Découvrez « Face aux Territoires », émission diffusée sur TV5 Monde en partenariat avec Le Point. L'invité de ce nouveau numéro : Julien Denormandie, ancien ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Castex. Il répond aux questions du journaliste Cyril Viguier.
#LePoint #TV5Monde #émission #politique #société
#JulienDenormandie #interview #débat #agriculture #ministre
Suivez nous sur :
- Youtube : https://www.youtube.com/c/lepoint/
- Facebook : https://www.facebook.com/lepoint.fr/
- Twitter : https://twitter.com/LePoint
- Instagram : https://www.instagram.com/lepointfr
- Tik Tok : https://www.tiktok.com/@lepointfr
- LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/le-point/posts/
- www.lepoint.fr
#LePoint #TV5Monde #émission #politique #société
#JulienDenormandie #interview #débat #agriculture #ministre
Suivez nous sur :
- Youtube : https://www.youtube.com/c/lepoint/
- Facebook : https://www.facebook.com/lepoint.fr/
- Twitter : https://twitter.com/LePoint
- Instagram : https://www.instagram.com/lepointfr
- Tik Tok : https://www.tiktok.com/@lepointfr
- LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/le-point/posts/
- www.lepoint.fr
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Générique]
00:12 Bonjour à tous et bienvenue sur le plateau de Face au Territoire sur TV5Monde dans 200 pays.
00:17 Vous le savez, ce matin, mon invité, c'est Julien de Normandie. Bonjour.
00:21 – Bonjour. – Merci d'être avec nous.
00:22 Vous êtes l'ancien ministre de l'Agriculture.
00:24 On a évidemment beaucoup de sujets d'actualité à traiter avec vous ce matin.
00:27 Cette émission est réalisée en partenariat avec Ouest France, avec Nice Matin,
00:31 avec 20 minutes, avec France Antilles, nos compères en Outre-mer,
00:36 et puis avec le magazine Le Point et le magazine Géostratégie.
00:39 Julien de Normandie, quand Emmanuel Macron a dû remplacer son Premier ministre Jean Castex
00:44 en début de quinquennat, on a dit "ça sera Julien de Normandie".
00:48 Et ce fut Élisabeth Borne.
00:50 Quand Emmanuel Macron a dû remplacer Élisabeth Borne il y a quelques semaines
00:56 pour la remplacer, enfin quand il a voulu la remplacer en tout cas,
00:59 on a eu donc Gabriel Attal.
01:02 Pourquoi on a parlé de vous chaque fois ?
01:04 Est-ce que ce n'est pas un peu frustrant au fond de se retrouver sur un plateau comme ça
01:07 et d'avoir été un Premier ministre putatif permanent, quasi permanent ?
01:12 – C'est un grand bonheur de vous retrouver ici aujourd'hui sur le plateau.
01:19 C'est toujours un honneur quand certains parlent de vous pour de telles responsabilités.
01:26 Mais vous savez, moi j'ai toujours considéré que la vie politique,
01:29 ça n'était en aucun cas un métier.
01:31 Et que le plus grand danger quand vous vous engagez en politique,
01:34 comme j'ai pu le faire pendant plus d'une dizaine d'années,
01:38 avec cinq ans de poste ministériel à l'agriculture, à l'alimentation et avant au logement,
01:43 je pense que le plus grand danger c'est de ne devenir qu'un politique,
01:49 d'être dépendant de la politique.
01:51 Parce que dans ce cas-là, vous êtes toujours dans le coup d'après.
01:53 Vous demandez toujours mais en fait je vais faire ça parce qu'après,
01:57 il faudrait que je puisse avoir accès à ce plan de carrière.
02:00 Et moi je fais partie de ceux qui considèrent que l'engagement politique
02:03 doit toujours être un engagement non linéaire,
02:06 qu'il faut absolument ne jamais dépendre de la politique.
02:10 Je fais partie aussi de ceux qui considèrent qu'il est possible d'agir dans l'intérêt général,
02:17 pas uniquement en politique mais dans beaucoup d'autres structures,
02:20 des associations évidemment et le privé aussi.
02:23 Aujourd'hui je travaille…
02:24 – Un peu à l'américaine ?
02:25 – Aujourd'hui je travaille…
02:26 – Aux États-Unis, beaucoup de gens appartiennent au gouvernement,
02:29 font une carrière quelques années et ensuite ils retournent au privé,
02:32 ce qui ne les empêche pas d'ailleurs de revenir au gouvernement.
02:35 Ça pourrait vous arriver ?
02:36 – La vie est longue, vous savez j'ai 43 ans.
02:39 Aujourd'hui je travaille énormément dans les questions climatiques
02:43 et dans les questions de finance à impact.
02:45 Et je pense que c'est de bonne philosophie de vie
02:50 que d'avoir ces expériences dans un engagement politique,
02:53 dans l'administration, dans le privé, dans l'associatif.
02:56 Et en tout cas, encore une fois, ne jamais dépendre de la politique.
02:59 – Donc on pourrait vous retrouver un jour au gouvernement ?
03:01 – La vie est longue.
03:02 – Sinon à la tête d'un gouvernement ?
03:03 – La vie est longue.
03:04 – "Nourrir sans dévaster", c'est votre livre,
03:06 co-écrit avec Eric Orsenna aux éditions Flammarion,
03:09 on le voit sur l'écran, on y reviendra bien sûr tout au long de cette émission.
03:13 Il vient de sortir, dans un instant,
03:15 Patrice Moyon de Ouest-France nous rejoint sur ce plateau.
03:18 [Musique]
03:21 Bonjour Patrice Moyon, avec vous, vous êtes un spécialiste de l'agriculture,
03:24 vous êtes éditorialiste à Ouest-France et journaliste bien sûr.
03:28 C'est la crise de l'agriculture bien sûr dans l'actualité, toujours et encore.
03:31 – Oui, les agriculteurs viennent de faire tanguer en fait d'une certaine façon
03:34 le gouvernement français.
03:35 Quel regard vous portez sur cette mobilisation ?
03:38 Comment est-ce que vous l'expliquez,
03:40 vous qui avez été aux commandes de l'agriculture française ?
03:43 – Le regard que je porte, c'est vraiment un regard d'inquiétude.
03:46 Je pense que ce qu'on a vu au Salon de l'agriculture
03:49 est le reflet d'une confiance perdue
03:53 entre la parole politique et le monde agricole,
03:56 qui est un constat à la fois dur, probablement très réaliste,
04:01 et probablement qui s'applique à d'autres secteurs
04:03 que simplement le domaine agricole.
04:05 Et la confiance, c'est ce qu'il y a de plus dur,
04:07 parce qu'elle ne se décrète pas, elle se construit.
04:09 – Justement, comment est-ce qu'on reconstruit cette confiance ?
04:12 Quand on regarde les chiffres, on a l'impression que l'agriculture française
04:15 et l'agroalimentaire français, c'est une longue glissade depuis une vingtaine d'années.
04:19 La France était deuxième exportateur de produits agroalimentaires dans le monde,
04:22 elle a été reléguée à la cinquième, voire la sixième place selon les années.
04:27 On n'aime plus les produits agricoles français à l'étranger ?
04:30 – C'est toute la thèse du livre dont vous avez eu la gentillesse de mentionner le titre…
04:36 – "Nourrir sans dévaster".
04:37 – "Nourrir sans dévaster" que nous avons écrit avec Eric Orsena.
04:39 Pour moi, il y a deux points pour répondre à votre question.
04:42 Le premier, c'est l'agriculture a besoin d'une vision.
04:45 Et cette vision, elle est parfois très complexe, c'est ce qu'on montre dans le livre.
04:48 Mais elle est aussi très claire, il faut réussir à nourrir.
04:51 Aujourd'hui, on est 8 milliards d'habitants sur notre planète,
04:53 on sera demain 10 milliards.
04:55 Sans dévaster, évidemment, notre environnement,
04:57 et les agriculteurs sont les premiers à le dire d'ailleurs,
05:00 mais aussi nos agriculteurs eux-mêmes, mais aussi nos solidarités.
05:04 Et j'ai beaucoup de plaisir à dire cela, à l'assumer dans le réseau TV5MONDE,
05:10 parce qu'on voit à quel point la responsabilité de l'agriculture européenne
05:15 vis-à-vis d'un certain nombre de pays,
05:17 notamment sur le pourtour méditerranéen, est aujourd'hui absolument essentielle.
05:22 Et puis, également, réussir à ne pas dévaster nos sociétés elles-mêmes,
05:25 notre rapport à l'alimentation.
05:27 Et donc, il faut donner, un, cette vision, et deux, c'est le quotidien.
05:31 C'est-à-dire, qu'est-ce qui se passe dans les cours de ferme ?
05:33 Le revenu, le revenu, le revenu. Les moyens de production.
05:36 Pourquoi est-ce que les produits français perdent des parts de marché ?
05:41 Pourquoi est-ce que, même à l'intérieur de la zone euro,
05:44 la France ne cesse de perdre des parts de marché ?
05:46 Parce que vous avez des sujets de compétitivité.
05:49 Alors, vous avez évidemment les sujets de compétitivité coût,
05:51 mais vous avez aussi des sujets de compétitivité face à de la concurrence déloyale.
05:55 Dans le livre, qui est un voyage qui se passe en France, dans nos contrées,
06:00 mais aussi à l'international,
06:02 on voit bien que l'un des défis, c'est que, y compris dans la zone européenne,
06:07 nos produits, issus probablement de l'une des agricultures les plus durables au monde,
06:12 et il nous faut être fiers de notre agriculture, c'est ce qu'on essaye aussi de montrer,
06:17 sont mis en concurrence avec des produits qui, eux, ne respectent pas les mêmes normes.
06:21 Y compris, y compris dans la zone européenne.
06:24 Donc, c'est une question de normes, c'est une question de normes,
06:26 c'est une question de compétitivité ?
06:27 C'est une question de compétitivité, mais dans toutes ses composantes,
06:30 y compris dans sa composante de justice économique.
06:34 Et là, l'Europe a un rôle majeur à jouer.
06:37 Vous prenez...
06:38 – Qu'est-ce qu'il faudrait faire concrètement ?
06:39 – Alors, c'est un terme atrocement technique de l'employé,
06:44 mais je suis très heureux parce qu'aujourd'hui, il revient sur les plateaux de télévision,
06:47 et lorsque j'ai été ministre de l'agriculture et de l'alimentation,
06:50 j'en avais déjà fait une de mes batailles,
06:55 et à l'époque, on me disait "mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?"
06:57 Ça s'appelle les "close-miroirs".
06:58 C'est-à-dire tout simplement, moi je suis infiniment pour le commerce,
07:02 je pense qu'il est nécessaire, mais ce commerce, il doit avoir des règles.
07:05 Une de ces règles, c'est les "close-miroirs",
07:07 c'est-à-dire ne pas importer ce que nous n'avons pas le droit de produire.
07:10 – Alors, vous donnez justement un exemple dans votre livre,
07:13 vous citez la moutarde.
07:15 Aujourd'hui, la plupart des... la moutarde est importée,
07:22 et auparavant, ce n'était pas le cas, parce qu'on a interdit un insecticide.
07:26 – Exactement. – Mais aujourd'hui, on importe de la moutarde
07:28 qui est issue de pays qui autorise cet insecticide.
07:33 – Et qui utilise non seulement cet insecticide, mais encore plus d'insecticides.
07:37 Plus précisément, on importe les grains de moutarde
07:40 qu'on envoie dans la région de Dijon pour y produire de la moutarde de Dijon.
07:45 Et pourquoi ? C'est exactement là l'effet que moi je souhaite
07:50 de mise en place de ces "close-miroirs", c'est de dire
07:52 si on veut rendre nos productions de grains de moutarde compétitives
07:55 par rapport à ce qui se passe à l'international,
07:57 à partir du moment où nous on met des règles,
07:59 il faut que ces règles s'imposent aux produits qui sont importés.
08:03 – Julien Denormandie, il a bien géré la crise, Gabriel Attal, ou pas ?
08:08 – C'est, comme dirait le langage populaire...
08:12 – Je le sens hésitant là.
08:13 – Non, parce que c'est dans la formule que je vais employer,
08:15 comme le dit le langage populaire, c'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses,
08:18 si vous voyez ce que je veux dire.
08:19 – Donc on ne sait pas encore.
08:20 – Qui est une expression qu'on utilise beaucoup au Salon de l'Agriculture.
08:24 Pourquoi je dis ça ? Parce que la crise elle est encore en plein.
08:27 Et donc il y a un nouveau rendez-vous qui a été donné, qui est au moment...
08:31 – Donc l'ancien ministre de l'Agriculture va observer ça de près pour juger,
08:35 si oui ou non il l'a bien géré.
08:36 – Non mais moi je ne suis pas là pour juger, je pense que...
08:39 – Vous êtes bien placé, vous êtes en charge de ce dossier.
08:42 – Bien sûr, et puis je continue à beaucoup converser,
08:44 à la fois avec le monde agricole, à la fois avec le gouvernement,
08:48 pour essayer de trouver ces voies de passage à ma humble place.
08:52 Mais je pense que quand j'utilise cette expression, c'est vraiment pour dire,
08:56 aujourd'hui il y a une très grande crainte du monde agricole,
09:00 il y a une très grande attention du gouvernement,
09:03 et ça fait partie aussi de ce que vous disiez tout à l'heure,
09:06 pour renouer cette confiance, il faut que,
09:08 et ça c'est très important dans le monde agricole,
09:10 quand on prend des engagements, on les mène jusqu'au bout.
09:13 Et c'est ce qui est en train de se jouer en ce moment.
09:15 – Julien Denormandie, l'ancien ministre de l'Agriculture,
09:18 alors que le Salon a fermé maintenant,
09:20 et notre invité ce matin sur TV5MONDE, on va écouter Chonu,
09:24 il est éditorialiste et dessinateur à Ouest-France,
09:27 il a une question à vous poser sous forme de dessin,
09:29 et c'est la tradition de cette émission, Chonu.
09:32 – Julien Denormandie, bonjour.
09:34 Les agriculteurs deviennent fous,
09:36 il faut dire que l'Union Européenne développe une schizophrénie carabinée.
09:41 D'un côté une bureaucratie soviétique pour appliquer le Green Deal,
09:46 de l'autre un ultra-libéralisme échevelé
09:49 qui laisse se déverser toute la malbouffe du monde dans nos assiettes.
09:53 Voici ma question, à défaut d'acheminer des troupes en Ukraine,
09:58 Emmanuel Macron n'en voit-il pas au casse-pipe,
10:01 Valérie Haillet, tête de liste Renaissance aux Européennes,
10:05 qui pour l'instant joue le rôle du soldat inconnu.
10:10 – Moi je pense que, et c'est tout le débat actuel qui est essentiel,
10:13 je pense que l'Europe doit être profondément modifiée
10:16 sur un certain nombre de points,
10:17 on parlait tout à l'heure des clauses miroirs,
10:19 je l'explique dans le livre avec cet exemple incroyable du poulet brésilien,
10:23 incroyable quand vous consommez du poulet brésilien,
10:26 quand vous consommez du poulet brésilien,
10:27 vous consommez de l'amoxycyline en même temps,
10:30 vous découvrirez ces histoires incroyables dans le livre.
10:32 Mais en même temps, l'Europe est notre solution.
10:36 Pourquoi c'est notre solution ?
10:37 Parce que revoir les règles du commerce international,
10:39 évidemment ça va se faire au niveau européen, pas au niveau national.
10:42 C'est l'exemple des clauses miroirs que j'évoquais tout à l'heure.
10:45 Donc pour répondre à la question, oui, l'Europe est absolument essentielle,
10:49 ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas la critiquer,
10:50 mais il faut croire en l'Europe.
10:52 À l'une de Ouest France, Patrice Moyon.
10:54 Ah voilà, alors vol MH370, 10 ans après, le mystère reste entier.
11:01 Merci Patrice Moyon.
11:03 Dans un instant, Denis Caro qui est en direct et en duplex de Nice.
11:08 [Musique]
11:11 Bonjour Denis Caro, vous êtes directeur des rédactions du groupe Nice matin
11:14 et vous êtes en direct de Nice.
11:16 Julien Denormandie, vous écoutez, il est avec nous ce matin.
11:19 [Silence]
11:21 Bonjour Julien Denormandie, vous venez de le dire, l'Europe est notre solution.
11:25 Vous avez écarté l'idée de mener la liste Renaissance aux élections européennes.
11:30 Est-ce que c'est parce qu'on ne vous l'a jamais proposé
11:33 ou tout simplement parce que cette mission
11:36 et ce retour en politique ne vous intéressait pas ?
11:38 On ne me l'a pas proposé.
11:41 Mais aujourd'hui, comme je le disais tout à l'heure,
11:45 moi je suis engagé dans d'autres projets,
11:47 des projets sur le climat, sur la finance durable.
11:50 Et j'ai ce souhait de pouvoir mener des projets,
11:54 de ne pas être dépendant en politique.
11:55 Donc peut-être qu'un jour je reviendrai en politique.
11:58 Ah ça y est, il l'a dit.
12:00 Encore une fois, ce que je disais tout à l'heure, la vie est longue.
12:03 Mais aujourd'hui mon souhait est de mener les projets
12:06 que je suis en train de construire à leur terme.
12:09 Je pense que c'est très important.
12:10 Je me sens utile à mon humble place dans ce que je fais.
12:13 Et encore une fois, je pense qu'il faut cette diversité dans un parcours.
12:18 Alors Chonu vient de l'évoquer, après bien des tergiversations,
12:23 c'est finalement Valérie Hayé qui a été choisie
12:25 pour mener la liste Renaissance aux européennes.
12:29 Est-ce que c'est un bon choix ?
12:31 Oui, je pense.
12:33 Valérie Hayé est peu connue du grand public.
12:35 C'est un fait.
12:36 Elle est moins connue que la tête de liste du Rassemblement national.
12:40 C'est une évidence.
12:42 Moi, je la connais bien parce que c'est une députée parlementaire
12:45 incroyablement engagée depuis de nombreuses années aujourd'hui,
12:49 qui connaît formidablement bien les arcanes européennes,
12:54 les enjeux, qui a une vraie vision pour l'Europe,
12:56 qui connaît bien le monde agricole du fait de ses attaches familiales.
13:01 Donc oui, j'en ai la certitude.
13:04 Denis ?
13:07 Jordan Bardella et le Rassemblement national
13:09 sont largement en tête dans les sondages pour les européennes.
13:12 Est-ce que vous pensez que cette tendance peut s'inverser ?
13:16 Je l'espère.
13:16 En tout cas, il faut se battre là-dessus.
13:19 Pour reprendre le sujet agricole,
13:21 ce que propose le Front national dans le monde agricole
13:25 est une vaste blague.
13:26 Ils mentent aux gens.
13:28 Ils n'ont aucune cohérence dans leurs propos.
13:30 Ils font croire que l'ensemble des maux agricoles
13:35 viendraient de l'Europe,
13:37 sans jamais présenter l'Europe comme une partie de la solution.
13:40 L'Europe aujourd'hui, par le biais de la politique agricole commune,
13:45 cela permet de faire vivre un nombre très, très, très significatif
13:48 de nos exploitations agricoles.
13:50 L'Europe, c'est ça qui va permettre de protéger
13:53 face au dérèglement des marchés.
13:56 L'Europe, c'est ça qui va nous permettre d'assurer des solidarités
14:00 pour faire face à un sujet d'une actualité tragique,
14:05 qui est l'utilisation de l'arme alimentaire par la Russie.
14:09 Ce n'est pas la France seule, c'est l'Europe.
14:12 Quand on voit les incoïnances russes du REN,
14:14 le manque de cohérence, l'absence de proposition,
14:17 voire même le dénigrement de ce que l'Europe peut apporter,
14:21 je peux vous dire, oui, il faut se battre
14:23 contre ce sentiment de plus en plus fort d'une solution REN,
14:27 qui encore une fois est un mensonge présenté en français.
14:31 Denis Carreau, à Nice en duplex.
14:33 La France insoumise a lancé une campagne très critiquée
14:38 en faveur du vote aux européennes.
14:39 Dans cette campagne, elle cible des journalistes,
14:41 Nathalie Saint-Cricq et Christophe Barbier notamment,
14:44 et elle les met dans le même sac que, je cite,
14:46 les riches, les racistes et les golfeurs.
14:48 Est-ce que la France insoumise a franchi une ligne rouge ?
14:52 Oui, assurément, mais ce n'est pas la première fois.
14:55 Le tragique, c'est que nous n'en sommes même plus étonnés.
14:59 Donc, oui, et là aussi, il faut être fier de nos valeurs
15:05 et il faut être incroyablement respectueux
15:08 et en défense de ces valeurs,
15:11 y compris quand des groupes politiques les dépassent
15:14 et franchissent un certain nombre de lignes.
15:17 Denis Carreau, la une de Nice matin.
15:20 Ce matin, c'est le cas de le dire, on la voit à l'antenne.
15:22 La une de Nice matin, c'est ce témoignage poignant
15:25 après un accident mortel sur l'autoroute A8 ce week-end
15:29 et la mort d'un patrouilleur de l'autoroute.
15:32 Merci Denis Carreau, vous étiez en duplex
15:34 et en direct de la rédaction de Nice matin à Nice.
15:37 Vous êtes directeur des rédactions du groupe Nice matin,
15:39 c'est-à-dire Monaco matin, Var matin et Nice matin.
15:42 Dans un instant, c'est Floreal Hernández de 20 minutes
15:45 qui est sur ce plateau, mon invité, ce matin,
15:47 dans Face au territoire, c'est Julien Denormandie,
15:49 l'ancien ministre de l'Agriculture.
15:52 [Générique]
15:55 Bonjour, dans un instant, nous sommes avec vous
15:59 et nous allons interviewer Julien Denormandie ensemble
16:02 pour le compte de 20 minutes, vous êtes le rédacteur en chef,
16:04 mais on va tout de suite se rendre aux Antilles, si vous le voulez bien.
16:07 Notre partenaire France Antilles sur place, c'est Cyril Boutier
16:10 qui est directeur éditorialiste à Fort-de-France.
16:12 Il a une question à vous poser, Julien Denormandie,
16:14 on l'écoute en duplex de Fort-de-France.
16:16 – Bonjour Julien Denormandie, en tant que ministre de l'Agriculture,
16:19 vous aviez traité la question de la pollution des sols
16:21 des Antilles au chlordécone, ce pesticide utilisé dans les bananeraies.
16:25 La semaine dernière, les députés ont adopté un texte
16:28 reconnaissant la responsabilité de l'État dans ce scandale environnemental.
16:33 Pensez-vous que ce pas supplémentaire permettra d'aller vers des réparations,
16:39 réparations que souhaitent les populations antilleses ?
16:43 – Oui, vous savez, ce sujet qui est un sujet très ancien,
16:46 parfois certains essayent de faire croire que c'est un sujet
16:50 qui a été découvert récemment, pas du tout, c'est un sujet très ancien.
16:54 Et le premier gouvernement et le premier président
16:57 à reconnaître ces responsabilités de l'État face à l'utilisation de ce pesticide
17:03 a été les gouvernements auxquels j'ai appartenu et le président Emmanuel Macron.
17:07 On a pris un certain nombre de décisions au fur et à mesure qui viennent être complétées.
17:12 Je pense que c'est à la fois utile, nécessaire et juste.
17:16 – J'aurais l'air d'en dire 20 minutes.
17:18 Bonjour, Jérôme Bordendy. – Bonjour.
17:20 – Pensez-vous que l'immigration va être le thème central de ces élections européennes ?
17:23 On voit que ça a pris beaucoup de place en France,
17:25 ça prend aussi de la place dans les élections présidentielles américaines.
17:28 Est-ce que ce sera le cas aussi pour ces élections européennes du 9 juin ?
17:32 – Ce sera assurément un des sujets majeurs, avec d'autres sujets,
17:38 le sujet du pouvoir d'achat, le sujet de l'environnement,
17:41 évidemment le sujet de la guerre en Ukraine
17:46 et de la puissance politique, militaire, géopolitique européenne.
17:52 Mais oui, à l'évidence, ce sera l'un des sujets.
17:54 – Et pensez-vous qu'avec l'accord qui a été trouvé avec LR sur la loi immigration,
18:00 Renaissance arrive en force pour ces élections européennes
18:04 ou plutôt affaiblie sur l'immigration ?
18:07 – C'est comme tout, c'est-à-dire que ce qui a été fait à la fois
18:10 sur la loi immigration au niveau national, sur le pacte immigration au niveau européen
18:14 sur lequel la France s'est beaucoup impliquée, fait face à une forme de populisme.
18:20 Et à une forme de populisme singulièrement de l'extrême droite.
18:25 Le meilleur exemple, et tout le monde doit l'entendre,
18:27 le meilleur exemple c'est ce qui s'est passé en Italie.
18:30 Le gouvernement italien appartenant à l'extrême droite, avant d'avoir été élu,
18:34 a crié et a promis monts et merveilles à l'ensemble du peuple italien en disant
18:39 "vous verrez grâce à moi l'immigration ça n'existera plus" sans prendre en compte les secteurs…
18:44 – Elle est assez populaire pour vous dire la première ministre italienne aujourd'hui,
18:47 Jean-Jean Melloni.
18:48 – Indépendamment de la popularité, quand vous prenez son discours de campagne
18:52 versus ses promesses de campagne, versus ce qu'il s'est passé,
18:56 vous voyez un grand écart absolument immense.
18:59 Ça qu'est-ce que c'est ? Ça s'appelle du populisme.
19:02 C'est exactement ce qu'est en train de faire aujourd'hui l'extrême droite en France
19:05 en faisant croire à la fois que l'immigration est la source de tous nos problèmes.
19:08 Ça ne veut pas dire que l'immigration ne conduit pas à de nombreux problèmes
19:13 qu'il faut régler de manière à la fois humaniste et efficace,
19:18 mais d'un autre côté en faisant promettre des solutions qui ne sont en rien des solutions.
19:22 Et encore une fois, le gouvernement de Madame Melloni a montré à quel point
19:26 elle n'a pas pu tenir les promesses faites à ses électeurs.
19:31 Et ça c'est du populisme, et ça c'est ce que le Rassemblement national fait aujourd'hui,
19:35 y compris dans le cadre de la campagne européenne.
19:38 Vous parlez du Rassemblement national.
19:40 Il y a un livre noir du RN au Parlement européen écrit par les équipes Renaissance à Bruxelles.
19:45 Est-ce que vous l'avez lu ? Est-ce qu'il est si accablant pour les eurodéputés du Rassemblement national ?
19:51 Alors je ne l'ai pas lu.
19:53 Il existe bien ?
19:54 Je ne sais pas. C'est la première fois que je l'entends, pardon.
19:57 Dans la presse, le Figaro en parle dès le mois de novembre 2023, le parisien il y a dix jours.
20:02 Je suis plus éloigné de la vie politique que je ne l'étais avant.
20:05 Donc veuillez m'excuser de ne pas avoir toutes les informations.
20:10 En tout cas, ce que j'ai vu de manière vérifiée par certains de vos confrères,
20:16 sont le nombre d'amendements déposés par les députés européens du Rassemblement national.
20:21 Et c'est accablant.
20:23 Que ce soit la présence des députés européens ou que ce soit leur activité au Parlement européen,
20:29 le bilan, et j'invite tous ceux qui nous écoutent à le regarder, est absolument accablant.
20:33 Et lorsqu'ils y sont et lorsqu'ils votent, ce que vous remarquez aussi,
20:37 c'est l'absence de cohérence totale.
20:40 Ici je vais condamner, là je ne vais pas condamner et confaire
20:44 ce que beaucoup de vos confrères ont mis en avant sur Cuba versus sur la Russie.
20:50 Bref, la politique c'est d'abord de la cohérence.
20:53 C'est avant tout le courage de ne jamais faire du populisme.
20:58 Le Rassemblement national, c'est ni la cohérence, ni ce courage,
21:02 mais la facilité du populisme.
21:04 L'Europe, il ne faut jamais oublier, le plus beau texte de l'Europe, c'est celui de Robert Schuman.
21:08 Robert Schuman disait, il y a plus de 50 ans maintenant,
21:11 "l'Europe va vivre de nos efforts créateurs".
21:15 Nos efforts créateurs.
21:17 Aujourd'hui, il y a ceux qui croient dans les efforts créateurs.
21:20 C'est compliqué, le mot "effort" le montre.
21:22 Et puis cette création, il y en a d'autres qui sont dans la facilité de la destruction.
21:27 C'est plus facile de détruire que de construire.
21:30 Le Rassemblement national est dans cette voie.
21:32 Moi, je préfère la voie de la construction.
21:34 La Une de 20 minutes, Floreal Hernández.
21:36 Qui n'est pas très européenne, qui est très italienne,
21:39 et qui notamment parle de l'arrivée de...
21:41 Pas mal la liaison avec l'Italie, là.
21:43 Du biopic sur Rocco Siffredi, "Supersex" sur Netflix.
21:48 Malgré son virilisme et sa violence.
21:51 Il a eu quelques casseroles derrière lui.
21:54 Merci Floreal Hernández, rédacteur en chef de 20 minutes.
21:58 Et le fantôme Benoît Djeo, stratégie, nous rejoint sur ce plateau.
22:01 C'est Julien Denormandie qui est mon invité d'En face au territoire ce matin.
22:07 Vous le voyez toujours, le président de la République ?
22:09 Vous savez, moi je suis lié à une histoire commune avec lui.
22:13 Vous allez le voir régulièrement ?
22:15 J'ai des relations qui sont très proches, comme tout le monde le sait.
22:20 Après, le détail de mes relations, je les garde pas.
22:23 Vous êtes dans l'agenda privé.
22:25 On ne voit pas quand forcément vous allez le voir.
22:27 Vous êtes dans l'agenda officiel.
22:29 Je n'ai plus aucun engagement politique.
22:31 Mais ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas avoir créé des relations
22:34 avec telle et telle personnalité politique.
22:37 Vous savez, en politique, il est aussi possible de créer des amitiés.
22:40 J'ai beaucoup de collègues du gouvernement avec lesquels je suis resté très ami.
22:46 C'est beau aussi de pouvoir créer des amitiés, y compris en politique.
22:49 Donc c'est une vraie amitié avec le président de la République ?
22:51 Le président de la République est un rôle, une institution à part entière.
22:56 C'est des relations de confiance très fortes.
22:59 Tom Benoit, Géostratégie Magazine. Bonjour.
23:01 Vous en êtes le directeur de la rédaction.
23:02 Bonjour Cyril Wiguet. Bonjour Monsieur le ministre, ou l'ex-ministre, devrais-je dire.
23:06 Gabriel Attal, le Premier ministre, nous disait il y a quelque temps
23:09 « Je vais aller chercher le logement avec les dents ».
23:12 Alors, au-delà de la déclaration quelque peu sensationnelle,
23:16 je vais vous exposer une réflexion.
23:19 Aujourd'hui, on a le sentiment qu'il y a plus une crise, je ne dirais même pas sociale,
23:23 de capacité d'achat et de location qu'une crise du logement en France.
23:27 Il y a les deux, malheureusement. Et c'est ça qui est très singulier.
23:30 Vous avez à la fois une crise de l'offre et une crise de la demande.
23:33 Mais il y a énormément de logements pourtant sur le marché.
23:36 Il y a même une crise de l'immobilier.
23:37 Les prix commencent à baisser dans de nombreuses villes.
23:40 Je parle en connaissance de cause pour avoir été pendant trois ans ministre du logement.
23:45 Non, aujourd'hui, vous n'avez pas assez de logements.
23:47 Vous avez une crise de l'offre dans la mesure où on ne construit pas
23:51 le nombre suffisant de logements qu'on devrait construire dans beaucoup de territoires,
23:55 des territoires tendus. Alors certains disent oui, mais il y a des...
23:58 Pourtant, les promoteurs commencent à déposer le bilan,
24:00 les notaires alertent par rapport à la faible quantité de vente effectuée.
24:03 Parce que face à ça, vous avez en plus une crise de la demande.
24:07 C'est-à-dire que vous avez l'incapacité de beaucoup d'entre nous
24:12 à pouvoir accéder au logement ou à pouvoir changer de logement.
24:16 Et en fait, la réalité, c'est que oui, vous avez raison, les prix baissent.
24:19 Mais les prix ne baissent pas du tout suffisamment par rapport à ce qu'ils devraient être
24:25 pour permettre à l'ensemble de nos concitoyens de pouvoir acheter.
24:29 Vous parlez du locatif principalement ou de l'achat, de l'acquisition ?
24:32 De l'achat, mais l'achat guide ensuite le reste du secteur.
24:35 Donc est-ce que vous êtes en train de me dire qu'il faudrait que les prix de l'immobilier baissent considérablement ?
24:40 Si vous n'avez pas la capacité d'augmenter la possibilité d'acheter, pour les Français,
24:46 donc c'est des questions de pouvoir d'achat, des questions de salaire,
24:49 si vous n'avez pas cette capacité-là, il n'y a qu'une autre possibilité,
24:53 c'est de baisser les prix du logement.
24:54 Et qui est corollaire à cela, c'est un appauvrissement considérable de la population sur le plan patrimonial.
24:59 Oui, mais l'autre point, c'est que si vous ne faites pas...
25:02 Il faut se résoudre à ça.
25:03 En fait, ce n'est pas ni vous ni moi qui a eu le lieu de décider.
25:06 C'est le marché, bien sûr.
25:07 Exactement.
25:08 Mais la question, c'est qu'aujourd'hui, le marché du logement est complètement bloqué.
25:12 Vous n'avez plus la capacité soit d'acheter quand vous êtes primo-accédant, soit de changer de logement.
25:17 Et donc face à ça, vous avez deux possibilités.
25:19 Soit vous gagnez mieux votre vie, donc c'est des questions salariales, soit le prix du logement diminue.
25:25 70% de personnes éligibles au logement social en France, dans un pays qui est, on va dire,
25:30 5e, 7e puissance du monde environ, en fonction des estimations.
25:34 Est-ce cohérent que 70% de nos concitoyens soient, selon les barèmes, éligibles au logement social,
25:40 alors qu'il n'y a pas suffisamment de logements sociaux ?
25:43 Oui, mais vous savez, il y a ce critère de légibilité sur les revenus.
25:46 Et après, la loi met en place un certain nombre de critères, de même ordre,
25:50 il y en a 12 ou 13, je crois, pour dire, au regard de toutes les personnes qui sont éligibles…
25:56 Mais il y a 20 ans, on parlait d'une France de propriétaires.
25:58 Aujourd'hui, on parle d'une France de logés sociaux.
26:00 70% de nos concitoyens…
26:02 Non, non, ça, c'est les personnes qui sont éligibles à la solidarité qui est permise par le logement social.
26:07 La France de propriétaires, c'est autre chose. C'est d'abord le rêve des Français.
26:11 Il faut le respecter. C'est le rêve des Français.
26:13 Ni vous, ni moi, encore une fois, ne devez, ne pouvez que vous soyez journaliste ou politique ou entrepreneur, juger cela.
26:20 La suppression de la taxe d'habitation par Emmanuel Macron a été, c'est ce que disent en tout cas de nombreux maires de provinces en France,
26:28 une catastrophe pour les collectivités.
26:31 Est-ce que cela a été réellement compensé comme cela avait été promis par le gouvernement Macron,
26:35 ou qu'elle vous appartenait justement par une rétrocession d'une part de la TVA ou certains…
26:41 Elle est marrante, votre question, vérifiée par vous-même, c'est votre…
26:46 Je vous le demande, puisque…
26:47 Moi, je vais vous répondre oui, archi oui.
26:49 Ce qui est dingue, c'est que vous puissiez relayer des propos de certains qui feraient croire que cette taxe d'habitation…
26:55 Non, je parle de nos maires français.
26:56 Que cette taxe d'habitation n'a pas été compensée. Cette taxe d'habitation, vérifiée par vous-même, elle a été compensée.
27:02 Elle a été compensée à l'euro près. Après, c'est comme tout, c'est compensé à l'euro près,
27:07 et puis ça dépend des dynamiques territoriales. Donc certains vont vous dire "oui, moi, ce n'est pas tout à fait vrai".
27:12 D'autres qui ne lèvent pas la main vont vous dire, mais ne le diront pas, "on a même été compensé au-dessus".
27:17 Donc oui, et je pense qu'il faut le dire, parce que tout à l'heure, quand on parlait de la culture,
27:21 il y a le manque de confiance entre la parole politique et nos concitoyens ou nos lits locaux.
27:27 Mais ce n'est pas que de la responsabilité des politiques.
27:29 Non, mais c'est pour ça que vous posez la question. Ce n'est pas un piège, naturellement.
27:32 Non, mais c'est aussi de la responsabilité des journalistes que factuellement, factuellement, vous pouvez aller vérifier partout,
27:38 oui, la taxe d'habitation a été compensée.
27:40 C'est lié.
27:41 Bien sûr.
27:42 Dernière question.
27:43 Sur l'alimentaire, vous avez été ministre également de l'alimentation. Très directement, qu'est-ce qui s'est passé en France
27:50 pour que nous ayons l'alimentation la plus artificielle d'Europe ? Si vous allez en Espagne aujourd'hui,
27:55 si vous rendez en Italie, vous avez des produits complets, vous avez encore des produits qui ne sont pas des produits finis
28:00 dans les TGV, dans les trains. Qu'est-ce qui s'est passé dans notre pays qui était le pays de la gastronomie ?
28:04 Il a raison là-dessus.
28:05 C'est lui qui décide, à la fin des fins, c'est le consommateur. C'est qui le patron ?
28:09 Non, non, non, non. Quand vous prenez le TGV, je l'ai pris pour bon sur le week-end dernier,
28:14 et que vous regardez ce qui est présenté, le TGV, vitrine de la France. Ce qui est présenté, moi je l'ai fait l'expérience.
28:19 J'ai regardé chaque produit qui est présenté. Vous n'imaginez pas le nombre d'acides grasses saturés, de sucre, de tout.
28:25 Avec de grands faits, on va pu le dire, si on l'audace, le sexe qui est.
28:28 Je prends votre point, ce ne sera pas un secret de vous dire que même quand j'étais ministre de l'agriculture et de l'alimentation,
28:33 ce n'est évidemment pas moi qui fixais le menu dans les wagons.
28:36 C'est une question pour vous, qu'est-ce qui se passe ? C'est une dément.
28:39 En Espagne, il y a ça dans les TGV.
28:41 Pourquoi je dis, c'est nous qui décidons. C'est tout l'un des pans entiers de ce qu'on essaye de mettre en avant
28:47 avec Eric Orsena dans ce livre "Nourrir sans dévester".
28:50 Mais on ne peut pas faire pression sur la SNCF, sur le président de la SNCF, sur tout ce qui est vitrine de la France,
28:55 où on présente des produits mais qui n'ont aucun intérêt, sauf de faire des obèses de demain.
29:02 Oui, invitez-le, posez-lui directement la question.
29:04 Les cancers du pancréas évoluent de plus en plus, principalement dans nos pays.
29:08 Si je peux juste terminer mes phrases. Oui, oui, et on va trouver ici, on va trouver dans d'autres endroits.
29:12 Je vous donne le point, Archie. Moi je suis un défenseur de la bonne bouffe.
29:16 Mais en même temps, ce qu'on montre dans le livre, c'est qu'aujourd'hui, dans notre pays, on a un lien avec l'alimentation qui s'est délité.
29:23 Ils sont considérablement dégradés, absolument.
29:26 On donne l'exemple de cette histoire incroyable de cordon bleu qui s'est délité.
29:32 Mais à la fin des fins, il faut ne jamais oublier que ce lien qui nous unit, c'est des liens aussi individuels.
29:42 C'est nous. Alors l'État doit agir dans l'éducation à l'alimentation, dans les exemples que vous avez donnés.
29:48 Mais il y a aussi une part de nous-mêmes. C'est nous qui décidons dès lors que nous en avons la possibilité et des politiques sociales qui peuvent être mises en place.
29:56 Alors la une de géostratégie en hors série consacrée à la corruption en Algérie, principalement.
30:01 Youssef Badjah qui porte une voix contre les généraux algériens.
30:04 Il en a été victime, il a été séquestré et il a été empoisonné.
30:08 Armel Le Goff qui est directrice adjointe de la rédaction du Point, Julien Denormandie, qui est notre invité ce matin.
30:13 C'est notre partenaire, le magazine Le Point. Une question à vous poser. On l'écoute. Elle est en duplex.
30:18 Bonjour Julien Denormandie. Un jeune Français sur cinq ne s'est pas distingué une courgette d'un concombre, selon un sondage Harris Interactive paru le 5 mars.
30:28 Comment faire pour que les jeunes Français aient une meilleure éducation à l'alimentation ?
30:35 Et comment faire cela dans un contexte où les légumes ont vu leurs coûts augmenter ?
30:42 La carotte, par exemple, a pris plus de 40% en 2023, selon Famille Rurale, selon l'association Famille Rurale.
30:52 Et c'est aussi un problème dans l'accès à une bonne alimentation.
30:57 Alors il y a deux sujets et la question fait d'ailleurs le lien avec ce qu'on se disait avant.
31:01 Le premier des sujets, c'est l'éducation à l'alimentation.
31:04 Il faut renforcer les cours d'éducation à l'alimentation, y compris à l'école.
31:08 L'instruction à l'alimentation.
31:09 Il y a une initiative formidable qui s'appelle la semaine du goût.
31:12 Moi je l'ai faite, je l'ai soutenue fortement quand j'étais ministre.
31:15 Elle a un désavantage, c'est qu'elle n'a lieu qu'une semaine par an.
31:17 Donc premier point, les cours à l'éducation à l'alimentation.
31:21 Le deuxième point, c'est que typiquement, ce qui est en train de se passer dans les cantines scolaires est merveilleux.
31:28 Vous preniez l'exemple des TGV, enfin il y en a d'autres qui dans les cantines scolaires se battent
31:33 et on s'est battu avec eux pour faire en sorte que des produits frais, des produits locaux soient distribués aujourd'hui.
31:38 Dans les cantines scolaires, on a même passé des lois pour cadrer la chose.
31:41 Et puis, ce qui est très important aussi à dire, par rapport au prix qui a été évoqué,
31:45 c'est qu'en revanche la folie serait de croire que pour permettre à un plus grand nombre d'avoir accès à ces produits,
31:52 il faut rogner sur le revenu des agriculteurs.
31:54 Ça c'est folie.
31:55 Ce qu'il faut, c'est des politiques économiques qui soutiennent les agriculteurs
31:58 et accepter de payer l'alimentation à sa juste valeur,
32:01 et de l'autre, des politiques sociales qui viennent accompagner les plus fragiles.
32:05 Mais folie politique a été faite par exemple en 2008-2009, dans la fameuse loi LME,
32:10 où on s'est dit, on va rogner le revenu des agriculteurs au bénéfice du pouvoir d'achat des Français.
32:15 Ça a conduit à la catastrophe.
32:17 Donc on soutient nos agriculteurs, on remet ce lien à l'alimentation,
32:20 on accepte de payer son juste prix, mais on met en parallèle des politiques sociales.
32:24 La une du Point, donc, Armel Le Goff, directrice adjointe de la rédaction du Point,
32:27 vient de vous poser la question.
32:28 C'est le vrai Jordan Bardella avec une enquête du Point cette semaine.
32:32 Voilà, dans un instant, Demet Korkmaz, journaliste à la rédaction internationale de TV5,
32:36 montée sur ce plateau.
32:37 Bonjour Demet.
32:42 Bonjour.
32:43 Alors, ces fermiers ukrainiens, on en a parlé tout à l'heure déjà.
32:46 Oui, et surtout les fermiers polonais, la contestation ne faiblit pas.
32:50 Les agriculteurs polonais demandent la restauration des taxes européennes
32:54 sur les produits agricoles ukrainiens.
32:56 Est-ce que Bruxelles doit mettre un terme aux largesses vis-à-vis de l'Ukraine ?
33:02 Je crois qu'il y a un chemin qui a été, ou qui est en train d'être décidé
33:05 avec ce qu'on appelle ces clauses de sauvegarde, pardon, là aussi c'est un terme technique.
33:10 Ce qui est sûr, c'est... Qu'est-ce que ça veut dire ?
33:12 Ça veut dire de retrouver une régulation des marchés pour faire en sorte que
33:16 si une solidarité immense, profonde, totale doit être exprimée vis-à-vis du peuple ukrainien,
33:21 des agriculteurs, évidemment que cela ne peut pas se faire sur le dos
33:26 de nos agriculteurs européens et avec la déstabilisation.
33:31 Et vous verrez, pardon de revenir au livre, mais on y a passé beaucoup de temps
33:35 avec Eric Orsona, nous sommes allés en Ukraine.
33:37 Nous avons tout un chapitre du livre qui se passe en Ukraine.
33:41 On voit bien les différences de production lorsque nous sommes dans une ferme de 22 000 hectares.
33:47 Je dis bien 22 000 hectares.
33:49 Tenue par des oligarques ou des fonds...
33:52 Non, alors là en l'occurrence, même pas par des oligarques.
33:54 Les oligarques, vous les avez par exemple dans la production de poulets
33:57 qui ne répondent pas du tout aux mêmes normes que nos propres poulets
34:02 qui peuvent être ensuite renvoyés en Europe, parfois même conditionnés
34:06 et avec l'étiquette européenne alors que ça n'est absolument pas du poulet européen.
34:10 Là aussi, close miroir, confère ce que je disais tout à l'heure sur le Brésil,
34:14 mais ce n'est pas les mêmes modèles de production.
34:16 Et donc, évidemment qu'il faut mettre en place ces clauses de sauvegarde.
34:19 Et le jour où l'Ukraine rentre dans ce processus d'adhésion à l'Europe,
34:25 évidemment qu'il devra y avoir une convergence.
34:27 Mais aujourd'hui, les produits ukrainiens entrent dans l'espace européen sans taxe.
34:31 C'est ça dont il est question.
34:32 C'est ça les clauses de sauvegarde.
34:34 Est-ce que ce n'est pas finalement ce volet de l'agriculture qui risque de faire basculer
34:40 l'opinion publique par rapport à la guerre en Ukraine ou le soutien à l'Ukraine ?
34:44 Est-ce que ça, ce n'est pas une crainte ?
34:46 C'est un élément essentiel. Je veux dire, pas besoin de le démontrer.
34:52 Je suis un immense défenseur de nos modèles agricoles familiales,
34:55 de nos agriculteurs, de notre agriculture.
34:58 Je suis ingénieur agronome. Je me bats avec passion.
35:01 J'essaie de décrire la complexité que j'ai vue, que j'ai vécue,
35:04 expliquant là où j'ai réussi, là où je n'ai pas réussi,
35:07 expliquant nos défis, donnant cette vision que j'évoquais,
35:10 faisant voyager le lecteur en France à l'international.
35:13 On est allé en Ukraine, au Brésil, des moments se passent en Égypte, en Chine,
35:17 pour justement montrer face à quoi nous sommes aujourd'hui confrontés.
35:21 Mais en même temps, évidemment que la question de la guerre en Ukraine
35:26 emporte des considérations géopolitiques d'une intensité et d'une difficulté incroyable.
35:35 Alors il y a une autre distorsion, il y a d'autres interrogations,
35:37 notamment sur l'embargo imposé à la Russie.
35:40 Les biens exportés par les Occidentaux arrivent quand même en Russie,
35:43 via des pays d'Asie centrale et du Caucase.
35:49 Est-ce que nos gouvernements l'ignorent, que nos exportations
35:53 arrivent quand même sur le marché russe et qui participent finalement à cette...
35:59 Oui, quand vous avez des personnes qui contournent les sanctions,
36:02 ces personnes doivent être évidemment condamnées.
36:05 Là en Ukraine, ce sont des exportations vers des pays tiers,
36:08 et cette stratégie de contournement...
36:10 Oui, mais vous savez, dans le domaine des sanctions,
36:11 même si vous passez par un pays tiers, vous avez la question à la fin,
36:14 de là où ça va.
36:16 Nous ne sommes pas suffisamment vigilants, c'est ça que vous voulez dire ?
36:20 Rien n'est binaire, rien n'est manichéen.
36:23 On est face à quoi ? On est face à une agression d'un ogre russe
36:27 face à un pays qui est un pays qui défend nos valeurs,
36:30 qui défend notre démocratie.
36:32 Aujourd'hui, certains veulent nous faire croire que ça n'est pas un sujet,
36:34 d'autres sont dans une connivence avec l'agresseur,
36:38 y compris dans nos politiques internes, et se joue en moment
36:40 une élection cruciale, qui est l'élection européenne,
36:43 avec la nécessité de faire comprendre à l'ogre russe
36:46 que son modèle, les démocraties européennes, veulent lutter contre.
36:51 Donc ça dépasse la technicité de la question de savoir
36:55 qui vérifie le chemin des sanctions.
36:58 Est-ce que, du coup, vous donnez raison à Emmanuel Macron,
37:01 qui, récemment, a bousculé et continue de bousculer
37:05 ses partenaires européens sur l'aide à apporter à l'Ukraine ?
37:09 Mais évidemment, il y a quelques années, Emmanuel Macron,
37:12 s'avait créé un tollé, avait dit "l'OTAN est en mort cérébrale".
37:16 Ça avait fait un tollé.
37:18 Aujourd'hui, qui oserait dire, à part le Rassemblement national,
37:21 dans son populisme avéré, qui oserait dire que l'OTAN
37:26 n'est pas un élément absolument essentiel ?
37:29 Au risque de déstabiliser la relation avec l'Allemagne ?
37:32 Mais qu'est-ce qui se joue en ce moment ?
37:36 Se joue en ce moment ce que nous sommes, nos valeurs, nos démocraties,
37:41 face à des puissances expansionnistes qui, aujourd'hui,
37:45 entrent en guerre sur un territoire ukrainien, bombardent les civils,
37:50 jouent le jeu de la guerre alimentaire.
37:52 Dans le livre, on raconte ce qui se passe en ce moment en Égypte.
37:55 Les estomacs des Égyptiens, dans les estomacs,
37:58 les crocs de l'ogre russe ont été fixés.
38:01 La Russie, ça n'est pas que sur l'Ukraine.
38:03 Elle déstabilise énormément d'autres pays.
38:06 On fait quoi face à ça ? On reste les bras croisés ?
38:08 Merci. Merci, Démetre Korkmaz, journaliste à la rédaction internationale de TV5MONDE.
38:12 Vous voyez le Premier ministre, Gabriel Attal, régulièrement. Il vous consulte ?
38:16 En tout cas, quand il m'appelle, je réponds avec grand plaisir.
38:19 Et quand j'ai des idées à lui proposer, je les donne avec grand plaisir.
38:23 Ça a été le cas depuis qu'il a été nommé ?
38:25 Oui, on a discuté, évidemment, de la crise agricole.
38:28 Je lui ai donné mes points de vue, mes conseils.
38:31 Après, c'est le Premier ministre et il en fait ce qu'il juge bon d'en faire.
38:37 Mais voilà, dès que je peux aider, que ce soit le monde agricole, que ce soit le gouvernement, je le fais.
38:45 Moi, je suis un homme de conviction.
38:47 Vous avez été appelé par le président de la République et le Premier ministre pour entrer dans ce gouvernement.
38:51 Vous avez formellement dit non ou vous n'avez pas été appelé ?
38:53 Non, mais moi, je crois que tout le monde sait ma position.
38:55 Je peux vous le redire une troisième fois. Moi, je veux continuer mes projets sur le climat.
38:58 Mais là, précisément sur ce gouvernement, vous aviez été appelé.
39:01 Tout le monde connaît ma position. Moi, je veux rester sur mes sujets.
39:05 Parce que je pense qu'on va être très utile dans le climat.
39:07 Élu local ou pas un jour, Julien Denormandie ? Il pourrait se faire élire, le gouvernement ?
39:11 Moi, je ne suis pas élu. Je n'ai jamais été élu.
39:14 Je sais. Est-ce que ça vous intéresse ?
39:15 En tout cas, je trouve que la plus belle des élections, et pardon, ce n'est pas un jugement de valeur vis-à-vis des autres,
39:21 mais le plus beau des mandats, je vais le dire comme ça, je trouve que c'est le mandat local.
39:26 Lequel ? Parmi les mandats locaux ?
39:28 Le mandat de maire. J'en ai la certitude.
39:32 Et vous avez des attaches dans une région ? Vous pensez à quelque chose ?
39:36 Pour l'instant, non.
39:37 Nourrir sans dévaster, c'est votre livre, chez Flammarion avec Eric Orsenna.
39:41 Et vous expliquez que c'est vrai qu'il se lit comme un roman.
39:44 Vous avez voyagé un peu partout dans le monde pour écrire ce livre.
39:47 Merci Julien Denormandie.
39:48 Merci à vous.
39:49 Ancien ministre et peut-être futur élu local et peut-être membre d'un gouvernement dans les mois qui arrivent.
39:55 La semaine prochaine, c'est un ancien Premier ministre qui sera notre invité.
39:58 C'est Manuel Valls. Merci d'avoir suivi Face au territoire.
40:02 Les programmes continuent sur TV5Monde, à jeudi prochain 9h30. Au revoir à tous.
40:06 [Musique]
40:25 [SILENCE]