L’idée d’être décédé m’est très désagréable. Sérieux ce gouffre sans fond là, tout noir, qui dure l’éternité, c’est relou. Mais j’ai beau ne pas aimer la mort, je sais aussi qu’il y a des gens que ma mort réjouira.
Retrouvez la question de David Castello-Lopes dans le 7/10 (8h55 - date) Retrouvez toutes les questions de David Castello-Lopes sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-david-castello-lopes
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00:00 David Castello Lopez, bonjour, votre question ce matin, est-il facile de se procurer un cadavre ?
00:09 La mort, franchement c'est nul, ce gouffre sans fond qui dure toute l'éternité, franchement la flemme.
00:17 Mais, mais, j'ai beau ne pas aimer la mort, je sais aussi qu'il y a des gens que ma mort réjouira.
00:23 Les fleuristes par exemple, à notre regretté David, niang niang niang, bam, 50 balles.
00:28 Les faussoyeurs, mais aussi, pour peu que je décide de donner mon corps à la science,
00:32 plein d'autres gens, des professeurs de médecine, des chercheurs, qui ont besoin de mieux comprendre le corps humain.
00:37 Ces personnes-là, elles raffolent de gens décédés.
00:41 Parce qu'il y a tout un tas de choses qu'on peut faire avec des gens décédés,
00:44 que l'on ne peut pas faire avec des gens qui ne sont pas décédés.
00:47 A commencer par les découper en petits morceaux.
00:50 Si vous êtes un professeur de médecine spécialiste des coudes, par exemple,
00:54 et que vous voulez transmettre votre connaissance sur les coudes,
00:57 et bien rien de tel que d'avoir le vrai coude d'une vraie personne décédée sous la main
01:02 pour pouvoir dire "eh, voyez comment ça plie, c'est trop marrant".
01:05 C'est comme ça que je l'imagine.
01:06 Mais alors, comment faire pour se procurer un cadavre dont on peut par exemple découper les coudes ?
01:11 Pendant des siècles, c'était super difficile.
01:14 Au début, on se servait du corps des criminels exécutés, ça faisait d'ailleurs partie de leur peine.
01:20 Et puis, il y a des gens qui ont commencé à voler des cadavres fraîchement enterrés.
01:25 Souvent des cadavres de personnes pauvres d'ailleurs,
01:27 parce que les pauvres ont moins les moyens de se plaindre, surtout quand ils sont morts.
01:31 Et, fun fact, très souvent, les voleurs de tombe de l'époque,
01:35 ils ne déterraient pas la totalité du corps.
01:37 Ils creusaient juste un petit trou pour atteindre par exemple la tête,
01:40 et là, ils tiraient fort et le corps sortait tout seul.
01:43 Comme ça, hyper pratique.
01:45 Et puis, au début du 19ème siècle, en Écosse,
01:48 il y a eu deux bandits qui s'appelaient William Hare et William Burke,
01:52 qui ont eu une idée encore meilleure.
01:53 Ils se sont dit "Comment c'est relou de déterrer les cadavres.
01:57 Viens, on prend des gens vivants, et puis juste on les tue pour qu'ils deviennent morts,
02:01 et ensuite, on vend leurs cadavres à un professeur d'anatomie".
02:05 Et ces deux messieurs, comme ça, ils ont tué une quinzaine de personnes avant de se faire choper.
02:10 Ironie du sort, l'un d'entre eux, Burke, a été condamné à mort.
02:13 Son cadavre a été disséqué par un professeur de médecine,
02:16 et on a utilisé sa peau pour fabriquer des petits objets du quotidien.
02:20 Bon, aujourd'hui, il n'y a plus vraiment d'histoires comme celle-là,
02:23 parce que c'est beaucoup plus facile de se procurer un cadavre.
02:26 Aux Etats-Unis, par exemple, dans la plupart des États, le commerce des cadavres n'est pas interdit.
02:31 Il y a un business légal de la vente de cadavres,
02:34 avec même ce qu'on appelle des courtiers en cadavres,
02:38 qui se procurent des gens morts, souvent en leur proposant de payer une partie de leur crémation,
02:42 et ils brûlent effectivement le corps, mais pas en entier.
02:45 Le reste, ils le vendent à la découpe.
02:48 Alors, il y a eu des enquêtes faites sur ce milieu, notamment par l'agence Reuters,
02:51 et on connaît donc le prix auquel sont vendus les morceaux de gens.
02:55 Il faut coter à peu près 4000 euros pour un torse avec des jambes,
02:59 560 euros pour une tête, 400 euros pour un pied,
03:03 et on imagine, mais ça je n'ai pas vérifié, que des fois, il doit y avoir des soldes.
03:07 Hop, cette semaine, -50% sur les homoplates.
03:10 Quoi ? -50% ? Mais c'est donné !
03:13 Alors, en France, la loi est sensiblement plus serrée qu'aux Etats-Unis,
03:16 donc c'est plus dur quand même de se procurer un cadavre,
03:19 mais il y a quand même eu un scandale il y a quelques années,
03:21 quand on a appris que le centre de don de l'université Paris-Descartes
03:25 stockait les corps donnés n'importe comment,
03:27 et qu'il y avait même eu des ventes de morceaux sous le manteau.
03:30 Moi, si je donne mon corps, j'aimerais qu'on y fasse un petit peu plus attention que ça.