu peur,
00:30:04 les agences m'ont raccroché au nez.
00:30:06 C'était difficile.
00:30:08 Et c'est parce que ma fille aînée
00:30:09 a pris un contrat étudiant en CDI
00:30:12 pendant ses études,
00:30:13 que j'ai pu l'ajouter sur le bail
00:30:15 et qu'on a pu reprendre une vie plus sereine.
00:30:19 Mais franchement, ça a été difficile.
00:30:23 Après, même si on s'est soudés,
00:30:27 même si on s'est rapprochés,
00:30:28 ça a été compliqué.
00:30:30 J'avais deux ados à la maison,
00:30:32 mon ex-mari a refait sa vie assez vite,
00:30:35 et du coup, c'était notre environnement
00:30:39 avec d'autres enfants,
00:30:40 avec une autre femme à la maison,
00:30:43 et puis des incompatibilités aussi certaines.
00:30:48 Et ça, ça a été très difficile.
00:30:51 Ça, ça a été très difficile.
00:30:52 Parce que quand elle rentrait chez moi,
00:30:53 moi j'ai vécu seule tout le temps,
00:30:55 enfin je suis toujours célibataire,
00:30:57 mais elle s'est déchargée sur moi.
00:30:59 Parce que, après, j'accueillais, je recevais,
00:31:01 mais il y a eu des moments,
00:31:02 ça a été très très dur.
00:31:04 - Votre témoignage montre bien,
00:31:08 à la fois, vous n'aviez pas le choix,
00:31:11 il fallait partir,
00:31:12 mais le prix de la liberté est parfois cher payé,
00:31:17 aussi bien sur le plan matériel
00:31:18 que sur le plan psychique.
00:31:20 Et c'est ça que je trouve intéressant
00:31:23 dans l'émission qu'on fait aujourd'hui,
00:31:24 parce que je pense qu'on va entendre,
00:31:26 de toute façon, tous les revers,
00:31:28 si je puis dire,
00:31:29 de ces séparations avec des enfants.
00:31:32 Quand il n'y a pas d'enfants,
00:31:34 finalement, Philippe Hoffmann,
00:31:35 la séparation, elle est forcément toujours aussi difficile.
00:31:39 C'est toujours un échec de se séparer.
00:31:41 Mais il n'y a pas toutes ces difficultés.
00:31:47 - On reste en couple parental jusqu'à la fin, en fait.
00:31:50 - Bien sûr, bien sûr, évidemment.
00:31:52 Il faudrait, en tout cas.
00:31:54 - Il faut s'entendre, après.
00:31:56 Il faut s'entendre sur tout,
00:32:00 il y a l'amertume, moi je suis partie.
00:32:02 Il a mis du temps à l'accepter, à le digérer.
00:32:07 Ça a été dur.
00:32:09 Et vous savez toujours, aujourd'hui, on ne se parle plus.
00:32:11 Enfin, il ne parle plus du tout.
00:32:13 Mais ça, j'ai cru, moi, qu'il allait se rapprocher de ses enfants
00:32:17 et qu'on allait former un couple parental
00:32:19 beaucoup plus serein.
00:32:20 Mais c'était utopique.
00:32:23 - Vous savez, il faut être deux adultes
00:32:26 pour arriver à communiquer intelligemment
00:32:28 après une séparation.
00:32:30 Et ce n'est pas toujours le cas.
00:32:32 Merci en tout cas.
00:32:33 Merci beaucoup Isabelle de votre témoignage.
00:32:35 - Je vous en prie.
00:32:36 - On va faire une petite pause.
00:32:38 On continue avec Sonia,
00:32:40 qui va à son tour témoigner Philippe Hoffman.
00:32:42 - Philippe Hoffman est avec nous.
00:32:54 Vous êtes psychologue clinicien.
00:32:56 On évoque les familles monoparentales.
00:32:58 Si vous-même, vous avez été élevé dans une famille monoparentale,
00:33:02 vous êtes adulte aujourd'hui,
00:33:04 merci de témoigner pour nous dire, justement,
00:33:07 ce qui a été difficile pour vous,
00:33:09 comment vous vous êtes adapté.
00:33:11 En tout cas, pour l'instant, c'est Sonia qui est avec nous.
00:33:13 Je ne sais pas, vous avez entendu le témoignage d'Isabelle.
00:33:15 Sonia ?
00:33:16 - Bonjour Brigitte.
00:33:18 Bonjour Philippe.
00:33:19 J'ai écouté la fin.
00:33:21 - Oui ?
00:33:22 - Où je me retrouvais un peu dans la même situation.
00:33:25 - J'imaginais, oui.
00:33:26 - Oui, oui.
00:33:28 Donc, allez-y, racontez-nous ce que vous avez envie de dire.
00:33:30 - Alors, moi, je me suis séparée du père de mes enfants il y a 7 ans.
00:33:37 Aujourd'hui, mon fils a 22 ans et ma fille a 16 ans.
00:33:41 Ça a été une période très difficile,
00:33:43 parce qu'on s'est séparés en été.
00:33:46 Donc, il fallait que je trouve un autre logement
00:33:49 et que je scolarise aussi mes enfants.
00:33:55 Donc, pendant un mois, j'ai dû habiter chez mes sœurs.
00:33:59 Donc, on était deux familles dans la même maison.
00:34:02 Et ensuite, j'ai trouvé la ville où je voulais habiter.
00:34:06 J'ai pu trouver un logement, donc un F2 pour trois personnes.
00:34:11 J'étais petite, donc pareil, mon fils dormait dans le salon.
00:34:15 C'était sa chambre, en fait.
00:34:17 C'était sa chambre, le lieu de vie.
00:34:19 C'était compliqué.
00:34:21 Lui, il a très mal vécu cette séparation
00:34:24 parce qu'on habitait en pavillon.
00:34:26 On était, entre guillemets, « heureux ».
00:34:28 Donc, il ne comprenait pas que j'ai pu demander le divorce.
00:34:33 Et ça a été très, très difficile.
00:34:35 Il s'est renfermé, en fait.
00:34:37 Les premières années, il était en difficulté
00:34:41 parce qu'il ne savait plus qui il était,
00:34:44 ce qu'il voulait dans la vie.
00:34:46 J'avais très peur pour lui.
00:34:48 Il a arrêté ses études.
00:34:50 Maintenant, ça va beaucoup mieux.
00:34:52 Ça lui a permis aussi de faire un point sur lui.
00:34:55 Il a lu beaucoup de livres sur la psychologie,
00:34:58 pour apprendre, en fait, pour savoir qui il est vraiment
00:35:02 et ce qu'il recherche dans la vie.
00:35:04 Donc, ça, c'est le point positif dans tout ça.
00:35:07 Financièrement, c'était très difficile aussi.
00:35:10 Maintenant, il est parti de la maison.
00:35:14 Il n'y a plus que ma fille et moi.
00:35:16 Mais voilà, c'était plusieurs années difficiles.
00:35:20 Il avait 15 ans, si je calcule bien, quand vous partez.
00:35:24 On le voit, Philippe Hoffmann, finalement,
00:35:27 on a toujours l'impression que c'est plus difficile
00:35:29 pour les tout-petits.
00:35:30 Mais on voit bien, la fille d'Isabelle avait 19 ans.
00:35:33 Le fils de Sonia avait 15 ans.
00:35:35 Et c'est des âges où on est déjà en pleine perturbation
00:35:39 d'adolescence, si je puis dire.
00:35:41 Et en plus, quand tout d'un coup, il faut changer de vie,
00:35:44 c'est compliqué.
00:35:48 On est dans la deuxième période de l'adolescence,
00:35:50 c'est-à-dire la période existentielle,
00:35:53 la période où on se pose la question sur l'avenir,
00:35:56 sur le fait de devenir un homme, une femme,
00:35:59 qu'est-ce qu'on va faire de soi, de sa vie, etc.
00:36:03 Et donc, s'il y a ce moment-là où on se pose des questions
00:36:06 comme ça, sur une notion très incertaine
00:36:10 qu'est l'avenir et la formation,
00:36:14 le devenir d'être un homme ou une femme,
00:36:18 et qu'à ce moment-là, il y a justement
00:36:20 une séparation conjugale, ça vient des parents,
00:36:23 ça vient complètement déstabiliser
00:36:25 tout le questionnement interne des jeunes.
00:36:29 Et ils sont perdus.
00:36:32 Et là, à ce moment-là, ils peuvent vraiment tomber de haut
00:36:36 parce qu'ils sont déjà très inquiets, très incertains,
00:36:39 ils ne savent pas trop vers quoi ils vont aller.
00:36:42 Et donc, comme l'a très bien expliqué d'ailleurs Sonia,
00:36:45 il faut du temps après pour refaire un travail sur soi,
00:36:50 pour comprendre le sens de la vie,
00:36:52 et pour accepter que dans le fond,
00:36:54 on va construire sa vie à soi,
00:36:56 et que même si les parents sont séparés,
00:36:59 il va falloir qu'on se débrouille avec ça.
00:37:01 Et donc, contrairement à ce qu'on pourrait croire,
00:37:05 plus on avance en âge, dans l'adolescence,
00:37:09 plus on a besoin de références aussi stables
00:37:13 par rapport aux parents,
00:37:15 même si par exemple c'est des parents séparés depuis un moment,
00:37:18 s'ils ont un discours cohérent et stable,
00:37:20 ça rassure le jeune par rapport à ses engagements futurs.
00:37:24 Mais si c'est à ce moment-là que tout s'effondre,
00:37:27 alors là, c'est plus compliqué.
00:37:29 Mais alors, Philippe Hoffmann, on entend,
00:37:31 vous l'aviez dit tout à l'heure,
00:37:32 50% des familles se séparent.
00:37:36 Ces enfants qui voient le couple parental
00:37:40 qui n'arrive pas à s'aimer toute sa vie,
00:37:43 ça explique un petit peu quand même
00:37:46 pourquoi il y a autant de jeunes aujourd'hui
00:37:48 qui ne croient plus trop au mariage,
00:37:50 à l'engagement, à tout ça, non ?
00:37:53 Bien sûr, tout à fait.
00:37:57 Déjà, l'avenir dans tous les domaines est extrêmement incertain.
00:38:03 Donc l'histoire du prince charmant et de l'engagement éternel,
00:38:09 on y croit de moins en moins.
00:38:11 Il a du plomb dans l'aile.
00:38:12 Et même les jeunes.
00:38:13 Oui, on peut l'imaginer.
00:38:16 Sonia, qu'est-ce que, aujourd'hui, je suppose,
00:38:20 c'est vous qui aviez choisi le divorce ou c'était votre compagnon ?
00:38:23 C'était moi et le père de mes enfants.
00:38:26 Ce qu'il a fait, c'est qu'il a...
00:38:28 En fait, je lui avais fait envoyer un courrier par l'avocat
00:38:32 parce qu'à chaque fois que je lui parlais de divorce,
00:38:34 donc il refusait.
00:38:37 Et donc je suis passée à l'acte,
00:38:40 je suis allée voir une avocate qui lui a envoyé un courrier.
00:38:43 Et il a pris ce courrier, il l'a montré à mon fils,
00:38:46 il lui a dit "regarde ce que ta mère, elle nous fait".
00:38:48 Et je pense que ça, ça a joué aussi...
00:38:51 C'est violent.
00:38:54 Surtout que votre fils, c'était pas du tout au courant.
00:38:58 Non, il était pas du tout au courant, non, non.
00:39:01 De votre désir de séparation ?
00:39:03 Non, non, pas du tout.
00:39:05 Et je pense que ça, ça a joué aussi sur son mal-être et tout le reste.
00:39:10 Alors ça, Philippe Hoffmann, on va le dire,
00:39:12 mais je pense que c'est tellement évident.
00:39:14 Attention, généralement, l'idéal, c'est que les deux parents
00:39:17 parlent ensemble aux enfants de la séparation, dans un premier temps.
00:39:22 Oui.
00:39:23 Oui, mais en même temps, Brigitte, vous le savez,
00:39:26 il n'y a pas de séparation sans violence.
00:39:29 Donc c'est quelque chose qui, malheureusement, est humain.
00:39:36 Et donc, dans toutes les séparations,
00:39:39 et Dieu sait que j'en ai vu en consultation,
00:39:42 et bien, en suivi thérapeutique, c'est vraiment...
00:39:47 Il y a des horreurs qui se font de la part de l'un ou de l'autre,
00:39:53 que ce soit les femmes ou les hommes d'ailleurs.
00:39:55 Et on utilise très souvent les enfants comme un enjeu de cette séparation.
00:39:59 On les manipule, on fait en sorte que s'il y a une famille recomposée de l'autre côté,
00:40:05 ils bousillent le couple nouveau.
00:40:07 Enfin, on s'en sert comme des armes contre l'autre,
00:40:16 parce qu'on est complètement impuissants
00:40:18 et on se sert de ce qu'il y a de plus précieux pour l'autre
00:40:23 et qu'il reste pour la vie, c'est-à-dire le lien filial.
00:40:27 Et c'est sordide, bien sûr.
00:40:30 Et puis il y a des enfants, vous avez raison Sonia,
00:40:33 il y a des ados ou des enfants qui sont pescutés par ça.
00:40:37 Ils étaient tranquilles dans leur petite vie adolescente
00:40:40 avec leurs petits soucis, leurs petits problèmes existentiels,
00:40:45 et puis d'un seul coup, bang !
00:40:48 Le problème des parents leur tombe dessus
00:40:51 et ils n'ont pas envie de s'en mêler,
00:40:53 mais les parents sont là,
00:40:55 "Oui, ton père est un salaud, ta mère est ceci, etc."
00:40:59 Et d'un seul coup, ils sont percutés et ils tombent vraiment de haut.
00:41:07 Donc c'est sordide.
00:41:10 Heureusement que les juges aux affaires familiales sont là pour calmer le jeu
00:41:16 et les médiateurs aussi,
00:41:19 mais il y a toujours eu une période très difficile.
00:41:23 Oui, après on en a parlé avec mon fils,
00:41:27 et aujourd'hui il comprend, il me dit
00:41:30 "Effectivement, vous étiez très différent l'un et l'autre,
00:41:33 et je comprends que ça n'ait pas fonctionné."
00:41:36 Mais il y a eu quand même ce traumatisme.
00:41:39 Ce qui est bien, c'est que votre fils a su faire un travail
00:41:45 pour nettoyer ses blessures affectives.
00:41:49 Finalement, c'est peut-être ce qu'on pourrait dire,
00:41:52 quand un ado ne va pas bien,
00:41:55 il faut peut-être ne pas hésiter à aller le faire parler à quelqu'un comme vous,
00:42:01 Philippe Hoffmann, parce que finalement,
00:42:03 les mots servent à calmer la douleur.
00:42:09 D'ailleurs, je pourrais vous donner quelques astuces,
00:42:14 quelques petites, pour pallier tous ces manques,
00:42:18 tous ces écueils et tous ces effets que ressentent les enfants.
00:42:23 Par exemple, souvent je pense qu'il faut voir un peu
00:42:28 ce qui existe comme lien élargi, comme lien familial.
00:42:33 Alors ça peut être les grands-parents, mais ça peut être aussi les oncles, les tantes,
00:42:36 et puis aussi les amis.
00:42:39 Si on a des liens amicaux, alors même quand il y a séparation,
00:42:42 souvent les liens amicaux, ils sont mis à mal,
00:42:46 mais pouvoir confier les enfants dans différents lieux,
00:42:52 dans d'autres milieux où c'est peut-être plus tranquille,
00:42:57 où c'est plus structuré, où je ne sais quoi,
00:42:59 et où il n'y a pas cette tension, cette violence,
00:43:02 surtout au début de la séparation.
00:43:03 Ça c'est quelque chose qui est important, il ne faut pas rester en vase clos.
00:43:07 Oui, ça c'est important ce que vous dites évidemment.
00:43:10 Merci beaucoup Sonia.
00:43:11 Philippe Hoffman, on se retrouve après les infos.
00:43:14 Je vous donne une petite devinette,
00:43:16 quel est le point commun entre la mort et la connerie ?
00:43:20 Je vous laisse le temps des infos pour le trouver.
00:43:22 Et bien sûr, je vous invite à nous rejoindre 0826 300 300.
00:43:26 A tout de suite.
00:43:27 14h16, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:43:30 Philippe Hoffman est avec nous, psychologue clinicien.
00:43:34 On parle aujourd'hui des familles monoparentales,
00:43:37 donc ces hommes, ces femmes qui élèvent seuls leurs enfants,
00:43:41 après la plupart du temps, une séparation.
00:43:44 On l'a vu dans cette première heure,
00:43:45 une séparation qui évidemment est toujours compliquée, difficile,
00:43:49 et qui laisse des traces, aussi bien pour le parent que pour les enfants.
00:43:54 On va continuer à évoquer tout ça avec Annick,
00:43:57 qui nous a rejoints dans un moment.
00:43:59 Et puis, si vous-même, vous avez été enfant dans une famille monoparentale
00:44:05 et que vous avez envie de dire comment vous avez souffert
00:44:08 et comment vous avez rebondi,
00:44:10 on vous invite évidemment à nous rejoindre 0826 300 300.
00:44:14 Philippe Hoffman, quel est le point commun entre la mort et la connerie ?
00:44:20 Je crois que ni l'un ni l'autre ne se rend compte de son état.
00:44:25 Bravo, c'est tout à fait ça dans les deux cas.
00:44:27 Ce n'est pas le mort ou le con qui souffre,
00:44:30 mais c'est ceux qui sont à côté qui souffrent.
00:44:33 Eh oui, eh oui, eh oui.
00:44:35 C'est voilà.
00:44:36 Bravo.
00:44:37 Bravo.
00:44:38 Annick, bonjour.
00:44:40 Bonjour Brigitte, bonjour M. Hoffman.
00:44:43 Merci de témoigner Annick.
00:44:46 Je vous en prie, allez-y.
00:44:47 Merci de me donner la parole.
00:44:48 Du coup, moi j'ai été amenée à vivre sur une courte période,
00:44:53 en fait une situation de séparation avec mon mari et notre fils au milieu,
00:45:00 qui avait à l'époque 13 ans au collège.
00:45:05 Et donc, je me suis longtemps questionnée sur si c'était préférable de faire cette couture
00:45:17 ou de se garder dans une situation où la tension était palpable en permanence,
00:45:22 voire les réactions verbalement violentes, etc.
00:45:26 Donc pour un enfant et pour s'épanouir, ce n'est pas idéal.
00:45:29 Donc c'est moi qui avais pris la décision de partir et de m'installer ailleurs.
00:45:34 C'est intéressant Annick, je rebondis sur ce que vous venez de dire,
00:45:37 parce qu'on l'a entendu tout au long de l'émission
00:45:40 et je pense que c'est vraiment important aussi que Philippe Hoffman réagisse.
00:45:43 En fait, il y a un moment donné, on sent que le couple ne fonctionne plus,
00:45:48 mais pour l'enfant, on n'arrive pas à partir tout de suite.
00:45:53 C'est un peu ça que vous dites ?
00:45:54 Combien de temps ça dure ? Qu'est-ce qui se passe ?
00:45:57 On tergiverse ? On pèse le pour et le contre ?
00:46:00 Qu'est-ce que vous diriez ?
00:46:01 C'est moi que vous parlez ou c'est monsieur Hoffman ?
00:46:06 Non, non, non, c'est vous d'abord et puis après...
00:46:08 Ah, pardon, pardon !
00:46:09 Oui, c'est ça, on tergiverse et on se dit qu'on veut protéger
00:46:15 et en même temps, il y a toujours ce lendemain
00:46:19 où on tourne en rond dans un phénomène pas du tout constructif.
00:46:27 À un moment donné, il fallait que je prenne la décision de couper court à tout ça.
00:46:31 Et en fait, il avait vu aussi des petits pour accompagner,
00:46:37 même s'il était conscient de la situation,
00:46:39 l'enfant, ce n'est pas un truc à lui faire subir.
00:46:41 Donc, c'était à un moment donné reprendre les règnes.
00:46:45 Et même, mais avec cette non-envie de couper quand même la famille,
00:46:53 mais le besoin de se faire cette pause d'aération.
00:46:57 Combien de temps ça a duré ? Combien de temps ? Combien d'années ?
00:47:02 On a toujours gardé le lien.
00:47:05 Alors, ça a duré six mois en fait,
00:47:07 parce que derrière, il y a quand même eu une bonne volonté de ne pas me mettre en porte à faux,
00:47:12 d'essayer de reconnaître ses fautes de la part aussi de mon mari.
00:47:17 Donc, on a fait des ramasses géo-rapeutiques, quoi qu'il nous a aidés.
00:47:21 Mais moi, je pensais que j'allais vers le divorce
00:47:23 et qu'on allait mettre en place quelque chose de dur,
00:47:25 que ça allait me libérer.
00:47:27 Mais en même temps, justement, quand vous avez amené ce sujet,
00:47:34 moi ce que j'ai trouvé compliqué, c'est finalement, chacun en tant que parent seul,
00:47:39 trouver sa place auprès de l'enfant qui va profiter.
00:47:41 Moi, il profitait de ma, peut-être, gentillesse pour aller plus vers des jeux, etc.
00:47:49 parce qu'il a l'âge.
00:47:51 Et c'était difficile d'avoir l'autorité en fait, de garder cette autorité dans ce contexte.
00:47:57 - Oui, oui, ce que vous dites, moi je l'entends plus du côté des pères d'ailleurs.
00:48:01 J'entends des pères qui, alors c'est plutôt la mère qui témoigne dans l'émission,
00:48:07 mais j'entends des pères qui se sentent un peu coupables d'être partis
00:48:11 parce qu'ils ont rencontré une autre femme,
00:48:13 qui vont tout pardonner à leurs enfants et qui finalement vont être un petit peu laxistes.
00:48:17 Philippe Hoffmann, qu'est-ce que vous diriez ?
00:48:20 - Oui, alors, souvent quand il y a des séparations conjugales,
00:48:24 il y a aussi de la culpabilité des deux côtés.
00:48:29 Et en particulier, ça se joue beaucoup avec les enfants.
00:48:32 Et les enfants aussi, jeunes ou moins jeunes d'ailleurs,
00:48:36 ils essayent de se débrouiller avec tout ça et ils jouent aussi avec cette culpabilité.
00:48:41 Des fois, ils manipulent l'un et l'autre pour obtenir des objets, des choses, des libertés, etc.
00:48:48 Et on arrive, comme ils vous connaissent très bien,
00:48:52 ils arrivent plus à manipuler l'un que l'autre.
00:48:55 Et dans les familles monoparentales, pour en revenir à elle,
00:48:58 c'est la maman qui doit tout assumer,
00:49:00 même des fois dans les familles dites traditionnelles,
00:49:04 c'est souvent la mère qui a surtout au niveau de l'éducation.
00:49:09 Eh bien, du coup, c'est plus compliqué.
00:49:15 Enfin, on peut rouler dans la farine de sa mère,
00:49:18 mais on ne peut pas tout obtenir parce qu'elle est chargée de l'éducation,
00:49:22 elle est aussi chargée des limites, du permis, du défendu, du suivi scolaire,
00:49:28 de tout un tas de choses.
00:49:29 Alors que les pères, pour certains, pensent que ce qu'il faut,
00:49:34 c'est passer du bon temps avec leurs enfants, avoir des loisirs, etc.
00:49:37 Ce qui n'est pas mal, mais ce n'est pas suffisant.
00:49:39 Et de toute façon, quand l'enfant grandit,
00:49:41 il a besoin aussi de savoir vraiment qui est son père en tant que père responsable
00:49:49 et il n'a pas uniquement besoin de partager du bon temps avec lui.
00:49:54 Donc, c'est bien de partager du bon temps avec ses enfants,
00:49:57 mais il ne faut pas que ce soit d'ailleurs à sens unique,
00:49:59 et qu'il faut aussi que les femmes puissent le faire,
00:50:02 et qu'elles ne fassent pas que les tâches quotidiennes et sous ce qui est pénible.
00:50:07 Donc, moi, je trouve que dans la question qui disait Brigitte
00:50:13 sur combien de temps la tension peut durer, et Brigitte a raison,
00:50:18 c'est-à-dire qu'on a toujours ce fantasme en tant que parents
00:50:22 qu'on va tenir le coup le temps que les enfants grandissent.
00:50:27 Il y a une chose aussi, c'est que pendant que les enfants grandissent, nous on vieillit.
00:50:32 Oui, oui, et puis...
00:50:35 Et après, c'est compliqué de refaire sa vie, de s'occuper même de soi.
00:50:41 Et donc, là, on est vraiment dans une conduite de sacrifice.
00:50:47 C'est pas mal de se faire aussi.
00:50:49 Donc, il ne s'agit pas d'être égoïste, mais il s'agit quand même aussi de s'occuper un peu de soi.
00:50:55 Et d'ailleurs, les enfants vont mieux quand on s'occupe bien de soi.
00:50:59 Quand les parents s'occupent mieux de soi.
00:51:02 Voilà une parole rassurante pour ceux qui sont en train d'hésiter à se séparer.
00:51:07 Annick, je vous laisse réagir, allez-y.
00:51:09 Oui, merci, merci.
00:51:11 C'est vrai que c'est beaucoup de questions que je me suis posées en ce sens.
00:51:14 Moi, j'aurais envie de dire oui à tous ces couples qui sont en phase de...
00:51:21 En phase de déchirement ou de difficulté.
00:51:24 C'est vrai que souvent créés par l'arrivée d'un enfant qui va tout un peu chambouler le rythme.
00:51:28 Et puis, en tant que femme, comme vous disiez, sa position par rapport au reste.
00:51:32 Moi, j'ai personnellement à arrêter de travailler depuis.
00:51:35 J'essaie de trouver mon rôle dans tout ça, garder l'équilibre.
00:51:40 Mais en fait, c'est vrai, il faudrait pouvoir se donner ce temps-là de pause.
00:51:45 Ne serait-ce que... Mais ce n'est pas permis à tout le monde non plus.
00:51:49 Mais c'est aussi revaloriser, de prendre la distance dans le couple et avec l'enfant.
00:51:55 De toucher du doigt ce que ça veut dire d'être séparé aussi.
00:51:58 D'avoir son enfant pas tout le temps avec soi.
00:52:01 Et de comprendre aussi ce qui est important pour nous, ce que l'on peut changer.
00:52:05 Moi, c'est ce que ça m'a fait réaliser.
00:52:07 C'est un peu idyllique.
00:52:09 Plus d'un m'ont dit "Mais Annick, tu ne devrais pas retourner."
00:52:14 Et depuis, je crois qu'on a réussi à réadapter les choses et rééquilibrer.
00:52:20 Et moi, ça m'a énormément apporté.
00:52:23 C'est vrai que j'ai tendance à prôner quand même ce côté garder la famille.
00:52:29 Mais c'est vrai qu'il faut pouvoir aussi identifier là où on est en déséquilibre.
00:52:34 Soi-même, maman, papa, dans la relation.
00:52:37 Visiblement, oui, vous avez posé un ultimatum qui a fait réagir votre compagnon.
00:52:43 Et vous avez eu la chance qu'il ait réagi dans le bon sens.
00:52:46 Et aujourd'hui, j'ai bien compris que vous êtes encore ensemble.
00:52:49 C'est chouette aussi votre témoignage.
00:52:52 Parce que vous avez osé tirer une sonnette d'alarme.
00:52:56 Il a entendu.
00:52:59 C'est chouette.
00:53:01 Mais c'est vrai que c'est un sujet vraiment important.
00:53:07 Et pour contribuer à la bonne réalisation de chacun de nos enfants.
00:53:12 Quelque soit ce qu'ils vivent avec leurs deux parents ou leurs parents séparés.
00:53:17 C'est aujourd'hui quelque chose qui...
00:53:22 Oui, mais il n'y a pas de recette miracle. Visiblement, quand on écoute tout ce que vous avez à nous raconter.
00:53:28 Il n'y a pas de recette miracle.
00:53:30 Merci beaucoup, Annick. On fait une petite pause.
00:53:32 Je vous en prie. Merci à vous.
00:53:34 Philippe Hoffman, on se retrouve dans un instant.
00:53:37 Et on continue bien sûr avec vous au 0826 300 300. A tout de suite.
00:53:42 14h16, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:53:46 Nous sommes aujourd'hui avec Philippe Hoffman.
00:53:49 On parle des familles monoparentales.
00:53:52 On a entendu beaucoup de témoignages.
00:53:54 J'ai quand même l'impression que toutes, tous vont un peu dans le même sens.
00:53:59 C'est loin d'être facile.
00:54:02 Et c'est évidemment compliqué et pour les parents et pour les enfants.
00:54:06 Mais ça, on s'en serait un peu douté.
00:54:08 Séverine est avec nous maintenant. Bonjour Séverine. Merci d'être avec nous.
00:54:12 Bonjour Brigitte. Bonjour Philippe.
00:54:15 Bonjour. Je ne vais pas déroger à la règle.
00:54:19 C'est difficile pour tout le monde et surtout pour les enfants.
00:54:23 Moi, j'ai un fils de 9 ans.
00:54:26 Je me suis séparée quand il avait 4 ans.
00:54:30 Donc avec un divorce.
00:54:33 Et c'est très dur.
00:54:36 Donc moi, je fais suivre maintenant mon enfant.
00:54:39 Depuis toujours, en fait.
00:54:41 Je le fais suivre par un psychothérapeute.
00:54:44 Parce qu'il est entre autres dans un conflit parental assez rude.
00:54:50 Et puis, je ne suis pas du tout aidée du côté du père.
00:54:55 Parce que c'est toute ma faute, évidemment.
00:54:58 Et puis, en fait, il me dénigre moi.
00:55:01 Il dénigre ma famille. Voilà.
00:55:04 Donc, quand il a son fils, vous êtes une mauvaise mère.
00:55:10 Une mauvaise femme.
00:55:12 Oui, voilà. Et puis, il l'utilise, effectivement.
00:55:15 C'est vraiment une utilisation.
00:55:18 En plus, Philippe Hoffman, de 4 ans à 9 ans,
00:55:21 c'est des âges où on est très, très perméable à tout ça, j'imagine.
00:55:27 Oui, mais il n'y a pas d'âge idéal.
00:55:31 Vous l'avez vu, même les grands ados, ils sont touchés par ça.
00:55:35 C'est sûr que si vous vous étiez séparés il y a 5 ans,
00:55:41 votre fils était en pleine période d'hypnose.
00:55:45 Il était en pleine période où justement,
00:55:48 il était en train, dans son psychisme, si vous voulez,
00:55:53 d'équilibrer les choses entre son papa et sa maman,
00:55:57 avec des jeux de séduction, etc.
00:56:00 Et donc, quand on vient briser ça,
00:56:03 c'est pareil, c'est un moment de développement
00:56:05 que reconnaissent tous les enfants sur Terre.
00:56:08 Et quand on vient briser ça, parce qu'il y a une séparation dans la réalité,
00:56:12 l'enfant n'a plus accès à son imaginaire,
00:56:14 il ne peut plus se fabriquer des scénarios en disant
00:56:17 « voilà, je vais épouser maman, je vais tuer papa,
00:56:20 puis après non, je ne le tuerai quand même pas,
00:56:22 ça va être mon copain, alors on va faire semblant,
00:56:24 on va jouer aux cow-boys et je pourrai le tuer à ce moment-là. »
00:56:29 Il y a tout un tas de scénarios, de jeux, d'imaginaires
00:56:33 qui permettent de passer cette étape qui est importante
00:56:35 pour l'évolution de l'enfant
00:56:37 et qui permet après, par la suite,
00:56:39 de se faire une bonne image de la figure parentale
00:56:46 et de partir dans la vie avec une image solide des parents,
00:56:52 même s'un jour les parents se séparent, au moins on aura eu ça.
00:56:56 Mais quand à cette période-là de la vie,
00:56:59 on est complètement bousculé par la réalité
00:57:02 et par une vraie séparation,
00:57:04 c'est très dur parce que l'enfant n'arrive plus
00:57:08 véritablement à faire la part de ses rêves,
00:57:11 de ses rêveries et de la réalité
00:57:13 et il en souffre beaucoup.
00:57:16 Et en plus de ça, comme ils sont tout petits,
00:57:18 ils sont très manipulables.
00:57:20 Donc s'ils ont une maman qui leur dit
00:57:23 « je t'aime, t'es mignon, t'es formidable,
00:57:26 mais bon, on ne s'entendait plus avec papa,
00:57:28 on s'est séparés, et que de l'autre côté,
00:57:30 il y a un papa qui dit « oui, ta mère,
00:57:32 elle fait n'importe quoi, elle aurait dû rester,
00:57:36 je ne comprends pas, c'est de sa faute »,
00:57:39 c'est sûr que l'enfant ne comprend rien.
00:57:42 Il ne va pas aller forcément du côté du père ou de la mère,
00:57:45 mais il ne comprend plus, il est perdu.
00:57:48 Et quand un enfant de ce stade-là est perdu...
00:57:50 - Allez-y, c'est bon, Inouï.
00:57:52 - Non, non, c'est très marrant.
00:57:54 Enfin, c'est marrant, non, ce n'est pas marrant,
00:57:56 mais vous voyez, je viens juste de comprendre
00:57:58 avec ce que vous dites, comme quoi ça le casse
00:58:00 un peu dans son imaginaire, c'est que mon fils,
00:58:02 il n'a jamais vraiment joué avec tout ce qui est
00:58:06 Playmobil, personnages, vous voyez,
00:58:09 avec tout ce qui est... il n'a jamais vraiment
00:58:12 développé son imaginaire avec des jeux comme nous.
00:58:15 Moi, je pouvais trouver Barbie,
00:58:17 il m'inventait plein d'histoires,
00:58:19 lui, il n'a jamais fait ça, en fait.
00:58:21 - Oui, c'est...
00:58:22 - Je viens juste de comprendre que peut-être
00:58:24 que ça a joué effectivement dans son développement
00:58:26 du jeu en autonomie, avec des personnages
00:58:29 en fait, voilà, du personnage.
00:58:31 - Oui, alors l'avantage de la psychothérapie aussi,
00:58:34 c'est que justement, quand on fait des psychothérapies
00:58:36 d'enfants, on utilise beaucoup le jeu et le dessin.
00:58:39 - Oui, c'est ça.
00:58:40 - Et ça les aide à déploiter leur imaginaire.
00:58:42 - Oui, alors mon fils, moi, du coup,
00:58:45 je le fais suivre et c'est vrai, parce que petit,
00:58:48 il me faisait beaucoup de crises où il avait
00:58:51 le plexus solaire complètement bloqué,
00:58:53 et en fait, comme il ne parlait pas,
00:58:55 enfin, il n'avait pas encore tous les mots
00:58:57 vraiment pour qu'il s'exprimait, et en fait,
00:59:00 quand il n'allait pas, il me faisait des crises
00:59:02 où ça pouvait durer une demi-heure,
00:59:04 et on sentait qu'il était complètement bloqué.
00:59:06 Moi, je me sentais impuissante, parce que je ne savais
00:59:08 pas vraiment ce qui se passait.
00:59:10 Et donc, j'ai commencé à le faire suivre,
00:59:13 et puis maintenant, encore aujourd'hui,
00:59:15 il fait psychothérapie, il fait psychomotricité,
00:59:18 et là, j'ai même pris une éduque spécialisée
00:59:22 à domicile, parce qu'il est quand même un peu...
00:59:26 Il peut être violent dans ses comportements,
00:59:28 donc plus ça grandit, les enfants,
00:59:30 et plus il faut quand même faire face.
00:59:32 - Alors, vous voyez...
00:59:34 - Donc, j'ai fait un maximum, mais ce n'est pas évident,
00:59:36 parce que derrière, moi, j'ai toujours un ex-mari
00:59:38 qui se pointe n'importe quand,
00:59:40 en fait, il s'impose n'importe quand,
00:59:44 lors de passation, ça lui arrive même de m'insulter,
00:59:48 enfin, c'est terrible, quoi.
00:59:50 - Séverine, votre témoignage me touche beaucoup,
00:59:52 parce que non seulement vous faites tout ce que
00:59:54 vous pouvez pour votre enfant,
00:59:56 mais on voit à quel point cet homme profite de l'enfant
01:00:00 pour continuer à maintenir un lien qui n'existe plus pour vous, quoi.
01:00:04 - Oui, c'est ça.
01:00:06 - Et donc, vous êtes vraiment prise entre le marteau et l'enclume,
01:00:10 c'est... Enfin, franchement, bon courage,
01:00:14 parce que c'est une situation, en plus,
01:00:17 qui risque de durer encore quelques années.
01:00:20 Qu'est-ce qui vous permet de tenir ?
01:00:22 - De tenir, c'est que déjà,
01:00:26 j'ai un entourage qui est beaucoup plus conséquent,
01:00:30 parce qu'avant j'étais isolée, donc je suis partie de cet isolement,
01:00:34 donc ça va faire trois ans qu'on est partie,
01:00:36 et puis moi j'ai ma famille à côté,
01:00:38 donc comme vous disiez, Philippe, tout à l'heure,
01:00:40 le fait de vraiment mettre les enfants dans différentes situations,
01:00:45 avec des gens qui sont sains,
01:00:47 parce que mon ex-mari n'est pas sain,
01:00:49 du coup de le mettre dans la famille, avec les oncles, les tantes, les amis,
01:00:53 de recevoir des copains à dormir à la maison,
01:00:55 de même occasionnellement qu'il aille dormir chez des gens,
01:00:58 bien dormir, voilà, de le mettre dans différents lieux,
01:01:02 d'avoir des psys qui le soutiennent,
01:01:04 et de lui faire développer son esprit critique,
01:01:07 et de voir que les règles, les gens sont différents,
01:01:11 et que les règles vont être différentes,
01:01:13 et que du coup ça les met dans des situations, eux,
01:01:17 différentes de ce que le père veut bien lui faire croire.
01:01:22 - Et quelque part, finalement, peut-être que plus tard,
01:01:25 ça sera une richesse, même si là pour l'instant c'est difficile.
01:01:29 On va laisser Philippe Hoffmann vous répondre,
01:01:31 Séverine dans un instant,
01:01:33 et puis si vous avez une question plus précise,
01:01:35 si vous voulez profiter de sa présence pour lui poser une question,
01:01:38 vous aurez la parole aussi dans un instant.
01:01:40 On se quitte, mais on se retrouve tout de suite,
01:01:43 et puis nous avons Iris également, qui pourra témoigner ensuite.
01:01:47 CAM4.fr, le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
01:01:51 - Philippe Hoffmann est avec nous, psychologue, clinicien,
01:01:59 auteur de "L'impossible séparation entre les jeunes adultes et leurs parents",
01:02:02 c'était aux éditions Albain, Michel,
01:02:04 on continue ce thème, les familles monoparentales,
01:02:09 avec Séverine qui parle de son fils qui a 9 ans aujourd'hui,
01:02:13 la séparation, il avait 4 ans,
01:02:14 le père qui le monte beaucoup contre vous,
01:02:18 Philippe Hoffmann, ce gamin, ça fait déjà 5 ans qu'il traverse
01:02:24 cette période de turbulence, parce qu'il n'y a pas d'autres mots,
01:02:27 on peut espérer que finalement tout ça va le faire grandir,
01:02:34 et qu'il aura une capacité d'adaptation supérieure à la moyenne,
01:02:37 ou qu'est-ce que vous diriez ?
01:02:39 - Je pense que Séverine a mis beaucoup de choses en place pour l'aider,
01:02:48 psychothérapie, psychomotricité, aide à domicile,
01:02:54 elle accepte de se faire aider,
01:02:59 parce que très souvent il y a des familles,
01:03:03 et certainement d'ailleurs, parce qu'il ne faut pas s'assumer toute seule,
01:03:08 il faut qu'elle continue à s'assumer toute seule.
01:03:10 Alors qu'en fait, plus on aide un enfant quand il est très jeune,
01:03:14 plus on a des chances que plus tard il soit mieux armé,
01:03:18 parce qu'il y a des effets qui ne sont pas toujours immédiats,
01:03:23 des effets thérapeutiques, et qui renforcent le moi,
01:03:27 le narcissisme des enfants, leur estime d'eux-mêmes,
01:03:30 et qui font qu'à l'adolescence ils sont moins torturés,
01:03:33 et que quand ils deviennent des hommes et des femmes,
01:03:35 ils sont plus équipés.
01:03:38 Donc il ne faut pas, si vraiment vous avez un enfant qui ne va pas bien,
01:03:42 si vous avez la possibilité de le faire aider,
01:03:45 il ne faut pas s'en priver.
01:03:47 Et vraiment c'est important, tout comme je conseille aussi,
01:03:51 quand on est séparé, c'est d'aller très régulièrement,
01:03:58 voir comment ça se passe à l'école, rencontrer les professeurs,
01:04:01 et si possible avec le père, quand on est une mère seule.
01:04:06 Bon, des fois ce n'est pas toujours simple.
01:04:08 Donc, en plus là, vous avez dit que déjà des bébés,
01:04:14 il avait des crises d'angoisse, avec des blocages respiratoires,
01:04:19 donc c'est vraiment une indication pour que cet enfant soit aidé et suivi.
01:04:23 Mais ce que je veux dire par là,
01:04:28 ce que je voudrais dire, c'est quand même de positif dans tout ça,
01:04:31 c'est que d'abord les enfants qui sont aidés s'en sortent mieux,
01:04:35 mais il faut aussi mettre en place des choses pour que,
01:04:39 comme disait Séverine, pour que vraiment ils aient des possibilités
01:04:44 de s'adapter un peu partout, à différents milieux.
01:04:48 Et par exemple, au niveau associatif, c'est pas mal,
01:04:52 surtout pour des enfants uniques, d'essayer de leur faire faire des sports collectifs.
01:04:57 Alors, s'ils n'aiment pas trop le foot, s'ils ont un peu de crainte à ça,
01:05:01 il faut déjà se renseigner, savoir comment sont les instructeurs,
01:05:07 et puis voir s'il y a un club de basket, de rugby, de foot, je ne sais quoi.
01:05:12 Le rugby, c'est un peu difficile pour certains enfants qui ont peur des sports collectifs,
01:05:16 mais par exemple, le basket, c'est pas mal, ou le hand, c'est bien aussi,
01:05:20 mais le hand, on en fait plutôt en sixième.
01:05:22 Et donc, les sports co, pour les enfants qui sont comme ça,
01:05:29 ça permet quoi ? Ça permet de développer la rivalité, la compétition et la solidarité.
01:05:35 Et donc, c'est quand même pas mal d'un point de vue soutien psychologique
01:05:44 pour ce genre d'enfant, même si en général, ils refusent et ils préfèrent
01:05:49 ne faire que des sports individuels ou carrément rien du tout.
01:05:53 Donc, c'est des petites astuces que je donne, mais ça marche pas mal.
01:06:00 Et puis, si aussi, on a la possibilité de leur faire faire des activités créatrices,
01:06:06 comme le théâtre, c'est très bien aussi.
01:06:09 On imagine bien. Alors Séverine, tout ça, ça rassure un petit peu.
01:06:13 Vous avez envie de poser une question à Philippe Hoffmann ?
01:06:17 Oui, oui, tout à fait. Merci pour toutes vos suggestions.
01:06:22 Du coup, moi, mon fils, c'est vrai, il fait du sport. Il fait du foot.
01:06:24 Donc, c'est très bien. Il fait du foot et judo.
01:06:26 Et c'est vrai que rugby, il en a fait.
01:06:28 En fait, il a arrêté parce que c'était, je pense, trop dur pour lui.
01:06:30 Alors du coup, comme je vous disais, comme mon fils n'a pas jamais vraiment,
01:06:36 ne s'était jamais vraiment réalisé dans les jouets, à se créer des histoires et tout.
01:06:40 Comment faire développer cet imaginaire un peu, un imaginaire positif
01:06:46 avec des personnages ? Parce qu'il fait beaucoup de jeux vidéo.
01:06:49 Dans l'époque, jeux vidéo, jeux en ligne, c'est terrible.
01:06:52 Moi, ça me fait péter un câble, mais bon, je ne peux pas lui interdire
01:06:54 parce que plus on interdit, plus il va rentrer dedans.
01:06:57 Donc, il en fait avec un temps limité.
01:06:59 Mais comment faire pour développer un imaginaire avec, par exemple, des personnages ?
01:07:03 Parce qu'il n'a jamais fait vraiment ça.
01:07:07 Peut-être tout ce qui est artistique, peut-être.
01:07:11 Oui, je vous laisse répondre, Philippe Hoffmann, allez-y.
01:07:13 Alors, il dessine beaucoup.
01:07:16 Il dessinait beaucoup de monstres.
01:07:19 Il fallait savoir pourquoi.
01:07:21 Mais il dessinait beaucoup de monstres.
01:07:23 Alors, des monstres, là, il passe un peu du style, il se narcissise un peu.
01:07:27 Il va se dessiner avec des gros biscottos.
01:07:29 Ses dessins évoluent et changent, sont moins dark,
01:07:31 parce qu'il y a une période vraiment très dark
01:07:33 où, effectivement, il se déchargeait beaucoup à la maison.
01:07:37 Je reviens sur un témoignage d'une dame qui disait que ses enfants se déchargeaient beaucoup.
01:07:42 Elle se décharge complètement sur moi, même les psy et tout me l'ont dit.
01:07:45 Donc, il y a ses avantages et ses inconvénients qu'il faut gérer.
01:07:49 Mais beaucoup de dessins, il y a beaucoup.
01:07:54 Philippe, qu'est-ce que vous pouvez conseiller à cette année ?
01:07:58 Je pense que vous avez trouvé la bonne astuce.
01:08:02 Une activité créatrice, ce serait très bien pour lui.
01:08:06 Si vous aviez un petit club de dessin ou d'art plastique
01:08:10 où il touche un petit peu à tout,
01:08:12 ça lui ferait beaucoup de bien pour développer son imaginaire.
01:08:15 Et vous, de votre côté, en tant que maman,
01:08:17 ce que je vous conseille, c'est de jouer un petit peu avec lui,
01:08:24 même des jeux de société.
01:08:26 Oui, on fait des jeux.
01:08:28 Oui, si vous le faites, ce n'est pas mal.
01:08:31 Oui, on le fait.
01:08:33 Ce que vous pouvez faire, par exemple, puisqu'il aime dessiner,
01:08:37 c'est que vous pourriez aussi, pourquoi pas, dessiner avec lui
01:08:41 sur des thématiques que vous inventez.
01:08:43 C'est une sorte de jeu un peu à deux ou à plusieurs
01:08:46 quand vous vous invitez des copains et des copines.
01:08:48 Et chacun fait un petit dessin
01:08:51 et on essaie de trouver des sujets un peu imaginaires.
01:08:55 Et donc, ça, ce n'est pas mal.
01:08:57 Mais si vous aviez une activité d'art plastique pas très loin de chez vous
01:09:02 et que vous avez les moyens de l'y inscrire, n'hésitez pas.
01:09:05 Oui, ça ne me manque pas, malheureusement.
01:09:08 Alors si, des fois, il peut faire un peu de poterie,
01:09:11 des choses comme ça, effectivement.
01:09:13 C'est bien tout ça.
01:09:15 On fait tout, franchement.
01:09:17 On fait du service-rage pendant les vacances.
01:09:20 Oui, c'est vrai.
01:09:22 En tout cas, Séverine, bravo, parce que vous avez pris les choses en main.
01:09:27 Et bravo.
01:09:29 Et puis bon courage, parce qu'il y a encore quelques années à tenir.
01:09:32 Oui, voilà, je vais dire bon courage aussi à tous les parents seuls,
01:09:35 parce que ce n'est vraiment pas évident.
01:09:37 Essayez de penser à vous et de laisser de côté,
01:09:41 même si ce n'est pas facile, ce que je dis à faire,
01:09:44 mais laissez de côté quand même toute la pression que vous met votre ex.
01:09:50 Pensez à vous, davantage.
01:09:52 Alors moi, l'avantage, vous voyez, c'est que je suis dans un milieu artistique.
01:09:55 Moi, je suis métier d'art.
01:09:57 Donc, du coup, j'ai un métier que j'adore.
01:09:59 Et en fait, quand je vais au boulot, c'est les vacances.
01:10:01 Oui, vous avez cette chance-là.
01:10:03 C'est énorme.
01:10:05 Et puis, vous n'êtes pas trop seul, d'après ce que j'ai compris aussi.
01:10:09 Ça, c'est important aussi.
01:10:11 De temps en temps, il peut être gardé par quelqu'un de la famille
01:10:15 et vous pouvez retrouver votre liberté.
01:10:17 Merci beaucoup, Séverine.
01:10:19 On continue avec Iris.
01:10:21 Alors Iris, c'était il y a longtemps,
01:10:24 mais vous avez envie de témoigner,
01:10:26 parce que pour vous aussi, ça a été compliqué.
01:10:28 Bonjour.
01:10:29 Bonjour, Philippe.
01:10:31 Bonjour à tous les deux.
01:10:34 Effectivement, ça a été il y a longtemps.
01:10:37 Ça fait 25 ans maintenant.
01:10:39 Donc, je regarde et j'entends avec beaucoup de recul
01:10:44 ce que vient de dire Séverine.
01:10:46 Je me retrouve pas mal aussi dans l'histoire,
01:10:48 mais avec le temps, les choses passent, effectivement, heureusement.
01:10:52 Et le résultat est plutôt plus positif par rapport aux enfants,
01:10:57 puisqu'effectivement, on leur a donné beaucoup d'activités artistiques.
01:11:03 On a été inscrit le mercredi,
01:11:06 mais aussi beaucoup à l'équitation, en équipe et individuelle.
01:11:11 Cette notion de compétition, elle les a beaucoup aidés aussi,
01:11:14 beaucoup structurés sur la suite.
01:11:17 Oui, et puis c'est un sujet que je connais bien, le cheval.
01:11:21 Il faut s'en occuper.
01:11:23 Exactement, on est obligé de s'occuper de quelqu'un d'autre que de soi.
01:11:27 Exactement.
01:11:28 Et avant de commencer l'activité, il faut s'occuper longtemps du cheval,
01:11:33 pour prendre une connaissance, pour rentrer en confiance.
01:11:37 Et ça a été très salvatrice, effectivement, ces relations-là.
01:11:40 Très, très, très.
01:11:42 Du coup, être dans un club avec toute une notion d'organisation,
01:11:47 de s'occuper, ces contraintes-là ont été très salvatrices aussi
01:11:51 pour se structurer et aussi remettre un peu à sa place chaque chose.
01:11:55 Et comme le papa n'avait pas du tout la partie équitation,
01:11:57 ça tombait très bien comme ça, c'était un endroit,
01:12:01 un espace qui lui était réservé, effectivement, à part entière.
01:12:04 Qu'est-ce que vous diriez à ceux qui nous écoutent
01:12:10 et qui ne sont peut-être pas encore, eux, sortis de cette situation ?
01:12:13 Quel conseil vous donneriez, vous, un curcuit ?
01:12:17 Ce qui m'a beaucoup aidée par le conseil d'un psy, à l'époque, qu'on voyait,
01:12:23 c'était, s'il y a un arrivé tard le dimanche,
01:12:27 ou à un moment où c'était prévu, plutôt l'après-midi,
01:12:31 que c'est plutôt le matin ou tard le soir,
01:12:33 se dire que l'enfant est là pour toute la vie et que ce n'est pas si grave que ça,
01:12:37 et que même si des choses sont un peu compliquées dans l'organisation,
01:12:40 c'était aussi de prendre cette petite pensée.
01:12:42 Oui, ne pas reprocher aux parents de la moindre faille, la moindre faute, c'est ça ?
01:12:48 C'est-à-dire qu'il y a une règle, un peu d'injugements, bref, tout ça.
01:12:53 C'est essayer de se dire, bon, OK, pour le bien de l'enfant,
01:12:58 c'est plutôt pas mal qu'il soit resté un peu plus longtemps au week-end avec papa ou la maman,
01:13:02 mais surtout c'est de dire ça.
01:13:04 Et donc, moi, c'est ce qui m'a permis de lâcher prise complètement, en fait.
01:13:07 C'est intéressant, ce que dit Iris Philippe-Hoffmann.
01:13:12 Oui, parce qu'en fait, elle a presque réussi à garder une forme de neutralité,
01:13:17 ce qui est plutôt rare, mais c'est très important pour les enfants.
01:13:23 Et puis ça montre bien que la séparation, c'est aussi passer à autre chose
01:13:29 et pas forcément à la nostalgie.
01:13:32 C'est ça.
01:13:34 On est dans un projet de nouvelle vie et qui peut être aussi tout à fait positif.
01:13:41 Et comme les enfants sont en perpétuel changement et transformation,
01:13:46 ça résonne en eux.
01:13:48 Parce qu'ils peuvent se dire aussi qu'effectivement,
01:13:51 la vie n'est pas forcément aussi immuable qu'ils l'avaient cru jusque-là,
01:13:57 mais qu'elle peut réserver des bonnes surprises
01:14:01 parce que le père, la mère ou les deux même vont s'épanouir autrement
01:14:07 avec d'autres personnes, avec un autre style de vie.
01:14:11 Et même s'il y a des moments un petit peu durs au niveau matériel, on s'en sort.
01:14:17 C'est quand c'est trop dur au niveau matériel que les enfants sont vraiment très, très, très atteints.
01:14:23 Mais sinon, si on mange des pâtes tous les jours, ils s'en foutent les moments.
01:14:28 C'est pas ce qui est le plus important.
01:14:31 Le plus important, c'est de voir maman continuer à sourire,
01:14:36 à avoir du plaisir à vivre et à ressentir un peu ce qu'elle a fait
01:14:42 quand elle s'est séparée en se disant "voilà, je suis libérée".
01:14:47 Il y avait aussi une chose sur laquelle j'ai mis pas mal d'accent,
01:14:50 c'est plutôt de repenser à l'autre parent, de ne pas respecter les règles,
01:14:54 de ne pas être dans des valeurs équitables et tout ça.
01:14:57 C'est-à-dire de dire "dans cette situation, voilà ce qui se passe,
01:15:00 ce qui fait que ça ne marche pas et ce qui fait que c'est pas ça qui peut mettre en valeur après".
01:15:06 Et c'est vraiment très, très chouette.
01:15:08 Il y a quelques temps, les enfants me disaient...
01:15:11 Forcément, à un moment, je portais les deux, donc les deux rôles,
01:15:15 de se dire d'avoir des valeurs assez fortes.
01:15:19 Et là de me dire aujourd'hui "merci pour ces valeurs transmises"
01:15:23 parce que je m'aperçois que dans ma génération, il y en a peu qui ont ces valeurs-là.
01:15:26 J'étais surprise que ces notions-là avaient pu à ce point les structurer
01:15:34 et avaient pu effectivement être importantes aujourd'hui.
01:15:37 Bravo de donner ce message Iris, c'est tellement important.
01:15:42 C'est un très beau message.
01:15:44 Et en même temps, ça a été des moments de frictions énormes
01:15:48 parce que quand vous êtes en train d'être le calineur,
01:15:52 celui qui donne les câlins et en même temps celui qui met les limites,
01:15:56 c'est compliqué quand même, dans la même...
01:15:58 Pas le même moment, mais c'est compliqué, c'est très compliqué, très, très compliqué.
01:16:02 Il y a beaucoup de femmes qui vont se retrouver en vous, vous savez.
01:16:06 Écoutez, je ne sais rien, mais c'est une génération aussi.
01:16:09 Moi, ce qui m'a le plus...
01:16:12 Mais je crois, on peut être les deux.
01:16:15 L'essentiel, c'est d'être toujours cohérent.
01:16:20 C'est-à-dire qu'il ne faut pas, sur la même action,
01:16:23 mettre un moment gentil et un moment méchant.
01:16:26 Mais si on est cohérent, on peut être les deux à la fois.
01:16:30 Ce n'est pas compliqué, si ce n'est qu'il faut cette cohérence
01:16:34 que visiblement vous avez eue, Iris.
01:16:36 Je l'ai apprise, parce que ce n'était pas évident de passer...
01:16:39 Il y a forcément des moments où, quand vous portez seule pendant un temps,
01:16:44 vous ne vous connectez pas parfaitement.
01:16:46 C'est des choses à reconstruire.
01:16:48 Oui, mais il faut sortir aussi de cette sorte d'idéalisme
01:16:53 que c'est la maman qui est gentille et le papa qui donne l'autorité.
01:16:56 Je pense qu'il faut sortir de ça.
01:16:59 C'était il y a un siècle, tout ça.
01:17:01 Philippe Hoffmann, je vous laisse conclure le témoignage d'Iris.
01:17:05 Écoutez, c'est un beau témoignage.
01:17:10 Et effectivement, je trouve que ce qui est intéressant dans le témoignage d'Iris,
01:17:15 c'est qu'on voit qu'à partir du moment où on tient sa posture de parent,
01:17:20 quelle que soit la configuration familiale que l'on a vécue,
01:17:24 séparation, traditionnelle...
01:17:27 Si on tient sa posture de parent, tant qu'on élève ses enfants,
01:17:31 tant qu'on est proche de ses enfants, on leur transmet des valeurs.
01:17:35 Des valeurs profondes qui vont les structurer,
01:17:38 qui vont les aider à rebondir devant les aléas de la vie,
01:17:42 qui vont les aider à tenir une sorte de colonne vertébrale qu'on leur donne.
01:17:47 Et ça, on le fait depuis la toute petite enfance.
01:17:50 Alors évidemment, il y a des hauts et des bas.
01:17:52 Évidemment, il y a des moments où on n'est pas tout à fait au point
01:17:55 et on craque un peu ou on est plus fragile.
01:17:58 Mais on tient le cap.
01:18:00 Et ça, c'est ce que vous avez vraiment su faire.
01:18:03 Et c'est ce qu'on peut recommander à tous les parents.
01:18:07 Sachez comment protéger vos enfants.
01:18:10 Et ça, c'est vous en fonction de leur âge,
01:18:12 parce qu'on ne protège pas un enfant de 4 ans comme un enfant de 14 ans.
01:18:16 Mais essayez de tenir le cap et de ne jamais procéder
01:18:24 à des élans émotionnels qui vont vous déborder.
01:18:31 Ou si ça arrive, dites à vos enfants,
01:18:34 "Bon, je vais peut-être aller trop loin là.
01:18:37 Mais c'est pas grave, l'important, c'est que tu sais,
01:18:40 moi, je veux continuer à te protéger, à t'aimer.
01:18:42 Donc des fois, je fais un peu comme je peux.
01:18:44 Mais en tout cas, c'est le plus important."
01:18:47 Et ça, quand vos enfants deviennent des parents,
01:18:49 ils feront la même chose.
01:18:51 Voilà, on n'est pas parfait, mais c'est pas grave.
01:18:53 Merci beaucoup Iris.
01:18:54 Philippe Hoffman, on fait une petite pause.
01:18:56 On va retrouver Nadine également, qui va témoigner dans un instant.
01:18:58 CAM4.fr, le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
01:19:03 14h-16h, Brigitte Lae, Sud Radio.
01:19:08 Philippe Hoffman est avec nous, psychologue, clinicien.
01:19:11 Et votre livre, "L'impossible séparation entre les jeunes adultes et leurs parents",
01:19:15 c'était aux éditions Alba Michel, où vous racontez justement ces ados,
01:19:19 ces adultes eux-mêmes, qui restent très longtemps chez leurs parents.
01:19:23 Ou quand je dis leurs parents, c'est peut-être aux singuliers, bien sûr.
01:19:26 On va conclure avec un témoignage un peu différent,
01:19:29 puisque Nadine, si j'ai bien compris, vous avez été élevée seule par votre maman.
01:19:35 À la différence de tous les autres témoignages,
01:19:38 c'est que votre maman est devenue veuve à 35 ans.
01:19:41 Donc il n'y a pas eu, si je puis dire, la difficulté de la séparation,
01:19:46 mais il y a eu évidemment le choc de la mort de son conjoint.
01:19:51 Bonjour Nadine.
01:19:52 Bonjour Brigitte, bonjour Philippe.
01:19:54 Je suis très heureuse de pouvoir vous parler.
01:19:57 Alors oui, effectivement, ma mère s'est retrouvée veuve à 35 ans.
01:20:01 Donc ma sœur avait 7 ans et moi j'avais 9 ans quand notre papa est mort.
01:20:06 Et il est mort, en fait, il avait un cancer,
01:20:09 mais c'était une époque où on n'en parlait pas trop,
01:20:12 on ne racontait pas trop à tout aux enfants.
01:20:15 Donc oui, ça a été un véritable choc.
01:20:17 Aujourd'hui, on a des carences encore, voilà.
01:20:20 Mais on a grandi quand même dans une famille où on était malgré tout très très très heureuse,
01:20:26 avec une maman qui ne travaillait pas, qui avait peu de moyens,
01:20:29 mais qui ne nous a jamais fait ressentir la pauvreté, entre guillemets.
01:20:35 D'accord. Donc elle ne travaillait pas, mais comment elle subvenait à vos besoins ?
01:20:42 Il y avait les restos du cœur, ça j'en ai pas honte de le dire.
01:20:47 Et puis voilà, c'était une époque où on n'avait pas besoin de tant travailler, je dirais.
01:20:57 En tout cas, elle s'est arrangée pour que vous puissiez grandir.
01:21:01 Et ce que j'entends dans votre témoignage, c'est que quelque part,
01:21:06 vous avez, avec le recul, compris à quel point votre mère a su, malgré tout,
01:21:13 vous apporter ce qu'il fallait de sécurité affective, et peut-être aussi de sécurité matérielle,
01:21:19 même si c'était un peu difficile.
01:21:21 C'est ça, on n'a jamais manqué de rien. L'affection, on l'avait pour deux.
01:21:27 C'était traumatisant de ne pas avoir de papa, parce qu'à l'école, c'était pas simple.
01:21:33 Franchement, on se moquait de nous parfois, mais c'était comme ça.
01:21:37 Et puis, ça, c'est de nous deux adultes épanouis quand même.
01:21:42 Oui, donc ça, c'était il y a longtemps quand même,
01:21:46 parce qu'aujourd'hui, ne pas avoir de papa, ce papa-là, c'est quand même fréquent.
01:21:50 C'était pas la même époque, effectivement. C'était en 88. C'était pas la même époque.
01:21:57 Encore une fois, là aussi, on voit une maman, Philippe Hoffmann,
01:22:05 qui quand même a dû se sacrifier.
01:22:08 Ça n'a pas dû être facile tous les jours. Et elle a su, malgré...
01:22:14 Vous voyez, je viens d'utiliser deux mots, Philippe Hoffmann,
01:22:17 sécurité affective, sécurité matérielle.
01:22:20 Finalement, les deux sont possibles, malgré tout.
01:22:24 Oui, le plus important, c'est quand même la sécurité affective,
01:22:32 parce que la sécurité matérielle, à part dans des cas vraiment de précarité absolue,
01:22:37 mais on arrive toujours à trouver des solutions,
01:22:40 parce qu'il y a encore beaucoup de systèmes d'aide sociale.
01:22:44 D'ailleurs, il y a beaucoup de gens qui sont de familles monoparentales,
01:22:47 qui vivent grâce aux aides sociales, aux sociaux, aux diverses aides,
01:22:53 et aux aides bénévoles, voilà, des bénévoles.
01:22:57 Et comme je le disais tout à l'heure, les enfants, ils peuvent...
01:23:04 Enfin, si on fait ça naturellement et qu'il n'y a pas de honte à avoir recours à tout ça,
01:23:11 eh bien, les enfants n'en souffrent pas plus que ça.
01:23:15 Ce qui les fait profondément souffrir, c'est vraiment les carences affectives.
01:23:21 C'est le fait, c'est tous les manques de soins, d'attention, le regard,
01:23:29 le fait de s'intéresser à eux, à leur vie, à leur scolarité,
01:23:34 le fait de ne jamais rire avec eux, enfin, vous voyez.
01:23:38 Et donc ça, c'est très important pour un enfant.
01:23:41 S'il n'a pas ça avec sa maman, il souffre d'un vraiment profond.
01:23:46 Donc la précarité sociale, c'est vraiment très ennuyeux,
01:23:49 mais enfin, on a encore des dispositifs en France,
01:23:52 y compris des dispositifs d'État et bénévoles, qui sont efficaces,
01:23:57 même si malheureusement, il y a de plus en plus de pauvres.
01:24:00 Mais la sécurité affective, elle est primordiale.
01:24:07 Et on entend bien Nadine que votre maman, elle a fait front.
01:24:13 C'est ça, elle n'a pas eu le choix, mais malgré tout, on n'a jamais manqué de rien.
01:24:18 Et on a toujours eu autant d'affection qu'on voulait.
01:24:22 Et là-dessus, on n'a aucune carence, ça c'est certain.
01:24:25 Il me semble, Nadine, que vous avez eu envie de témoigner pour lui rendre hommage, justement.
01:24:29 C'est ça, c'est tout à fait ça.
01:24:32 C'est bien de finir avec votre témoignage.
01:24:36 Et vous êtes maman ?
01:24:38 Je suis maman d'une enfant de 25 ans, ma fille, et 20 ans, mon fils.
01:24:46 Je suis moi-même divorcée.
01:24:48 Et je voulais dire aussi, par rapport à tous vos autres témoignages,
01:24:52 moi je dis toujours que j'ai raté mon mariage, mais j'ai réussi mon divorce.
01:24:56 Parce que tout va bien, depuis qu'on est divorcée, en fait, on est amies,
01:25:02 et puis c'est resté comme ça.
01:25:04 Maintenant on a chacun un compagnon.
01:25:06 D'ailleurs j'embrasse le mien qui est routier et qui est sur la route en ce moment.
01:25:11 Et puis voilà, les enfants ont fait leur petite vie, et puis tout va bien pour tout le monde.
01:25:16 Ah bah c'est chouette.
01:25:18 J'ai envie de terminer par ce témoignage, parce qu'on sent toute la reconnaissance.
01:25:23 Un petit mot pour conclure, Philippe Hoffmann ?
01:25:28 Oui, alors justement, je trouve que c'est formidable le témoignage de Nadine,
01:25:33 parce que quels que soient les aléas de la vie, les séparations, les douleurs,
01:25:40 c'est valable, ce que je dis, autant pour les femmes que pour les enfants,
01:25:45 bien entendu, qui sont plus ou moins victimes de ça.
01:25:49 On peut toujours trouver des issues, on peut toujours s'en remettre.
01:25:54 Et c'est vrai qu'à partir du moment où...
01:25:59 Un petit mot, j'avais dit, Philippe Hoffmann, conclueuse.
01:26:02 On change sa vie, et bien parfois on peut y trouver des choses merveilleuses.
01:26:09 Merci en tout cas, Philippe Hoffmann, merci beaucoup.
01:26:12 Je donne la parole maintenant, je laisse la place évidemment à Alexandre Delovane.
01:26:18 Demain, nous serons avec Catherine Aimlet-Périssol,
01:26:21 et on essayera de comprendre le langage du corps,
01:26:24 parce que le langage du corps ne ment pas, contrairement à notre langage,
01:26:29 et ce sera tout certainement très intéressant, lorsqu'on parle d'amour, de sexualité,
01:26:33 d'évoquer ce fameux langage du corps.
01:26:36 Je vous embrasse, à demain.

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