À l'occasion d'une manifestation départementale, enseignants, parents et élèves ont manifesté à nouveau leur droit à une éducation de qualité et émancipatrice en Seine-Saint-Denis. L'Humanité a suivi le cortège au départ de Bagnolet.
« Attal, remballe ton tri social !», la mobilisation des enseignants de la Seine-Saint-Denis entre dans sa cinquième semaine de grève et la population ne désarme pas. Ce samedi 30 mars, en fin de matinée, différents cortèges se sont créés dans le département pour une déambulation avant de tous convergés sur la place de la mairie à Montreuil.
Outre les revendications nationales contre la réforme du « choc des savoirs », les syndicats du département réclament la création de 5.000 postes d'enseignants et un peu plus de 3.000 emplois de vie scolaire. Ils dénoncent également la vétusté de certains bâtis.
Julien, enseignant au collège Travail-Langevin de Bagnolet, donne de la voix à l'aide de son mégaphone en tête de la manifestation: « Ni uniformes, ni groupes de niveaux, des postes et des moyens c'est ça qu'il faut ! ». « Nous voulons un rattrapage des moyens qui nous sont dûs en terme de professeurs, d'AESH, d'infirmières ou d'assistantes sociales que nous n'avons pas au collège Travail-Langevin de Bagnolet», nous explique le professeur.
François, professeur de mathématiques depuis de nombreuses années au collège Politzer de Bagnolet, souligne la difficulté d'enseigner dans le département : « Parfois, il faut se substituer aux parents, on fait du social et certains parents d'élèves ne parlent pas le français donc nous prenons le relais de nombreux organismes, lié à la dégradation des services publics en fait.
Pour Samar Chibani, la réalité est encore plus sombre, son fils handicapé n'a pas eu d'AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) durant son année scolaire : «Mon fils en détresse m'a parlé de suicide parce qu'il ne trouve pas l'aide dont il a besoin».
Les syndicats d'enseignants demandent également l'abandon des mesures du "choc des savoirs", en particulier les groupes de niveau en français et mathématiques qui entreront en vigueur à compter de la rentrée scolaire 2024 pour les classes de sixième et de cinquième et à compter de la rentrée scolaire 2025 pour les classes de quatrième et de troisième.
« Personne ne veut de ces groupes de niveaux, aucun syndicat d'enseignants et aucune association de parents d'élèves n'en veut », martèle Aurélie Trouvé députée LFI de Seine-Saint-Denis.
Pour Patrice Bessac, maire communiste de Montreuil, la réalité pour les élèves du département, c'est en moyenne la perte d'un an de cours durant leur scolarité. « C'est un plan de rattrapage contre les inégalités, nous ne voulons pas plus, nous voulons simplement l'égalité républicaine », souligne l'élu.
« Attal, remballe ton tri social !», la mobilisation des enseignants de la Seine-Saint-Denis entre dans sa cinquième semaine de grève et la population ne désarme pas. Ce samedi 30 mars, en fin de matinée, différents cortèges se sont créés dans le département pour une déambulation avant de tous convergés sur la place de la mairie à Montreuil.
Outre les revendications nationales contre la réforme du « choc des savoirs », les syndicats du département réclament la création de 5.000 postes d'enseignants et un peu plus de 3.000 emplois de vie scolaire. Ils dénoncent également la vétusté de certains bâtis.
Julien, enseignant au collège Travail-Langevin de Bagnolet, donne de la voix à l'aide de son mégaphone en tête de la manifestation: « Ni uniformes, ni groupes de niveaux, des postes et des moyens c'est ça qu'il faut ! ». « Nous voulons un rattrapage des moyens qui nous sont dûs en terme de professeurs, d'AESH, d'infirmières ou d'assistantes sociales que nous n'avons pas au collège Travail-Langevin de Bagnolet», nous explique le professeur.
François, professeur de mathématiques depuis de nombreuses années au collège Politzer de Bagnolet, souligne la difficulté d'enseigner dans le département : « Parfois, il faut se substituer aux parents, on fait du social et certains parents d'élèves ne parlent pas le français donc nous prenons le relais de nombreux organismes, lié à la dégradation des services publics en fait.
Pour Samar Chibani, la réalité est encore plus sombre, son fils handicapé n'a pas eu d'AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) durant son année scolaire : «Mon fils en détresse m'a parlé de suicide parce qu'il ne trouve pas l'aide dont il a besoin».
Les syndicats d'enseignants demandent également l'abandon des mesures du "choc des savoirs", en particulier les groupes de niveau en français et mathématiques qui entreront en vigueur à compter de la rentrée scolaire 2024 pour les classes de sixième et de cinquième et à compter de la rentrée scolaire 2025 pour les classes de quatrième et de troisième.
« Personne ne veut de ces groupes de niveaux, aucun syndicat d'enseignants et aucune association de parents d'élèves n'en veut », martèle Aurélie Trouvé députée LFI de Seine-Saint-Denis.
Pour Patrice Bessac, maire communiste de Montreuil, la réalité pour les élèves du département, c'est en moyenne la perte d'un an de cours durant leur scolarité. « C'est un plan de rattrapage contre les inégalités, nous ne voulons pas plus, nous voulons simplement l'égalité républicaine », souligne l'élu.
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00:00 Le sens de cette mobilisation, c'est réunir à la fois les parents, les élèves et les professeurs,
00:04 plus largement tous les personnels de l'éducation,
00:06 pour demander un plan d'urgence pour l'éducation dans le 93.
00:11 Atal, remballe ton prix social !
00:14 Ni uniforme, ni groupe de niveau !
00:17 Des postes et des moyens, c'est ça qu'il faut !
00:21 On veut non seulement un rattrapage de l'argent et des moyens qui nous sont dus,
00:27 c'est-à-dire en termes de professeurs, d'AESH, d'infirmières ou d'assistants sociaux,
00:33 que nous au Collège Travail, on n'a pas.
00:37 En même temps qu'on demande un plan d'urgence, on demande la fin du choc des savoirs,
00:41 c'est-à-dire la réforme de Gabriel Atal par les groupes de niveau.
00:44 Pour nous, ce n'est pas par des groupes de niveau qu'on peut faire progresser les élèves,
00:47 c'est moins d'élèves par classe.
00:49 Donc on demande 20 élèves par classe maximum.
00:52 C'est comme ça qu'on peut arriver à une bonne éducation.
00:54 Parents, élèves et professeurs, c'est tous ensemble qu'il faut lutter !
01:01 Non seulement nous avons notre rôle d'enseignant,
01:02 mais en plus on a des rôles où il faut parfois se substituer aux parents,
01:07 on fait du social, beaucoup de prise en charge financière,
01:10 parce qu'on a beaucoup de parents qui n'ont pas forcément les moyens,
01:15 on a beaucoup d'élèves dont les parents ne parlent pas français,
01:18 donc c'est compliqué aussi d'aller chercher ses droits.
01:22 Donc du coup nous on est confrontés à ça tout le temps et on prend le relais
01:25 d'un tas d'organismes qui n'existent plus en fait,
01:28 qui est dû à la dégradation des services publics.
01:30 En fait les gens pensent aux vacances, alors que moi chaque année je pense,
01:38 si mon fils aura un accompagnement l'année qui suit.
01:41 La ESH est venue juste la première semaine du mois de septembre,
01:46 après elle est partie, elle est partie, je n'avais pas de nouvelles jusqu'au mois de mars.
01:50 J'ai entendu qu'elle a démissionné.
01:52 Et l'enfant quand il n'avait pas d'ESH, il commence à perdre confiance en lui,
01:57 c'était le cas de mon fils, il pleure chaque fois quand il rentre à la maison,
02:01 et franchement, mon fils il m'a parlé de suicide.
02:06 Ouais, imagine un enfant à 14 ans, il pense à ça parce qu'il est en détresse,
02:12 parce qu'il ne trouve pas l'aide qu'il a besoin.
02:15 Parents, élèves et professeurs, c'est tous ensemble qu'il faut lutter.
02:22 Pour chiffrer précisément par exemple dans notre collège,
02:25 les groupes de niveau pour les 6ème et 5ème vont représenter 51 heures hebdomadaires,
02:29 et pour cela on n'a aucune heure supplémentaire,
02:31 donc on n'aura plus aucune marge pour faire des projets scolaires qui se feraient chiffrables,
02:36 pour les heures supplémentaires exceptionnelles aussi, parce que c'est ça.
02:40 On risque de perdre beaucoup de demi-groupes, notamment en science,
02:42 en histoire, géographie et dans toutes les autres disciplines en fait,
02:47 en mettant la focale uniquement sur les mathématiques et le français,
02:51 et sans moyens supplémentaires.
02:53 Déjà rien que quand vous parlez de groupe de niveau à la piscine, ça les stresse.
03:00 Rien que ça.
03:01 Donc vous imaginez que là vous allez leur dire en CM2,
03:04 "Attention, tu seras chez les nuls ou chez les meilleurs."
03:07 Et comment ça se passe alors si à partir de la 6ème on est chez les nuls ?
03:10 Parce que c'est comme ça qu'ils vont se nommer,
03:11 il y aura le groupe des nuls et puis le groupe des bons.
03:14 Et on dit à un gamin "tu es dans le groupe des nuls" et tu portes ça toute ta vie.
03:17 Et en plus j'apprends ce matin qu'on enlèverait une heure de SECPA,
03:20 au SECPA par semaine, c'est-à-dire aux élèves qui ont le plus besoin d'être accompagnés,
03:25 pour pouvoir financer ces groupes de niveau, personne n'en veut.
03:29 Aucun syndicat d'enseignants n'en veut.
03:31 Aucune association de parents d'élèves n'en veut.
03:33 Attal, normal de ton tri social, ni uniforme, ni groupe de niveau !
03:40 En moyenne il y aura un an de perte de cours en Seine-Saint-Denis.
03:45 Il y a une inégalité fondamentale par rapport à d'autres départements
03:49 où les professeurs sont beaucoup moins remplacés,
03:53 sont beaucoup plus jeunes et sont beaucoup plus en situation contractuelle.
03:58 Donc c'est un plan de rattrapage contre les inégalités.
04:01 J'insiste, comme d'autres parties de la France, notamment dans le rural,
04:06 nous ne voulons pas plus, nous voulons simplement l'égalité républicaine.
04:10 [Musique]