Ce mardi 19 mars 2024, l’ensemble des 5,7 millions d’agents de la fonction publique étaient appelés à descendre dans la rue pour revendiquer une amélioration de leurs conditions de travail. Nous avons souhaité rejoindre le cortège parisien des professeurs du 93, particulièrement mobilisés.
Les enseignants sont en colère et le font savoir à nouveau. Aujourd’hui est un jour de grève générale pour l’ensemble de la fonction publique avec comme revendication principale : la hausse des salaires. Un point partagé par le corps enseignant qui a décidé de battre le pavé, ce 19 mars 2024, près des jardins du Luxembourg à Paris.
Mais les négociations salariales sont loin d’être le seul moteur des revendications des agents d’éducation. Des bâtiments délabrés, des classes surchargées, des nuisibles… Les écoles du département de Seine-Saint-Denis, près de la capitale, condensent tous les problèmes rencontrés à l’échelle nationale. Ce qui explique la longévité de leur mouvement, là-bas, certains enseignants sont en grève reconductible depuis le 26 février 2024. “Là on attaque notre quatrième semaine de grève au lycée Blaise Cendrars, il y avait encore 60% de collègues en grève aujourd’hui, 25 parents d’élèves devant notre piquet de grève ce matin, des élus, des élèves… ça continue et ça va encore continuer jusqu’à ce que l’on obtienne quelque chose”, assure Clément Bernard, professeur de mathématiques. L’établissement Blaise Cendrars a récemment beaucoup fait parler de lui après qu’une vidéo pointant le manque de moyens et la vétusté du lieu est devenue virale sur les réseaux sociaux.
“Il y a des problématiques sociales ici, qui sont effectivement plus dramatiques qu’ailleurs. Mais cela ne se retranscrit pas par le comportement de nos élèves, ce qui va vraiment aggraver les choses, c’est qu’ils sont trop nombreux pour pas assez d’adultes pour garder un œil sur eux, pour voir quand cela ne va pas”, dénonce Eloise Laborde, professeure d’histoire-géographie. Sur sa pancarte, un scarabée, faisant référence au moment où il en tombait “par dizaines du plafond pendant plusieurs semaines” dans son établissement à Aulnay-sous-Bois.
Cette réforme, à l'initiative du premier ministre Gabriel Attal, a été publiée au Journal officiel ce dimanche 17 mars 2024. Et ce, malgré les contestations persistantes de l’intersyndicale enseignante. Dès la rentrée prochaine, des groupes “constitués en fonction des besoins des élèves identifiés par les professeurs” seront formés en français et en mathématiques dans les classes de 6ème et de 5ème. Une mesure dénoncée par les professeurs qui redoutent un “tri social”. “Nous l’école publique que l’on revendique (...), elle fait réussir toutes et tous les élèves, elle les émancipe par le savoir et leur permet de réussir”, souligne Grégory Thuysat, professeur de français à Saint-Denis. Un nouveau rendez-vous est prévu à l’appel de l’intersyndicale, ce jeudi 21 mars 2024 en direction du Ministère de l’Éducation nationale.
Les enseignants sont en colère et le font savoir à nouveau. Aujourd’hui est un jour de grève générale pour l’ensemble de la fonction publique avec comme revendication principale : la hausse des salaires. Un point partagé par le corps enseignant qui a décidé de battre le pavé, ce 19 mars 2024, près des jardins du Luxembourg à Paris.
Mais les négociations salariales sont loin d’être le seul moteur des revendications des agents d’éducation. Des bâtiments délabrés, des classes surchargées, des nuisibles… Les écoles du département de Seine-Saint-Denis, près de la capitale, condensent tous les problèmes rencontrés à l’échelle nationale. Ce qui explique la longévité de leur mouvement, là-bas, certains enseignants sont en grève reconductible depuis le 26 février 2024. “Là on attaque notre quatrième semaine de grève au lycée Blaise Cendrars, il y avait encore 60% de collègues en grève aujourd’hui, 25 parents d’élèves devant notre piquet de grève ce matin, des élus, des élèves… ça continue et ça va encore continuer jusqu’à ce que l’on obtienne quelque chose”, assure Clément Bernard, professeur de mathématiques. L’établissement Blaise Cendrars a récemment beaucoup fait parler de lui après qu’une vidéo pointant le manque de moyens et la vétusté du lieu est devenue virale sur les réseaux sociaux.
“Il y a des problématiques sociales ici, qui sont effectivement plus dramatiques qu’ailleurs. Mais cela ne se retranscrit pas par le comportement de nos élèves, ce qui va vraiment aggraver les choses, c’est qu’ils sont trop nombreux pour pas assez d’adultes pour garder un œil sur eux, pour voir quand cela ne va pas”, dénonce Eloise Laborde, professeure d’histoire-géographie. Sur sa pancarte, un scarabée, faisant référence au moment où il en tombait “par dizaines du plafond pendant plusieurs semaines” dans son établissement à Aulnay-sous-Bois.
Cette réforme, à l'initiative du premier ministre Gabriel Attal, a été publiée au Journal officiel ce dimanche 17 mars 2024. Et ce, malgré les contestations persistantes de l’intersyndicale enseignante. Dès la rentrée prochaine, des groupes “constitués en fonction des besoins des élèves identifiés par les professeurs” seront formés en français et en mathématiques dans les classes de 6ème et de 5ème. Une mesure dénoncée par les professeurs qui redoutent un “tri social”. “Nous l’école publique que l’on revendique (...), elle fait réussir toutes et tous les élèves, elle les émancipe par le savoir et leur permet de réussir”, souligne Grégory Thuysat, professeur de français à Saint-Denis. Un nouveau rendez-vous est prévu à l’appel de l’intersyndicale, ce jeudi 21 mars 2024 en direction du Ministère de l’Éducation nationale.
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00:00 Elles et ils vivent tous les jours, au quotidien, ce que c'est que la réalité de l'école
00:05 et des établissements scolaires dans le département de la Seine-Saint-Denis.
00:07 C'est-à-dire des plafonds qui s'effondrent, des infestations de rats, de cafards, des
00:11 infiltrations d'eau, des moisissures.
00:13 Dans plus de 60% des établissements du département, à la rentrée, il n'y avait plus d'un enseignant
00:17 ou d'une enseignante qui n'étaient pas remplacés.
00:19 En cette journée de grève nationale de la fonction publique, un secteur a notamment
00:23 répondu présent pour faire valoir ses droits dans la rue.
00:26 Il s'agit du corps enseignant.
00:27 Les syndicats mobilisés depuis février ont appelé l'ensemble des agents d'éducation
00:32 à se réunir dans plus de 120 rassemblements et manifestations dans toute la France, comme
00:36 ici à Paris, près des Jardins du Luxembourg, au cœur de leurs revendications, l'amélioration
00:41 de leurs conditions de travail et surtout la revalorisation de leurs salaires.
00:45 On se retrouve avec un manque structurel de moyens qui rencontre en fait l'offensive
00:52 de liquidation de l'école publique menée par le gouvernement.
00:54 C'est cette conjonction-là qui a créé la colère massive qui s'exprime depuis
00:58 le 26 février.
00:59 Elle s'exprime d'abord du côté des personnels, dans des assemblées générales extrêmement
01:03 nombreuses, on pense à 100, 150, 200 personnes parfois, dans l'épicentre de la mobilisation
01:08 autour de Sevran et au Nessouba notamment.
01:10 Mais cette mobilisation s'est étendue, elle s'est aussi élargie, c'est-à-dire que
01:12 le périmètre n'est plus seulement celui des personnels, il est celui des élèves.
01:15 On pense à la mobilisation notamment virale des élèves du lycée Blessendre-Ars à Sevran,
01:22 mais elle est aussi celle des parents d'élèves, bien entendu, qui nous ont rejoints dans cette
01:25 lutte parce qu'on a une offensive gouvernementale en cours qui est celle du choc des savoirs,
01:29 qui est la phase terminale du projet gouvernemental de liquidation de l'école publique.
01:33 Une école du tri, du séparatisme, du tri social néolibéral, du clivage, de la séparation
01:38 des élèves.
01:39 Du flic pour l'école publique ! Du crèche, du crèche pour le 93 !
01:45 On nous avait prévenu qu'on commencerait dans le 93, on nous avait dit que la situation
01:49 était souvent compliquée, mais souvent on veut nous faire croire que c'est parce que
01:53 les élèves sont compliqués.
01:54 Or, les élèves que j'ai retrouvés dans le 93, c'est les mêmes élèves que partout.
01:58 Il y a des enfants en difficulté, il y a des enfants qui sont brillants, il y a des enfants
02:01 qui sont jeunes, d'autres qui sont en crise d'adolescence, d'autres qui sont très sérieux,
02:06 très matures pour leur âge.
02:07 C'est vraiment les mêmes élèves qu'ailleurs.
02:09 Par contre, il y a des problématiques sociales ici qui sont effectivement généralement
02:13 plus dramatiques qu'ailleurs, parce qu'on est dans un département plus populaire, avec
02:18 des familles qui sont dans des situations sociales plus compliquées.
02:21 Mais ça, ça ne se retranscrit pas, particulièrement dans le comportement de nos élèves.
02:26 Par contre, ce qui va vraiment aggraver les choses, c'est qu'ils sont trop nombreux pour
02:31 pas assez de personnel, pas assez d'adultes pour les écouter, pas assez d'adultes pour
02:35 garder un oeil sur eux, pour voir quand ça ne va pas.
02:37 Et donc du coup, quand il y a des tensions, quand il y a des élèves qui sont dans des
02:40 situations difficiles, personnelles, etc., ils ont moins l'opportunité de s'adresser
02:44 à quelqu'un et rapidement, ces situations, elles peuvent prendre un tournant plus dramatique
02:49 chez nous qu'ailleurs.
02:50 Du blesse pour les ETH, du blesse, du blesse pour les ETO.
02:56 Là, on attaque notre quatrième semaine de grève au lycée Blesse-Sandra.
03:00 Il y avait encore 60% de collègues en grève aujourd'hui.
03:03 Il y avait 25 parents d'élèves ce matin devant notre piquet de grève, des élus, des élèves
03:10 qui sont encore en blocus, piqués de grève, en continu depuis quatre semaines.
03:14 Ça continue, ça va encore continuer jusqu'à ce qu'on obtienne quelque chose.
03:17 Nos anciens collègues, ils nous disent qu'en 98, le plus gros mouvement du 93 pour l'éducation,
03:22 c'était une mobilisation qui était moins importante que ça, qui avait grossi.
03:26 Nous, on va encore faire mieux qu'eux, on va faire plus gros qu'eux et on va aller
03:29 chercher plus de moyens qu'eux à l'époque.
03:31 Une mesure cristallise particulièrement les tensions, l'instauration de groupes de
03:34 niveau en français et en mathématiques.
03:37 Après des semaines de désaccords entre le Premier ministre Gabriel Attal et la ministre
03:41 de l'Éducation nationale Nicole Belloubet, l'arrêté prévoyant le regroupement des
03:46 élèves de 6e et de 5e a été publié au journal officiel ce dimanche 17 mars.
03:51 Le corps enseignant dénonce cette réforme car il craint un tri social.
03:54 Dans l'idée de pouvoir travailler avec moins d'élèves, nous c'est vrai que c'est vraiment
04:00 une de nos demandes, mais en fait le fait de permettre aux élèves de se rencontrer
04:06 dans leur diversité, avec leurs différentes appétences, c'est ça aussi qu'on appelle
04:11 justement l'égalité des chances.
04:13 C'est de venir dire que nos territoires sont riches et que les savoirs ont plein de formes
04:21 et que c'est vraiment dommage de venir stigmatiser justement ainsi, qu'est-ce que le savoir,
04:27 qu'est-ce que la réussite, alors qu'en fait il y a plein de façons de réussir et
04:32 je pense qu'on est beaucoup de professeurs à vouloir soutenir justement cette philosophie-là.
04:37 Nous on nous a expliqué qu'en gros pour le français et les mathématiques, si on
04:48 prend trois classes, on les divise en quatre groupes, ça veut dire qu'on va rajouter
04:53 une heure en plus le temps des mathématiques et le temps du français.
04:58 Où est-ce qu'on va trouver tous ces enseignants et ces nouveaux enseignants et enseignantes
05:01 qui vont donner des cours de mathématiques et de français ? Déjà qu'on a des problèmes
05:05 de remplacement de nos collègues qui quand ils sont en arrêt ne sont pas remplacés
05:09 ou peu remplacés, donc là c'est une vraie problématique pratico-pratique, où on les
05:13 met et avec qui ?
05:14 Les banques sociaux, en colère ! Les infirmières, en colère !
05:18 Les soignants, en colère ! Les distances sociales, en colère !
05:23 Les milices, en colère !
05:25 [SILENCE]