Monique Tran, conseillère aux affaires agricoles à l’Ambassade de France en Inde, revient sur le marché du blé dans le pays et sur les forces et faiblesses de son agriculture. Puissance agricole majeure, second producteur mondial de blé, l'Inde est aussi un « colosse aux pieds d’argile » particulièrement touché par le changement climatique.
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00:00 La saison dernière en 2023, sur le blé, la saison n'a pas été trop mauvaise.
00:09 Ils sont vraiment arrivés à peu près à leurs 110 millions de tonnes de blé.
00:13 Sur la production de riz, ils ont été beaucoup plus fragiles parce qu'ils sont arrivés
00:19 peut-être à -3, -8% sur la production de riz.
00:23 Ce qui fait qu'ils ont diminué les exportations et interdit les exportations de blé.
00:31 Dans les deux cas, parce que depuis les années Covid, l'Inde a énormément déstocké le blé.
00:40 Parce qu'il y avait ce phénomène de confinement, les problèmes de pandémie, les fameuses
00:49 diminutions de la logistique et donc la disponibilité des céréales.
00:53 Les stocks publics ont déstocké énormément.
00:56 Aujourd'hui, ils sont dans une phase où même si la production est bonne, à 110 millions de tonnes,
01:01 ils continuent de reconstituer leurs stocks publics en cas de coup dur.
01:05 Le Prédipliement est fixé par deux phénomènes.
01:14 Un prix minimum de support qui est annoncé en début de campagne et qui correspond aussi
01:23 à ce que les Indiens seraient prêts à payer en bout de chaîne.
01:28 C'est comme ça qu'il est calculé.
01:32 Il est corrélé pour permettre au maximum d'Indiens de pouvoir acheter du blé, d'acheter de la farine.
01:37 Donc, il est totalement déconnecté du marché mondial.
01:42 C'est un des facteurs de tension actuellement avec les agriculteurs parce que les intrants
01:51 ont quand même augmenté.
01:52 Le gouvernement indien a mis en place des subventions pour les engrais, pour les pesticides.
02:01 Mais ça ne suffit pas toujours.
02:03 En ce moment, il y a une manifestation d'agriculteurs qui aimeraient avoir des nouvelles hausses
02:10 sur le prix minimum de support indien et une hausse suffisamment conséquente et qui
02:17 soit corrélée au coût de production.
02:19 Ce qui est plus ou moins le cas aujourd'hui, mais qui n'est pas tout à fait clairement établi.
02:29 Et surtout, on a des différences de coûts de production par État qui compliquent la
02:35 fixation d'un prix minimum de soutien au niveau national.
02:39 Qu'est-ce qui fait que vous êtes si fortes ?
02:45 Les forces, c'est que l'ensemble du système agricole indien est quand même très, je
02:53 dirais, administré.
02:55 Alors, ce n'est peut-être pas un joli mot dans une économie de libre concurrence, mais
03:04 ils ont la capacité aussi de se transformer très rapidement s'ils le décident.
03:10 Pour l'instant, ce n'est pas le choix qui a été fait, mais on voit dans certains États,
03:17 quand l'État du Sikkim a décidé de se convertir à l'agriculteur biologique, ils
03:21 ont mis à la fois des incitations, mais ils ont mis à la fois des sanctions et tout l'État
03:25 est passé en 100% biologique.
03:27 Donc, on voit que quand ils ont vraiment décidé de faire quelque chose, ils ont la capacité
03:32 de se transformer très vite.
03:34 Qu'est-ce qui fait que vous êtes si fortes ?
03:39 En fait, ils se trouvent dans une zone où les effets du changement climatique sont extrêmement
03:44 plus importants.
03:45 Ils ont eu une augmentation ces dernières années des températures et des phénomènes
03:53 climatiques extrêmes, avec énormément d'inondations et des vagues de chaleur avec des phénomènes
03:59 de sécheresse intense.
04:00 Et en fait, les deux cumulés, c'est quand vous avez des vagues de chaleur avec des sols
04:06 qui se craquellent et qui deviennent extrêmement imperméables.
04:10 Vous avez des inondations qui viennent par la suite et qui emportent tout.
04:14 Et c'est ces deux phénomènes qui s'alternent et qui créent des phénomènes d'érosion
04:22 des sols, qui fragilisent la fertilité des sols et qui fragilisent le potentiel de production
04:29 indien.
04:31 Merci.
04:31 Merci.
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