Dans un entretien accordé aux quotidiens « Libération » et « La Croix » Emmanuel Macron a déclaré qu'un projet de loi sur la fin de vie sera débattu avant cet été. Mais beaucoup d'incertitudes persistent sur ce que cette future loi permettra précisément, et dans quelles conditions.
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00:00 - Facebook sur l'appli France Bleu, ici, vous pouvez donner votre avis et c'est important.
00:04 Et puis là, pour le coup, on est tous concernés par la question fin de vie, qui doit décider de votre mort, de notre mort,
00:09 est-ce que c'est vous-même, le corps médical, vos proches, la nature ?
00:13 Vous pouvez vous exprimer, dire ce que vous en pensez.
00:15 Vous allez pouvoir prendre la parole au 04-67-58-6000.
00:18 Tiens d'ailleurs, appelez-nous tout de suite.
00:20 Moli vous accueille au standard de France Bleu et rond.
00:22 On a une idée du résultat, ça n'a pas bougé depuis tout à l'heure, j'imagine Guillaume,
00:25 mais on va le rappeler pour ceux qui viennent de nous rejoindre.
00:27 - Les proportions sont toujours les mêmes, alors vous êtes 237 à avoir voté depuis 16h hier après-midi.
00:31 Vous pouvez encore le faire pendant un quart d'heure, mais surtout on a envie de vous entendre, donc vous nous appelez.
00:36 Et donc les proportions n'ont pas bougé.
00:38 À une écrasante majorité, vous considérez que c'est à chacun de décider de sa propre mort.
00:43 82%, 12% la nature, laissez faire la nature, 3% seulement le corps médical et 3% seulement également les proches.
00:53 - Alors vous nous appelez, 04-67-58-6000, qu'en pensez-vous, vous qui nous écoutez ce matin ?
00:59 Nous sommes avec Noël Messina Peretti, délégué de l'ADMD 34, c'est le droit de mourir dans la dignité, Guillaume.
01:04 - Bonjour Noël Messina Peretti. - Bonjour monsieur.
01:07 - Et on parle de ça ce matin évidemment, parce qu'on ne l'a pas rappelé dans un entretien accordé à Libération et à la Croix hier.
01:13 Emmanuel Macron a déclaré qu'un projet de loi sur la fin de vie sera débattu avant cet été.
01:20 J'ai envie de dire un nouveau texte, parce que c'est une question qui traîne depuis des années dans ce pays.
01:26 Vous y croyez Noël Messina Peretti ? Vous dites "ça y est, on va légiférer".
01:35 - J'espère que ça va avancer.
01:38 Les propositions qu'il a faites sur le texte pour avoir une possibilité de demander une aide à mourir,
01:48 c'est d'être majeur, être capable de discernement, c'est-à-dire le consentement,
01:54 une maladie incurable, c'est des souffrances physiques qui ne sont pas calmées,
02:01 et un pronostic vital engagé à court et à moyen terme.
02:05 Alors qu'on ne sait pas, le moyen terme, on n'a aucune idée de ce que ça peut être.
02:09 - On va revenir sur ces notions-là, parce qu'elles sont importantes et qu'effectivement elles sont très strictes.
02:14 Je rappelle que vous êtes déléguée de l'ADMD, l'association pour le droit de mourir dans l'indignité,
02:19 qui depuis très longtemps, depuis plusieurs années, c'est pour ça que j'ai fait ce petit lapsus,
02:24 demande une légalisation de l'euthanasie. On ne prononce plus le mot d'ailleurs, il est interdit ?
02:29 - De l'euthanasie et du suicide assisté.
02:32 L'euthanasie c'est la bonne mort.
02:34 - Qui est devenue tabou aujourd'hui en France.
02:37 - C'est mal vu pour la référence à l'époque nazie, mais ça n'a rien à voir.
02:45 C'est la bonne mort, l'euthanasie.
02:48 - Est-ce qu'on peut dire qu'à travers cette déclaration d'Emmanuel Macron,
02:51 même si elle se doit d'être précisée dans les prochaines semaines,
02:55 on est passé du "laisser mourir" au "faire mourir" ?
03:03 Ou est-ce qu'on est encore dans une position un peu intermédiaire ?
03:07 - Il y a quand même des critères qui sont stricts.
03:09 Il va y avoir la personne qui va être en fin de vie,
03:14 quand elle va faire la demande, c'est la personne normalement,
03:18 vous voyez ce qui revient de vos sondages,
03:21 on est dans un pays laïc, où chaque citoyen doit pouvoir décider,
03:27 comme pour l'avortement, de sa fin de vie.
03:30 - Vous insistez sur le mot laïc, ce n'est pas pour rien ?
03:32 - Non, parce qu'il y a des prises de position aussi des communautés religieuses,
03:36 notamment de la communauté catholique, qui elles, continuent à rester opposées.
03:40 Il faut l'écouter ou pas ?
03:42 - Mais il faut respecter toutes les religions,
03:45 la religion catholique, la religion musulmane, la religion juive.
03:49 J'ai été à un entretien à Medi-Libre où j'ai été confrontée à tous les religieux,
03:56 et moi je respecte toutes les religions, toutes les pensées,
04:02 mais nous sommes libres, personne ne peut rien nous imposer.
04:06 - Le corps médical lui aussi, alors pas tout le corps médical,
04:08 mais une partie du corps médical, on entend aussi des médecins, depuis hier,
04:12 donner aussi une position assez défavorable.
04:15 - Oui d'accord, mais il y a des médecins aussi qui sont pour,
04:18 et il y a quand même 69%, je crois que c'est un sondage de 2019,
04:25 69% des médecins qui sont pour, il y a des médecins qui ont aidé,
04:29 j'en ai rencontré, il n'y a pas de problème.
04:33 - Noël Messina Peretti, je vous propose de nous interrompre une petite seconde,
04:36 parce qu'on a déjà un premier appel au standard,
04:38 donc on va accueillir notre auditrice.
04:39 - Oui c'est Simone qui est à Vias et qui nous écoute ce matin,
04:42 et qui nous appelle au 04 67 58 6000.
04:45 Bonjour Simone.
04:46 - Bonjour à vous.
04:47 - On vous écoute alors, qu'en pensez-vous vous ?
04:50 - Pour moi on a la liberté de choisir comme la dame a dit,
04:53 qu'on conçoit n'importe quelle religion,
04:56 je pense que nous sommes des humains libres de choisir notre propre mort,
05:01 et d'avertir nos proches en disant "voilà je veux mourir de telle façon qu'on ne puisse plus souffrir".
05:07 Pourquoi faire souffrir des gens coincés qui vont mourir ?
05:11 On a le droit de mourir comme on veut.
05:13 - Simone, dans ce que dit Emmanuel Macron hier,
05:16 en tout cas dans ce qu'il sous-entend, parce que ce n'est pas encore aussi clair,
05:19 on a le sentiment qu'il y a souffrance et souffrance,
05:22 qu'il faut que la souffrance elle soit effectivement avérée,
05:24 et qu'on ne puisse pas lutter contre,
05:27 et qu'il faut aussi que le délai par rapport à sa propre fin soit finalement assez rapproché.
05:35 Ça, ça vous gêne sur le principe ?
05:38 Chacun doit pouvoir décider sans qu'il y ait des conditions aussi strictes que ça, c'est ça ?
05:42 - Oui tout à fait.
05:43 Je pense que les êtres humains, quelles que soient nos critiques,
05:47 ont le droit de choisir notre mort.
05:49 Pourquoi souffrir initialement, même la souffrance pour nos proches ?
05:53 Vous croyez que c'est bien de voir les parents ou les enfants mourir,
05:59 en sachant que dans quelque temps ils vont mourir ?
06:02 Alors laissons-les choisir leur mort.
06:06 - Merci Simone de nous avoir appelé.
06:07 Noël Messina-Péretti, une réaction par rapport à ce que vient de dire ?
06:09 - Donc nous avons la possibilité de discuter en famille.
06:14 Enfin, quand quelqu'un est malade, il est accompagné,
06:20 et il doit pouvoir expliquer à sa famille ce qu'il veut.
06:27 D'où l'intérêt des directives anticipées et de la désignation de personnes de confiance.
06:32 Donc pour le moment il n'y a pas...
06:33 - Mais prenons par exemple, Noël Messina-Péretti, l'exemple des maladies dégénératives,
06:37 comme Alzheimer ou Parkinson.
06:38 Tant que la personne a effectivement toute sa lucidité et tout son discernement,
06:44 elle sait que la faim est inéluctable et qu'elle va peu à peu glisser dans une forme de...
06:49 Est-ce que ce n'est pas aller trop loin que d'autoriser ces personnes-là,
06:54 vivant et souffrant de ces pathologies-là,
06:57 à pouvoir requérir un suicide assisté, pour reprendre l'expression que vous utilisiez tout à l'heure ?
07:02 Il n'y a pas un garde-boue à mettre là, Jean-Maxime.
07:04 La souffrance, elle est là, elle est psychologique et elle est morale,
07:07 elle n'est pas forcément physique.
07:09 - Le problème c'est que la suppression de...
07:13 Enfin, si c'est supprimer, la prise en considération de ces fameuses directives anticipées,
07:18 dans lesquelles on marque ce que l'on veut,
07:20 ne pas souffrir, refuser l'acharnement des raisonnables,
07:26 et demander ce qui était jusqu'à présent la loi Clast-Leonetti,
07:31 la sédation profonde et continue.
07:34 Mais ça, ça exclut.
07:36 Si on supprime ça, ça va exclure du champ les maladies
07:41 qui vont être de maladies neurodégénératives,
07:44 qui déjà n'entraient pas dans la loi Clast-Leonetti.
07:47 Parce que le court terme, alors là le moyen terme, on ne sait pas ce que ça va être,
07:51 mais même du court terme ou du moyen terme,
07:55 sur des maladies neurodégénératives,
07:57 il n'y a aucun médecin qui pourra dire dans combien de temps le patient a décédé.
08:01 - 0467 58 6000 pour vous exprimer, n'hésitez pas à prendre la parole Pierre de Montpellier, Camponce.
08:08 Pierre, bonjour.
08:09 - Bonjour, bonjour.
08:11 - Bonjour Pierre.
08:11 - Ecoutez, moi je trouve que la loi n'est pas assez ouverte du tout.
08:16 Parce qu'il y a tout le problème de ceux qui ne font plus,
08:20 qui ne maîtrisent plus leur conscience.
08:22 Et c'est ça qui est terrible.
08:24 J'ai un cas très actuel que je vis, d'une personne,
08:28 l'arrière-grand-mère de mes petits-enfants,
08:30 qui a 97 ans,
08:33 qui est allongé depuis deux ans dans un lit sans pouvoir bouger,
08:37 qui n'entend rien, qui ne voit rien,
08:39 qui quand elle fait un petit-enfant, ou moi-même allons la voir, ne reconnaît personne,
08:44 et qui la seule chose que je vois dans la journée de temps en temps,
08:48 c'est son visage se crisper de souffrance.
08:50 Eh bien, elle est soutenue médicalement,
08:53 on la nourrit par cathéter,
08:56 on lui donne des médicaments pour soutenir le cœur,
08:58 je trouve ça scandaleux.
09:00 - Mais cette personne, Pierre, pardon de rentrer dans l'intimité de votre famille,
09:05 mais est-ce que cette personne avait exprimé un souhait particulier,
09:07 une directive particulière,
09:09 ou vous considérez que c'est à vous, c'est proche de décider de sa mort, finalement,
09:15 puisque c'est de ça dont il s'agit ?
09:17 - Alors, elle a 97 ans,
09:19 quand elle avait 91, c'était il y a 17 ans,
09:22 le sujet n'était pas à la mode,
09:25 on ne savait pas encore qu'il fallait dire ce qu'on...
09:27 - Mais qui doit décider, Pierre, selon vous ?
09:30 - Eh bien, un comité médical et familial,
09:36 composé des deux,
09:37 parce que les médecins, tous seuls, ne s'en rendent pas compte, forcément,
09:40 et puis il y a des intérêts, il y a des ceci, il y a des cela,
09:43 je pense aussi qu'il ne faut pas la famille toute seule,
09:45 je pense qu'il faut qu'il y ait un comité paritaire, si je puis dire,
09:49 avec un droit de vote de cotière,
09:52 je ne suis pas spécialiste.
09:54 - Là, on est d'accord qu'on n'est plus dans du suicide assisté, Pierre,
09:56 on est carrément dans un acte d'euthanasie,
09:59 prenons-en de l'eau.
10:01 - Oui, oui, non, non, c'est...
10:04 Ecoutez, comme vous êtes complètement un légume,
10:08 un légume de famille qui ne veut plus être là.
10:13 C'est un légume !
10:15 - On a bien compris votre position, en tout cas,
10:17 vous dites qu'on va passer loin, Noël Messina...
10:19 - C'est de l'obstination des raisonnables, c'est évident,
10:22 mais bon, est-ce qu'elle a dit quelque chose à sa famille ?
10:24 - Voilà, c'est compliqué de décider...
10:25 - Voyez, regardez, pour l'affaire Vincent Lambert,
10:28 il n'avait pas signé ses directives anticipées,
10:31 et ça a duré 11 ans.
10:32 - Oui, de bataille judiciaire.
10:34 - Si on avait désigné son épouse,
10:35 le problème aurait été réglé.
10:37 - Oui, et alors quand Pierre dit "on va pas assez loin",
10:40 vous êtes d'accord ?
10:41 - De toute façon, pour le moment, c'est juste un début,
10:44 c'est juste un projet de loi.
10:46 Ça va passer au Parlement, et au Parlement,
10:48 ça va être discuté, il va y avoir des amendements,
10:51 et donc on attend aussi que les amendements soient portés,
10:55 et que ça puisse permettre à la loi d'avancer.
11:00 - Sauf que chacun va y aller de ses propres amendements,
11:03 entre une partie de la gauche qui a dit qu'on pourrait voter
11:07 avec la majorité, et une partie de la droite qui ne le ferait pas,
11:11 parce que beaucoup d'élus de droite sont opposés
11:14 au suicide assisté, ou à...
11:16 - Oui.
11:18 - Ça va être compliqué encore.
11:20 - De toute façon, il voulait pas entendre parler d'euthanasie,
11:24 il permet pas l'euthanasie, c'est seulement une exception
11:28 dans la proposition, dans le projet de loi.
11:30 - C'est suicide aide à mourir, aide active à mourir,
11:34 c'est-à-dire le patient, le médecin, marquera le médicament
11:42 au patient, qu'il le prendra ou qu'il ne le prendra pas,
11:45 il y a deux jours de réflexion, il y a quinze jours ensuite
11:49 de délai, et si la prescription est positive,
11:55 la prescription sera valable trois mois.
11:58 Est-ce que le patient le prendra ou le prendra pas,
12:01 on se rapproche de la loi de l'Oregon en 1994,
12:04 où c'est le médecin qui marque le produit au patient,
12:07 et après le patient...
12:09 - Décide ou pas.
12:11 - Prend ou prend pas.
12:13 - Quand il est en capacité de pouvoir, évidemment décider.
12:15 - Il faudrait l'aide d'associations.
12:17 - On va s'arrêter là, le temps passe très vite.
12:19 Merci en tout cas Noël Messina Peritti, je rappelle que vous êtes délégué
12:21 de l'association pour le droit de mourir dans la dignité
12:23 dans le département de l'héros, j'imagine qu'on se reparlera
12:25 dans les semaines ou les mois qui viennent,
12:27 parce que ce débat est loin d'être clos.
12:29 Merci à vous d'être venue.
12:31 - Merci.
12:33 - Vous pouvez voir notre interview sur francebleu.fr,
12:35 sur notre site internet, elle est dispo.
12:37 Vous pouvez en tout cas...
12:39 Il est 7h58.
12:41 - Il y a des caméras dans ce studio !