• il y a 9 mois
Aux États-Unis, l’heure est à la création d’emplois ! Cette donnée, très regardée par la Fed, indique que l’économie américaine a créé 275 000 postes en février, c’est plus qu’anticipé : les analystes tablaient sur 200 000 créations. Au-delà des créations d'emplois pour février, les révisions à la baisse des estimations de décembre et janvier sont le signe d’un atterrissage en douceur, selon Pierre-Yves-Dugua, notre correspondant américain.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:04 L'emploi américain, l'économie donc, et bien sûr la politique.
00:08 Nous en parlons chaque lundi avec notre correspondant américain.
00:12 Pour ce quart d'heure américain, Pierre-Yves Duguay est avec nous en vidéoconférence.
00:15 Bonjour et bienvenue Pierre-Yves.
00:17 - Bonjour.
00:17 - Nous avons commencé à évoquer avec mon invité précédent le dernier rapport sur l'emploi aux Etats-Unis.
00:24 Dans quel sens va-t-il selon vous, Pierre-Yves ? Est-ce qu'il va dans le sens d'une économie américaine toujours en surchauffe ?
00:32 Ou est-ce qu'on peut trouver quand même les signes d'une détente progressive de l'économie américaine ?
00:38 - Écoute, mon impression c'est que le marché américain de l'emploi se refroidit.
00:44 C'est une bonne nouvelle, c'est une nouvelle souhaitée parce que nous étions en surchauffe.
00:50 La mauvaise nouvelle c'est que le marché de l'emploi se refroidit.
00:53 Excellente entrée en matière avec notre invité il y a quelques minutes.
01:01 Il faut gratter un petit peu les chiffres qui ont été publiés par le bureau du travail, le département du travail, pardon, le premier vendredi du mois la semaine dernière.
01:13 On nous a annoncé 257 000 créations nettes de postes. C'est beaucoup plus que prévu mais une fois de plus, une fois de plus, on révise et toujours dans le même sens, à la baisse, les chiffres des deux mois précédents.
01:31 C'est 167 000 emplois de moins qui finalement ont été créés depuis le mois de décembre avec une forte révision en particulier pour le mois de janvier.
01:43 Si début février on nous avait annoncé que pour janvier les créations d'emplois n'étaient pas de 353 000 mais de 229 000, ce qui a été le cas, croyez-moi, le marché obligataire n'aurait pas réagi de la même manière.
01:56 Donc il y a de bonnes raisons de penser que le marché américain de l'emploi est en train de se refroidir. Plusieurs indices outre ces révisions systématiques à la baisse depuis plusieurs mois,
02:10 il y a cette divergence dont nous parlions à l'instant entre ces deux mesures de l'emploi aux États-Unis, un qui est le sondage réalisé auprès des entreprises,
02:18 l'autre le sondage réalisé auprès des ménages, mais il y a d'autres indices intéressants. D'abord nous avons observé en février un net ralentissement des augmentations de rémunération moyenne du travail hebdomadaire.
02:38 On est passé de +0,5 en janvier à +0,1 en février, c'est deux fois moins que prévu, c'est vrai, beaucoup de revalorisation de salaire a été calqué sur le calendrier 1er janvier,
02:51 elle ne se répète pas donc en février, tant mieux du point de vue du marché obligataire. Nous avons une poursuite de la baisse de la durée hebdomadaire de travail.
03:02 On a perdu en un an presque une demi-heure. Nous avons également une poursuite de la proportion de départs volontaires. On a retrouvé le niveau de 2,1 à peu près qui prévalait avant le confinement.
03:19 Ce sont des indications intéressantes. Il y a la composition sectorielle des créations d'emplois. Je suis assez stupéfait de le constater moi-même, mais si on regarde en moyenne les créations d'emplois pour les lycées en moyenne mensuelle en 2023,
03:41 on tourne autour de 230 000 je crois, voilà, 230 000 en 2023. C'est bien joli tout ça, mais en 2023, 78% de ces créations nettes d'emplois sont provenues de trois secteurs seulement.
03:59 Le secteur public, on s'est remis à embaucher des fonctionnaires, surtout au niveau des États américains, dans l'éducation par exemple. La santé, ce qui est une grande constante de l'économie américaine en raison de son vieillissement démographique.
04:15 On embauche dans les maisons de retraite, on embauche dans les hôpitaux, on embauche dans les centres de soins. Et le secteur, disons pour simplifier, de l'hôtellerie et de la restauration.
04:26 Si on évacue ces trois secteurs qui ont fait 78% des créations nettes d'emplois l'an dernier, on a en moyenne 50 000 créations nettes d'emplois par mois l'année dernière.
04:37 C'est pas beaucoup. Et ça laisse pas beaucoup de place à l'industrie manufacturière, dont on est convaincu à Paris, j'ai le regret de vous le dire une fois de plus, mon cher Grégoire,
04:47 que l'Amérique est en plein boom industriel et que la politique formidable, protectionniste et nationaliste sous Trump, reprise par Joe Biden avec l'appui des syndicats, nous fait exploser l'activité industrielle aux États-Unis.
05:01 Ça n'est pas vrai. Ça n'est pas vrai. L'indice ISM qui mesure l'activité manufacturière est en dessous de 50 depuis 16 mois maintenant.
05:11 On a quelques signes de redressement, c'est vrai, depuis quelques semaines. Mais enfin, 16 mois de contraction de l'activité industrielle, on n'a pas vu ça depuis le début du siècle.
05:19 Et en termes d'emplois, l'emploi manufacturier aux États-Unis a très très peu bougé depuis octobre 2022. Donc il y a des vraies faiblesses dans ce marché de l'emploi,
05:32 ce qui plaide pour une réduction du taux de la Fed probablement avant le mois de septembre.
05:42 Oui, c'est ça. Le mois de juin semble être pour l'instant la cible idéale, confirmée encore par les derniers propos de Jérôme Poel.
05:51 Non, mais ces données granulaires sur le marché du travail américain expliquent aussi sans doute la faiblesse peut-être du sentiment des ménages qu'on peut regarder à travers différentes enquêtes, Pierre-Yves.
06:01 J'en ai une autre qui m'a estomaqué. On a le droit de dire estomaqué sur B-Smart.
06:07 En 2024, oui.
06:09 Parce qu'on a beau être smart, on peut s'estomaquer.
06:14 Depuis 12 mois, 880 000, j'arrondis, 880 000 personnes qui sont nées aux États-Unis et qui sont en âge de travailler ne travaillent plus.
06:27 Dans le même temps, 1,5 million qui sont nées en dehors des États-Unis sont rentrées dans la population active et travaillent.
06:35 Ça a été un argument...
06:37 L'augmentation de l'activité et les créations d'endroits sont, une fois de plus, liées à l'immigration.
06:44 C'est un point qui a été mis en avant par Jérôme Poel lors de ses auditions au Congrès la semaine dernière.
06:53 Qui est Geoffrey Duncan, Pierre-Yves, et pourquoi faut-il peut-être s'intéresser à cette personnalité du monde politique américain ?
07:03 Vous ne savez pas qui est Geoffrey Duncan ?
07:06 Je le sais depuis deux heures à peu près.
07:08 Moi, je le sais depuis hier.
07:11 D'ailleurs, c'est ça le problème.
07:14 Il était lieutenant-gouverneur de l'État de Géorgie de 2019 à 2023.
07:22 C'est-à-dire qu'au niveau de la Géorgie, il était le vice-président, si vous voulez.
07:28 Il a quitté ce poste parce que ça a été un des premiers républicains à dire qu'il était inadmissible que Donald Trump remette en cause la manière dont nous avons procédé au décompte de voix en Géorgie.
07:40 Il n'y a pas de fraude électorale, il n'y a pas de manipulation électorale.
07:43 Et je suis désolé pour le candidat de mon parti, Donald Trump, mais il n'a pas gagné les élections dans l'État de Géorgie.
07:50 Alors, il s'est fait beaucoup d'ennemis chez les trumpistes.
07:52 Il a fini par quitter son poste.
07:54 Il a écrit un livre.
07:55 C'est un conservateur.
07:56 Et pour répondre à votre question, pourquoi est-ce qu'on parle de lui tout d'un coup ?
08:00 Parce qu'il est sur la liste des candidats possibles de ce mouvement centriste qui se veut bipartite, qui s'appelle No Labels,
08:10 et qui part du principe que comme 60% des Américains ne veulent plus ni de Donald Trump ni de Joe Biden,
08:18 ils rêvent d'un affrontement électoral qui fasse émerger une autre personnalité moins partisane.
08:25 Ce mouvement a en tout cas envisage de proposer le poste de candidat selon un processus qui est sur le point d'être annoncé dans quelques jours, cette semaine.
08:40 Il faut que No Labels se dépêche de le faire parce qu'il y a un calendrier institutionnel important dans les 50 États américains
08:46 si on veut être présent sur les bulletins pour le vote du 5 novembre.
08:52 Il faut que les choses soient en gros précisées au mois d'avril maintenant pour No Labels.
08:57 Ce qui est intéressant, c'est que No Labels refuse pour le moment de mettre en avant Geoffrey Duncan,
09:05 mais le Wall Street Journal pense que c'est une des personnalités.
09:11 D'abord, il pourrait sortir de central casting. Il a vraiment l'air d'être un président.
09:15 Il a le look, il a 48 ans, il a l'expérience et il n'est pas trumpiste.
09:21 Donc, il peut plaire un petit peu à tout le monde.
09:23 On a trois personnes importantes qui ont refusé d'être le candidat de No Labels.
09:28 Nikki Haley qui préfère être perdante chez Les Républicains qu'être perdante chez No Labels.
09:34 Nous avons Larry Hogan qui est mon ancien gouverneur dans le Maryland.
09:40 Je vais pouvoir voter pour quelque chose de différent dans le Maryland cette fois-ci.
09:44 D'habitude, l'élection est systématiquement gagnée d'avance par les démocrates.
09:48 Larry Hogan a dit "je veux me présenter à la sénatoriale".
09:52 Donc, il n'est pas disponible pour No Labels.
09:55 Et nous avons Kirsten Sinema, sénatrice indépendante, bien que votant plutôt démocrate, de l'État d'Arizona,
10:02 qui a dit "je quitte le Sénat, je ne me représenterai pas".
10:05 Donc, tout le monde s'en va, tout le monde fuit l'élection et les pauvres No Labels cherchent désespérément un candidat,
10:11 peut-être Geoffrey Duncan.
10:13 Bon, on va retenir son nom pour quelques temps, au moins, voir ce qu'il arrive à Geoffrey Duncan et au groupe et au parti des No Labels.
10:21 Merci beaucoup Pierre-Yves.
10:22 Pierre-Yves Dugas, avec nous chaque lundi pour ce quart d'heure américain dans Smart Bourse,
10:26 à retrouver évidemment en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
10:32 [Musique]

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