• il y a 9 mois
ÉDUCATION - « Du fric pour l’école publique » : les enseignants de Seine-Saint-Denis ont défilé en nombre jeudi 7 mars à Paris pour réclamer un plan d’urgence ambitieux pour l’école en Seine-Saint-Denis et l’abandon de la réforme des groupes de niveau, synonyme selon eux de « tri des élèves ».

« On veut du fric, du cash, de la moula pour l’école publique », « Stanislas rends l’argent » ont scandé pendant plus de trois heures les manifestants - 4.500 selon les organisateurs - avant de rejoindre vers 15h00 le ministère de l’Education barricadé par un important dispositif policier. L’intersyndicale départementale FSU, CGT, SUD, CNT et FO, qui a appelé à la grève, a revendiqué 40% de grévistes jeudi dans le secondaire, le rectorat de Créteil estimant ce pourcentage à 22%.

Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo, Le HuffPost a suivi dans la rue la mobilisation. À notre micro, des professeurs expliquent pourquoi la réforme des enseignements, le « Choc des savoirs  » voulu par Gabriel Attal et Nicole Belloubet, ne répond pas du tout aux problèmes les plus criants de leur quotidien en Seine-Saint-Denis.

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Transcription
00:00 Un plan d'urgence dans le 93.
00:02 Voilà ce que réclament ces profs de Seine-Saint-Denis
00:04 qui manifestent aujourd'hui en nombre vers le ministère de l'Éducation
00:07 alors que la rentrée est perturbée dans plusieurs établissements du département par des grèves.
00:10 Gabriel Attal et sa réforme des enseignements,
00:13 le choc des savoirs n'a visiblement pas convaincu.
00:15 Pour ces profs, les problèmes de leur quotidien ne sont pas réglés.
00:18 Quoi vos problèmes du quotidien dans votre école ou dans votre collège ?
00:21 C'est le manque de remplaçants quand nos collègues ne sont pas là.
00:24 Ce sont des élèves à besoins éducatifs particuliers
00:28 qui parfois ne sont pas accompagnés.
00:30 On a des gros problèmes sur les bâtis,
00:32 on veut vraiment une réhabilitation de beaucoup d'établissements.
00:36 Par exemple, on a trouvé des cafards,
00:39 on a trouvé un rat l'année dernière,
00:41 on a une porte d'entrée qui est explosée depuis le mois d'août.
00:44 Moi je suis prof de physique chimie et dans une des salles que j'utilise,
00:47 il y a des fuites de partout,
00:48 il y a un faux plafond qui s'est effondré aussi dans les couloirs
00:50 et c'est jamais réparé.
00:51 On ne veut pas d'éducation à 10 vitesses parce que c'est ce qu'on ressent actuellement,
00:55 c'est qu'on a l'impression qu'on nous met de côté
00:57 et c'est très humiliant et pour nos élèves et pour nous.
01:00 Après la pandémie, les études internationales ont montré
01:03 une baisse du niveau des élèves français, notamment en mathématiques.
01:05 Le gouvernement veut donc revoir en long et en large
01:08 les enseignements pour septembre 2024
01:10 et créer des groupes de niveaux.
01:12 Ici on est vent debout contre cette mesure.
01:14 L'hétérogénité, elle fait en sorte que les enfants sont tirés vers le haut.
01:18 Les groupes de niveaux, déjà ça stigmatise les élèves
01:22 et ça ne tire pas les élèves par le haut.
01:23 C'est déjà compliqué d'enseigner.
01:25 Si on se retrouve avec un groupe d'élèves qui sont démotivés,
01:28 qui ont l'impression qu'ils sont pris pour de la merde,
01:29 ça va être complètement impossible de les faire travailler.
01:32 Logiquement on peut se dire qu'avec moins d'élèves,
01:34 c'est plus facile de les accompagner, non ?
01:35 Pour nous, il faut avoir moins d'élèves dans toutes les classes et dans tous les niveaux.
01:39 Dans les groupes hétérogènes, les meilleurs en bénéficient plus.
01:43 Ils doivent formaliser leurs enseignements pour pouvoir les expliquer à leurs camarades.
01:47 Ce sera bénéficiaire à ceux qui sont un peu meilleurs,
01:50 mais ce sera surtout bénéficiaire, notamment en termes d'image,
01:54 à ceux qui sont moins bons.
01:55 Réformer les enseignements en ce moment, ce n'est pas une priorité pour vous ?
01:58 Réformer les enseignements, c'est une priorité,
01:59 mais tout est à considérer, c'est quel sens on donne à ces réformes.
02:03 La réforme du choc des savoirs, elle consiste à demander encore plus aux enseignants,
02:07 sans quasiment aucun moyen qui est donné derrière.
02:10 S'il n'y a pas les moyens derrière,
02:11 et si on ne s'intéresse pas aux vraies problématiques dans les établissements,
02:14 ça ne sert à rien.
02:15 Donc ce n'est pas un problème d'être pour ou contre des réformes dans l'absolu,
02:18 c'est qu'elles soient intelligentes ces réformes.
02:20 Et à un moment donné, la bêtise qui vient de bureaucrates,
02:24 ça commence à nous gonfler sérieusement.
02:25 On a vraiment besoin que ça bouge,
02:27 et on a besoin qu'on nous entende dans le 93.
02:29 - Et qu'est-ce qu'on veut ? Un plan d'urgence !
02:34 - Pour qui ? - Pour la Seine-Saint-Denis !
02:36 - Et qu'est-ce qu'on veut ?
02:38 [Musique]

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